« Restez éveillés et priez en tout temps » nous dit le Christ dans l’Évangile que nous venons d’entendre. Oui, l’Avent qui s’offre à nous est une occasion où nous pouvons réapprendre l’art de l’éveil et de la garde. Cela tombe bien pour un dimanche de messe en famille et dimanche prochain, il y a éveil à la fois pour les petits enfants. Et la première manière d’apprendre à veiller, c’est de retrouver le sens de l’attente ! Oui, vivre l’Avent, c’est oser vivre le temps des lentes maturations, des fécondes gestations, c’est réapprendre à marcher, pas à pas, vers notre humanité, c’est briser l’enchaînement frénétique du temps trop vide parce que trop plein, c’est faire, en soi, au plus intime de son mystère d’homme, de la place à l’avènement de l’Inattendu. Veiller, c’est aussi se faire « bien-veillant » aux êtres et au monde qui nous entourent. Veiller, c’est « sur-veiller » la douleur du monde, comme le lait sur le feu, afin qu’elle ne déborde pas…Veiller, c’est « veiller au grain », faire en sorte que celles et ceux que nous croisons ne « crèvent » pas de faim, de solitude, d’injustice, d’oubli, de racisme, d’exclusion sociale, de manque d’amour…
Veillez ! Ne vous enfoncez pas sous votre couette. Faites grandir votre désir de voir fleurir la paix et la justice. Faites grandir votre désir de solidarité et de partage avec les plus démunis. Veillez dans la prière et l’écoute de la Parole de Dieu, car c’est à tout instant que le Christ frappe à notre porte.
« Veillez, soyez les veilleurs jusqu’à la fin de la nuit ! »
Frères et sœurs, en ce début du temps de l’Avent, j’aimerais vous offrir deux étoiles qui pourront vous accompagner durant ces quatre semaines qui nous séparent de la fête de Noël.
Deux étoiles que vous ne trouverez pas sur les marchés de Noël car je viens de les décrocher pour vous de l’Evangile que nous venons d’entendre. La première étoile est celle de l’Espérance. Même si cette étoile reste vacillante et tremblotante, elle est une petite lueur dans nos obscurités.
La deuxième étoile est celle de la vigilance. L’Evangile nous demande de tirer la sonnette d’alarme lorsque la dignité de l’être humain est menacée. Être un guetteur de l’aube nouvelle, c’est quitter le ronron de ses habitudes pour le risque de l’aventure. Ne restons pas sourds à la détresse du monde. Mes frères et sœurs restons éveillés ! Dieu a semé un germe de bonheur, un germe minuscule mais sa force est explosive.
Alors, n’ayons plus peur. ‘’Redressons-nous et relevons la tête’’.
Georges Lumen !
Douze de nos jeunes se confirment en ce jour dans notre Paroisse de Ste-Hélène. C’est heureux et peut-être opportun de nous rafraîchir la mémoire sur le sens de la Confirmation et de nous inviter, nous qui ne l’avons pas en faite, d’en prendre le chemin. On peut se faire baptiser à tout âge. Il n’y a pas d’âge pour cheminer vers sa confirmation.
La confirmation donne un surcroit de force pour témoigner de la foi par la parole et par les actes de toute notre vie, malgré les fatigues et les épreuves.
Comme pour les Apôtres au jour de la Pentecôte, la confirmation est une effusion spéciale de l’Esprit Saint qui apporte croissance et approfondissement de la grâce du baptême. Habités par l’Esprit, nous sommes plus fortement reliés au Père comme ses enfants. C’est l’Esprit qui nous apprend à appeler Dieu « Abba, Père » (cf Rm 8,15). L’Esprit nous unit plus fermement au Christ, et à son Corps qui est l’Eglise. Nos jeunes : Kelly, Tiffany, Manuela,Estheva, Jacinta, Rose, Neidy,Matias, Gérard, Luc-Olivier, Juliémi, et Camélia se sont préparés avec le Père Michel et Olivier pendant plus d’une année et sont heureux de recevoir ce beau sacrement en ce dimanche 24 novembre, entourés de leurs familles et de toute la communauté paroissiale au sein de laquelle ils ont toute leur place et prendront toute leur place comme témoins de l’Evangile. Nous les entourons de notre prière et de notre affection.
Les dons de l’Esprit sont innombrables et toujours adaptés à nos besoins. La tradition biblique en a identifié 7 principaux :
La Sagesse : pour discerner ce que Dieu attend de nous et avoir le désir de la sagesse de Dieu qui est amour infini.
L’intelligence : pour nous aider à approfondir et à comprendre la Parole de Dieu, bien sûr par notre intelligence mais davantage par le cœur.
Le Conseil : c’est se mettre à l’écoute de Dieu pour se laisser guider par lui. Il faut accepter dans la prière les « conseils » de Dieu, afin de discerner ce qui est bien et ce qui est mal.
La force : pour rester fidèles à l’Evangile et pour oser témoigner du Christ aux autres.
La connaissance : pour nous aider à mieux saisir le vrai sens de la vie, pour nous-mêmes et pour les autres.
L’affection filiale : c’est aimer Dieu comme un enfant ; ce don est appelé « crainte » de Dieu. Ce n’est pas en avoir peur, mais c’est se rendre compte que nous devons toujours l’aimer de plus en plus.
L’adoration : c’est prier Dieu, le louer, le remercier et percevoir que Dieu est toute notre vie.
Comme le baptême, la confirmation n’est donnée qu’une seule fois. Elle imprime en nous le sceau du Christ de manière indélébile.
Georges Lumen !
Laisser la parole en cette journée à celle et ceux qui font un chemin de foi au sein du groupe du SAPPEL (Le Sappel est une communauté chrétienne qui partage la foi et la Parole de Dieu avec les familles du Quart-Monde.)
La vie de misère, c’est une vie qui est souvent au bord de la mort. « Vivre, c’est plus difficile que de mourir. Tu es obligée de te battre, c’est un combat de chaque jour pour être bien. Vivre, il faut se battre ; être courageuse. C’est facile de dire : “Allez, hop, je meurs, débrouillez-vous.” Parfois, j’ai l’impression que Dieu ne soutient pas ma vie. »
Ces situations de misère provoquent des cris qui en appellent à Dieu, dans un élan mêlé tout à la fois de confiance envers lui et de sentiment d’abandon. « Je crie, je gueule après Dieu. Des fois, il n’entend pas. C’est souvent que je me sens oubliée, je ne sais plus comment l’appeler. »
Et la détresse étant trop grande, la tentation est forte : « Ceux qui n’ont pas la foi, comment font-ils pour vivre ? Je l’ai laissée tomber un an, c’était dur. J’en voulais à tout le monde, j’en voulais à Dieu. » Certains, cependant, sont rejoints au plus profond d’eux-mêmes par des appels à la vie qui les entraînent à résister. Des appels viennent de Dieu : « Dieu veut qu’on vive, il donne une parole de vie. » Ou encore : « Dieu donne la patience pour que ma fille continue à avancer et moi à pardonner : je prends des coups, mais je ne réponds pas par des coups ; elle me dit qu’elle veut que je crève, je réponds en disant que je veux qu’elle vive. »
St Marc en affirmant que seul le Père connaît le jour et l’heure de la manifestation de la gloire du Fils de l’homme, Jésus invite ceux qui choisissent de le suivre à entrer plus avant dans la confiance dans le Père. Dans ce langage difficile à décrypter. Jésus annonce la fécondité de ce qu’il vit en entrant dans sa passion d’amour pour le monde.
Dans les moments de combat dans ma vie ou dans le monde d’aujourd’hui, qu’est ce qui m’aide à tenir dans l’espérance ? Comment puis-je faire grandir la confiance dans ma relation avec le Seigneur ?
Jean Pierre MAÇON
1 Rois 17, 10-16 - Psaume 145 (146) - Hébreux 9, 24-28 - Marc 12,38-44
Cet épisode se situe à Jérusalem, juste après les rameaux, alors que des scribes complotent contre Jésus. Les scribes étaient des laïcs, universitaires, des gens qui avaient étudié la loi de Moïse et la théologie dans des écoles spéciales. Ils étaient des experts. Ils enseignaient la Loi et les prophètes. Les meilleurs étaient docteurs de la loi. Ils siégeaient au tribunal du sanhédrin. Ils étaient respectés par le peuple qui les consultait, comme on consulte les hommes de loi, les avocats. C’est peut-être dans le cadre de ces consultations que certains dérapaient et dévoraient le bien des veuves, comme Jésus le leur reproche. Pourtant Jésus n’est pas leur ennemi. Il les blâme. Mais il sait aussi les féliciter comme il venait de le faire en disant à un scribe qui débattait avec lui : « Tu n’es pas loin du royaume de Dieu. »
Jésus critique certains de leurs comportements et il nous met en garde. Il dissuade ses disciples de les imiter. Il leur reprochait de faire de longues prières seulement pour l’apparence, d’être obsédés par leur image, de rechercher l’apparat, et partout les premières places. « Méfiez-vous de cela » disait Jésus. De fait hier comme aujourd’hui, il n’est pas facile de résister au désir d’être reconnu, estimé, félicité, honoré dès lors qu’on a une petite responsabilité, un petit pouvoir. Et Jésus invitait ses disciples, c’est à dire nous tous, à l’humilité, au service, et au désintéressement...
