Seigneur, en ce début de l’Avent, viens réveiller notre cœur alourdi, secouer notre torpeur spirituelle. Donne-nous d’écouter à nouveau les murmures de ton Esprit qui en nous prie, veille, espère.
Seigneur, ravive notre attente, la vigilance active de notre foi afin de nous engager partout où la vie est bafouée, l’amour piétiné, l’espérance menacée, l’homme méprisé.
Seigneur, en ce temps de l’Avent, fais de nous des veilleurs qui préparent et hâtent l’avènement et le triomphe ultime de ton Royaume, celui du règne de l’Amour.
Dieu a choisi de se faire attendre
Dieu, tu as choisi de te faire attendre tout le temps d’un Avent.
Moi je n’aime pas attendre dans les files d’attente.
Je n’aime pas attendre mon tour.
Je n’aime pas attendre le train.
Je n’aime pas attendre pour juger.
Je n’aime pas attendre le moment.
Je n’aime pas attendre un autre jour.
Je n’aime pas attendre parce que je n’ai pas le temps et que je ne vis que dans l’instant. Tu le sais bien d’ailleurs, tout est fait pour m’éviter l’attente : les cartes bleues et les libres services, les ventes à crédit et les distributeurs automatiques, les coups de téléphone et les photos à développement instantané, les télex et les terminaux d’ordinateur, la télévision et les flashes à la radio...
Je n’ai pas besoin d’attendre les nouvelles, elles me précèdent.
Mais Toi Dieu, tu as choisi de te faire attendre le temps de tout un Avent.
Parce que tu as fait de l’attente l’espace de la conversion, le face à face avec ce qui est caché, l’usure qui ne s’use pas.
L’attente, seulement l’attente, l’attente de l’attente, l’intimité avec l’attente qui est en nous parce que seule l’attente réveille l’attention et que seule l’attention est capable d’aimer.
Tout est déjà donné dans l’attente, et pour Toi, Dieu, attendre se conjugue Prier.
Père Jean Debruynne
« De même que, dans le Christ, nous mourons pour renaître, de même sommes-nous marqués de l’Esprit pour pouvoir posséder sa splendeur, son image et sa grâce. Il s’agit d’une marque absolument spirituelle, car si, pour ce qui se voit, nous sommes marqués en notre corps, en réalité nous le sommes en notre cœur, afin que l’Esprit Saint imprime en nous la forme d’une image céleste.
Rappelle-toi que tu as été spirituellement marqué de « l’Esprit de sagesse et d’intelligence, de l’Esprit de conseil et de force, de l’Esprit de connaissance et de piété, de l’Esprit de sainte crainte », et prends-soin de ce que tu as reçu. Dieu Dieu le Père t’a marqué de son signe, le Christ Seigneur t’a confirmé et Il a mis en ton cœur le gage de l’Esprit.
(Saint Ambroise de Milan, 333-397, Traité des Mystères)
« L’eau que je donnerai à celui qui croit en moi, dit Jésus, sera lui une source de vie, jaillissante en vie éternelle. » Pourquoi comparerait-il le Saint Esprit à une source ? Parce que toute chose vient à la vie grâce à l’eau, et qu’une même pluie produit de multiples effets, comme une même source irrigue tout un jardin et qu’un même nuage arrose toute la terre, produisant la blancheur du lis, le rouge de la rose, la pourpre des violettes et de la jacinthe : ici, l’eau donne naissance à un palmier, là, elle fait pousser la vigne, et pourtant c’est toujours la même eau qui s’accommode à ce qui la reçoit, et qui lui donne ce qui lui convient.
De même le Saint-Esprit, unique et indivisible, donne comme il le veut à chacun la grâce qui lui convient ; et comme un bois desséché fécondé par l’eau se met à produire son fruit, de même l’âme du pécheur qui a reçu le don de l’Esprit Saint, porte des fruits de justice : à l’un est donné de parler selon la sagesse de Dieu, un autre reçoit l’Esprit de prophétie, un autre de pouvoir chasser les démons, un autre devient capable d’interpréter la Sainte Ecriture, un autre de vivre dans la tempérance, un autre d’exercer la charité, un autre de consacrer sa vie à Dieu dans le jeûne et les austérités, un autre de subir le martyre. L’Esprit Saint est différent en chacun, et pourtant toujours identique à lui-même.
Saint Cyrille de Jérusalem, Catéchèse Baptismale 16
La Journée nationale du Secours catholique coïncide avec la Journée mondiale des pauvres. C’est l’occasion de méditer le message du pape pour ce 17 novembre : il nous lance une invitation et un défi dont nous n’avons pas l’habitude. En premier lieu, le pape nous adresse une invitation : nous laisser inspirer par la prière de celles et ceux qui connaissent la précarité. Voilà qui peut doublement nous étonner. D’abord, nous avons l’habitude de séparer la prière de l’engagement concret. Nous sommes donc appelés à redécouvrir que la prière entraîne l’engagement dans l’action, et que l’engagement nous ouvre à la contemplation et à la prière confiante. Ensuite, nous pouvons penser que les plus pauvres ont besoin seulement d’alimentation, de logement ou de droits : alors, la prière paraît bien loin de tout cela. Pourtant, comme l’écrit le pape François, la prière des pauvres, qui « rament à
contre -courant », renvoie à « ce qui est essentiel à la vie ». Leur prière constitue un ressort puissant pour ne pas se laisser anéantir par les galères, les violences, l’exclusion. En cheminant avec des personnes qui connaissent la précarité, voire la misère, nous découvrons que la prière est, pour beaucoup d’entre elles, une nécessité. Parfois même, certaines disent qu’elles ont du mal à croire en Dieu au milieu des malheurs qui s’abattent sur elles. Et, pourtant, elles témoignent qu’elles continuent à prier, à appeler Dieu, à lui confier leur destin. À leur école, nous apprenons donc que la prière n’est pas un luxe, mais plutôt ce fil invisible qui relie à Dieu dans les jours d’épreuve et d’incertitude et qui devient un chant, une louange, les jours de joie et d’espérance. Tout cela ne nous éloigne pas de la lutte contre la misère et de l’engagement le plus concret. Au contraire, nous laisser inspirer par la prière de personnes qui traversent tant de galères, c’est apprendre à respirer à leur rythme, à regarder vers le même horizon qu’elles et, finalement, à marcher plus près d’elles. C’est pourquoi le pape François nous lance également un immense défi : « Donner une voix à la réponse de Dieu. » Autrement dit, il nous revient d’incarner la réponse de Dieu à la prière des pauvres. Car Dieu répond à travers nous : à travers notre attention, notre regard, nos voix, nos efforts, nos trésors de créativité, etc. Le pape François conclut alors : « Ces gestes […] exigent une fidélité quotidienne, souvent cachée et silencieuse, mais rendue forte par la prière. »
PÈRE FRANÇOIS ODINET
Aumônier général du Secours catholique
Pourquoi aller travailler ? Après le débat tendu sur les retraites et les interrogations des plus jeunes autour du sens de leur travail, il a semblé légitime, voire urgent, pour les Semaines sociales de France de se poser la question. Le travail préoccupe aujourd’hui l’ensemble de la société française. Le sujet est dans l’ADN des Semaines sociales de France, objet de l’enseignement social de l’Église, sans parler des multiples références bibliques. En tant que chrétiens, nous affirmons que le travail ne saurait se réduire à un projet individuel, et qu’il
concerne notre bien commun. Mais est-il possible d’en parler ? Comment dépasser les divergences qui paralysent aujourd’hui le pays ? Au Parlement, lieu de clivages s’il en est, trois députés de sensibilités politiques différentes ont pourtant lancé un groupe transpartisan pour faire des propositions. Preuve que sur ce sujet, qui préoccupe tant les Français, on peut avancer ensemble. Avancer ensemble, pour être force de proposition : ce sera aussi tout l’objet de la prochaine rencontre des Semaines sociales de France, à Reims et Paris.
Chers amis, vous connaissez l’engagement d’Isabelle de Gaulmyn, paroissienne de Ste-Hélène, Paris 18è au sein des Semaines sociales de France, association chrétienne qui propose de réfléchir sur l’enseignement social de l’Eglise et organise chaque année une session de deux jours autour d’une question d’actualité. Cette année, les 23 et 24 novembre, le thème choisi est de se demander pourquoi nous allons travailler, dans une époque où le sens du travail, et son intérêt semblent parfois faire défaut. Vous trouverez ci-dessous les informations de ce qui devrait être deux journées passionnantes, de débats, discussion et surtout construction collective d’un nouveau projet autour du travail. N’hésitez pas à en parler autour de vous.
Fraternellement,
Georges Lumen.
Au cours de l’Audience générale du 11 novembre 2011, le pape Benoît XVI avait offert quelques pensées simples sur la mort, une réalité qui, pour les chrétiens, est illuminée par la Résurrection du Christ .
La visite des cimetières pour commémorer les défunts et prier pour eux est une profonde expression d’un article du Credo : la communion des saints.
Après avoir célébré la solennité de tous les saints, l’Église invite le 2 novembre à commémorer tous les fidèles défunts, à tourner notre regard vers les nombreux visages qui nous ont précédés et qui ont conclu leur chemin terrestre
« Ces jours-ci, nous nous rendons au cimetière pour prier pour les personnes chères qui nous ont quittés, comme une visite que nous leur rendons pour leur exprimer, encore une fois, notre affection, pour les sentir encore proches de nous, nous souvenant ainsi, de cette manière, d’un article du Credo : dans la communion des saints, il y a un lien très étroit entre nous qui cheminons encore sur cette terre et tant de nos frères et sœurs qui ont déjà rejoint l’éternité.
Dieu s’est vraiment montré, il est devenu accessible, il a tant aimé le monde « qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais ait la vie éternelle » (Jn 3,16), et dans l’acte suprême d’amour de la Croix, en s’immergeant dans l’abysse de la mort, il l’a vaincue, il est ressuscité et nous a aussi ouvert les portes de l’éternité. Le Christ nous soutient à travers la nuit de la mort qu’Il a lui-même traversée ; il est le Bon Pasteur, à la conduite duquel nous pouvons nous confier sans aucune peur, parce qu’il connaît bien la route, même à travers l’obscurité.
Chaque dimanche, en récitant le Credo, nous réaffirmons cette vérité. Et en nous rendant au cimetière pour prier avec affection et avec amour pour nos défunts, nous sommes invités, encore une fois, à renouveler avec courage et avec force notre foi dans la vie éternelle, et même à vivre avec cette grande espérance et à la témoigner au monde : derrière le présent, il n’y a pas le néant. Et justement, cette foi dans la vie éternelle donne au chrétien le courage d’aimer encore plus intensément notre terre et de travailler pour lui construire un avenir, pour lui donner une espérance véritable et sûre. »
Même si la culture d’aujourd’hui tend à éviter le thème de la mort, celle-ci reste une réalité humaine qui fait peur et exige une réponse.
La Rédaction d’Aleteia publié le 1er novembre 2014 et qui dix ans après est toujours d’actualité.
A la Paroisse Sainte-Hélène, avec Julien Lambert
Huit à dix séances pour découvrir à chaque fois une autre forme de méditation priante, simple, applicable ensuite au quotidien pour une vie spirituelle plus incarnée. Chaque séance de 45 minutes environ comprend un temps d’explication, un temps de méditation guidée en groupe, ou individuelle, et un temps de relecture de l’expérience. Il est possible de ne venir qu’à une ou plusieurs séances. Aucun prérequis n’est nécessaire, chacun.e est bienvenu.e quelles que soient ses convictions.
Il s’agit de s’exercer à une prière qui puisse se nourrir de tout support : textes bibliques ou non, images, événements vécus, regard plus large sur le monde. Une prière qui passe d’abord par l’écoute, la réceptivité à ce qui est donné dans l’intériorité, et qui embrasse toute la réalité de la personne : corps, cœur, esprit, vécu quotidien et problématiques personnelles. Chacun pourra ainsi identifier les manières de méditer qui correspondent le mieux à sa sensibilité, et bien sûr recevoir déjà des fruits précieux en vue de percevoir autrement la présence agissante, réconciliatrice, apaisante de Dieu dans sa vie, et de rendre son existence quotidienne plus en cohérence avec ses aspirations.
Les formes de méditation pourront être : méditation par le corps, par les émotions, par l’imagination, relecture de vie, « contemplation ignacienne » d’une histoire biblique, d’un texte spirituel, ou poétique, méditation avec une image, marche méditative inspirée par la nature, ou par la ville, « prière du cœur » avec le nom de Jésus… Ces formes de méditation sont inspirées notamment par la tradition ignacienne développée par les jésuites, telle qu’elle se pratique dans les Exercices spirituels d’Ignace de Loyola.
Julien Lambert, paroissien de Sainte-Hélène, est diplômé en théologie et en philosophie. Il a été jésuite durant sept ans, a accompagné diverses formes de retraites et d’animations spirituelles pour des publics très variés. En parallèle à un travail social dans un Groupe d’Entraide Mutuelle pour des personnes en souffrance psychique, il commence une activité professionnelle d’accompagnement spirituel comprenant des méditations guidées, adapté à des personnes croyantes aussi bien qu’à des personnes agnostiques ou « en recherche ». Il est heureux d’offrir ce service à la paroisse et d’en profiter pour élargir ses expériences, aller à la rencontre de nouveaux publics.
Une possibilité serait de proposer les séances de 10h à 10h45, donc dans l’intervalle entre les messes de 9h et de 11h, selon un calendrier établi et qui est sur la feuille contacts de la semaine dernière (indiquant le type de méditation pour chaque séance).
Renseignements : Julien Lambert (0753331729) ;
P. Georges. (0146066067).
Vatican News publie la préface du Pape François, dévoilée par le quotidien Avvenire, du livre intitulé « Comme Jésus nous l’a enseigné. La prière des pèlerins de l’espérance » (Éditions San Paolo) paraîtra le mercredi 9 octobre. Le texte rassemble les réflexions, parfois inédites, du Pape François sur la prière.
Et il y a les prières à Marie : moi aussi, j’ai une grande confiance en la Vierge, je prie toujours le Rosaire. J’aime la sentir proche, parce qu’elle est notre Mère et qu’elle nous guide. Il y a une très belle histoire, bien sûr c’est une légende, qui nous raconte comment la Vierge sauve tout le monde ! C’est l’histoire de Notre-Dame des voleurs, protectrice des voleurs. Ils volent, mais parce qu’ils la prient, quand l’un d’entre eux meurt, la Vierge, qui est à la fenêtre du ciel, lui fait signe de se cacher. Et elle lui dit de ne pas aller voir Pierre, qui ne le laissera pas entrer. Mais le soir, elle ouvre la fenêtre du ciel et le laisse entrer par là. J’aime bien ceci : c’est la Vierge qui vous fait entrer par la fenêtre. C’est presque une entrée clandestine. Comme à Cana. Le Seigneur n’avait pas la liberté de dire non. Elle le fait avec son Fils. Elle est comme ça : suppliant la toute-puissance.
C’est aussi à cause de cette confiance que, à la fin de mes interventions publiques, je vous demande toujours de prier pour moi. J’ai besoin, dans ce service à l’Église, que la communauté me soutienne. Si l’Église ne te soutient pas par la prière, c’en est fini de toi. La communauté doit soutenir son évêque et l’évêque doit prier pour la communauté.
La prière ouvre le cœur au Seigneur, et quand l’Esprit entre, il change votre vie de l’intérieur. Il faut donc prier, ouvrir son cœur et laisser de la place à l’Esprit. Nous prions Jésus, le Père, la Vierge, mais nous ne nous adressons pas souvent à l’Esprit Saint dans la prière. C’est au contraire l’Esprit Saint qui change notre cœur, qui entre dans notre cœur et le change. Le Père ne nous oint pas, le Fils ne nous oint pas. C’est l’Esprit qui nous oint de sa présence et c’est l’onction de l’Esprit Saint qui me fait bien comprendre la réalité de l’Église et le mystère de Dieu.
Pape François.
Le mois d’octobre est le mois du rosaire, cette belle prière mariale récitée à partir d’un chapelet. Entre prière et méditation, au rythme des Je vous salue Marie, nous voyageons à travers les épisodes de la vie du Christ. Voici quatre (très) bonnes raisons de prier le Rosaire, « douce chaîne qui nous relie à Dieu ».
Parce que la simplicité de cette prière – basée sur la récitation de Je vous salue Marie, entrecoupés de Notre Père – n’en amenuise pas la force. A travers les fruits qu’elle fait éclore en nous, elle nous ouvre un chemin de sainteté, comme le rappelle le pape François. « Le Rosaire est la prière qui accompagne toujours ma vie. C’est aussi la prière des simples et des saints… C’est la prière de mon cœur. »
Parce que la méditation des mystères du Rosaire nous fait entrer dans l’intimité de la vie du Christ, vivre et ressentir la puissance de son amour « Le Rosaire nous permet de contempler la vie du Christ et les moments les plus importants liés à la vie de sa Mère. C’est un merveilleux Album de famille. Il passe de la joie à la souffrance et se termine par une lumière éblouissante : la Résurrection. » (Père Guy Gilbert)
Parce que c’est aimer Jésus avec les yeux de celle qui sait le mieux l’aimer. « Si nous désirons grandir dans l’amour de Jésus, nous devons méditer les mystères du rosaire avec Marie en répétant sans cesse et en chuchotant l’Ave Maria. Personne au monde, même parmi les anges, n’a aimé et n’aime autant le Seigneur Jésus que la Mère de Dieu. » (Saint Maximilien Kolbe)
Parce que c’est aussi une belle prière collective, comme le disait saint Pie X dans son testament. « Si vous voulez que la paix règne dans vos familles et dans votre patrie, récitez tous les jours le chapelet avec les vôtres : le Rosaire est le parfait résumé de l’Évangile et il donne la paix à tous ceux qui le récitent… Aimez le Rosaire, récitez-le tous les jours. »
Le mois d’octobre est aussi le mois des missions. Notre prière du Rosaire accompagne les missions !
Le Pape invite l’Église à reconnaître ses erreurs et à guérir les blessures à l’ouverture de la deuxième session des évêques sur le synode sur la synodalité.
Après deux jours de retraite spirituelle au Vatican, une célébration pénitentielle a eu lieu mardi soir 1er octobre en la basilique Saint-Pierre. Présidée par le Pape, elle s’est déroulée la veille de l’ouverture de la seconde session du synode des évêques « pour une Église plus synodale ». Dans une démarche de pardon, le Successeur de Pierre a exhorté l’Église à guérir les relations malades, les blessures causées par ses péchés et à reconnaitre les erreurs commises.
« Nous sommes ici des mendiants de la miséricorde du Père », a d’emblée introduit François, l’air grave, citant la prière du Siracide. Dans sa réflexion délivrée au terme de la veillée pénitentielle, après trois témoignages poignants et sept demandes de pardon de cardinaux, le Souverain pontife argentin a prôné réconciliation, concorde et rétablissement de la confiance face au péché.
En effet, « l’Église est toujours l’Église des pauvres en esprit et des pécheurs qui cherchent le pardon, et pas seulement des justes et des saints, mais des justes et des saints qui se reconnaissent pauvres et pécheurs », a rappelé l’évêque de Rome, justifiant son souhait d’écrire les demandes de pardon lues par les cardinaux des cinq continents « parce qu’il est nécessaire d’appeler nos grands péchés par leur
nom ».
Ce mardi 1er octobre soir à Saint-Pierre de Rome, c’est à l’image du publicain que le Pape et les pères synodaux choisissent de se présenter : « les yeux baissés et honteux de nos péchés ». « Comme lui, nous prenons du recul, libérant l’espace occupé par la vanité, l’hypocrisie et l’orgueil », a précisé le Successeur de Pierre, se lançant dans une série d’interrogations.
Pour conclure en prière et en silence, le Pape a entonné la prière Adsumus par laquelle la célébration du Synode a été introduite mercredi 2 octobre : « Nous sommes ici accablés par l’humanité de notre péché. Nous ne voudrions pas que ce fardeau ralentisse la marche du Royaume de Dieu dans l’histoire. Nous avons fait notre part, même si nous avons commis des erreurs. Nous continuons la mission autant que nous le pouvons, mais maintenant nous nous tournons vers vous, les jeunes, qui attendez notre témoignage, en vous demandant pardon à vous aussi si nous n’avons pas été des témoins crédibles »
« Dieu marche avec Son peuple », tel est le titre choisi par le Pape François pour son message à l’occasion de la Journée Mondiale du Migrant et du Réfugié (JMMR), qui est célébrée ce dimanche 29 septembre 2024.
Dans ce message, le Saint-Père nous rappelle que nous tous, peuple de Dieu, sommes des migrants sur cette terre, en route vers la « vraie patrie », le Royaume des cieux. Les migrants sont une icône contemporaine de ce peuple en chemin, de l’Église en chemin et, en même temps, c’est en eux et en tous nos frères et sœurs vulnérables que nous pouvons rencontrer le Seigneur qui marche avec nous.
Ce dimanche 6 octobre, Mgr Philippe MARSSET vient célébrer mon installation comme votre nouveau curé. La liturgie de cette célébration est riche d’enseignements et nous permet de méditer le sens d’une telle mission.
Dans l’Église, on ne choisit pas sa mission, on la reçoit. Le curé ne choisit pas sa nouvelle paroisse, et les paroissiens ne choisissent pas leur nouveau curé ! Ils le reçoivent de l’Église, comme le curé reçoit sa mission de l’évêque. Ceci nous invite à nous accueillir mutuellement, à nous recevoir mutuellement comme un don de Dieu par son Église.
Dans la célébration d’installation, l’évêque développe la mission du nouveau curé. Il lui confie la charge d’annoncer l’Évangile sur le territoire de la paroisse, et pour cela d’enseigner le peuple chrétien qui y habite. Il lui rappelle son devoir d’être garant de l’intégrité de la foi catholique vécue et transmise. L’évêque évoque aussi la mission de sanctification : le curé doit apporter à tous à travers les sacrements les moyens de recevoir la grâce de Dieu qui sauve. Enfin, l’évêque rappelle au curé son autorité et la charge de gouvernement qu’il reçoit, mais sans oublier de souligner que cette autorité est au service de la charité et de l’unité de la communauté. Il est essentiel de souligner que le curé est invité à ne pas œuvrer seul, mais à vivre sa mission en collaboration avec les autres ministres ordonnés et les paroissiens.
Aujourd’hui, c’est un frère que vous accueillez, qui essaye lui aussi – avec vous – de se convertir et de marcher à la suite du Christ. Un pauvre pécheur, comme vous, aimé et pardonné. C’est aussi un père qui vous est donné, témoin pour vous de la Miséricorde du Père et envoyé pour vous encourager et vous faire grandir dans la foi. Enfin, c’est un responsable que vous recevez, mais au sens de l’évangile, c’est à dire un serviteur de l’unité de notre paroisse et de son élan missionnaire.
Je vous redis ma joie profonde, me confie à votre prière et à votre bienveillance, et prie pour vous tous les jours, sous le regard de Notre-Dame, de Ste Hélène.
Georges Lumen.
Seigneur, donne-moi de voir les choses à faire
Sans oublier les personnes à aimer,
Et de voir les personnes à aimer
Sans oublier les choses à faire.
Donne-moi de voir les vrais besoins des autres.
C’est si difficile
De ne pas vouloir à la place des autres,
De ne pas répondre à la place des autres,
De ne pas décider à la place des autres.
C’est si difficile, Seigneur, de ne pas prendre ses désirs pour les désirs des autres, et de comprendre les désirs des autres quand ils sont si différents des nôtres !
Seigneur, donne-moi de voir
Ce que Tu attends de moi parmi les autres.
Enracine au plus profond de moi cette certitude :
On ne fait pas le bonheur des autres sans eux….
Seigneur, apprends-moi à faire les choses en aimant les personnes.
Apprends-moi à aimer les personnes pour ne trouver ma joie qu’en faisant quelque chose pour elles, et pour qu’un jour elles sachent que Toi seul, Seigneur es l’Amour.
« En mars 1973, Norbert Ségard est élu député de la première circonscription du Nord, avant de devenir secrétaire d’État du commerce extérieur en juin 1974. Il assume ensuite le secrétariat d’État aux postes et télécommunications dès janvier 1976 où on lui doit le lancement de la télématique (minitel...). En octobre 1980, il est nommé ministre délégué auprès du premier ministre pour la recherche et l’application des techniques avancées, poste qu’il occupe jusqu’à ses derniers jours. Il a témoigné publiquement de son cancer du poumon. »
La page de l’Évangile d’aujourd’hui nous invite […] à réfléchir au sens profond du fait d’avoir la foi, qui consiste à faire totalement confiance au Seigneur. Il s’agit de briser les idoles mondaines pour ouvrir son cœur au Dieu vivant et vrai ; Lui seul peut donner à notre existence cette plénitude tant désirée et pourtant difficile à atteindre. […] De nos jours aussi sont en effet nombreux ceux qui se présentent comme des dispensateurs de bonheur : ils arrivent et ils promettent le succès en peu de temps, de grands profits à portée de main, des solutions magiques à tous les problèmes, et ainsi de suite. Et là, il est facile de glisser sans s’en rendre compte dans le péché contre le premier commandement : c’est-à-dire l’idolâtrie, remplacer Dieu par une idole. […] C’est pourquoi Jésus ouvre nos yeux sur la réalité. Nous sommes appelés au bonheur, à être bienheureux, et nous le devenons à partir du moment où nous nous plaçons du côté de Dieu, de son royaume, du côté de ce qui n’est pas éphémère mais dure pour la vie éternelle. Nous sommes heureux si nous nous reconnaissons dans le besoin devant Dieu — et cela est très important : « Seigneur, j’ai besoin de toi » — et si, comme Lui et avec Lui, nous sommes proches des pauvres, des affligés et de ceux qui ont faim. Nous aussi nous le sommes devant Dieu : nous sommes pauvres, affligés, nous avons faim devant Dieu.
Onze jours de voyage. A 87 ans, le Pape entame son plus long déplacement depuis le début de son pontificat en 2013. Du 2 au 13 septembre 2024, le pape François se rend en Indonésie (3-6 septembre), en Papouasie-Nouvelle-Guinée (6-9 septembre), au Timor oriental (9-11 septembre) et à Singapour (11-13 septembre). Ce 45 éme voyage à l’étranger sera marqué par les rencontres avec les autorités, l’Eglise locale, le dialogue interreligieux, les jeunes, les enfants porteurs de handicaps. A Jakarta, Lors de la messe de clôture de son étape en Indonésie, ce 5 septembre, le pape a confié aux catholiques qui vivent dans le plus grand pays musulman du monde, la mission d’être des « bâtisseurs d’unité et de paix ». "Ne vous lassez pas de rêver et de construire à nouveau une civilisation de paix ! Osez toujours rêver le rêve de la fraternité !"
Les Jeux paralympiques ont débuté mercredi 28 août 2024, à Paris. La messe d’ouverture a été célébrée par Mgr Philippe Marsset, évêque auxiliaire de Paris, en l’église de La Madeleine. Pendant la cérémonie, Mgr Marsset a rendu hommage aux para-athlètes. « La capacité de dépassement des personnes qui portent un handicap est stupéfiante, immense. Elle nous montre que l’homme dépasse infiniment ce que l’on voit de lui », a-t-il confié aux personnes présentes athlètes, familles, amis, accompagnateurs ou professionnels. « Elle nous dit que la fragilité est une source incroyable de force. Ces athlètes ont des ressources physiques, mentales et spirituelles magnifiques. Regardons-les, aimons-les et laissons-nous toucher par cette grâce qui est aussi un don de Dieu », a-t-il ajouté.
L’Église de France a proposé un programme inédit pour vivre ces Paralympiques : « la route extra ordinaire ». Le programme a fédéré 12 associations accompagnant tous types de handicap, parmi lesquelles figurent l’Ordre de Malte, l’Arche, l’ABIIF, Voir Ensemble, Fondation Saint-Jean de Dieu, SensYcap 78, OCH, Simon de Cyrène ainsi que plusieurs Hospitalités de différents diocèses autour de Paris.
500 volontaires catholiques étaient mobilisés avec Holygames pour permettre à 630 personnes porteuses de handicap de participer aux Paralympiques. Durant 12 jours et sur 12 lieux différents, les participants, valides et porteurs de handicap, ont pu pratiquer ensemble 12 para-sports et vivre ainsi les compétitions au plus près.
https//holygames.fr
Sur RTL le 13 août dernier, le judokaTeddy Riner a qualifié les para-athlètes de « super-héros ».S’ils se voulaient bienveillants, ces propos n’ont pas plu à Sofyane Mehiaoui (40 ans), membre de l’équipe de France de basket fauteuil, sélectionné pour ses premiers Jeux Paralympiques. « Faut vraiment que tu arrêtes de parler de nous de cette manière, tu ne nous aides pas. On n’est ni à plaindre, ni à survaloriser de cette manière ! » « Le fait qu’on parle de nous comme des super-héros ne nous aide pas, s’est-il ensuite expliqué. On est des personnes en situation de handicap et nous souhaitons être considérées comme des personnes normales. Quand on nous surexpose, ce n’est pas bien. On n’est pas des super-héros, on est des athlètes. Donc venez nous voir pour nos performances, nos exploits sportifs, c’est pour tout ça qu’il faut venir nous voir. » (L’Equipe 23 aout)
Tu es le Seigneur des vacances,
pas seulement des vacances scolaires
ou des congés payés !
Non ! Le Seigneur de la vacance, du vide.
Nous, nous aimons les vacances
pour faire le plein d’énergie,
de santé et de bonne humeur.
Nous disons que la vie quotidienne
nous épuise, nous vide.
En fait, notre cœur n’est pas souvent vacant
pour être à ton écoute.
Le travail, les soucis, les détresses y sont
des locataires encombrants que nous ne pouvons
ou nous ne voulons pas chasser.
Pour emménager dans notre cœur,
Tu voudrais bien, Seigneur,
qu’il y ait un peu de place, un peu de vide.
Si nous te faisons un peu de place,
c’est dans un recoin d’une vie encombrée.
Toi, Seigneur, qui attends la moindre vacance
pour t’installer aux cœurs des hommes,
Aide-nous à rentrer en vacances
Sois le Seigneur de l’éternel été,
donne-nous la plénitude de la tendresse,
la liberté de ceux qui courent annoncer
à tous vents que tu es venu habiter chez eux, leur apportant la joie.
Père Roger Khalil
Les 30 Juin et 7 Juillet, nous allons élire nos députés. L’Eglise n’a pas à indiquer ses choix particuliers mais bien de rappeler quelques critères pour guider nos choix en fidélité à l’Evangile. Mgr Bruno Valentin, évêque de Carcassonne et Narbonne s’est adressé à ses fidèles en ces termes. Extraits :
« Si notre foi ne nous dicte pas pour qui voter, elle a forcément quelque chose à voir avec la manière dont nous votons : D’abord, en refusant la peur.
« N’ayez pas peur ! »… Ensuite, il nous faut rendre à Dieu ce qui est à Dieu. Lorsque nous votons, nous ne cherchons pas à désigner un sauveur, mais un serviteur. L’Evangile n’est réductible à aucun programme politique en particulier mais il nous trace en revanche des lignes directrices claires, je voudrais en souligner trois en particulier :
- La dignité irréductible de toute personne humaine est fondée sur son statut de créature à l’image et à la ressemblance de Dieu. Toute personne mérite un respect sacré : l’enfant à naître comme le malade en fin de vie ; le migrant en demande d’assistance comme la personne en quête de son identité ou de son orientation sexuelle : tous, sans exception aucune.
La recherche du bien commun ne se réduit pas à l’intérêt général cher à la tradition républicaine : C’est le bien du « nous tous », le bien qui ambitionne de ne laisser personne au bord du chemin. C’est ce bien commun que nous devons rechercher face aux défis écologiques et économiques, comme face aux fractures profondes qui morcellent notre société.
- L’option préférentielle pour les pauvres est une priorité d’ordre théologique et non idéologique ou philosophique, parce que c’est le choix de Dieu lui-même. L’Evangile m’invite à voter en fonction des conséquences pour les plus pauvres d’abord, avant de considérer les intérêts propres de mon groupe, ou de ma communauté particulière…
Le pape a un sens aigu de l’Incarnation de Jésus. Il rejoint ce que les 1es penseurs de l’Eglise ont dit avec force : « En Jésus, Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu ». Dans sa 1ère encyclique « La Joie de l’Evangile », François le dit avec des mots plus actuels :
« Jésus veut que nous touchions la misère humaine, la chair souffrante des autres. Il attend
que nous renoncions à chercher ces abris personnels ou communautaires qui nous permettent de nous garder distants du cœur des drames humains, afin d’accepter vraiment d’entrer en contact avec l’existence concrète des autres et de connaître la force de la tendresse. Quand nous le faisons, notre vie devient toujours merveilleuse et nous vivons l’expérience intense d’être un peuple, l’expérience d’appartenir à un peuple…
L’amour pour les gens est une force spirituelle qui permet la rencontre totale avec Dieu, à tel point que celui qui n’aime pas son frère « marche dans les ténèbres » (1 Jn 2, 11), « demeure dans la mort » (1 Jn 3, 14) et « n’a pas connu Dieu » (1 Jn 4, 8)… Ainsi, quand nous vivons la mystique de nous approcher des autres, afin de rechercher leur bien, nous dilatons notre être intérieur pour recevoir les plus beaux dons du Seigneur. Chaque fois que nous rencontrons un être humain dans l’amour, nous nous mettons dans une condition qui nous permet de découvrir quelque chose de nouveau de Dieu. Chaque fois que nos yeux s’ouvrent pour reconnaître le prochain, notre foi s’illumine davantage pour reconnaître Dieu…
Seul celui qui se sent porté à chercher le bien du prochain, et désire le bonheur des autres, peut être missionnaire. Cette ouverture du cœur est source de bonheur, car « il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir » (Ac 20, 35). Personne ne vit mieux en fuyant les autres, en se cachant, en refusant de compatir et de donner, en s’enfermant dans le confort. Ce n’est rien d’autre qu’un lent suicide. »
Aujourd’hui, des jeunes de l’aumônerie ont Fait leur Profession de Foi. Le magazine « Le Pèlerin » évoque à grands traits l’histoire du Credo que nous professons chaque dimanche dans sa version courte (Symbole des Apôtres) et longue (Symbole de Nicée-Constantinople) :
« Depuis ses débuts, l’Église a progressivement réfléchi sur ce contenu de la foi. Au fil des siècles, à partir des textes bibliques eux-mêmes enrichis par les témoignages des premières communautés, des assemblées appelées « conciles » ont ainsi forgé des Credo. Ces petits textes sont à la fois un condensé de ce qu’il faut croire, un gage de reconnaissance entre chrétiens, et un signe d’unité qui construit la communauté, toujours menacée d’éclatement.
Le mot ‘symbole’ utilisé pour qualifier le texte du Credo a pour origine le terme grec ‘symbolon’, qui désignait la moitié d’un objet brisé (par exemple un sceau), présenté comme un signe de reconnaissance ; les deux parties brisées étaient accolées pour vérifier l’identité du messager. Le symbole de la foi est donc un signe de reconnaissance entre croyants.
Le symbole des Apôtres a vu le jour au IIe siècle et s’est affirmé au VIe siècle. Ce texte est considéré comme le résumé fidèle de la foi des apôtres, ceux qui ont mis leur confiance dans la Résurrection de Jésus (Credo version courte).
En 325, à Nicée, dans l’actuelle Turquie, les évêques se sont réunis pour mettre au point un texte commun, appelé le Symbole de Nicée. Plus complet que le Symbole des Apôtres, il précise notamment la divinité du Christ. Quelques années plus tard, un autre concile, réuni à Constantinople (aujourd’hui Istanbul) en 381, a précisé la divinité du Saint-Esprit. Le texte qui nous en est parvenu s’appelle le Symbole de Nicée-Constantinople (Credo version longue) »
En cette Fête de la Trinité où Dieu, Père Fils et Esprit, offrent de participer à leur échange d’Amour, voici un texte d’un auteur inconnu qui prête au Dieu Trinité ces mots intimes qu’Il adresse à chacun : « Aime-moi comme tu es ! »
« Moi ton Dieu, je connais ta misère, les combats et les tribulations de ton âme, la faiblesse et les infirmités de ton corps ; je sais ta lâcheté, tes péchés, tes défaillances ; je te dis quand même :
« Donne-moi ton cœur, aime moi comme tu es. »
Si tu attends d’être un ange pour te livrer à l’amour, tu ne m’aimeras jamais. Même si tu retombes souvent dans ces fautes que tu ne voudrais ne jamais connaître, même si tu es lâche dans la pratique de la vertu, je ne te permets pas de ne pas m’aimer. Aime-moi comme tu es. A chaque instant et dans quelque position que tu te trouves, dans la ferveur ou dans la sécheresse, dans la fidélité ou dans l’infidélité. Si pour m’aimer, tu attends d’être parfait, tu ne m’aimeras jamais.
Mon enfant, laisse-moi t’aimer, je veux ton cœur. Je compte bien te former, mais en attendant, je t’aime comme tu es. Et je souhaite que tu fasses de même ; je désire voir, du fond de ta misère, monter l’amour. J’aime en toi jusqu’à ta faiblesse. J’aime l’amour des pauvres. Je veux que, de l’indigence, s’élève continuellement ce cri : Seigneur, je vous aime. C’est le chant du ton cœur qui m’importe. Qu’ai-je besoin de ta science et de tes talents ?...
Aujourd’hui, je me tiens à la porte de ton cœur comme un mendiant, moi, le Seigneur des seigneurs. Je frappe et j’attends, hâte-toi de m’ouvrir, n’allègue pas ta misère. Ton indigence, si tu la connaissais pleinement, tu mourrais de douleur. Cela seul qui pourrait me blesser, ce
serait de te voir douter et manquer de confiance. Je veux que tu penses à moi à chaque heure du jour et de la nuit, je ne veux pas que tu poses l’action la plus insignifiante pour un motif autre que l’amour. Mais souviens-toi : « Aime-moi, tel que tu es. »
Il y a bien des manières de prier l’Esprit Saint et d’invoquer sa Présence en de multiples occasions. Témoin cette prière de Mgr Robert Bourrat ( ?). A chacun d’inventer sa prière selon son cœur et sa sensibilité pour faire de l’Esprit son Ami et son Guide permanent :
« Viens Esprit Saint nous aider à mettre un grain de soupçon dans nos certitudes, quand elles ne sont pas le Credo. Une brassée de confiance en nos cœurs quand les idées ne sont pas de nous.
Viens, Esprit Saint, mettre un zeste d’humour dans nos discussions si sérieuses, un brin de jeu dans nos engrenages et nos articulations, pour qu’elles ne se coincent pas.
Un brin de fraternité dans nos oppositions légitimes, une pincée de sel de sagesse sur les plaies de nos péchés. Cela cuit mais cela guérit.
Esprit Saint, mets-nous une cuillerée de miel dans nos gorges enflammées par tant de bavardages. Une étincelle de ton feu dans la paille de nos innombrables recherches.
Esprit Saint, mets une goutte d’eau ou la trombe de ton eau vive, sur ce qui est souillé et sur ce qui est aride. Une ombre de ta fraîcheur sur nos fièvres et nos souffrances.
Viens Esprit Saint, donne-nous le coup de cœur en nos vies pour Jésus et pour son Père, et surtout, mets du vent dans nos voiles. Que nous puissions appareiller et cingler au large pour la pêche. »
Les abus dans l’Église dont on a beaucoup parlé, ont ébranlé bien des gens. Fallait-il quitter l’Église ? Ou bien y rester, mais dans quel esprit ? Jean Guilhem Xerri psychothérapeute chrétien connu nous aide à y répondre. Extraits d’interview dans « La Vie » n° 4100 :
« Quitter l’Église, c’est quoi pour moi ? De quelle Église je parle ? Une ONG internationale ? Une multinationale dont le siège est au Vatican ? Une communauté de chercheurs de Dieu ? Un peuple appelé à annoncer le salut ? Quand quelqu’un me dit ne pas croire en Dieu, je l’interroge : « En quel Dieu tu ne crois pas ? Nous pourrions être d’accord ! » De même, quand une personne me confie vouloir quitter l’Église, j’aime savoir quelle Église elle désire quitter. Une institution qui produit de l’abus, protège et planque les violeurs ? Dans ce cas, non seulement je la comprends, mais je suis d’accord avec elle.
Mais l’Église ne peut être réduite à une association de violeurs et d’abuseurs. Elle est le lieu où le monde prend conscience qu’il reçoit sa vie de Dieu. Elle est aussi un peuple de personnes qui ne se sont pas choisies et qui sont appelées à annoncer la Résurrection. Voilà pourquoi je reste dans l’Église, car cette Eglise-là demeure malgré les atrocités qu’il y a en son sein
Il nous faut résister à la fascination du mal. Le symbole du mal est le serpent : cet animal hypnotise sa proie avant de l’engloutir. Je suis hypnotisé par le mal quand je fixe mon regard sur l’ivraie jusqu’à oublier le bon grain. J’occulte alors complètement tout le bien que l’Église fait aux personnes et au monde. Combien de chrétiens, par exemple, sont engagés dans les champs caritatifs, associatifs, éducatifs, écologiques... ? Combien de saints ordinaires et non visibles ? Quid des sacrements que l’Église donne, ou de son patrimoine liturgique et spirituel ? C’est la forêt qui pousse et que l’on ne voit pas à cause de l’arbre pourri… L’Évangile est clair : un champ dans lequel il n’y aurait que du bon grain, cela n’existe pas. »
D’année en année, la participation à la fête de l’Ascension se fait plus discrète. C’est l’heure de réveiller le sens de notre baptême qu’elle porte. Elle ouvre un temps nouveau de l’Eglise et un appel pressant à répandre la Bonne Nouvelle dans notre monde désorienté.
« Coincée entre Pâques et la Pentecôte, l’Ascension risque de paraître une fête secondaire sans autre intérêt que d’imprimer dans notre esprit l’image d’un départ spectaculaire du Christ. Car sa "montée au ciel " et même la Pentecôte ne sont que les différentes facettes de la Fête de Pâques. Célébrer l’Ascension, c’est toujours célébrer la Résurrection mais en s’interrogeant : pourquoi Jésus n’est-il plus visible ? Où est-il désormais ?
L’Évangile nous dit par des images frappantes que Jésus " fut enlevé au ciel " pour être désormais " assis à la droite de Dieu ». Manière biblique de dire qu’à un moment donné, Jésus a cessé de donner des témoignages de sa Résurrection. Pour ses disciples, cela n’a pas signifié absence mais expérience d’une nouvelle présence. Autrement dit, sa Présence n’a plus été limitée à son corps d’homme mais elle s’est faite plus intérieure.
Fallait-il qu’il quitte cette terre ? Oui, pour que les disciples ne soient plus collés à sa Présence. Avant, ils suivaient leur Maître, comme aspirés dans l’admiration éprouvée pour Lui, son message et ses miracles. Jésus voulait des hommes libres et adultes dans la foi. Envoyés, ils expérimentent que sa présence continue à être agissante « Le Seigneur travaillait avec eux, dit l’Évangile, et confirmait la Parole par les signes qui l’accompagnaient."
Ils éprouvent que Dieu " travaille avec eux " en voyant la réalisation des " signes " que Jésus leur avait promis. L’Ascension marque un terme à la présence terrestre de Jésus mais pour offrir une autre Présence. Ce faisant, elle ouvre le temps nouveau de l’Église sur toute la surface de la terre. Depuis 2000 ans, tous les baptisés sont invités à prendre leur part. Pour reprendre une expression de St Jean, c’était " notre intérêt qu’il s’en aille ", pour que Sa puissance de résurrection " accompagne " désormais les chrétiens de toutes générations. » Michel R
Le cheminement des catéchumènes est l’un des lieux où l’Appel de Dieu se vérifie aujourd’hui. Lors de la récente messe chrismale à St Sulpice, Mgr Ulrich, notre archevêque, en relève plusieurs points…
« Beaucoup de grands-parents sont des modèles pour leurs petits-enfants et leur ont indiqué, bien souvent, des chemins remplis de lumière - la foi si quotidienne d’une grand-mère, l’espérance si forte d’un grand-père dans l’épreuve de la maladie. Beaucoup de diacres, de laïcs en mission, de bénévoles sont devenus, ces dernières années, des accompagnateurs joyeux et émerveillés. Beaucoup de jeunes gens trouvent visiblement dans la prière et la pratique sacramentelle la force des engagements fraternels qui occupent leur vie au service des pauvres, des délaissés de la rue, des malades et des mourants, de l’avenir de notre planète, de la paix et de l’éducation.
J’ai pu saisir, à travers les centaines de lettres que j’ai lues cet hiver, la force de la Parole de Dieu. C’est une parole de l’Evangile qui a décidé de leur conversion, c’est le verset d’un psaume qui a ouvert chez eux le chemin de la prière, c’est un appel à la vie fraternelle entendu dans la communauté chrétienne qui les a agrégés à un corps de serviteurs volontaires et solidaires. Car, pour beaucoup, en effet, ils ont trouvé un groupe chrétien, dans une paroisse, un port d’attache, des frères et des sœurs… De plus en plus, ceux qui viennent demander le baptême, ont fréquenté votre église, votre paroisse, depuis des mois ou des années.. Certains sont allés à la messe pendant des mois, parfois même des années avant d’avoir le courage du premier pas, de la demande du baptême !...
C’est grâce à nous que cela s’est fait ? Non ? c’est l’œuvre de la fidélité de Dieu à l’égard des hommes et des femmes de tous temps, et du nôtre en particulier. C’est sa grâce inépuisable qui ne se décourage jamais de nos erreurs, de nos hésitations, de nos refus même. C’est Sa grâce qui sans cesse nous appelle, qui ouvre des portes et dessine des chemins. »
Aujourd’hui, Journée Mondiale de Prière pour les Vocations religieuses et sacerdotales nécessaires à la vie de l’Église. Mais le pape voit plus large. Dans une lettre adressée à cette occasion, il rappelle que nous sommes tous appelés à vivre une Église Synodale faite de l’engagement de tous. Extraits…
« La Journée mondiale de Prière pour les Vocations nous invite, chaque année, à considérer le don précieux de l’appel que le Seigneur adresse à chacun de nous, son peuple fidèle en chemin, pour que nous puissions prendre part à son projet d’amour et incarner la beauté de l’Évangile dans les différents états de vie. […]
Je pense aux mères et aux pères… à ceux qui accomplissent leur travail avec dévouement et esprit de collaboration ; à ceux qui s’engagent, dans divers domaines et de différentes manières… à tous les hommes et femmes de bonne volonté qui se dépensent pour le bien commun. Je pense aux personnes consacrées, qui offrent leur existence au Seigneur dans le silence de la prière comme dans l’action apostolique… Et je pense à ceux qui ont accueilli l’appel au sacerdoce ordonné et qui se consacrent à l’annonce de l’Évangile…
Aux jeunes, en particulier à ceux qui se sentent éloignés ou qui nourrissent une méfiance envers l’Église, je voudrais dire : laissez-vous fasciner par Jésus, adressez-lui vos questions importantes, à travers les pages de l’Évangile, laissez-vous inquiéter par sa présence qui nous met toujours salutairement en crise. Il respecte plus que tout autre notre liberté, il ne s’impose pas mais se propose : laissez-lui de l’espace et vous trouverez votre bonheur en le suivant et, s’il vous le demande, en vous donnant complètement à Lui.
La polyphonie des charismes et des vocations, que la communauté chrétienne reconnaît et accompagne, nous aide à comprendre pleinement notre identité de chrétiens… C’est pourquoi la Journée Mondiale de Prière pour les Vocations porte gravé le sceau de la synodalité : nombreux sont les charismes et nous sommes appelés à nous écouter réciproquement et à marcher ensemble pour les découvrir et pour discerner à quoi l’Esprit nous appelle pour le bien de tous… »
La croissance du nombre des nouveaux baptisés adultes (plus de 7000) et ados (plus de 5000), lors de la veillée pascale nous a tous surpris par son ampleur. C’est le signe que le Seigneur, sous bien des formes, parle à tout homme à la recherche d’un sens à la vie et d’une soif d’éternité.
« A l’heure où l’Église catholique a de quoi être considérée par bien des fidèles eux-mêmes comme un repoussoir, elle continue de séduire en dehors de ses rangs, et cela de façon croissante. Le contexte d’un pays fortement déchristianisé ainsi que les drames que traverse notre monde ont été particulièrement soulignés. Or la question du sens continuera toujours à palpiter dans les cœurs humains. Et l’origine irréligieuse d’un nombre impressionnant de néophytes prouve que, malgré les défauts de l’Église, certains de nos contemporains y reconnaissent le lieu où leur soif d’éternité pourra être étanchée, et leur quête d’une foi sérieuse satisfaite…
Quoi qu’il en soit, s’il y a lieu de rendre grâce, il n’y a pas de quoi crier victoire. La plupart des évêques qui se sont exprimés sur le sujet ne s’y sont pas trompés, et n’ont pu qu’en faire l’humble constat : l’immense majorité des nouveaux membres de l’Église ne sont pas arrivés jusqu’au narthex par les canaux officiels, ou en tout cas explicites de l’évangélisation. La beauté d’une liturgie traditionnelle, la lecture d’un roman russe, une quête intellectuelle qui conduit un jour à ouvrir la Bible, un songe, la splendeur d’un porche roman…
Cela n’est pas nouveau, « le vent souffle où il veut. » (Jn 3, 8) : François d’Assise a croisé un lépreux, Charles de Foucauld a vu des musulmans en prière, Simone Weil a lu un poème anglais du 17è siècle. Et l’amour du Christ s’est manifesté. Tout cela nous enseigne l’humilité. Et en même temps nous rappelle la responsabilité qui nous incombe d’être des témoins crédibles… C’est le Seigneur qui parle à tout homme, et qui a l’audace de vouloir continuer à parler par nous… »
Jean de Saint Chéron, La Croix, 8/4/24
Lors de la Bénédiction « Urbi et Orbi », le jour de Pâques, le pape François a invité fortement le monde à la paix « car la guerre est toujours une absurdité et une défaite. » Extraits :
« L’Église revit l’étonnement des femmes qui se sont rendues au tombeau à l’aube du premier jour de la semaine. Aujourd’hui encore, de lourdes, trop lourdes pierres ferment les espérances de l’humanité : la pierre de la guerre, la pierre des crises humanitaires, la pierre des violations des droits de l’homme, la pierre de la traite des êtres humains, et d’autres encore. Nous aussi, comme les femmes, nous nous demandons les uns aux autres : Qui roulera ces pierres ? (Mc 16, 3) Et voilà la découverte du matin de Pâques : la pierre, cette si grande pierre, a déjà été roulée. L’étonnement des femmes est aussi le nôtre : le tombeau de Jésus est ouvert et il est vide ! C’est là que tout commence.
C’est par ce tombeau vide que passe une voie nouvelle, la voie que personne d’autre que Dieu ne pouvait ouvrir : la voie de la vie au milieu de la mort, la voie de la paix au milieu de la guerre, la voie de la réconciliation au milieu de la haine, la voie de la fraternité au milieu de l’inimitié. Jésus Christ est ressuscité et Lui seul est capable de rouler les pierres qui ferment le chemin vers la vie. Lui-même, le Vivant, est le Voie : la Voie de la vie, de la paix, de la réconciliation, de la fraternité… Sans le pardon des péchés, on ne sort pas des fermetures, des préjugés, des suspicions mutuelles, des présupposés qui toujours absolvent soi-même et accusent les autres. (Ici, le pape évoque un certain nombre de conflits qui défigurent le monde et appelle à des réponses pacifiques)…
Combien de souffrance nous voyons dans les yeux des enfants. Les enfants de ces terres en guerre ont oublié de sourire. Par leurs regards ils nous demandent : pourquoi ? Pourquoi tant de morts ? Pourquoi tant de destructions ? La guerre est toujours une absurdité, la guerre est toujours une défaite ! La paix ne se construit jamais avec des armes, mais en tendant les mains et en ouvrant les cœurs. Que la lumière de la résurrection illumine nos esprits et convertisse nos cœurs ! »
Jeudi saint
C’est la fête de l’Eucharistie, et donc des prêtres. On y fait mémoire du dernier repas de Jésus avec ses disciples. La messe du Jeudi saint est vécue en référence au Christ qui, lavant les pieds de ses apôtres, leur a recommandé de s’aimer les uns les autres. En effet, lorsqu’on lave les pieds de quelqu’un, on s’abaisse devant lui et ce geste d’humilité peut être interprété comme un témoignage d’amour. À la fin de la messe, le Saint-Sacrement est porté en procession. Ceux qui le souhaitent sont invités à venir y prier en silence pour s’associer à l’agonie de Jésus au Jardin des Oliviers. Une façon de veiller avec lui dans la nuit.
Vendredi saint
Jésus est amené devant Ponce Pilate puis il est condamné à mort. Il porte sa croix avant d’être crucifié sur un lieu que l’Évangile nomme
« Golgotha », c’est-à-dire « lieu du crâne ». Ce jour-là, aucune messe n’est célébrée.
Le Chemin de Croix (15 h), nous permet de revivre les événements de la Passion de Jésus et de réfléchir au sens de ces événements.
Lors de la Vénération de la Croix (19 h), on lit le récit de la Passion et les fidèles s’avancent pour vénérer la Croix en la touchant ou en l’embrassant. On peut également recevoir la communion.
Une collecte pour la Terre sainte permet de rassembler des fonds pour les chrétiens du Moyen-Orient. Le Vendredi saint est un jour de jeûne et d’abstinence.
Samedi saint
C’est un jour d’attente. On dit que Jésus est descendu parmi les morts pour ramener vers le Ciel les âmes justes mortes avant son sacrifice. Le soir, la Vigile pascale (à 21 h) a lieu entre le coucher du soleil du Samedi saint et le lever du soleil de Pâques. La procession de la lumière permet aux fidèles d’entrer dans l’église, alors plongée dans l’obscurité, et le nouveau cierge pascal est allumé. La liturgie de la Parole rappelle l’histoire du Salut et des catéchumènes adultes reçoivent le baptême.
Le dimanche de Pâques (messe à 11 h) est joyeux « Le Christ est vraiment ressuscité ». L’assemblée renouvelle sa profession de foi baptismale. S’ouvre le temps pascal qui dure cinquante jours et se clôt avec la Pentecôte.
Le 8 mars, le pape François a présidé le sacrement de Réconciliation dans une paroisse romaine. Dans son homélie, il a exhorté les fidèles à « remettre le pardon au centre de l’Église » car « Dieu ne se lasse jamais de pardonner. » Invitation pressante à redécouvrir ce Sacrement à l’approche de Pâques. Extraits…
« Frères, sœurs, quel est le chemin pour reprendre la voie de la vie nouvelle ? Pour ce Carême et pour reprendre le chemin, quel est le chemin ? C’est le chemin du pardon de Dieu. Mettez ceci dans votre esprit et dans votre cœur : Dieu ne se lasse jamais de pardonner. Avez-vous entendu cela ? Pouvez-vous le répéter avec moi ? Tous ensemble : Dieu ne se lasse jamais de pardonner.
Mais quel est le drame ? C’est nous qui nous fatiguons de demander pardon. Mais Lui ne se lasse jamais de pardonner. Ne l’oublions pas. Et le pardon divin fait justement cela : il fait de nous des hommes nouveaux, comme de nouveaux baptisés. Il nous purifie de l’intérieur, nous ramène à l’état de notre renaissance baptismale : il fait couler à nouveau les eaux fraîches de la grâce dans nos cœurs desséchés par la tristesse et salis par le péché.