Jésus entre alors dans le temple, dans la salle ou les gens viennent déposer leurs offrandes. Il voit des gens riches et importants qui déposent ostensiblement de grosses sommes. Il remarque une veuve. Elle est pauvre, le texte le souligne trois fois. Les veuves sont le plus souvent indigentes, car elles n’ont plus de mari pour les protéger. Elles sont souvent sans ressources et sans maison, car c’est la belle famille qui hérite du mari. Elles ne peuvent compter que sur leurs propres familles qui ne sont pas toujours disposées ou en capacité de les aider. C’est pourquoi dans toute la Bible Dieu demande de prendre soin des veuves et des orphelins. Et c’est pourquoi dans les premières communautés chrétiennes on organisait la solidarité pour elles.
Et Jésus remarque celle-ci qui jette dans le tronc deux petites pièces. Les plus petites de la monnaie de l’époque. On dirait aujourd’hui deux centimes. Jésus sait voir ce que nous ne voyons pas... Là où certains verraient de l’avarice ou une offrande ridicule, Jésus perçoit qu’elle jette son va-tout. Après ce geste, il ne lui reste rien, que Dieu ! C’est un acte de foi. Elle donne tout ce qu’elle a pour vivre et elle s’en remet à Dieu.
Jésus appelle ses disciples. Il veut leur montrer le geste de cette femme. Pas seulement sa générosité, mais sa foi. Car elle aime Dieu de toutes ses forces, et lui ayant tout donné, elle lui fait confiance et lui remet sa vie. Jésus est fasciné : lui-même, quelques jours plus tard sur la croix devra faire le même acte de foi : remettre sa vie à Dieu dans la confiance. Lui aussi aura tout donné.
Nous-mêmes nous donnons de nous-même, de notre temps, de notre argent. Vivons nos actes de solidarité comme des actes de foi, dans la confiance en Dieu, et l’abandon entre ses mains.
Robert JOURFIER
Cette page des Béatitudes que nous venons d’écouter est la peinture fidèle d’un Dieu qui est sorti de lui-même pour venir vers nous. Pour l’exprimer autrement, Jésus trace le chemin d’une nouvelle humanité. Ce chemin est à l’époque de Jésus et aujourd’hui, à l’opposé d’une culture de l’indifférence aux autres.
Dans les béatitudes, Jésus ne parle pas tant de la condition humaine. Il décrit qu’il n’est pas bon que nous vivions recroquevillés sur nous-mêmes. Il y a dans les béatitudes, un appel à s’humaniser. À humaniser aussi. Désormais, mépriser l’humain, c’est mépriser Dieu qui s’est incarné. L’Évangile ne fera jamais la promotion d’une série d’interdits. Jésus n’a jamais obligé à le suivre. Il n’a jamais prononcé une parole autoritaire pour qu’on le suive. Il a fait la promotion de l’humain.
Être doux, pacifique, miséricordieux, c’est être respectueux des autres. Jésus indique un chemin pour bâtir des ponts et non construire des murs entre nous. Nous sommes des êtres pour les autres. Pour entrer profondément sur le chemin des béatitudes, il faut s’incliner, rejeter la recherche du super-moi, ce qu’on appelait autrefois l’orgueil, qui alimente les guerres et la haine alors que le chemin des béatitudes propulse le courage de la paix, de la douceur, de la compassion.
Ce n’est pas une loi morale que ce discours. Avec subtilité, Jésus profile son identité et la nôtre : une vie vécue pour les autres. Il élabore dans ce très beau texte, un petit traité de théologie accessible. N’appelle-t-on pas d’ailleurs ce passage, la chartre du bonheur ! Le philosophe Levinas redit la même chose quand il affirme que la civilisation commence quand tu donnes la priorité à l’autre sur toi-même.
Jésus ne nous présente pas un catalogue de vertus héroïques à mettre en pratique. Avec les Béatitudes, il nous rejoint dans différents aspects de notre vie : notre désir de justice, nos larmes, notre compassion pour la détresse d’autrui, notre aspiration à la paix… Ce programme de vie sainte, seul le Christ l’a vécu totalement, car il est le Saint. Dieu seul est Saint. Il n’en demeure pas moins que le Seigneur nous appelle à partager sa sainteté. Bernanos affirme : « La sainteté est une aventure, elle est même la seule aventure. » Cette sainteté nous concerne tous. Le voyant de l’Apocalypse décrit une foule immense et non pas quelques privilégiés au nombre limité. Oserons-nous, à la suite de tous les saints, emprunter le chemin du bonheur proposé par Jésus en lui accordant une totale confiance et en renonçant aux fausses images de bonheur et de réussite que véhiculent bien des idéologies de notre temps, les idoles de tous les temps ?
Je termine par cette question : à quoi sert un chrétien ? Dégager le parfum d’une vie béatitude. AMEN.
Georges Lumen.
Jérémie 31, 7-9 – psaume 125 (126) – Hébreux 5, 1-6 – Marc 10, 46b-52
Jésus sort de Jéricho et prends le chemin de Jérusalem. Il a annoncé plusieurs fois que là-bas il va souffrir, mourir, ressusciter. Ceux qui marchent avec lui sur le chemin ont peur. Assis sur le bord, l’aveugle
Bartimée, fils de Timée est en train de mendier. Il entend le mouvement et, s’étant renseigné, il interpelle Jésus : « Fils de David, prends pitié de moi. » C’est la première fois qu’on entend ce titre dans l’évangile de saint Marc. Bartimée, qui ne voit rien, fait un acte de foi. Il reconnait en Jésus le fils de David, c’est à dire le messie. On veut le faire taire, parce que vu leur crainte de ce qui les menace à Jérusalem, ce n’est pas le moment de se faire remarquer. Mais lui crie de plus belle. Et Jésus s’arrête. « Appelez-le. » Alors les mêmes qui essayaient de le faire taire font les importants : « Courage, lève-toi, il t’appelle. »
L’aveugle se lève d’un bond vers jésus. Il bondit dans le noir. Il en laisse même son manteau, qui est pour un mendiant son bien le plus précieux, son unique protection pour se couvrir le jour et la nuit, le seul bien qu’on n’a pas le droit de lui saisir, même s’il a des dettes. « Que veux-tu que je fasse pour toi ? »- « Rabbouni que je retrouve la vue » « Va ta foi t’a sauvé. » Aussitôt il retrouve la vue et il suit Jésus sur le chemin.
Peu de temps avant, un autre homme avait un grand désir de Dieu. Il désirait faire mieux que respecter les commandements. Jésus lui avait dit alors « si tu veux être parfait, donne tes biens aux pauvres et suis moi. » Mais tout triste, l’homme avait reculé car il avait des grands biens.
Juste avant, les deux fils de Zébédée suivent Jésus sur ce chemin de Jérusalem, mais ils ont la tête ailleurs : ils rêvent d’honneur et de première place. Et Jésus est obligé de les recadrer.
Et puis voilà ce fils de Timée, Bartimée. Lui, il bondit sans calcul vers Jésus alors qu’il ne voit rien. Il abandonne sur place le peu qu’il a. C’est sans doute le plus joli saut de l’évangile. Un élan de foi et de confiance. Lui qui demeurait dans la nuit de son handicap, le voici en pleine lumière de la foi. Et il suit Jésus sur le chemin de Jérusalem.
Cette histoire de Bartimée n’est pas qu’un miracle de plus. C’est l’image de la foi. Et Bartimée est l’image du vrai disciple. Le disciple, le chrétien, c’est celui qui a besoin d’être guéri par Jésus, et illuminé par Lui. Jésus a guéri le fils de Timée de sa cécité. Il a guéri les fils de Zébédée de leur courte vue et les a tous rendus capables de le suivre sur le chemin difficile de la passion et de la résurrection.
Peut-être sommes-nous comme Bartimée, immobiles, à l’écart et dans la nuit. Il y a des jours et des périodes parfois longues où l’on ne sait plus où l’on en est, ou l’on ne voit plus clair dans la vie, dans la foi. Des jours où l’on ne sait plus bien ce qu’on croit, ni même si l’on croit. Des jours où Dieu est lointain et même absent. Ces jours-là crions vers le Seigneur : « Fils de David prends pitié de moi. » A son appel bondissons vers lui en confiance. « Courage lève-toi il t’appelle. » Exprimons-lui notre détresse. Ecoutons-le nous dire : « Va ta foi t’as sauvé. » Et suivons-le.
Robert JOURFIER
Jeux de pouvoir (State of Play) est un film américano-anglo-français réalisé par Kevin Macdonald et sorti en 2009. Mais en dehors du film, l’expression, vous la connaissez bien. Il s’agit d’intrigues, de complots pour se frayer ou obtenir promotion et meilleure place. L’Évangile ne craint pas de mentionner que le jeu de pouvoir existait même chez les apôtres. Dans toute institution humaine, nous retrouvons le souci de la première place, de la jalousie, de l’envie, de machinations d’intrigues, de complots, d’arrangements et accommodements. C’est humain certes mais pas évangélique.
Jacques et Jean font penser à certains politiciens qui, à la dernière minute, se rallient au candidat gagnant pour devenir ministres. Cette démarche des deux disciples provoque la colère et la jalousie des dix autres qui « avaient entendu » et qui, eux aussi, voudraient avoir de bonnes places dans le Royaume de Dieu. Jésus, avec beaucoup de patience, reprend alors son enseignement sur le service et se donne en exemple affirmant que « le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude.
Le Seigneur nous présente une image réaliste de l’autorité dans le monde de tous les temps. Ils sont si nombreux ceux qui utilisent les postes de direction pour s’enrichir, grimper dans l’échelle sociale, gonfler leur ego, abuser du pouvoir : « Les chefs des nations dominent sur elles en maîtres ». Si le critère d’action est la recherche de ses propres intérêts, alors les relations en souffrent et l’injustice s’installe. Notre monde devient alors un champ de bataille où chacun tente d’écraser l’autre et de profiter le plus possible de la situation. On abuse alors des faibles, des pauvres, des sans voix qui sont considérés comme des êtres de peu d’importance. Avec les Commissions Sauvé et Egaé par exemple, nous découvrons aujourd’hui les ravages que peuvent produire de tels abus.
Le Royaume de Dieu est un royaume de service, de compassion, de pardon et d’amour.
Dans l’Église du Christ, il faut renoncer totalement à la carrière, aux titres, aux places honorifiques ! Un seul principe : le service humble et fraternel. Pour qualifier la responsabilité de ceux qui jouent un rôle particulier au sein de la communauté chrétienne, on emploie le terme « ministère », mot qui signifie « service » en latin ! Il n’y a pas de « chefs » au sens du monde, dans l’Église du Christ. Il n’y a que des « ministres », des « serviteurs ». C’est pourquoi le Christ recommandait d’abolir tous les titres mirobolants. Malheureusement, après 2000 ans de christianisme, nous n’avons pas encore réussi à le faire. Pour ce qui est des vêtements somptueux, un théologien italien affirmait que le seul vêtement liturgique mentionné dans les évangiles est « le tablier
Chez les chrétiens, la loi du service n’est pas seulement une loi parmi d’autres, c’est la « Constitution de l’Église » : chacun doit être le serviteur de tous ! Ce qui compte, ce n’est pas l’avancement, la carrière, les titres, les décorations, les places d’honneur ! Un seul principe : le service. Le Christ disait : « Le Fils de l’Homme n’est pas venu pour être servi mais pour servir ». C’est sans doute l’une des phrases les plus importantes de l’évangile. Selon Jésus, le christianisme doit devenir une industrie de services où il n’y a jamais de chômage. Il y a du travail pour tous.
Georges Lumen.
« A côté de la Sagesse, j’ai tenu pour rien la richesse », c’est ce que nous dit la première lecture extraite du livre de la Sagesse. On se souvient de la demande du jeune roi Salomon, à qui Dieu avait dit : « demande-moi ce que tu veux ». Salomon, conscient de son manque d’expérience, a demandé la Sagesse pour pouvoir bien gouverner son peuple, et bien sûr, il l’a obtenue. (Demande et tu obtiendras) Le jeune homme riche de l’évangile ne fait pas ce choix ! Il est plein d’ardeur, il vit les commandements, et il demande à Jésus ce qu’il peut faire de plus pour avoir la vie éternelle. Il est prêt à tout ! Enfin, presque... A la réponse de Jésus « vends tout ce que tu as, et suis-moi », Alors à ce moment-là il se détourne... et il rentre en lui-même. « Comme il est difficile à ceux qui possèdent des richesses d’entrer dans le royaume de Dieu » dit alors Jésus.
Plus près de nous, un certain François d’Assise a lui aussi, renoncé à toutes ses richesses pour suivre l’appel que Dieu lui adressait. Et sans doute, qu’aujourd’hui, on pourrait trouver des riches qui ont renoncé à leurs richesses, ou d’autres qui les mettent au service des plus pauvres sans pour autant tout donner. « Heureux les pauvres » nous disent les béatitudes. En tout cas, celle de Luc le dit ainsi, il s’agit bien de la pauvreté matérielle. La version de Matthieu introduit une nuance : « Heureux les pauvres de cœur ». Matthieu semble bien indulgent envers les riches, lui qui a fait le choix de renoncer aux richesses ! Mais pour lui, ce n’est pas la pauvreté en elle-même qui donne le salut, c’est bien la pauvreté du cœur, le fait d’avoir un cœur vide, où Dieu peut trouver de la place, un cœur qui peut s’ouvrir aux autres ! Et les autres c’est qui ? C’est celle et ceux qui font partie de mon quotidien.
Finalement, c’est parce que le jeune homme riche avait le cœur encombré par ses richesses qu’il n’a pas pu suivre Jésus. Les apôtres n’ont pas compris les paroles de Jésus. Pour eux, la richesse est le signe des bénédictions de Dieu ! Alors, qui peut être sauvé ? Jésus répond : « pour les hommes, c’est impossible, mais pas pour Dieu ».
C’est Dieu qui sauve, alors avoir un cœur encombré, c’est croire que l’on peut se sauver par soi-même, par nos seuls mérites, sans l’aide de Dieu ! Dieu accorde son aide à tout homme, à commencer bien sûr par ceux qui le lui demandent. Pour nous chrétiens, cette aide prend de multiples formes, en particulier celles des sacrements, comme le baptême que nous avons reçu, le sacrement de pénitence, l’eucharistie que nous pourrons recevoir tout à l’heure !
Et nous, avons-nous le cœur encombré ? Il n’y a sûrement pas de personnes très riches parmi nous aujourd’hui, mais nous avons tous nos petites richesses... Nous encombrent-elles le cœur ? Alors, aujourd’hui, sachons désencombrer nos cœurs. Peut-être faudra-t-il renoncer à quelques richesses matérielles ? Laissons en nous toute la place pour accueillir Dieu, et répondre à son appel !
Jean Pierre MAÇON
Voilà qu’une nouvelle page s’ouvre pour moi, pour mon ministère,
une nouvelle page qui s’ouvre pour notre paroisse Ste Hélène,
Paris 18ème. Cette nouvelle page, pour la vie de l’Eglise
dans cet arrondissement de Paris où nous aurons à l’écrire ensemble.
Sans la collaboration des fidèles laïcs, le prêtre ne peut accomplir
son ministère. Le prêtre que je suis est un baptisé avec vous,
et il est prêtre pour vous. Le curé est celui qui a charge d’âme !
Il n’est pas un fonctionnaire du culte, mais responsable des âmes de ses paroissiens.
Pour cheminer ensemble, nous allons devoir avant toute chose,
partir sur les bases de la confiance mutuelle et réciproque.
Confiance et bienveillance sans lesquelles aucune évangélisation
ne sera possible. L’Église ne cesse d’avancer, et nous essaierons ensemble
de continuer à œuvrer pour que progresse l’annonce de l’Évangile,
pour le bien des âmes, pour la construction de l’Église,
l’adaptation aux circonstances de notre temps,
et aux contraintes ecclésiales. La progression du Royaume de Dieu
devra être notre objectif prioritaire à chacun.
Au centre de tout est l’Eucharistie (centre et sommet de la foi),
lieu de rencontre privilégié avec notre Seigneur Jésus-Christ.
Le centre de notre paroisse est le Christ, Lui vers qui tous nos
regards doivent être tournés, Celui pour qui nous œuvrons.
C’est en nous laissant conduire par l’Esprit-Saint et en
nous mettant sous le regard de la Vierge Marie
qu’ensemble, avec moi, votre nouveau
pasteur nous avancerons dans la joie et la paix,
pour la gloire de Dieu et le Salut du monde.