Le Seigneur enlève les cendres des braises de l’âme, nettoie les taches intérieures qui nous empêchent de faire confiance à Dieu, d’embrasser nos frères, de nous aimer nous-mêmes. Il pardonne tout. « Ô Père, j’ai un péché qui est certainement impardonnable ». Écoutez : Dieu pardonne tout, parce qu’il ne se lasse jamais de pardonner. Le pardon de Dieu nous transforme de l’intérieur : il nous donne une nouvelle vie et un nouveau regard…
Seul Dieu connaît et guérit le cœur. Souvenez-vous bien de cela : seul Dieu est capable de connaître et de guérir le cœur, Lui seul peut le libérer du mal. Pour cela, nous devons lui apporter notre cœur ouvert et contrit ; nous devons imiter le lépreux de l’Évangile qui le prie : « Si tu le veux, tu peux me purifier » (Mc 1,40). »
Dans une lettre « Comment parler de liberté si l’avortement est la seule option promue ? », notre archevêque Mgr Ulrich s’exprime en qualité de pasteur sur le vote des parlementaires. Extraits…
« Il y a bien de la tristesse et de l’amertume à considérer le vote du Parlement réuni en Congrès, pour ce que ce vote traduit finalement : le refus d’accueillir la vie est désormais érigé comme un principe fondamental de la République…
Évêques, nous ne sommes pas les seuls à faire part de notre inquiétude sur ce sujet depuis maintenant des années. Qu’il me soit permis de dire que notre expression, la mienne, n’est pas celle d’hommes qui croient savoir mieux que les femmes quels droits doivent être les leurs et comment elles peuvent les exercer. Bien au contraire, elle est celle de pasteurs qui vivent aux côtés des femmes et des hommes de leur temps ; les souffrances et les angoisses qui traversent leurs vies ne nous sont ni inconnues, ni indifférentes…
Nous considérons qu’il est de notre responsabilité d’interroger notre société. Comment peut-on parler de liberté si l’avortement est, au fond, la seule option promue ? Devons-nous en rester là et nous satisfaire de cet état des choses ? Il existe pourtant des alternatives, qui méritent d’être soutenues et valorisées… pleinement respectueuses du choix des femmes pour leur avenir et celui de l’enfant qu’elles portent…
Il nous appartient, avec tous les hommes et les femmes de bonne volonté qui ne se résolvent pas à considérer que le progrès ultime réside dans la seule protection des droits individuels, de poursuivre et d’amplifier nos efforts pour accueillir toutes les détresses et faire connaître toutes les options. Parce qu’il n’est de liberté sans choix, ni de choix sans conscience libre. »
"Le Carême, c’est un choix entre vous et l’Esprit saint, et le Seigneur" selon le P. Dewavrin, bibliste. Conseils donnés à la radio RCF …
Comment choisir son effort de Carême ?
" Vous demandez d’abord à l’Esprit saint de vous éclairer : Qu’est-ce que l’Esprit saint attend de vous ? Qu’est-ce qu’il veut que vous viviez ? Dans le choix d’un effort de Carême, "il faut partir de ce que ce nous sommes et non pas de ce que nous aimerions être. Il vaut mieux une fidélité à une petite résolution, à une petite décision, qu’un chemin chaotique sur une grande résolution."
Consentir à sa fragilité
À quoi ça sert de choisir un effort de Carême ? Non pas à se prouver que l’on est fort mais à se découvrir faible. "Quand on prend une résolution de Carême, on se retrouve dans un état de fragilité : on renonce à quelque chose auquel on tenait." Si l’on "consent" à cette situation de fragilité, cela "va permettre à l’Esprit saint, à Dieu, de venir habiter cette fragilité et de nous donner la force intérieure pour tenir cette résolution". C’est là toute la finalité de ce temps particulier : faire grandir en nous la présence de Dieu.
Carême, un temps de conversion
Un temps pour « choisir la vie ». "On voit bien que chez les convertis, il y a des choix plus radicaux qui se font. Choisir la vie, ils le font vraiment, ils renoncent à certaines pratiques de leur vie passée, ils le font avec une force intérieure qui est étonnante."
On doit s’interpeller aussi les uns les autres. Il faut pouvoir partager ce qui a transformé notre vie."
Pour un Carême qui ne se vive pas dans les nuages mais se veut concret, le Cardinal belge Godfried Daneels proposait… avec un brin d’humour :
1. Prie, chaque matin, le Notre Père et chaque soir le Je vous salue Marie.
2. Cherche dans l’évangile du dimanche, une petite phrase que tu pourras méditer toute la semaine.
3. Chaque fois que tu achètes un objet dont tu n’as pas besoin pour vivre - un article de luxe - donne aussi quelque chose aux pauvres ou à une œuvre. La surabondance demande à être partagée.
4. Fais chaque jour quelque chose de bien pour quelqu’un. Avant qu’il ou elle ne te le demande.
5. Lorsque quelqu’un te tient un propos désagréable, n’imagine pas que tu doives aussitôt lui rendre la pareille. Cela ne rétablit pas l’équilibre. Tais-toi plutôt une minute et la roue s’arrêtera.
6. Si tu zappes depuis un quart d’heure sans succès, coupe la TV et prends un livre. Ou parle avec ceux qui habitent avec toi : il vaut mieux zapper entre humains et cela marche sans télécommande.
7. Durant le Carême, quitte toujours la table avec une petite faim. Les diététiciens sont encore plus sévères : fais cela toute l’année. Une personne sur trois souffre d’obésité.
8. ’Par-donner’ est le superlatif de donner.
9. Tu as déjà si souvent promis d’appeler quelqu’un par téléphone ou de lui rendre visite. Fais-le finalement.
10. Ne te laisse pas toujours prendre aux publicités qui affichent une réduction. Cela coûte en effet 30 % moins cher. Mais ton armoire à vêtements bombe et déborde également de 30 %.
Le désert tient une place importante dans la Bible, nous rappelle Philippe Abadie, bibliste.
« Le désert, une réalité biblique. Plusieurs déserts entourent Israël, le désert de Sinaï et le grand désert syrien. Cette réalité géographique est omniprésente tout au long de la Bible. Dieu donne le désert aux hommes pour que celui-ci puisse être fécondé, par la pluie notamment. Or, le prophète Isaïe parlera de la Parole de Dieu comme d’une pluie fécondante qui descend du Ciel et qui tombe sur Terre mais en faisant germer la terre. Le désert est amené à devenir une terre fertile, il symbolise la conversion.
Dans l’épreuve se vit la rencontre. Jésus va passer du temps dans le désert qui est à la fois le retrait, la solitude et la rencontre. Donc c’est dans l’épreuve que se vit la rencontre Dans le désert, en faisant face à notre solitude, nous sommes plus à même de rencontrer Dieu. Cette symbolique peut s’adapter aux différentes épreuves de la vie qui nous font découvrir nos limites et nos fragilités mais qui nous font également découvrir la vraie nature de l’Homme. L’épreuve est vraiment le lieu dans lequel l’homme se révèle
Les tentations de Jésus dans le Désert. Dans sa traversée du désert, Jésus rejoint les souffrances d’Israël en expérimentant différentes tentations comme la faim, la tentation du pouvoir mais aussi la tentation de tenter Dieu. Jésus triomphe de ces différentes tentations et nous montre que la vraie humanité, celle qui est réconciliée avec elle-même, est celle qui sait tourner l’épreuve en chemin de vie. Encore une fois, Jésus en cette période de Carême, de désert, nous rappelle qu’il faut savoir choisir la vie quelle que soit l’épreuve ou la souffrance. »
Notre archevêque Mgr Ulrich vient de faire paraître une lettre pastorale nous invitant à préparer notre cœur pour la réouverture de la cathédrale Notre Dame de Paris, le 8 décembre prochain. Extraits.
« Lorsque nous parlons de la cathédrale, nous la considérons comme lieu-source pour notre foi, pour les sacrements dont notre vie chrétienne est nourrie. Elle est le signe de l’implantation de la foi au Dieu-Trinité sur notre terre d’Île-de-France et de son histoire bien enracinée à Paris…Des milliers de diacres et de prêtres y ont reçu l’ordination, des dizaines de milliers de baptisés y ont été confirmés, et cent-quarante-deux évêques de Paris y ont exercé leur ministère – non pas bien sûr dans ce bâtiment même ! – depuis saint Denys.
Enfin, cette cathédrale est là pour tous. Croyants ou non, chrétiens ou non, elle est un repère pour tous. À nous elle est confiée pour que nous la servions, pour qu’elle demeure un phare dans notre ville. Elle nous procure tant de joie au milieu des circonstances tragiques de notre monde actuel, elle a été le témoin de tant d’événements de la vie de Paris et de notre pays. Nous la redécouvrons telle que nous ne l’avons encore jamais vue, avec une joie qui remplit notre cœur…
Ensuite, au milieu de la liesse à laquelle nous pouvons nous attendre, et aussi de la fierté qui s’attache naturellement à l’œuvre accomplie dans ce délai d’à peine plus de cinq ans, de l’engagement magnifique des entreprises et de leurs employés qui ont trouvé là un accomplissement professionnel exceptionnel, je voudrais que nous sachions simplement dire notre reconnaissance pour une œuvre vraiment commune, nous féliciter de ce sens du bien commun réalisé ensemble qui produit tellement plus de joie que lorsque chacun ne pense qu’à son propre bien… »
Dans son index mondial publié ce 17 janvier, l’ONG Portes Ouvertes montre une croissance de la persécution et de la violence contre les chrétiens. Un chrétien sur sept, soit 365 millions dans le monde, est persécuté.
En Inde, des lois anti-conversion
En 2023, en Inde, 2 228 églises ont été visées (contre 67 en 2022). L’Inde est le premier pays en terme de chrétiens détenus. Un chiffre qui s’explique par l’augmentation des lois anti-conversion maintenant mises en place dans onze États, des textes stipulant que personne ne peut être forcé à se convertir à une autre religion. « Les chrétiens sont accusés de conversions forcées, chargés de se défendre, de prouver qu’ils n’ont forcé personne à se convertir », détaille le directeur. L’ONG note également un regain de persécution au Laos où pour la première fois depuis des années, des chrétiens ont été tués en raison de leur foi.
La résilience en Corée du Nord
Depuis 2002, la Corée du Nord occupe la première place du classement (Sauf en 2022, 2ème) : « Il n’y aucun espace de liberté pour les chrétiens, note le communiqué, ils sont donc contraints de vivre leur foi dans le secret le plus absolu ».
Un chrétien persécuté sur cinq vit en Afrique La montée du djihadisme en Afrique subsaharienne rime avec l’augmentation des persécutions des chrétiens. « Il y a une intolérance religieuse qui prend de l’ampleur », regrette Illia Djadi, ancien journaliste, pendant plus de vingt ans sur le continent africain. « Les églises sont ciblées du fait de l’idéologie de ces groupes armés qui veulent établir un califat. Ils ciblent les non-musulmans, mais aussi les musulmans modérés »… Pour la dixième année d’affilée, le Nigeria est le premier pays où les chrétiens sont assassinés à cause de leur foi. Huit chrétiens sur dix tués dans le monde aujourd’hui le sont au Nigeria. En République démocratique du Congo, notamment le Nord-Kivu, la situation des chrétiens empire à cause de la présence de groupes armées. À noter aussi la place particulière du Burkina Faso : au moins 31 chrétiens ont été tués et des dizaines d’églises détruites par les djihadistes, dans un pays qui quelques années en arrière était un modèle de tolérance religieuse.
Le pape François a institué en 2019, un dimanche de la Parole, un dimanche qui doit être « entièrement consacré à la Parole de Dieu, pour comprendre l’inépuisable richesse qui provient de ce dialogue constant de Dieu avec son peuple ». Ce Dimanche de la Parole a lieu aujourd’hui.
« Ce dimanche a pour but de faire grandir chez tous l’assiduité familière avec les Écritures, Ancien et Nouveau Testament. Les croyants doivent « écouter la Parole du Seigneur tant dans la liturgie que dans la prière et la réflexion personnelle ». Si le Pape a placé ce dimanche de la Parole dans le cadre de la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens (du 18 au 25 janvier), c’est pour manifester la dimension oecuménique de la Parole de Dieu. La Bible est le livre du peuple de Dieu tout entier. Comme l’écrit le pape François « célébrer le dimanche de la Parole de Dieu exprime une valeur œcuménique parce que l’Écriture Sainte indique à ceux qui se mettent à l’écoute le chemin à suivre pour parvenir à une unité authentique et solide ».
Comme le rappelle le pape François, au cours de cette semaine de prière pour l’unité des chrétiens, nous sommes invités à renforcer nos liens avec la communauté juive. Pour la plupart des chrétiens, la tradition juive a longtemps été inconnue. Or « les Saintes Écritures du peuple juif constituent une partie essentielle de la Bible chrétienne », et « sans l’Ancien Testament, le Nouveau Testament serait un livre indéchiffrable, une plante privée de ses racines et destinée à se dessécher ».
Parler de l’Écriture Sainte c’est donc renvoyer à la Parole donnée dans l’Ancien Testament et le Nouveau Testament ; c’est souligner le lien profond entre les deux Testaments ; c’est mettre en relief la révélation de Dieu au peuple juif et, à travers lui, au peuple chrétien. « Quiconque rencontre Jésus-Christ rencontre le judaïsme » disait Jean Paul II. La foi se fonde sur une Parole vivante, qui met en chemin, qui appelle à la conversion et qui fait vivre. »
Extrait de la présentation de la Brochure
L’Évangile du jour nous rappelle les tout-premiers pas du Christianisme par l’appel des premiers disciples. Avec ses presque 21 siècles d’existence, on peut penser que l’Église a fait son temps. Un auteur russe, victime du communisme, voyait lui le Christianisme commencer. Extrait :
« L’Église connaît orages et tempêtes, mais elle survit à toutes les crises de son histoire. Les siècles écoulés depuis le matin de la Résurrection en Judée, ne sont en réalité que le prologue de la plénitude humaine et divine de l’Église, le tout début de ce que Jésus lui a promis.
Cette vie nouvelle n’a donné que ses premières, et encore tendres, pousses, car la religion de la Bonne Nouvelle est celle de l’avenir. Néanmoins le Royaume de Dieu est déjà là : il est dans la beauté du monde et partout où le bien règne parmi les hommes, dans les vrais disciples de Jésus, dans les saints et les chrétiens authentiques, dans tous ceux qui veulent le suivre et n’abandonnent pas leur maître au milieu des épreuves les plus dures de son Église.
Le christianisme est un idéal tellement élevé que nous n’y sommes pas encore parvenus. L’humanité chrétienne est en marche vers ce but. Il faut continuer à avancer. Sans faire fi de la tradition, aller vers les hommes tels qu’ils sont. L’Évangile ne se détourne pas de la vie terrestre. La Bonne Nouvelle est entrée dans le monde comme une force dynamique englobant tous les aspects de la vie. Le christianisme n’a fait que commencer à tracer son chemin dans le monde. »
Alexandre Men dans
« Le christianisme ne fait que commencer » Edition du Cerf
Extraits de l’intervention du pape lors de la Bénédiction Urbi et Orbi de Noël :
« Frères et sœurs, aujourd’hui à Bethléem, dans les ténèbres de la terre, s’est allumée cette flamme inextinguible, aujourd’hui sur les ténèbres du monde prévaut la lumière de Dieu, "qui éclaire tout homme" (Jn 1, 9). Réjouissons-nous de cette grâce !
Réjouis-toi, toi qui as perdu confiance et certitudes, tu n’es pas seul, le Christ est né pour toi !
Réjouis-toi,-toi qui as perdu l’espérance, parce que Dieu te tend la main : il ne te pointe pas du doigt, mais il t’offre sa petite main d’Enfant pour te libérer de tes peurs, te relever de tes peines et te montrer qu’à ses yeux tu as plus de valeur que tout.
Réjouis-toi, toi qui ne trouves pas la paix dans ton cœur, car pour toi s’est accomplie l’antique prophétie d’Isaïe : "Un enfant nous est né, un fils nous a été donné [...] son nom est Prince-de-la-Paix" (9,5). L’Écriture révèle que sa paix, son règne "sera sans fin" (9, 6).
Dans l’Écriture, le Prince de la paix s’oppose au "prince de ce monde" (Jn 12, 31) qui, en semant la mort, agit contre le Seigneur, "qui aime les vivants" (Sg 11, 26). Nous le voyons à l’œuvre à Bethléem lorsque le massacre des innocents a lieu après la naissance du Sauveur. Combien de massacres d’innocents dans le monde : dans le sein maternel, sur les routes des désespérés en quête d’espérance, dans les vies de tant d’enfants dont l’enfance est dévastée par la guerre. Ce sont les petits Jésus d’aujourd’hui, ces enfants dont l’enfance est dévastée par la guerre, par les guerres.
Alors dire "oui" au Prince de la paix signifie dire "non" à la guerre, et cela avec courage : dire “non” à la guerre, à toute guerre, à la logique même de la guerre, voyage sans but, défaite sans vainqueurs, folie sans excuses. Mais pour dire “non” à la guerre, il faut dire “non” aux armes. Car si l’homme, dont le cœur est instable et blessé, a en sa possession des instruments de mort, tôt ou tard, il les utilisera. Et comment peut-on parler de paix si la production, la vente et le commerce des armes augmentent ?... »
C’est Noël chaque fois que vous souriez à votre frère et lui tendez la main,
chaque fois que vous vous taisez pour écouter quelqu’un,
chaque fois que vous tournez le dos aux préjugés qui relèguent les opprimés aux confins de leur isolement,
chaque fois que vous espérez avec les prisonniers, ceux qui sont chargés du poids de la pauvreté physique, morale ou spirituelle,
chaque fois que vous reconnaissez avec humilité vos limites et votre faiblesse.
C’est Noël chaque fois que vous permettez à Dieu d’aimer les autres à travers vous.
Prions Dieu qu’à Noël nous puissions accueillir Jésus non dans la froide mangeoire de notre cœur, mais dans un cœur plein d’amour et d’humilité, animé par la chaleur de l’amour que nous avons les uns pour les autres.
Mère Térésa
A Ste Hélène, comme dans toutes les églises ou cathédrales du monde, et peut-être d’une manière plus modeste dans nos appartements, la crèche est en cours de finition. Le pape nous rappelle le sens et la valeur d’une telle tradition
« Pourquoi la crèche suscite-t-elle tant d’émerveillement et nous émeut-elle ? Tout d’abord parce qu’elle manifeste la tendresse de Dieu. Lui, le Créateur de l’univers, s’abaisse à notre petitesse. Le don de la vie, déjà mystérieux à chaque fois pour nous, fascine encore plus quand nous voyons que Celui qui est né de Marie est la source et le soutien de toute vie. En Jésus, le Père nous a donné un frère qui vient nous chercher quand nous sommes désorientés et que nous perdons notre direction ; un ami fidèle qui est toujours près de nous. Il nous a donné son Fils qui nous pardonne et nous relève du péché.
Faire une crèche dans nos maisons nous aide à revivre l’histoire vécue à Bethléem. Bien sûr, les Évangiles restent toujours la source qui nous permet de connaître et de méditer sur cet Événement, cependant la représentation de ce dernier par la crèche nous aide à imaginer les scènes, stimule notre affection et nous invite à nous sentir impliqués dans l’histoire du salut, contemporains de l’événement qui est vivant et actuel dans les contextes historiques et culturels les plus variés.
D’une manière particulière, la crèche est une invitation à "sentir" et à "toucher" la pauvreté que le Fils de Dieu a choisie pour lui-même dans son incarnation. Elle est donc, implicitement, un appel à le suivre sur le chemin de l’humilité, de la pauvreté, du dépouillement, qui, de la mangeoire de Bethléem conduit à la croix. C’est un appel à le rencontrer et à le servir avec miséricorde dans les frères et sœurs les plus nécessiteux (Mt 25, 31-46) »
Lors de l’Angelus de dimanche dernier, le pape François invitait à vivre l’Avent comme un temps de veille pour « garder la maison du cœur » accueillante à Celui qui Vient à Noël. Extraits…
« D’une manière particulière au cours de ces semaines, préparons soigneusement la maison du cœur, afin qu’elle soit ordonnée et accueillante. Veiller, en effet, c’est garder le cœur prêt. C’est l’attitude du veilleur qui, dans la nuit, ne se laisse pas tenter par la fatigue, ne s’endort pas, mais reste éveillé dans l’attente de la lumière qui viendra. Le Seigneur est notre lumière et il est bon de préparer notre cœur à l’accueillir dans la prière et à le recevoir dans la charité, les deux préparatifs qui, pour ainsi dire, le mettent à l’aise.
À ce propos, on raconte que saint Martin de Tours, homme de prière, après avoir donné la moitié de son manteau à un pauvre, rêva de Jésus vêtu précisément de cette partie du manteau qu’il avait donné. Voilà un beau programme pour l’Avent : rencontrer Jésus qui vient en chaque frère et sœur qui a besoin de nous et partager avec eux ce que nous pouvons l’écoute, le temps, une aide concrète.
Chers amis, cela nous fait du bien aujourd’hui de nous demander comment préparer un cœur accueillant pour le Seigneur. Nous pouvons le faire en nous approchant de son Pardon, de sa Parole, de sa Table, en trouvant des espaces pour la prière, en l’accueillant dans ceux qui sont dans le besoin. Cultivons son attente sans nous laisser distraire par tant de choses inutiles et sans nous plaindre tout le temps, mais en gardant notre cœur vigilant, c’est-à-dire désireux de Lui, éveillé et prêt, impatient de Le rencontrer. Que la Vierge Marie, femme de l’attente, nous aide à accueillir son Fils qui vient. »
L’Evangile de ce 1er dimanche de l’Avent nous invite à « veiller ». En écho, lors de l’Angelus du 12 Novembre, et commentant la parabole des 10 vierges appelés à sortir à la rencontre de l’Epoux (Mt 25, 1-13), le pape invitait à « préserver notre vie intérieure. »
« Préserver notre vie intérieure, cela signifie savoir s’arrêter et écouter son cœur, veiller sur ses pensées et ses sentiments. Combien de fois ne savons-nous pas ce qui s’est passé dans notre cœur ce jour-là. Que se passe-t-il en chacun d’entre nous ? La sagesse, c’est savoir faire place au silence, c’est savoir s’écouter et écouter les autres. C’est savoir renoncer à certains temps passés devant l’écran du téléphone, pour regarder la lumière dans les yeux des autres, dans son propre cœur, dans le regard de Dieu sur nous. Cela signifie ne pas se laisser piéger par l’activisme, mais consacrer du temps au Seigneur, à l’écoute de sa Parole.
L’Evangile nous donne le bon conseil de ne pas négliger l’huile de la vie intérieure, « l’huile de l’âme : il nous dit qu’il est important de la préparer. Dans le récit, nous voyons en effet que les vierges ont déjà les lampes, mais elles doivent préparer l’huile : elles doivent aller chez les marchands l’acheter, la mettre dans les lampes (cf. versets 7, 9). Il en est de même pour nous. : la vie intérieure ne s’improvise pas, elle n’est pas l’affaire d’un moment, d’une fois de temps en temps, d’une fois pour toutes ; elle doit être préparée en y consacrant un peu de temps, chaque jour, avec constances, comme on le fait pour tout ce qui est important…
Est-ce que je pense à consacrer mon temps au soin de mon cœur, à la prière, au service des autres, au Seigneur qui est le but de la vie ? Bref, comment est l’huile de mon âme ? Est-ce que je la nourris, est-ce que la conserve bien ? Que la Vierge nous aide à préserver l’huile de notre vie intérieure. »
Les crises multiples qui traversent le monde ne sont pas sans interroger nos raisons de vivre. Une chroniqueuse de « La Croix » cherche à y répondre. Extraits :
« Franchement, en ce moment, entre les guerres et le réchauffement de la planète, je me demande bien à quoi ça sert de vivre ? », me disait un jeune l’autre jour. Depuis, je me demande ce que j’aurais pu lui répondre… Peut-être aurais-je aimé lui dire : je ne sais pas. Mais ce qui me parle, c’est que selon une tradition juive, Dieu se retire ou se contracte pour que le monde existe. En gros, Dieu crée l’être humain, il lui donne vie avec son souffle, mais il le crée inachevé.
Quand on est jeune, tout est ouvert, on croit qu’on peut diriger sa vie et que les choix qu’on fait sont des choix réfléchis. Mais en vieillissant, on se rend compte qu’on a souvent été balloté par des puissances inconscientes qui guidaient nos désirs, nos rencontres, nos décisions. En plus, nous héritons tous de blessures, de parties tordues de nos ancêtres et que nous pouvons transmettre à notre tour si nous n’en prenons pas conscience.
Notre vie sur terre, peut-être nous sert-elle à passer progressivement de l’inconscience originelle à la conscience que ce souffle divin qui nous habite peut, peu à peu, transfigurer toutes ces entraves, si nous le voulons bien. Sur le chemin, les écueils sont nombreux : nos résistances, nos fausses croyances, nos idéalisations. Que d’épreuves, de souffrances, de deuils, de passage pour les métamorphoser ! Mais à quoi sert de vivre à travers tous ces aléas, toutes ces épreuves et toutes ces joies, dans un monde qui court à sa perte ? Peut-être est-ce pour pouvoir mieux comprendre ce que ça veut dire aimer et se laisser aimer. »
Julies Saint-Bris, psychanalyste
Profitons de la « Messe des Familles » avec les enfants et jeunes du Caté et de l’Aumônerie pour nous détendre avec de « l’humour chrétien » qui n’en évoque pas moins des faits de la vie de Jésus.
« Jésus, qui est élève à l’école de Nazareth, rentre chez lui avec son bulletin scolaire. Franchement, ce n’est pas très bon… Expéditeur : École Siméon de Nazareth
Destinataires : Joseph et Marie David
Objet : Bulletin de notes de Jésus
Mathématiques : ne sait quasiment rien faire, à part multiplier les pains et les poissons. Ne sait pas faire la distinction dans le calcul d’un salaire entre une heure, et une journée travaillée.
Sens de l’addition : n’est pas acquis ; affirme que son Père et lui ne font qu’un.
Écriture : n’a jamais ses cahiers et ses crayons ; est obligé d’écrire sur le sable.
Géographie : n’a aucun sens de l’orientation ; affirme qu’il n’y a qu’un chemin et qu’il conduit chez son Père.
Chimie : ne fait pas les exercices demandés. Dès qu’on a le dos tourné, transforme l’eau en vin pour faire rigoler ses camarades.
Éducation physique : au lieu d’apprendre à nager comme tout le monde, marche sur l’eau.
Expression orale : grosses difficultés à parler normalement, rêveur, s’exprime en paraboles.
Ordre : a perdu toutes ses affaires à l’école et déclare, sans honte, qu’il n’a même pas une pierre comme oreiller.
Conduite : fâcheuse tendance à fréquenter les étrangers, les pauvres, les galeux et même les prostituées.
Joseph se dit vraiment que ça ne peut plus durer, qu’il doit prendre des mesures sévères : « Eh bien, Jésus, puisque c’est comme ça, tu peux faire une croix sur tes vacances de Pâques ! »
Difficile de définir ce qu’est la Sagesse pour Dieu. Le poète Jean Debruynne le sait un peu, lui qui dit « que la foi n’a qu’un seul verbe à conjuguer, c’est le verbe « être ».
« Ne demandez pas à l’Évangile de faire la morale… Ce n’est pas son travail. Pour la morale, il y a la Loi ! L’Évangile, lui, est pour la foi. Il me semble que l’essentiel tient dans une seule question : « Qu’est-ce qui reste quand on a tout perdu ?
Aujourd’hui la publicité envahit les journaux, les radios et les écrans de télévision pour conjuguer deux verbes : d’abord le verbe « avoir » avoir de l’argent, avoir des relations avoir du pouvoir… et puis le verbe « paraître » : paraître à la télévision, paraître le meilleur, le plus fort, le plus beau…
La Foi, elle n’a qu’un seul verbe à conjuguer : c’est le verbe « être ». Jésus vous dit d’abord que la foi n’est pas comme l’argent. Ce n’est pas quelque chose que l’on a ou que l’on n’a pas, que l’on gagne ou que l’on perd. Croire c’est être, c’est exister, c’est vivre.
Jésus vous dit ensuite que ce que vous « avez », ce que vous possédez, même si vous avez peu, doit servir à « être ».
Jésus vous dit encore que la richesse De Dieu n’est pas comme celle des hommes, ce n’est pas une propriété privée…Dieu ne peut pas être cambriolé, Dieu ne sait qu’aimer. Tout le monde a droit à Dieu, même ceux des autres religions que nous considérons pourtant souvent, eux aussi, comme des « gérants trompeurs »
Lors de la clôture de la 1ère session du Synode à Rome, le pape François a rappelé aux participants, qu’ Adorer et Servir étaient le Cœur de la Foi Chrétienne. Extraits…
« Aimer Dieu par toute notre vie et aimer notre prochain comme soi-même. Mais comment traduire cet élan d’amour ? Je vous propose deux verbes, deux mouvements du cœur sur lesquels je voudrais réfléchir : adorer et servir. Aimer Dieu se fait à travers l’adoration et le service.
Le premier verbe, ADORER. Aimer, c’est adorer. L’adoration est la première réponse que nous pouvons donner à l’amour gratuit, surprenant de Dieu. L’émerveillement de l’adoration est essentiel dans l’Église, surtout à notre époque où nous avons perdu l’habitude de l’adoration. Adorer c’est en effet reconnaître dans la foi que Dieu seul est Seigneur et que notre vie, le chemin de l’Église, le destin de l’histoire dépendent de la tendresse de son amour… Nous devons toujours lutter contre les idolâtries ; les idolâtries mondaines qui découlent souvent de la vanité personnelle, comme la soif de succès, l’affirmation de soi à tout prix, l’avidité pour l’argent – le diable entre par la poche, ne l’oublions pas -, l’attrait du carriérisme ; mais aussi les idolâtries déguisées en spiritualité : ma propre spiritualité, mes propres idées religieuses, mes prouesses pastorales. Soyons vigilants pour ne pas nous mettre au centre plutôt que Lui. Et revenons à l’adoration.
Le second verbe est SERVIR. Aimer, c’est servir. Dans le grand commandement, le Christ lie Dieu et le prochain pour qu’ils ne soient jamais séparés. Il n’existe pas d’expérience religieuse qui soit sourde aux cris du monde. Il n’y a pas d’amour de Dieu sans implication dans le soin du prochain, sous peine de pharisaïsme. Nous pouvons en effet avoir beaucoup de belles idées pour réformer l’Église, mais rappelons-nous : adorer Dieu et aimer nos frères de son amour, voilà la grande et durable réforme. Être une Église adoratrice et une Église du service qui lave les pieds de l’humanité blessée, qui accompagne le chemin des personnes fragiles, faibles et laissées-pour-compte, qui va tendrement à la rencontre des plus pauvres… »
Au cours des obsèques de Dominique Bernard, professeur de français, victime d’un attentat terroriste le 13 octobre, Mgr Leborgne, évêque d’Arras, a invité à l’espérance chrétienne. Extraits…
« Que nous est-il permis d’espérer ? » Nous sommes dépouillés, démunis devant l’odieux et l’inacceptable. Et beaucoup sont traversés par la peur ou par une révolte qui ne semblent devoir trouver d’achèvement que dans la haine et la vengeance, ou la résignation et le repli sur soi…
Le mot amour, comme le mot Dieu, sont parmi les mots les plus galvaudés de notre vocabulaire. Ceux qui se réclament de Dieu pour justifier la violence trahissent odieusement le Dieu dont ils se réclament. Et serait-il vraiment « dieu » celui qui aurait besoin de la violence des violents pour s’imposer aux hommes ? « S’il me manque l’amour, je ne suis rien. » Pour St Paul, c’est très clair, l’amour n’est pas d’abord une réalité affective, sensible ou romantique. L’amour est une détermination de la liberté qui s’engage pour le bien de l’autre, jusqu’au bien de tous et de la cité. A ce titre, il refuse toute complicité avec le mal…
En Christ, Paul a rencontré la détermination de Dieu pour la vie de l’homme et son salut. Et il en a fait l’expérience. La foi chrétienne n’est pas une morale même si elle appelle un agir éthique déterminé, la foi chrétienne n’est pas une doctrine même si elle a besoin de mots et de concepts pour essayer de dire ce qui la définit et la met en mouvement. La foi chrétienne est une rencontre. Elle est un événement. Elle est l’expérience de l’amour sauveur de Dieu qui en Jésus s’engage définitivement pour l’homme. Il ne vient pas jouer notre vie à notre place mais ne reste pas pour autant extérieur à nos vies. Il vient partager notre vie jusque dans notre mort pour que nous partagions sa vie dans la puissance même de sa résurrection. Dès ici-bas. »
Pour la 97ème Journée Mondiale des Missions de ce dimanche 22 octobre, et s’appuyant sur l’Évangile des pèlerins d’Emmaüs (Luc 24, 13-35), le pape François nous rappelle que les Chrétiens doivent devenir des « cœurs brûlants, des pieds en marche. » Extraits…
« Après avoir ouvert les yeux, en reconnaissant Jésus dans la « fraction du pain », les disciples, « à l’instant même, se levèrent et retournèrent à Jérusalem » (cf. Lc 24, 33). Ce départ en toute hâte, pour partager avec les autres la joie de la rencontre avec le Seigneur, montre que « la joie de l’Évangile remplit le cœur et toute la vie de ceux qui rencontrent Jésus. Ceux qui se laissent sauver par Lui sont libérés du péché, de la tristesse, du vide intérieur, de l’isolement. Avec Jésus-Christ la joie naît et renaît toujours » (« La Joie de l’Évangile » n. 1). On ne peut vraiment rencontrer Jésus ressuscité sans être enflammé par le désir de le dire à tout le monde. Par conséquent, ceux qui ont reconnu le Christ ressuscité dans les Écritures et dans l’Eucharistie, et qui portent son feu dans le cœur et sa lumière dans les yeux, sont la première et la principale ressource de la mission. Ils peuvent témoigner de la vie qui ne meurt jamais, même dans les situations les plus difficiles et les moments les plus sombres.
L’image des “pieds en marche” nous rappelle une fois encore la validité permanente de la mission, donnée à l’Église par le Seigneur ressuscité, d’évangéliser toute personne et tout peuple jusqu’aux extrémités de la terre. Aujourd’hui plus que jamais, l’humanité blessée par tant d’injustices, de divisions et de guerres, a besoin de la Bonne Nouvelle de la paix et du salut dans le Christ. Je saisis donc cette occasion pour réaffirmer que « tous ont le droit de recevoir l’Évangile. Les chrétiens ont le devoir de l’annoncer sans exclure personne, non pas comme quelqu’un qui impose un nouveau devoir, mais bien comme quelqu’un qui partage une joie, qui indique un bel horizon, qui offre un banquet désirable » (« Joie de l’Évangile » n. 14). La conversion missionnaire reste l’objectif principal que nous devons nous fixer en tant qu’individus et en tant que communauté. »
Dimanche dernier, après l’Angélus, le pape François s’est exprimé en ces termes :
« Je suis avec appréhension et tristesse ce qui se passe en Israël, où la violence a éclaté avec encore plus de brutalité, faisant des centaines de morts et de blessés, et j’exprime ma proximité aux familles des victimes. Je prie pour elles et pour tous ceux qui vivent des heures de terreur et d’angoisse. S’il vous plaît, cessez les offensives et les tirs ! S’il vous plaît, comprenez que le terrorisme et la guerre ne mènent à aucune solution, mais seulement à la mort et à la souffrance de nombreuses personnes innocentes ! La guerre est une défaite : toute guerre est une défaite !
En ce mois d’octobre, consacré non seulement aux missions mais aussi à la récitation du Rosaire, ne nous lassons pas d’invoquer, par l’intercession de Marie, le don de la paix sur les nombreux pays du monde marqués par les guerres et les conflits ; et continuons à nous souvenir de notre chère Ukraine, qui souffre tant chaque jour, tant elle est martyrisée. »
Dans un communiqué du 7/10, Mgr Eric de Moulins-Beaufort, président de la Conférences des Evêques de France, publiait… Extraits :
« L’Église catholique en France condamne « sans réserve » les attaques du Hamas contre Israël qui ont fait « de nombreuses victimes civiles et militaires » et au cours desquelles « des personnes de statut divers ont été prises en otages… Nous condamnons sans réserve ces attaques et la spirale de violences qu’elles enclenchent… Nous apportons notre soutien et assurons de notre prière toutes les familles endeuillées et éprouvées par ces événements dramatiques… Les évêques de France invitent « tous ceux qui exercent une autorité politique, civile ou religieuse » à travailler « ensemble sans se décourager » pour « restaurer la paix » et pour « construire la justice sur cette terre sainte, si précieuse pour le monde entier ».
Le Synode sur la Synodalité qui s’ouvre mercredi 4 octobre au Vatican pour trois semaines, est un grand pari du pape sur l’avenir de l’Eglise. Mais il suscite espoirs et craintes à la fois. Anne-Bénédicte Hoffner les évoque ans un édito à La Croix, du 4 octobre. Extraits…
« Avant d’entamer leurs échanges sur l’avenir de l’Église, les 364 participants au Synode ont pris quelques jours de retraite spirituelle. Mais à l’extérieur…, une poignée d’opposants au pape François lui ont adressé une liste de questions pièges : oui ou non, la doctrine sera-t-elle modifiée ? Comme le leur a répondu le pape non sans humour, leur interpellation en elle-même traduit cet esprit de débat qu’il essaie d’introduire dans son Église. Mais un débat ouvert, constructif, qui devienne en quelque sorte une méthode pour aider l’Église catholique à se situer dans un monde complexe, bousculé et qui la bouscule.
Toute la difficulté, pour les organisateurs de ce grand rassemblement qui va durer trois semaines cette année et autant l’année prochaine, sera de le conduire ou plutôt de l’animer. Pour qu’il ne se réduise pas à une succession d’avis tranchés, déconnectés de la réalité, caractéristiques de cet esprit d’« idéologie » que François abhorre, ni à un énième affrontement entre partisans de la tradition et défenseurs de son renouvellement.
Pour cela, les 364 hommes et femmes, laïcs, prêtres ou évêques, qui vont s’enfermer au Vatican pour réfléchir à l’avenir de l’Église, ne doivent pas y arriver en porte-parole d’un camp, mais avec humilité face à l’immensité des défis qui s’ouvrent. S’ils acceptent de témoigner simplement et en vérité de leurs doutes, de leurs espoirs ou de leurs inquiétudes, de s’écouter les uns les autres, alors ce Synode ne sera pas inutile. Le secret imposé par le pape autour de leurs échanges… est peut-être la condition pour les faire sortir de leurs postures. »
Lors de la messe au stade vélodrome à Marseille, samedi dernier, le pape François a souligné la qualité du « tressaillement de la foi ». Long développement dont voici quelques extraits…
« Il y a un moyen de discerner si nous avons cette confiance dans le Seigneur. Quel est ce moyen ? L’Évangile dit que « lorsqu’Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle » (v.41). Voilà le signe : tressaillir. Celui qui croit, qui prie, qui accueille le Seigneur tressaille dans l’Esprit, sent que quelque chose bouge à l’intérieur, il “danse” de joie. Et je voudrais m’arrêter sur cela : le tressaillement de la foi.
L’expérience de foi provoque avant tout un tressaillement devant la vie. Tressaillir c’est être “touché à l’intérieur”, avoir un frémissement intérieur, sentir que quelque chose bouge dans notre cœur. C’est le contraire d’un cœur plat, froid, installé dans la vie tranquille, qui se blinde dans l’indifférence et devient imperméable, qui s’endurcit, insensible à toute chose et à tout le monde, même au tragique rejet de la vie humaine qui est aujourd’hui refusée à nombre de personnes qui émigrent, à nombre d’enfants qui ne sont pas encore nés, et à nombre de personnes âgées abandonnées… Celui qui est né à la foi, en revanche, reconnaît la présence du Seigneur, comme l’enfant dans le sein d’Élisabeth. Il reconnaît son œuvre dans le fleurissement des jours et il reçoit un regard nouveau pour voir la réalité.
L’expérience de la foi, en plus d’un tressaillement devant la vie, provoque aussi un tressaillement devant le prochain. Dans le mystère de la Visitation, en effet, nous voyons que la visite de Dieu n’a pas lieu à travers des événements célestes extraordinaires, mais dans la simplicité d’une rencontre. Dieu vient sur le seuil d’une maison de famille, dans la tendre étreinte entre deux femmes, dans le croisement de deux grossesses pleines d’émerveillement et d’espérance. Et, dans cette rencontre, il y a la sollicitude de Marie, l’émerveillement d’Élisabeth, la joie du partage. »
A l’occasion de cette nouvelle Journée du Migrant et du Réfugié, le pape François a souhaité que quitter son pays soit le fait d’un choix libre et non d’une nécessité imposée par les conditions de vies. Extraits…
« Migrer devrait toujours être un choix libre, mais en fait, dans de nombreux cas, même aujourd’hui, ce n’est pas le cas. Des conflits, des catastrophes naturelles ou, plus simplement, l’impossibilité de mener une vie digne et prospère dans leur pays d’origine contraignent des millions de personnes à partir…« Car j’ai eu faim et vous m’avez donné à manger, j’ai eu soif et vous m’avez donné à boire, j’étais un étranger et vous m’avez accueilli, nu et vous m’avez vêtu, malade et vous m’avez visité, prisonnier et vous êtes venus me voir » (Mt 25, 35-36). Ces paroles nous exhortent à reconnaître dans le migrant non seulement un frère ou une sœur dans le besoin, mais aussi le Christ lui-même qui frappe à notre porte.
C’est pourquoi, en œuvrant pour que toute migration soit le fruit d’un choix libre, nous sommes appelés à avoir le plus grand respect pour la dignité de chaque migrant. Cela implique d’accompagner et de gérer les flux de la meilleure façon possible, en construisant des ponts et non des murs, en élargissant les canaux pour une migration sûre et régulière. Où que nous décidions de construire notre avenir, dans le pays où nous sommes nés ou ailleurs, l’important est qu’il y ait toujours une communauté prête à accueillir, à protéger, à promouvoir et à intégrer chacun, sans distinction et sans laisser personne de côté.
Le chemin synodal que nous avons entrepris en tant qu’Église nous conduit à voir dans les personnes les plus vulnérables - et parmi elles de nombreux migrants et réfugiés - des compagnons de voyage particuliers, à aimer et à soigner comme des frères et des sœurs. Ce n’est qu’en marchant ensemble que nous pourrons aller loin et atteindre le but commun de notre voyage. »
Dom Louf, aujourd’hui décédé, a été un grand Père Abbé Cistercien et un grand mystique. Le péché, nous dit-il est une chance pour accueillir le Pardon Miséricordieux de Dieu dans nos vies :
« Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés. » La plupart du temps, ce n’est pas encore vrai. Mais c’est déjà une prière, et Dieu s’en contente provisoirement. Tout changerait dans la mesure où, un jour, nous aurions réellement rencontré la miséricorde de Dieu. Nous la rencontrons déjà, bien sûr, à chaque Pater récité, à chaque réconciliation reçue, à chaque mouvement intérieur de repentir auquel nous consentons. Mais souvent Dieu nous réserve une rencontre beaucoup plus éclatante, plus bousculante, qui, une fois pour toutes, transformera notre cœur à l’image du sien, en un océan de miséricorde …
Les saints ne jugent pas, ils ne condamnent jamais, ils ne pensent pas à mal. On dirait même qu’ils ne voient pas le mal, comme Dieu d’ailleurs. Car je crois que Dieu ne voit pas le mal. Il voit seulement le dommage qu’il nous cause, et il en est malheureux le premier, pour nous. Car au moment même où son regard risquerait de toucher le mal, il l’a déjà consumé en bien.
Dieu ne voit le mal que pour en faire un bien. Il ne voit le péché que comme une occasion d’humilité, et donc de nouvelles grâces, pour nous ; et comme une chance de miséricorde, pour lui. Et les saints de même : leur joie est de transmettre le pardon qu’ils ont reçu. Car c’est là aussi la plus grande joie de Dieu : « Il n’y a pas de plus grande joie au ciel que pour un pécheur qui est pardonné », et non pas 7 fois seulement mais soixante-dix fois sept fois. »
A la fin de son voyage en Mongolie, le pape François a inauguré la « Maison de Miséricorde », première œuvre caritative établie dans ce pays très minoritairement chrétien. A cette occasion, il a évoqué la grandeur du volontariat :
« Le volontariat est indispensable, c’est-à-dire le service purement gratuit et désintéressé, que les personnes décident librement d’offrir à ceux qui sont dans le besoin : non pas sur la base d’une compensation financière ou d’une quelconque forme de retour individuel, mais par pur amour pour le prochain. C’est le style de service que Jésus nous a enseigné en disant : « Vous avez reçu gratuitement : donnez gratuitement » (Mt 10, 8).
Servir ainsi semble un pari perdant, mais lorsqu’on risque, on découvre que ce qu’on donne sans attendre en retour n’est pas perdu ; au contraire, cela devient une grande richesse pour ceux qui offrent leur temps et leur énergie. En effet, la gratuité allège l’âme, guérit les blessures du cœur, rapproche de Dieu, ouvre la source de la joie et maintient la jeunesse intérieure. Se consacrer au volontariat peut être un chemin décisif pour la croissance personnelle et sociale…
J’aimerais conclure en rappelant un épisode lié à sainte Teresa de Calcutta. Il semble qu’un journaliste, la regardant courbée sur la plaie malodorante d’un malade, lui ait dit un jour : « Ce que vous faites est beau, mais personnellement je ne le ferais pas même pour un million de dollars ». Mère Teresa répondit : « Pour un million de dollars, je ne le ferais pas non plus. Je le fais pour l’amour de Dieu ! »
C’est l’heure de la rentrée pastorale. Pour le pape aussi qui a choisi de vivre 2 évènements qui peuvent nous interroger chez nous, à Ste Hélène. Extraits Site « La Vie » 8/6/23 :
« Une rentrée chargée attend le pape François, qui a annoncé qu’il se rendrait en Mongolie et à Marseille en septembre 2023. Deux déplacements historiques qui témoignent de l’importance qu’il accorde au témoignage des Églises dites « minoritaires ».
Quel est le point commun entre Marseille et Oulan-Bator, capitale de la Mongolie ? A priori, tout semble séparer ces deux villes, distantes de plus de 9 000 km. Pourtant, un voyage du pape à la fin de l’été pourrait bien les rapprocher. En effet, François a annoncé qu’il se rendrait en Mongolie du 31 août au 4 septembre 2023, une première historique avant de s’envoler quelques semaines plus tard vers la cité phocéenne le 23 septembre…
Deux périphéries singulières
En 2013, François avait été élu après avoir frappé les esprits par un discours devant les cardinaux sur le sujet : « L’Église est appelée à sortir d’elle-même et à aller vers les périphéries, pas seulement géographiques, mais également celles de l’existence : celles du mystère du péché, de la souffrance, de l’injustice, celles de l’ignorance et de l’absence de foi, celles de la pensée, celles de toutes les formes de misère”.
Dix ans plus tard, le voici face à deux périphéries singulières, au sein desquelles il a nommé deux cardinaux parmi les plus emblématiques du pontificat. Giorgio Marengo, 48 ans, missionnaire turinois vivant en Mongolie depuis plus de 20 ans, immergé dans une population largement imprégnée par une spiritualité où se mêlent bouddhisme et chamanisme, et Jean-Marc Aveline, 64 ans, né à Sidi Bel Abbès, en Algérie, une enfance passée dans les quartiers populaires de Marseille, engagé dans la cité, et investi dans le dialogue avec les musulmans…
Des expériences discrètes et authentiques
Les périphéries ne sont pas seulement dans le discours du pape des espaces à évangéliser. Ce sont aussi des lieux où se vivent des expériences discrètes et authentiques qui ont de quoi inspirer, parce qu’elles combinent ardeur spirituelle et simplicité dans le vécu de la foi. »
Que signifie que « Dieu aime le monde » ? Mgr Laurent Ulrich, notre archevêque, répond par des mots simples et profonds qui sont une invitation à toujours mieux centrer notre foi sur l’essentiel du message évangélique.
« Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en Lui ne se perde pas mais obtienne la vie éternelle. » On devrait avoir cette phrase de Jésus toujours en tête, on devrait la connaître par cœur. Mais on devrait se souvenir que c’est cela qui fonde la vie que nous menons, la vie que nous avons reçue, la vie qui nous mène jusqu’auprès de Dieu tout au cours de notre existence…. Cette formule ouverte et généreuse, elle institue le peuple de ceux qui croient, le peuple de ceux qui témoignent qu’ils sont sauvés et que le monde est fait pour être sauvé.
Nous ne sommes pas sauvés du mal, de la mort et du péché, nous ne sommes pas sauvés de cela, de tout ce qui constitue la trame de nos existences. Nous n’en sommes pas sauvés par quelques gestes magiques, nous n’en sommes pas sauvés par l’appartenance à un clan, nous n’en sommes pas sauvés par des rites, mais d’abord par le regard d’amour de Dieu sur ce monde et sur les hommes et les femmes qui le peuplent, sur l’humanité tout entière, appelée à être ainsi transformée dans son Amour.
L’Amour de Dieu est sans frontières, il dépasse les peuples, il dépasse les habitudes, il dépasse les croyances et il s’offre à tout homme, quelle que soit son origine, quelle que soit sa personnalité, quel que soit même le chemin religieux qu’il fait. Dieu se donne à tous, dans une relation tout à fait mystérieuse… C’est une grâce infinie qui nous est offerte. C’est dans cet amour qui lie le Père et le Fils que nous vivons… »
‘Paris Notre Dame’ du 8 Juin 23
Le 10 juin, a eu lieu à Rome le « Rencontre Mondiale de la Fraternité », inspirée de l’encyclique Fratelli tutti (Tous Frères). De son lit d’hôpital, le pape François a adressé un message d’encouragement qui nous invite à vivre plus que jamais en frères et à inventer une grande alliance spirituelle et sociale pour notre monde. Extraits…
« La fraternité a quelque chose de positif à offrir à la liberté et à l’égalité parce que celui qui voit un frère voit en l’autre un visage et non un numéro : il est toujours “quelqu’un” qui a de la dignité et qui mérite le respect, et non “quelque chose” à utiliser, à exploiter ou à écarter. Dans notre monde déchiré par la violence et la guerre, les retouches et les ajustements ne suffisent pas : seule une grande alliance spirituelle et sociale qui jaillisse des cœurs et s’articule autour de la fraternité peut remettre au centre des relations le caractère sacré et inviolable de la dignité humaine.
C’est pourquoi la fraternité n’a pas besoin de théories, mais de gestes concrets et de choix partagés qui fassent d’elle une culture de la paix. La question à se poser n’est donc pas qu’est-ce que la société et le monde peuvent me donner, mais qu’est-ce que je peux donner à mes frères et à mes sœurs. En rentrant chez nous, pensons à quel geste concret de fraternité faire : nous réconcilier en famille, entre amis ou entre voisins, prier pour ceux qui nous ont blessés, reconnaître et aider ceux qui sont dans le besoin, porter une parole de paix à l’école, à l’université ou dans la vie sociale, oindre de proximité quelqu’un qui se sent seul »
En cette fête du Corps et Sang du Christ, avec le pape François, prenons le temps de nous redire à nous-mêmes la folie de ce Dieu que Jésus nous a révélé en se faisant Agneau immolé.
« Jésus qui rompt le Pain. C’est le geste eucharistique par excellence, le geste identitaire de notre foi, le lieu de notre rencontre avec le Seigneur qui s’offre pour nous faire renaître à une vie nouvelle. Ce geste est bouleversant : jusqu’alors on immolait des agneaux et on les offrait en sacrifice à Dieu, maintenant c’est Jésus qui se fait agneau et s’immole pour nous donner la vie. Dans l’Eucharistie, nous contemplons et adorons le Dieu de l’amour.
C’est le Seigneur qui ne rompt personne mais qui se rompt lui-même. C’est le Seigneur qui n’exige pas de sacrifices mais qui se sacrifie lui-même. C’est le Seigneur qui ne demande rien mais qui donne tout. Pour célébrer et vivre l’Eucharistie, nous aussi nous sommes appelés à vivre cet amour.
Car tu ne peux pas rompre le Pain du dimanche si ton cœur est fermé à tes frères. Tu ne peux pas manger ce Pain si tu ne donnes pas le pain à l’affamé. Tu ne peux pas partager ce Pain si tu ne partages pas les souffrances de celui qui est dans le besoin. A la fin de tout, même de nos liturgies eucharistiques solennelles, seul l’amour restera. Et dès maintenant, nos Eucharisties transforment le monde dans la mesure où nous nous laissons transformer et devenons pain rompu pour les autres. »
En ce jour où nous célébrons la Très Sainte Trinité, que signifie notre foi en un Seul Dieu existant en 3 personnes ? En tentant d’y répondre, Mgr Vingt-Trois nous invite à établir une communion avec chacune des 3 personnes divines.
« Les chrétiens sont baptisés « au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit ». Quand ils commencent leur prière, ils se marquent du signe de la croix sur le front, le cœur et les épaules en invoquant Dieu : Au Nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit : c’est la Trinité.
L’homme n’est pas capable d’imaginer un Dieu unique qui existe en trois personnes. C’est Dieu qui nous a révélé ce mystère de son amour par l’envoi de son Fils et du Saint-Esprit. Jésus nous a révélé que Dieu est « Père », en nous montrant d’une façon unique et originale, que Lui-même n’existe que par son Père. Jésus est un seul Dieu avec le Père. Jésus a promis à ses apôtres – les douze hommes qu’Il a choisis et envoyés – le don de l’Esprit Saint. Il sera avec eux et en eux pour les instruire et les conduire « vers la vérité tout entière » (Jean 16, 13). Ainsi, Jésus nous le fait connaître comme une autre personne divine.
La Trinité est Une : nous ne croyons pas en trois dieux, mais en un seul Dieu en trois personnes : le Père, le Fils et l’Esprit Saint. Chacune des trois personnes est Dieu tout entier. Chacune des trois personnes n’existe qu’en union avec les deux autres dans une parfaite relation d’amour. Ainsi toute l’œuvre de Dieu est l’œuvre commune des trois personnes et toute notre vie de chrétiens est une communion avec chacune des trois personnes ».
Petit guide de la foi, Mgr Vingt-Trois, éd. le Sénevé.
Il y a des hymnes « officiels » sur l’Esprit comme la Séquence qui est proposée avant l’Evangile de la Pentecôte. Il y a aussi des hymnes plus personnels, tant l’expérience de l’Esprit est intime et personnelle. En voici un, parmi bien d’autres…
« Les charismes de l’Esprit sont essentiellement de mettre notre confiance en Dieu et, en Lui seul. Le manque de confiance génère l’angoisse, la peur, l’indifférence et l’insoupçonnable individualisme consistant à se penser indispensable. L’Esprit est ce Souffle qui nous mène sur les chemins divers de l’imprévu.
Il reste notre soleil intérieur, lorsque la tempête veut bouleverser nos horizons paisibles. Il nous bouscule telle une flamme qui nous consume dans la joie de sa présence. Il renverse les tables des marchands pour faire table rase de nos superficialités. Il nous inculque les valeurs existentielles qui nous permettent d’avancer contre vents et marées.