Georges Lumen
Nombres 1, 25-29 - Psaume 18 (19) - Jacques 5 ,1-6 - Marc 9, 38-43, 45, 47-48
Jean, l’un des douze apôtres, parlant au nom du groupe, dit à Jésus : « Un homme chassait les esprits mauvais en ton nom, et nous avons voulu l’en empêcher, car il n’est pas de ceux qui nous suivent. » Ce langage est nouveau, car d’habitude on parle de suivre Jésus et non leur groupe. Ils ont conscience de faire corps avec Jésus. Ils ont lié leur destin au sien. Mais ils se voient groupe fermé. Il y a eux et les autres dont ils se méfient comme d’une concurrence. Au point qu’ils veulent empêcher ces autres d’agir, même pour faire le bien. Car l’homme qu’ils ont repoussé faisait le bien au nom de Jésus. Ils ont agi comme s’ils étaient propriétaires du nom de Jésus, seuls habilités à le représenter.
Que leur dit Jésus ? « Ne les empêchez pas : celui qui n’est pas contre nous est pour nous. » Jésus est libre. Il ne se sent concurrencé par personne. Il admet que des gens qu’il ne connait pas puissent se réclamer de Lui. Et il nous invite à ouvrir les portes : il y a des gens qui sont des nôtres, semble dire Jésus, même s’ils ne sont pas sur nos listes et nos registres. Les murs de l’Eglise sont poreux, ils n’enferment pas Jésus. L’Esprit souffle ou il veut. Ainsi hors de notre Eglise, il y a d’autres Eglises qui croient en Jésus et vivent de lui. Et hors des Eglises chrétiennes, il y a d’autres religions qui cherchent Dieu et une vie morale. Et hors des religions il y a des hommes et des femmes de bonne volonté qui n’ont aucune croyance, mais qui font le bien et désirent le bien. Tous à leur manière chassent les démons et font reculer le mal. Jésus les reconnais. Comme disait Moïse (lecture 1) « Ah si le Seigneur pouvait faire de tous un peuple de prophètes, et mettre en tous son Esprit ! » Nous sommes invités à ne pas accaparer Jésus. Et à rejeter l’esprit de clocher, l’esprit de secte, qui peut exister même entre nous, entre les divers groupes, mouvements et paroisses catholiques.
Ensuite Jésus nous raconte des histoires qui font frémir, des mains et pieds qu’il faut couper, des yeux qu’il faut arracher. Il faut faire la part de l’exagération orientale. Mais si Jésus emploie ces images violentes, c’est pour montrer l’importance de ce qu’il affirme. Scandaliser est grave. Il est grave de faire tomber un de ces petits qui croient lui, et dont la foi est mal assurée. Peut-être pense-t-il à cet homme repoussé par les apôtres et dont la foi en Jésus était naissante. Et il nous fait comprendre que nos mains peuvent repousser plus qu’accueillir, accaparer plus que partager. Que nos pieds au lieu de rapprocher, peuvent frapper, ou tourner les talons pour ne pas être concernés. Et nos yeux peuvent refuser de voir, ou fusiller du regard, plus qu’accueillir avec bienveillance... Saint Jacques (lecture 2) cite d’autres réalités qui scandalisent : l’accumulation des richesses, les salaires non versés, les jugements injustes, la jouissance indifférente aux malheurs du temps...
Donc pour suivre Jésus il y a des choix à faire, des choses à couper, ni les mains ni les pieds ni les yeux, mais nos attitudes qui éloignent les autres de la foi. Jean et les apôtres voyaient en cet apprenti exorciste une concurrence, une menace. Jésus dit que la vraie menace vient de nous.
Robert JOURFIER
Faire l’unité de sa vie, défi pour les humains que nous sommes. N’est-ce pas le combat de toute vie ? La vie et l’éducation d’un humain ne sont-elles pas remplies de contradictions ? A l’aube de notre existence, nous apprenons à marcher, et puis… on nous a invités à rester assis ou tranquille, à ne pas bouger en tout cas ! Après nous avoir appris à parler, on nous demande se savoir nous taire ! Que dire alors du paradoxe de l’évangile de ce jour ? "Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous." Faut-il donc se rabaisser pour
grandir ?
Les disciples, en traversant la Galilée, discutaient entre eux pour savoir qui était le plus grand. Jésus les invite alors à sortir de cette spirale de la comparaison.
On pourrait désespérer des disciples. On pourrait désespérer des autres et de nous-mêmes si on ne voit que la médiocrité, la mesquinerie qu’il y a parfois en nous-mêmes et en notre humanité. Mais l’attitude de Jésus est tout autre. Nous n’écoutons pas le Christ, alors que lui nous écoute et s’intéresse à nos vies. « De quoi discutiez-vous en chemin ? ». Nous pouvons lui confier ce qui nous occupe – les choses importantes, mais aussi ce qui, apparemment, est très superficiel. Car le Christ nous entend et prend le temps de nous enseigner encore. Dieu a foi en l’homme. Dieu espère en chacun de nous et il nous enseigne. Et il nous appelle de nouveau. Aujourd’hui, l’Écriture nous propose trois remèdes à notre superficialité et à notre égoïsme, trois pistes pour mieux aimer.
Tout d’abord, avec la lettre de saint Jacques (Jc 3, 16-18 ; 4, 1-3). Celle-ci nous remet devant le combat et le choix fondamental de nos vies. Entre deux voies. Égoïsme ou vie donnée ; mort ou vie. Les oppositions sont nettes. D’un côté : jalousies, rivalités, désordres, actions malfaisantes, partialité, hypocrisie, convoitises, conflits, guerres, meurtres. De l’autre : sagesse, droiture, paix, bienveillance, miséricorde, bienfaits, justice, prière et tout ce qui vient de Dieu. Un choix à faire. Un choix urgent, et toujours à reprendre. Dieu nous appelle une fois de plus aujourd’hui : choisis donc la vie (Dt 30).
Puis Jésus nous redit le chemin : « Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le
serviteur de tous. » C’est un chemin paradoxal bien sûr. Ce chemin n’est autre que celui du Christ, lui le maître et Seigneur qui se met à nos pieds pour nous purifier (Jn 13). Oui, Jésus nous appelle à être serviteur avec lui et par lui. Et il y a l’enfant, nous dit Jésus. D’une certaine manière, à l’époque, l’enfant, c’est celui qui ne compte pas. Et pourtant, hier comme aujourd’hui, dans la simplicité de son cœur, l’enfant comprend beaucoup plus qu’on ne pense. Ces enfants, ces petits à qui nous devons attention et respect, au nom du Christ. Ces enfants, ces petits que nous avons peut-être aussi à reconnaître, à retrouver, en nous-mêmes. La simplicité, la capacité d’émerveillement, la confiance que montrent les enfants dans le meilleur d’eux-mêmes nous appellent à faire de même. Nous pouvons laisser renaître en nous simplicité, confiance et émerveillement pour ce que Dieu veut faire en nous et par nous, quoi qu’il en soit de nos futilités et de nos lourdeurs. L’enfant à accueillir, c’est bien sûr celui que nous rencontrons sur notre chemin, mais c’est sans doute aussi celui qui est en chacun de nous. Et voilà la bonne nouvelle proclamée par Jésus aujourd’hui : « Quiconque accueille en mon nom un enfant comme celui-ci, c’est moi qu’il accueille. Et celui qui m’accueille, ce n’est pas moi qu’il accueille, mais Celui qui m’a envoyé. »
Georges Lumen
Aujourd’hui ; Jésus fait comprendre à Pierre et à la foule qui entoure ses disciples combien est périlleux le chemin de la foi. Le disciple doit oser s’éloigner du rivage pour avancer en eau profonde. Son engagement doit être total. Il doit donner sa vie sans jamais le regretter. Il doit aller de l’avant sans un regard en arrière pour ce qu’il quitte. L’amour doit dicter ses actes.
Si nous voulons progresser dans notre vie chrétienne en début d’année, nous devons prendre modèle sur Jésus. La lecture et la méditation de l’Évangile sont nécessaires. L’ancien et le nouveau testament doivent faire partie de notre quotidien. Tout ce que Dieu a accompli pour le salut des hommes tout au long de l’histoire du peuple élu doit nous devenir très familier. La rumination de la parole de Dieu doit devenir l’aliment indispensable de notre âme. Nous devons contempler le visage du Christ en y recherchant la manifestation et la présence de Dieu au milieu de son peuple. La grâce des sacrements est là pour irriguer notre communauté et donner vie à nos âmes.
Le récit du serviteur souffrant nous avertit de ce que sera la passion de Jésus et nous prépare aux épreuves de notre propre témoignage de foi. Nombreux sont ceux qui veulent s’opposer à la manifestation de la Parole de Dieu, Lui qui appelle tout homme à la conversion. Les épreuves de la de la séparation, de la dérision, ainsi que du rejet sont parmi les plus pénibles que suscite notre société. Face à cela, le témoignage d’une foi qui agit rendra efficacement compte du bonheur de croire.
Ce témoignage spontané et permanent que nous sommes invités à faire et à vivre est déterminant, il enlèvera toutes les formes courantes de la méfiance et de l’hostilité. Il permettra à tous les hommes de bien de se retrouver sur cette valeur commune qu’est l’amour du prochain.
Rien n’est plus triste qu’un chrétien qui ne met pas en pratique les enseignements de l’Évangile. ces paroles et ses actes contredisent la foi qu’il proclame. Nous nous sommes sans doute tous trouvés un jour, dans cette situation. Mais, il n’est jamais trop tard pour changer. Le Christ Jésus nous appelle à nous relever en permanence. Il n’y a pas un jour ni une heure où sa voix ne se fasse entendre pour nous inviter à devenir ce que nous sommes : des êtres de lumière qui marchent vers la demeure du Père éternel.
Frères et sœurs uni par notre baptême, tâchons de répondre personnellement à la question que nous pose Jésus : « Pour vous, pour toi, qui suis-je ? ». Laissons l’Esprit de Dieu nous inspirer la bonne et unique réponse, celle qui transformera enfin radicalement notre vie entière. Une réponse que ne peut épuiser aucun catéchisme, car c’est la réponse d’un cœur qui répond à l’Amour par l’amour, partagé et répandu à profusion dans toutes les dimensions de l’existence.
Jean-Pierre MAÇON.
Isaïe (35, 4-7 a) - Psaume 145 (146) - Jacques (2, 1-5) - Marc (7, 31-37)
Les jeux paralympiques nous ont montré des sportifs lourdement handicapés. Leur handicap ne les a pas écrasés, au contraire ils en ont fait une raison de se dépasser. Ils refusent le misérabilisme. Et ne veulent pas être vus comme des supers héros. Nous sommes des athlètes, disent-ils, des sportifs de haut niveau. Et c’est pour nos performances sportives que nous souhaitons être applaudis, pas pour notre handicap. D’ailleurs comme le suggère l’un d’eux, tout être humain, un jour ou l’autre de sa vie, doit faire face lui aussi à des handicaps physiques psychiques ou affectifs...
L’homme que Jésus rencontre est doublement handicapé. Il est sourd et bègue, deux infirmités qui isolent. Jésus va le guérir avec les gestes des guérisseurs de son temps. Mais avant toute chose, il lève les yeux au ciel parce que c’est Dieu qui guérit. Puis il soupire. C’est un gémissement comme lorsqu’on en bave devant une difficulté ou un travail complexe et harassant. Il gémit devant le malheur des gens, et devant l’ampleur de la tâche pour combattre le mal. Nous aussi nous gémissons devant nos maladies et nos souffrances et devant les malheurs du monde. Il y a des jours où nous ressentons avec force le besoin de salut, le besoin que Dieu s’en mêle. Et comme Jésus nous levons les yeux et nous crions vers Dieu.
A ce gémissement de l’humanité Dieu répond : « Soyez forts, ne craignez pas. C’est la revanche de Dieu, Il vient lui-même vous sauver. Alors les yeux des aveugles et les oreilles des sourds s’ouvriront. Le boiteux bondira comme un cerf et le muet criera de joie. » (1° lecture, Isaïe) Dieu promet une guérison totale du monde et des corps, sa revanche sur le mal. En ouvrant les oreilles de ce sourd et en déliant sa langue Jésus accompli cette promesse. Elle sera complète à sa résurrection, et totale lorsque nous ressusciterons avec lui.
Ce n’est pas n’importe quel sourd que Jésus guérit : c’est un païen de la Décapole. Le salut que Jésus apporte est pour tous, juifs ou païens. Aux yeux des juifs, ces gens étaient méprisables, sourds à la parole de Dieu, incapables de lui rendre grâces. Et non seulement ce sourd bègue est guéri, mais avec les païens qui l’accompagnent, ils s’ouvrent à la foi et ils annoncent partout.
« Ouvre-toi » Les disciples de Jésus avaient bien besoin d’entendre aussi cette invitation, car Jésus leur reproche souvent leur fermeture : « Vous avez des oreilles, n’entendez-vous pas ? Avez-vous le cœur endurci ? ». La question nous est aussi posée.
Des aveugles qui courent, et des boiteux qui bondissent nous en avons vu beaucoup pendant les jeux. Leur handicap ne les a pas recroquevillés sur eux-mêmes. Mais les a ouverts à une compétition de haut niveau. Ils ont trouvé en eux les ressources nécessaires, et dans leur entourage des gens qui ont cru en eux. Ils nous sont un exemple. Ils nous rappellent que tous nos handicaps sont faits pour être dépassés. Jésus nous invite sans cesse à nous ouvrir, sortir de nos enfermements et de nos limites. Nous avons les ressources de la foi et la grâce de Dieu. Entendons Jésus nous refaire cette invitation, faite déjà à notre baptême « Effata, ouvre-toi ». Et travaillons à devenir des athlètes de la foi.
Robert JOURFIER
Toutes les lectures de ce dimanche sont traversées par le même élan : la promesse de vie et pour la vie. Mais nous savons bien que dans notre quotidien il n’est pas si simple de voir « la vie ». De se laisser guider par cette force qui nous pousse vers l’avant. Nous traversons des épreuves, des conflits, de moments qui peuvent nous faire douter de la vie, de sa force et de sa capacité transformatrice. Et nous savons aussi que face à tous que nous traversons dans notre quotidien, nous pouvons même, parfois, douter de Dieu et de sa présence.
Face à l’épreuve traversée par les deux personnes qui viennent à la rencontre de Jésus dans l’évangile, nous contemplons de très près l’audace de la foi et la force d’oser faire confiance. Face à un père qui vient de recevoir la nouvelle de la mort de sa fille, Jésus répond avec sérénité : Face à l’audace de cette femme malade dont le dernier espoir c’est d’être guérie ne serait-ce qu’en touchant le vêtement de Jésus, ce dernier arrive à la repérer au milieu de la foule écrasante.
Dans les deux cas, il y a là la question de la foi et de la confiance. On pourrait se dire qu’ils n’ont plus rien à perdre. Donc, pourquoi ne pas aller voir celui dont on racontait les prodiges et les miracles ?
Ils avaient tous les deux de choses à perdre : Jaire, chef de la synagogue, ose venir voir Jésus pour lui demander de l’aider. Ce père aurait pu perdre son statut, être jugé et regardé de travers par les siens. Il avait beaucoup à perdre. Mais l’appel de l’amour pour l’autre, l’appel de l’amour généreux pour l’autre, lui a fait laisser de coté son amour propre et, peut-être, ses propres à priori, pour aller rencontrer Jésus. La femme, dont on ne connait pas le nom, avait, elle aussi quelque chose à perdre. Elle se montrait fragile et vulnérable au milieu d’une foule écrasante. Elle n’avait même pas la prétention de parler avec Jésus, mais juste de toucher ses vêtements. Parce qu’elle avait entendu parler de lui. C’est tout ! Ici et là, nous sommes témoins de l’audace qui nous donne la foi.
Laissons-nous traverser par la vie. Soyons audacieux et osons croire. Croire en ce Dieu qui nous aime et qui nous attend même si autour de nous la foule est écrasante. Même si nous nous laissons gagner par le découragement. Il nous attend. Et rappelons-nous que si nous parvenons à toucher ne serait-ce que son vêtement, il nous reconnaîtra et nous serons sauvés.
Jean Pierre MAÇON
Job 38 1.8-11 - Psaume 106 (107) - 2 Corinthiens 5, 14-17 - Marc 4, 35-41
Le livre de l’Apocalypse dit que dans le monde nouveau il n’y aura plus de mer. Vous le savez, pour la Bible et les mentalités de l’époque, la mer est le chaos que Dieu a dû vaincre pour créer le monde. Elle est le lieu où se cachent le mal et les démons. Elle est l’abime redoutable. Mais Dieu lui a imposé des limites... « J’ai retenu la mer. Je lui ai mis des verrous, Ici s’arrêtera l’orgueil de tes flots » (première lecture.) De nombreux psaumes soulignent ce pouvoir de Dieu sur la mer : « Les eaux en te voyant tremblèrent l’abime lui-même a frémi. » (Psaume 76/77, 17) Pour la Bible Dieu est celui qui domine la mer et le mal.