L’Esprit nous donne la Force de combattre tout ce qui pourrait entraver notre marche vers Christ. Le combat spirituel que nous menons afin que notre société recouvre ses valeurs Humaines et non basées uniquement sur l’argent qui sait toujours diviser les hommes quand ils doivent s’unir… Ce combat spirituel est devenu plus que nécessaire en nos sociétés de culture de mort. Frères et Sœurs, prions afin que Dieu nous ravive de sa fraîcheur aimante. »
Bruno LEROY Fraternité OFS Sherbrooke
La Gloire de Dieu ! Plus qu’une définition, c’est une expérience intérieure d’un Désir intense de vie avec Dieu et les autres. En 1884, le P. Anizan n’a pas encore fondé les Fils de la Charité Prêtre diocésain à Orléans, il n’a que 31 ans, mais il en vit. Extraits…
« Si en ce moment, je désire avec une ardeur si profonde de ne plus faire qu’un avec vous – Beauté, Bonté infinie, Jésus dont le nom seul suffit pour m’émouvoir et me ravir, c’est grâce à vous. Merci d’avoir allumé ce désir en moi. Merci, ô mon Dieu, d’avoir mis ce désir à la première place dans mon cœur. Mais de grâce, changez cette aspiration en une réalité…
Quel bonheur, quelle gloire à vos yeux si j’étais ce que vous désirez ! Eh bien, voilà le triomphe que je souhaite : « Glorifie ton Fils. » Je suis votre enfant, votre Fils, au même titre et dans la même mesure que vous êtes mon Père. Vous désirez mon élévation dans la vertu, la perfection, dans l’amour pour vous, Jésus-Christ le désire. Marie ma Mère vous le demande, je le sais et ce sera l’intérêt de votre gloire, l’intérêt de mes frères, je suis dans l’impuissance absolue d’y arriver. Au nom de Jésus et par l’intermédiaire de Marie : « Glorifie ton Fils. »
La gloire de travailler pour vous, de m’user à votre service, la gloire de souffrir avec patience, la gloire de tout supporter des autres, sans leur faire rien supporter, la gloire d’être humble, simple, la gloire de vous aimer à la folie, la gloire d’être l’homme de mes frères, et par-dessus tout l’homme de Dieu. Oh ! Donnez-moi cette gloire, Seigneur : « Glorifie ton Fils. »
Il y a peu, François était en Hongrie. Evoquant cette visite, le pape a eu des paroles fortes à portée universelle, rappelant la nécessité de « racines » et de « ponts » pour bâtir la Paix :
« Pour vous partager ma visite, j’aimerai vous donner deux images : les racines et les ponts. Tout d’abord les racines. Le peuple hongrois en possède de belles : son histoire est peuplée de héros et surtout de saints qui ont su témoigner de l’Évangile de l’amour en donnant leur vie pour leur peuple. Ces saints nous redisent que le Christ est notre avenir. Ces racines ont passé l’épreuve du feu : une persécution athée violente qui a privé les Hongrois de liberté. Aujourd’hui encore notre liberté est menacée par un consumérisme anesthésiant qui nous coupe de nos racines et nous enferme dans un individualisme matérialiste stérile. C’est seulement en vivant de nos racines que nous porterons du fruit.
Ensuite les ponts. Budapest est célèbre pour ses ponts, qui unissent et relient. Ils nous redisent la vocation de l’Europe de construire des ponts de paix entre les peuples, des ponts qui accueillent, comme ce pont humanitaire qui relie la Hongrie à l’Ukraine. Ce pays est aussi soucieux de bâtir des ponts entre générations, des ponts entre croyants, mais aussi des « ponts pour demain » par la protection de l’environnement et le développement durable. En ce début du mois de mai, nous confions ce cher pays à la Vierge Marie. Demandons-lui d’enraciner nos cœurs dans l’amour de Dieu et de nous aider à bâtir des ponts de paix dans le monde.
Mai, mois de Marie ! Nos sensibilités mariales, fruits de notre éducation, de notre culture et de nos histoires personnelles s’expriment à leurs manières. Mais nous avons à vivre aussi la mission de l’Église dans un style marial, commente le pape :
« Il y a un style marial dans l’activité évangélisatrice de l’Église. Car, chaque fois que nous regardons Marie nous voulons croire en la force révolutionnaire de la tendresse et de l’affection. En elle, nous voyons que l’humilité et la tendresse ne sont pas les vertus des faibles, mais des forts, qui n’ont pas besoin de maltraiter les autres pour se sentir importants. En la regardant, nous découvrons que celle qui louait Dieu parce qu’« il a renversé les potentats de leurs trônes » et « a renvoyé les riches les mains vides » (Lc 1, 52.53) est la même qui nous donne de la chaleur maternelle dans notre quête de justice.
C’est aussi elle qui « conservait avec soi toutes ces choses, les méditant en son cœur » (Lc 2, 19). Marie sait reconnaître les empreintes de l’Esprit de Dieu aussi bien dans les grands événements que dans ceux qui apparaissent imperceptibles. Elle contemple le mystère de Dieu dans le monde, dans l’histoire et dans la vie quotidienne de chacun de nous et de tous. Elle est aussi bien la femme orante et laborieuse à Nazareth, que notre Notre-Dame de la promptitude, celle qui part de son village pour aider les autres « en hâte » (cf. Lc 1, 39-45).
Cette dynamique de justice et de tendresse, de contemplation et de marche vers les autres, est ce qui fait d’elle un modèle ecclésial pour l’évangélisation. Nous la supplions afin que, par sa prière maternelle, elle nous aide pour que l’Église devienne une maison pour beaucoup, une mère pour tous les peuples, et rende possible la naissance d’un monde nouveau. C’est le Ressuscité qui nous dit, avec une force qui nous comble d’une immense confiance et d’une espérance très ferme : « Voici, je fais l’univers nouveau » (Ap 21, 5). Avec Marie, avançons avec confiance vers cette promesse. »
« La Joie de l’Évangile » n° 288
Beaucoup se souviennent sans doute de Mgr Jacques Gaillot, ancien évêque d’Evreux, qui vient de décéder et que Jean Paul avait démis de sa charge. Sa manière de « porter l’odeur de ses brebis » irritait les uns, attirait les autres. Un pasteur peut-il faire l’unanimité ? Mais il était à sa manière un homme de Dieu et un prêtre proche du peuple. Benoist de Sinety, notre ancien vicaire général, se souvient du pasteur qu’il fut, avec tendresse et respect… Extraits…
« C’était au lendemain du sinistre 13 novembre 2015. Dans le cortège des victimes de la folie terroriste, deux femmes et un homme allaient être enterrés à Saint-Germain-des-Prés dont j’étais alors le curé. L’une des familles, amie de Jacques Gaillot, avait demandé qu’il puisse présider la célébration. Lorsque je l’accueille au presbytère pour préparer les obsèques, de son sourire d’enfant et d’une voix toujours aussi douce il commença par dire : « Vous savez, je ne suis pas le diable. » D’un coup, je me retrouvais misérable dans mes préjugés et dans mes préventions. En le voyant agir au milieu de la foule anéantie, devant les trois cercueils. En l’écoutant là, comme lors de nos rencontres par la suite, je compris assez vite que l’invraisemblable de ce que l’opinion convenue lui reprochait avec tant de dureté : c’était d’être « trop ».
Oui, il avait pris trop de risques en parlant aux homosexuels comme on parle à des frères. Oui il avait été trop loin en acceptant de dialoguer avec des personnes dont on doit se méfier. Oui il était trop téméraire en partageant le sort de migrants, mal logés et autres parasites en faisant primer la charité sur une fausse prudence. On ne saura jamais la vague de violence inouïe qu’il eut à endurer de la part de nombre de baptisés qui, souvent, anonymement le traitèrent avec mépris, et même haine…
Il s’agit de nous rappeler que nous ne sommes pas là pour nous-mêmes mais pour notre prochain. Que l’Église n’a pas pour vocation à nous permettre de prendre soin de nous en nous mettant à part. Mais que si le Christ nous rassemble c’est pour nous envoyer, s’il nous enseigne c’est pour que nous annoncions, s’il nous nourrit c’est pour que nous distribuions généreusement cette manne divine, s’il s’offre c’est pour que nous nous donnions. Et rencontrer autrui, c’est aussi tout cela. »
« Aleteia » 16/4/23
Extraits de l’homélie de Mgr Laurent Ulrich, lors de la Messe Chrismale du 5 avril 23 à St Sulpice :
« L’œuvre de Dieu ne progresse pas par saccades, mais elle infuse dans les cœurs et les transforme. Elle va au rythme de la vie quotidienne, elle s’incarne dans des volontés d’hommes. Et désormais avec Lui, elle a ce visage permanent du Fils de l’Homme qui vient dire et faire la nouveauté que l’amour Lui inspire et fait grandir aussi en notre cœur ; oui, il est vrai ce mot tiré d’une expression de sainte Thérèse de Lisieux, égrené à la fin de chacune de ces conférences, nous avons « aujourd’hui pour aimer ! »
Dans le monde miné par la guerre ou les risques imminents et les volontés de puissance, en Ukraine, en Arménie au Liban etc… et en tant d’autres lieux du monde. Dans notre société française inquiète, tentée par une illusion de bien faire en préférant accélérer le terme de la vie plutôt que de tendre une main fraternelle pour vivre jusqu’au bout ; dans notre peuple divisé sur des enjeux sociaux d’avenir, notre nation dispersée à tout vent, et pourtant capable de se réunir dans les circonstances exceptionnelles de gravité ou d’enthousiasme…
Dans ces contextes difficiles, nous voyons cependant l’Esprit du Seigneur et la force du Christ qui travaillent sans cesse… Nous les voyons agir en toute volonté de servir et en toute parole de confiance en Lui que nous pouvons proclamer auprès des cœurs meurtris. Nous comme fidèles du Christ, ne pouvons jamais abandonner ce poste qui nous est confié : nous tenir prêts à servir au cœur des situations de pauvreté, louer le Seigneur et intercéder auprès de Lui pour tous ceux qui souffrent, dire des paroles de paix et de miséricorde. Bien que ces paroles et ces actions ne soient pas souvent relayées comme nous le souhaiterions, nous ne pouvons pas nous dispenser de les prodiguer- il est toujours étonnant de voir que Dieu Lui-même est capable de les faire entendre à qui en a besoin. »
Un jour nous ressusciterons, oui, mais comment ? A cette question difficile, le P. Eric Morin, spécialiste de la Bible, tente de répondre :
« Nous serons ressuscités ! » affirme l’Église… Dieu nous a suscités une première fois en nous donnant la vie, Il nous suscite une deuxième fois ; il nous re-suscite par-delà la mort pour que nous entrions en plénitude dans Sa vie… Comme Adam est fait d’argile, ainsi les hommes sont faits d’argile ; comme le Christ est du ciel, ainsi les hommes seront du ciel. Saint Paul est très clair sur ce point : les corps ressusciteront comme le corps du Christ est ressuscité.
Les évangiles nous donnent à ce titre plusieurs indices sur la forme que prend cette résurrection : saint Jean relate que lorsque le Christ ressuscité rejoint ses apôtres sur le bord du lac de Tibériade, ceux-ci ne le reconnaissent pas immédiatement (Jn 21), tandis que saint Matthieu rapporte le repas pris par Jésus ressuscité avec ses disciples à Emmaüs. Ainsi dans la vie éternelle, nous ne serons ni tout à fait semblables, ni tout à fait différents, mais incarnés dans un corps que l’apôtre nomme « glorieux » (Ph 3,21).
Poser la question : avec quoi les corps ressusciteront-ils ?, c’est prendre conscience que c’est le Corps du Christ qui nous ressuscite et que nous participons à la résurrection parce que nous participons au Corps du Christ ressuscité. Quand je fais l’effort de vivre de la liberté de l’Esprit Saint, je permets au monde entier de se laisser saisir par la puissance du Ressuscité. Dans la gloire, nous serons glorieux, dans l’Esprit Saint, nous serons libres, dans la beauté de Dieu, nous serons beaux et nous laisserons ainsi tout ce qu’il y a de méprisable dans notre existence terrestre ».
Gilles Rebêche, diacre permanent, responsable de la Diaconie du Var (Réseau chrétien de solidarité), en des mots simples, nous fait relire la Vigile Pascale au cœur de l’Histoire Sainte d’hier et d’aujourd’hui.
« Le dimanche de Pâques commence avec la vigile pascale dès le samedi soir. La Vigile est partie intégrante du dimanche, elle est l’entrée dans le dimanche. Toute la veillée pascale est un déploiement de l’histoire sainte avec ses thématiques majeures : la création, la libération, l’Exode, la purification, l’Alliance, la Rédemption, la Vie nouvelle des enfants de Dieu.
Le soir de la Vigile, nous nous rassemblons autour du feu de Pâques, nous suivons le cierge pascal pour nous rappeler que « le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière », comme nous le disons à Noël. Ce peuple qui marchait dans les ténèbres est le peuple de tous ceux qui sont marqués par la mort et qui revoient dans le Christ ressuscité celui qui a marqué leur passé, qui marque le présent et qui marque leur avenir. Le Christ devient l’alpha et l’oméga. Celui à partir de qui nous comprenons qui nous sommes et qui nous fait comprendre notre vocation.
Vivons ces fêtes de Pâques dans la joie avec un cœur renouvelé et, quand nous disons « le Christ est ressuscité » et qu’on nous répond « Il est vraiment ressuscité », prenons conscience que nous participons à une page de l’Histoire Sainte. »
Gilles Rebêche « Tu as ouvert devant moi un Passage » Editions de l’Atelier
Mot latin signifiant « un espace de trois jours », le Triduum pascal, qui va de la messe du soir le Jeudi Saint au dimanche de la Résurrection de Pâques inclus, est le centre de gravité de l’année liturgique.
« De la Cène à la Résurrection s’écoulent ces trois jours auxquels le Seigneur a souvent fait allusion dans l’Évangile et qui, ensemble, constituent le Mystère pascal.
Lors de la dernière Cène, Jésus a offert son Corps et son Sang en nourriture à ses Apôtres. La célébration du Jeudi Saint fait mémoire du Lavement des pieds, qui a la même signification que l’Eucharistie : Jésus est venu pour se faire serviteur et offrir sa vie.
Dans la liturgie du Vendredi Saint, nous méditons le mystère de la mort du Christ et nous adorons la Croix, sur laquelle l’œuvre du salut est accomplie.
Suite à ce combat victorieux, l’Église contemple le Christ au tombeau, dans le « repos » du Samedi Saint. Elle est comme Marie, parfaite croyante qui conserva la foi et qui espéra contre toute espérance en la résurrection de Jésus.
Après la longue veille dans l’obscurité de la Vigile pascale, l’Alléluia de la résurrection retentit de nouveau. Le feu de l’amour de Dieu illumine la nuit : le Christ a vaincu la mort, et nous avec lui. »
Site « Eglise Catholique de France »
Notre société marchande nous fait croire que tout s’achète et elle oublie la « gratuité ». Dans son encyclique « Fratelli Tutti » sur « la Fraternité et l’Amitié sociale », le pape François nous invite à la vivre dans nos relations individuelles comme dans les relations entre pays. Utopie ? Ou réalisme d’une Fraternité possible ? Extraits (n°139-140) :
« La gratuité existe. C’est la capacité de faire certaines choses uniquement parce qu’elles sont bonnes en elles-mêmes, sans attendre aucun résultat positif, sans attendre immédiatement quelque chose en retour. Cela permet d’accueillir l’étranger même si, pour le moment, il n’apporte aucun bénéfice tangible. Mais certains pays souhaitent n’accueillir que les chercheurs ou les investisseurs.
Celui qui ne vit pas la gratuité fraternelle fait de son existence un commerce anxieux ; il est toujours en train de mesurer ce qu’il donne et ce qu’il reçoit en échange. Dieu, en revanche, donne gratuitement au point d’aider même ceux qui ne sont pas fidèles, et « il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons » (Mt 5, 45). Ce n’est pas pour rien que Jésus recommande : « Pour toi, quand tu fais l’aumône, que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite, afin que ton aumône soit secrète » (Mt 6, 3-4).
Nous avons reçu la vie gratuitement, nous n’avons pas payé pour l’avoir. Alors nous pouvons tous donner sans rien attendre en retour, faire du bien sans exiger autant de cette personne qu’on aide. C’est ce que Jésus disait à ses disciples : « Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement » (Mt 10, 8).
Dans une conférence de Carême de N. d. de Paris en ce mois de mars, Mgr Bernard Podvin, disciple de St François de Sales, nous invite à laisser parler notre cœur de croyant. Extraits…
« Pour Benoît 16, « La foi est rencontre, non avec des idées ou des projets. Mais avec Quelqu’un. Ce Quelqu’un désire nous transformer de l’intérieur et nous révéler notre identité de fils de Dieu »…
Si nous écoutons Dieu, si nous nous laissons transformer par Lui, si nous saisissons que tout en nous est déjà renouvelé par Lui, il manque cette attitude du cœur (qu’est) la communication humaine. Saint François de Sales disait : « Il faut que nos paroles soient enflammées, non par des cris et actions démesurées. Mais par l’affection intérieure. Il faut qu’elles sortent du cœur plus que de la bouche. On a beau dire. Mais le cœur parle au cœur. La langue ne parle qu’aux oreilles »…
Si le cœur parle au cœur, c’est au service de la joie de croire. Si le cœur parle au cœur, c’est pour que rien des épreuves et des joies soit ignoré. Si le cœur parle au cœur, c’est afin que chacun entende un peu plus en sa propre langue, à quel point il est aimé de Dieu. Si le cœur parle au cœur, c’est pour que la nouveauté soit davantage vécue comme déjà là. Si le cœur parle au cœur, c’est afin que se discerne la nouveauté, pas encore perçue par nos yeux encombrés. Si le cœur parle au cœur c’est pour que nous nous laissions réconcilier par ces quarante jours. »
Le 25 février, notre archevêque Mgr Ulrich a procédé à l’appel décisif des catéchumènes adultes à St Sulpice. Au cours de l’homélie sur Zachée (Luc 19, 10), il s’est adressé plus particulièrement à eux. Extraits :
« Je me souviens d’avoir plusieurs fois lu dans vos lettres, des personnes qui disent : mes parents n’ont pas voulu choisir pour moi de me faire baptiser ; me laissant choisir plus tard quand je serai devenu adulte. Pour les uns, vous dites : je regrette beaucoup, j’en veux à mes parents. Pour d’autres vous dites : finalement j’ai peut-être souffert de cela mais aujourd’hui je suis heureux d’avoir fait ce chemin dont je suis bien conscient vers le Christ. Les deux sont possibles, les deux chemins mais aussi la longueur du chemin…
Et vous avez vu que cette rencontre avec Jésus, improbable peut-être, comme pour Zachée, s’était transformée en bonne nouvelle pour vous, en joie permanente, en joie profonde. Et vous avez vu comment cette joie vous a demandé de changer quelque chose dans votre vie : dans votre façon de vivre avec les autres, dans votre façon d’être peut-être trop dur à l’égard des autres et de vous-même.
Changer encore dans une certaine façon d’accueillir les événements de la vie, avec plus de douceur, plus de compassion pour ceux qui souffrent, plus d’attention, une certaine façon d’écouter et de vouloir écouter davantage la Parole du Seigneur, de prendre du temps pour la rencontre avec Lui, dans le silence de la prière, ou dans la prière liturgique avec les autres… Ces changements, il faut les rendre plus forts, il faut tâcher d’y rester fidèles. »
Jean-Guilhem Xerri est psychanalyste, … et spécialiste des Pères de l’Église, plus précisément des Pères du désert. Il nous livre ici l’enseignement que Syméon le Stylite lui a donné sur le l’intériorité et la sobriété en temps de Carême :
« On dit de lui qu’il a passé plus de 30 ans en haut d’une colonne afin de vivre dans l’ascèse. A ma grande surprise, je n’ai pas trouvé un athlète extraordinaire mais quelqu’un de très simple, équilibré et, paradoxalement, mesuré…
Il m’a recommandé de définir une stratégie de « protection de mon intériorité ». Avec 2 objectifs : d’abord, identifier ce qui peut polluer ma vie intérieure, ensuite mettre en place une moindre exposition à ces polluants. J’ai compris qu’il existe des perturbateurs de l’intériorité. Au 21è siècle, ces sont le bruit, les écrans, la pub, le gavage d’infos, l’hyperactivité, les appels téléphoniques et les SMS incessants, la pression de l’urgence, l’invasion digitale. Ils nous polluent intérieurement. Et comme tous les polluants, ils nous rendent malades. En matière spirituelle, la maladie abîme notre qualité de présence à soi, aux autres et à Dieu.
Oui, la vie intérieure, c’est d’abord une affaire de présence… La vie spirituelle est comme une sculpture : pour créer son œuvre, le sculpteur n’ajoute rien, au contraire il lui retire ce qui est en trop pour révéler ce qui était là, faire jaillir le fond. Peut-être sommes-nous invités à nous simplifier pour qu’apparaisse ce qui est en nous, pour aider notre être intérieur à refaire surface. Elle est probablement là la fonction de la sobriété. »
« La Vie », 2 mars 2023
Le Carême, un appel à descendre en nous-mêmes pour souffler les braises qui n’attendent qu’à renaître. Invitation de Raphaël Buyse à retrouver « l’incandescence enfouie en nous » :
« Notre prière est difficile ? Plutôt que de nous lamenter et de ne pas savoir tenir, descendre vers ce qui est possible, écouter notre désir et la Voix du Seigneur qui-doucement-murmure en nous : « Reviens ! » C’est de la braise sous nos cendres…
Nos relations sont compliquées ? Plutôt que de nous lamenter de ne pas savoir aimer le monde entier, de ne plus supporter untel, descendre vers ce qui nous est possible, écouter notre désir d’aller plus loin dans les rencontre des autres, et entendre les voix silencieuses de nos frères qui disent : « Tu sais, je ne suis pas tout à fait celui que tu croix : viens donc me rencontrer. » C’est de la braise sous nos cendres…
L’estime de nous-même vient à manquer ? Plutôt que de nous lamenter et de nous enrouler dans la culpabilité ou le sentiment stérile d’être des pécheurs incorrigibles, repérer les petits pas que nous pourrions faire pour mieux habiter avec nous-mêmes et laisser le Seigneur nous dire : « Je t’aime tel que tu es : quand tu l’auras compris, tenter d’accorder ta vie à l’amour que j’ai pour toi. » C’est de la braise sous nos cendres…
La Carême n’a rien d’un ramonage de cheminée. C’est un temps pour descendre sous la cendre et y trouver l’incandescence enfouie en nous.
La Vie- Les Essentiels – 16 Février 23
Aimer vraiment ses ennemis semble impossible. Et pourtant, c’est ce que Jésus nous demande avec la loi du pardon qui remplace celle du talion. Extraits de Jacques Gauthier, dans Aleteia :
« L’amour des ennemis est au cœur de l’Évangile. Cet amour est réel et exigeant, car il ne demande rien en retour. Jésus en parle sans romantisme, au-delà de toute caricature…Et pour être plus clair, il en fait une Béatitude : « Heureux êtes-vous quand les hommes vous haïssent et vous excluent, quand ils insultent et rejettent votre nom comme méprisable, à cause du Fils de l’homme ».
Bien entendu, Jésus n’est pas masochiste ! Il brise le cercle de la vengeance et de la violence en prônant un amour d’estime et de bienveillance pour l’ennemi : « Souhaitez du bien à ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous calomnient » (Lc 6, 28). Sa vie témoigne de cet amour-don, spécialement sur la Croix : « Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc 23, 34)… Désormais, la loi du pardon remplace celle du talion. Les meurtres, les tortures ou encore les guerres ne tiennent pas devant cet appel à aimer les ennemis.
Pourquoi aimer nos ennemis ? Parce que Dieu les aime et que nous sommes ses enfants. N’avons-nous pas tous un même Père qui « est bon, Lui, pour les ingrats et les méchants » (Lc 6, 35) ? Sa miséricorde est au-dessus de toute rancune. Mais comment aimer la personne qui nous a trahis, nous a fait du mal ? C’est un combat difficile à mener seul, c’est vrai, mais Jésus nous renvoie à notre liberté et nous montre la voie : « Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés ; ne condamnez pas, et vous ne serez pas condamnés. Pardonnez, et vous serez pardonnés » (Lc 6, 37-38).Tout un défi ! Il nous fait confiance. Il sait que nous sommes capables, à la condition de le laisser aimer en nous. Pour cela, il nous donne son Esprit… »
Jacques Gauthier
Ne nous laissons pas « contaminer par la culture du rejet »… du malade nous lance le pape pour cette 21è journée mondiale du malade 2023. Extraits de son message…
« La maladie fait partie de notre expérience humaine. Mais elle peut devenir inhumaine si elle est vécue dans l’isolement et dans l’abandon, si elle n’est pas accompagnée de soins et de compassion. Quand on marche ensemble, il arrive que quelqu’un se sente mal, qu’il doive s’arrêter en raison de la fatigue ou d’un incident de parcours. C’est là, dans ces moments-là, que l’on se rend compte de la façon dont nous cheminons : si réellement nous cheminons ensemble ou bien si l’on est sur la même route, mais chacun pour son compte, ne s’occupant que de ses propres intérêts et laissant les autres “s’arranger” comme ils peuvent.
Par conséquent, en cette 21ème Journée Mondiale du Malade, au beau milieu d’un parcours synodal, je vous invite à réfléchir sur le fait que c’est précisément à travers l’expérience de la fragilité et de la maladie que nous pouvons apprendre à marcher ensemble selon le style de Dieu, qui est proximité, compassion et tendresse…
L’expérience de l’égarement, de la maladie et de la faiblesse fait naturellement partie de notre chemin : ils ne nous excluent pas du peuple de Dieu, au contraire, ils nous placent au centre de l’attention du Seigneur, qui est Père et ne veut perdre en chemin pas même un seul de ses enfants. Il s’agit donc d’apprendre de lui, pour être véritablement une communauté qui chemine ensemble, capable de ne pas se laisser contaminer par la culture du rejet. »
Arrivé le 31 janvier en République Démocratique du Congo, le pape François a lancé un vibrant appel à chaque Congolais mais aussi au monde entier :
Le Saint-Père a recouru à l’image du diamant, abondant dans le sol congolais mais convoité : « Votre pays est vraiment un diamant de la création ; mais vous, vous tous, êtes infiniment plus précieux que toutes les choses bonnes qui sortent de ce sol fertile !... Courage, frère et sœur congolais ! Relève-toi, reprends dans tes mains, comme un diamant très pur, ce que tu es, ta dignité, ta vocation à garder en harmonie et en paix la maison que tu habites … Que chaque Congolais se sente appelé à jouer son rôle ! Que la violence et la haine n’aient plus de place dans le cœur et sur les lèvres de quiconque…
A ceux qui exercent des responsabilités : « Que l’on ne se laisse pas manipuler, et moins encore acheter, par ceux qui veulent maintenir le pays dans la violence afin de l’exploiter et de faire des affaires honteuses : cela n’apporte que discrédit et honte, avec la mort et la misère ». Aux dirigeants internationaux : « Que l’Afrique, sourire et espérance du monde, compte davantage : qu’on en parle davantage, qu’elle ait plus de poids et de représentation parmi les nations !... Cessez d’étouffer l’Afrique. ».
Et il a terminé en appelant les Congolais de RDC au courage : « Au nom du Christ qui est le Dieu de l’espérance, le Dieu qui donne toujours la force de recommencer, au nom de la dignité et de la valeur des diamants les plus précieux de cette terre splendide que sont ses habitants, je voudrais inviter chacun à un nouveau départ social courageux et inclusif ».
Source « Zénit » Extraits
On peut se méprendre : Il y a « paix » et « Paix ». Commentaire du pape François sur le sens de La Paix chrétienne qui n’est pas la Tranquillité que, spontanément, nous entendons. Dieu peut nous rendre sainement et saintement « inquiets »…
« Pour comprendre cette Béatitude, il nous faut expliquer le sens du mot « paix », qui peut être mal compris ou parfois banalisé. Nous devons nous décider entre deux idées de paix : la première est la paix biblique, où apparaît le très beau terme Shalom, qui exprime abondance, prospérité, bien-être. Quand en hébreu on souhaite Shalom, on souhaite une vie belle, pleine, prospère, mais également selon la vérité et la justice, qui s’accompliront dans le Messie, prince de la paix.
Il y a ensuite l’autre sens, plus courant, dans lequel le mot « paix » s’entend comme une sorte de tranquillité intérieure : je suis tranquille, je suis en paix. C’est une idée moderne, psychologique et plus subjective. On pense communément que la paix est le calme, l’harmonie, l’équilibre intérieur. Cette acception du mot « paix » est incomplète et on ne peut l’absolutiser, parce que, dans la vie, l’inquiétude peut être un moment important de croissance. Bien souvent, c’est le Seigneur lui-même qui sème en nous l’inquiétude pour qu’on aille à sa rencontre, pour qu’on désire le trouver. En ce sens, c’est un moment important de croissance ; alors qu’il peut arriver que la tranquillité intérieure corresponde à une conscience apprivoisée et non pas à une vraie rédemption spirituelle. Bien souvent, le Seigneur doit être « un signe de contradiction », secouant nos fausses certitudes, pour nous conduire au salut.
Et, à ce moment-là, il nous semble ne pas avoir la paix, mais c’est le Seigneur qui nous met sur ce chemin pour parvenir à la paix que lui-même nous donnera. Nous devons alors nous rappeler que le Seigneur entend sa paix comme étant différente de la paix humaine, celle du monde, quand il dit : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ; ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne. » (Jn 14, 27) La paix de Jésus est une autre paix, différente de celle du monde. »
Du 18 au 25 janvier a lieu la Semaine de prière pour l’unité des Chrétiens. Choisi cette année par les chrétiens du Minnesota (USA), le thème est « Apprenez à faire le bien, recherchez la justice » (Isaïe 1,17).
« Isaïe exhorte le peuple de Dieu de son temps à apprendre à faire ensemble le bien, à rechercher ensemble la justice, à secourir ensemble les opprimés, à faire droit à l’orphelin et à prendre la défense de la veuve ensemble. Le défi lancé par le prophète nous concerne également aujourd’hui.
Comment pouvons-nous vivre notre unité en tant que chrétiens afin d’apporter une réponse aux maux et injustices de notre temps ? Comment pouvons-nous engager le dialogue, accroître la sensibilisation, la compréhension et notre intuition par rapport aux expériences vécues par les uns et les autres ?
Ces prières et ces rencontres du cœur ont le pouvoir de nous transformer – individuellement et collectivement. Soyons ouverts à la présence de Dieu dans toutes nos rencontres, alors que nous cherchons à nous transformer, à démanteler les structures sources d’oppression et à guérir les péchés du racisme. Ensemble, engageons-nous dans la lutte pour la justice dans notre société. Nous appartenons tous au Christ. »
Dans sa lettre pastorale pour l’Avent 2022, Mgr Laurent Ulrich, archevêque de Paris invite à méditer 3 références bibliques pour nous aider à découvrir ce que, chrétiens, nous avons à vivre au cœur du u monde et de l’Eglise actuels :
« Mt 23, 1-12 : « Ils disent et ne font pas ! » Ce qui est attendu de nous, c’est un témoignage qui accorde nos paroles et nos actes ; la fraternité, nous voulons la servir, sans l’imposer de haut comme des maîtres qui savent, mais comme des frères et des sœurs qui cherchent avec d’autres ; et comme des serviteurs qui portent une lampe, mais ne décident pas à la place de leurs compagnons de route.
Jérémie 12, 5 : « Si la course avec des coureurs te fatigue, comment rivaliseras-tu avec des chevaux ? S’il te faut un pays en paix pour avoir confiance, comment feras-tu dans les maquis du Jourdain ? » Aujourd’hui, autant que par le passé, le témoignage de l’Évangile est un engagement en situation difficile ; nous pouvons rêver d’un passé où l’Église dominait la société… cela n’a pas été toujours réussi ! En tout cas, ce n’est pas la situation présente et l’Évangile a quelque chose à dire qu’il nous faut mettre en évidence. La terre où nous vivons n’est pas en paix, et c’est justement cette terre-là qui attend des témoignages et des appels à la paix, l’appel du Christ qui est « notre paix ».
Éphésiens 4, 12-13 : … « Que se construise le Corps du Christ, jusqu’à ce que nous parvenions tous ensemble à l’unité dans la foi et la pleine connaissance du Fils de Dieu, à l’état de l’Homme parfait, à la stature du Christ dans sa plénitude. » À l’évidence, nous n’y sommes pas encore ! Mais le Christ veut aller le plus loin possible dans le rassemblement de l’humanité. Nous ne sommes pas sur un promontoire depuis lequel nous dirions le bien et le mal ; nous ne sommes pas dans une bulle protectrice dans laquelle nous serions immunisés contre tout danger et toute erreur. Nous sommes seulement un peuple de pécheurs appelés à vivre dans la lumière de la miséricorde de Dieu reçue chaque jour. L’humble contribution de tous est attendue. »
Le pape émérite Benoît 16 qui vient de mourir a laissé un beau testament spirituel. Voici un extrait où il évoque à sa manière cette recherche de « l’étoile » dans sa vie. Grand théologien, il a dû, lui aussi, chercher la vérité, au milieu des pensées et philosophies de ce monde. Avec le souci constant de concilier « foi et raison » :
« Je le dis maintenant à tous ceux qui ont été confiés à mon ministère dans l’Église : Tenez bon dans la foi ! Ne vous laissez pas troubler ! Il semble souvent que la science – d’une part les sciences naturelles, d’autre part la recherche historique (en particulier l’exégèse des Saintes Écritures) – ait des vues irréfutables qui s’opposent à la foi catholique.
J’ai assisté de loin aux transformations des sciences naturelles et j’ai pu voir comment des certitudes apparentes fondées contre la foi, ne se révélaient pas être des sciences, mais des interprétations philosophiques appartenant seulement en apparence à la science – tout comme la foi a appris, dans le dialogue avec les sciences naturelles, la limite de la portée de ses affirmations et ainsi à mieux comprendre ce qu’elle est.
Depuis soixante ans, j’accompagne le chemin de la théologie, en particulier celui des études bibliques, et j’ai vu s’effondrer, au fil des générations, des thèses qui semblaient inébranlables et qui se sont révélées n’être que de simples hypothèses. J’ai vu et je vois comment, dans l’enchevêtrement des hypothèses, la raison de la foi a émergé et émerge à nouveau. Jésus-Christ est vraiment le chemin, la vérité et la vie – et l’Église, dans toutes ses imperfections, est vraiment Son corps. »*
Notre frère Fils de la Charité, Daniel Godefroy, a vécu 22 ans aux Philippines. Revenu en Europe pour raisons de santé, il vient de mourir à 70 ans. Lors de son « au revoir », a été lu son témoignage de vie. L’Incarnation de Jésus à Noël se continue !...
« J’ai découvert que notre vie est une semence : une graine peut résister seule, inutile ; mais si on la plante et en prend soin, elle se développe et donne à son tour des fruits. Nous n’avons qu’une vie et notre vie est semence. N’ayons pas peur de la perdre : elle va mourir, mais la joie est immense lorsque nous donnons de la vie et de l’espoir à ceux qui nous entourent parce que nous avons osé risquer…
Mon séjour aux Philippines a renouvelé ma conception et mon attachement à Dieu, à Jésus, à Marie. Leur amour a changé ma vie, l’a embellie et lui a donné une nouvelle dignité. Je ne pourrais pas vivre sans Dieu : sans Lui, la vie est sans saveur et se réduit à la recherche du matériel, du plaisir, du confort… Mais Dieu, c’est un grand amour : on ne peut pas vivre sans amour. Aux Philippines, j’ai découvert que Dieu est caché dans la vie des pauvres. Il ne faut pas avoir peur de les approcher, de vivre avec eux… Et peu à peu, à travers eux, Dieu nous révèle un secret, celui de sa Présence… Plusieurs fois, j’ai été témoin de personnes pauvres au moment de leur mort. J’ai eu le sentiment que Dieu s’approchait d’eux, tout près, pour leur donner sa paix et sa joie, au moment où ils entraient dans l’invisible… Jésus a donné sa première béatitude, au présent : « Heureux les pauvres de cœur… » Aux Philippines, nous la traduisons : « Heureux ceux qui n’ont pas d’autre espoir que Dieu, car Dieu est pour eux »…
Notre mission en tant que Fils de la Charité, c’est de donner de l’importance à ces réalités si grandes de notre monde que l’on oublie : Dieu et les pauvres. Et que Dieu nous comble de joie, comme il m’a comblé pendant ces 22 ans aux
Philippines ! »
Dans sa belle 1ère lettre pastorale, notre archevêque Mgr Laurent Ulrich trace le chemin du témoignage de l’Église à Paris. Avec une insistance sur la communion. Extraits…
« Si nous voulons former, fortifier et développer une Église de la communion – et c’est ce chemin que j’invite à suivre avec vigueur – nous regarderons ce monde tel qu’il est, nous renoncerons à nous ériger en possesseurs de vérité, nous ferons en sorte de reconnaître à chacun sa place dans la société, qu’il soit homme ou femme, jeune ou âgé, bien portant ou malade, avec un handicap plus ou moins visible, et aussi dans l’Église, qu’il soit clerc ou laïc, religieux ou consacré, marié ou célibataire…
Pour vivre une Église de la communion, il faut aussi s’affranchir des grilles de l’analyse politique : je ne veux pas dire par là que les chrétiens seraient apolitiques, je dis seulement que les qualificatifs de droite et de gauche, de progressistes et de conservateurs, de réformistes et de révolutionnaires, ne permettent pas de rendre compte de ce qui anime vraiment ceux qui se mettent à la suite du Christ. Cette lecture est toujours un piège et beaucoup s’y sont fourvoyés au long des âges.
Pour vivre une Église de la communion, nous apprenons chaque jour davantage à tenir compte de ceux qui s’efforcent de travailler à son engagement dans la société, à son témoignage de foi. Nous voulons que les prêtres, les diacres, les personnes consacrées, les baptisés en mission diocésaine ou laïcs en mission, et tous les personnels salariés ou les bénévoles qui se dépensent dans les paroisses et les associations se respectent mutuellement et se sachent nécessaires ensemble.
Notre tâche se trouve du côté du service du Seigneur et de celui des hommes et des femmes qui sont pour nous des frères et des sœurs ; notre service est celui d’une vie donnée pour que soient rendus visibles et compréhensibles le don et l’appel du Christ, et pour cela le service des attentes spirituelles qui se font jour dans notre époque ; notre service est celui d’une communion par laquelle Dieu entend bâtir l’unique famille humaine qu’Il aime... »
François Cassingena-Trevedy est moine bénédiction, poète et depuis un an, ermite. Il livre ici le lien profond entre la nuit et le temps liturgique de l’Avent et de Noël :
« L’Avent, c’est une période de joie d’attente de Noël qui nous prend au début de l’hiver où tout a l’air de sombrer dans l’obscurité et le dépouillement. Paradoxalement, la liturgie nous invite à un printemps, à cette floraison que représente Noël. Il y a comme un chassé-croisé entre le temps de la saison et la dynamique qui nous porte vers cette fête. Il s’agit aussi de prendre conscience de l’épaisseur de la nuit. On se dirige vers le solstice, le moment où la nuit est la plus longue et la plus noire.
Mais comme dit le psaume : « Une lumière s’élève dans les ténèbres pour les cœurs droits. » Il ne faut pas avoir peur de la nuit. Il faut la cueillir et l’accueillir. Pour ma part, j’essaie de me mettre à l’unisson de cette obscurité et de cette grâce de l’hiver. J’épouse ce temps de recueillement, en étant accompagné par la célébration liturgique et en lisant notamment les textes du prophète Isaïe.
Il faut avoir l’endurance de la fidélité. Ne pas se hâter de supprimer la nuit, de la dissiper comme nous le faisons. En allumant les réverbères dans nos villes, en multipliant les néons agressifs, nous faisons tout pour qu’elle disparaisse de nos vies. Alors que sous les ciels étoilés, comme le dit Corneille, nous apercevons « cette obscure clarté qui tombe des étoiles ». Ce qui fait le prix de la lumière, c’est l’obscurité. C’est dans la nuit que « le peuple qui marchait a vu se lever une grande lumière », comme le dit e chapitre 9 du Livre du prophète Isaïe qu’on lit au cours de la messe de minuit. »
« La Vie », 24-30 Novembre 2022
En ce 2ème dimanche de l’Avent où nous évoquons la figure de Jean le Baptiste dans le désert « Préparez le chemin du Seigneur », notre ancien archevêque, le Cardinal André Vingt-Trois, nous invite au courage de la Foi :
« Nous vivons aujourd’hui dans une société d’abondance, de consommation, de jouissance et d’individualisme… A qui accordons-nous de l’importance ? Nous avons besoin d’être protégés contre l’inaction, le découragement, contre le manque d’énergie… Plus que cela, ce qui fait défaut est la capacité de dire vers quoi nous voulons aller. Comment voulez-vous que les individus sortent de leur individualisme s’ils n’ont pas de projets auxquels se donner ?...
Il ne suffit pas d’avoir des penseurs. Si leur horizon se borne à l’optimisation technologique de l’organisation de la société, cela ne vaut pas le coup de se sacrifier. Il nous faut des croyants Benoît 16 a expliqué que nous sommes passés d’un christianisme sociologique à un christianisme de choix. Dans sa bouche, cela signifiait que le christianisme sociologique pouvait se dissoudre. La question est de savoir : qui choisit le Christ aujourd’hui ?...
La crise de l’Église… c’est une crise qui a un effet purificateur parce qu’elle nous oblige à nous demander en qui nous avons mis notre foi… La perfection et la sainteté de l’Église sont une conquête permanente que les chrétiens doivent porter dans leurs prières et dans leurs actions. Le regard de Dieu qui doit compter pour nous, c’est le regard que Dieu porte sur nous.
La seule dignité qui vaille est la dignité de l’amour. Ce qui nous rend digne, c’est d’être aimé. Il ne s’agit donc pas d’une ressource dont nous pouvons disposer à notre gré mais un cadeau que nous pouvons chercher et recevoir gratuitement. »
Extraits « Paris Notre Dame » 3 Novembre 22
Les lectures liturgiques de ces jours sont marquées par des descriptions « apocalyptiques ». Attention ! C’est une manière littéraire de parler, non dans le sens d’annonces de « catastrophes » mais de « révélation » du Projet de Dieu. Au cœur de signes apparents de « fin du monde », c’est de « fin d’un monde » qu’il s’agit. L’essentiel est de miser sur « l’amour gagnant de Dieu » dans un nouvel avenir qui s’ouvre. Adrien Candiard, théologien :
« Le Christ ne dresse pas la liste des signes qui annonceraient la proximité de la fin du monde. Il précise que personne, pas même lui, ne peut en connaître la date. Toutes les prédictions sont donc vouées à l’échec. Ce qu’il nous donne à comprendre, c’est le sens de l’histoire humaine. Les évènements que nous traversons aujourd’hui ne sont pas une simple erreur de trajectoire, après quoi l’histoire humaine repartirait sur de bons rails. Jésus nous dit au contraire que la violence fait partie de l’histoire et que le tragique est inévitable parce que la révélation même de l’amour de Dieu peut provoquer aussi bien la conversion que le rejet…
Une espérance nous est donnée : ces évènements ne sont pas le dernier mot de l’histoire humaine. Entre l’acceptation ou le refus de l’amour de Dieu, le Christ nous révèle que l’amour de Dieu est gagnant. La Passion apparaît clairement comme le modèle de toute l’histoire humaine : son apparent échec mène à la Résurrection, et donc au triomphe inattendu de la volonté de salut de Dieu, alors même que l’on avait toutes les raisons de désespérer
Les causes du mal sont d’abord dans les cœurs. Il y a de multiples façons d’agir, d’aimer et d’aider son prochain. On ne fait pas son salut dans son coin. L’engagement collectif est un enjeu essentiel pour la foi chrétienne. »
(Extraits de La Croix-l’Hebdo du 8-9 /10/22)
Lors de leur dernière assemblée tenue récemment à Lourdes, les évêques de France sont revenus sur l’annonce publique d’abus de quelques-uns de leurs frères évêques. Ils se disent humiliés mais résolus à servir la Joie de l’Evangile :
« La joie de l’Évangile remplit le cœur et toute la vie de ceux qui rencontrent Jésus » : cette phrase qui ouvre l’exhortation apostolique « La joie de l’Évangile », du pape François, nous a habités, nous évêques, alors que nous nous réunissions. Nous avions, jeudi dernier, le cœur lourd, remplis de sentiments mêlés ; nous étions douloureux de vous savoir, frères et sœurs, meurtris, en colère, bouleversés, doutant de nous et de notre volonté réelle de sortir de la culture qui a permis les abus et les a couverts. Nous savions la déception des personnes victimes qui avaient décidé l’an passé de nous faire confiance.
Or, la joie de l’Évangile, c’est elle que nous voulons servir, c’est elle que nous voulons partager à tous, c’est pour la rendre accessible à tous que nous avons engagé notre vie. Nous sommes humiliés de constater que des actes de certains de nos frères, prêtres et évêques, et la manière dont ces actes ont été traités entre notre structure ecclésiale en France et jusqu’au Saint-Siège provoquent de la tristesse, de l’incompréhension, du dégoût, et empêchent beaucoup de vous de goûter la joie pure et rajeunissante de l’Évangile du Christ.
Nous sommes conscients que ces fautes personnelles de tel ou tel nous renvoient tous à nos insuffisances, à nos médiocrités, à nos manquements à la charité, à la justice, à la bonté, à la vérité, manquements qui entachent notre ministère et vous privent parfois, – et une fois, c’est trop-, de connaître le Christ Jésus d’un cœur sans partage. Nous voudrions tant que vous puissiez vivre paisiblement l’expérience des premiers disciples de Jésus, telle que nous la rapporte l’évangile selon saint Jean : « Venez et vous verrez ». « Ils allèrent donc, ils virent où il demeurait, et ils restèrent auprès de lui ce jour-là. » (Jn 1,39). Nous voudrions tant que beaucoup d’autres puissent la goûter.
A l’occasion de la 6ème Journée Mondiale des Pauvres, ce dimanche 13 Novembre, le pape nous invite à réfléchir sur les 2 pauvretés : celle qui tue et celle qui libère. Extraits…
« La pauvreté qui tue, c’est la misère, fille de l’injustice, de l’exploitation, de la violence et de l’injuste répartition des ressources. C’est la pauvreté désespérée, sans avenir, parce qu’elle est imposée par la culture du rejet qui n’offre ni perspectives ni issues. C’est la misère qui, pendant qu’elle impose une condition d’extrême indigence, affecte aussi la dimension spirituelle, laquelle, même si elle est souvent négligée, existe cependant et compte…
La pauvreté qui libère, en revanche, est celle qui se place devant nous comme un choix responsable pour s’alléger du lest et se concentrer sur l’essentiel. En fait, on rencontre souvent ce sentiment d’insatisfaction que beaucoup éprouvent car ils sentent leur manquer quelque chose d’important, et partent à sa recherche comme des personnes errantes, sans but…
Rencontrer les pauvres permet de mettre fin à beaucoup d’anxiétés et de peurs inconsistantes, d’atteindre ce qui compte vraiment dans la vie et que personne ne peut nous voler : l’amour vrai et gratuit. Les pauvres, en réalité, avant d’être objet de notre aumône, sont des sujets qui nous aident à nous libérer des liens de l’inquiétude et de la superficialité. »
Dans « La Joie de l’Amour » sur l’amour dans la famille (2016), le pape François aborde avec réalisme les défis de la famille aujourd’hui. Mais surtout, il invite à ne pas désespérer des difficultés traversées, et à ne pas renoncer à espérer en la promesse d’une communion.
« Aucune famille n’est une réalité céleste et constituée une fois pour toutes, mais la famille exige une maturation progressive de sa capacité d’aimer. Il y a un appel constant qui vient de la communion pleine de la Trinité, de la merveilleuse union entre le Christ et son Église, de cette communauté si belle qu’est la famille de Nazareth et de la fraternité sans tache qui existe entre les saints du ciel.
Et, en outre, contempler la plénitude que nous n’avons pas encore atteinte, nous permet de relativiser le parcours historique que nous faisons en tant que familles, pour cesser d’exiger des relations interpersonnelles une perfection, une pureté d’intentions et une cohérence que nous ne pourrons trouver que dans le Royaume définitif. De même, cela nous empêche de juger durement ceux qui vivent dans des conditions de grande fragilité.
Tous, nous sommes appelés à maintenir vive la tension vers un au-delà de nous-mêmes et de nos limites, et chaque famille doit vivre dans cette stimulation constante. Cheminons, familles, continuons à marcher ! Ce qui nous est promis est toujours plus. Ne désespérons pas à cause de nos limites, mais ne renonçons pas non plus à chercher la plénitude d’amour et de communion qui nous a été promise. (n° 325) »
Extraits de l’homélie de Mgr Leborgne, évêque d’Arras, aux obsèques de Lola… dont nous connaissons les circonstances tragiques de la mort.
« Seigneur, si tu existais, ou si tu étais vraiment bon comme certains le disent, Lola ne serait pas morte… » Il se pourrait que beaucoup parmi nous soient traversés par des réflexions de ce genre et comment ne pas les comprendre. Lola. 12 ans. L’âge des promesses qui commencent à prendre corps, parfois avec enthousiasme, parfois plus douloureusement… Seigneur, si tu avais été là … Sentiment d’un rendez-vous dramatiquement manqué.
J’entends alors Jésus dans la suite de la rencontre de l’Évangile. Il se situe autrement. Je l’entends, avec Marthe : « Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit, même s’il meurt vivra ; quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? » J’entends aussi l’apôtre Saint Paul : « Jésus, nous le croyons, est mort et ressuscité ; de même, nous le croyons aussi, ceux qui se sont endormis, Dieu, par Jésus, les emmènera avec lui. »
La foi fait l’expérience d’une présence. Elle n’est pas une réponse, elle révèle une présence. Jusque dans l’odieux et le pire mal du monde. Elle n’est pas une vague croyance dans l’immortalité de l’âme. Elle est l’expérience déroutante de ce que Dieu ne joue pas notre vie à notre place ni ne nous dépossède de nos responsabilités personnelles, sociales ou politiques. Déroutante car nous pouvons penser que s’il prenait tout cela en charge, cela se passerait mieux – à ceci près que nous ne serions plus des personnes libres mais des automates.
Mais expérience bouleversante de ce qu’il plonge lui-même, en Jésus, dans notre humanité, jusque dans ce qui la défigure, la dévitalise et la tue, pour y faire jaillir, jusque dans l’épaisseur de la chair, la résurrection. Ce n’est pas que pour demain, c’est déjà pour aujourd’hui. Dieu, en Jésus vrai Dieu et vrai homme, vient partager notre vie jusque dans notre mort pour que nous partagions sa vie et la puissance de la résurrection de Jésus, quelle que soit notre situation et la manière dont nous sommes confrontés à la mort. »
Pour Adrien Candiard, dominicain, le temps est venu de laisser aux religions la possibilité d’être entendues et écoutées. Elles sont des « cadres de pensée et de vie qui ont quelque chose à apporter » à la société :
« Notre société française place les religions dans ce qui divise : la citoyenneté rassemble, les religions divisent. On suspecte chez elles la tentation du séparatisme, qui empêcherait la communauté nationale de se retrouver autour de valeurs communes. Si on doit effacer tout ce qui fait penser, croire et agir le citoyen, tout ce qui le distingue des autres, il risque de ne plus rester grand- chose. Le défi actuel est donc non pas de mettre les religions à l’écart. Les religions sont aussi des cadres de pensée et de vie qui ont quelque chose à apporter !...
En Europe, nous avons choisi une solution commune en sortant les religions de l’espace public. Croire est permis, c’est un fait privé respectable, mais cela regarde les individus. Cette solution a produit des résultats, mais nous sommes arrivés au bout de cette logique, notamment depuis l’arrivée, récente de l’Islam en Europe et la situation devenue minoritaire du christianisme…
Selon moi, la solution passe par le respect actif des croyances, des religions et de l’absence de religion et par l’éducation au fait religieux. Car il existe un terrain de rencontre dans l’humanité, qui s’appelle la raison et qui nous permet de discuter, de comprendre ce que les autres ont dans la tête. Tant qu’on fait de la religion un fait privé, on s’interdit d’apprendre à se parler et on se résigne à avoir des humanités différentes. Si on accepte de réintégrer la religion et donc la théologie dans l’espace de la discussion rationnelle, alors on peut apprendre de la foi des uns et des autres. »
Adrien Candiard, magazine « La Vie » Extraits, n° 4025 octobre 22
Le Seigneur nous a envoyés évangéliser les hommes. Mais as-tu déjà réfléchi à ce que c’est qu’évangéliser les hommes ?
Évangéliser un homme, vois-tu, c’est lui dire : Toi aussi, tu es aimé de Dieu dans le Seigneur Jésus. Et pas seulement le lui dire, mais le penser réellement. Et pas seulement le penser, mais se comporter avec cet homme de telle manière qu’il sente et découvre qu’il y a en lui quelque chose de sauvé, quelque chose de plus grand et de plus noble que ce qu’il pensait, et qu’il s’éveille ainsi à une nouvelle conscience de soi.
C’est cela, lui annoncer la Bonne Nouvelle. Tu ne peux le faire qu’en lui offrant ton amitié. Une amitié réelle, désintéressée, sans condescendance, faite de confiance et d’estime profondes.
Il nous faut aller vers les hommes. La tâche est délicate. Le monde des hommes
est un immense champ de lutte pour la richesse et la puissance. Et trop de souffrances et d’atrocités leur cachent le visage de Dieu. Il ne faut surtout pas qu’en allant vers eux nous leur apparaissions comme une nouvelle espèce de
compétiteurs. Nous devons être au milieu d’eux les témoins pacifiés du Tout-Puissant, des hommes sans convoitises et sans mépris, capables de devenir réellement leurs amis. C’est notre amitié qu’ils attendent, une amitié qui leur fasse sentir qu’ils sont aimés de Dieu et sauvés en Jésus-Christ.
Éloi Leclerc « Sagesse d’un pauvre »
Fin septembre, le pape François a réuni à Assise des jeunes économistes venant de 120 pays, les invitant à penser une nouvelle économie pour le monde. S’dressant à eux, il a non seulement évoqué les dimensions sociale, politique, économique mais aussi les a interrogés sur le capital spirituel. Extraits…
« Avant d’être un chercheur de bien, l’être humain, créé à l’image et à la ressemblance de Dieu, est un chercheur de sens. Nous sommes tous des chercheurs de sens. Voilà pourquoi le premier capital de toute société est le capital spirituel, parce que c’est celui qui nous donne des raisons de nous lever tous les matins et d’aller au travail, et il génère cette joie de vivre qui est nécessaire aussi à l’économie.
Notre monde consomme rapidement cette forme essentielle de capital accumulée au cours des siècles par les religions, par les traditions de sagesse, par la piété populaire. Et ainsi ce sont surtout les jeunes qui souffrent de ce manque de sens : souvent, face à la souffrance et aux incertitudes de la vie, ils se retrouvent avec une âme appauvrie en ressources spirituelles pour élaborer leurs souffrances, leurs frustrations, leurs déceptions et les deuils. Regardez combien le pourcentage de suicides chez les jeunes a grimpé : et tout n’est pas publié, on cache les chiffres.
La fragilité de nombreux jeunes découle d’une carence de ce précieux capital spirituel – je vous demande : avez-vous un capital spirituel ? Que chacun réponde dans son cœur – un capital invisible mais plus réel que les capitaux financiers ou technologiques. Il est urgent de reconstituer ce patrimoine spirituel essentiel. La technique peut beaucoup ; elle nous enseigne « quoi » et « comment » faire ; mais elle ne nous dit pas « pourquoi » ; et ainsi nos actions deviennent stériles et ne remplissent pas notre vie, pas même la vie économique. »
Devant plus de 80 dirigeants des religions mondiales et traditionnelles, d’une cinquantaine de pays, ainsi que des diplomates et représentants d’organisations internationales, réunis les 13-15 septembre Kazakhstan, le pape François en a profité pour définir ce qu’est une vraie religiosité. Extraits.
« Le monde attend de nous l’exemple d’âmes éveillées et d’esprits lucides, il attend une religiosité authentique. L’heure est venue de se réveiller de ce fondamentalisme qui pollue et corrode toutes les croyances, l’heure de rendre le cœur limpide et compatissant. Mais il est également temps de laisser seuls aux livres d’histoire les discours qui, trop longtemps, ici et ailleurs, ont inculqué suspicion et mépris à l’égard de la religion, comme s’il s’agissait d’un facteur de déstabilisation de la société moderne. En ces lieux, l’héritage de l’athéisme d’État, imposé pendant des décennies, est bien connu, cette mentalité oppressante et étouffante selon laquelle le seul usage du mot “religion ”créait de l’embarras.
En réalité, les religions ne sont pas des problèmes, mais une partie de la solution pour une coexistence plus harmonieuse. La recherche de la transcendance et la valeur sacrée de la fraternité peuvent en effet inspirer et éclairer les choix à prendre dans le contexte des crises géopolitiques, sociales, économiques, écologiques mais, à la racine, spirituelles, qui traversent de nombreuses institutions d’aujourd’hui, même les démocraties, mettant en péril la sécurité et la concorde entre les peuples. Nous avons donc besoin de religion pour répondre à la soif de paix du monde et à la soif d’infini qui habite le cœur de chaque homme. »
Source : agence Zénit, mardi 13/9/22
La présence des Migrants et des Réfugiés, un problème ou une chance ? En cette journée mondiale du Migrant et du Réfugié, le pape François nous adresse un message provocateur :
« Construire l’avenir avec les migrants et les réfugiés signifie reconnaître et valoriser ce que chacun d’entre eux peut apporter au processus de construction. J’aime voir cette approche du phénomène de la migration dans la vision prophétique d’Isaïe, dans laquelle les étrangers n’apparaissent pas comme des envahisseurs et des destructeurs, mais comme des ouvriers volontaires qui reconstruisent les murs de la nouvelle Jérusalem, la Jérusalem ouverte à tous les peuples (cf. Is 60,10-11).
Dans la même prophétie, l’arrivée d’étrangers est présentée comme une source d’enrichissement : « Les trésors d’au-delà des mers afflueront vers toi, vers toi viendront les richesses des nations » (60,5). En effet, l’histoire nous enseigne que la contribution des migrants et des réfugiés a été fondamentale pour la croissance sociale et économique de nos sociétés. Et c’est encore le cas aujourd’hui. Leur travail, leur capacité de sacrifice, leur jeunesse et leur enthousiasme enrichissent les communautés qui les accueillent.
La présence de migrants et de réfugiés représente un grand défi, mais aussi une opportunité de croissance culturelle et spirituelle pour tous. Grâce à eux, nous avons la possibilité de mieux connaître le monde et la beauté de sa diversité. Nous pouvons mûrir en humanité et construire ensemble un plus grand « nous ».
« On ne peut servir 2 maîtres : Dieu et l’argent. » Dans une même résonnance, le pape François commente comment l’argent pour lui-même mène à l’égoïsme et choisir Dieu, c’est prendre le chemin du service. Extraits d’une homélie :
« Il faut choisir : l’amour ou l’égoïsme. L’égoïste pense prendre soin de sa vie et il s’attache aux choses, à l’argent, au pouvoir, au plaisir. Alors le diable a les portes ouvertes. Le diable « entre par les poches », si tu es attaché à l’argent. Le diable fait croire que tout va bien mais en réalité le cœur est anesthésié par l’égoïsme. L’égoïsme est un anesthésiant très puissant. Cette voie se termine toujours mal : à la fin on reste seul, avec un vide intérieur. La fin des égoïstes est triste : vides, seuls, entourés seulement de ceux qui veulent hériter.
Mais vous pourriez me dire : se donner, vivre pour Dieu et pour les autres c’est un grand effort pour rien, le monde ne tourne pas comme ça : pour avancer, vous avez besoin d’argent et de pouvoir. Mais c’est une grande illusion : l’argent et le pouvoir ne libèrent pas l’homme, ils le rendent esclave. Voyez : Dieu n’exerce pas son pouvoir pour résoudre nos maux et ceux du monde. Son chemin c’est toujours celui de l’amour humble : seul l’amour libère intérieurement et donne la paix et la joie.
C’est pourquoi le vrai pouvoir, le pouvoir selon Dieu, c’est le service. C’est Jésus qui le dit. Et la voix la plus forte ce n’est pas celle de qui crie le plus. La voix la plus forte, c’est la prière. Et le plus grand succès ce n’est pas sa propre renommée, comme le paon, non. La plus grande gloire, le plus grand succès est son propre témoignage…C’est en donnant sa vie que l’on trouve la joie, car il y a plus de joie à donner qu’à recevoir (cf. Ac 20, 35). »
Dans la version longue de l’Évangile de ce jour, il y a la parabole du ‘ Fils Prodigue’. Admirable méditation que celle de l’ancien archevêque de Manille sur ce « Père qui court » …
« Une des images les plus étonnantes des Écritures est celle du « Père qui court » Car, au temps de Jésus, courir est quelque chose qu’un père – le « chef de famille » - ne doit pas faire. Une personne d’une telle importance ne court pas ! Les autres courent vers lui pour le servir ou courent pour exécuter ses ordres. Mais pour une telle personnalité, « courir » signifierait abandonner sa dignité. Ce serait choquant, gênant et d’ailleurs improbable…mais c’est pourtant bien l’image du « Père qui court » que Jésus peint dans la parabole du Fils Prodigue.
De plus, les auditeurs de Jésus ont dû être encore plus scandalisés quand ils ont réalisé pourquoi le Père courait ! Ce père oublie sa dignité, encourt le déshonneur, passant publiquement pour un fou, tout cela pour le salut d’un bon-à-rien, d’un fils indigne qui méchamment a comme désiré la mort de son père en demandant à l’avance sa part d’héritage, et qui a jeté le discrédit sur sa famille par une vie de dévergondé !
Mais encore, plus choquante et scandaleuse est cette insistance de Jésus dans le fait que cet étonnant « Père qui court » - qui chérit ce mauvais fils au point de paraître fou, dont le cœur est si riche en compassion -, est la parfaite image de Dieu. Imaginer la vérité du mystère de Dieu comme débordant et inépuisable en compassion, nous estimant, nous pauvres créatures, comme ses enfants, semble trop beau pour être vrai. Pourtant, c’est l’Évangile ! C’est bien la Bonne Nouvelle que l’Église nous invite à prier et méditer. »
Cardinal SIN, Philippines
Cet été, nous avons eu chaud. Et la terre aussi a eu chaud. Très chaud, à l’image de tous ces incendies. L’occasion pour nous de changer notre regard sur la planète mais aussi sur notre manière de vivre.
« Oui ! A condition de ne pas envisager l’effort qui nous attend comme une « écologie punitive », le défi est bien de redécouvrir la frugalité comme un projet bon pour l’humanité. Pour cela, il est impérieux de renverser la perspective. Il n’y a pas là qu’une question de survie. Ce qui nous est proposé, ce n’est pas de nous priver de confort individuel, mais de gagner en harmonie et en partage. N’est-ce pas ce à quoi toute personne aspire ?
Car la sobriété ne s’oppose pas à la satiété, mais à l’excès, à la gloutonnerie, à l’ivresse. Voilà bien ce qui caractérise la société moderne, ce que nous finissons par considérer comme normal à force de baigner dedans : un mode de vie enivrant qui, peu à peu, nous détourne de la vie véritable. En bien des aspects, notre monde s’apparente à un complot contre le vivant, à force de béton, de goudron, d’emballages, de gaspillage, de déplacements, de loisirs, de numérisation, de facilité et d’immédiateté permanente. Alors le climat s’emballe, les espèces s’éteignent, les déchets s’accumulent et nous-mêmes, étouffons. Stop…
Rappelez-vous : quand un rien suffisait pour s’amuser, quand peu était déjà un trésor, quand le regard n’était lassé de rien et que l’imagination faisait le reste ! Oh, bien sûr, la complexité des enjeux est immense – entremêlant géopolitique, économie, sciences – et pose de terribles questions de justice… et pourtant : tout commence là, dans ce changement de regard que personne ne pourra opérer à notre place. »
Aymeric Christensen (Extraits Edito “La Vie” du 21 juillet 22)
Pour le chrétien, il y a pauvreté et pauvreté. Pauvreté qui tue et pauvreté qui libère. 2 dimensions essentielles à ne pas oublier et auxquelles être attentif, selon le pape François.
« La pauvreté qui tue, c’est la misère, fille de l’injustice, de l’exploitation, de la violence et de l’injuste répartition des ressources. C’est la pauvreté désespérée, sans avenir, parce qu’elle est imposée par la culture du rejet qui n’offre ni perspectives ni issues. C’est la misère qui, pendant qu’elle impose une condition d’extrême indigence, affecte aussi la dimension spirituelle, laquelle, même si elle est souvent négligée, existe cependant et compte...
La pauvreté qui libère, en revanche, est celle qui se place devant nous comme un choix responsable pour s’alléger du lest et se concentrer sur l’essentiel. En fait, on rencontre souvent ce sentiment d’insatisfaction que beaucoup éprouvent car ils sentent leur manquer quelque chose d’important, et partent à sa recherche comme des personnes errantes, sans but. Désireux de trouver ce qui peut les satisfaire, ils ont besoin d’être orientés vers les petits, les faibles, les pauvres pour comprendre finalement ce dont ils ont vraiment besoin.
Rencontrer les pauvres permet de mettre fin à beaucoup d’anxiétés et de peurs inconsistantes, d’atteindre ce qui compte vraiment dans la vie et que personne ne peut nous voler : l’amour vrai et gratuit. Les pauvres, en réalité, avant d’être objet de notre aumône, sont des sujets qui nous aident à nous libérer des liens de l’inquiétude et de la superficialité. »
Extraits pape François, Journée Mondiale des Pauvres.
Le Mystère de la Sainte Trinité, on ne peut que l’approcher par le cœur et la foi, plus que par sa tête et sa raison. Mais en donnant à chacune des Personnes toute sa place dans notre vie…
« Il y a trois Personnes mais un seul Dieu. Ces trois Personnes ne sont pas trois dieux. Papa, Maman, l’enfant, cela fait trois personnes mais aussi trois hommes. En Dieu, c’est différent : trois Personnes mais un seul Dieu. Quand nous parlons de Dieu, quand nous disons croire en Dieu, quand nous Le prions, il s’agit bien des trois Personnes : Père, Fils et Esprit saint. Ces trois Personnes reçoivent la même adoration et la même gloire. Il n’y en a pas une qui est plus importante ou plus divine que les autres.
Certes, c’est toujours le même Dieu, l’Unique, mais il est bon d’être familier avec les trois. Une petite fille, à qui on avait surtout parlé du Père et du Fils, a été très étonnée de découvrir que le Saint-Esprit était pleinement Dieu. Comme on lui en parlait peu, on Le priait nommément moins souvent que le Père et le Fils. Il représentait pour elle un personnage second, une sorte de serviteur de Dieu.
Il est juste de dire que l’Esprit Saint est l’Esprit de Jésus. Mais c’est ambigu : cela peut vouloir dire que l’Esprit saint n’est pas une Personne distincte de celle de Jésus. Cela peut représenter quelque chose comme la partie spirituelle de Jésus et c’est tout.
Il est juste aussi de dire que Jésus est le Fils de Dieu. Mais il faut bien préciser les choses afin que l’enfant sache que Jésus, Fils de Dieu, est Dieu. Pas un autre Dieu que son Père. Il est un seul Dieu avec son Père et le Saint-Esprit. En parlant avec des enfants, on s’aperçoit que, trop souvent, ils se représentent un seul Dieu, certes, mais en une seule Personne : le Père. Ce Dieu Père a un Fils, Jésus, animé par un esprit, l’Esprit saint.
Christine Ponsard, « La Croix - Croire » extraits
En ouvrant la démarche synodale d’une Eglise pour le 3ème millénaire, le pape François a appelé à une nouvelle Pentecôte dans notre manière d’être, de faire et de travailler. Nous empruntons à « Promesses d’ Église » quelques rêves d’avenir :
« Nous rêvons d’une Église où on marche ensemble, où l’autorité est exercée uniquement dans le souci du service des hommes et des femmes. »
« Nous rêvons d’une Église qui soit vraiment à l’écoute des aspirations du peuple de Dieu, particulièrement les femmes, les jeunes, les isolés, les personnes fragiles, les exclus, les blessés de la vie, les plus pauvres. »
« Nous rêvons d’une gouvernance transformée au sein de l’Église, qui prenne véritablement en compte l’ensemble du peuple de Dieu, qui partage les responsabilités, qui accompagne les prises de responsabilité afin d’éviter les abus… »
« Nous rêvons d’une Église qui s’ouvre sur le monde, comprenne qu’elle a à apprendre de la société et de ceux qui ne sont pas dans l’Église. Nous rêvons d’une Église qui se reconnaisse dans les préoccupations de nos contemporains et qui invente un langage accessible à tous. »
« Nous souhaitons une Église véritablement en dialogue avec le monde, qui sache l’écouter et lui parler dans un langage accessible à tous. »
« Nous rêvons d’espaces et de temps de travail en commun entre laïcs et pasteurs pour que tous les baptisés se sentent responsables et acteurs de la mission. »
Nous espérons une Église simple, claire et fraternelle dans sa gouvernance et
son fonctionnement
Esprit Saint, renouvelle l’Eglise en marche !
Dimanche dernier, lors de la canonisation de Charles de Foucauld, Pauline Jaricot et 8 autres, le pape François a évoqué l’appel à la sainteté adressé à tous. A chacun, une sainteté originale…
« Concrètement, qu’est-ce que cela signifie de vivre cet amour ?... Aimer signifie ceci : servir et donner sa vie. Servir, c’est-à-dire ne pas faire passer ses propres intérêts en premier ; se désintoxiquer des poisons de la cupidité et de la concurrence ; combattre le cancer de l’indifférence et le ver de l’autoréférentialité ; partager les charismes et les dons que Dieu nous a donnés. Se demander concrètement : « qu’est-ce que je fais pour les autres ? » avec amour et sans clameur, sans rien revendiquer. Et puis donner sa vie mais se donner soi-même…
Servir l’Évangile et les frères, offrir sa vie sans retour – c’est le secret : offrir sans retour –, sans chercher la gloire mondaine : nous sommes, nous aussi, appelés à cela. Nos compagnons de route, canonisés aujourd’hui, ont vécu la sainteté de cette manière : en embrassant leur vocation avec enthousiasme – comme prêtres, certains, comme personnes consacrées, d’autres, comme laïcs – ils se sont dépensés pour l’Évangile, ils ont découvert une joie sans comparaison et ils sont devenus des reflets lumineux du Seigneur dans l’histoire.
Le chemin de la sainteté n’est pas fermé, il est universel, c’est un appel pour nous tous, il commence par le Baptême, il n’est pas fermé. Faisons-le aussi, parce que chacun de nous est appelé à la sainteté, à une sainteté unique et non reproductible. Oui, le Seigneur a un plan d’amour pour chacun de nous, il a un rêve pour ta vie, pour ma vie, pour la vie de chacun de nous. »
Le Pape François est revenu la semaine dernière sur la pandémie du Covid et la guerre en Ukraine en insistant sur les défis de la Fraternité et de l’unité auxquels faire face :
Cette pandémie « nous a fait prendre conscience de notre proximité et de notre responsabilité les uns envers les autres. Il est essentiel que nous continuions à cultiver cette conscience, et que nous prenions des initiatives qui rendent explicite et accroissent ce sentiment de fraternité ». Aujourd’hui, pour un chrétien, il n’est pas possible d’aller seul avec sa propre confession. Soit nous marchons ensemble, toutes les confessions fraternelles, soit nous ne marchons pas. »
La guerre en cours en Ukraine « aussi cruelle et insensée que n’importe quelle guerre, a une dimension plus grande et menace le monde entier, et ne peut manquer d’interpeller la conscience de chaque chrétien et de chaque Église ». Et le pape se demande ce que peuvent faire les Églises
« pour contribuer au développement d’une communauté mondiale, capable de réaliser la fraternité à partir de peuples et de nations qui vivent dans l’amitié sociale… et pour désirer l’unité pour laquelle le Seigneur a prié et donné sa vie ».
« Aujourd’hui, face à la barbarie de la guerre, cette aspiration à l’unité doit être nourrie à nouveau. Ignorer les divisions entre chrétiens, par habitude ou par résignation, c’est tolérer cette pollution des cœurs qui constitue un terrain fertile pour les conflits…L’annonce de l’Évangile de la paix ne sera crédible que si elle est proclamée par des chrétiens enfin réconciliés en Jésus. »
Le P. Anizan a donné aux Fils de la Charité qu’il a fondés, l’idéal du Bon Pasteur. Il leur a demandé de le « reproduire » en milieux populaires. Merci à vous, chrétiens de Ste Hélène, qui nous aidez à vivre de l’élan de cet idéal :
« Combien de milieux, surtout pauvres et ouvriers, où les âmes sont comme des brebis sans pasteurs ! Elles ne sentent pas cet intérêt qu’un vrai et bon pasteur porte à ses brebis…
Soyez tout entiers aux âmes ; intéressez-vous à elles ; consacrez-leur votre temps, votre santé, vos facultés, tout. Jésus Christ s’est fait tout à tous. Oh : le bon Pasteur !
Notre Seigneur connaissait tous ceux qui le suivaient. Il les connaissait comme Dieu, mais il les connaissait aussi parce qu’il vivait sans cesse avec eux, partageant leurs peines, leurs souffrances, se livrant à eux, ne les quittant que pour prier, et même abandonnant quelquefois la prière pour répondre à leur désir de le voir. Il vivait de leur vie. Il constatait leurs besoins, et y répondait avec une intelligence admirable. Il faudra que vous aussi vous travailliez à connaître les brebis que Dieu vous confiera.
Informez-vous de l’état des âmes là où vous irez, des milieux où elles vivent, des difficultés qu’elles rencontrent, de leurs aspirations, de leurs besoins. Cherchez ce qu’il y a de bien en elles, les points forts et les points faibles. Cherchez à bien connaître chacune des âmes qui viennent à vous.
Et puis, faites-vous connaître, montrez votre cœur, le désir que vous avez de faire du bien. Faites savoir que vous êtes à la disposition de tous, surtout des pauvres, des déshérités, de ceux qui souffrent et ont besoin de vous. » Voilà aussi ce que vous devez faire : paître votre troupeau, lui donner la vie avec abondance : c’est-à-dire la lumière, la grâce, la force, la consolation, le pardon, la divine Eucharistie et enfin la vie éternelle. »
Dans un monde parfois angoissant, la tentation est de ne voir que ses propres limites et lourdeurs. Un beau texte (auteur inconnu) nous dit que l’on est invité à aimer Dieu comme on est …
« Je connais ta misère, les combats et les tribulations de ton âme, la faiblesse et les infirmités de ton corps, je sais ta lâcheté, tes péchés, tes défaillances ; je te dis quand même : ’’donne-moi ton coeur, aime-moi comme tu es’’.
Aime-moi comme tu es. A chaque instant et dans quelque position que tu te trouves, dans la ferveur ou dans la sécheresse, dans la fidélité ou dans l’infidélité.
Aime-moi tel que tu es. Je veux l’Amour de ton coeur indigent ; si pour m’aimer tu attends d’être parfait, tu ne m’aimeras jamais.
Mon enfant, laisse-moi t’aimer, je veux ton coeur. Je compte bien te former, mais en attendant, je t’aime comme tu es. Et je souhaite que tu fasses de même, je désire voir du fond de ta misère monter l’Amour. J’aime en toi jusqu’à ta faiblesse. J’aime l’amour des pauvres ; je veux que de l’indigence s’élève continuellement ce cri : Seigneur, je vous aime. C’est le chant de ton coeur qui m’importe. Qu’ai-je besoin de ta science et de tes talents ? Ce ne sont pas des vertus que je demande, et si je t’en donnais, tu es si faible que bientôt l’amour propre s’y mêlerait, ne t’inquiètes pas de cela.
Aujourd’hui je me tiens à la porte de ton cœur, comme un mendiant, moi le Seigneur des seigneurs. Je frappe et j’attends, hâte-toi de m’ouvrir, n’allègue pas ta misère. Ton indigence, si tu la connaissais pleinement, tu mourrais de douleur. Cela seul pourrait me blesser le coeur : te voir douter et manquer de confiance Mais souviens toi : ’’Aime-moi comme tu es’’.
N’attends pas d’être un Saint pour te livrer à l’Amour, sinon tu n’aimeras jamais. »
Ce dimanche de Pâques, lors de sa bénédiction Urbi et Orbi, le pape François a parlé avec gravité de l’actualité des guerres sur la planète et de leur lien mystérieux avec les plaies du Christ. Extraits…
« Nous avons besoin du Crucifié Ressuscité pour croire en la victoire de l’amour, pour espérer en la réconciliation. Aujourd’hui plus que jamais nous avons besoin de Lui, qu’il vienne parmi nous et nous dise encore : « La paix soit avec vous ! ».
Lui seul peut le faire. Lui seul a le droit de nous annoncer la paix aujourd’hui. Jésus seul, parce qu’il porte les plaies, nos plaies. Ses plaies sont deux fois les nôtres : les nôtres parce qu’elles Lui ont été faites par nous, par nos péchés, par notre dureté de cœur, par notre haine fratricide ; et les nôtres parce qu’il les porte pour nous, il ne les a pas effacées de son Corps glorieux, il a voulu les garder en lui pour toujours. Elles sont un sceau ineffaçable de son amour pour nous, une intercession perpétuelle pour que le Père céleste les voie et qu’il ait pitié de nous et du monde entier. Les plaies dans le Corps de Jésus ressuscité sont le signe de la lutte qu’il a menée et vaincue pour nous, avec les armes de l’amour, afin que nous puissions avoir la paix, être en paix, vivre en paix.
En regardant ces plaies glorieuses, nos yeux incrédules s’ouvrent, nos cœurs endurcis s’ouvrent et laissent entrer l’annonce pascale : « La paix soit avec vous ! » .Frères et sœurs, laissons la paix du Christ entrer dans nos vies, dans nos maisons, dans nos pays ! »
La Résurrection, un fait de l’histoire mais aussi une force toujours en action. Extrait de l’Encyclique « La Joie de l’Évangile » du pape François, n° 276…
« La résurrection de n’est pas un fait relevant du passé ; elle a une force de vie qui a pénétré le monde. Là où tout semble être mort, de partout, les germes de la résurrection réapparaissent. C’est une force sans égale. Il est vrai que souvent Dieu semble ne pas exister : nous constatons que l’injustice, la méchanceté, l’indifférence et la cruauté ne diminuent pas. Pourtant, il est aussi certain que dans l’obscurité commence toujours à germer quelque chose de nouveau, qui tôt ou tard produira du fruit. Dans un champ aplani commence à apparaître la vie, persévérante et invincible. La persistance de la laideur n’empêchera pas le bien de s’épanouir et de se répandre toujours. Chaque jour, dans le monde renaît la beauté, qui ressuscite transformée par les drames de l’histoire. Les valeurs tendent toujours à réapparaître sous de nouvelles formes, et de fait, l’être humain renaît souvent de situations qui semblent irréversibles. C’est la force de la résurrection et tout évangélisateur est un instrument de ce dynamisme. »
Nous venons de célébrer les RAMEAUX avec l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem. La semaine sainte nous invite à entrer plus avant dans le Mystère de Celui qu est allé « jusqu’au bout », faisant le don de sa Vie pour une humanité nouvelle. Vivons ensemble et avec ferveur les jours saints...
« Le JEUDI SAINT, rappel du dernier repas de Jésus avec ses disciples (La Sainte Cène). Par l’institution de l’eucharistie et le geste du lavement des pieds, le Christ unit étroitement Sa présence avec le soin des autres : " il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime." L’adoration en fin, nous fait veiller avec le Christ dans la prière.
Le VENDREDI SAINT, Mort du Christ, jour de silence : quand la mort vient nous frapper, nous le savons, les mots sont insuffisants et paraissent dérisoires. Mais le silence fait place à la Parole de Dieu présente dans le corps crucifié de Jésus. Le chemin de croix et la vénération de la Croix, le soir, nous font revivre l’offrande d’une vie donnée à Dieu pour mettre fin à la haine et à la violence et pour qu’un jour, les hommes puissent vivre d’amour.
Le SAMEDI SAINT est jour de l’absence mais aussi jour de l’attente et de l’espérance. Car, à la tombée de la nuit, la communauté se réunit joyeusement pour la VEILLEE PASCALE. La Lumière nouvelle de la Résurrection du Christ, symbolisée par la bénédiction du Cierge pascal, nous conduit avec les nouveaux baptisés à célébrer la Vie Nouvelle du Christ. Le dimanche de PÂQUES, est jour de création et de re-création. Faits " créatures nouvelles". Désormais, l’Esprit du Ressuscité est à l’œuvre avec nous, au cœur de ce monde ! »
Lors de la fête de l’Annonciation, François a rappelé l’importance du sacrement de la Réconciliation. Extraits…
« La première fois, en la saluant, il dit : « Réjouis-toi, pleine de grâce : le Seigneur est avec toi » (Lc 1, 28). La raison de se réjouir, le motif de la joie, est révélé en quelques mots : le Seigneur est avec toi. Frère, sœur, tu peux entendre ces mêmes paroles qui te sont adressées aujourd’hui ; tu peux les faire tiennes chaque fois que tu t’approches du pardon de Dieu, parce que là, le Seigneur te dit : « Je suis avec toi ». Trop souvent, nous pensons que la Confession consiste à aller vers Dieu la tête baissée. Mais ce n’est pas d’abord nous qui revenons au Seigneur, c’est Lui qui vient nous visiter, nous combler de sa grâce, nous réjouir de sa joie. Se confesser, c’est donner au Père la joie de nous relever.
Redonnons le primat à la grâce et demandons le don de comprendre que la Réconciliation n’est pas d’abord un pas que nous faisons vers Dieu, mais son étreinte qui nous enveloppe, nous étonne, nous émeut. C’est le Seigneur qui, comme chez Marie à Nazareth, entre dans notre maison et apporte un émerveillement et une joie inconnus jusqu’alors : la joie du pardon. Mettons la perspective de Dieu au premier plan : nous retrouverons l’amour de la Confession.
Nous en avons besoin, car chaque renaissance intérieure, chaque tournant spirituel commence à partir de là, du pardon de Dieu. Ne négligeons pas la Réconciliation, mais redécouvrons-la comme le Sacrement de la joie. Oui, de la joie, là où le mal qui nous fait honte devient une occasion de faire l’expérience de la chaleureuse étreinte du Père, la douce force de Jésus qui nous guérit, la « tendresse maternelle » de l’Esprit Saint. Voilà le cœur de la Confession. »
Dans 15 jours, 1er tour des Présidentielles. Voter, un devoir des chrétiens parce que citoyens ! Les Évêques de France nous l’ont rappelé il y a peu. Extraits…
« Enracinés dans l’expérience baptismale et ecclésiale de la fraternité, nous souhaitons contribuer à la fraternité sociale et universelle. Il ne s’agit pas de confondre les réalités spirituelles et temporelles, mais bien de les articuler. Nous ne sommes pas tiraillés entre notre identité de croyants et notre identité de citoyens parce qu’elles ne se situent pas sur le même plan. Les ressources spirituelles de notre foi emplissent nos cœurs de joie et éclairent nos choix de vie...
Les évêques ne sortent pas de leur rôle en encourageant les chrétiens à exercer pleinement leurs responsabilités de citoyens, c’est-à-dire d’électeurs et d’acteurs du bien commun. Pour autant, nous ne donnons ni ne donnerons de consignes de vote, encourageant plutôt chacun à voter en conscience à la lumière des critères de discernement de l’Église. Le Cardinal Vingt-Trois en 2011 a écrit : « « Nous devons soigneusement distinguer ce qui relève de l’impossibilité de conscience et ce qui relève d’un choix encore acceptable, même s’il ne correspond pas totalement à nos convictions, parce que, alors, un bien, même modeste, reste réalisable ou peut être sauvegardé, en tout cas davantage que dans d’autres hypothèses. Il ne s’agit pas de se résigner au moindre mal, mais de promouvoir humblement le meilleur possible, sans illusion ni défaitisme, et simplement avec réalisme ».
Nous traversons des temps rudes et périlleux. Les échéances qui approchent seront cruciales. Mais la peur est toujours mauvaise conseillère. C’est l’espérance qui ouvre le chemin des choix courageux et salutaires. Dans la foi, nous savons que « l’espérance ne déçoit pas parce que l’amour de Dieu est répandu dans nos cœurs »
Conférence des Évêques de France « L’espérance ne déçoit pas » 2022
A quelques jours de l’enlèvement des 7 moines de Tibhirine (Algérie), en mai 1996, et avec ses frères qui ont choisi de rester fidèles au peuple Algérien malgré les menaces d’enlèvement d’Islamiste, Christian de Chergé, prieur de la communauté, médite sur la patience…
« Il faut durer dans la patience, participer par la patience aux souffrances du Christ, sans enjamber sur l’avenir qui n’appartient qu’à Dieu. Il n’y a d’espérance que là où l’on accepte de ne pas voir l’avenir. Pensons au don de la manne. Il était quotidien. Mais on ne pouvait en garder pour le lendemain. Vouloir imaginer l’avenir c’est faire de l’espérance-fiction. Les Apôtres s’inquiétaient parce qu’ils n’avaient qu’un seul pain. Ils ne comprenaient pas que cela suffisait. Nous savons qui est le pain. S’il est avec nous, le pain sera multiplié. Dès que nous pensons l’avenir, nous le pensons comme le passé. Nous n’avons pas l’imagination de Dieu. Demain sera autre chose et nous ne pouvons pas l’imaginer. Cela s’appelle « la pauvreté » …
L’avenir appartient à Dieu qui, de toute façon, veut nous combler. Notre grande grâce, comme Église en Algérie, c’est que nous rejoignons, dans cet abandon, les jeunes de ce pays, de ce continent, qui ne voient pas quel est leur avenir. Et nous voudrions d’autres assurances ?
Nous avons à être témoins de l’Emmanuel, c’est à dire du « Dieu avec nous ». Il y a une présence du « Dieu parmi les hommes » que nous devons assumer, nous… Dieu a tant aimé les Algériens qu’il leur a donné son Fils, son Église, chacun de nous.« Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. »
En ce jour de la Transfiguration de Jésus, nous nous rappelons que les « trouées de ciel » dans nos vies déposent en nous la Joie de croire.
« La joie de croire n’est pas au bout de la foi : quand notre vie sera bien droite, accordée en toute chose au désir de Dieu. La joie de croire n’est pas dans l’exposé satisfait, tel celui de l’homme dans le temple : « Mon Dieu, je te rends grâce que je ne suis pas comme le reste des hommes ». Elle n’est pas au bout d’une
performance. Elle ne s’obtient pas par nos œuvres. Elle ne demande pas de savoir bien prier. Elle ne m’impose ni méthode, ni tracé, ni mission.
La joie est en chaque recommencement hésitant. Elle vient vers nous au printemps comme en hiver ou aux temps de sécheresse. Humble, elle est à la porte et frappe. A qui ouvre, elle entre, et prend la tenue de service. Elle nous raconte son histoire : don du Père et du Fils, son souci est que nous sentions en notre chair, parfois déchirée de malheur, que nous ne sommes pas délaissés.
Elle a fait un long voyage pour se tenir auprès du plus obscur de nos existences. C’est là qu’elle fait sa maison. Une demeure ouverte au vent et au soleil, aux vivants. Elle ne sait pas protéger des duretés de la vie, mais, quand nous y revenons, nous goûtons, éberlués, qu’elle nous attend, protection mystérieuse, du sein de l’histoire souvent si brutale, inhumaine. Elle annonce au creux du cœur, de ses chagrins immenses comme de ses paix miraculeuses, que la vie vaut la peine d’être habitée. Parce que la Foi et la Joie sont offertes sans mesure, monte en nous le désir de devenir plus vivant, aimant, vrai, pas à pas. »
Véronique Margron
Quand on a décidé de partir à la découverte de Dieu, il faut faire ses bagages et se mettre en route. La montagne de Dieu est à peine visible dans le lointain, c’est pour cela qu’il faut partir avant l’aube. Avant de partir, il y a quelques coups de hache et de serpe à donner : des décisions à prendre, des choix à faire dans sa vie, ses relations, son emploi du temps. Tout ça pour éviter que le train-train quotidien ne prenne le dessus.
En tranchant dans tout cela, on voit immédiatement que l’on tranche quelque chose en soi. Mais il ne faut pas attendre d’être un super-chrétien attaché à Dieu pour partir, car alors il se fait tard, et la route est longue.
Il faut partir avec tout ce que l’on est … Il faut tout prendre : se plaies, ses bosses, ses grandeurs et ses faiblesses, ses grandes passions, ses tendances les plus basses et les plus violentes… Prendre tout, tout, car chacun va à la découverte de Dieu avec ce qu’il est, et ce que la vie a fait de lui. Dieu veut entrer en relation avec chacun de nous tel qu’on est, et non pas tel qu’on rêve d’être.
D’après Yves Raguin
Ce mercredi 23 février, avant le début des hostilités, le pape a pris la parole
« J’ai une grande douleur dans mon cœur pour l’aggravation de la situation en Ukraine, En dépit des efforts diplomatiques de ces dernières semaines, des scénarios toujours plus alarmants s’ouvrent. Comme moi, de nombreuses personnes, dans le monde entier, éprouvent angoisse et préoccupation. Encore une fois, la paix de tous est menacée par des intérêts partisans. »
« Je voudrais en appeler à ceux qui ont des responsabilités politiques pour qu’ils fassent un examen de conscience sérieux devant Dieu, qui est le Dieu de la paix et non de la guerre, a insisté le pape. Qui est le Père de tous et pas seulement de quelqu’un. Qui nous veut frères et pas ennemis. Je prie toutes les parties impliquées de s’abstenir de toute action qui provoquerait encore plus de souffrance des populations, en déstabilisant la coexistence entre les nations et en discréditant le droit international. »
« Et maintenant je voudrais en appeler à tous, croyants et nos croyants. Jésus nous a enseigné qu’à l’absurdité diabolique de la violence, on répond par les armes de Dieu, par la prière et par le jeûne. J’invite tout le monde à faire le 2 mars prochain, Mercredi des Cendres, une journée de jeûne pour la paix. J’encourage spécialement les croyants pour que ce jour-là, ils se consacrent intensément à la prière et au jeune. Que la Reine de la paix préserve le monde de la folie et de la guerre.
Extraits de « Zénit »
L’Évangile de ce jour nous invitait à la Miséricorde. La douceur est l’une de ses sœurs, bien indispensable dans un monde rude et violent.
" La douceur n’a rien à voir avec la mièvrerie, ou avec une neutralité qui nous exonérerait de tout engagement. Elle nécessite souvent de la force, de la bonne violence, car cette douleur-là ne va pas de soi. Elle peut être traduite par une qualité de paix intime. « Heureux les doux : ils posséderont la terre ! » rappellent les Béatitudes.
Elle est une tranquillité du lien. Non une quiétude endormie, désinvolte ; bien au contraire. Elle caractérise une union où du bonheur s’éprouve, dans un apaisement du cœur et de l’esprit. Il advient bien rarement sans labeur, sans attention. Car – ne nous leurrons pas – au sein des liens intimes la peur n’est jamais très éloignée : angoisse de faire du mal, de ne pas comprendre l’autre, de ne pas être aimé, de mal aimer, de ne plus être assez maître de soi, de se tromper…
La confiance, c’est cette douceur du lien qui vient l’emporter sur la crainte. Sans pour autant en finir avec elle. La vigilance, la veille, est toujours nécessaire. Pourtant la douceur est l’horizon de notre vie amoureuse, comme de notre vie amicale ou familiale. Car elle fait vivre. Elle va au-delà de l’ajustement de la relation à l’autre, qui n’est déjà pas facile. En effet, si celui-ci est indispensable, il ne façonne pas du vivre. Il s’agit de donner le goût de respirer, d’aimer, de continuer à chercher cette douceur offerte – signe, trace du bonheur aperçu, touché. "
Sr Véronique Margron, présidente des religieuses et religieux de France
A l’occasion de la Journée Mondiale du Malade, extrait de la lettre du pape François…
" Combien de fois les Évangiles nous rapportent-ils les rencontres de Jésus avec des personnes frappées par différentes maladies. Il « parcourait toute la Galilée, enseignant dans leurs synagogues, proclamant la Bonne Nouvelle du Royaume et guérissant toute maladie et toute langueur parmi le peuple » (Mt 4, 23). Pourquoi cette attention particulière de Jésus à l’égard des malades, au point que celle-ci devient même l’œuvre principale dans le cadre de la mission des apôtres ? (cf. Lc 9, 2).
Un penseur du XX ème siècle nous suggère une raison : « La douleur isole d’une manière absolue et c’est de cet isolement absolu que naît l’appel à l’autre, l’invocation à l’autre ». Quand une personne, dans sa propre chair, fait l’expérience de la fragilité et de la souffrance à cause de la maladie, son cœur devient lourd, la peur s’accroît, les interrogations se multiplient, la demande de sens pour tout ce qui arrive devient plus urgente…
D’où l’importance d’avoir auprès de soi des témoins de la charité de Dieu… Combien de malades et de personnes âgées vivent chez eux et attendent une visite ! Le ministère de la consolation est un devoir de tout baptisé, en se souvenant de la parole de Jésus : « J’étais malade et vous m’avez visité » (Mt 25, 36)."
L’Évangile du jour retraçait l’appel de Pierre à suivre le Christ. Mais évangéliser aujourd’hui c’est quoi ?
« Le Seigneur nous a envoyés évangéliser les hommes. Mais as-tu déjà réfléchi à ce que c’est évangéliser les hommes ?
Évangéliser un homme, vois-tu, c’est lui dire : Toi aussi, tu es aimé de Dieu dans le Seigneur Jésus. Et pas seulement de lui dire, mais le penser réellement. Et pas seulement le penser, mais se comporter avec cet homme de telle manière qu’il sente et découvre qu’il y a en lui quelque chose de sauvé, quelque chose de plus grand et de plus noble que ce qu’il pensait, et qu’il s’éveille ainsi à une nouvelle conscience de soi.
C’est cela, lui annoncer la Bonne Nouvelle. Tu ne peux le faire qu’en lui offrant ton amitié. Une amitié réelle, désintéressée, sans condescendance, faite de confiance et d’estime profondes.
Il nous faut aller vers les hommes. La tâche est délicate. Le monde des hommes est un immense champ de lutte pour la richesse et la puissance. Et trop de souffrance et d’atrocité leur cachent le visage de Dieu. Il ne faut surtout pas qu’en allant vers eux nous leur apparaissions comme une nouvelle espèce de compétiteurs. Nous devons être au milieu d’eux les témoins pacifiés du Tout- Puissant, des hommes sans convoitises et sans mépris, capables de devenir réellement leurs amis. C’est notre amitié qu’ils attendent, une amitié qui leur fasse sentir qu’ils sont aimés de Dieu et sauvés en Jésus-Christ. »
Eloi Leclerc
A l’occasion de la sortie d’un texte des Évêques de France " L’espérance ne déçoit pas ", rédigé à l’approche des prochaines élections présidentielles, Mgr Eric de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des Évêques, a répondu à quelques questions dont celles-ci… Extraits.
Sur les " fragilités humaines et spirituelles " et la capacité de créativité de notre société.
Notre société est fracturée, avec beaucoup de violence latentes ou exprimées et de colère. Mais elle a aussi montré, pendant la crise sanitaire, de fortes capacités d’unité et de rebond. De même après les attentats, le tissu social a tenu. L’un des enjeux de la campagne est d’ailleurs qu’elle ne soit pas l’occasion de le déchirer encore plus, mais de le retisser. L’archipélisation, voire le séparatisme est réel, mais nous faisons le pari qu’il ne s’agit pas du dernier mot sur la société française. Or, ce qui fonde notre démocratie, c’est la décision de vivre ensemble en paix…
Sur l’abstention
C’est un phénomène inquiétant. Nous
encourageons tout le monde à voter, même blanc. Le vote blanc est une manière d’exercer son devoir de citoyen. Je suis à titre personnel favorable à ce qu’il soit pris en compte…
Sur la défense des " valeurs chrétiennes ".
Les valeurs chrétiennes sont moins à défendre qu’à choisir. Comme le disait le cardinal Ratzinger (devenu le pape Benoît XVI), la marque d’une grande civilisation, c’est sa capacité à accueillir des apports extérieurs. Une civilisation qui ne va pas bien se durcit, se ferme, dans la nostalgie d’un passé disparu. La richesse du christianisme permet à la France d’accueillir et d’intégrer ce que d’autres civilisations peuvent vivre d’humain. Quand on est solide dans ce qu’on croit et l’affirmation de ce qu’on est, on a d’autant moins peur de s’ouvrir et d’accueillir. La « France chrétienne » n’est pas figée à un moment de son histoire car une civilisation vivante est faite du tri opéré entre des idées et des valeurs et des enrichissements consentis, des échanges réciproques… C’est en puisant dans sa richesse chrétienne que la France saura s’enrichir paisiblement de la vie de la vaste humanité…
La Croix du 19 janvier 2022
La semaine pour l’unité des Chrétiens se tient du 18 au 25 janvier, avec une pensée spéciale pour les Chrétiens d’Orient. Au-delà des traditions, rituels ou sensibilités théologiques, c’est l’occasion pour les Orthodoxes, Protestants et Catholiques de se recentrer sur le cœur commun de notre foi qu’est le Christ. Comme nous le dit le P. Serge Sollogoub, recteur de la paroisse orthodoxe de Meudon.
" L’unité entre chrétiens ne se trouvera pas en négociant des accords, en mettant en valeur ce qui nous rapproche et en dissimulant ce qui peut nous heurter, mais bien en restant centrés sur l’essentiel, sur le cœur de notre foi : le Christ…
Les chrétiens d’Orient sont, toujours aujourd’hui, persécutés et martyrisés au nom de leur foi. En Orient, la communauté chrétienne est divisée en une multitude d’Églises que vivent les chrétiens d’Orient, combien l’unité est indispensable pour tous les chrétiens ! Ils nous montrent le côté tragique de leur faiblesse, même si de la faiblesse jaillit la force de Dieu, selon les écrits de Paul. Ils montrent au monde combien il y a urgence à en finir avec dix siècles de division…
La route est longue, mais nous ne nous décourageons pas. Il faut nous aussi, accepter de nous déplacer, ou plutôt de déplacer nos centres, nos préoccupations. Il ne s’agit pas de défendre nos traditions, nos habitudes, nos manières de faire de la théologie, mais de se recentrer sur le Christ et d’accepter de retourner par un autre chemin. Ce retournement, radical, c’est la ’métanoïa’ , la conversion vers le Christ, qui sera possible en sortant des sentiers battus et en invoquant cette unité par la prière, car l’unité entre chrétiens sera un don de Dieu, ce qui nous permet de l’espérer. Je suis intimement persuadé que cette unité arrivera plus vite que l’on croit : il nous faut donc préparer et convertir nos cœurs pour être prêts à l’accepter le jour venu. "
Extraits interview " Paris Notre Dame " 20 janvier
En ce dimanche où Marie ’provoque’ Jésus à faire son 1er miracle à Cana, le pape nous invite à méditer la place des femmes au sein de la société et l’Église…
" Nous avons besoin de personnes capables de tisser des fils de communion, pour contrer les trop nombreux fils barbelés des divisions. Et cela, les mères savent le faire.
La nouvelle année commence sous le signe de la Sainte Mère de Dieu, sous le signe de la mère. Le regard maternel est le chemin pour renaître et grandir. Les mères, les femmes regardent le monde non pour l’exploiter, mais pour qu’il ait la vie : en regardant avec le cœur, elles réussissent à tenir ensemble les rêves et le concret, en évitant les dérives du pragmatisme aseptisé et de l’abstraction.
Et l’Église est mère, elle est mère de cette façon, l’Église est femme, elle est femme de cette façon. C’est pourquoi nous ne pouvons pas trouver la place de la femme dans l’Église sans la considérer dans son cœur de femme-mère.
Voilà la place de la femme dans l’Église, la grande place de laquelle dérivent les autres plus concrètes, secondaires. Mais l’Église est mère, l’Église est femme. Et pendant que les mères donnent la vie et que les femmes gardent le monde, faisons tous en sorte de promouvoir les mères et de protéger les femmes. Que de violence il y a à l’égard des femmes ! Assez !
Blesser une femme, c’est outrager Dieu qui a pris l’humanité d’une femme, pas d’un ange, pas directement, d’une femme. Comme d’une femme, l’Église- femme prend l’humanité des enfants. "
Homélie de François, 1er janvier 2022 (Extraits)
En ce jour où nous célébrons le baptême de Jésus, le pape François nous rappelle que notre baptême doit être témoignage de Celui qui nous fait vivre…
" La première motivation pour évangéliser est l’amour de Jésus que nous avons reçu, l’expérience d’être sauvés par lui qui nous pousse à l’aimer toujours plus. Mais, quel est cet amour qui ne ressent pas la nécessité de parler de l’être aimé, de le montrer, de le faire connaître ? Si nous ne ressentons pas l’intense désir de le communiquer, il est nécessaire de prendre le temps de lui demander dans la prière qu’il vienne nous séduire.
La meilleure motivation pour se décider à communiquer l’Évangile est de le contempler avec amour, de s’attarder en ses pages et de le lire avec le cœur. Si nous l’abordons de cette manière, sa beauté nous surprend, et nous séduit chaque fois. Nous sommes les dépositaires d’un bien qui humanise, qui aide à mener une vie nouvelle. Il n’y a rien de mieux à transmettre aux autres.
Toute la vie de Jésus, sa manière d’agir avec les pauvres, ses gestes, sa cohérence, sa générosité quotidienne et simple, et finalement son dévouement total, tout est précieux et parle à notre propre vie. L’enthousiasme dans l’évangélisation se fonde sur cette conviction. Nous disposons d’un trésor de vie et d’amour qui ne peut tromper, le message qui ne peut ni manipuler ni décevoir. C’est une réponse qui se produit au plus profond de l’être humain et qui peut le soutenir et l’élever. C’est la vérité qui ne se démode pas parce qu’elle est capable de pénétrer là où rien d’autre ne peut arriver.
Nous savons bien qu’avec lui la vie devient beaucoup plus pleine et qu’avec lui, il est plus facile de trouver un sens à tout. C’est pourquoi nous évangélisons. Le véritable missionnaire, qui ne cesse jamais d’être disciple, sait que Jésus marche avec lui, parle avec lui, respire avec lui, travaille avec lui. Il ressent Jésus vivant avec lui au milieu de l’activité missionnaire. "
Pape François, Extraits de " La Joie de l’Evangile "
Scientifique à l’esprit rationaliste, Philippe Guillard a longtemps cherché à étancher sa soif d’infini, en vain. Jusqu’à cette nuit de Noël 2015, où tout a basculé alors qu’il est invité chez une amie à réveillonner…
" A 20 h 15, alors qu’elle s’apprête à glisser un plat dans le four, Jeanne s’arrête et me dit subitement : " Je dois t’emmener là où tu veux aller. " Je la regarde ébahi, du fauteuil où j’étais en train de lire, et l’interroge : " Mais où ?" Dehors, il pleut à verse, je n’ai aucune envie d’aller nulle part. " Je t’emmène à la messe. " L’idée est à ce point incongrue que j’éclate de rire. Car elle n’est pas croyante et moi non plus ! Seules des fades images me restent du catéchisme de mon enfance. Je n’ai pas la foi et même le mot " catholique " me révulse. " Si, on y va " insiste-t-elle. Puis, ni une, ni deux, elle enfile son manteau et sort. Je la suis à reculons dans la nuit froide. Nous arrivons devant une façade mal éclairée, il est 20 h 30. Nous pénétrons dans la pénombre et trouvons deux chaises libres…
La messe commence et je la passe dans une joie indescriptible. Je la vis en profondeur jusqu’à communier, jusqu’à m’émerveiller du poupon que le prêtre porte en procession et qu’il dépose dans un lit de paille. Je suis saisi d’amour. Et je me découvre, dans la plus claire des certitudes, fondamentalement croyant et catholique. J’ai compris bien plus tard que ce soir-là, Marie a fait de mon cœur une crèche pour son Fils. Elle l’y a placé pour qu’il naisse en moi et me fasse naître à la Vie… Ma joie immense était le fruit de ma rencontre avec Marie. Elle était aussi une joie du Père retrouvant son fils prodigue qui a erré loin de lui de longues années…
En cette nuit de la Nativité, j’ai su au plus intime de moi-même que le Christ était " le chemin, la vérité et la vie. " J’ai perçu cela en un instant, mais sans en mesurer la profondeur. En toute confiance, j’ai donné ma main à Jésus en lui disant : " Oui, conduis-moi. " Et il m’a conduit avec une grande délicatesse… Je suis devenu le spectateur d’un merveilleux chirurgien qui opère de façon extrêmement vive et précise, qui sait ce qu’il fait et où il va puisqu’il me connaît mieux que moi. C’est bouleversant de voir cette main qui œuvre en soi ! L’aventure de la conversion s’approfondit et devient alors l’aventure de la Vie."
Extraits de " La Vie " (les Essentiels) du 16 décembre 2021
A quelques jours de Noël, avec Marie qui accueille l’imprévu de Dieu…
" L’intervention d’un ange est toujours une manière délicate de signifier une rencontre qui dépasse tout ce que l’on peut imaginer. À un moment donné, Marie comprend intérieurement qu’elle a un avenir complètement différent de celui qu’elle avait prévu. Et elle l’accepte. Elle a foi en une parole très mystérieuse, extrêmement intime, que personne ne peut affirmer connaître…
Marie a quinze ans. C’est une adolescente. Elle comprend qu’elle va tomber enceinte mais ne sait pas comment. Elle comprend intérieurement qu’elle va donner la vie de façon parfaitement inattendue et elle l’accepte. Cela va l’emmener loin car à l’époque, être fille-mère n’est pas facile. J’aime beaucoup ce passage du Magnificat où elle parle de l’humiliation de la servante de Dieu. Nous avons traduit cela par le mot « humilité » qui rend sa parole pieuse, mais elle dit bien le mot « humiliation ». Elle a certainement connu quelque chose qui relève de l’humiliation. Elle s’est sûrement fait moquer par les autres, enceinte d’on ne sait pas qui. Elle acquiesce à tout cela…
La foi de Marie nous renvoie à tous nos gestes de confiance. Personne ne peut savoir ce que ce jeune couple va vivre, traverser ou endurer. Mais au moment où ils décident de vivre ensemble, ils consentent à cela de manière joyeuse... Mais assez vite, ils doivent partir sur les routes pour se faire recenser à Bethléem. Il faut essayer de se représenter une femme à huit mois de grossesse contrainte de franchir des kilomètres à pied ou à dos d’âne parce qu’un homme a décrété qu’il fallait compter les gens ! On est dans l’absurdité administrative. Ensuite, ils arrivent et il n’y a pas de place pour eux dans l’auberge… Cela nous enseigne que l’accueil de la Parole de Dieu dans nos vies, le consentement à cette Parole, la foi, nous emmènent dans des endroits imprévus. "
Anne LÉCU, dominicaine, médecin travaillant en prison
La renonciation à sa charge que Mgr Michel Aupetit a remise entre les mains du Pape dans le souci du bien du diocèse et la décision de celui-ci de l’en relever est une épreuve pour votre diocèse, pour Mgr Aupetit tout d’abord et pour vous tous. Prions pour lui et les uns pour les autres. Qu’aucune division, aucun propos inutile n’ajoutent encore à l’épreuve qui est assez lourde ainsi. Que chacun entre en lui-même et redise sa confiance à Celui qui est Maître du temps et des cœurs. Que chacun poursuive sa propre conversion et sa marche à la suite du Seigneur.
Le Pape François m’a demandé de vous rejoindre pour quelques mois comme Administrateur Apostolique du diocèse. Cela m’impressionne, mais je n’ai pas cru devoir m’y dérober. Je m’efforcerai de servir et de donner le meilleur de moi-même avec l’équipe épiscopale. Je sais que l’Église qui est à Paris est vivante, riche de ressources, de dynamismes de tous ordres. Je sais qu’ensemble à l’écoute du Seigneur, soutenus par le souffle de son Esprit nous allons poursuivre notre route, marqués par cette épreuve, mais conduits à plus d’humilité, de charité et d’espérance.
Le temps de l’Avent dans lequel nous venons d’entrer est un temps liturgique qui nourrit notre espérance en Celui qui ne cesse de venir, en Celui qui est Maître du temps et de l’Histoire. Il invite à l’intériorité, à la contemplation et appelle à la conversion…
A la demande du Pape François, toutes les Églises du monde sont entrées dans une démarche synodale : « Pour une Église synodale : Communion, participation, mission. » Poursuivons ensemble sur ce chemin déjà ouvert et si important pour que notre Église offre un visage toujours plus fraternel où chacun a sa place, se sente accueilli et écouté…
Mgr Georges Pontier, Administrateur Apostolique de Paris
" La parole de Dieu, on ne l’emporte pas au bout du monde dans une mallette : on la porte en soi, on l’emporte en soi.
On ne la met pas dans un coin de soi-même, dans sa mémoire comme sur une étagère d’armoire ou on l’aurait rangée. On la laisse aller jusqu’au fond de soi, jusqu’à ce gond où pivote tout notre être.
On ne peut pas être missionnaire sans avoir fait en soi cet accueil franc, large, cordial à la parole de Dieu, à l’Évangile.
Cette parole, sa tendance vivante, elle est de se faire chair, de se faire chair en nous.
Et quand nous sommes ainsi habités par elle, nous devenons aptes à être missionnaires.
Mais ne nous méprenons pas. Sachons qu’il est très onéreux de recevoir en soi le message intact. C’est pourquoi tant d’entre nous le retouchent, le mutilent, l’atténuent.
On éprouve le besoin de le mettre à la mode du jour comme si Dieu n’était pas à la mode de tous les jours, comme si on retouchait Dieu…
Une fois que nous avons connu la parole de Dieu, nous n’avons pas le droit de ne pas la recevoir ; une fois que nous l’avons reçue, nous n’avons pas le droit de ne pas la laisser s’incarner en nous, une fois qu’elle s’est incarnée en nous, nous n’avons pas le droit de la garder pour nous : nous appartenons dès lors à ceux qui l’attendent. "
Madeleine Delbrel " Nous autres, gens des rues
En ce temps de l’Avent, le dominicain Philippe Lefebvre nous invite à nous inspirer de St Joseph. Interview…
" Joseph est conscient de ce qui est en train de se passer… il vient d’accueillir Marie qui est déjà enceinte. Joseph est dans un monde difficile, une situation compliquée. Une situation politique compliquée aussi à son époque, avec Rome, Israël, l’établissement du royaume de David, etc. Il est conscient, il abrite, il vit un secret de vie que Dieu lui a confié. Autrement dit la vie vient de Dieu, le salut vient de Dieu, le salut est une personne qui lui est confiée.