Dans le récit de St Marc, ce soir-là, Jésus après une longue journée de prédication est épuisé et après avoir demandé à ses disciples de passer sur l’autre rive du lac, il s’est endormi à l’arrière de la barque. Une tempête violente s’est levée. La barque recevait des paquets d’eau à l’avant et s’enfonçait. La moindre des choses qu’on puisse attendre d’un passager qui n’est pas marin comme Jésus c’est que, au moins, il puisse aider à écoper ... D’où l’exaspération des disciples, et leur panique : « Nous sommes perdus, cela ne te fait rien ? »
Jésus, réveillé, menace la mer et le vent : « Silence, Tais-toi ! » Il menace la mer comme il avait menacé un jour un esprit mauvais à la synagogue de Capharnaüm : « Tais-toi et sors de cet homme » Le calme revenu, les disciples sont stupéfaits. Ils savent que c’est Dieu qui impose des limites à la mer. De la panique dans la tempête, ils passent alors à la crainte qu’on éprouve devant le mystère, devant Dieu. Mais alors ce Jésus, qui est-il donc ?
Jésus leur reproche aussitôt leur panique et leur manque de foi. « Pourquoi êtes-vous si peureux ? Vous n’avez pas encore de foi ? » Pour Jésus la foi, c’est vivre tous les évènements dans la confiance en Dieu et dans la paix. Ce jour-là il a quitté la rive juive du lac, celle où il a ses repères humains et religieux. Et il va aborder le pays païen de la Décapole. Là, comme Dieu, il va tenter d’imposer au mal des limites (il chasse une légion de démons, guérit une femme malade depuis douze ans, ressuscite une petite fille). Jésus est l’homme qui se bat avec le mal. Il lui assigne des limites. Il l’affronte et le subit sans peur. Et le grand affrontement sera dans sa passion, lorsqu’il sera torturé et mis à mort. Il fera face, malgré la douleur, dans la confiance et dans la paix : « Père en tes mains je remets mon esprit. » Et la résurrection sera sa victoire.
Depuis il nous accompagne. Il nous invite à quitter nos rives familières pour aller vers l’autre rive, ou nous attends l’inconnu, c’est-à-dire des frères et sœurs à aimer et le mal à combattre. St Marc écrivait ces pages pour redonner paix et courage aux chrétiens de Rome martyrisés par Neron. Jésus traverse avec nous les tempêtes extérieures (la violence du monde et les faiblesses et défauts de l’Eglise) et les tempêtes intérieures (nos angoisses et nos malheurs). Il est à nos côtés. Malgré les apparences il ne dort pas. Lui-même s’est réveillé de la mort. Et il nous invite à la confiance.
Robert JOURFIER
La Parabole du Semeur m’a toujours parlé. Fils de paysan, combien, enfant, j’ai vu mon père semer des graines ! Mais de moi, il disait : « De lui, je n’en ferai pas un paysan ! » Pourtant, avançant en âge, en expérience , je me dis que dans cette manière d’être prêtre en milieux populaires (paroisse, mission ouvrière, quartier) il y a du paysan et du semeur en moi.
Merci Dieu Merci de m’avoir fait travailler dans cette terre de Ste Hélène, ensemencée depuis 1934 et labourée par des générations de laïcs et de prêtres (Diocésains et Fils de la Charité) qui lui ont sculpté son beau visage de convivialité chaleureuse et fraternelle. Je pars, les pieds collés de sa terre, mais avec la confiance que la foi continuera de s’y vivre et s’y célébrer. Car j’ai vu se lever des enfants, des jeunes, des femmes et des hommes qui donnaient peu à peu des racines humaines et chrétiennes à leur existence. Oui, Merci Dieu d’avoir fait éclore les bourgeons de la joie de croire, de sortir de soi, d’aller vers les autres. D’expérimenter combien « auprès de Dieu, tout est possible » à qui croit.
Partant de Ste Hélène, je voudrais dire « Merci Dieu » pour la fécondité de la vie de prêtre et cette paternité et maternité vécues. Semer la Parole de Dieu, c’est enfanter tant humainement que spirituellement. Aider des personnes à grandir et mûrir dans la foi m’a fait goûter à cette joie qu’éprouve un Dieu Père quand quelqu’un découvre qu’il est aimé de Dieu et devient une créature nouvelle. Être prêtre, c’est aussi vivre une Joie maternelle d’aider des vies à « accoucher de Dieu ». Dans la prière, j’ai pu toucher le Christ sur vos visages !
Merci Dieu Merci pour tous ceux qui ont accepté de retourner la bonne terre de leur cœur à travers les multiples services et groupes de la paroisse. Pour ceux que l’Esprit Saint a mis « en sortie » vers leurs voisins et associations de quartier ; moi-même j’ai pu m’ouvrir avec joie à l’Association « Village Clignancourt ». Une paroisse n’est jamais autant elle-même que lorsqu’elle sort d’elle-même ! Notre pape nous le rappelle souvent, l’avenir appartient aux femmes et aux hommes de la fraternité, croyants ou non, « Fratelli Tutti » Tous frères !
Enfin, je voudrais dire Merci Dieu Merci pour tout ce que j’ai reçu de la famille religieuse des Fils de la Charité : son charisme à vivre d’une double Maladie d’amour « le Mal de Dieu ET le Mal du Peuple ». Merci Dieu Merci pour les frères qui m’ont été donnés ces années à Ste Hélène pour vivre cette Aventure : Jean Pierre et son sens des petits, Robert et son goût pour la Bible. Avec eux, j’ai partagé le sel de la prière et de la mission avec le pain de la fraternité.
Michel RETAILLEAU
Pour une Profession de Foi, drôle d’Evangile qui nous parle de Satan et d’un Jésus à moitié fou ! Résumons les faits : Jésus est dans une maison, écrasé par la foule. Arrivent des gens de sa famille, mécontents de l’impact qu’il produit par ses signes et ses miracles : « Il a perdu la tête », comme nous on dit : « Il a pété les plombs. » Et voilà des scribes, savants de la Loi, qui en rajoutent une couche : « Il est possédé. C’est par Béelzéboul, le chef des démons qu’il chasse les démons. » Accusation terrible, mais Jésus ne se démonte pas : « Il est impossible que Satan chasse Satan. Sinon son Royaume est divisé et c’en est fini de lui… Si moi, je chasse les démons, c’est parce que mon pouvoir est plus « fort » que celui de Satan. »
Que comprendre ? Jésus a le pouvoir de chasser ce qui est « divisé » en nous. Car un mal nous ronge tous, c’est la division entre nos désirs de bien, de beau, de vrai et nos actes. St Paul le dit : « Malheur à moi ! Le bien que je voudrais faire, je ne le fais pas et le mal que je ne voudrais pas faire, je le fais. Qui m’en délivrera ? » Qu’il est difficile de dire non à la violence des gestes et des paroles ! Difficile de résister à la tentation de passer son temps sur les écrans et refuser de rendre service à la maison ! Difficile de dire la vérité et de se laisser aller au mensonge ! Et tant d’autres contradictions en nous…Tout cela est le signe que notre être est tiraillé, divisé intérieurement par le Diable, « le Diviseur ». On appelle cela le « péché ».
Mais l’Evangile dit une autre chose : accuser Jésus d’être possédé par Béelzéboul, le chef des démons, c’est refuser de reconnaître l’Esprit Saint. Et ça, c’est impardonnable ! Car L’Esprit Saint que la Résurrection de Jésus nous donne, c’est cette Force intérieure qui, au lieu de « diviser » comme Satan, rassemble, fortifie, « unifie » les désirs de bien, de beau, de vrai qui sont en nous. J’entendais l’autre jour à la radio un grand entraîneur de foot parler d’Olivier Giroud : « J’aime les joueurs qui ont la foi, disait-il. Ils n’ont pas le melon (la grosse tête). Lui, Olivier, à cause de sa foi, il sait rester simple et humble. Il sait qu’il y a toujours Quelqu’un au-dessus de lui. Ca l’aide dans ses relations avec les autres. » N’oubliez jamais que la foi aide, par l’Esprit, à unifier votre vie en réconciliant peu à peu votre coeur avec votre tête et vos bras et les transforme peu à peu en manière de vivre, d’écouter, de partager et vous engage avec Jésus. Votre Profession de Foi, ce seront alors vos actes qui vraiment la diront : « Celui qui fait la volonté de Dieu est pour moi, un frère, une sœur, une mère. »
Michel Retailleau
En cette Fête du Corps et du Sang du Christ, vous les enfants, vous allez vivre cette première rencontre et prendre part à ce moment qui nous engage et nous met mais en communion les uns avec les autres.