Je pense que c’est de cela qu’on vit aujourd’hui. Le monde est compliqué, on ne comprend pas tout, mais nous savons que la vie vient de Dieu, qu’elle est donnée par Dieu, et qu’elle est promise à un avenir, à un cheminement qui va nous transformer, et transformer beaucoup aussi. Joseph est attentif, il est comme un détenteur conscient de ce don de vie de Dieu, dans un monde qui s’interroge et n’est pas spécialement "au courant" ou conscient autour de lui.
En ce temps de l’Avent, Saint Joseph a lui aussi toute sa place. Avec Marie, Ils sont embarqués dans cette aventure avec Dieu en étant homme et femme, ils se sont rencontrés par Dieu. Je dirais qu’ils sont les premiers à abriter ce secret de la vie donnée par Dieu, la vie d’un Fils de Dieu qui va transformer le monde. Je pense que l’Avent est un temps de retrait, et en ce moment le monde est peut-être un peu endormi, désespéré, mais il y a ce secret de vie qui nous unit, nous retient, qui nous prépare, et c’est cela que Joseph et Marie vivent d’abord. En cela, ils sont absolument des personnes à suivre et à rejoindre pendant ce temps de l’Avent."
En ce jour de la Messe des Familles, le pape François nous redit la place centrale des parents dans la croissance de leurs enfants. Extraits de " La Joie de l’Amour " (sur l’amour dans la famille).
172. « Dès qu’ils naissent, les enfants commencent à recevoir en don, avec la nourriture et les soins, la confirmation des qualités spirituelles de l’amour. Les actes de l’amour passent à travers le don du nom personnel, la transmission du langage, les intentions des regards, les illuminations des sourires et cela est l’amour, qui apporte une étincelle de celui de Dieu ! … Tous deux, homme et femme, père et mère, sont « les coopérateurs de l’amour du Dieu Créateur et comme ses interprètes ». Ils montrent à leurs enfants le visage maternel et le visage paternel du Seigneur. Si pour quelque raison inévitable l’un des deux manque, il est important de chercher une manière de le compenser, en vue de favoriser la maturation adéquate de l’enfant."
263. " Même si les parents ont besoin de l’école pour assurer une instruction de base à leurs enfants, ils ne peuvent jamais déléguer complètement leur formation morale. Le développement affectif et moral d’une personne exige une expérience fondamentale : croire que ses propres parents sont dignes de confiance. Cela constitue une responsabilité éducative : par l’affection et le témoignage, créer la confiance chez les enfants, leur inspirer un respect plein d’amour. Lorsqu’un enfant ne sent plus qu’il est précieux pour ses parents, cela crée des blessures profondes qui sont à l’origine de nombreuses difficultés dans sa maturation. "
Extrait de la déclaration du pape à l’occasion de la 5ème Journée Mondiale des pauvres…
" Jésus est non seulement du côté des pauvres, mais partage avec eux le même sort. C’est aussi un enseignement fort pour ses disciples de tous les temps. Ses mots « les pauvres, vous en aurez toujours avec vous » indiquent aussi ceci : leur présence parmi nous est constante, mais elle ne doit pas conduire à une habitude qui devienne indifférence, mais impliquer dans un partage de vie qui n’admet pas de procurations.
Les pauvres ne sont pas des personnes “extérieures” à la communauté, mais des frères et sœurs avec qui partager la souffrance, pour soulager leur malaise et leur marginalisation, pour qu’on leur rende la dignité perdue et qu’on leur assure l’inclusion sociale nécessaire. Par ailleurs, on sait qu’un geste de bienfaisance présuppose un bienfaiteur et quelqu’un qui en bénéficie, tandis que le partage engendre la fraternité.
L’aumône est occasionnelle ; tandis que le partage est durable. La première risque de gratifier celui qui la fait et d’humilier celui qui la reçoit ; la seconde renforce la solidarité et pose les conditions nécessaires pour parvenir à la justice. Bref, les croyants, lorsqu’ils veulent voir Jésus en personne et le toucher de leurs mains, savent vers qui se tourner : les pauvres sont un sacrement du Christ, ils représentent sa personne et nous renvoient à lui."
Les chiffres dévoilés par le Rapport Sauvé nous ont peut-être fait douter de l’Église. Dans le contexte difficile des années soviétiques, Alexandre Men, prêtre orthodoxe et théologien russe, appelait à la confiance En l’Église, avant d’être assassiné par le KGB à coups de hache, il écrivait…
" L’Église connaît orages et tempêtes, mais elle survit à toutes les crises de son histoire. Le secret de cette nature inébranlable réside dans le Fils de l’homme, qui selon l’expression de l’apôtre « est le même hier, aujourd’hui et pour toujours » et dans les dons de l’Esprit qui descendent encore sur ses fidèles…
Chaque fois que le christianisme semble mort et enterré, il se relève de son tombeau, tout comme le Christ crucifié et ressuscité, montrant combien sont justes les paroles « Tu es Pierre, le roc, et sur ce roc, je construirai mon Église, et la mort elle-même ne pourra rien contre elle. » Car c’est le Christ lui-même qui renouvelle constamment le christianisme et le mène à l’éternité…
Cette vie nouvelle n’a donné que ses premières, et encore tendres, pousses, car la religion de la Bonne Nouvelle est celle de l’avenir. Néanmoins le Royaume de Dieu est déjà là : il est dans la beauté du monde et partout où le bien règne parmi les hommes, dans les vrais disciples de Jésus, dans les saints et les chrétiens authentiques, dans tous ceux qui veulent le suivre et n’abandonnent pas leur maître au milieu des épreuves les plus dures de son Église.
Le christianisme est un idéal tellement élevé que nous n’y sommes pas encore parvenus. L’humanité chrétienne est en marche vers ce but. Il faut continuer à avancer. Sans faire fi de la tradition, aller vers les hommes tels qu’ils sont. L’Évangile ne se détourne pas de la vie terrestre. La Bonne Nouvelle est entrée dans le monde comme une force dynamique englobant tous les aspects de la vie.
Le christianisme n’a fait que commencer à tracer son chemin dans le monde."
Extraits Le christianisme ne fait que commencer
Quand je parle de vie éternelle, je ne parle pas de vie après la mort. En tout cas, pas seulement. Car si elle est éternelle, précisément, elle n’est pas dans le déroulement du temps : elle est hors du temps, ou plus exactement, elle est tout le temps. Maintenant, aussi bien qu’après ma mort quand je verrai Dieu face à face. Si Jésus nous offre la vie éternelle, c’est qu’il nous oblige à renoncer à nos frontières entre la vie ici-bas et la vie dans l’au-delà : c’est la même vie : La vie éternelle commence maintenant, et elle se poursuit éternellement. Cela ne veut pas dire que notre vie va se poursuivre toujours à l’identique, et que nous serons condamnés à prendre l’apéritif avec le beau-frère tous les dimanches pour les siècles des siècles… Espérer, c’est quelque chose de très concret : c’est croire que Dieu nous rend capables de poser des actes éternels. Que, quand nous aimons, cet amour n’est pas seulement un beau sentiment dans une marée d’absurdité vouée à la mort, mais une fenêtre que nous ouvrons sur l’éternité."
Adrien Candiard
« Un adage d’un maître oriental dit : « Cultivons ceux qui sont morts et qui ont accompli dans l’humanité une vraie liberté spirituelle car ils sont des sources de renouveau si nous les accueillons. » … Tous ceux que nous avons intériorisés, à qui nous avons donné un espace au fond de nous, peuvent devenir une source constante. On parle d’un deuil conduit à son terme lorsque, par-delà sa peine, on a réussi à intérioriser la personne disparue. Nous devrions faire cela pour les défunts comme pour certains épisodes de notre vie passée, les enregistrer jusqu’à ce qu’ils deviennent en nous une source intarissable. »
Benoît Standaert
La prière, à mesure que j’entre en communion avec lui, je ne peux empêcher que surgisse en moi la question : ce corps inerte qui est là, peut-il le résumer ? Autrement dit, tout ce qui fait son être est-il réduit à ce cadavre qu’on va mettre sous terre ? Certes, sans ce corps, beaucoup de choses n’auraient pas été. Mais à partir du corps s’est déployé un esprit, s’est révélée une âme qui est la marque de l’unicité de son être que plus rien ne peut remplacer ni effacer. Son visage, sa voix, son sourire, ses pleurs, ses désirs et ses élans, ses pensées et son entendement, ses regrets et ses nostalgies, son aspiration et son espérance. Toute sa pensée intime, intensément et autrement là, nous murmure que l’être est à plusieurs dimensions, que son âme, libérée des contraintes du temps et de l’espace, participe de fait d’un autre ordre.
François Cheng
La 26ème conférence des Nations unies sur les changements climatiques se tient du 31 Octobre au 12 Novembre à Glasgow. Des réflexions et des décisions importantes y sont attendues. Dans son x " Laudato Si’, le pape François en donnait la raison. Extraits …
" Quand on parle "d’environnement ", on désigne en particulier une relation, celle qui existe entre la nature et la société qui l’habite. Cela nous empêche de concevoir la nature comme séparée de nous ou comme un simple cadre de notre vie. Nous sommes inclus en elle, nous en sommes une partie, et nous sommes enchevêtrés avec elle. Les raisons pour lesquelles un endroit est pollué exigent une analyse du fonctionnement de la société, de son économie, de son comportement, de ses manières de comprendre la réalité.
Étant donné l’ampleur des changements, il n’est plus possible de trouver une réponse spécifique et indépendante à chaque partie du problème. Il est fondamental de chercher des solutions intégrales qui prennent en compte les interactions des systèmes naturels entre eux et avec les systèmes sociaux. Il n’y a pas deux crises séparées, l’une environnementale et l’autre sociale, mais une seule et complexe crise socio-environnementale. Les possibilités de solution requièrent une approche intégrale pour combattre la pauvreté, pour rendre la dignité aux exclus et simultanément pour préserver la nature.
…Ces recherches constantes devraient reconnaître aussi comment les différentes créatures sont liées et constituent ces unités plus grandes qu’aujourd’hui nous nommons " écosystèmes "…Tout comme chaque organisme est bon et admirable, en soi, parce qu’il est une créature de Dieu, il en est de même de l’ensemble harmonieux d’organismes dans un espace déterminé, fonctionnant comme un système. Bien que nous n’en ayons pas conscience, nous dépendons de cet ensemble pour notre propre existence."
Laudato Si’, n° 139-140
En cette Journée Mondiale des Missions, le pape François nous redit la source de l’énergie et de l’enthousiasme missionnaires auxquels puiser…
" Toute la vie de Jésus… tout est précieux et parle à notre propre vie. Chaque fois que quelqu’un se met à le découvrir, il se convainc que c’est cela même dont les autres ont besoin, bien qu’ils ne le reconnaissent pas. Parfois, nous perdons l’enthousiasme pour la mission en oubliant que l’Évangile répond aux nécessités les plus profondes des personnes, parce que nous avons tous été créés pour ce que l’Évangile nous propose : l’amitié avec Jésus et l’amour fraternel.
Quand on réussira à exprimer adéquatement et avec beauté le contenu essentiel de l’Évangile, ce message répondra certainement aux demandes les plus profondes des cœurs. : « Le missionnaire est convaincu qu’il existe déjà, tant chez les individus que chez les peuples, grâce à l’action de l’Esprit, une attente, même inconsciente, de connaître la vérité sur Dieu, sur l’homme, sur la voie qui mène à la libération du péché et de la mort. L’enthousiasme à annoncer le Christ vient de la conviction que l’on répond à cette attente ».
L’enthousiasme dans l’évangélisation se fonde sur cette conviction. Nous disposons d’un trésor de vie et d’amour qui ne peut tromper, le message qui ne peut ni manipuler ni décevoir. C’est une réponse qui se produit au plus profond de l’être humain et qui peut le soutenir et l’élever. C’est la vérité qui ne se démode pas parce qu’elle est capable de pénétrer là où rien d’autre ne peut arriver. Notre tristesse infinie ne se soigne que par un amour infini."
Pape François dans " La Joie de l’Évangile " n° 265
Suite au Rapport Sauvé sur les abus sexuels dans l’Église, des appels de laïcs se multiplient pour repenser la gouvernance et la place des femmes. Parmi eux, un chrétien des Yvelines, Pierre-Yves Stucki a été interviewé dans le journal " La Croix ". Extraits…
" D’abord, n’ayons pas peur que l’Église change. Son histoire est celle d’une succession d’ajustements, avec de grandes réformes. Il est dans la nature même de l’Église d’œuvrer pour rester fidèle à sa mission dans le monde de son temps, de s’interroger sur sa compréhension de l’Évangile. Il est ainsi de notre devoir de changer. Mais nous devons le faire ensemble.
Rappelons, à temps et à contre-temps que l’Église est constituée de tous les baptisés, chacun à sa place. Nous en sommes tous collectivement responsables. Personne ne peut prétendre détenir seul la solution. Nous la percevrons d’abord en nous mettant à l’écoute des victimes… Nous ne savons pas vraiment dans quelle direction aller, mais nous avons la chance d’avoir un pape qui nous invite à faire l’effort de rêver l’avenir. Aujourd’hui, plus que jamais, il nous faut rêver l’avenir…
La mission de l’Église est d’annoncer l’Évangile et l’amour de Dieu, donc de se faire entendre et d’être entendue. La première exigence qui s’impose à elle, qui la rend crédible, c’est que le comportement personnel et collectif de ceux qui s’en réclament demeure conforme à ce qu’elle annonce. Sinon, parler est inutile…
Je ne suis pas dans la crainte : Dieu ne nous abandonne pas En revanche, je crois que nous avons un devoir au nom de notre mission de chrétiens dans le monde d’aujourd’hui et que nous ne pouvons pas nous dérober. Le risque réel si l’Église ne change pas, c’est que nous devenions, pour reprendre une expression de Mgr Luc Ravel, archevêque de Strasbourg, une petite secte moralisatrice…
De même, sur la place des femmes, la demande est de plus en plus forte dans la société. L’église ne vivrait pas sans l’engagement de très nombreuses femmes. Beaucoup attestent encore ne pas se sentir reconnues à leur juste valeur. En restant en marge de ces évolutions, la crédibilité de l’Église est mise à mal. "
" La Croix " jeudi 14 octobre 2021
Après avoir appris avec effarement les chiffres des abus sexuels commis dans l’Église ces 70 dernières années, bien des questions surgissent… quant à la vie brisée des abusés, quant au fonctionnement de l’Église etc…, mais une revient en force : " Comment croire en l’Église après tout cela ? ". Un théologien jésuite, Etienne Grieu, y répond. Extraits…
« Quelle attitude doit-on adopter ?
Il est bon de se rappeler que le prêtre n’est pas intouchable. Comme tous les humains, il est faillible ; il a aussi ses défauts, se blessures, se vulnérabilités. Un ministre ordonné est d’abord un frère. Une certaine théologie du ministère a tendance à l’oublier…
Dans le Credo, le croyant affirme sa foi en une « Église sainte, catholique et apostolique. » Ne pensez-vous pas que la sainteté de l’Église est aussi remise en question ?
Sainte ne signifie pas parfaite. Quand on dit que l’Église est sainte, cela veut dire qu’elle est tournée vers Dieu. Que des chrétiens se demandent si l’Église n’est pas complètement gangrénée par ce mal est normal. Malheureusement, quand on regarde l’histoire de l’Église, elle n’en est pas à ses premières abominations : que l’on pense au massacre de milliers de femmes accusées de sorcellerie ou à celui des indiens d’Amérique, et à l’Inquisition, aux croisades, etc…
Mais alors vers où tourner notre regard ?
Vers les Évangiles qui nous rappellent que l’Église n’a rien de parfait. Dans l’Évangile de Marc, notamment, on découvre des disciples qui sont très loin d’être des super-héros : ils traînent les pieds, ils sont à côté de la plaque… Jésus confie son Église à un homme, Pierre, qui l’a trahi et renié publiquement ! Comme le rappelle saint Paul, « ce trésor, nous le portons comme dans des vases d’argiles » (2 Co, 4,7). L’essentiel est que le grand corps qu’est l’Église reste tourné vers Dieu, pleinement solidaire des détresses de l’humanité, pour les lui porter. Là réside sa sainteté.
Au-delà du choc des révélations, quelle voie s’ouvre à nous ?
Quand nous traversons une crise, quand nos fondations sont ébranlées, on s’aperçoit souvent après coup, que l’Esprit Saint n’abandonne pas son Église. Il nous appelle à nous convertir, à nous renouveler en profondeur. Au milieu de ce cataclysme, nous croyons que quelque chose de neuf peut émerger. »
La Croix mercredi 6/10/21
Une invitation du pape François faite sur mesure pour nous à Ste Hélène…
" En fait, où qu’il soit, chaque baptisé est un membre à part entière de la communauté ecclésiale locale, un membre de l’unique Église, un résident dans l’unique maison, un membre de l’unique famille. Les fidèles catholiques sont appelés à s’engager, chacun à partir de la communauté dans laquelle il vit, pour que l’Église devienne toujours plus inclusive, poursuivant ainsi la mission confiée par Jésus-Christ aux Apôtres (Mt 10,7-8)…
Aujourd’hui, l’Église est appelée à sortir dans les rues des périphéries existentielles pour soigner les blessés et chercher les perdus, sans préjugés ni peur, sans prosélytisme, mais prête à élargir sa tente pour accueillir tout le monde. Parmi les habitants des périphéries, nous trouverons de nombreux migrants et réfugiés, des personnes déplacées et des victimes de la traite, auxquels le Seigneur veut que Son amour soit manifesté et Son salut proclamé.
C’est à tous les hommes et à toutes les femmes du monde que s’adresse mon appel à marcher ensemble vers un nous toujours plus grand, à recomposer la famille humaine, pour construire ensemble notre avenir de justice et de paix, en veillant à ce que personne ne reste exclu. L’avenir de nos sociétés est un avenir “en couleurs”, enrichi par la diversité et les relations interculturelles. C’est pourquoi nous devons apprendre aujourd’hui à vivre ensemble en harmonie et dans la paix."
Tel est le titre de cette 107è "Journée Mondiale du Migrant et du Réfugié". Le pape François s’en explique. Extraits…
" Dans la rencontre avec la diversité des étrangers, des migrants, des réfugiés et dans le dialogue interculturel qui peut en naître, nous avons l’opportunité de grandir en tant qu’Église, de nous enrichir mutuellement. En fait, où qu’il soit, chaque baptisé est un membre à part entière de la communauté ecclésiale locale, un membre de l’unique Église, un résident dans l’unique maison, un membre de l’unique famille. Les fidèles catholiques sont appelés à s’engager, chacun à partir de la communauté dans laquelle il vit, pour que l’Église devienne toujours plus inclusive, poursuivant ainsi la mission confiée par Jésus-Christ aux Apôtres : « Sur votre route, proclamez que le royaume des Cieux est tout proche. Guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, expulsez les démons. Vous avez reçu gratuitement : donnez gratuitement » (Mt 10,7-8).
Aujourd’hui, l’Église est appelée à sortir dans les rues des périphéries existentielles pour soigner les blessés et chercher les perdus, sans préjugés ni peur, sans prosélytisme, mais prête à élargir sa tente pour accueillir tout le monde. Parmi les habitants des périphéries, nous trouverons de nombreux migrants et réfugiés, des personnes déplacées et des victimes de la traite, auxquels le Seigneur veut que Son amour soit manifesté et Son salut proclamé…
C’est à tous les hommes et à toutes les femmes du monde que s’adresse mon appel à marcher ensemble vers un nous toujours plus grand, à recomposer la famille humaine, pour construire ensemble notre avenir de justice et de paix, en veillant à ce que personne ne reste exclu. L’avenir de nos sociétés est un avenir “en couleurs”, enrichi par la diversité et les relations interculturelles. C’est pourquoi nous devons apprendre aujourd’hui à vivre ensemble en harmonie et dans la paix."
La rentrée scolaire a eu lieu ; celle du caté, de l’aumônerie et de bien des groupes est en train de se faire, la rentrée paroissiale se prépare. C’est le temps d’une ouverture et d’une attention à plus large que soi et que notre communauté. Plus que jamais, c’est l’heure de la « sortie » au sens où le pape l’entend ici.
" Sortons, sortons pour offrir à tous la vie de Jésus-Christ. Je répète ici pour toute l’Église ce que j’ai dit de nombreuses fois aux prêtres et laïcs de Buenos Aires : je préfère une Église accidentée, blessée et sale pour être sortie par les chemins, plutôt qu’une Église malade de la fermeture et du confort de s’accrocher à ses propres sécurités. Je ne veux pas une Église préoccupée d’être le centre et qui finit renfermée dans un enchevêtrement de fixations et de procédures. Si quelque chose doit saintement nous préoccuper et inquiéter notre conscience, c’est que tant de nos frères vivent sans la force, la lumière et la consolation de l’amitié de Jésus-Christ, sans une communauté de foi qui les accueille, sans un horizon de sens et de vie. Plus que la peur de se tromper j’espère que nous anime la peur de nous renfermer dans les structures qui nous donnent une fausse protection, dans les normes qui nous transforment en juges implacables, dans les habitudes où nous nous sentons tranquilles, alors que, dehors, il y a une multitude affamée, et Jésus qui nous répète sans arrêt : « Donnez-leur vous-mêmes à manger » (Mc 6, 37)."
Les découvertes en psychologie nous disent qu’il y du féminin dans le masculin et du masculin dans le féminin. Une théologienne brésilienne attire notre attention sur la présence de la dimension féminine que Jésus lui-même, comme être humain, portait en lui.
" Les Évangiles nous montrent Jésus comme un homme qui ne manifeste pas la « pudeur » masculine tant décriée par rapport aux sentiments. Il est en même temps capable de parler durement et de reprendre les pharisiens et les disciples ; il laisse ses lèvres chanter de joie et d’action de grâces envers le Père, en constatant la révélation faite aux petits et cachée aux sages (Mt 11, 25-27) ; il ne retient pas la tendresse débordante qui l’envahit à la vue des enfants fragiles et sans défense, qui ne sont pas considérés dans la société de son temps (cf. Mc 9, 36 ) Allant plus loin, Jésus expérimente en lui-même, au plus intime de ses entrailles, les émotions et les douleurs qui affligent les "entrailles maternelles" de Dieu dans l’Ancien Testament. On peut le voir lorsqu’il pleure à la mort de son ami Lazare (Jn 11,35) et devant la souffrance de sa chère Marie de Béthanie (Jn 11,33), quand il verse des pleurs abondants et amers sur la ville qui sera responsable de son martyre (Lc 19, 41) ; quand il se lamente sur le sort des villes qui n’ont pas accueilli le salut (Mt 11, 21) et quand il exprime son désir maternel frustré de réunir sous ses ailes les « poussins de Jérusalem » dispersés et rebelles (Lc 13, 34).
Tout ce féminin en Jésus, fait de tendresse, de compassion et de miséricorde infinies, fait de délicatesse qui ne s’oppose pas à la fermeté, témoigne d’un amour qui assume des désirs, des gestes et des expressions identifiables non seulement comme paternelles, mais aussi comme maternelles et fraternelles. Tout cela a été assumé éternellement, définitivement, par le Verbe, c’est à dire par la 2ème personne de la Trinité."
Maria Clara LUCCHETT BINGEMER
Ces 2 dimanches du 20 et du 27 juin, ont lieu les Élections pour le Conseil Régional. Comme citoyen et chrétien, c’est un devoir d’exprimer notre opinion malgré un contexte " abstentionniste ". Déjà, en 2016, les Évêques de France nous invitaient à réveiller notre sens civique. Extraits…
« Il y a de la tristesse dans notre pays aujourd’hui. Tristesse de se voir ainsi, et de ne pas arriver à se rassembler pour l’élan dont il est capable, alors même que les épreuves et les incertitudes demandent que nous nous retrouvions. Il y aussi le risque de ne plus voir notre vie en société que négativement, oubliant combien nous avons de la chance de vivre dans ce pays, et que beaucoup envient nos conditions de vie.
Allons-nous continuer à nous désoler, à nous opposer, à ne plus croire à nos capacités, mais aussi à ne plus voir tout ce qui, le plus souvent silencieusement, fait de manière bonne et heureuse la vie de ce pays…
Allons-nous encore laisser passer les années sans nous situer à hauteur des enjeux de responsabilité et de sens que la vie en commun nécessite ? Chacun, à son niveau, est responsable de la vie et de l’avenir de notre société. Cela demandera toujours courage et audace. Des qualités qui n’ont jamais déserté le cœur de notre pays…
Nous pensons que les vraies solutions aux problèmes profonds de notre époque ne viendront pas d’abord de l’économie et de la finance, si importantes soient-elles, ni des postures et gesticulations de quelques uns. Elles viendront de cette écoute personnelle et collective des besoins profonds de l’homme. Et de l’engagement de tous ! »
" Dans un monde qui change, retrouver le sens du politique " 201
Certains jours, on peut être perdu devant des ados qui vivent de profonds bouleversements. Quelques conseils simples (mais la vie n’est jamais simple !) qui peuvent nous aider…
Soyez bienveillants
Les parents doivent avoir un contact avec leurs enfants qui leur permette de sentir tout de suite si quelque chose ne va pas, sans pour autant dominer sur eux ni être constamment “sur leur dos”. Lorsque l’atmosphère qui règne en famille est ouverte, les enfants peuvent eux-mêmes parler de ce qui les tourmente.
Laissez le boulot au boulot !
Il est important de mettre de côté le stress et les soucis de la vie professionnelle et être présent quand on est à la maison. Si on n’arrive pas à dominer ses soucis, cela peut rapidement avoir un effet domino et occasionner des souffrances, tout particulièrement pour les enfants.
Connaissez vos enfants
Il est important de prendre le diable de vitesse et de bien connaître ses brebis. ”Connais bien chacune de tes brebis, donne tes soins à tes troupeaux !” Proverbes 27, 23. Cela fait du bien aux enfants qu’on fixe des limites et qu’on les aide à ne pas s’empêtrer dans des situations impossibles… Si les limites sont transgressées, il faut réagir mais veiller à le faire avec bonté.
Soyez souples dans votre relation avec eux
Quand les enfants deviennent adolescents, il est important pour les parents de mettre un peu de côté leur rôle d’éducateurs pour préférer être des conseillers et de bons interlocuteurs dans le dialogue avec eux. Car ces jeunes ont à devenir progressivement plus indépendants.
Soyez reconnaissants pour chacun d’eux
Certains enfants sont très ouverts et spontanés, et n’ont pas de mal à s’exprimer. D’autres sont plus timides et réservés. Certains sont faciles et dociles, d’autres sont plus difficiles et rebelles. Tous les enfants doivent pouvoir sentir que leurs parents sont attentifs à leurs besoins et qu’ils les aiment tels qu’ils sont.
Soyez riches en amour
On peut bien connaître ses enfants mais il est important de prier pour que cette connaissance grandisse de plus en plus en amour. Car il peut y avoir de la froideur de sentiments. Prier l’Esprit de vérité pour lui demander ce que nous ne voyons pas chez nos jeunes.
D’après un auteur Norvégien. Extraits
En ce jour où l’Église célèbre le " Saint Sacrement du Corps et du Sang du Christ ", rappelons la place de " l’Adoration du St Sacrement ", en prolongement de l’Eucharistie. Ce qu’elle est et comment la faire…
L’adoration du Saint sacrement consiste dans la contemplation du Christ présent dans l’eucharistie. C’est un dialogue intime avec Jésus. Prier devant le Saint sacrement exposé sur l’autel, c’est porter un regard de foi sur Jésus Christ réellement présent. C’est demeurer longuement en une conversation spirituelle, une adoration silencieuse et une attitude d’amour. C’est un face à face avec le Christ. « Je l’avise et il m’avise » répondit simplement un paroissien du saint Curé d’Ars qui l’interrogeait sur ses nombreux et longs temps d’adoration. Jean-Paul II témoigne de l’adoration : " Il est bon de s’entretenir avec Lui et d’être touchés par l’amour infini de son cœur. Bien des fois, j’ai fait cette expérience et j’en ai reçu force, consolation et soutien ! " - L’adoration du Saint sacrement s’enracine dans la célébration de la messe et elle en est le prolongement. Par sa présence eucharistique, le Christ reste au milieu de nous comme Celui qui nous a aimés et s’est livré pour nous.
Comment la faire ?
Faites silence en vous. Faites taire toutes les voix qui sont en vous, ne courez plus après les pensées inutiles. Vos "problèmes, vos préoccupations, vos angoisses, ne les gardez pas pour vous, mais offrez-les à Jésus. Sachons entrer dans le silence intérieur en parlant cœur à cœur avec Jésus comme avec un ami". - Pour faire l’adoration du Saint sacrement, vous pouvez aussi choisir un verset de psaume, une phrase évangélique, une petite prière simple. Répétez-là avec le cœur, doucement et continuellement jusqu’à ce qu’elle devienne votre prière, votre supplication.
Cybercuré
Aujourd’hui, Fête des Mères ! Comment, en ce mois de mai, ne pas évoquer la Maternité de Marie, Mère de Jésus , à travers les jolis mots d’une maman…
"Aucune maternité n’a autant fait parler d’elle ! Et pourtant, à l’époque, Marie a pu vivre sa grossesse discrètement. Certes, la petite ville de Galilée a jasé de cette maternité hors mariage, mais un temps seulement. Très vite, Marie, sous la protection du bon Joseph, est redevenue une femme enceinte comme un autre jusqu’à l’accouchement dans l’inconfort d’une crèche. Dans le récit de cette nuit de la Nativité, nos yeux sont rivés, bien évidemment sur ce nouveau-né. Dieu bébé…
Je ne peux m’empêcher de penser à Marie en cet instant. Elle s’incline, elle aussi, devant l’enfant-Jésus, mais j’imagine également sa joie à voir enfin son bébé. Marie a dû connaître ce débordement d’amour quand l’enfant paraît, l’émerveillement de toute mère devant le miracle de la vie, cette émotion unique quand il se niche contre son sein. Même si son cœur perçoit déjà la souffrance qu’il connaîtra, Marie s’ancre dans le présent pour savourer l’instant.
Elle, la femme choisie entre toutes les femmes, la porte du Ciel, l’Étoile du matin, elle est en cet instant, une mère. Comme toutes les mères. Et, comme toutes les mères, elle a dû applaudir ses premiers pas, ses premières dents, ses premiers mots. Parce que Dieu l’a voulu ainsi. Il a confié son Fils à la chaleur d’un foyer ; il a confié son éducation à Joseph et à Marie, sans jamais intervenir. Il a confié le Sauveur du monde à l’amour d’une mère."
Anne-Dauphine Julliand, Panorama mai 2021
" La résurrection de Jésus n’est pas un fait relevant du passé ; elle a une force de vie qui a pénétré le monde. Là où tout semble être mort, de partout, les germes de la résurrection réapparaissent. C’est une force sans égale. Il est vrai que souvent Dieu semble ne pas exister : nous constatons que l’injustice, la méchanceté, l’indifférence et la cruauté ne diminuent pas.
Pourtant, il est aussi certain que dans l’obscurité commence toujours à germer quelque chose. L’Esprit Saint agit comme il veut, quand il veut et où il veut ; nous nous dépensons sans prétendre, cependant, voir des résultats visibles. Nous savons seulement que notre don de soi est nécessaire. Apprenons à nous reposer dans la tendresse des bras du Père, au cœur de notre dévouement créatif et généreux…
Pour maintenir vive l’ardeur missionnaire, il faut une confiance ferme en l’Esprit Saint, car c’est lui qui « vient au secours de notre faiblesse » (Rm 8, 26). Il peut guérir tout ce qui nous affaiblit dans notre engagement missionnaire. Il est vrai que cette confiance en l’invisible peut nous donner le vertige : c’est comme se plonger dans une mer où nous ne savons pas ce que nous allons rencontrer.
Toutefois, il n’y a pas de plus grande liberté que de se laisser guider par l’Esprit, en renonçant à vouloir calculer et contrôler tout, et de permettre à l’Esprit de nous éclairer, de nous guider, de nous orienter, et de nous conduire là où il veut. Il sait bien ce dont nous avons besoin à chaque époque et à chaque instant…"
Pape François, dans " La Joie de l’Evangile "
" Nos plaintes incessantes et nos larmes de crocodile au moindre fait d’actualité déstabilisant tout nous pousseraient surtout en ces temps de pandémie à considérer que la vie est trop dure pour poursuivre sur le même mode, que l’espérance reste une valeur cachée certes mais trop bien cachée. Or cette espérance, elle est au centre de chaque être humain. S’il veut bien fouiller en son esprit et en son cœur. Ce trésor, nous le possédons tous mais nous affectons de l’ignorer car notre perpétuel lamento nous gâche non seulement les plaisirs mais la vie elle-même. Il y a une façon intime, pour chacun, de survivre aux terreurs nocturnes, aux ennuis du jour, aux virus qui circulent…Cette aptitude à survivre à nos frayeurs et à notre culpabilité c’est à chacun de la laisser germer et de l’exercer.
Chaque jour, il nous faut décider de trouver la force de continuer. De continuer à vivre et à lutter, au travail, en famille, dans la société. Le piège qui nous guette le plus est le découragement. Celui que les moines appellent "l’acédie "quand les menacent la nuit des doutes et le gris d’une foi qui vacille au risque de s’éteindre. Le phénomène est clair si l’on examine l’étymologie du mot découragement : l’on est privé ("dé") de la vertu de courage. Il nous vole notre capacité de résistance aux injustices et à l’oppression du malheur.
Un exemple qui n’est pas choisi tout au hasard. Quand l’agressivité devient dans la société un mode courant de relations humaines, quand la haine trouve toujours le dernier mot à asséner au-dessus des adversaires qu’on suppose, comment tenir le coup, quand la violence est partout, dans les mots comme dans les actes, comment répliquer, et faut-il même répliquer ? Faut-il vraiment s’imposer le spectacle quotidien de l’actualité où le mensonge triomphe, où la bêtise épaisse parade sans vergogne, où la mauvaise foi est un exercice commun ? "
Bruno Frappat, ’L’humeur du jour’ dans La croix vendredi 7 mai 21
Dans son encyclique " Fratelli Tutti (Tous Frères) ", le pape François rappelle que l’amour du frère " emprunte les voies du " dialogue " et de " l’amitié sociale ". Nos quartiers en ont plus que besoin !
" Se rapprocher, s’exprimer, s’écouter, se regarder, se connaître, essayer de se comprendre, chercher des points de contact, tout cela se résume dans le verbe ‘‘dialoguer’’. Pour nous rencontrer et nous entraider, nous avons besoin de dialoguer. Il est inutile de dire à quoi sert le dialogue. Il suffit d’imaginer ce que serait le monde sans ce dialogue patient de tant de personnes généreuses qui ont maintenu unies familles et communautés. Le dialogue persévérant et courageux ne fait pas la une comme les désaccords et les conflits, mais il aide discrètement le monde à mieux vivre, beaucoup plus que nous ne pouvons imaginer.
(n° 198)
Certains essaient de fuir la réalité en se réfugiant dans leurs mondes à part, d’autres l’affrontent en se servant de la violence destructrice. Cependant, entre l’indifférence égoïste et la protestation violente il y a une option toujours possible : le dialogue. Le dialogue entre les générations, le dialogue dans le peuple, car tous nous sommes peuple, la capacité de donner et de recevoir, en demeurant ouverts à la vérité… (n°199)
Le dialogue social authentique suppose la capacité de respecter le point de vue de l’autre en acceptant la possibilité qu’il contienne quelque conviction ou intérêt légitime. De par son identité, l’autre a quelque chose à apporter. Et il est souhaitable qu’il approfondisse ou expose son point de vue pour que le débat public soit encore plus complet... Soyons persuadés que les différences sont créatrices, elles créent des tensions et dans la résolution d’une tension se trouve le progrès de l’humanité ! (n°203) "
1er mai, Fête du Travail mais aussi Fête de St Joseph Travailleur. Extrait (paragraphe 6) de la Lettre apostolique du Pape François à l’occasion du 150è anniversaire de la Déclaration de St Joseph comme Patron de l’Eglise Universelle…
" À notre époque où le travail semble représenter de nouveau une urgente question sociale…il est nécessaire de comprendre, avec une conscience renouvelée, la signification du travail qui donne la dignité et dont notre Saint est le patron exemplaire.
Le travail devient participation à l’œuvre même du salut, occasion pour hâter l’avènement du Royaume, développer les potentialités et qualités personnelles en les mettant au service de la société et de la communion. Le travail devient occasion de réalisation, non seulement pour soi-même mais surtout pour ce noyau originel de la société qu’est la famille. Une famille où manque le travail est davantage exposée aux difficultés, aux tensions, aux fractures et même à la tentation désespérée et désespérante de la dissolution. Comment pourrions-nous parler de la dignité humaine sans vouloir garantir, à tous et à chacun, la possibilité d’une digne subsistance ?...
La crise de notre époque, qui est une crise économique, sociale, culturelle et spirituelle, peut représenter pour tous un appel à redécouvrir la valeur, l’importance et la nécessité du travail pour donner naissance à une nouvelle “normalité” dont personne n’est exclu. Le travail de saint Joseph nous rappelle que Dieu lui-même fait homme n’a pas dédaigné de travailler. La perte du travail qui frappe de nombreux frères et sœurs, et qui est en augmentation ces derniers temps à cause de la pandémie de la Covid-19, doit être un rappel à revoir nos priorités. Implorons saint Joseph travailleur pour que nous puissions trouver des chemins qui nous engagent à dire : aucun jeune, aucune personne, aucune famille sans travail ! "
Dans un monde qui tâtonne pour ouvrir d’autres chemins pour demain, nous avons, en Jésus, un Bon Berger, un Guide qui "rêve" de rassembler l’humanité dans l’unité. Le pape François nous invite à entrer dans ce Rêve… qui doit nous tenir éveillés.
" Je forme le vœu qu’en cette époque que nous traversons, en reconnaissant la dignité de chaque personne humaine, nous puissions tous ensemble faire renaître un désir universel d’humanité. Tous ensemble : Voici un très beau secret pour rêver et faire de notre vie une belle aventure. Personne ne peut affronter la vie de manière isolée. […] Nous avons besoin d’une communauté qui nous soutient, qui nous aide et dans laquelle nous nous aidons mutuellement à regarder de l’avant. Comme c’est important de rêver ensemble !
Seul, on risque d’avoir des mirages par lesquels tu vois ce qu’il n’y a pas ; les rêves se construisent ensemble. Rêvons en tant qu’une seule et même humanité, comme des voyageurs partageant la même chair humaine, comme des enfants de cette même terre qui nous abrite tous, chacun avec la richesse de sa foi ou de ses convictions, chacun avec sa propre voix, tous frères."
François, dans "Fratelli Tutti" n° 8
La tentative d’incendie de la mosquée de Nantes dans la nuit de jeudi et les inscriptions agressives et méprisantes pour les musulmans par lesquelles le Centre Avicenne de Rennes a été souillé ce dimanche matin, s’ajoutant à des injures et des menaces adressées à des personnalités musulmanes, sont une source de profonde tristesse et de colère pour les Français.
La Conférence des évêques de France exprime sa solidarité avec les musulmans de notre pays, tout spécialement à l’approche du mois du Ramadan.
Elle forme le vœu que nos compatriotes musulmans puissent vivre ce mois de jeûne, de prière et de bienfaisance dans la paix et la fraternité. Elle appelle les catholiques de France à exprimer leur sympathie et leurs encouragements aux communautés musulmanes de leur voisinage.
Le pape en Irak c’était pour moi un rêve
A la télévision Noël Harbot, traduisait les interventions et les prières du voyage du pape François en Irak. Il est né à Qaraqosh en 1948. Avec le pape il a revu tous les lieux de son enfance et de son adolescence où il a reçu le baptême, fait sa première communion et s’est marié. Mossoul où il a étudié. Bagdad où dans la cathédrale syriaque catholique un commando islamiste a tué 48 chrétiens le 31 octobre 2010, dont Adam, son neveu de 3 ans et son père Oudei. Diacre de l’église catholique syriaque, lui-même obligé de partir, il déplore l’exil de sa communauté, il se demande comment empêcher cette hémorragie ? “Quand on lit la constitution irakienne on se rend compte que les chrétiens sont toujours considérés comme des citoyens de seconde zone“. Il pense pourtant que le voyage du souverain pontife et sa rencontre avec le grand ayatollah chiite Ali Sistani améliorera le sort de la minorité chrétienne, qui en Irak, comme dans beaucoup de pays musulmans, reste tout juste tolérée. “Il est temps, dit-il, de construire une société civile. En Irak, François a eu les mots qu’il fallait. Il a accompli des gestes forts.” “La présence du Pape en Irak était pour moi un rêve. Je l’espérais de toute mes forces, mais sans vraiment croire que cela arriverait un jour.”
https://www.chretiensdelamediterranee.com/ :
Un geste destiné à entrer dans l’histoire
Voici 35 ans, le 13 avril 1986 le pape Jean Paul II était reçu à la grande synagogue de Rome
Le Rabbin Elio Toaff exprimait sa « profonde satisfaction » pour la visite de Jean-Paul II, la définissant comme un « geste destiné à entrer dans l’histoire ». Il la relia « à l’enseignement éclairé » de son prédécesseur, Jean XXIII, « le premier Pape, souligna-t-il, qui, « une fois, passant par ici fit arrêter sa voiture pour bénir la foule des juifs qui sortaient de ce même Temple ». Un geste qui, a-t-il encore observé, s’inscrit dans le sillage du Concile Vatican II qui, précisément, avec Nostra Aetate « a produit, dans les relations de l’Église avec le judaïsme, cette révolution qui a rendu possible votre visite aujourd’hui ».
Après Jean Paul II, Benoit XVI et François ont renouvelé cette visite, en janvier 2010 et janvier 2016
https://www.vaticannews.va/fr/pape.html
Lors de la vigile pascale 2021, le pape François a commenté cet extrait de l’Évangile de Marc, 16, 1-7) « Il vous précède en Galilée. Là vous le verrez » (v. 7). Extraits…
" Aller en Galilée signifie, d’abord, recommencer. C’est le lieu de la première rencontre et du premier amour. A partir de ce moment, ayant laissé leurs filets, ils ont suivi Jésus, écoutant sa prédication et assistant aux prodiges qu’il accomplissait. Pourtant, étant toujours avec lui, ils n’ont pas compris complètement, souvent ils ont mal interprété ses paroles et devant la croix ils ont fui, le laissant seul...
Le Ressuscité leur dit : “Repartons d’où nous avons commencé. Recommençons. Je vous veux de nouveau avec moi, malgré et au-delà de tous les échecs”. Dans cette Galilée, le Seigneur trace des sentiers nouveaux à l’intérieur des routes de nos défaites. Il est possible de toujours recommencer, parce qu’il y a une Vie nouvelle que Dieu est capable de faire repartir en nous au-delà de tous nos échecs. Même des décombres de notre cœur Dieu peut construire une œuvre d’art, même des fragments désastreux de notre humanité Dieu prépare une histoire nouvelle.
Il nous précède toujours : sur la croix de la souffrance, de la désolation et de la mort, comme dans la gloire d’une vie qui ressuscite, d’une histoire qui change, d’une espérance qui renaît. Et en ces sombres mois de pandémie, nous entendons le Seigneur ressuscité qui nous invite à recommencer, à ne jamais perdre l’espérance…
Frère, sœur, si en cette nuit tu portes dans le cœur une heure sombre, un jour qui n’a pas encore surgi, une lumière ensevelie, un rêve brisé, ouvre ton cœur avec étonnement à l’annonce de la Pâque : “ N’aie pas peur, il est ressuscité ! Il t’attend en Galilée”. Tes attentes ne resteront pas déçues, tes larmes seront séchées, tes peurs seront vaincues par l’espérance. Parce que le Seigneur te précède, il marche devant toi. Et, avec lui, la vie recommence."
Encore aujourd’hui beaucoup admirent Jésus. Ils l’admirent, mais leur vie ne change pas. Parce qu’admirer ne suffit pas. Il faut le suivre sur son chemin, se laisser mettre en discussion par lui : passer de l’admiration à l’étonnement…
Demandons la grâce de l’étonnement. La vie chrétienne, sans étonnement, devient grisâtre. Comment peut-on témoigner la joie d’avoir rencontré Jésus, si nous ne nous laissons pas étonner chaque jour par son amour surprenant qui nous pardonne et nous fait recommencer ? Si la foi perd l’étonnement, elle devient sourde : elle ne sent plus la merveille de la Grâce, elle ne sent plus le goût du Pain de vie et de la Parole, elle ne perçoit plus la beauté des frères et le don de la création…
Repartons de l’étonnement. Regardons le Crucifié et disons-lui : “Seigneur, comme tu m’aimes ! Comme je suis précieux pour toi !”. Laissons-nous étonner par Jésus pour retourner à la vie, parce que la grandeur de la vie n’est pas dans l’avoir ni dans l’affirmation de soi, mais de se découvrir aimés. C’est la grandeur de la vie : se découvrir aimés. Et la grandeur de la vie est dans la beauté de l’amour…
Frères et sœurs, aujourd’hui Dieu étonne encore notre esprit et notre cœur. Laissons cet étonnement nous envahir, regardons le Crucifié Ressuscité et disons nous aussi : “Tu es vraiment le Fils de Dieu. Tu es mon Dieu”.
Pape François, Rameaux 2021
Les disciples, après la mort de Jésus, ont fait l’expérience de l’absence, du silence et du doute. Raphaël Buyse nous invite à penser, en cette semaine sainte, à tous ces hommes et femmes qui ont pris d’autres chemins.
" Pendant des mois ou des années, les disciples ont marché avec lui. Ils lui ont fait confiance. Il ravivait leur foi en l’homme. Il laissait entrevoir un autre visage de Dieu. Mais un jour, tout s’arrête : les autorités politiques et les gardiens de la grande Tradition le font arrêter, condamner, mettre à mort. Jésus est crucifié : ils le découvrent nu, cloué sur une croix, mort, abandonné… C’en est fini de cette affaire. C’est l’heure du grand silence et de la rude absence. C’est l’heure de refermer la porte derrière soi et de continuer la route sans lui. " Et nous, nous espérions qu’il allait sauver Israël. "...
Comment ne pas penser, durant cette semaine sainte, à tant d’hommes et de femmes qui prennent le même chemin, tournant le dos à cette foi dans laquelle ils ont été bercés, blessés par les incohérences et les scandales de l’Eglise, secoués par la violence de la vie et de la mort absurde ou subitement troublés par la non-évidence de ce qu’ils croyaient savoir de Dieu. La perte de la foi est, pour nombre de nos contemporains, vécue comme une chute, une désillusion. Ou une tromperie…Cela ne signifie pas pour autant qu’ils en deviennent athées : c’est seulement l’Eglise qui ne leur parle plus. S’installe alors en eux l’indifférence tranquille à ce qu’elle dit. Sans perdre la foi en l’homme, ils en viennent quelque fois à douter de l’existence d’un Dieu qui se révèle et fait alliance avec l’humanité…
A la fin de l’Evangile de Jean (Chapitre 21), on voit 7 des disciples de Jésus remonter en Galilée, après la mort de Jésus. Ces hommes déconcertés et déçus ne savent plus très bien s’ils peuvent croire encore. Leur instinct de survie les fait revenir au bord du lac, là où l’histoire a commencé. C’est là qu’ils rencontrent le Christ tout autrement que ce qu’ils avaient pu imaginer. Dans les regards qu’ils échangent les uns avec les autres, quelque chose d’une communauté croyante renaît, tout autre, sans doute plus humble. Une Eglise de la vie ordinaire. Une foi contemporaine."
Extraits : « La Vie " du 25 au 31 mars 2021
La journée nationale du CCFD (Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement) en ce 5ème dimanche de Carême nous invite à voir plus large la mission de l’Église…
Ce qu’est le CCFD
Acteur du changement dans 71 pays, le CCFD agit contre toutes les formes d’injustices. Il œuvre pour que chacun voie ses droits fondamentaux respectés : manger à sa faim, vivre de son travail, habiter dans un environnement sain, choisir là où construire sa vie… Cet engagement pour plus de justice et de solidarité prend racine dans l’Évangile et la pensée sociale de l’Église.
Depuis 60 ans, le CCFD est aux côtés de ceux et celles qui agissent quotidiennement contre toutes les causes de la faim. Répondant à l’appel du pape Jean XXIII, les évêques ont confié la mission au CCFD-Terre Solidaire d’organiser l’action de solidarité internationale en appelant les chrétiens au partage pendant la période de ce Carême, notamment lors de la collecte du 5ème dimanche.
Son invitation à s’engager
Opérer des changements dans nos vies personnelles est une première étape. Mais le pape François nous appelle à aller plus loin et à bâtir avec d’autres " le monde d’après ". Il est aujourd’hui plus que jamais nécessaire de poser des actes collectifs et de faire entendre sa voix. Nous pouvons nous engager de différentes façons : en échangeant avec d’autres - nos paroisses, nos communautés, nos réseaux amicaux, familiaux - des informations, des idées, des combats ; en soutenant des initiatives et des projets en faveur des plus pauvres ; en nous engageant dans une association, en apportant nos talents et nos solutions à des projets de solidarité au plan international ou national. Les actions individuelles et collectives menées en France ont un impact sur l’environnement et les populations là-bas."
Ce we dernier ( 5 - 8 mars ), le pape a effectué un voyage pastoral très important dans un pays où la terreur de Daech a laissé des plaies vives. Phrases fortes prononcées :
A Ur, d’où Abraham est parti, selon la tradition…
" De ce lieu source de foi, de la terre de notre père Abraham, nous affirmons que Dieu est miséricordieux et que l’offense la plus blasphématoire est de profaner son nom en haïssant le frère. Hostilité, extrémisme et violence ne naissent pas d’une âme religieuse : ce sont des trahisons de la religion… Ne permettons pas que la lumière du Ciel soit couverte par les nuages de la haine ! Au-dessus de ce pays, se sont accumulés les sombres nuages du terrorisme, de la guerre et de la violence. Toutes les communautés ethniques et religieuses en ont souffert…Nous prions pour que la liberté de conscience et la liberté religieuse soient respectées et reconnues partout : ce sont des droits fondamentaux parce qu’ils rendent l’homme libre de contempler le Ciel pour lequel il a été créé.
Aux chrétiens de Karakoch où tout est à reconstruire…
Quand les anciens et les jeunes s’unissent, nous préservons et transmettons les dons que Dieu fait. Regardons nos enfants sachant qu’ils hériteront non seulement d’une terre, d’une culture et d’une tradition, mais aussi des fruits vivants de la foi que sont les bénédictions de Dieu sur cette terre… En ces instants, rappelez-vous que Jésus est à votre côté. Ne cessez pas de rêver ! Ne vous rendez pas, ne perdez pas l’espérance ! Du ciel, les saints veillent sur nous. Laissez-les vous accompagner vers un avenir meilleur, un avenir d’espérance."
Avant de décoller pour l’Irak, ce samedi, le pape François a envoyé un message aux Irakiens dont voici quelques extraits :
" Chers frères et sœurs en Irak, je désire tellement vous rencontrer, voir vos visages et visiter votre terre, extraordinaire berceau antique de civilisation. Je viens en pèlerin, en pèlerin pénitent pour implorer du Seigneur le pardon et la réconciliation après des années de guerre et de terrorisme, pour demander à Dieu la consolation des cœurs
et la guérison des blessures.
Et j’arrive parmi vous en pèlerin de paix, pour redire : « Vous êtes tous frères » (Mt 23,8). Oui, je viens comme un pèlerin de paix en recherche de fraternité, animé du désir de prier ensemble et de marcher ensemble, également avec les frères d’autres traditions religieuses, sous le signe de notre père Abraham, qui réunit les musulmans, les juifs et les chrétiens en une unique famille.
Chers frères et sœurs chrétiens, Je suis honoré de rencontrer une Église martyre : merci pour votre témoignage ! Que les nombreux, trop nombreux martyrs que vous avez connus nous aident à persévérer dans la force humble de l’amour… J’ai tellement pensé à vous ces années, à vous qui avez beaucoup souffert, mais qui n’êtes pas abattus. A vous, chrétiens, musulmans ; à vous, peuples, comme le peuple yézidi, les yézidis, qui ont beaucoup, beaucoup souffert ; tous frères, tous."
« Venant de Chaldée, Abraham était habité par les représentations de sa culture religieuse. On offrait des sacrifices aux divinités pour calmer leurs colères, attirer leur bienveillance et surtout les tenir à distance. Qui donc était ce Dieu unique qui l’appelait pour une Alliance personnelle avec lui ? Ce Dieu inconnu qui prenait l’initiative, fallait-il aussi lui sacrifier les premiers-nés et donc son Fils Isaac, cet enfant inattendu ? C’est le temps de l’épreuve pour lui, ce temps des soupçons qui minent la confiance mutuelle et peuvent ruiner toute alliance. Mais il va découvrir un Dieu qui refuse qu’on lui offre tout sacrifice humain. Un Dieu hostile aux meurtres de victimes pour résoudre des conflits…
Dieu a vu la grandeur d’Abraham et celui-ci a découvert la gratuité absolue du Dieu avec qui il entre en Alliance. Le récit du sacrifice d’Abraham est déjà un récit de transfiguration. Sur une autre montagne, beaucoup plus tard, entre Jésus et ses disciples, on peut dire aussi qu’il s’agit d’une Alliance. Appelés par lui, ils l’ont suivi. Mais St Marc nous parle de leur étonnement. Qui est-il, cet ami qu’ils ont suivi ?... Ils découvrent que Jésus appartient à la lignée de Moïse et d’Elie. Mais ils entendent la voix du Père leur révélant qu’il est son " Fils bien-aimé ". C’est son être profond qu’ils découvrent et contemplent. C’est quand ils auront vu le sacrifice que Jésus va accepter de vivre, qu’ils comprendront le visage du Père. Il n’est plus question de sacrifice de substitution en offrant des animaux. Sa vie, nul ne la prendra, c’est lui qui la donnera au moment d’être livré et nous demandera de nous offrir nous-mêmes en mémoire de lui. »
Michel SCOUARNEC
Jésus s’est fait lépreux avec les lépreux afin de guérir toutes nos lèpres, comme il s’est fait pécheur avec les pécheurs pour nous purifier de nos péchés. De même, Jésus est descendu jusqu’au plus profond des enfers pour rendre à la vie ceux qui dormaient à l’ombre de la mort. S’il vient ainsi toucher nos faiblesses, endosser nos infirmités, partager nos tentations et, pour ainsi dire, frôler notre péché, c’est pour s’en servir comme de la matière qu’il transformera par sa Pâque.
Jésus descend jusque dans notre lèpre pour nous en guérir. Notre lèpre ne le contamine pas ; au contraire, à son contact, elle perd ce qu’elle avait d’infectieux, elle est purifiée. Notre péché ne le séduit pas ; au contraire, lorsqu’il le prend sur lui, c’est pour nous l’enlever. Notre mort même ne le menace pas : s’il accepte d’y entrer, c’est pour la détruire et nous rendre à la vie. Et tout ce qu’il y a désormais encore de faiblesse en nous, est transformé par son toucher en puissance de Dieu ; comme le dira St Paul, avec une formule tout aussi audacieuse : " Il a été crucifié par nos faiblesses, mais il est vivant par la puissance de Dieu." (2 Co 13, 4).