Chaque fois que nous allons communier, nous recevons la vie du Christ. L’Amour qui le conduit à se donner est éternellement présent. À chaque messe, il nous est manifesté. Il est rendu présent à nos yeux. À chaque messe, je peux dire : « C’est aujourd’hui que cela se passe ». Mais il y a une chose qu’il ne faut jamais oublier : Jésus a livré son Corps et versé son sang pour nous et pour la multitude. Cela signifie que nous ne pouvons pas être en communion avec lui sans l’être avec nos frères et nos sœurs. Si nous avons des problèmes avec quelqu’un, il faut d’abord se réconcilier. Être disciple du Christ, c’est aimer comme lui et avec lui. Cela peut aller jusqu’au don de notre propre vie.
Je vous rappelle que désormais, c’est Jésus qui porte à son plein achèvement les rites de l’ancienne alliance. En lui, c’est Dieu qui tient parole. À chaque Eucharistie c’est comme si nous assistions “en direct” au moment où Jésus fait le don de sa vie. Il n’y a qu’un sacrifice unique et définitif de Jésus. Quand nous sommes à la messe, c’est à ce sacrifice que nous assistons, à l’offrande de Jésus et à sa mort sur la croix. Nous assistons aussi à la victoire de l’amour sur la mort et nous en recevons les fruits.
Voilà ce repas auquel nous sommes tous invités. C’est vraiment LE moment le plus important de la semaine. Le Christ ressuscité est là ; il nous rejoint. À chaque messe, nous célébrons celui qui nous a aimés comme on n’a jamais aimé. C’est la moindre des choses que nous répondions à cette invitation. C’est vrai que dans certains endroits, cela devient difficile, en raison du manque de prêtres. Aujourd’hui, le Christ se présente à nous comme “le pain vivant qui est descendu du ciel. Si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement.” L’Eucharistie est vraiment un cadeau extraordinaire. C’est une nourriture pour la Vie éternelle.
Et maintenant, renouvelons notre action de grâce pour la merveille que nous célébrons. Et faisons nôtre cette prière du prêtre avant la communion : “Que ton Corps et ton sang me délivrent de tout mal et que je ne sois jamais séparé de toi”.
Jean Pierre MAÇON
Le mot " Dieu " est un mot souvent piégé. Quand quelqu’un dit " je crois en Dieu " ou " je ne crois pas en Dieu ", bien malin de savoir de quel " dieu/Dieu " il parle et à quelle image de Lui il se réfère. Un jour, le pape François a employé cette drôle d’image : " Dieu n’est pas un Dieu indéfini, un Dieu Spray, un Dieu Aérosol qui est un peu partout mais dont on ne sait pas ce qu’il est. " En effet, on serait tenté d’employer machinalement le mot " dieu " pour demander à une Puissance impersonnelle des faveurs, des consolations. Bref, un Dieu ’Spray’ vaporeux, sans consistance, qui ne serait que la projection de nos besoins, de nos peurs et de nos manques : dieu païen et non chrétien. En célébrant ce jour la Sainte Trinité, l’Eglise nous invite à nous mettre face au Vrai Dieu chrétien. Un Dieu qui se révèle à la fois Père, Fils et Esprit. Mais la découverte que Dieu est 3 Personnes ne s’est pas faite en 1 jour !
Dans La 1ère lecture (Deutéronome 4), on voit Moïse s’émerveiller devant ce Dieu incroyable manifesté au Sinaï. Un Dieu qui s’est choisi un peuple et qui intervient dans son histoire pour l’appeler à grandir en humanité ! Un Dieu qui se révèle un Dieu Unique bien supérieur à tous les dieux que les peuples voisins adorent ! Le peuple Juif a alors découvert que Dieu est non seulement un Créateur mais aussi qu’Il Parle et qu’on a à l’Ecouter afin de « choisir la vie ".
Puis bien plus tard, Dieu va parler par un Fils, qui a pris visage d’homme en ce Jésus qui a vécu une telle complicité avec Dieu que Dieu n’apparaît plus solitaire. On découvre que Dieu le Père a un Fils qui est La" Parole de Dieu faite homme ". Dans tout ce que Jésus a dit et fait, on peut deviner son " Père " qui lui a tout appris. " Qui me voit, voit le Père " … De là, apparaît alors une 3ème Personne en Dieu (2ème lecture : Ro 8, 14-17) : l’Esprit Saint qui nous conduit au Père et qui nous donne l’audace de Lui crier avec Jésus :" Abba ! Papa chéri ! "
Nous avons là les 3 Personnes de notre Dieu Trinité : Dieu est à la fois Père, Fils et Esprit. Un Dieu Famille. Non pas Dieu solitaire mais Dieu solidaire. Dieu Amour où les 3 Personnes vivent dans l’échange mutuel de cet Amour. Un Père de l’Eglise dira que « le Fils et l’Esprit sont les 2 mains du Père » qui veut pétrir nos cœurs d’hommes et les façonner pour, à notre tour, vivre de l’Amour même de Dieu. Tout le contraire d’un Dieu Spray, vaporeux ! C’est La Bonne Nouvelle de l’Evangile : tout homme peut être « baptisé (= plongé) dans l’océan de l’Amour Trinitaire « au nom du Père, et du Fis et du St Esprit. » C’est le cœur de la mission de l’Eglise.
Michel Retailleau
Actes des Apôtres 2, 1-11 – Psaumes 103(104) – Galates 5 , 16-25 – Jean 15, 26-27 ; 16, 12-15.
C’était Chavouot, c’est-à-dire, la Pentecôte, l’une des grandes fêtes des juifs. Après les avoir délivrés de l’esclavage en Egypte, Dieu avait fait une alliance avec eux, un contrat : Il leur donnait une terre, et ils respectaient sa loi, la Tora. A cette fête ils célèbrent donc le don de la terre, la première moisson, et ils célèbrent le don de la Tora sur le mont Sinaï. Les juifs du pays et ceux dispersés dans les nations viennent en pèlerinage à Jérusalem. Les plus pieux passent leur nuit à lire et étudier la Tora pour honorer ce don de Dieu. C’est cela que fêtaient les disciples et la famille de Jésus enfermés dans le cénacle ce jour de Pentecôte.
Probablement Ils ont passé la nuit à lire la Tora, à la manière de Jésus, et en s’attardant sur ce qui le concernait. Et au matin de cette nuit de prière, l’Esprit saint promis par Jésus leur a été donné. Les images employées pour dire sa venue sont semblables à celles employées pour le don de la loi sur le mont Sinaï. La loi était donnée à Moïse dans l’orage, le tremblement de terre, la foudre et les éclairs. De même la maison des disciples est secouée à grand fracas, dans un vent d’ouragan et d’orage et de langues de feu. Ainsi ce don de l’Esprit saint qu’avait promis Jésus est interprété comme un nouveau Sinaï, une nouvelle Alliance, la Loi nouvelle inscrite directement dans les cœurs.
Cet Esprit saint Jésus le nommait le défenseur, l’avocat : L’avocat de Jésus, celui qui nous atteste que la croix de Jésus n’est pas une malédiction mais source du salut. Et notre avocat, celui qui nous assiste dans la foi, qui nous converti et nous défend de nous-mêmes. Il nous assiste aussi dans l’adversité et la persécution. Il nous donne la lucidité et la force. On en voit de suite les effets sur Pierre et les disciples qui, arrachés de la retraite peureuse où ils étaient réfugiés, sont jetés en plein vent face à la foule. Désormais ils rendront témoignage jusqu’au bout du monde.
« Il vous mènera à la vérité tout entière » disait encore Jésus. C’est à dire qu’il nous mènera dans la connaissance et l’intimité de la Trinité sainte. Tout ce qui vient de Jésus et du Père, l’Esprit nous le fait connaitre. Il nous fait dire à Dieu « Notre père ». Et reconnaitre en Jésus le Seigneur ressucité, et le frère que nous voulons suivre.
Ce don est répandu sur tous. Venez comme vous êtes dit un slogan publicitaire. Tous ces gens venus de nombreux pays de la diaspora juive sont venus comme ils sont, avec leurs liens sociaux, leur foi, leur langue, leur culture, leur passé, leurs échecs et leurs joie... Et c’est à chacun dans sa singularité que l’Esprit est donné. L’Esprit ne nivelle pas. Il ne fait pas de nous des clones qui marchent au pas. Il apprend à chacun, tel qu’il est, à devenir frère des autres tels qu’ils sont.