André Louf
Extraits du message du pape François, à l’occasion de cette 29ème journée :
" Le thème de cette Journée s’inspire du passage évangélique dans lequel Jésus critique l’hypocrisie de ceux qui disent mais ne font pas (cf. Mt 23, 1-12). Quand on réduit la foi à de stériles exercices verbaux, sans s’impliquer dans l’histoire et les besoins de l’autre, alors la cohérence disparaît entre le crédo professé et le vécu réel. Le risque est grand. C’est pourquoi Jésus emploie des expressions fortes pour mettre en garde contre le danger de glisser vers l’idolâtrie envers soi-même et il affirme : « Vous n’avez qu’un seul maître et vous êtes tous frères. » (v. 8).
La critique que Jésus adresse à ceux qui « disent et ne font pas » (v. 3) est toujours salutaire pour tous car personne n’est immunisé contre le mal de l’hypocrisie, un mal très grave qui a pour effet d’empêcher de fleurir comme enfants de l’unique Père, appelés à vivre une fraternité universelle.
Devant les besoins de notre frère et de notre sœur, Jésus offre un modèle de comportement tout à fait opposé à l’hypocrisie. Il propose de s’arrêter, d’écouter, d’établir une relation directe et personnelle avec l’autre, de ressentir empathie et émotion pour lui ou pour elle, de se laisser toucher par sa souffrance jusqu’à s’en charger par le service (cf. Lc 10, 30-35)…
La proximité est un baume précieux qui apporte soutient et consolation à ceux qui souffrent dans la maladie… Et nous vivons cette proximité, non seulement personnellement, mais aussi sous forme communautaire : en effet, l’amour fraternel dans le Christ engendre une communauté capable de guérison qui n’abandonne personne, qui inclut et accueille, surtout les plus fragiles."
Le Christ appelle l’homme à la réalisation de l’idéal divin. Il n’y a que des bornés pour s’imaginer que le christianisme est achevé, qu’il s’est complètement constitué au IVe siècle selon les uns, au XIIIe siècle selon les autres.
En réalité, le christianisme n’a fait que ses premiers pas, des pas timides, dans l’histoire du genre humain. Bien des paroles du Christ nous demeurent encore incompréhensibles. En effet, alors que la flèche de l’Évangile a pour cible l’éternité, nous sommes encore des néandertaliens de l’esprit et de la morale.
L’histoire du christianisme ne fait que commencer. Tout ce qui a été fait dans le passé, tout ce que nous appelons maintenant l’histoire du christianisme, n’est que la somme des tentatives, les unes malhabiles, les autres manquées, de le réaliser.
On affirme parfois que le Christ a annoncé une morale nouvelle. Mais le commandement de l’amour existait déjà avant. Ce que le Christ lui, a apporté, c’est une résonance nouvelle. Comme je vous ai aimés... Le christianisme n’est pas une éthique. C’est une nouvelle vie, qui met en contact direct avec Dieu.
Alexandre Men, prêtre orthodoxe russe, assassiné en 1990
Nous croyons toujours que c’est nous d’abord qui parlons à Dieu. C’est l’inverse. Quand un enfant vient de naître, ses parents l’entourent d’un flot de paroles tendres : lui ne sait encore que gazouiller sans comprendre ce qu’il dit. Avant même que l’enfant soit né, la maman l’écoute bouger en elle, le papa colle son oreille contre le ventre de la maman. Ils lui font entendre de la musique, ils lui disent des choses tendres…
Être, être de bon cœur, être avec joie, exister sous le regard de Dieu, sous la bienveillance de Dieu, c’est commencer à exister sous la prière que Dieu nous adresse, commencer à s’ouvrir, à sourire, à gazouiller, à balbutier en réponse à l’amour de Dieu…
Prier c’est entrer en soi pour ouvrir la porte secrète de l’intimité avec Dieu : pour cela, entrer dans sa chambre fermer la porte, la télé et le téléphone portable, ou entrer dans une église silencieuse, ou aller dans un endroit un peu désert et me rendre attentif à l’attention de Dieu, écouter le murmure de sa voix, pour l’entendre me dire « Tu as du prix à mes yeux et je t’aime, ». Et si je prends la Bible, ce n’est pas d’abord pour avoir des idées sur Dieu ou lui dire des choses. C’est pour écouter mieux ce qu’Il cherche à me dire aujourd’hui, quelque chose d’unique et de précieux, comme Jésus allait au désert ou sur la montagne pour entendre son Père du ciel lui dire : « Tu es mon fils bien aimé, tu as tout mon amour ».
Joseph de MIJOLLA
En réponse à la question d’un journaliste concernant sa vaccination au Vatican, le pape François a clairement répondu avec la franchise qu’on lui connaît :
" Je crois que, d’un point de vue éthique, tout le monde doit se faire vacciner. Ce n’est pas une option, c’est une action éthique. Parce que vous jouez votre santé, vous jouez votre vie, mais aussi la vie des autres. Si les médecins présentent ce vaccin comme quelque chose qui fonctionne et qu’il n’y a pas de dangers particuliers, pourquoi ne pas le prendre ? Il y a là un négationnisme suicidaire que je ne peux pas expliquer !
C’est le moment de penser au ‘nous’ et d’effacer le ‘je’ pendant un certain temps, de le mettre entre parenthèses. Soit nous nous sauvons tous avec le ‘nous’, soit personne n’est sauvé. C’est cela le défi : me rendre proche de l’autre, proche de sa situation, proche de ses problèmes, me rendre proche des gens… L’ennemi de la proximité est la culture de l’indifférence. L’indifférence nous tue, car elle nous éloigne. Le mot clé pour trouver des moyens de sortir de la crise est plutôt le mot ‘proximité’
S’il n’y a pas d’unité, pas de proximité, prévient le pape, " des tensions sociales peuvent survenir même à l’intérieur des Etats. Toute la classe dirigeante n’a pas le droit de dire ‘je’… elle doit dire ‘nous’ et rechercher l’unité face à la crise ... Un homme politique, un pasteur, un chrétien, un catholique, voire un évêque, un prêtre, qui n’a pas la capacité de dire ‘nous’ au lieu de ‘moi’ n’est pas à la hauteur de la situation… "
« Le Verbe, « s’est fait chair, il a habité parmi nous ». Il s’est fait chair : pourquoi saint Jean utilise-t-il cette expression, “chair” ? Ne pouvait-il pas dire, de façon plus élégante, qu’il s’est fait homme ? Non, il utilise le mot chair parce qu’il indique notre condition humaine dans toute sa faiblesse, dans toute sa fragilité. Il nous dit que Dieu s’est fait fragilité pour toucher de près nos fragilités. Rien ne lui est étranger dans nos vies.
Il n’y a rien qu’il dédaigne, nous pouvons tout partager avec Lui, tout. Cher frère, chère soeur, Dieu s’est fait chair pour nous dire, pour te dire qu’il t’aime justement là, qu’il nous aime justement là, dans nos fragilités, dans tes fragilités ; justement là, où nous avons le plus honte, où tu as le plus honte. C’est audacieux. La décision de Dieu est audacieuse, Il se fait chair justement là où nous avons honte. Il entre dans notre honte pour se faire notre frère, pour partager notre chemin de vie.
Il n’a pas pris notre humanité comme un vêtement, que l’on met et que l’on enlève. Non, il ne s’est plus détaché de notre chair, et ne s’en est pas lassé. Maintenant et pour toujours, Il est au ciel avec son corps de chair humaine. Il s’est uni pour toujours à notre humanité, nous pourrions dire qu’il l’a “épousée”.
J’aime penser que quand le Seigneur prie le Père pour nous, il ne se contente pas de parler, il lui montre les blessures de sa chair, il lui montre les plaies qu’il a souffert pour nous. C’est Jésus, dans sa chair il est l’intercesseur, et il a voulu porter les signes de la souffrance. Jésus est devant le Père dans sa chair. L’Evangile dit en effet qu’il est venu habiter parmi nous. Il n’est pas venu nous rendre visite avant de repartir, il est venu habiter parmi nous, demeurer avec nous. »
Pape François Noël 2020
Noël aura-t-il lieu ?
Bien sûr !
Il sera plus silencieux et aura plus de profondeur.
Plus semblable au premier,
Quand Jésus est né dans la solitude.
Sans beaucoup de lumière sur terre
Mais avec l’étoile de Bethléem
Brillant sur les chemins de la vie,
Dans son immensité.
Sans processions
Royales colossales,
Mais avec une humilité,
Comme si nous étions des bergers, jeunes et vieux,
A la recherche de la vérité.
Sans grandes tablées
Et avec des absences amères,
Mais avec la présence d’un Dieu
Qui remplira tout.
Noël aura-t-il lieu ?
Bien sûr !
Sans les rues débordantes de monde,
Mais avec nos cœurs brûlants
Pour celui qui est sur le point d’arriver.
Sans bruit ni grande fêtes,
Plaintes ou bousculades…
Mais nous pourrons vivre ce mystère
Sans la peur du Covid-19,
Qui essaie de nous voler même
Le rêve de l’attente.
Noël aura lieu, parce que Dieu est à nos cotés,
Et il partage, par le Christ né dans la crèche,
Notre pauvreté, nos épreuves, nos larmes,
Nos angoisses et nos solitudes.
Noël aura bien lieu
parce que nous avons besoin
d’une lumière divine au milieu de telles ténèbres.
Le Covid 19 ne pourra jamais atteindre le cœur ou l’âme,
De ceux qui pointent vers le ciel leur espoir et leur haut idéal.
Noël aura bien lieu
Nous chanterons des chants de Noël
Le Seigneur va naître, il nous donnera la liberté !
Frère Javier Leoz
En attendant cette nuit de Noël, j’ai une pensée particulière pour Marie et Joseph parce que l’Avent est aussi le temps où ces deux là cheminent côte à côte dans l’accomplissement de leur destin. Marie et Joseph s’avancent vers Bethleem comme deux parents encore anonymes, encore inconnus du monde. Je les imagine pétris de gravité, peut être saisis de tremblements en songeant au destin de leur Fils qui ne leur appartiendra plus dès la minute de sa naissance, qu’ils ont accepté de nous offrir pour notre salut.
Ensemble dans cette abnégation, Joseph et Marie dessinent la première esquisse d’une voie de sainteté. Ils assument dans leur personne toutes les manifestations du secret du silence. En ce temps de l’Avent, c’est ce couple que je prie, et sur l’exemple duquel je m’efforce de méditer : Joseph et Marie ensemble à quelques heures de cette double délivrance pour la Mère et pour le Monde que sera la naissance de leur enfant divin.
C’est avec eux, à tous les jeunes couples qui luttent aujourd’hui, et marchent dans un sentiment de nuit, que je songe aussi. Pour eux, pour tous, Joseph et Marie sauront s’effacer derrière leur enfant, s’oublier, s’accomplir et pour cela, ils auront su fusionner dans leur amour. « La pleine de grâces » et le charpentier. Ils ont été les deux premiers êtres sur cette Terre à connaître la nature de cette force secrète qu’ils portent encore pour quelques jours en leur sein : un enfant né pour révéler chez chacun l’amour au-delà du péché. Et c’est par leur couple et dans leur couple que cet insondable mystère a pu avoir lieu.
Christian RANCÉ
Extraits d’interview du philosophe M. Steffens…
Aujourd’hui avec les attentats, le confinement, notre espérance est attaquée. Mais si le futur nous échappe, l’avenir, lui, reste ouvert. Car l’avenir, c’est précisément ce qui vient à nous alors que nous ne l’avions pas prévu. Avoir foi en l’avenir, c’est faire confiance. Il y a là un combat spirituel…
Je crois que nous devons nous battre pour ne pas renoncer à nos relations : elles sont fragiles, elles sont exigeantes car elles ne vont plus de soi. Il faut continuer à se voir, en chair et en os, avec les précautions d’usage. Les visios ne suffiront pas car la confiance se construit dans le temps gratuit, dans la proximité, par l’inutilité de silences partagés, et non sur rendez-vous… Être trop prudent, se recroqueviller sur soi-même, avoir peur de tout, basculer dans l’hygiénisme, ce n’est plus de la prudence !
Le risque actuel c’est de perdre confiance dans l’avenir. Rien n’est écrit à l’avance et Dieu ne nous abandonne jamais dans l’épreuve. Notre société s’abîme dans la défiance vis-à-vis de l’État (suite aux balbutiements gouvernementales) et vis-à-vis à de la science (les médecins et les experts reconnaissent qu’ils ne savent pas où tout cela nous emmène). Les deux idoles modernes, l’État et la science, s’effondrent. C’est le moment de leur redonner une juste place. L’État et la science ne peuvent, seuls, nous donner le bonheur que nous offre la relation et la paix que nous promet Dieu. Nous avons aujourd’hui moins d’aplomb et de certitudes, mais nous voyons mieux ce fil ténu, d’amour et de prière, à quoi nous tenons.
« Un jour de plus commence, Jésus en moi veut le vivre. Il ne s’est pas enfermé, Il a marché parmi les hommes. Avec moi il est parmi les hommes d’aujourd’hui. Il va rencontrer chacun de ceux qui entreront dans la maison, chacun de ceux que je croiserai dans la rue, d’autres riches que ceux de son temps, d’autres pauvres, d’autres savants et d’autres ignorants, d’autres petits et d’autres vieillards, d’autres saints et d’autres pécheurs, d’autres valides et d’autres infirmes. Tous seront ceux qu’il est venu chercher. Chacun, celui qu’il est venu sauver.
À ceux qui me parleront, il aura quelque chose à répondre ; à ceux qui manqueront, il aura quelque chose à donner. Chacun existera pour lui comme s’il était seul. Jésus en tout n’a pas cessé d’être le Fils. En moi il veut rester lié au Père. Tout sera permis dans le jour qui va venir, tout sera permis et demandera que je dise “oui”. Le monde où il me laisse pour y être avec moi ne peut m’empêcher d’être avec Dieu ; comme un enfant porté sur les bras de sa mère n’est pas moins avec elle parce qu’elle marche dans la foule.
Jésus, partout, n’a cessé d’être envoyé. Nous ne pouvons pas faire que nous ne soyons, à chaque instant, les envoyés de Dieu au monde. Jésus en nous ne cesse pas d’être envoyé, au long de ce jour qui commence, à toute l’humanité, de notre temps, de tous les temps, de ma ville et du monde entier. Béni soit ce nouveau jour, qui est Noël pour la terre, puisqu’en moi Jésus veut le vivre encore. »
Madeleine Delbrel
Grâce à Dieu, dans un certain sens, nous ne sommes pas les seuls à attendre. Il y a aussi le Seigneur Jésus qui attend. S’il présume que nous l’attendons et s’il serait ravi de savoir que nous le guettons fidèlement, lui à son tour, nous attend bien davantage que nous, avec beaucoup plus d’élan, avec beaucoup plus d’amour. C’est d’ailleurs lui qui prend l’initiative. Il ne nous appartient pas de nous lever pour partir vers lui.
C’est lui qui s’est levé pour venir à notre rencontre sur les nuées du ciel, à la fin des temps. C’est lui qui, dès à présent, se tient humblement à notre porte tous les jours et en frappant, tel un mendiant : « Voici que je me tiens à la porte et que je frappe ; si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui pour souper, moi près de lui, et lui près de moi » (Ap. 3,20). Bienheureux celui qui, dans le silence de son cœur, perçoit ce battement discret, à peine audible, et si vite étouffé par tant d’autres bruits qui nous encombrent au plus intime de nous-mêmes.
C’est d’ailleurs son Attente à lui qui, secrètement, nourrit la nôtre. C’est parce que lui nous attend d’un si violent désir que nous sommes capables de ne pas céder au sommeil, de l’attendre à notre tour, et de veiller avec une attente qui nous ravit, nous expulse hors de nous-mêmes, tout tendus vers la rencontre. Grande sera la joie de Jésus au moment où notre attente prendra fin.
André Louf
La Bible et les sacrements d’une main, la rencontre du prochain de l’autre, ainsi marche le chrétien. Le Contacts Spécial précédent méditait sur la " Parole de Dieu ". Celui-ci nous entraîne à lire des pages de la récente Encyclique du pape François : " Fratelli Tutti " (" Tous, Frères et Sœurs ") sur " la Fraternité et (de) l’Amitié Sociale ". Impossible de résumer en quelques mots ces 200 pages ! Mais comment taire l’inquiétude d’un Pasteur universel face à la Fraternité mise à mal aujourd’hui ! Désir de Fraternité pourtant bien présent dans nos quartiers marqués par la diversité de ses cultures, croyances ou religions. Et pourtant un si grand défi à vivre ensemble… Nous avons choisi François et son ch. 6 dédié à " l’Amitié Sociale ". N’est-il pas un guide sûr et une Voix qui cherche à réveiller ce monde frileux ?
Notons d’abord que sont associés 2 mots : " la Fraternité et l’amitié sociale ". Le risque est grand, dit-il, de parler de la fraternité en général et de rester dans l’abstraction, alors que " l’amitié sociale " est plus concrète. C’est l’amour qui se fait proche et se partage dans le concret des rencontres quotidiennes. " Reconnaître chaque être humain comme un frère et une sœur et chercher une amitié sociale qui intègre tout le monde… Tout engagement en ce sens devient un exercice suprême de la charité " (n° 180). " Le pape va en développer ses convictions et les moyens à mettre en œuvre :
1 - Le " dialogue social " est nettement valorisé : " Se rapprocher, s’exprimer, s’écouter, chercher des points de contact, tout cela se résume dans le verbe ’dialoguer’… Le dialogue persévérant et courageux ne fait pas la une comme les désaccords et les conflits mais il aide discrètement le monde à mieux vivre, beaucoup plus que nous ne pouvons imaginer "(n° 198). Car, que se passe-t-il dans un dialogue social ?
2 - Le dialogue social fait "construire du bien commun". " Le dialogue social authentique suppose la capacité de respecter le point de vue de l’autre en acceptant la possibilité qu’il contienne quelques convictions ou intérêt légitime. De par son identité, l’autre a quelque chose à nous apporter… Il devient ainsi possible d’être sincère, de ne pas dissimuler ce que nous croyons, sans cesser de dialoguer, de chercher des points de contact, et surtout de travailler et de lutter ensemble " (n° 203).
3 - Le dialogue social fait reculer le relativisme et la fausse tolérance que nous respirons. En recherchant le coeur de nos raisons de vivre ensemble et non la mollesse de nos idées, le pape invite nos sociétés à se construire sur la base de "vérités objectives" qui respectent l’homme : " Pour qu’une société ait un avenir, il lui faut cultiver le sens du respect en ce qui concerne la vérité de la dignité humaine. (n° 207)… " saisir certaines vérités qui ne changent pas, qui étaient vraies avant nous et le seront toujours. " (n° 208). La faille de notre société est dans : " l’individualisme indifférent et
impitoyable dans lequel nous sommes tombés, (qui est aussi) le résultat de la paresse à rechercher les valeur les plus élevées qui sont au-dessus des besoins de circonstances ? " (n° 209)
4 - Ainsi est venu le temps de " développer une culture de la rencontre ". " Parler de "culture de la rencontre" signifie que chercher à nous rencontrer, rechercher les points de contact, construire les ponts, envisager quelque chose qui inclut tout le monde, nous passionne. Cela devient un désir et un mode de vie" (n° 216). Oser nous laisser déplacer en nous enrichissant de la vue des autres !
5 - Cette culture de la rencontre permet aussi de bâtir la paix sociale, si nécessaire pour vivre la sécurité avec soi-même et avec les autres, différents de soi : " La paix sociale est difficile à construire…Ce qui est bon, c’est de créer des processus qui bâtissent un peuple capable d’accueillir les différences. Outillons nos enfants des armes du dialogue ! Enseignons-leur le bon combat de la rencontre " (n° 217). Bâtir la paix sociale en même temps qu’un peuple commence à notre porte !
6 - Elle se poursuit encore dans " l’effort de reconnaître à l’autre le droit d’être lui-même et d’être différent " (n° 218) en ayant des revendications légitimes : " Ignorer l’existence et le droit des autres provoque tôt ou tard une certaine forme de violence très souvent inattendue… Une rencontre sociale réelle met véritablement en dialogue les grandes formes culturelles qui représentent la majeure partie de la population…Aucun changement authentique, profond et durable, n’est possible s’il ne se réalise à partir des diverses cultures, principalement celle des pauvres " (n° 220).
7 - Le maître-mot qui cimente l’amitié sociale et la préserve, c’est la " Bienveillance " " L’individualisme consumériste… (où) les autres sont considérés comme de vrais obstacles… finit alors par les traiter comme des entraves et l’agressivité grandit " (n° 222). L’horizon vers lequel avancer tous ensemble, " c’est une manière de traiter les autres qui se manifeste sous des formes telles que : la bienveillance dans le comportement, l’attention pour ne pas blesser par des paroles ou des gestes, l’effort d’alléger le poids des autres. Cela implique qu’on dise des mots d’encouragements qui réconfortent, qui fortifient, qui consolent et qui stimulent, au lieu de paroles qui humilient, attristent, qui dénigrent " (n° 223).
La Bienveillance est bien le socle indispensable pour régénérer une vie ensemble qui, souvent, a perdu son âme : "Cultiver la bienveillance n’est pas un détail mineur ni une attitude superficielle ou bourgeoise. Puisqu’elle suppose valorisation et respect, elle transfigure profondément les relations sociales et la façon de débattre et de confronter les idées, lorsqu’elle devient culture dans une société. Elle facilite la recherche du consensus et ouvre des chemins où l’exaspération détruit tout pont " (n° 224).
Le pape ferait-il maintenant de la politique ? S’il s’agit d’une politique politicienne, bien sûr que non ! Son intention est autre car l’enseignement de La Doctrine Sociale de l’Eglise fait partie de sa mission. En l’enrichissant du thème de " l’Amitié Sociale ", François nous rappelle qu’il nous faut davantage penser, vivre et agir avec nos différences. Depuis que Dieu a rencontré l’ homme en Jésus, Dieu et l’homme sont intimement liés. Il n’est pas une Réalité extérieure à notre vie. Notre vie sociale et citoyenne avec ses rencontres, ses engagements, ses initiatives d’ouverture portent la capacité d’expérimenter Dieu et de le ’montrer’ autrement !
Michel RETAILLEAU
QUESTIONS POUR ALLER PLUS LOIN (seul ou à plusieurs) :
1 - Dans ce que je vis, avec quelles personnes et dans quels lieux, je vis quelque chose de cette " amitié sociale " ? Le positif ? Les difficultés ? Ce qui demeure possible… ?
2 - En abordant cette " amitié sociale " sous ses différents angles, qu’est-ce que j’entrevois de la grandeur et de la beauté d’un tel Projet ? Et des enjeux pour travailler ici à une humanité différente ?
3 - En relisant les 2 derniers " Contacts Spécial " (" Prier avec des Visages ", " Je PARLE dit Dieu, mais personne m’écoute ") et en voyant comme ils sont liés avec ce 3ème thème…, tout cela m’invite-t-il à vivre une vie chrétienne plus en profondeur ?... Et m’aide à entrer dans le Mystère de Noël ?
" Jésus a assumé une fonction de juge et de roi mais de manière nouvelle. Sans vive dans un palais, sans disposer d’un trône, d’une armée, il a fait droit aux malheureux et aux pauvres en partageant leur sort, en vivant une totale solidarité avec les gens sans défense ou rejetés par tous. C’est pour cela et non pour avoir partagé le sort des riches, des forts, des dominants ni résidé dans un Temple religieux, qu’il a reçu de son Père le pouvoir de siéger sur un trône de gloire et de juger les vivants et les morts.
Dans l’Évangile, ce Roi s’exprime au passé : " J’avais faim, j’avais soif." Et les gens lui répliquent au passé : " Quand t’avons-nous vu ? ". Au jour du jugement Dieu dira à tous : ma maison, mon royaume ne sont pas seulement ceux d’après la mort. Votre monde, c’est aussi le mien. En Jésus mon Fils, j’y ai fait ma demeure et j’y reste présent. M’y reconnaissez-vous ? Faites que la vie sur terre ressemble à celle du ciel, faites qu’y règnent les Béatitudes, et vous posséderez déjà ce que vous espérez. C’est donc sur la terre que le ciel est déjà commencé, que le jugement est à l’œuvre. Dieu vit déjà au milieu des hommes. Si on ne le reconnaît pas sur la terre, comment pourrait-on le reconnaître au ciel ?... Sa royauté n’est pas de ce monde, a-t-il déclaré à Pilate, au sens où elle n’a rien d’une royauté mondaine, mais elle est bien enracinée dans le monde."
Michel Scouarnec
« Ils me reprochent mon silence. Ils disent tous que je me tais. Mais il ne leur vient pas à l’idée qu’ils sont tous sourds.
Ils multiplient les prières, ils m’appellent à l’aide, mais ils n’écoutent pas mes paroles.
Ils croient me prier mais c’est moi qui les prie et ils n’entendent pas. Je leur dis : je t’en prie laisse ce fusil, tu vas encore faire une catastrophe. Mais ils n’entendent rien et ils multiplient les catastrophes... » D’après un sketch de Michel Boujenah, acteur et humoriste.
Les clowns sont souvent des sages et ce sketch ancien, cité de mémoire, suggère, comme la Bible que Dieu a plein de choses à nous dire, et qu’il les dit. Le Dieu de la Bible n’est pas comme les « idoles qui ont une bouche et ne parlent pas » (Psaume 115, 5).Lui, Il parle et n’a cessé de parler.
Au commencement sa Parole a fait surgir la création et la vie. Il dit et cela fut. (Genèse ch.1). De ce qui était un chaos informe et vide (en hébreux un tohu bohu) il a fait un monde ordonné et merveilleux empli d’un foisonnement d’astres, d’éléments, de plantes et d’animaux. Et parmi eux, à son image, l’être humain qu’il a animé de son souffle. « Les cieux chantent la gloire de Dieu, le firmament raconte l’œuvre de ses mains. Ils racontent sans mots et sans récits, mais leur message paraît sur toute la terre. » (Ps 19,2-5). La création est parole de Dieu et révèle Dieu.
Ensuite au cours de l’histoire, sa Parole a été adressée à des hommes. Il leur a parlé par des songes, des visions, des inspirations. Ces hommes-là n’avaient rien demandé. La plupart comme Moïse ou Jérémie ont protesté. Ils se voyaient timides, incapables de parler en public. Cette parole qu’ils recevaient pour la donner à tous, leur coûtait. Ils avaient beau lui résister, elle s’imposait à eux. « Je me disais : Je ne penserai plus à lui, je ne parlerai plus en son nom. Mais sa parole était comme un feu brûlant dans mon cœur, elle était enfermée dans mes os. Je m’épuisais à la maîtriser, sans y réussir. » (Jérémie 20 7-9)
Quand à Moïse, « Dieu lui parlait face à face comme on parle d’homme à homme. » (Exode 33, 11) et la Parole de Dieu est devenue action dans l’Histoire : Elle les a tirés de l’esclavage de l’Egypte, elle leur a fait traverser la mer, puis le désert. Sur la montagne, elle est devenue le don des commandements : la Thora (ou Torah), les dix grandes paroles de vie. Paroles pour Vivre : « La loi du Seigneur est parfaite, elle redonne vie »(psaume 18, 8) Ce petit peuple a fait l’expérience que lorsque Dieu parle c’est pour nous inviter à la vie. Ils ont vécu cela de nombreuses fois au cours de leur histoire, en traversant de nombreuses catastrophes.
Cette expérience vécue, ils l’ont recueillie dans des livres : la Bible. Mais pour autant, sommes-nous " les gens du Livre " ? C’est ainsi que le Coran appelle les juifs et les chrétiens. Mais non, nous sommes les gens d’une Parole Vivante, adressée à des hommes et des femmes dont parlent ces livres. Ce qui nous intéresse ce n’est pas le Livre, c’est l’expérience de Dieu qu’ils ont vécue. Expérience de communion avec lui, et expérience de libération et de vie. Cette expérience nous est proposée. Et cette parole qu’ils ont entendue nous est toujours adressée.
« Le Verbe (La Parole) s’est fait chair, il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire » (Jean 1,14).Pour nous chrétiens, la Parole que Dieu adressait à l’humanité depuis l’origine du monde s’est incarnée dans un homme : Jésus. « Il est le rayonnement de la gloire de Dieu, l’expression parfaite de son être » (hébreux 1, 1-3). Il rayonne Dieu par ses enseignements et autant par ses actions : « ce que fait le Père, le Fils le fait pareillement. »(Jean 5,19). Ainsi en regardant Jésus nous voyons qui est Dieu : « Qui me voit, voit le Père. ».Sa manière de naître, de vivre, de mourir et sa résurrection nous révèle Dieu qui épouse au plus haut point notre condition, qui ne nous rejette pas, pardonne nos péchés et nous invite sans cesse à la vie.
« Ephata , ouvre-toi » dit Jésus au sourd muet, le tirant ainsi du silence où il est plongé. « Lève-toi et marche » dit-il au paralytique le tirant de son immobilité. « Petite fille je te le dis lève-toi » dit-il à la fille de Jaïre la tirant de la mort. « Lazare, sors » dit-il à son ami le tirant du tombeau ; c’est nous que Jésus invite ainsi à sortir de nos surdités et aveuglements, de nos paralysies, de nos tombeaux. La joie de Zachée, celle de Matthieu, celle de Madeleine et de tous les pécheurs pardonnés... leur joie d’être appelés alors qu’ils ne s’imaginaient pas dignes. La joie de Bartimée bondissant à la voix du Christ avant même d’être guéri. La joie des femmes et des apôtres au matin de la résurrection alors qu’ils ne voient qu’un tombeau vide. Tous ces moments de l’évangile nous tracent un chemin de lumière.
Lire la Bible et l’Evangile c’est s’exposer à cette lumière. C’est se risquer à cette rencontre avec le Christ. C’est entendre ses appels à mettre de l’ordre dans notre tohu bohu intérieur. Ses appels à nous lever, nous relever de notre obscurité, de notre confinement, notre covid, nos attentats, notre deuil, nos colères, nos rancunes, notre péché.... Ce sont des appels à traverser tout ce qui est mortifère et à le transformer en hymnes à la vie et à la joie. Ses appels sont promesses de résurrection.
« Il nous a donnés le pouvoir de devenir enfants de Dieu » (Jean 1,12). Le Père nous dit comme à Jésus « tu es mon enfant bien aimé, en toi je trouve ma joie » (Marc 1,11).Cet amour de Dieu manifesté dans le christ est notre solidité. « Ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, c’est lui qui nous a aimés, et il a envoyé son Fils en sacrifice de pardon pour nos péchés. Bien-aimés, puisque Dieu nous a tellement aimés, nous devons, nous aussi, nous aimer les uns les autres. » (1 jean 4, 10-11) Ainsi veulent vivre les enfants de Dieu.
« Acclamons la Parole de Dieu ! »non pas un livre ancien et figémais bien le Seigneur Jésus qui veut au présent, nous donner la Vie en son nom (Jean 20, 31) : « Louange à toi Seigneur Jésus ! »
Robert JOURFIER
Lectio Divina : une méthode pour prier avec la Parole de Dieu, en quatre étapes.
1. Lire le texte : plusieurs fois, avec attention, afin de s’en imprégner.
2. La méditation. Essayer de comprendre qui est dit. S’aider des notes de la Bible. Que voulait dire Jésus ? Comment il se comporte ? Et les autres personnages ? Qu’est ce qui me touche ? En quoi cela me rejoint ? Quel appel m’est fait ?
3. La prière Je m’adresse à Dieu avec ce qui m’a touché. Et je lui parle comme un ami parle à son ami.
4. La contemplation Je fais silence. Je laisse à Dieu l’espace pour parler Je me laisse guider par lui, et je lui rends grâces...
Il y a tant de manières de prier ! Mais, à l’occasion de la " Journée Mondiale des Pauvres et de la Journée Nationale du Secours Catholique " des 14-15 Novembre, ce " Contacts Spécial " voudrait s’arrêter sur l’expérience chrétienne du Visage. Et rejoindre le Christ dans le regard priant qu’il portait sur les visages. Pour nous, à partir de ces visages que nous rencontrons chaque jour, ceux qui peuplent nos prières, de ceux que nous approchons ici et là, les visages de notre communauté…
Pourquoi c’est possible de prier ainsi ? Au moins, pour 3 raisons (même en période masquée !) :
* Tout visage humain « parle ». Il laisse parler des émotions, des tristesses, des angoisses, des joies, des désirs, des attentes…
* Quand je rencontre le visage d’un autre, il est une « parole » qui m’est adressée et qui m’impose le respect. Sans même parler, il m’invite à « prendre soin » de sa personne.
* Parce qu’en Jésus, la Parole de Dieu s’est fait " Visage humain ", désormais, on peut rejoindre en tout visage humain quelque chose des traits du Visage de Dieu et du Christ.
A l’aide de témoins qui ont approché ce mystère du " Visage " et en contemplant l’expérience même de Jésus, nous voilà invités à faire des visages rencontrés une expérience humaine et spirituelle profonde. En s’aidant des exercices ici proposés, comment s’approcher de visages qui portent un tel mystère ?
1 - Comme Jésus, commencer par " poser son regard " sur des visages.
Parole de témoin : " Il faut apprendre à lire la beauté, à la discerner par-delà les beautés trop évidentes devant lesquelles tout le monde s’incline. La vraie beauté demande une certaine acuité du regard. Un jour, devant des étudiants, j’ai dit : " Tout visage en sa bonté, en son humilité, est beau. " Du coup, mon regard a croisé celui d’un handicapé placé devant moi, et j’ai vu que son visage, illuminé d’une lueur de reconnaissance, était effectivement beau. Il nous faut regarder autrement les visages, c’est-à-dire les regarder avec compassion. " (François Cheng)
Dans les Évangiles, Jésus n’a pas un regard pressé, inattentif. Si on lit attentivement certaines de ses rencontres , par exemple : avec le jeune homme riche (Mc, 10, 17-27) ; Zachée (Lc 19, 1-10) ; la femme adultère (Jn 8, 1-11) etc…, on découvre que Jésus prend le temps de « poser son regard » sur ceux qu’il rencontre. Il prend le temps d’accueillir ce qui les « habite » intérieurement.
Exercice : A la manière de Jésus, en « posant » mon regard sur tel visage rencontré, ou sur des photographies de visages familiers ou de magazine, me demander ce qui les « habite » intérieurement : ce qui les rend heureux, ce qu’ils attendent ou bien ce qui les angoisse….
2 - Comme Jésus, approcher un visage sans le "dé-visager " mais en" l’ en-visageant "
Parole de Témoin : " C’est un regard qui " envisage " au lieu de " dévisager ". Regard qui va d’emblée jusqu’à la part enfouie, inavouée et honteuse si souvent, mais aussi part douloureuse… Tous ceux et celles qui se sont laissé regarder par Lui, qui ont consenti à ces yeux-là, ressurgissent d’un abîme. Ils tiennent debout, ils marchent, ils dansent : aucun démon de dégoût, de la honte, ne les possède plus. " (Paul Baudiquey)
Il y a des regards qui mettent mal à l’aise, violent une intimité, parce qu’ils ’dé-visagent’, en projetant sur telle personne ce qu’on en dit, la réduisant à ses idées, son look, sa manière d’être. Parce que Jésus prend le temps de « poser » son regard, il n’est pas tenté de « dé-visager », il « en-visage » Il regarde « du dedans » du visage. Il pressent l’ "être intérieur " de la personne qu’il rejoint dans son épaisseur humaine, dans ses blessures mais aussi dans ses désirs profonds.
Exercice : En essayant comme Jésus, d’« envisager » ces visages photographiés ou rencontrés, en s’efforçant comme lui, de les regarder « du dedans » d’eux-mêmes, qu’est-ce que je devine de leur être profond ? Et en m’en laissant pénétrer, à quoi ces visages m’appellent-ils ?
3 - Avec Jésus, contempler les traces de la "Gloire de Dieu" en eux.
Parole de Témoin : " Il suffit de surprendre ces visages en cette douce gravité qui les fait " lourds " d’une consistance qui ne trompe pas et qui déjà peut s’appeler " la gloire " : gloire enfouie qui fait de tout être " une fête de lumière derrière un grillage " et qui attend, pour être libérée, que se pose un " certain regard ". Un regard qui " envisage au lieu de " dévisager". "( Paul Beaudiquey).
" Quand je rencontre un travailleur, homme ou enfant, s’il savait ce que je ressens pour lui ! Moi, je le connais, je sais qu’il est immortel, aimé de Dieu, destiné au ciel. " Anizan fondateur des Fils de la Charité)
En « en-visageant » les personnes, Jésus réveille leur beauté cachée, enfouie en chacun d’eux. Il appelle alors à faire surgir cette part de " gloire " endormie en chacun d’eux (dans la Bible, " gloire " = poids, épaisseur)… Autrement dit, le « poids » d’amour qui les habite. Notre contemplation doit jusqu’à aller contempler les reflets de la Gloire de Dieu perceptibles ou enfouis dans les visages de ceux que nous prenons le temps de rencontrer : « Nous tous qui, le visage découvert, contemplons comme en un miroir la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en cette même image, allant de gloire en gloire… » (2 Co 3, 18)
Exercice : En me laissant « habiter » par ces visages, qu’est-ce que je pressens cette part de « Gloire de Dieu » enfouie » au plus secret de leurs traits ? En quoi cette expérience m’invite-t-elle à les aimer comme Dieu les aime ?
4- Dans les visages, entrevoir Jésus qui donne visage à celui qui est " dé-visagé "
Parole de Témoin : " Les pauvres ont beaucoup à nous enseigner. Par leurs propres souffrances, ils connaissent le Christ Souffrant…Nous sommes appelés à découvrir le Christ en eux, à prêter notre voix à leurs causes, mais aussi à être leurs amis, à les écouter, à les comprendre et à accueillir la mystérieuse sagesse que Dieu veut nous communiquer à travers eux." (Pape François)
En Matthieu 25, 31-46, il est dit de celui qui a le visage dé-figuré du fait d’être "affamé, assoiffé, étranger, nu, malade ou prisonnier " que le Christ vient lui donner son propre visage pour protéger sa dignité d’enfant de Dieu : " Ce que vous avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait." Derrière toutes ces situations qui, dans la vie, peuvent faire perdre l’identité humaine, nous sommes invités à entrevoir et contempler le Visage du Christ Crucifié et Ressuscité.
Exercice : En me souvenant de certaines rencontres d’hier ou d’aujourd’hui (rencontres de femmes, hommes, enfants ou jeunes, blessés par la vie), comment (au-delà de l’émotion) il m’a été donné de deviner et d’entrevoir la Présence du Christ Crucifié et Ressuscité en eux ?
" Le sanctuaire de Dieu, c’est le visage de tant de personnes qui croisent nos chemins." Pape François
AUTOUR DES ATTENTATS…
UN VOCABULAIRE À COMPRENDRE
Ces dernières semaines ont été marquées par 2 attentats terroristes en France : ceux d’un professeur et de 3 chrétiens à Nice. Au-delà de l’émotion, ces évènements ont été commentés avec des mots souvent répétés : "droit au blasphème, Islamisme, laïcité, liberté d’expression…" Ce Contact Spécial voudrait revenir sur leur signification. Et tenter, en quelques mots (un défi !) de mettre un peu d’ordre dans notre tête afin d’en comprendre le sens. Mais aussi tenter d’éclairer en quoi ces évènements nous interpellent comme chrétiens vivant notre foi dans une société laïque. (PS : à noter, beaucoup de citations sont tirées du journal La Croix.)
1. DISTINGUER ISLAM ET ISLAMISME
Deux mots qui ne sont pas synonymes…
De l’Islam, on peut dire, schématiquement, qu’il est composé pour une part d’une grande majorité de Musulmans dits " modérés " qui pratiquent pacifiquement la religion de l’Islam, dans le respect des lois de la république. Mais aussi qu’il est traversé par des courants, minoritaires en France, dits " Islamistes " ou " radicaux " qui veulent imposer, y compris par la violence, leur vision politique et religieuse à la fois. (cf. salafistes et frères musulmans).
En soulignant le mur qui sépare l’Islam religieux de l’Islam politique "intégriste", deux points importants sont à retenir : d’une part, que les musulmans "modérés" acceptent les institutions en place. D’autre part, qu’on ne peut ni on ne doit identifier tous les musulmans à ces actes terroristes violents. Les musulmans modérés font les frais de cette confusion car c’est leur religion qui est salie. " Les terroristes qui s’accaparent des symboles de l’Islam sont un affront à notre foi et à notre religion. " (Mohamed Moussaoui - CFCM)
2. LAÏCITÉ et LIBERTÉ D’EXPRESSION
Depuis 1905 et la séparation Église et de l’État, différentes visions de la" laïcité " s’affrontent…
Dans une lecture positive, les Évêques Français en rappellent le principe : " Au sens strict et originel du terme, la laïcité signifie la séparation de l’institution religieuse et de l’institution politique. L’Église ne commande pas à l’État, l’État ne commande pas à l’Église. Et l’école publique, ouverte à tous, est indépendante de toute influence religieuse." (2016)
Mais ils reconnaissent qu’il y a une laïcité " ouverte " et " une laïcité " étroite " : " Notre pays est agité par un débat qui oppose les tenants d’une laïcité étroite qui voient dans toute religion un ennemi potentiel de la République et de la liberté humaine, et les partisans d’une laïcité ouverte qui considèrent la République comme la garante de la place des religions, de l’expression des convictions et des croyances, garante aussi de l’apport
bénéfique qu’elles peuvent apporter à la vie de notre pays. La laïcité de l’État est un cadre juridique qui doit permettre à tous, croyants de toutes les religions et non-croyants, de vivre ensemble. "
Jean Marie Petitclerc (2/11/20) reprend tout cela avec des mots qui nous sont plus familiers…
Il y a une " laïcité de la concorde sociale et une laïcité de combat. " La laïcité est le moyen que se donne l’État pour être le garant de la fraternité entre tous les citoyens français, quelles que puissent être leurs convictions religieuses ou athées. En face de cette laïcité de la concorde sociale, se trouve une laïcité de combat dont la vision ne donne plus à chacun la possibilité d’exprimer ses convictions de foi, la foi relevant du seul domaine de la vie privée. " Cette vision, éloignée de la loi de 1905, devient ainsi une sorte d’idéologie antireligieuse."
Et l’auteur plaide pour une laïcité qui associe liberté d’expression et respect de l’autre…
" Si la liberté est un droit, la fraternité est un devoir… Aussi, nous devons apprendre à conjuguer liberté d’expression et devoir de fraternité… Dans le fameux droit à la caricature, le but est de faire rire et non de blesser. L’œuvre du caricaturiste doit être habitée par le respect des personnes à qui il s’adresse. Or, si nous voulons dans notre république laïque exiger de tous les musulmans qu’ils respectent ceux qui ne partagent pas leurs convictions religieuses - et c’est le cas de la grande majorité d’entre eux -, il nous faut aussi respecter leurs convictions, même si elles ne sont pas les nôtres. Le but de la laïcité, c’est la concorde et non la fracture. "
3. CHRÉTIENS ET MUSULMANS dans une SOCIÉTÉ LAÏQUE
Dans cette vision ouverte de la laïcité, que peut-on attendre de nous/moi comme chrétiens ?
D’abord, avec tous les citoyens, croyants ou non, que nous résistions à la barbarie : " Résister à l’ennemi qu’est le fanatisme. Résister à nous-mêmes, à la tentation qui peut être la nôtre de répondre à la violence par la violence, de combattre la haine par la haine. Ce serait la victoire des terroristes, c’est même précisément ce qu’ils cherchent : déclencher une guerre civile. " (Guillaume Goubert, 19/10/2020).
Personnellement, que " j’arrête de me sentir offensé quand un athée, un anticlérical ou quelqu’un qui n’est pas d’accord avec moi tiendra des propos que je jugerai faux ; Je ne suis pas propriétaire de Dieu. Je ne dois pas confondre mon opinion, même si je la crois vraie, avec Dieu lui-même. Ni confondre ma personne avec Dieu " (Adrien Candiard, 19/1020).
Chercher à rencontrer nos frères musulmans : " Le Christ nous invite à croire qu’il vaut la peine d’aller vers l’autre. Avec les musulmans que nous rencontrons, nous osons croire qu’il est aussi possible que nécessaire de se connaître et de s’estimer sans partager la même foi. Nous devons essayer de ne pas vivre seulement à côté des musulmans mais oser entrer en relation avec eux, ne pas avoir peur. Nous vivons bien souvent juxtaposés. Le plus important, c’est que des enfants, des familles se découvrent en profondeur. Des chrétiens enracinés dans leur foi peuvent témoigner paisiblement. " (Mgr E. de Moulins-Beaufort ,2/11/20)
Sans oublier les armes de l’amour et du pardon : "Notre acte de foi, comme chrétiens, c’est de croire que la violence peut être vaincue par la force de l’amour et du pardon, ce qui n’exclut pas les mesures de police et le devoir de protection de l’État… Cette guerre est avant tout une guerre spirituelle. Attention à ne pas nous laisser absorber par les armes de l’ennemi. " (Mgr E. de Moulins-Beaufort)
« Le Dieu qui demande de tuer n’existe pas. C’est un leurre, voire une idole. »
(Mgr Dominique LEBRUN)
" Plus un homme donne, plus il est libre. Si le don est un acte de liberté, aimer, se donner est une décision. Se donner est source d’une plus grande liberté. Autrement dit, la liberté signifie à la fois que la personne est libre de donner et qu’elle est libérée d’avoir donné. Il y a dans le cœur de l’homme un désir de se donner gratuitement. La vraie joie est celle du don. En effet, le contentement est le sentiment qui naît de la présence d’un bien. Nous nous réjouissons de goûter à cette glace, de rencontrer notre ami etc. En revanche, nous sommes tristes, lorsque manque celui que notre cœur chérit. Or, se donner, c’est être présent à celui que l’on aime. Le don fait entrer en communion et en communion actuelle.
Ce qui caractérise le véritable amour est son réalisme : nous n’aimons pas hier ou demain, mais aujourd’hui. Voilà pourquoi la joie est le premier fruit de l’amour. Celui qui donne a " l’âme comme un jardin tout irrigué " (Jérémie 31, 12). L’égoïsme retarde l’amour et donc la joie ; mais dans le don s’attarde la joie. " " Il faut donner sa vie comme on jette une fleur ", c’est-à-dire sans jamais la reprendre, disait Madeleine Daniélou. Le don sincère de soi est sans retour, sans restriction. Le don de soi est la plus grande joie de l’existence. "
Pascal Ide
En cette Journée Nationale du Secours Catholique, extrait de son " Rapport de la pauvreté en France 2020 ", qui nous alerte…
" Avec la crise sanitaire, la France a ouvert les yeux sur une réalité qui passe d’ordinaire sous les radars : des familles, des personnes seules, des jeunes ont besoin de l’aide alimentaire pour ne pas avoir faim. À en croire le ministre de la Santé et des Solidarités, en cette fin 2020, 8 millions de personnes ont à subir cette humiliation. 12% de la population. Huit fois plus que dans les années 1980. Tout le monde semble l’ignorer ou, pire, s’y être accoutumé. Cette situation est une honte dans notre pays riche !...
La cause est simple : c’est l’insuffisance des revenus. Car une fois payés le loyer et les factures récurrentes, dont certaines ne cessent d’augmenter (notamment l’eau et l’énergie), il reste si peu qu’il est impossible de payer la nourriture, les produits d’hygiène, le téléphone, les soins dentaires, les vêtements, les transports, les loisirs... Alors il faut jongler, en permanence, trouver des solutions. Il faut se priver, se serrer la ceinture sur tout.
Quand l’estime de soi est mise à si rude épreuve, quand l’angoisse du lendemain est si forte, comment se projeter vers l’avenir ? En appelant à desserrer l’étau qui étrangle le budget des plus modestes, nous ne demandons pas autre chose : que chacun puisse, un tant soit peu, respirer. "
Les slogans assénés en permanence par les médias, les mots magiques du bonheur, du bien-être, tous ces poncifs enferment l’être humain dans les illusions. On ne parle plus de s’améliorer, de grandir, mais juste de s’aimer. Si la finalité de l’existence est de s’aimer, de se protéger, de prendre soin de soi, c’est alors un enfermement effrayant. Aujourd’hui, il nous faut des grands résistants de l’esprit pour une transformation intérieure.
C’est cela , la première liberté. Que fais-je de ma vie ? Quelque chose d’unique et de grand ? Sans me prendre pour un saint ou un sauveur, vais-je élever l’humanité ou ne vais-je penser qu’à moi ? Soljenitsyne dit qu’il faut sortir de la vie plus grand qu’on y est entré. Serais-je en mourant la même, sans transformations, sans efforts, sans exigences ?
Si la crise que nous traversons met l’accent sur notre vulnérabilité et permet de nous réconcilier avec la proximité de la mort, alors nous pouvons nous en sortir. Amie du Christ, je suis remplie d’une espérance immense et folle dans l’Esprit-Saint… A-t-on profité du confinement pour se remettre en question ? Le 1er texte trouvé dans l’histoire de l’humanité remonte à la civilisation sumérienne, il ne parle que d’une chose, c’est la quête de l’éternité… Ne méprisons pas les beautés et les richesses de ce monde, mais n’oublions pas qu’elles ne sont pas durables. Ayons le désir du grand et de ce qui nous dépasse. Ayons le désir de l’éternel !
Jacqueline Kelen, qui a reçu le Prix de la liberté intérieure 2020
" La parabole des 5 jeunes filles "insouciantes" et des 5 jeunes filles " prévoyantes " (Mt 25, 1-13) nous concerne tous. Si l’on peut comparer la foi à une lumière qu’entretient l’huile d’une lampe, qui peut éclairer nos nuits, nourrir notre espérance et notre amour de Dieu, il nous faut aujourd’hui beaucoup compter sur nous-mêmes et faire réserve d’huile. Nous venons d’un temps où la foi de l’Eglise et de ses dogmes suffisait pour la plupart et les dispensait de cultiver une foi personnelle. Il n’en va plus ainsi.
Si nous ne veillons pas sur nos provisions d’huile baptismale et ne les renouvelons pas par la réflexion et la prière, la méditation de la Parole de Dieu et le service des autres, nous risquons de laisser s’éteindre en nous la lampe de notre amour de Dieu et d’être incapables de rendre compte de notre foi personnelle. Nous risquons de nous assoupir et de rater le passage de Dieu et la venue du Christ. Inutile de gémir sur la perte de sens dans un monde menacé de folie, un monde où Dieu n’a aucune place, si nous ne faisons rien pour entretenir la vitalité de notre propre foi." Michel Scouarnec
Ces dernières semaines ont été marquées par 2 attentats terroristes en France : ceux d’un professeur et de 3 chrétiens à Nice. Au-delà de l’émotion, ces évènements ont été commentés avec des mots souvent répétés : "droit au blasphème, Islamisme, laïcité, liberté d’expression…" Ce Contact Spécial voudrait revenir sur leur signification. Et tenter, en quelques mots (un défi !) de mettre un peu d’ordre dans notre tête afin d’en comprendre le sens. Mais aussi tenter d’éclairer en quoi ces évènements nous interpellent comme chrétiens vivant notre foi dans une société laïque. (PS : à noter, beaucoup de citations sont tirées du journal La Croix.)
De l’Islam, on peut dire, schématiquement, qu’il est composé pour une part d’une grande majorité de Musulmans dits " modérés " qui pratiquent pacifiquement la religion de l’Islam, dans le respect des lois de la république. Mais aussi qu’il est traversé par des courants, minoritaires en France, dits " Islamistes " ou " radicaux " qui veulent imposer, y compris par la violence, leur vision politique et religieuse à la fois. (cf. salafistes et frères musulmans).
En soulignant le mur qui sépare l’Islam religieux de l’Islam politique "intégriste", deux points importants sont à retenir : d’une part, que les musulmans "modérés" acceptent les institutions en place. D’autre part, qu’on ne peut ni on ne doit identifier tous les musulmans à ces actes terroristes violents. Les musulmans modérés font les frais de cette confusion car c’est leur religion qui est salie. " Les terroristes qui s’accaparent des symboles de l’Islam sont un affront à notre foi et à notre religion. " (Mohamed Moussaoui - CFCM)
Depuis 1905 et la séparation Eglise et de l’État, différentes visions de la" laïcité " s’affrontent…
Dans une lecture positive, les Évêques Français en rappellent le principe : " Au sens strict et originel du terme, la laïcité signifie la séparation de l’institution religieuse et de l’institution politique. L’Église ne commande pas à l’État, l’État ne commande pas à l’Église. Et l’école publique, ouverte à tous, est indépendante de toute influence religieuse." (2016)
Mais ils reconnaissent qu’il y a une laïcité " ouverte " et " une laïcité " étroite " : " Notre pays est agité par un débat qui oppose les tenants d’une laïcité étroite qui voient dans toute religion un ennemi potentiel de la République et de la liberté humaine, et les partisans d’une laïcité ouverte qui considèrent la République comme la garante de la place des religions, de l’expression des convictions et des croyances, garante aussi de l’apport
bénéfique qu’elles peuvent apporter à la vie de notre pays. La laïcité de l’Etat est un cadre juridique qui doit permettre à tous, croyants de toutes les religions et non-croyants, de vivre ensemble. "
Jean Marie Petitclerc (2/11/20) reprend tout cela avec des mots qui nous sont plus familiers…
Il y a une " laïcité de la concorde sociale et une laïcité de combat. " La laïcité est le moyen que se donne l’État pour être le garant de la fraternité entre tous les citoyens français, quelles que puissent être leurs convictions religieuses ou athées. En face de cette laïcité de la concorde sociale, se trouve une laïcité de combat dont la vision ne donne plus à chacun la possibilité d’exprimer ses convictions de foi, la foi relevant du seul domaine de la vie privée. " Cette vision, éloignée de la loi de 1905, devient ainsi une sorte d’idéologie antireligieuse."
Et l’auteur plaide pour une laïcité qui associe liberté d’expression et respect de l’autre…
" Si la liberté est un droit, la fraternité est un devoir… Aussi, nous devons apprendre à conjuguer liberté d’expression et devoir de fraternité… Dans le fameux droit à la caricature, le but est de faire rire et non de blesser. L’œuvre du caricaturiste doit être habitée par le respect des personnes à qui il s’adresse. Or, si nous voulons dans notre république laïque exiger de tous les musulmans qu’ils respectent ceux qui ne partagent pas leurs convictions religieuses - et c’est le cas de la grande majorité d’entre eux -, il nous faut aussi respecter leurs convictions, même si elles ne sont pas les nôtres. Le but de la laïcité, c’est la concorde et non la fracture. "
Dans cette vision ouverte de la laïcité, que peut-on attendre de nous/moi comme chrétiens ?
D’abord, avec tous les citoyens, croyants ou non, que nous résistions à la barbarie : " Résister à l’ennemi qu’est le fanatisme. Résister à nous-mêmes, à la tentation qui peut être la nôtre de répondre à la violence par la violence, de combattre la haine par la haine. Ce serait la victoire des terroristes, c’est même précisément ce qu’ils cherchent : déclencher une guerre civile. " (Guillaume Goubert, 19/10/2020).
Personnellement, que " j’arrête de me sentir offensé quand un athée, un anticlérical ou quelqu’un qui n’est pas d’accord avec moi tiendra des propos que je jugerai faux ; Je ne suis pas propriétaire de Dieu. Je ne dois pas confondre mon opinion, même si je la crois vraie, avec Dieu lui-même. Ni confondre ma personne avec Dieu " (Adrien Candiard, 19/1020).
Chercher à rencontrer nos frères musulmans : " Le Christ nous invite à croire qu’il vaut la peine d’aller vers l’autre. Avec les musulmans que nous rencontrons, nous osons croire qu’il est aussi possible que nécessaire de se connaître et de s’estimer sans partager la même foi. Nous devons essayer de ne pas vivre seulement à côté des musulmans mais oser entrer en relation avec eux, ne pas avoir peur. Nous vivons bien souvent juxtaposés. Le plus important, c’est que des enfants, des familles se découvrent en profondeur. Des chrétiens enracinés dans leur foi peuvent témoigner paisiblement. " (Mgr E. de Moulins-Beaufort ,2/11/20)
Sans oublier les armes de l’amour et du pardon : "Notre acte de foi, comme chrétiens, c’est de croire que la violence peut être vaincue par la force de l’amour et du pardon, ce qui n’exclut pas les mesures de police et le devoir de protection de l’État… Cette guerre est avant tout une guerre spirituelle. Attention à ne pas nous laisser absorber par les armes de l’ennemi. " (Mgr E. de Moulins-Beaufort)
« Le Dieu qui demande de tuer n’existe pas. C’est un leurre, voire une idole. »
(Mgr Dominique LEBRUN)
Ce texte fait partie des Béatitudes, que Matthieu place au début de son Evangile, au chapitre 5, dans un discours solennel de Jésus…
Ceux qui pleurent ont aimé, et sont blessés parce que celui ou celle qu’ils aiment souffre, est perdu, a trahi ou est mort. Les larmes disent avant tout l’amour. Et c’est peut-être pour cela d’abord que sont heureux ceux qui pleurent. Qu’est-ce que la sainteté, sinon, accepter de perdre son temps et ses forces, pour d’autres, par amour ? Bienheureux ceux qui œuvrent à la paix, bienheureux les doux, bienheureux ceux qui ne jugent pas, bienheureux ceux qui pleurent, car tous, ils aiment.
La consolation est donnée, elle est à recevoir par Celui qui a pleuré avec les hommes. Le Christ a pleuré avec les siens, devant la dureté des hommes, à la mort de Lazare et à sa passion, et en lui c’est Dieu lui-même qui pleure… La consolation promise commence là : nous ne sommes pas seuls avec nos larmes ; elles sont portées, enveloppées dans les larmes du Christ, en qui l’amour est plus fort que la mort. Et reçues par le Père, qui de toute éternité nous attend. "
Anne Lécu, sœur dominicaine
" Aux responsables des États nous disons : œuvrons ensemble en vue d’une nouvelle architecture de la paix. Unissons les forces pour la vie, la santé, l’éducation, la paix. Ne perdons pas de temps ! Commençons par des objectifs réalisables : unissons aujourd’hui déjà les efforts pour empêcher la diffusion du virus jusqu’à ce que nous ayons un vaccin qui soit adéquat et accessible à tous. Cette pandémie est en train de nous rappeler que nous sommes des sœurs et des frères de sang.
A tous les croyants, aux femmes et aux hommes de bonne volonté, nous disons : avec créativité, faisons-nous artisans de paix, construisons l’amitié sociale, faisons nôtre la culture du dialogue. Le dialogue loyal, persévérant et courageux est l’antidote au manque de confiance, aux divisions et à la violence. Le dialogue dénoue à la racine les raisons de la guerre qui détruisent le projet de fraternité inscrit dans la vocation de la famille humaine.
Personne ne peut se sentir exclus. Nous sommes tous coresponsables. Nous avons tous besoin de pardonner et d’être pardonnés. Les injustices du monde et de l’histoire se soignent non pas par la haine et la vengeance, mais par le dialogue et le pardon."
Extraits de la Déclaration de responsables interreligieux réunis autour du pape : musulmans, juifs, chrétiens, bouddhistes, sikhs… - 20 /10/2020
"Les fidèles laïcs ne peuvent absolument pas renoncer à la participation à la « politique », à savoir à l’action multiforme, économique, sociale, législative, administrative, culturelle, qui a pour but de promouvoir le bien commun... Les accusations d’arrivisme, d’idolâtrie du pouvoir, d’égoïsme et de corruption, qui bien souvent sont lancées contre les hommes du gouvernement, du parlement, de la classe dominante, des partis politiques, comme aussi l’opinion assez répandue que la politique est nécessairement un lieu de danger moral, tout cela ne justifie pas le moins du monde ni le scepticisme ni l’absentéisme des chrétiens pour la chose publique…
A l’inverse, la parole du Concile Vatican II est des plus significatives : « L’Eglise tient en grande considération et estime l’activité de ceux qui se consacrent au bien de la chose publique et en assument les charges pour le service de tous »…
Cela exige que les fidèles laïcs trouvent toujours plus d’élan spirituel grâce à une participation réelle à la vie de l’Eglise et qu’ils soient éclairés par sa doctrine sociale…En tant que disciples de Jésus-Christ, « Prince de la paix » (Is 9, 5) et « notre Paix » (Ep 2, 14), les fidèles laïcs doivent assumer la tâche d’être des « artisans de paix » (Mt 5, 9), autant par la conversion du coeur que par l’action en faveur de la vérité, de la liberté, de la justice et de la charité, qui sont les fondements inaliénables de la paix."
Extraits de " Christi Fideles Laici " (n° 42) de Jean Paul 2
Conseils d’un théologien laïc père de 4 enfants… Extraits, dans " La Vie " :
"Dieu assure la croissance, mais le travail du jardinier qui sème est nécessaire. Il est accordé aux parents de participer à l’œuvre divine par l’éducation : ils ont cette mission admirable de générer et régénérer la foi de leurs enfants. La foi se reçoit avec le lait maternel. N’attendons pas l’âge de raison pour en parler ! Elle se vit et se diffuse à la maison, par l’expérience des valeurs évangéliques incarnées et vécues au quotidien, par la prière, qui consiste davantage à dialoguer avec Dieu qu’à " réciter des prières ", mais aussi par un réel apprentissage. Les parents ont trop tendance à déléguer - au catéchisme, aux scouts…- alors qu’ils sont les 1ers transmetteurs de contenu de leur foi…Nous devons être capables de répondre de notre foi, ou tout au moins d’accompagner notre enfant quand il pose une question.
Un jour, j’ai eu l’idée de raconter à mes enfants l’histoire d’Elie. Plus tard, ils m’ont redemandé " des histoires de la Bible. Et l’aîné qui avait 7 ans, a ajouté : " parce qu’elles nous font penser ". Pourquoi Jésus a-t-il eu recours à tant de paraboles ? Car une histoire rejoint la personne là où elle en est, elle résonne dans sa propre histoire, sa sensibilité, sa maturité. Ne vous contentez pas d’ouvrir la Bible et de la lire : racontez-la à vos enfants !...
La morale est importante, car elle fixe les règles du jeu. Cependant, elle demeure un moyen ; si elle devient une fin, elle stérilise le divin. En réalité, bien mieux qu’un manuel de morale, la Bible révèle les multiples facettes du visage de Dieu. Voilà ce que nous devons y chercher, à travers tel ou tel passage. Cette lecture amoureuse de la Bible introduit à une relation d’amour avec Dieu, sans peur ni servilité."
Robert Cheaib, qui vient d’écrire " Eduquer ses enfants dans la foi " (Ed. Salvator)
" J’ai fait le test. Je suis positif. J’ai hésité à l’annoncer à ceux qui me sont proches, mais je leur dois la vérité. Mais si je suis positif, je dois dire que j’en suis plutôt heureux : j’espère de tout mon cœur que je n’en guérirai pas ! Je n’évoque pas ici le Covid, vous l’aurez bien compris. J’évoque ici un certain regard sur la vie, une façon de me tenir dans l’existence. Une façon d’aborder autrement la rentrée que d’aucuns prédisent infiniment morose.
A vrai dire, " positif " n’est pas vraiment le mot juste. Pas plus qu’ "optimiste "… Les évènements économiques, écologiques et pandémiques qui secouent la planète ont de quoi troubler et inquiéter. Ce serait sot de ne pas le reconnaître ! Plutôt que testé " positif ", c’est " positif à l’espérance " qu’il faudrait plutôt dire. Cette espérance ne consiste pas à dire à qui mieux mieux que tout ira bien demain, mais à croire que chaque chose qui arrive a un sens. Il reste à le trouver…
L’espérance ne s’achète pas. Elle ne se décide pas. Elle se transmet sans crier gare, comme un virus, au contact de ceux qui s’étonnent chaque matin de la vie qui est donnée, qui discernent les possibles, font le choix de se réjouir d’abord de ce qui va bien, s’émerveillent des petites choses. Elle se reçoit dans l’attention à ceux qui s’aventurent sur les sentiers de la justice, de partage et de fraternité. Elle se greffe à l’intime à la lecture des paroles fortes qui élèvent le cœur. Ils sont nombreux autour de nous ceux qui portent les symptômes bienfaisants de l’espérance."
Raphaël Buyse dans « La Vie »
Sainte-Hélène
27 septembre 2020
Journée du Migrant et du Réfugié
« J’étais un étranger, et vous m’avez accueilli », nous dit Jésus. « Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits, qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25.3440).
Le Pape François a voulu mettre son pontificat, dès le début, sous le signe de l’accueil des migrants et des réfugiés et ne cesse de nous rappeler l’importance de cet accueil, pour les chrétiens et pour tous les hommes de bonne volonté.
Merci à vous tous de nous accorder quelques minutes d’attention pour évoquer l’objectif et l’action de l’association « Un toit pour toi ».
Notre association, hébergée dans les locaux de la paroisse Sainte-Hélène, n’est pas confessionnelle, mais l’esprit qui l’anime est bien en résonance avec l’appel de Jésus et de François. Pour les chrétiens qui participent à l’action de l’association - et il y en a un certain nombre, parmi vous - l’appel de nos frères en humanité et celui de Jésus, ne font qu’un.
Notre objectif, c’est, d’une part, de permettre, avec une action concrète, l’insertion sociale des migrants et des réfugiés, ainsi que de toute personne vivant dans des conditions de grande précarité. D’autre part, de venir en aide aux personnes et aux familles qui ont de graves difficultés de logement, souvent associées à d’autres problèmes.
Notre action comporte donc deux volets :
• Premier volet : la domiciliation des personnes dépourvues d’un domicile stable. Il s’agit principalement de migrants et de réfugiés, mais également de toute personne vivant à la rue, ou hébergée de façon précaire par le SAMU social, ou d’autres organismes similaires. Le fait de disposer d’un justificatif de domicile, ouvre à ces personnes la possibilité de faire valoir leurs droits civils et sociaux. C’est le premier pas essentiel pour l’insertion.
L’ampleur du problème est mal connue. À Paris, environ 50 mille personnes bénéficient d’une domiciliation, fournie principalement par des associations comme la nôtre et, en petite partie, par les services de la Mairie. La demande reste très forte : d’autres milliers de personnes sont à la recherche d’une domiciliation, qu’elles n’arrivent pas à trouver.
Plus de deux mille personnes sont actuellement domiciliées au sein de notre association. Nous essayons, dans les limites de nos ressources humaines et matérielles, de répondre aux très nombreuses nouvelles demandes.
Deux fois par semaine, nous recevons les personnes domiciliées pour la distribution du courrier qu’elles reçoivent chez nous. Nous accueillons environ 250 personnes, au cours de chaque permanence.
• Deuxième volet : les logements-passerelle. Nous bénéficions de l’agrément de la Préfecture pour l’intermédiation locative : l’association loue des logements dans le parc privé, pour les mettre à la disposition des personnes et des familles en situation d’urgence
Nous gérons actuellement onze appartements, à Paris et en région parisienne. Il s’agit de logements de transition, en vue de l’obtention d’un logement social. Dans ce but, nous accompagnons les personnes et les familles hébergées dans leurs démarches administratives, notamment la constitution des dossiers DALO (Droit Au Logement Opposable).
L’activité de l’association « Un toit pour toi » est assurée uniquement par des bénévoles. Nous n’avons pas de salariés. Cela veut dire que toutes nos ressources sont consacrées aux personnes que nous accueillons et accompagnons.
Nous ne recevons aucune subvention. Les besoins de l’association sont couverts uniquement par les cotisations des membres et par les dons des personnes qui soutiennent notre activité.
Nous avons donc besoin de bénévoles et de soutien financier.
• Si vous pouvez, rejoignez-nous comme membres bénévoles ; il y a de la place pour toutes les compétences.
• Puis, toujours si vous le pouvez, un don sera bienvenu ; si vous êtes imposables, il vous donnera droit à 75 % de déduction fiscale.
Merci pour votre attention et pour votre collaboration.
« Lors de la fuite en Égypte, l’Enfant Jésus fait l’expérience, avec ses parents, de la condition tragique de personne déplacée et de réfugié caractérisée par la peur, l’incertitude, les désagréments De nos jours, hélas, des millions de familles peuvent se reconnaître dans cette triste réalité. Presque chaque jour, la télévision et les journaux donnent des nouvelles de réfugiés qui fuient la faim, la guerre, d’autres graves dangers, à la recherche de la sécurité et d’une vie digne, pour eux-mêmes et pour leurs familles.
En chacun d’eux, Jésus est présent, contraint de fuir pour se sauver, comme à l’époque d’Hérode. Sur leurs visages, nous sommes appelés à reconnaître le visage du Christ affamé, assoiffé, nu, malade, étranger et prisonnier, qui nous interpelle Si nous le reconnaissons, c’est nous qui le remercierons d’avoir pu le rencontrer, l’aimer et le servir…
Construire le Royaume de Dieu est un engagement commun à tous les chrétiens et c’est pourquoi il est nécessaire que nous apprenions à collaborer, sans nous laisser tenter par les jalousies, les discordes et les divisions. Et, dans le contexte actuel, il faut réaffirmer : " Ce temps n’est pas le temps des égoïsmes, parce que le défi que nous affrontons nous unit tous et ne fait pas de différence entre les personnes " . Pour préserver la" maison commune " et faire en sorte qu’elle ressemble toujours davantage au projet originel de Dieu, nous devons nous efforcer de garantir la coopération internationale, la solidarité globale et l’engagement local, sans laisser personne en dehors. »
Pape François, extraits de son message pour la Journée Mondiale du Migrant et du Réfugié 2020.
" Aussi longtemps que nous nous estimons des " ouvriers de la première heure ", ayant le droit de faire valoir nos prestations, nous ne pouvons qu’être choqués par une injustice aussi criante de la part de Dieu, par un maître aussi partisan. Mais ce sera en même temps le signe que notre cœur, pour le moment, est resté endurci, et connaît encore peu de la surprenante douceur de l’amour et du pardon de Jésus.
Un jour viendra où notre cœur de pierre se brisera, lors d’une épreuve, par exemple, d’un échec, d’un péché peut-être, ou simplement devant la prise de conscience si humiliante de notre incapacité radicale à rejoindre ce Dieu que nous prétendions aimer. Ce sera un moment de grâce où nous accepterons enfin de nous ranger humblement parmi les ouvriers de la dernière heure, à la suite des serviteurs inutiles, à côté des pécheurs et du bon larron, et même derrière eux, conscients d’avoir fait si peu, ou même rien du tout, et acceptant d’en être là, n’ayant droit au moindre salaire, mais seulement à la miséricorde, à la bouleversante bonté de Dieu. Là est notre vraie place.
Là sera aussi notre joie, notre plus grande joie pour toujours. Et aussi la plus grande joie de Dieu. " Car il y a davantage de joie au ciel, a dit Jésus, pour un seul pécheur qui se convertit, au pour 99 justes qui n’ont pas besoin de conversion " (Lc 15, 7).
André Louf
" Face à l’immense océan de la bonté de Dieu, combien sont dérisoires nos péchés. Ce ne sont souvent que des broutilles, fâcheries ridicules, capables de déclencher et d’entretenir en nous les pires haines, les pires désirs de vengeance. Et de plus, lorsque parfois nous pardonnons, une obsession de calcul nous poursuit. Calcul du nombre de fois où l’on nous a fait du mal, pour exiger un nombre équivalent, quand ce n’est pas pour en rajouter.
Celui qui refuse de pardonner à autrui sort de l’univers du pardon sans limites de Dieu qui ne trouve en lui aucun écho. " C’est la conscience vive du pardon reçu qui nous rend capables de pardonner à notre tour. Comment ne pas partager et faire circuler la grâce qui nous a remis debout, nous a rouvert un avenir, nous a rendu notre dignité d’enfant de Dieu. Celui qui refuse le pardon est la première victime de son comportement qui le ferme à la vraie vie " (Christelle Javary).
Dieu ne pardonne pas d’en haut, mais d’en bas. où il lui serait facile de pardonner, où ça lui coûterait pas cher, puisqu’il est Dieu et que nous sommes de pauvres humains. Le Dieu de la foi chrétienne pardonne d’en bas. C’est du lieu le plus bas et le plus humiliant qui soit, que Jésus dira : Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font. En Jésus crucifié, Dieu va jusqu’à pardonner à ceux qui le tuent."
Michel Scouarnec
Le geste de paix fait partie des rites de communion. Avec la fraction du pain, il est l’un des plus anciens de la messe… La paix du Christ est un don de Dieu à travers lequel l’Esprit Saint se répand et nous unifie, pour faire de nous le Corps du Christ. Il introduit à la communion au Corps du Christ.
Le geste de paix n’est pas un simple " bonjour " ni une occasion pour aller saluer ceux que l’on n’a pas encore vus. Il est le partage de la paix du Christ. Ce n’est pas leur paix que les fidèles donnent, mais la paix du Christ. Ce geste est précédé du souhait que fait le président à l’assemblée : " Que la paix du Seigneur soit toujours avec vous !" C’est donc de la paix du Seigneur qu’il s’agit lorsque le président dit : " Frères et sœurs, dans la charité du Christ, donnez-vous la paix ! " et non " donnez-vous un geste ou un signe d’amitié."
Au moment de ce rite, le Christ nous donne " sa paix ", une paix qui nous dépasse : " C’est la paix que je vous laisse, c’est la paix que je vous donne " (Jean14, 27). La paix du Christ nous pénètre, et nous la recevons comme un don à l’intérieur de nous-mêmes, pour pouvoir l’échanger, la partager avec notre prochain. Le geste de paix permet aux fidèles d’exprimer " leur amour mutuel avant de participer au pain unique. " La paix que nous donnons préfigure la paix à venir, celle que nous avons à construire. Ce geste ne peut pas se vivre comme une simple poignée de main.
N.B. En période de pandémie, dans le respect des normes sanitaires, le geste peut être remplacé par un regard, un sourire en disant : " La paix du Christ " ou par un geste d’accueil des 2 mains ou d’une seule, mais bien sûr sans se toucher.
Annette Hoguet
A l’heure où les médias décrivent des catastrophes où les pertes humaines atteignent une ampleur à peine imaginable, cette parole du Christ a quelque chose de surréaliste. En fait elle est divine et nous introduit dans un Ailleurs dont la sagesse et la logique profonde nous échappent.
Lorsqu’un pianiste frappe un accord, des milliers de vibrations sont produites, aucune n’est inutile, chacune a été voulue, prévue, ordonnée. Pourtant la décision créatrice de tant de beauté est unique et simple. De même lorsque Dieu crée une vie d’homme, rien n’échappe à sa décision, aucune des vibrations qui traverseront et feront la texture de notre vie, ne lui est étrangère ou inconnue. Chaque cellule de notre corps, chaque structure d’atome, chaque trajectoire d’électron, sont issus d’une Sagesse infinie oui, d’une décision unique et simple, ou ordonne leur complexité en une symphonie aux dimensions de l’univers.
Aucune tristesse n’agite notre cœur, aucune pensée folle ne nous commande, aucune souffrance légère ou profonde n’accable un seul enfant, que notre Père du ciel ne le sache. Vertige : pas un cri ne retentit dans une chambre de torture, pas un seul soupir n’échappe aux lèvres d’un agonisant que Dieu ne le sache, de même qu’il n’a ignoré une seule épine labourant la tête de son Fils bien-aimé, une seule goutte de son sang perlant sous les coups. " Même les cheveux de votre tête sont tous comptés." (Mt 10, 30) car tout sera offert et prendra sens dans le don suprême du Fils sur la Croix.
Revue « Écoute » Abbaye de la Pierre qui vire (15/11/86)
Les gestes ont beaucoup de signification, même les plus ordinaires. Tu te tenais debout devant celui qui donnait la communion. Debout, tu es appelé à l’être tous les jours de ta vie en communiant avec le Christ. Tu tendais la main et tu as reçu le corps sacramentel au creux de ta main. En préparant ta main, c’est ton cœur qui s’ouvrait.
Tu vois comment agit la liturgie ! Elle nous révèle ce qu’est la vie. Si tu remarques bien tout ce qui a de la valeur dans la vie, ce fut toujours cadeau qui dépassait tes propres capacités : des amis, un conjoint peut-être, des enfants… Et jusqu’à la vie reçue sans même la demander. Et ces multiples cadeaux reçus jour après jour. La liturgie nous éduque car il faut répéter ce geste des mains ouvertes pour vivre toute notre existence à cœur ouvert.
Veux-tu donner ta vie, combattre l’injustice, soulager la misère, t’engager au service des autres et ainsi suivre le Christ ? Demande-toi ce que tu acceptes d’apprendre et de recevoir de ceux que tu veux soulager. La charité, quand elle est chrétienne, est toujours réciprocité. Jésus ne dit pas : Lavez les pieds des autres ! Il dit : "Lavez-vous les pieds les uns aux autres !"
Regardes comment tu étais pour communier. Debout, les mains ouvertes ! Veux-tu savoir comment on se tient dans la vie quand on marche avec le Christ ? Debout, les mains ouvertes ! Veux-tu savoir comment toute notre vie communie au Christ ? En se tenant les mains ouvertes ! Veux-tu savoir comment on aide les autres ? Debout, les mains ouvertes ! Peut-être, comme moi je l’avoue, à certains moments tu connais la tentation de fermer les mains, de serrer les mains, de croiser les bras… Là encore, la liturgie vient au secours de la faiblesse. Communier avec le Christ dans la célébration engendre à communier avec Lui toute sa vie. Debout ! Mains ouvertes ! Pour donner à notre tour, avec Lui, notre propre vie.
Christian Salenson
Ce mystère si mystérieux d’un seul Dieu en trois personnes est en réalité simple comme l’amour. Car, puisque " Dieu est Amour ", il ne peut être solitaire, seul vis-à-vis de lui-même, recroquevillé sur son moi dans lequel il se complairait. Il est unique - et en cela, le christianisme est un monothéisme - mais il n’est pas un atome : son être même est mouvement, élan, communication, don, c’est-à-dire relation. C’est d’ailleurs de sa relation aux deux autres que chaque personne divine reçoit son identité. Et, seules ces relations les distinguent réellement les unes des autres - hormis cela, les trois ne font qu’un. " Le Père et moi, nous sommes un " (Jn 10, 30).
En Dieu, il y a l’Aimant, l’Aimé et l’Amour écrit St Augustin. Le Père est tout l’amour donné, le Fils est tout l’amour reçu, l’Esprit est tout l’amour partagé entre le Père et le Fils. Le Père embrasse le Fils, le Fils est embrassé par le Père et l’Esprit est ce " baiser " sans cesse donné et reçu, selon St Bernard de Clairvaux.
Nous sommes tous, pour ainsi dire, le fruit de l’amour trinitaire… baptisés, le jour de notre baptême " au nom (et non pas " aux noms ") du Père, du Fils et du St Esprit." Nous avons reçu le sceau de la Trinité qui, depuis, repose dans notre cœur profond, dans notre cathédrale intérieure…
Non seulement la Trinité habite en nous, mais nous sommes faits à son image. Pour Benoît 16, la preuve la plus éloquente est que " seul l’amour nous rend heureux, car nous vivons en relation, et nous vivons pour aimer et être aimés. " Nous sommes, par nature, des êtres de relation, mais nous avons à apprendre à aimer comme Dieu aime " Dans tous les domaines, Dieu nous sort de nous, pour que nous ne périssions pas comme Narcisse dans la contemplation de nous-mêmes, pour que nous vivions, puisque vivre, c’est se donner ". (Maurice Zundel ).
Alexia Vidot (Extraits de "La Vie" n° 3901)
" Les arbres des alentours de Bruges me font penser à la Pentecôte. A notre Eglise, " de sève " sans doute. Et " de vent " aussi.
Eglise nourrie de la sève de l’Evangile, d’une tradition qui coule en elle mais qui risque de devenir une habitude, une lettre morte ou un folklore… A n’être que " de sève ", les chrétiens ne seraient que des petits enfants sages et gentiment obéissants.
Église aussi de ce vent fou de l’Esprit : il déconfine les apôtres que nous sommes, reclus derrière les portes verrouillées de nos cénacles. Souffle puissant de Dieu qui nous dégage, nous entraîne et nous demande d’être présents à ce nouveau monde qui naît. Quitte à ne pas pousser " comme il faudrait.…
J’aime penser la Pentecôte comme une transformation continuelle de l’Eglise… Eglise un peu " tordue ", il faut bien l’avouer… qui grandit comme elle peut. Elle n’en est pas moins belle, quand elle se laisse modifier sans grimacer.
Le vent de Dieu passe sur elle. Il imprime à sa vie un mouvement qui est propre au temps qui est le nôtre. La sève est vivifiée. " Chaque temps est appelé à une Sainteté qui lui est propre, disait Madeleine Delbrel. Ce serait abîmer le Royaume de Dieu que rêver pour le 20ème siècle le type de sainteté du 13ème. Le progrès humain est dans le plan de Dieu qui n’a pas fait au hasard l’homme intelligent, ingénieux et social ".
Esprit de Pentecôte, étonnant sculpteur d’arbres…
Raphaël Buyse
" Dieu, c’est difficile à expliquer, c’est quelqu’un qui ressemble à personne, on ne l’entend pas avec les oreilles et on le voit pas avec les yeux. On le sent, c’est tout. Je ne sais pas si ça t’est déjà arrivé de le rencontrer, mais c’est un peu comme un tour de magie ; en apparence, c’est simple comme bonjour, et pourtant il y a toujours une énigme qui plane, comme un oiseau invisible dans un espace inconnu. Il paraît que cet oiseau invisible s’appelle l’Esprit, il est même tellement pur qu’on l’appelle parfois l’Esprit saint. Quand il plane au-dessus d’un paysage, le paysage devient beau et lumineux. Quand il plane au-dessus de quelqu’un, le quelqu’un est aussitôt éclairé.
Monsieur Saint-Esprit, c’est un peu comme un allumeur de réverbères, il illumine tout ce qu’il approche. Donc, la présence de l’Esprit, c’est facile à reconnaître : on respire un parfum d’harmonie, d’équilibre et de transparence. C’est simple, c’est comme si l’homme ressentait une connivence. Une connivence entre sa petite graine de vie et le grand bouquet de l’infini, entre le visible et l’invisible. Comme si Monsieur Saint Esprit serrait la main de Monsieur Homme. "
François Garagnon " Jade et les sacrés mystères de la vie "
Un philosophe et théologien orthodoxe s’interroge autour de la notion d’émerveillement…
" Il est hors de question de minimiser le mal et sa gravité. Le Covid 19 provoque des horreurs. Je pense notamment aux malades qui sont morts seuls, aux isolés, aux femmes et aux enfants battus etc. Je ne me voile pas la face. Je suis lucide. Mais cette lucidité me rend plus fort, davantage enraciné en Dieu. J’ai à la fois le sens du tragique et de la merveille. Et j’éprouve les 2 en même temps car, certes, nous en bavons, mais une force intérieure, étonnante, nous donne de continuer à vivre. C’est cela l’émerveillement : avoir mal à la vie qui a mal et l’aimer d’autant plus. Oui, il y a du malheur, mais raison de plus pour se réjouir. Oui, il y a des drames, mais raison de plus pour être heureux. Certains me demandent : " A-t-on le droit d’être heureux dans un monde malheureux ? " Mais plus qu’un droit, c’est un devoir !...
Les forces célestes sont partout et toujours présentes et, même au fond d’un hôpital, d’une prison, d’un camp de concentration, même au cœur de l’enfer, elles créent des ouvertures. Au cœur des ténèbres, la lumière. Quelle espérance ! Je crois qu’il est une parole, qu’on n’a jamais tort de prononcer : " Confiance ! " J’aime beaucoup l’image de Jésus qui dort dans la barque alors qu’une tempête fait rage sur le lac de Tibériade. Aux disciples qui, paniqués, le réveillent, le Seigneur dit : " De quoi vous inquiétez-vous. "
Bertrand Vergely, " Les Essentiels, de La Vie " n° 3898
La crise sanitaire n’est pas terminée mais elle nous a lourdement interrogés sur notre manière de vivre. L’heure n’est pas au bilan mais à un 1er questionnement à mener seul ou à plusieurs. "Contacts Spécial " vous invite d’abord à lire une interview… virtuelle de 2 observateurs chrétiens. Interview composée de morceaux de méditation d’un Cardinal : JoséTolentino de Mendonça, et de bouts de réelle interview d’un psychiatre et écrivain français : Christophe André. Place à la réflexion…
Question : En quoi notre manière de vivre ensemble, comme citoyens, est-elle questionnée par cette crise ?
José de Mendonça : Confinés, nous comprenons peut-être mieux ce que signifie " être une communauté ". Notre vie ne dépend pas seulement de nous et de nos choix. Nous sommes tous entre les mains des autres, nous faisons tous l’expérience vitale de cette interdépendance, de cette toile tissée de reconnaissance et de don, de respect et de solidarité, d’autonomie et de relation. Tout le monde compte ! Notre immeuble, notre rue, notre quartier, notre ville, notre pays dépendent de nous. Des mots qui en ont été si souvent dépourvus, comme : proximité, voisinage, humanité, peuple ou citoyenneté, retrouvent une réelle substance. Nous pouvons réapprendre à utiliser les réseaux sociaux non seulement comme une force de divertissement et d’évasion, mais comme des canaux de présence, d’attention et d’écoute. Sans nous toucher, nous pouvons réapprendre la valeur de la salutation, le stimulus d’un compliment, l’incroyable force que nous recevons d’un sourire, d’un regard.
Ch André : J’ai mieux pris conscience de la fragilité de nos sociétés démocratiques. Cette épidémie a révélé des égoïsmes et des narcissismes, mais aussi de la solidarité et du courage qui ont, pour le moment, tout sauvé. Cette crise nous apprend qu’il faut protéger les cultures, les valeurs, les institutions… et pas seulement les personnes. Que nous avons des devoirs envers nos groupes d’appartenance, à côté de nos droits en tant qu’individus. Que l’altruisme doit l’emporter sur l’égoïsme, que, dans les difficultés, c’est la collaboration qui sauve le monde, là où la compétition ne sauve que les plus forts.
La pandémie ne nous a rien appris de nouveau que nous ne savions déjà sur les dangers liés à la négligence écologique, à l’avidité de la finance, à une mondialisation tournée vers les plaisirs et les profits. Juste que tout cela ne pouvait plus durer ! Il faut une " convergence des luttes " entre l’individuel, le collectif et le politique. Agir d’abord à mon niveau personnel, c’est-à-dire moins consommer, moins voyager et augmenter la quantité de bienveillance et d’entraide présentes dans ce monde.
Question : Au cours de cette crise, y a-t-il eu une prise de conscience sur des aspects de la vie qu’il nous faudrait changer pour mieux vivre notre vie ?
José de Mendonça : Nous sommes des esclaves du temps. Nous sommes littéralement avalés par le temps. Nous vivons une course au rythme effréné des jours, convaincus que rien ne peut l’arrêter, craignant tout ralentissement ou toute pause, repoussant l’essentiel à un autre siècle et la vie à une autre vie. Nous le savons : ce n’est pas cette expérience qui donnera une âme au monde. Cependant, le temps peut se vivre comme une réalité qualitative, il peut être défini comme " le temps de ", " le temps pour " une autre vie, plus riche.
Cela est une question d’éducation. Et cette éducation fait défaut dans une société où les plus grandes incitations vont dans la direction opposée : dans la ligne d’évasion, de l’étourdissement consumériste, d’une vie de masse, dispersée.
Ch André : L’épidémie comme le confinement ont eu pour vertu de nous ouvrir les yeux d’abord sur notre fragilité : la mort était en exil (dans les hôpitaux, les maisons de retraite…) et voilà qu’elle se balade à nouveau dans les rues, à visage découvert. Une pandémie nous rappelle que la mort n’est pas " planifiable " et qu’elle peut nous frapper à tout moment et à tout âge. Cela a pu déclencher chez certains de fortes inquiétudes, pour eux ou pour leurs parents. Pour d’autres, penser à la mort ne s’est pas avéré source d’angoisse et les a, au contraire, incités à mieux aimer la vie, à mieux savourer la grâce, chaque matin renouvelée, de s’éveiller vivants…
2ème point : le risque de pandémie était parfaitement connu et prévu, comme le risque climatique. Mais nous ne sommes pas sages. Le confinement et l’épidémie vont s’achever, nous allons d’abord savourer notre légèreté et notre liberté retrouvées… Puis nous allons oublier. Sauf si nous inscrivons ces évènements dans la durée de notre mémoire. : la sagesse, au quotidien, est un travail, une ascèse régulière. Dont une partie consiste à se rappeler l’existence des épreuves, non pour se désoler, mais pour s’y préparer : pour transformer nos velléités en volonté. C’est l’humoriste grognon Jean Yanne qui disait : " Tout le monde veut sauver la planète, mais personne ne veut descendre les poubelles. "
Question : Et sur le plan plus spirituel, à quels appels sommes-nous invités ?
José de Mendonça : La période que nous vivons représente une occasion de réfléchir sur ce qui nous nourrit. Nous nous alimentons de tant de contrefaçons, réduisant la vie à un fast-food, de préférence sans trop réfléchir. C’est que nous nous alimentons de tics routiniers et insipides, d’idées toutes faites qui ne laissent pas la place à l’écoute et à la découverte, d’images qui réduisent toujours la réalité à quelque chose de creux. Dans Saint Matthieu 6, 25-29), Jésus dit : " La vie est plus que la nourriture et plus que le vêtement. Regardez les oiseaux du ciel, observez les lys des champs. " Cela signifie adopter une attitude contemplative. Nous sommes appelés à regarder plus loin que nous, franchissant le périmètre de nos préoccupations immédiates. La vie ne se résume pas à ce que nous réalisons, mais bien dans l’interaction entre l’ici et le maintenant, et ce qui est de l’ordre de l’éternel…
Aujourd’hui, nous avons aussi besoin de mains - mains religieuses et mains laïques - pour soutenir l’âme du monde. Et qui montrent que la redécouverte du pouvoir de l’espérance est la première prière universelle du 21ème siècle.
Ch André : Le confinement a été une occasion de réfléchir à ce qu’est une religion : une foi (croyances et espérances), des rites (prières, culte), une culture (valeurs partagées), mais aussi des liens (au sein d’une communauté). Le confinement nous a retiré la partie vivante, charnelle de ces liens : prier côte à côte, agir ensemble, se retrouver après le culte, etc… Mais il nous a aussi invités à cultiver en nous la vie intérieure, à fréquenter les Ecritures, découvrir qu’il existe de petites applications (Prie en chemin) nous aidant à prier et méditer (au sens chrétien). Je propose 2 grandes voies de ressourcement intérieur, la méditation et la psychologie positive qui sont de nature à nous aider dans l’après-crise. La méditation nous offre apaisement et discernement pour nous engager dans ce que j’appelle " l’action juste ", calme et déterminée. car les vociférations et les gesticulations ne mènent à rien. La psychologie positive nous rappelle que le goût de la vie est une source puissante pour agir sur la durée. Claudel écrivait : " Le bonheur n’est pas le but mais le moyen de la vie ", sa quête est un de nos grands carburants pour l’action ! Ce que nous vivons est à la fois inquiétant et passionnant, et nous avons reçu de nombreuses leçons de cette crise : allons-nous nous montrer bons élèves. "
Interview virtuelle à partir d’extraits de 2 articles, parus dans " la Vie " n° 3896
L’interview n’avait pour but que d’attirer notre attention sur des aspects nouveaux mis en valeur par la crise. Tirons maintenant les leçons apprises ou entrouvertes. Dieu veut faire du neuf en nous. En nous mettant sous son regard, papier en main, faisons remonter de notre mémoire les moments heureux ou malheureux vécus durant ces 2 mois. Ensuite…
Commençons par dire " Merci " au Seigneur pour toutes les belles choses vécues par nous ou par d’autres : moments de fraternité, nouveaux liens, découvertes de voisins, coups de main… Redécouverte de la Parole de Dieu, de la prière, de l’importance de l’eucharistie…
Puis, demandons " Pardon " pour ce qui a été raté ou négligé : perte de temps devant la télé… repli sur soi… relations difficiles avec nos proches confinés…
Enfin, dire " S’il te plaît, aide-moi. " Demander à l’Esprit Sa force pour continuer à avancer sur tel aspect (Ne choisir qu’un point pour ne pas s’éparpiller). S’engager avec d’autres…
Avec des mots très denses qui peuvent faire peur, Maurice Zundel, théologien et mystique nous dit ce qu’est l’immortalité. En lisant et relisant, en prenant le temps de méditer, cela apparait plus clair…
" L’immortalité, on la devient. L’immortalité est cette suppression de cette distance entre nous-mêmes et nous-mêmes. Les heures étoilées en nous ne meurent pas et les expériences les plus décisives de notre vie, c’est-à-dire les expériences de lumière, de libération, les expériences d’amour authentique, sont des expériences qui s’additionnent, se condensent dans un présent qui ne meurt pas. Et c’est ce présent qui assure notre véritable identité personnelle, où la durée se concentre dans l’éternelle présence (de Dieu) qui est plus intime à nous-mêmes. Alors nous devenons nous-mêmes un présent dans la mesure où nous devenons nous-mêmes un don…
La vie éternelle, c’est la vie d’un Autre (Dieu) en moi. C’est cela l’unique espoir de l’existence : ce trésor qui est confié à notre vie, cette possibilité de s’arracher à soi (à son égoïsme), de se perdre dans l’Autre.
La vie est l’enfantement de Dieu "
Maurice Zundel : " Je ne crois pas en Dieu, je le vis " (Le passeur)
"Si nous n’osons pas parler de la vie éternelle, bien souvent, c’est parce que nous avons l’impression que, par le passé, nous en avons trop parlé et que, pendant des siècles, l’Eglise s’est trop intéressée à la vie après la mort, et pas assez à ce monde-là ; qu’on a tout renvoyé à plus tard à l’existence somme toute incertaine, en oubliant de nous occuper des difficultés de notre monde, qui a pourtant bien besoin de notre engagement.
Mais quand je parle de salut, de vie éternelle, je ne parle pas de la vie après la mort. En tout cas, pas seulement. Car si elle est éternelle, précisément, elle n’est pas hors du temps, ou plus exactement, elle est tout le temps. Maintenant, aussi bien qu’après ma mort quand je verrai Dieu face à face. Si Jésus nous ouvre la vie éternelle, c’est qu’il nous oblige à renoncer à nos frontières entre la vie ici-bas et la vie dans l’au-delà : c’est la même vie ! Cela ne veut pas dire que notre vie va se poursuivre toujours à l’identique, et que nous serons condamnés à prendre l’apéritif avec le beau-frère tous les dimanches pour les siècles des siècles.
Espérer, c’est quelque chose de très concret : c’est croire que Dieu nous rend capables de poser des actes éternels. Que, quand nous aimons, cet amour n’est pas simplement un beau sentiment dans une matière d’absurdité vouée à la mort, mais une fenêtre que nous ouvrons sur l’éternité. Car ces actes éternels que nous pouvons faire et dont le fruit est éternel, ce sont bien sûr les actes d’amour, les seuls qui comptent. Ce sont eux qui construisent, dans notre monde déjà, l’éternité, le Royaume de Dieu… Espérer, c’est accepter d’adopter le point de vue de l’éternité, le point de vue de l’amour. Comme nos vies changeraient, si nous savions ordonner nos vies en fonction du poids d’éternité de nos actions. On découvrirait que préparer un gâteau pour une voisine isolée, à qui cela fera plaisir, construit bien plus l’éternité que son poids de farine, d’œufs et de sucre ne le laisserait croire. "
Adrien Candiard " Veilleur, où en est la nuit ? " (Cerf)
Quel monde voulons-nous laisser à ceux qui viendront après nous ? Cette semaine est dédiée à " Laudato Si " (Loué sois-tu !), du nom de l’ Encyclique du pape François sur la Sauvegarde de la Création face aux déséquilibres écologiques, écrite en 2015. Le défi de l’environnement touche chacun de nous et toute l’humanité car, dans l’univers, " tout est lié." Si nous détruisons la nature, c’est à l’avenir de l’humanité que nous attentons . Présentation de l’ encyclique :
" Le Saint-Père croit que nous devons repenser notre relation avec la nature et le monde qui nous entoure. Cela doit se baser sur une interaction respectueuse où l’on ne se situe plus comme un exploiteur, un dominateur et un consommateur mais plutôt comme un admirateur de la création qui se sent lié à tout ce qui existe. De cette manière, nous ne pourrons plus faire autrement que de respecter toute la création.
La perte de biodiversité et la détérioration de l’environnement affectent particulièrement les plus faibles de la planète, nous rappelle le pape. Cette idée que la destruction de la nature ébranle non seulement tous les êtres vivants des écosystèmes mais aussi les humains partout sur la planète se résume en une phrase choc de Laudato Si : Tout est lié ! Et le pape François ajoute que « comme êtres humains, nous sommes tous unis comme des frères et des sœurs dans un merveilleux pèlerinage, entrelacés par l’amour que Dieu porte à chacune de ses créatures et qui nous unit aussi, avec une tendre affection, à" frère soleil, à sœur lune, à sœur rivière et à mère terre." Si l’être humain se déclare autonome par rapport à la réalité et qu’il se pose en dominateur absolu, la base même de son existence s’écroule, parce qu’au lieu de remplir son rôle de collaborateur de Dieu dans l’œuvre de la création, l’homme se substitue à Dieu et ainsi finit par provoquer la révolte de la nature. »
Les propos des scientifiques et du pape se rejoignent quant aux causes et aux effets de la destruction de l’environnement par les humains. Ils ont été prophétiques puisqu’ils avaient alerté les dirigeants des gouvernements et leurs populations à travers le monde du danger de la détérioration de l’environnement. Tout est lié, la pandémie du coronavirus nous le rappelle d’une manière brutale.
« J’adresse une invitation urgente à un nouveau dialogue sur la façon dont nous construisons l’avenir de la planète. Nous avons besoin d’une conversion qui nous unisse tous, parce que le défi environnemental que nous vivons, et ses racines humaines, nous concernent et nous touchent tous. » (Pape François)
Richard Chartier, Franciscain Canadien
Si les dérèglements climatiques de notre " maison commune " sont là, " tout n’est pas perdu " pour autant. François croit en la capacité humaine " d’initier de nouveaux chemins vers la vraie liberté " et en la capacité chez les chrétiens d’une conversion intérieure…
" Ces situations provoquent les gémissements de sœur terre, qui se joignent au gémissement des abandonnés du monde, dans une clameur exigeant de nous une autre direction. Nous n’avons jamais autant maltraité ni fait de mal à notre maison commune qu’en ces deux derniers siècles. Mais nous sommes appelés à être les instruments de Dieu le Père pour que notre planète soit ce qu’il a rêvé en la créant, et pour qu’elle réponde à son projet de paix, de beauté et de plénitude. Le problème est que nous n’avons pas encore la culture nécessaire pour faire face à cette crise (n° 53).
Cependant, tout n’est pas perdu, parce que les êtres humains, capables de se dégrader à l’extrême, peuvent aussi se surmonter, opter de nouveau pour le bien et se régénérer, au-delà de tous les conditionnements mentaux et sociaux qu’on leur impose. Ils sont capables de se regarder eux-mêmes avec honnêteté, de révéler au grand jour leur propre dégoût et d’initier de nouveaux chemins vers la vraie liberté. Il n’y a pas de systèmes qui annulent complètement l’ouverture au bien, à la vérité et à la beauté, ni la capacité de réaction que Dieu continue d’encourager du plus profond des cœurs humains. Je demande à chaque personne de ce monde de ne pas oublier sa dignité que nul n’a le droit de lui enlever (n° 205).
La grande richesse de la spiritualité chrétienne, générée par 20 siècles d’expériences personnelles et communautaires, offre une belle contribution à la tentative de renouveler l’humanité… La crise écologique est un appel à une profonde conversion intérieure " (n° 216-217). »
Encyclique " Laudato Si ", pape François
La pandémie actuelle demandera que nous changions notre rapport à la nature… Réaction de 2 scientifiques :
" Notre mode de vie et notre vision du développement favorisent la propagation de ces virus. On met beaucoup d’énergie actuellement pour faire face à la crise. C’est important. Mais il faudra aussi travailler à améliorer notre rapport à la nature, afin de rétablir un certain équilibre et donc ralentir la fréquence des événements comme celui qu’on connaît actuellement ".
Cécile Aenishaenslin, de la facuté de Médecine Vétérinaire Montréal
« Nos modes de vie, nos modes de consommation, nos systèmes de production très intensifs dans la sollicitation de l’eau, de la terre, de l’air et de l’énergie conduisent à une mutation des sociétés… N’oublions pas que la dégradation des terres a aussi ses conséquences sur la santé humaine : pollution de l’eau, prolifération de maladies hydriques, vents de sable (pollution de l’air) et sécheresses (méningites)."
Ibrahim Thiaw, spécialiste de la désertification, "Le Monde" (29 mars 2020)
" Dieu n’est pas plus père que mère, plus masculin que féminin ! Mais il se révèle comme une Personne dont l’Amour féconde l’univers. Amour qui, dans la Bible, est tantôt décrit comme celui d’un Père créateur ou celui d’une mère dont les entrailles s’émeuvent pour ses enfants…
Chacun de nous est père ou mère chaque fois qu’il aide un autre à grandir, à être lui-même, à faire « naître » un peu plus d’amour, de vie, d’espérance
autour de lui. Nous sommes tous des ‘accoucheurs` de vie. Dans la vie chrétienne, nous enfantons le Christ dans le cœur des hommes, par l’exemple de notre vie. Saint Paul n’hésite pas à dire : « C’est moi qui, par la prédication de l’Évangile, vous ai engendrés dans le Christ Jésus » (1 Cor 4,15)."
Michel Hubaut
« As-tu déjà réfléchi à ce que c’est qu’évangéliser un homme ? Evangéliser un homme, vois-tu, c’est lui dire : Toi aussi, tu es aimé de Dieu dans le Seigneur Jésus. Et pas seulement le lui dire, mais le penser réellement. Et pas seulement le penser, mais se comporter avec cet homme de telle manière qu’il sente et découvre qu’il y a en lui quelque chose de plus grand et de plus noble que ce qu’il pensait, et qu’il s’éveille ainsi à une nouvelle conscience de soi. C’est cela, lui annoncer la Bonne Nouvelle. Tu ne peux le faire qu’en lui offrant ton amitié. Une amitié réelle, sans condescendance, faite de confiance et d’estime profonde.
Il nous faut aller vers les hommes. La tâche est délicate. Le monde des hommes est un immense champ de lutte pour la richesse et la puissance. Et trop de souffrances et d’atrocités leur cachent le visage de Dieu. Il ne faut surtout pas qu’en allant vers eux nous leur apparaissions comme une nouvelle espèce de compétiteurs. Nous devons être au milieu d’eux des témoins pacifiés du Tout-Puissant, des hommes sans convoitise et sans mépris, capable de devenir réellement leurs amis.
C’est notre amitié qu’ils attendent, une amitié qui leur fasse sentir qu’ils sont aimés de Dieu et sauvés en Jésus Christ. »
Eloi Leclerc, " Sagesse d’un pauvre "
Méditant sur les " 7 esprits les plus mauvais " (cf. Luc 11, 24-26), Alain Patin y voit évoqués nos " 5 sens, plus l’esprit et le cœur ", chargés de " veiller sur ce qui pénètre (et ce qui sort de) ces " portes d’entrée" de la vie. Extraits.
" Avoir les yeux ouverts, mais ne pas accepter toutes les images : certaines polluent, trop violentes ou trop marchandes.
Développer une oreille attentive, mais sans s’arrêter à ce qui humilie ou rejette.
Avoir un goût et un odorat en éveil, développer une véritable sensibilité, sans verser dans la mièvrerie. (Tu comprends pourquoi le Corona supprime goût et odorat !)
Vouloir approcher, toucher, entrer en contact, mais sans imposer sa présence et peser sur les autres, en gardant une distance.
Autre porte, celle de notre esprit, de notre intelligence. Là s’ouvrent des possibilités immenses : acquérir des connaissances, mener une réflexion, s’ouvrir à la discussion, échafauder des projets,… Le danger est que se glisse, avec les connaissances acquises, la suffisance qui isole et qui rend hautain. On peut prendre la grosse tête, on enfle au lieu de rester ouverts et en éveil !
Septième porte, celle du coeur. C’est sûrement la plus importante, celle qui révèle en nous l’image de Dieu. Elle nous permet d’accueillir les autres, de leur manifester tendresse et amitié, d’élaborer un monde de partages et d’échanges ; elle met en jeu le plus profond en nous. Gérer cette ouverture sur les autres, ce n’est pas seulement se laisser attendrir sur un coup de coeur, mais durer dans la fidélité pour construire un monde qui communique la vie.
Le risque serait de rester à rêver d’un monde merveilleux, sans l’inscrire concrètement dans des engagements réels et durables. Il ne suffit pas que ta maison soit propre et bien rangée ; regarde ce qui l’habite."
Alain Patin du " Parcours Nazareth "
« Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ». Le coeur de l’homme, comme le coeur des disciples de Jésus, reste souvent troublé face aux événements imprévisibles de l’existence. Beaucoup s’interrogent sur la route à suivre. Dans le tourbillon de paroles qu’ils subissent chaque jour, ils se demandent ce qu’est la vérité, quelle est l’orientation juste, comment vaincre par la vie la puissance de la mort.
Ce sont des questions de fond qui témoignent chez beaucoup du réveil d’une nostalgie de la dimension spirituelle de l’existence. À ces interrogations, Jésus a déjà répondu lorsqu’il a affirmé : « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ». La tâche des chrétiens est de proposer à nouveau aujourd’hui, par la force de leur témoignage, cette annonce décisive. C’est seulement ainsi que l’humanité contemporaine pourra découvrir que le Christ est Puissance et Sagesse de Dieu. Que c’est en lui seulement que se trouve la plénitude de toute aspiration humaine. "
Jean Paul 2
" En vertu du Baptême reçu, chaque membre du Peuple de Dieu (prêtre ou laïc) est devenu disciple missionnaire (cf. Mt 28, 19)… Cette conviction se transforme en un appel adressé à chaque chrétien, pour que personne ne renonce à son engagement pour l’évangélisation, car s’il a vraiment fait l’expérience de l’amour de Dieu qui le sauve, il n’a pas besoin de beaucoup de temps de préparation pour aller l’annoncer, il ne peut pas attendre d’avoir reçu beaucoup de leçons ou de longues instructions. Tout chrétien est missionnaire dans la mesure où il a rencontré l’amour de Dieu en Jésus Christ ; nous ne disons plus que nous sommes « disciples » et « missionnaires », mais toujours que nous sommes « disciples-missionnaires »… Et nous, qu’attendons-nous
Pape François " La Joie de l’Evangile " n° 120
Extraits d’une conférence du fondateur des Fils de la Charité à des jeunes novices …
" Nous devons être des pasteurs selon le modèle que Jésus nous a donné. Combien de milieux, surtout pauvres et ouvriers, où les âmes sont comme des brebis sans pasteurs ! Elles ne sentent pas cet intérêt qu’un vrai et bon pasteur porte à ses brebis. Combien d’âmes ne peuvent pas dire : j’ai un prêtre qui s’intéresse à moi, qui s’intéresse vraiment à mon âme, à mon salut !
Soyez tout entiers aux âmes ; intéressez-vous à elles ; consacrez-leur votre temps, votre santé, vos facultés, tout. Jésus Christ s’est fait tout à tous. Oh le bon Pasteur ! Notre Seigneur connaissait tous ceux qui le suivaient. Il les connaissait comme Dieu, mais il les connaissait aussi parce qu’il vivait sans cesse avec eux, partageant leurs peines, leurs souffrances, se livrant à eux, ne les quittant que pour prier. Il vivait de leur vie.
Il constatait leurs besoins, et y répondait avec une intelligence admirable. Il faudra que vous aussi vous travailliez à connaître les brebis que Dieu vous confiera. Informez-vous de l’état des âmes là où vous irez, des milieux où elles vivent, des difficultés qu’elles rencontrent, de leurs aspirations, de leurs besoins. Cherchez ce qu’il y a de bien en elles, les points forts et les points faibles. Cherchez à bien connaître chacune des âmes qui viennent à vous. Connaître pour s’adapter et adapter les moyens, c’est un grand secret pour faire du bien.
Et puis, faites-vous connaître, montrez votre cœur, le désir que vous avez de faire du bien. En général, on ne connaît pas les prêtres.
« Je paîtrai moi-même mes brebis. » Voilà aussi ce que vous devez faire : paître votre troupeau, lui donner la vie avec abondance : c’est-à-dire la lumière, la grâce, la force, la consolation, le pardon, la divine Eucharistie et enfin la vie éternelle. Si vous ne leur donnez pas la vie de l’âme, ils ne l’auront pas. Dieu a fait de nous des canaux de la vie. Que les âmes trouvent en vous la vie dont elles ont besoin. Notre Seigneur a cherché les brebis perdues. Chercher les âmes, ne pas les attendre, aller à celles qui sont éloignées. Combiens pourraient être ramenées ! "
J.Emile Anizan, fondateur des Fils de la charité
Le recommencement est-il affaire de volonté seulement ? Non, nous dit Véronique Margron, actuelle présidente des religieux-ses de France. Il est aussi expérience de la Joie, dès maintenant !
" La joie n’est pas au bout de la foi : quand notre vie sera bien droite, accordée en toute chose au désir de Dieu. Elle n’est pas au bout d’une performance. Elle ne s’obtient pas par nos œuvres. Elle ne demande pas de savoir bien prier. Elle ne m’impose ni méthode, ni tracé, ni mission impossible.
La joie est en chaque recommencement hésitant ; infime et fidèle, fragile et constante. Elle vient vers nous au printemps comme en hiver ou aux temps de sécheresse. Elle nous raconte son histoire : don du Père et du Fils, son souci est que nous sentions en notre chair, parfois déchirée de malheur, que nous ne sommes pas délaissés.
Elle a fait un long voyage pour se tenir auprès du plus obscur de nos existences. C’est là qu’elle fait sa maison. Une demeure ouverte au vent et au soleil, aux vivants. Elle annonce au creux du cœur, de ses chagrins immenses comme de ses paix miraculeuses, que la vie vaut la peine d’être habitée."
Après le confinement, une autre vie ? A condition d’apprendre à se réconcilier avec soi-même : avec son " ombre " et son corps comme il est. La lumière de la Résurrection nous rejoint jusque dans nos blessures intimes pour nous faire renaître "corps âme et esprit ". Comme nous y invite, en bon connaisseur de l’être humain, Anselm Grün, moine bénédictin et psychothérapeute…
" Il s’agit de dire oui à tout ce qui est en nous. L’ombre (selon C.G. Jung) est ce que nous refusons de tolérer, ce que nous avons exclu de notre existence, au motif que cela n’est pas conforme à l’image que nous nous faisons de nous. En nous, il n’existe pas que l’amour ; la haine est aussi présente et en dépit de tous nos efforts moraux et religieux, nous avons des tendances meurtrières, sadiques et masochistes, de la colère, de l’envie, des humeurs dépressives, de la peur et de la lâcheté. Accepter son ombre n’implique pas qu’on la laisse simplement exister, mais il faut commencer par se l’avouer. Cela réclame de l’humilité, du courage, pour descendre du haut de notre propre image idéale et accepter notre propre réalité.
Pour se réconcilier avec soi, encore faut-il se réconcilier aussi avec son corps. Combien de personnes souffrent de leur corps ! Il ne correspond pas à l’image idéale que véhicule la mode actuelle. C’est seulement si j’aime mon corps, tel qu’il est, qu’il deviendra beau. Car la beauté est relative. Il y a le mannequin, mais froid et privé de toute expression. La beauté implique que la gloire de Dieu rayonne à travers moi. Cela ne sera le cas que si j’accepte mon corps et que je le présente à Dieu.
A ceux qui souffrent de l’histoire de leur vie, de leur ombre ou de leur corps, je propose l’exercice suivant : se placer devant une icône et le regard fixé sur Jésus-Christ, dire : « Tout est bien. Tout doit être comme c’est. Tout a son sens. Je te REMERCIE pour mon corps. Il est unique. Je me sens bien chez moi. Il est le temple du Saint-Esprit, le lieu de ta gloire. ». Souvent, cela ne va pas de soi. Quand précisément j’ai connu le malheur… et quand je me révolte contre mon corps, il ne m’est pas si facile de l’aimer. Tout corps est beau si je le regarde comme une œuvre d’art de Dieu. Quand je m’efforce de me voir moi et mon corps, l’histoire de ma vie et mon caractère, du point de vue de Dieu et que j’en REMERCIE Dieu, aussitôt s’instaure en moi une paix profonde. Je me sens dilaté. Une force tient ma vie en éveil, m’incitant à mettre ma confiance en Dieu et non en moi."
Durant le Carême et le confinement, Emmanuel Phatthasinh a réalisé une 2ème œuvre (2, 80 m x 2, 30 m). Il nous la commente :
Le tableau représente la Vierge Marie en Notre-Dame des Douleurs. Elle enseigne à Ève l’amour de Jésus crucifié et de Sa Croix rédemptrice. « Voici ta Mère » (Jean 19, 27), c’est ce que Jésus dit sur la Croix au « disciple qu’il aimait », c’est-à-dire nous tous.
D’après S. François de Sales (1567-1622), que l’Église reconnaît comme le « Docteur de l’amour », la Vierge Marie nous enseigne tous à mourir d’amour pour Jésus-Christ (Traité de l’amour de Dieu, livre 7, chapitre 13).
Vivre, c’est mourir d’amour. Marie vit de la vie de son Fils. La mort de son Fils est donc sa mort à elle aussi. Mais puisque Jésus-Christ ne subit pas Sa mort, mais donne Sa vie par amour, mourir d’amour en Jésus-Christ est un chemin de vie pour nous tous. Notre espérance, c’est que Jésus-Christ n’est pas victime de la mort : mais en offrant Sa vie par amour, il triomphe de la mort. Marie, qui a été la première à mourir d’amour pour son Fils et avec son Fils, nous enseigne ce chemin de vie.
Marie notre Mère et institutrice. Marie est notre institutrice dans l’amour de Jésus, parce qu’elle est humaine comme nous, et parce que Jésus nous l’a donnée pour Mère. Devant la Croix, elle est crucifiée avec Jésus. Conformément à la prophétie de Siméon, « son âme est traversée d’un glaive » (Luc 2, 35). C’est ce que représente le tableau avec le cœur de Marie que tient l’ange.
Marie aime Jésus jusqu’à la Croix. En Marie, nous voyons comme l’amour de Jésus transforme la souffrance en espérance de vie. Le Christ ressuscité ne cache pas Ses plaies. Marie ne cherche pas non plus à guérir de sa blessure, ni à oublier, mais elle embrasse la souffrance avec Jésus pour aimer du même amour que Lui. Et aimer de l’amour même de Jésus, participer à l’amour de Jésus, c’est vivre de Sa vie. C’est mourir au péché pour naître à la vie éternelle.
Marie maîtresse d’amour dans l’Église. Cet amour parfait de Jésus a commencé avec Marie, qui est conçue sans péché. Elle est la première dans l’Église, où doit se réaliser ce mystère de communion et d’amour avec le Christ. Jésus donne Marie pour Mère à Ève, notre humanité pécheresse, pour que nous soyons introduits à cet amour de Jésus. En ressuscitant par l’amour, Ève se met sous le manteau de Marie : elle est comme l’humanité qui doit entrer tout entière dans l’Église, afin de vivre pleinement de l’amour de Jésus.
« J’ose avancer que cette quarantaine imposée est une chance, car elle nous donne de comprendre, d’une manière nouvelle et très concrète, que la vie est précieuse et belle si nous vivons comme des personnes reliées les unes aux autres. Le psaume 62 me touche beaucoup : « Dans la nuit je me souviens de toi et je reste des heures à te parler. Oui tu es venu à mon secours : je crie de joie à l’ombre de tes ailes. » On peut remplacer « nuit » par « ennui ». Dans la nuit de notre ennui, souvenons-nous des bénédictions de Dieu, faisons mémoire de tout ce que nous avons déjà reçu de nos frères, de nos amis, de nos communautés, dans l’Église et dans tant d’autres lieux. Alors nous pourrons « crier de joie » d’une joie ténue, recueillie. Alors pourra jaillir, de notre ennui saturé de désir, une « lumière noire » selon la belle expression de Madeleine Delbrel.
Raphaël Buyse (« la Vie » n° 3898)
(Confinés, nous pouvons mieux mesurer ce que signifie ne pas pouvoir communier. Et ainsi, mieux sentir le désir de malades ou isolés de notre quartier. Occasion de nous laisser interroger. Des vocations peuvent naître pour porter la communion !)
" A la fin de la messe, le prêtre dit " Allez porter la communion à vos frères malades ! " Il ne dit pas : " Allez leur dire que la communauté chrétienne pense à vous. " Il dit à tous : " Allez porter la communion, faîtes la communion, entrez en communion. " Comme si les absents nous manquaient : Tu te rappelles ce que dit l’apôtre Paul : " Nous sommes membres les uns les autres…(Rom 12, 5)" Le pire serait que les malades soient à part, comme retranchés du corps. Regarde ce qu’on leur porte : le Corps, le Corps du Christ. Ils font corps avec nous. Nous sommes le Corps du Christ mais nous ne pouvons pas l’être sans eux…
Le prêtre dit de porter la communion. Il ne le dit pas uniquement aux personnes chargées de cette responsabilité. Et puis " porter la communion " peut prendre des formes diverses. Toute visite authentique au fond est une manière de " porter la communion ". Écoute ce que dit le Christ : " J’étais malade et vous êtes venus me rendre visite " et aussi " Qui vous accueille m’accueille. " Il y a comme une double visitation. Celui qui est visité reçoit plus qu’une simple visite, et celui qui visite rencontre plus qu’une personne alitée. La personne visitée ne reçoit pas seulement un visiteur. Elle reçoit le Corps du Christ signifié dans le pain eucharistique et aussi dans la personne de celui qui visite, qui rend réellement présente la communion des saints. Elle pourra reconnaître que le Christ vient à elle, la visite dans son épreuve et l’assure de sa présence. Celui qui visite lui aussi peut reconnaître le Christ, Corps blessé. S’il se fait humble et délicat, il écoutera et entendra. Il sera transformé par la rencontre.
Je commence à comprendre que les personnes malades, Corps du Christ blessé, ont quelque chose à dire de la vie, et que communier n’est pas seulement recevoir le corps sacramentel, mais entrer en communion avec les personnes marquées par la maladie et avec beaucoup d’autres. J’entrevois aussi cette fidélité du Christ jusque dans l’épreuve et dans un amour plus fort que la mort elle-même. Allez porter la communion à vos frères malades ! Le propos est simple. Le mystère est grand. "
Christian Salenson « Catéchèses mystagogiques »
Œuvre (2,30m X 1m) d’Emmanuel Phatthanasinh
réalisée à St Hélène durant le confinement.
Il nous en donne les clés de compréhension…
À Pâques, nous fêtons la mort de Jésus-Christ sur la Croix et Sa Résurrection d’entre les morts, que représente ce tableau ? Le Christ ne ressuscite pas simplement pour Lui-même : par Lui, avec Lui et en Lui, c’est notre être rendu mortel par le péché qui ressuscite. Ce « vieil homme » en nous est ici représenté par Adam, que le Christ tire des eaux de la mort et libère de la captivité du péché. Au jour de la Résurrection, notre corps sera glorieux comme celui du Christ sur le tableau. Mais le corps glorieux du Christ conserve les cinq plaies qui témoignent de sa souffrance rédemptrice. Le mystère de Pâques contient l’essentiel de la vie chrétienne :
La foi : la foi des chrétiens, c’est quelqu’un, Jésus de Nazareth (né vers -5 /mort vers 33). Nous croyons que ce personnage historique était le Messie (= « Christ » en grec) attendu par les Juifs, le Fils de Dieu et Dieu Lui-même fait homme. Nous croyons aussi qu’après avoir été mis à mort sur la croix, Il est ressuscité. C’est cet événement historique et spirituel que représente ce tableau.
L’espérance : nous croyons que l’amour de Jésus-Christ nous sauve de la mort, spirituellement et corporellement au jour de la Résurrection. La Bible dit : L’Amour est fort comme la Mort, la passion implacable comme l’Abîme. (Ct 7, 6)Jésus-Christ ne nous évite pas la mort, mais sur la Croix, Il prend sur Lui notre péché et notre mort et les souffre pour nous. Il passe au travers de la Mort et crée un passage pour nous en Lui. Sa Résurrection fait renaître la vie au cœur de la mort. Ainsi, le tableau le représente marchant sur l’eau de la mort car Il l’a vaincue.
L’amour : le mystère de l’amour de Dieu pour les hommes est au cœur de la foi et de l’espérance. L’aimer en retour implique d’obéir à ce commandement : Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. (Jn 13, 34) Ceux qui sont disciples de Jésus-Christ sont unis à Lui et unis entre eux en une communion d’amour. Cette communion est pleinement réalisée dans l’Église, Corps de Jésus-Christ, mais elle s’étend spirituellement à toute l’humanité, qui est aimée de Dieu et appelée à s’unir à Lui dans l’Église. Cet amour fraternel est représenté par la poignée de main de Jésus à Adam.
" L’unification intérieure est, je crois, la grande question Nous sommes sur terre pour faire de notre vie un chef-d’œuvre, et il nous faut pour cela nous unifier.
Nous avons le cœur partagé, divisé, taraudés par des désirs contradictoires. Nous avons donc à travailler à notre simplification, émonder les désirs inutiles, les distractions, faire l’unité autour d’un désir central, celui d’apprendre à aimer. Nous avons aussi à unifier notre existence entre le passé, le présent et l’avenir, découvrir que notre vie n’est pas une succession d’évènements sans liens entre eux, mais qu’elle à une trame, une direction, une vocation… Enfin, nous avons à faire l’unification entre notre vie spirituelle et notre vie corporelle. Pendant des siècles, le christianisme a eu une attitude très méfiante à l’égard du corps et des réalités terrestres. Nous redécouvrons enfin qu’être fidèle à Dieu, c’est aussi être fidèle aux réalités terrestres, aux rythmes des saisons, à la nature, même à la nourriture… Pour devenir pleinement spirituelle, notre vie doit d’abord ne plus avoir peur d’être pleinement humaine. Dieu ne nous demande pas de renoncer au plaisir de vivre, bien au contraire. Notre vie ne doit pas être seulement bonne sur le plan moral : elle doit aussi être belle et heureuse. Comment retrouver la voie de l’intériorité ?
L’homme moderne vit « hors de lui-même », il se trouve, par toutes les sollicitations qui l’entourent, en quelque sorte exproprié de lui-même. Je crois que la grande pathologie contemporaine se nourrit d’un rapport perverti au temps. La plupart des hommes et des femmes d’aujourd’hui perçoivent le temps comme un grand fleuve dans lequel ils sont plongés et contre le cours duquel ils ne peuvent rien. Il faut réagir contre cette idée : le temps est à notre service, nous devons être les maîtres de notre temps. La fragmentation du temps aboutit à l’éclatement de l’homme. Nos contemporains ne font que courir d’une activité à une autre, sans jamais s’arrêter. L’accès à la vie intérieure passe nécessairement par une maîtrise de son temps qui permet de se rendre présent à soi-même. Je ne suis pas que la somme de mes activités. Mon être profond a besoin de temps libre, gratuit, « perdu », pour accéder à la surface de ma conscience. Je donne souvent à ma communauté un conseil qui, en apparence, peut sembler scandaleux de la part d’un moine. J’insiste sur le fait qu’il est important de penser sa vie plutôt que de prier ! Je crois en effet que sans dialogue intérieur entre soi et soi, sans cette activité réflexive, la prière tombe en dévotion, en activité pieuse un peu stérile. Le temps que nous passons à penser notre vie n’est pas du temps perdu…
Sans vie intérieure, pas de vraie liberté ! Car, sans réflexion, sans retour sur soi, sans relecture de sa vie, on se laisse porter, emporter par les évènements qui surviennent, on est davantage « vécu » que réellement vivant… Choisir notre existence ne se fait pas sans un patient et un long travail sur soi. "
Quand le confinement sera fini, la vie reprendra-t-elle comme avant ? Certains d’entre nous ont eu le bonheur de renouer avec leur vie intérieure Après, la parenthèse sera-t-elle refermée ? Et refermée la recherche intérieure qui constitue la plus belle aventure humaine dans sa quête d’absolu ? La grandeur de l’homme ne réside pas dans le fait d’amasser, ni de dominer la création mais dans le fait qu’il est capable de relation avec Dieu qui veut pour lui la Vie, la vraie Vie.
QUESTION du Président des Evêques (France)
" Pendant cette crise, je crois beaucoup au fait de pouvoir se découvrir du goût pour la vie intérieure. Mais l’après pose aussi l’éternel problème de la fausse conversion. En sortant, continuerons-nous de consacrer du temps à la prière, à l’intériorité, à nous préoccuper des autres ou nous précipiterons-nous dans une frénésie de rencontres ? Aujourd’hui, nous sommes poussés par quelque chose de plus grand. Mais nous en souviendrons-nous ? "
Mgr Eric de Moulins-Beaufort
« Cette nuit de Pâques nous conquérons un droit fondamental, qui ne nous sera pas enlevé : le droit à l’espérance. C’est une espérance nouvelle, vivante, qui vient de Dieu. (…)
Avec les jours qui passent et les peurs qui grandissent, même l’espérance la plus audacieuse peut s’évaporer. L’espérance de Jésus est autre. Elle introduit dans le cœur la certitude que Dieu sait tout tourner en bien parce que, même de la tombe, il fait sortir la vie. »
Pape François, Veillée Pascale 2020
L’invitation du célébrant à la fin de la messe conduit loin jusqu’aux extrémités de la terre. Je comprends les " extrémités de la terre " comme " les extrémités de la vie ", les recoins de l’existence, à commencer par la mienne. " Vous serez mes témoins depuis Jérusalem jusqu’aux extrémités de la terre ", jusqu’au bout de la vie…
Mais où sommes-nous envoyés ? Dans le monde. Je préfère dire " dans l’histoire ". Le monde, c’est le corps, la chair, l’histoire, le réel. L’envoi dans le monde ne signifie pas seulement l’envoi dans la société, mais dans l’humanité concrète de chacun, de nos proches, de la société… "Allez dans la paix ". Entrez dans la paix. On pourrait traduire par " vivez dans la paix " Plus exactement : " Allez dans votre vie, vivre dans la paix. "
Curieux envoi ! Nous ne sommes pas envoyés avec des choses à faire, des missions à remplir. Par exemple : Allez dans le monde, faites beaucoup de bien, convertissez les gens, inscrivez-vous dans les associations ! Il ne nous est pas dit de ne pas le faire. La seule chose qui nous est dite, c’est " Allez dans la paix." …
Cet envoi en mission sans mission est bien un envoi réel. Il s’agit pour le chrétien d’aller habiter la paix comme dit le psaume " Habite la paix et poursuis- la. " Jusqu’aux extrémités de la terre, jusqu’aux extrémités de toi, des autres. La paix, c’est ce que le Ressuscité nous laisse… Il nous envoie vivre dans sa paix. A nous d’inventer la forme, les initiatives, les décisions, les chemins. Les membres de l’assemblée ne s’y trompent pas. Ils comprennent la nature de l’envoi qu’ils viennent de recevoir et cela suscite leur bonheur. " Nous rendons grâce à Dieu. " C’est comme s’ils disaient à la fois : nous accueillons cet envoi dans la louange et c’est par la louange que nous allons vivre dans la paix. "
Christian Salenson " Catéchèses mystagogiques pour aujourd’hui " (Bayard)
Quelqu’un, par mail, a posé cette question :
"Ce soir en lisant les textes, j’ai eu du mal à me détacher du psaume « le Seigneur est ma lumière et mon salut de qui aurais-je crainte ? le Seigneur est le rempart de ma vie devant qui tremblerais-je ? ». Cette parole résonne ! Car cet enfermement m’angoisse. J’essaie de me raisonner mais j’ai peur. Peur pour les gens, pour ma famille, pour mes amis. Je culpabilise car je suis chez moi au chaud, j’ai un toit, de quoi manger, j’ai accès aux outils numériques pour rester en contact… mais je ne me raisonne pas. Est-ce normal d’avoir peur, de me questionner autant ? Est-ce que j’ai le droit ?"
Conseil : Ne pas fuir, accueillir ses émotions
Prendre chaque jour quelques minutes pour s’asseoir et s’interroger : peur, inquiétude, colère, tristesse… comment je me sens ? Et dans quelle partie du corps s’exprime mon émotion : dans la gorge, dans le ventre ? Revenir à ses sensations coupe la spirale du bavardage et des ruminations intérieures. Il faut avoir l’audace d’entrer en relation avec notre expérience, fût-elle douloureuse. Elle nous rappelle que nous sommes des êtres humains. J’ai le cœur lourd parce que je me sens concerné ; je suis triste d’être loin de mes proches parce que je les aime. Remonter à la source de nos émotions nous ouvre le cœur. Entrer en rapport avec ce que je sens peut me transformer.
Fabrice Midal philosophe ("La vie" n° 3891)
Parole d’Evêque : N’ayons pas peur d’avoir peur !
" La meilleure manière d’accompagner le moment présent est d’avoir le courage d’habiter nos peurs. Notre premier réflexe pourrait être de nous dire : « Prions et n’ayons pas peur car nous sommes chrétiens et nous croyons en la vie éternelle, en Jésus sauveur. » Il ne faut pas oublier que croire en Jésus sauveur, c’est être disciples de Jésus qui a eu peur ! Je ne suis pas certain qu’il ait fanfaronné devant le tentateur au désert, ou en descendant de la montagne de la Transfiguration, sachant qu’il allait bientôt entrer à Jérusalem pour la dernière fois... Et je suis sûr, car l’Évangile l’atteste, qu’avant la Passion, il a versé des gouttes de sueur qui étaient des gouttes de sang, tant l’angoisse était forte. Jésus lui-même a eu peur. Donc n’ayons pas peur d’avoir peur !
Au dernier chapitre de l’Évangile de Marc (16, 14-15), Jésus reproche à ses disciples d’avoir manqué de foi, notamment à cause de leur peur, avant de les envoyer immédiatement en mission : « Il leur reprocha leur manque de foi et la dureté de leurs coeurs parce qu’ils n’avaient pas cru ceux qui l’avaient contemplé ressuscité. Puis il leur dit : "Allez dans le monde entier. Proclamez l’Évangile à toute la création". » Pour moi, cela résonne ainsi : « Ne t’arrête pas, vas-y avec tes peurs, mais continue d’annoncer qu’après la mort il y a la vie, que, dans cette souffrance et dans ce mal, il y a les lieux où tu es attendu pour aimer. » Le seul vrai baume, la seule véritable guérison sera l’amour, celui des soignants qui travaillent nuit et jour, des voisins qui font les courses pour aider les plus fragiles...
Le pape a prononcé vendredi une magnifique méditation à partir de l’Évangile des disciples pris dans une tempête tandis que Jésus dort. Pour lui, la tempête est déjà salutaire : « La tempête démasque notre vulnérabilité et révèle ces sécurités, fausses et superflues, avec lesquelles nous avons construit nos agendas, nos projets, nos habitudes et priorités. » La peur peut nous aider à aller vers Jésus, en vérité. Et puis, nous devons penser aux retrouvailles. Souvent, je suis traversé par des images très fortes. Imaginez la première messe après le confinement, quand nous serons heureux de nous voir tous ensemble, de faire à nouveau communauté. Imaginez les retrouvailles dans les familles ! Et puis, il y a le présent. Le soir, quand nous applaudissons les soignants à 20 heures depuis notre fenêtre, il y a déjà un vrai plaisir du contact humain, dans ce signe sonore en direct. "
Mgr D.Lebrun (Rouen) (La Vie n° 3892)
Dans la chronique du magazine " La Croix l’Hebdo" des 11-12 avril, dont elle est rédactrice en chef, Isabelle de Gaulmyn (plus connue en tant que paroissienne à Ste Hélène comme "Isabelle Sallé"), s’interroge sur la nécessité d’une nouvelle flèche sur la cathédrale Notre Dame… Par-delà cette question, c’est la description entre les lignes d’une Ste Hélène " Hors- les-murs " qu’elle nous livre. Période où, paradoxalement, les initiatives ne sont pas confinées ! Extraits.
" Une cathédrale brisée pour un pays confiné. La silhouette désormais tronquée de Notre Dame s’élève dans un ciel parisien devenu silencieux. Il n’y a aura pas de cloches pour sonner la victoire ni de glas pour les morts. Il n’y aura pas de messes pour supplier Dieu que la maladie cesse ni pour fêter la sortie de l’épidémie. Notre-Dame est comme toutes les églises aujourd’hui, fermée et réduite à se taire. Abandonnée au vide d’une ville qui se cache. Il en est de même pour l’Eglise catholique dans son ensemble, elle aussi confinée, qui ne peut ni célébrer ni rassembler. Tout juste enterrer, et encore. Comme la cathédrale avec la flèche, il faut qu’elle fasse " sans " ou autrement.
Mais a-t-on encore besoin d’une flèche au-dessus d’une cathédrale ? A-t-on encore besoin d’une parole venue du haut des chaires des églises ? Car, dans l’ombre de Notre-Dame éventrée, des hommes et des femmes d’Eglise, en silence, agissent. Prêtres ou laïcs, religieux, religieuses ou simples fidèles, ils ont répondu présent, pour distribuer des repas, soulager les plus âgés, inventer des solutions de logement pour les sans-abri, loger les infirmières, aider comme ils peuvent les soignants dans les aumôneries. Encore une fois, à Paris et dans toute la France, le réseau associatif et caritatif catholique a fait la preuve de sa capacité de mobilisation, à côté et avec tous les hommes de bonne volonté de ce pays.
En cette semaine sainte, il n’y a pas eu de branches de rameaux à faire bénir ni de chemin de croix dans les rues. Mais pour ces bénévoles engagés aux côtés des laissés-pour-compte de la crise, c’est Jeudi saint - le lavement des pieds - tous les jours. Pas d’homélie dans les églises, mais des textes qui s’échangent sur les réseaux sociaux, des lectures en silence, des paroles qui n’en résonnent que mieux et des larmes, surtout, qu’il faut essuyer ou laisser couler. Jamais nous n’avons jamais été aussi fragiles ensemble. Et devant cette fragilité, aucune flèche qui tienne. Il ne reste que l’Evangile… L’épidémie bouscule nos certitudes, nous oblige à descendre au plus profond."
Isabelle de Gaulmyn
" La résurrection de Jésus n’est pas un fait relevant du passé ; elle a une force de vie qui a pénétré le monde. Là où tout semble être mort, de partout, les germes de la résurrection réapparaissent. C’est une force sans égale. Il est vrai que souvent Dieu semble ne pas exister : nous constatons que l’injustice, la méchanceté, l’indifférence et la cruauté ne diminuent pas. Pourtant, il est aussi certain que dans l’obscurité, commence toujours à germer quelque chose de nouveau, qui tôt ou tard produira du fruit. Dans un champ aplani commence à apparaître la vie, persévérante et invincible. La persistance de la laideur n’empêchera pas le bien de s’épanouir et de se répandre toujours. Chaque jour, dans le monde renaît la beauté, qui ressuscite transformée par les drames de l’histoire. Les valeurs tendent toujours à réapparaître sous de nouvelles formes, et de fait, l’être humain renaît souvent de situations qui semblent irréversibles. C’est la force de la résurrection et tout évangélisateur est un instrument de ce dynamisme…
La résurrection du Christ produit partout les germes de ce monde nouveau ; et même s’ils venaient à être taillés, ils poussent de nouveau, car la résurrection du Seigneur a déjà pénétré la trame cachée de cette histoire, car Jésus n’est pas ressuscité pour rien. Ne restons pas en marge de ce chemin de l’espérance vivante ! "
Pape François, " La Joie de l’Evangile "
Méditation d’Olivier Clement, théologien orthodoxe, devant l’Icône de la descente aux enfers…
« Imaginez le Christ revêtu d’une blancheur foudroyante, le Christ dans la puissance de la lumière, qui descend dans l’abime, qui broie sous ses pieds, les portes de l’enfer. On voit les portes broyées, avec toute une ferronnerie disloquée, éparse, et par dessous, on devine la silhouette sombre du séparateur écrasé. Le Christ saisit littéralement par les poignets et fait voler hors de leurs tombeaux Adam et Eve, c’est-à-dire vous et moi, c’est-à-dire l’humanité tout entière…
Cela veut dire, je crois, que maintenant Dieu n’est plus absent d’aucun lieu, d’aucune situation. Même quand l’homme veut l’exclure, Dieu est présent. Il est présent crucifié sur tout le mal du monde, c’est la seule réponse au mystère du mal.
Que fait Dieu ? Il est crucifié sur toute l’horreur du monde, et en même temps il nous ressuscite, il nous offre la puissance de sa résurrection, cette main puissante tendue pour saisir, même pas par la main, parce que la main, on ne la donne pas, mais par le poignet ; cette main qui saisit le poignet d’Adam, le poignet d’Eve… Cette main est toujours dans l’ombre la plus opaque. Il faut bien comprendre que le Dieu chrétien, le Dieu dont nous essayons de porter témoignage n’est pas une sorte de potentat céleste qui nous écraserait, mais comme dit Paul dans l’épitre aux Philippiens 2, 7, " il s’est évidé," il s’est anéanti par amour pour nous, il s’est vidé, évidé jusqu’à la mort et la mort de la croix.
Ce Dieu qui s’ouvre pour nous faire entrer en Lui, qui s’ouvre pour nous offrir la vie et la liberté, c’est cela, dirais-je, le mystère de la descente aux enfers Oui je le demande encore, qu’est-ce que l’enfer ? Un psychanalyste intelligent vous dira qu’au fond de l’homme il y a la haine, il y a le suicide, le meurtre, le mensonge, la crainte de la mort, toutes les formes de la mort. Tout cela croupit au fond de nous, c’est l’enfer. Il nous est intérieur et bien entendu, il se manifeste. Il se manifeste dans l’Histoire, il se
manifeste dans la torture, dans les massacres, dans l’injustice, nous le voyons bien. Or le Christ ne cesse pas d’y descendre.
Quand nous prenons conscience de ces situations de haine, de meurtre, de suicide, d’absence d’Esperance, nous avons la tentation de nous laisser glisser dans le néant. Si à ce moment-là, au lieu de nous laisser glisser dans le néant, nous tombons aux pieds du Christ, qui est présent là, non pas ailleurs, mais là, alors cette main puissante nous saisit et nous fait voler hors de l’enfer. »
La semaine sainte, dans un rite appelé Soghita, les églises Chaldéennes et Assyriennes d’Orient miment un chant très ancien qui montre l’arrivée du bon larron à la porte du Paradis. S’ensuit alors un dialogue très beau et très serré avec l’Ange qui garde l’entrée. Ce dialogue complet sur
http://tradition-spirituelle.over-blog.com/2016/03/le-gayassa.html. Extraits :
– Jésus lui dit : « En vérité, car tu l’as demandé avec foi, aujourd’hui tu seras dans ce jardin, au Paradis de la joie. » – « Lève-toi et va vite, prend la croix pour clé, ils ouvriront le Paradis devant toi, et cacheront la lance de feu. »
– Le Larron a pris la croix, et il se rendit au Paradis, l’Ange l’entendit approcher, et le stoppa
Le chérubin : Dis-moi qui t’envoie ? Qui t’a montré le chemin ? Pour quelle raison te l’a-t-il ordonné, et notre terre t’a-t-il permis de piétiner ?
Le Larron : Ecoute moi je vais te le dire, cache ta lance que je t’explique, j’ai demandé miséricorde à ton maître et je fus envoyé jusqu’à toi.
(…)L : -Par la puissance de Jésus je suis venu et par sa force je suis arrivé jusqu’ici. Sur le chemin je n’ai eu peur de personne, Il m’a dit va ouvrir le Jardin.
C : Toi tu es un brigand, tu viens au Paradis pour voler ! Je veux que tu retournes rapidement (sur tes pas) ou sinon tu t’exposes à la mort.
L : Oui, je suis un brigand, mais à présent je me suis repenti. Et je ne suis pas venu ici pour voler, j’ai la clé pour entrer.
(…)C : Depuis qu’Adam est sorti du Jardin personne n’est revenu ici ; Le genre humain est banni d’Eden et que toi tu puisses y entrer sera chose difficile.
(…) C : Homme de sang pourquoi es-tu venu ? Qui t’a envoyé ici ? Tu ne peux piétiner notre terre, et qui t’ouvrira la porte ?
L : Ne craints pas ô Esprit et ne bouge pas ô Flamboyant, Je t’ai enlevé ton autorité : regarde la croix vivifiante !
Le Larron sort la croix cachée sous sa tunique et la montre.
C : Tu apportes la croix de Jésus, sois le bienvenu, entre au Jardin je ne t’en empêche pas, la porte est ouverte devant toi.
Une infirmière en EHPAD me racontait combien le lavement des pieds d’une personne âgée est rempli de sens. Tout d’abord, ce n’est évident pour personne de faire ce soin et pourtant cette infirmière affirmait tout l’intérêt de ce service. Outre que c’est un soin d’hygiène important pour toute personne, il l’est encore plus pour celles et ceux qui voient leurs pieds se déformer et les faire souffrir. C’est un véritable soulagement qui leur est donné, mais plus encore, c’est une attention délicate apportée à la personne dépendante incapable de se pencher et de se prendre en charge. Ce geste, s’il est accompli avec délicatesse, dira à la personne âgée qu’elle a sa place au milieu de la communauté, d’autant que les pieds sont extrêmement sensibles au soin et au massage. Ce n’est pas pour rien, me disait-elle, que
Jésus a lavé les pieds de ses disciples.
Jean Le Retif
« Il m’a aimé jusqu’à l’extrême, l’extrême de moi, l’extrême de lui… Il m’a aimé à sa façon qui n’est pas la mienne. Il m’a aimé gracieusement, gratuitement. J’aurais peut-être aimé que ça soit plus discret, moins solennel. Il m’a aimé comme je ne sais pas aimer : cette simplicité, cet oubli de soi, ce service humble et non gratifiant, sans aucun amour propre. Il m’a aimé avec l’autorité bienveillante mais incontournable d’un père, et aussi avec la tendresse indulgente et pas très rassurée d’une mère. J’étais blessé au talon par l’ennemi commun, et le voilà à mes pieds : ne crains rien, tout est pur.
Comme Pierre, j’ai honte : il m’est arrivé, à moi aussi, de trébucher à sa suite, et même de lever le talon contre lui car il y a un peu de Judas en moi, et j’ai bien envie de chercher refuge dans la nuit, surtout quand la lumière est là, fouillant mes ténèbres. Par bonheur, il ne regarde que mes pieds, et mes yeux peuvent fuir. L’eau qu’il a versée va-t-elle réussir à me faire pleurer ? Moi qui rêvais de l’amour comme d’une fusion de moi en Lui, c’est une transfusion qu’il me faut : son sang dans mon sang, sa chair dans ma chair, son Cœur dans le mien, présence réelle d’homme marchant en présence du Père.
Hélas ! L’amour se dévoilait, et déjà il m’échappe. Il était là, à mes pieds, tout à moi. Je n’ai pu le retenir. Le voilà qui passe aux pieds du voisin et de Judas lui-même, de tous ceux-là dont on ne sait s’ils sont disciples en vérité, et qu’il m’a fallu accepter ; c’était le prix à payer pour rester avec Lui, et pour avoir droit, ce soir, au pain et à la coupe.
Il a aimé les siens jusqu’à l’extrême, tous les siens, ils sont tous à lui, chacun comme unique, une multitude d’uniques. Dieu a tant aimé les hommes qu’il leur a donné son Unique : et le Verbe s’est fait FRERE."
Frère Christian de Chergé, prieur de la communauté des moines de Tibhirine, assassiné. Extraits de l’Homélie du jeudi saint 1995.
Le monde s’enlise dans la pandémie du Covid-19. Tout est bloqué, le nombre de morts ne cesse d’augmenter, les hôpitaux sont saturés. Tout porterait au désespoir. Pas pour le cardinal André Vingt-Trois, archevêque émérite de Paris, qui offre son regard sur une crise sanitaire qui pourrait être, selon lui, l’occasion d’un sursaut de responsabilisation et de conscience face à un mode de vie et un système économique et social exsangues.
Paris Notre-Dame – Un simple virus terrasse toute l’humanité, y compris l’homme occidental qui se montrait omnipotent. Comment l’interpréter ?
Mgr André Vingt-Trois – Il y a eu la Chine, puis l’Italie. Aujourd’hui, tout le monde est concerné. Il n’y a plus de compétition ou de concurrence, mais un sort commun. Cette vulnérabilité est la première leçon de cette crise. La vulnérabilité des individus qui peuvent être contaminés sans même en avoir conscience, la vulnérabilité du système économique mondial, et, en ce qui concerne les pays occidentaux, la vulnérabilité d’un mode de vie. Nous sommes amenés à vivre ce moment à travers le confinement, c’est-à-dire à travers la suppression d’un nombre considérable d’éléments de notre vie qui nous semblaient aller de soi alors qu’ils étaient fondés sur une inégalité de répartition des richesses. Ce déséquilibre économique et social, qui était notre équilibre, est en train de s’effondrer.
P. N.-D. – Pour continuer à vivre, il faut s’arrêter. Une aberration pour un système fondé sur la croissance. N’est-ce pas le symptôme que ce système est invivable ?
A. V.-T. – Tout à fait. La Première guerre mondiale a été la fin du mythe du salut par le progrès scientifique tel qu’il s’était élaboré au XIXe. Le XXe siècle a élaboré son propre mythe du progrès, un progrès économique fondé sur la croissance appuyée sur la consommation. Ce système de développement permanent de la consommation s’inscrit dans la perspective que l’univers est illimité. Nous voyons bien, aujourd’hui, à travers cette crise sanitaire, la difficulté de notre société à prendre conscience que les ressources ne sont pas illimitées. Qu’il faut les économiser, ne pas les gaspiller, et, les partager. Cette crise impose un certain dénuement, de relations, de loisirs, d’activités. Ce dénuement nous force à reprendre en considération des aspects de l’existence auxquels plus personne ne pensait. Des choses qui tiennent à la vie, à la mort, à la santé, à la précarité de nos relations affectives, de nos relations sociales. Nous sommes en train de vivre un Carême de réalité et non plus un Carême d’intention. Débarrassés d’un certain nombre de divertissements, les conditions nous sont plus favorables pour nous recentrer sur l’essentiel de notre vie.
P. N.-D. – Ne pouvons-nous pas voir dans cette crise mondiale un avertissement prophétique ?
A. V.-T. – Les avertissements prophétiques ne sont prophétiques que pour ceux qui croient aux prophètes ! Le prophète ne dit-il pas précisément : « Ils ont des yeux et ne voient pas, des oreilles et n’entendent pas ! » (Jérémie 5, 21) ? Le système dans lequel nous vivions était un système paradoxal. D’un côté, il exaltait la dimension universelle et internationale ; de l’autre, il ne tenait compte que de l’individu. C’était l’individu versus (contre) le monde entier. Or, on comprend aujourd’hui que l’individu n’est pas le summum de l’existence humaine. L’individu ne peut vivre que s’il est dans un système de relations et donc dans un système de solidarité avec le monde. Celle-ci ne consiste pas à déporter le travail à l’endroit où il est le moins cher. Mais bien à reprendre conscience de nos solidarités immédiates, de reprendre conscience qu’une nation n’est pas simplement une somme d’individus indépendants les uns des autres, mais bien une collectivité dans laquelle tous dépendent de tous. La question posée aux jeunes adultes d’aujourd’hui est : qu’allez-vous rechercher ? La situation la plus profitable pour vous ? Ou bien le désir de faire entrer, d’une façon ou d’une autre dans l’élaboration de votre projet, la question du service des autres ?
P. N.-D. – Comment vivre au mieux cet événement, sans le fuir mais l’accueillir pleinement ?
A. V.-T. – Comme tous les événements de notre vie. Ou bien nous vivons dans un univers clos sur lui-même. Ou bien nous vivons dans un univers qui se réfère à quelqu’un. S’il n’y a personne, si Dieu n’existe pas, nous n’avons alors pas d’autre horizon que le petit univers que nous connaissons. Chaque événement qui perturbe ou abime notre petite vision du monde devient alors toujours une catastrophe mortelle. Mais si nous considérons, dans la foi, que cet univers a été donné à l’homme pour qu’il en fasse un usage positif, alors il nous faut rechercher comment ce qui arrive peut être un chemin et un appel. Pour un certain nombre de personnes, la crise sanitaire actuelle est l’occasion d’un réveil. On redécouvre les relations de voisinage, de solidarité. On reprend conscience que, dans notre société, des personnes exercent une profession non simplement pour leur propre profit mais pour le service des autres. Je pense aux éboueurs, aux caissiers, au personnel soignant…
P. N.-D. – En tant que chrétiens, nous n’avons plus accès aux sacrements. Est-ce un désert spirituel à vivre ou une purification de notre manière de croire ?
A. V.-T. – La grâce de Dieu n’est pas limitée par les sacrements. La grâce de Dieu réside dans la profusion de son amour. Cette privation est peut-être l’occasion de reprendre conscience que les sacrements ne sont pas des rites sociaux que l’on fait par habitude mais vraiment une rencontre avec Dieu. Si elle n’a plus le support visible des signes liturgiques, sa réalité demeure.
P. N.-D. – Comment rendre ce moment fécond pour l’avenir ?
A. V.-T. – L’un des chemins est de prendre conscience qu’il existe une hiérarchie entre les valeurs. Une hiérarchie entre les activités auxquelles on consacre beaucoup de temps et d’argent. C’est peut-être une opportunité pour ne pas renouer avec le mode de vie précédent. Je pense à quelque chose. Beaucoup de familles vivaient avec des activités complètement dissociées. Une génération d’un côté ; une autre, de l’autre. Un époux d’un côté ; l’autre, de l’autre. Tout le monde était surbooké. Peut-être est-ce l’occasion de redécouvrir que la vie de famille est un moment fort, plus important que ce qu’on peut faire ailleurs ? Et pour ceux qui sont seuls ? Vous savez, nous ne sommes jamais seuls. Nous avons tous un monde intérieur. Un monde culturel de lectures, de musiques. Un monde où notre isolement peut devenir un espace de communication nouveau avec Dieu et avec les autres.
" A l’intérieur des règles quasi-carcérales du confinement, nous pouvons développer un espace de liberté intérieure, de poésie, d’émerveillement… " Le ciel est, par-dessus le toit/Si bleu, si calme ! " écrit Verlaine depuis sa prison. Il va nous falloir trouver le ciel par-dessus les toits, en nous, en autrui, entre nous. Hors de question de céder au catastrophisme, à la magie, de se leurrer avec des recettes miracles (surtout pas dans le domaine religieux) : les ressources viendront de notre propre fond. Aux heures dramatiques de l’histoire, l’homme révèle, à côté de ses misères, ce qu’il y a de plus beau, de plus inattendu. Nous sommes renvoyés à notre dignité humaine, à notre seule hauteur d’hommes…
En huis clos- peut apparaître le risque du vide, du désespoir, de la solitude, de la nervosité exacerbée. Il est indispensable que nous puissions nous avouer les uns aux autres notre angoisse, que nous remplacions entre nous le goût d’une affection pleine de gravité. Il est urgent que nous trouvions, au-dedans ou au dehors, des lieux, des liens de parole tonique et profonde : le téléphone et l’e-mail peuvent être d’excellents instruments pour ce grand emploi du temps de réconfort mutuel qui s’ouvre devant nous. Nous faire mutuellement signe de vie et de tendresse : voilà le beau métier en ces temps de retrait forcé ! Rien n’atteste mieux notre dignité humaine que le souci que nous avons les uns les autres. "
François CASSINGENA-TREVEDY, moine bénédiction de Ligugé (Vienne) dans « La Vie n° 3891 »
A la question « La Beauté est-elle une réalité spirituelle ? Un antidote au mal ? ", François Cheng, d’origine chinoise, 90 ans, répond avec profondeur :
" La beauté n’est pas un simple ornement ; elle est un signe fondamental par lequel la Création nous signifie que la vie a du sens. L’univers créé aurait pu n’être que fonctionnel ; ce n’est pas le cas. Au sein de la nature, nous allons d’instinct vers ce qu’il y a de beau. Ce faisant, au lieu de tourner aveuglément en rond, nous prenons une direction. Cette direction nous signifie que nous sommes sur un chemin où réalisation et dépassement sont possibles. Sensation, direction, significations, ces trois qualités sont réunies par la langue française en un seul mot : sens. La beauté nous montre aussi que tout n’est pas indifférencié, que tout ne se vaut pas ; elle nous procure le sens de la valeur. Par exemple, depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours, l’or, la matière la plus belle avec le diamant, reste l’étalon. Plus tard, d’autres valeurs viennent ennoblir l’être humain : valeur artistique et valeur spirituelle. A la beauté de la nature s’ajoute une beauté spécifiquement humaine : la beauté de l’âme. Apprenons à apprécier, partout et toujours, les regards et les gestes où l’âme humaine, en sa meilleure part, se révèle. Sans notre regard éveillé et notre cœur battant, toute la splendeur d’aurore et tout le ciel étoilé seraient vains. "
En écoutant à la radio ou la télé les témoignages d’autres « confinés », j’ai bien conscience d’être une sorte de privilégié. Comme je suis le plus souvent seul, je souffre beaucoup moins que d’autres de la situation actuelle. Quand je dis seul, ce n’est pas vrai, puisque je crois et que je vis chaque instant en la Présence du merveilleux Compagnon qui a dit « Je suis avec vous, pour toujours… »
Mais, comme la croix est faite de deux morceaux, l’un vertical, l’autre horizontal, je crois aussi fort que ma relation au Christ passe aussi par les autres, mes frères et sœurs qu’en temps normal je côtoie, à Sainte Hélène et ailleurs. Je ne pensais pas, malgré tout, éprouver un tel manque lorsque le dimanche 15 je me suis retrouvé à 11h dans mon fauteuil à regarder la messe télévisée. J’ai eu à ce moment l’impression d’être comme amputé.
C’est aussi l’occasion de vivre une communion plus étroite avec tous ceux qui ne peuvent célébrer l’eucharistie chaque semaine. Je suis un " riche " !
Daniel (Ste Hélène)
" Cette interrogation se pose à chaque grande épidémie qui jalonne notre histoire. Lorsqu’on raconte à Jésus le massacre des Galiléens et la chute de la tour de Siloé (Luc 13), il explique qu’ils n’étaient pas plus pécheurs que les autres. Jésus ne fait pas échapper ses disciples au sort commun de l’humanité mais nous assure que tout vivre, les joies et les épreuves, dans l’amour de Dieu et du prochain, nous fait entrer déjà dans la vie éternelle. La grâce de Dieu est donnée pour cela. Il ne s’agit pas de s’imaginer que Dieu nous punit, mais de se demander ce que moi, je peux changer dans ma vie pour vivre de son amour… Il est important que dans ce temps de confinement, nous ne nous replions pas sur nous-mêmes en cultivant nos angoisses mais que nous regardions toujours le vaste monde et que nous pensions à ceux qui sont dans la détresse… Puisqu’on ne peut pas se serrer dans les bras, se prendre par les mains dans la douleur, faisons-le au moins spirituellement."
Mgr Eric de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims et président de la Conf. Episcopale de France
" Je réalise à quel point ce qui va me manquer pendant tout ce temps de carême, ce n’est pas d’abord la communion au Corps du Christ, mais le rassemblement ecclésial, lors duquel ensemble nous communions au Corps du Christ. L’isolement imposé nous fait réaliser que l’Église est une communion, et je trouve que l’occasion est propice pour penser à tous ceux qui sont ordinairement éloignés de la communion, parce qu’ils sont malades et isolés, parce qu’ils habitent au fin fond de l’Amazonie, ou parce que la discipline de l’Eglise leur demande de ne pas communier.
Notre solitude imposée par temps de carême, et sans doute même pour les fêtes pascales, nous oblige à prendre conscience que nous ne sommes pas chrétiens pour nous, mais pour les autres, pour le monde. Lorsque nous célébrons l’eucharistie, lorsque nous communions au Corps livré du Christ, nous le faisons pour ceux qui ne sont pas là, car le Corps du Seigneur est livré pour la multitude. Alors, désormais confinés, il nous faut croire que nous sommes associés à ce mystère, avec ceux qui peuvent le célébrer, car ils le célèbrent pour nous (comme le font les prêtres des paroisses, de manière privée… en union avec leur peuple).
Il y a un autre point de jonction entre mes deux " mondes " : les soignants vont donner de leur temps, de leur fatigue, pour les autres. A chacun de nous, en ce temps différent, de trouver ce qu’il peut faire pour l’autre, en étant vigilants vis-à-vis des plus âgés, des plus isolés. Voilà ce qu’est une vie eucharistique : prendre soin de l’autre, car son existence est un cadeau."
Anne Lécu, religieuse médecin en prison
Nous n’avons pas choisi de vivre cela. Mais les consignes imposées pour combattre l’épidémie, en libérant du temps pour certains, peuvent être une occasion à saisir pour vivre un Carême particulier. Vous trouverez dans ce "Spécial Contacts" des textes, des prières, des points de repère pour vous aider à vous ajuster à cet Évènement tout en vous questionnant : Qui je veux devenir devant Dieu et avec les autres ? A quoi renoncer pour gagner une vraie Joie de Vivre et d’ Espérer ?
" QU’AS-TU FAIT DE TON FRÈRE ? "
Nous traversons une période à laquelle nous n’étions pas préparés. En ces temps troublés, il est bon de rappeler l’indispensable fraternité qui seule fonde une authentique nation. A la tentation du sauve-qui-peut, les chrétiens doivent se rappeler qu’au cours des siècles ils ont eu à cœur d’accueillir la demande du bon samaritain : « Prends soin de lui » (Lc 10, 35). Dans les grandes pandémies du passé, ils ont été en première ligne pour être fidèles à cette demande du Christ, souvent au risque de leur vie. Nous ne pouvons pas répondre comme Caïn : « Suis-je le gardien de mon frère ? », quand Dieu lui demande : « Qu’as-tu fait de ton frère ? » (cf. Gn 4, 9). Nous avons à transmettre la grâce divine, pas les virus qui ne viennent pas des dons de Dieu mais de la fragilité de la condition humaine…
Les temps à venir nous sont ainsi donnés pour qu’en nous retirant dans le désert et dans ce jeûne imprévu et douloureux, nous puissions laisser grandir en nous le goût de cet amour… Puisque cette année notre diocèse fête les 1600 de la naissance de sa sainte patronne, j’invite tous les chrétiens et les hommes de bonne volonté à réciter chaque jour et jusqu’à la fin de la pandémie la prière à Sainte Geneviève (au verso). Elle a su, par sa consécration, son courage et sa prière, sauver les parisiens des plus graves fléaux.
Au-delà de notre ville nous la solliciterons pour que le Seigneur écarte de nous le mal, accueille les défunts, protège les malades et veille sur ceux qui les soignent. Jusqu’à Pâques, j’invite aussi les fidèles à vivre un jour de jeûne tous les mercredis. En effet, le Christ nous a révélé que c’est la prière et le jeûne qui, ensemble, viennent à bout des plus grandes épreuves. « Les yeux fixés sur Jésus-Christ, entrons dans le combat de Dieu
+ Michel Aupetit, Archevêque de Paris, 13 mars 2020
1 - Prendre le temps
Il ne se passera rien entre Dieu et nous, si nous ne Lui laissons pas l’espace pour nous parler ! Nous sommes tellement dans le bruit, l’agitation, l’activité… Le Carême nous remet devant la nécessité, l’exigence de prendre du temps. Dieu se fait Silence, et nous avons besoin de passer par un grand silence pour entendre cette parole, nouveauté que Dieu aurait à nous dire aujourd’hui.
2 - Faire Confiance
N’ayons pas peur de Celui qui veut nous rencontrer. Si nous craignons une mauvaise rencontre, c’est qu’il y a encore des choses à purifier, de fausses idées à se débarrasser. Dieu est-il pour nous Celui qui nous attend au tournant, nous envoyer une épreuve ? Est-il à notre service ? Attend-il que nous soyons à la hauteur pour nous aimer, purs pour nous sauver ? S’il y a du donnant-donnant dans la relation avec Lui, il nous faudra prendre encore plus de temps.
3 - Il marche avec nous
" Seigneur, où es-Tu ? ". Cette question, nous devrions la laisser résonner en nous pendant tout ce Carême, jusqu’à nous laisser déplacer par elle. Dieu ne déserte aucun lieu, même le plus sombre, aucune personne, même la plus ignoble, ni aucune situation la plus terrible. Dieu est " Celui qui est là ", avec nous, qui nous rejoint même dans les bourbiers de l’histoire humaine. N’est-il pas descendu jusqu’aux enfers pour nous en faire sortir ?
4 - Une chance pour se risquer
Dans la Bible, l’épreuve est toujours présentée comme une occasion de conversion : changer sa manière d’être en relation avec soi, avec les autres, avec Dieu. Il s’agit d’entrer dans une nouvelle existence et de ne pas s’enfermer sur soi-même. Il y a ceux qui pensent qu’ils pourront tenir bon en se crispant sur leurs acquis, sur leur groupe, et ceux qui, les mains vides, osent s’aventurer avec Dieu sans connaître d’avance le chemin.
" L’irruption et l’installation du coronavirus fait subir à l’humanité entière un choc mental globalisé. C’est comme un coup de tonnerre dans un ciel serein qui serait venu mettre un terme à des ambitions économiques, industrielles et même géopolitiques démesurées. Le virus est une petite machine à remettre les choses en place et à ramener nos ambitions à un juste niveau.
A force de forcer la nature et de la plier à nos volontés impérialistes, nous l’avons poussée en quelque sorte à se venger de la seule manière qu’elle a su inventer. Nous rêvions de " sobriété ", elle nous l’impose. Nous condamnions les incessantes allées et venues des marchandises et des hommes, elle les entrave. Nous aspirions à un usage raisonné de la terre et des eaux. La raison nous tombe du ciel…
Le virus aura au moins servi à nous faire mieux prendre conscience de la fragilité vaine de nos agitations, de nos investissements, de notre quête nerveuse de la plus-value et de la dividende, de notre contribution au saccage universel. En attendant, il est là, bien installé, efficace, sournois et tranquille. Il fait perdre confiance en toutes choses, il meule nos consciences et érode nos élans."
Bruno Frappat (extraits de " La Croix 6/3/20)
" Sensation étrange que nous éprouvons depuis quelques jours. Celle d’un monde qui, si l’on ose dire, ralentit à toute allure. L’épidémie de coronavirus freine l’activité économique, les voyages professionnels ou privés, les pèlerinages, les manifestations culturelles et sportives, même les célébrations religieuses ou les échanges entre les personnes… Des frontières se ferment. En Europe, de nombreuses personnes sont appelées à rester chez elles, même si le confinement n’atteint pas, pour l’instant, l’ampleur qui prévaut en Chine.
Ce ralentissement, avant l’apparition du virus, nous y aspirions plus ou moins consciemment. Nous étions habités par l’idée que tout va de plus en plus vite. Avec la hantise de ne pas réussir à tenir le rythme. Avec une conscience de plus en plus aigüe de l’impact négatif de cette vitesse sur la qualité de la vie et sur l’état de santé de la planète. Mais de quelle manière ralentir cette course ? Nous ne savons pas comment organiser une transition en douceur, afin que l’activité et l’emploi n’en subissent pas de conséquences négatives.
Le coronavirus ne nous laisse pas de choix. Il nous oblige à freiner pour essayer de contenir l’extension de la maladie. Cela crée beaucoup de perturbations, dans nos vies professionnelles et personnelles, cela fait brusquement reculer les marchés boursiers, qui anticipent, non sans raisons, un coup d’arrêt de la croissance. Autant de motifs de contrariété et d’inquiétude. On peut se dire que c’est un mauvais moment à passer. Mais on aurait tort de s’en tenir là. Cet épisode est une belle occasion de réfléchir aux limites et aux impasses de la mondialisation. Afin que, demain, le ralentissement ne soit pas subi mais construit. "
Guillaume Goubert, Edito de La Croix du mardi 3 mars 2020
PROCLAMATION DE LA PAROLE
Chaque dimanche à partir de 10 h Michel FOREVER est présent pour aider celles et ceux qui veulent apprendre à mieux proclamer la Parole de Dieu, avant la messe.
Un site pour préparer son mariage
www.pourvotremariage.org : Ce site est destiné à tous ceux qui envisagent et/ou se préparent à se marier à l’Église catholique. Il a été réalisé par des couples et des prêtres pour vous accompagner au mieux et vous faire découvrir le déroulement de la prière de l’Église.
BIENVENUE DANS NOTRE EGLISE SAINTE HELENE ;
Plusieurs espaces vous accueillent dans notre église :
Si vous voulez prier devant le Saint Sacrement vous allez dans la chapelle située à droite.
Si vous voulez prendre du temps pour accueillir la Parole de Dieu, vous allez dans l’espace à gauche dans la chapelle du Sacré Cœur.
Si vous voulez prier Marie ou les Saints, vous allez dans la chapelle de la Vierge à droite. C’est là que vous trouverez bougies et veilleuses.
Vous pouvez aussi écrire vos intentions de prière sur le livret à coté du bénitier de l’entrée.
Vous pouvez aussi découvrir la vie de Sainte Hélène et de son fils Constantin en regardant la fresque du fond de l’église. Un livret est à votre disposition.
A L’ENTREE DE L’EGLISE SE TROUVE UN LIVRE DE PRIERE ;
VOUS POUVEZ Y ECRIRE VOS INTENTIONS QUI SERONT PRISES
EN CHARGE PAR TOUTE LA COMMUNAUTE