Il a encore beaucoup de travail à faire parce nous lui résistons. Il y a, en nous, un affrontement qui paralyse et empêche d’agir. C’est un combat. (2eme lecture) « Marchons sous la conduite de l’Esprit » nous dit St Paul. « Il nous fait vivre » et, en nous, il est la source « d’amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maitrise de soi »
Robert JOURFIER fc
Jésus est descendu jusqu’au fond de notre être pour nous ouvrir progressivement à lui, car « Dieu est Amour. » Cette parole est le sommet de la Révélation. « Je ne demande pas que tu les retires du monde, mais que tu les gardes du Mauvais. Ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde. » Nous savons que cette harmonie de l’humanité passe par chacun de nous, elle passe par notre propre vie. La prière de Jésus hâte cette unité de notre cœur et du cœur de Dieu. « Père saint, garde mes disciples dans la fidélité à mon nom que tu m’as donné en partage, pour qu’ils soient un, comme nous-mêmes. » Le Nom de Dieu, ce nom de Père, c’est Jésus, le Fils bien-aimé qui nous l’a appris. En effet nous trouvons notre unité dans cette unité de Jésus et de son Père. « Quand j’étais avec eux, je les gardais dans la fidélité à ton nom que tu m’as donné. J’ai veillé sur eux et aucun ne s’est perdu. » Il nous est bon de savoir Jésus dans la gloire. Il est puissant pour prier pour nous, Jésus ne cesse pas de veiller sur chacun de nous : « aucun ne s’est perdu. »
« Consacre-les par la vérité : ta parole est vérité. » « De même que tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi, je les ai envoyés dans le monde. Et pour eux je me consacre moi-même, afin qu’ils soient, eux aussi, consacrés par la vérité. » « Maintenant O Père, dit Jésus, je viens à toi, et je veux qu’ils aient en eux ma joie. » Entrer dans la joie de l’amour de Jésus pour son Père et du Père pour Jésus. Mystère de l’Esprit Saint, mystère de l’amour qui nous est proposé : « Si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous et son amour atteint en nous sa perfection. » Ces paroles deviennent une vie en nous, cette vie est un don de Dieu. L’Esprit Saint qui fait l’unité du Père et du Fils unit notre cœur d’enfant au Père, il unit notre cœur de pécheur à Jésus le Sauveur.
Nous comprenons combien nous avons besoin de l’Esprit Saint. L’unité que Jésus demande, seul l’Esprit Saint peut la réaliser. Nous savons que le monde est en chacun de nous, et Jésus nous défend du Mauvais, il se consacre lui-même, il souligne l’importance d’être « comblé en Dieu » en « demeurant dans l’amour. » La source de la consécration est la fidélité à Jésus, lui le consacré : La consécration signifie que nous voulons vivre à partir de Jésus en lui donnant notre cœur en lui faisant une entière confiance. Jésus nous entraîne jusqu’à réaliser en nous son propre mystère : Mystère de l’enfant bien-aimé du Père. Il nous propose l’Esprit Saint et il nous demande de hâter sa venue par la prière. Que l’unité qui est réalisée entre lui et son Père soit réalisée entre notre cœur et le cœur de Dieu !
Jean Pierre MAÇON
Actes 10 ; 1 Jean 7-10 ; Jean 15, 9-17
Les Actes des Apôtres (10 et 11) relatent la visite de l’apôtre Pierre chez un officier romain : Corneille. Pour les juifs, les païens étaient impurs et on n’entrait pas dans leurs maisons. On ne mangeait pas avec eux à cause des règles alimentaires (casher) Cette visite était donc loin d’être spontanée et Il a fallu que Dieu lui-même l’organise. Il a fallu que Corneille ait une vision l’invitant à faire appel à Pierre. Et il a fallu que Pierre ait une vision, qu’il n’a pas compris, où Dieu l’invitait à manger des animaux interdits. « Non disait Pierre, je n’ai jamais rien mangé d’impur ! » Mais une voix lui disait : « Ce que Dieu a rendu pur, toi ne le déclare pas impur »
Arrivent alors les envoyés du centurion Corneille. Et Pierre comprends qu’aux yeux de Dieu, si tous les animaux sont purs, tous les hommes le sont aussi : « En vérité je le comprends, Dieu ne fait pas de différence entre les hommes. » Corneille et toute sa famille seront ainsi les premiers païens baptisés. Cet événement était considérable pour les juifs disciples de Jésus. Cela n’a pas été simple pour eux d’être dans la même Eglise, avec des anciens païens et de vivre et célébrer avec eux. Depuis leur naissance ils avaient appris à les éviter et les mépriser. Et voilà que peu à peu ils doivent admettre que « Dieu ne fait pas de différence et qu’il accueille ceux qui l’adorent et font ce qui est juste ».
Quelques années plus tard, saint Jean (2° lecture) s’adresse à une communauté qui se déchire autour de faux prophètes et de prédicateurs qui s’opposent dans d’interminables discussions théologiques. Et il les ramène à l’essentiel : l’amour que nous devons avoir les uns pour les autres, au-delà de ce qui nous divise. « Aimons-nous les uns les autres parce que l’amour vient de Dieu. » de plus « Dieu nous a aimés le premier », et son amour est gratuit sans mérite de notre part. En conséquence « Celui qui aime est né de Dieu et connait Dieu » même s’il n’a jamais entendu parler de Lui. Il le connait de l’intérieur. Il le connait d’expérience, parce qu’il aime comme lui. Tous ceux qui aiment qu’ils soient juifs ou païens ou athées, sont nés de Dieu, enfants de Dieu et connaissent Dieu. Voilà qui fonde une fraternité universelle.
Jésus dans l’Évangile explique que tout amour vient du Père. « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés, demeurez dans mon amour » C’est le Père qui est Amour. Son amour circule, se transmet, est donné au Fils qui le répand à son tour. Demeurer dans cet amour c’est se laisser habiter par Lui, sa parole, sa présence. Le laisser vivre en nous. « Ce n’est pas vous qui m’avez choisis c’est moi qui vous ai choisis » et que vous soyez juifs ou païens « vous êtes mes amis », disait encore Jésus. Donc « aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ». Aimez-vous du plus grand amour, sans retenue, sans limites, jusqu’à tout donner de vous-même. « Je vous dit cela pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit parfaite. »
Robert JOURFIER
AVENTURIERS DE DIEU et de l’HUMAIN Jn 15, 1-8 (28/04/24)
Sr Armelle célèbre parmi nous son 60ème anniversaire d’engagement dans la vie religieuse ! On doute qu’un tel engagement puisse être possible aujourd’hui ? Et pourtant, l’Eglise persiste à appeler au Nom du Christ à une telle vie. Saisissons l’occasion pour rappeler les ressorts de ce choix qui motivent ces « Aventuriers » de Dieu et de l’humain.
Le 1er ressort d’une vocation religieuse ou/et presbytérale, c’est l’attrait irrésistible qu’exerce la Personne de Jésus, le désir d’entrer en amitié avec lui, de « demeurer en lui », en cherchant à percer son secret. D’où viennent une telle justesse dans ses paroles et ses actes, tant de bonté et de vérité à la fois ? D’où vient sa lumineuse humanité où amour de Dieu et des hommes, des pauvres en particulier, sont si étroitement mêlés ? Que signifie son invitation à nous greffer sur lui comme le sarment sur la Vigne pour porter du fruit ? Le Christ devient ainsi la Personne de choix sur laquelle on choisit de miser sa vie en l’annonçant ?
Le 2ème ressort d’une vocation, c’est de regarder le monde comme aimé et travaillé par Dieu. Loin de le fuir, les Aventuriers de Dieu entendent l’appel à s’approcher de l’humain avec respect pour le rejoindre dans sa vie concrète et travailler à sa guérison et à son humanisation. Connaître le monde à la manière de Jésus, c’est affaire de regard et d’écoute, de compassion et d’espérance. Ce sont des personnes concrètes à aimer, à former et conduire à Dieu. Dans l’assurance que La Résurrection du Christ y est présente et agissante.
Le 3ème ressort, c’est le goût de l’Aventure. Pas de vie réussie qui ne soit pimentée du sel de l’Aventure et donc de renoncements ! Leur vie n’a rien de la construction d’un plan de carrière. Plutôt le goût du risque à plonger dans une plus grande communion avec Dieu et le monde des relations au travail, dans le quartier. Un bouillon de vie où l’Esprit leur assure que Celui qui les emporte ne les abandonnera jamais. Dans cette Aventure, les épreuves et le doute ne sont pas absents, mais ils deviennent une invitation permanente à se laisser « tailler » par Dieu : « Tout sarment qui porte du fruit, mon Père le purifie en le taillant, pour qu’il en porte davantage. »
Le 4ème ressort, c’est de durer dans la patience, « laisser Dieu être Dieu dans sa vie » en communiant aux joies et aux souffrances du Christ et à son abandon à la Volonté de Dieu. En lui confiant peu à peu la conduite de sa vie pour imaginer l’Avenir de l’Eglise. « En dehors de moi, vous ne saurez rien faire ». Pour cela, les Aventuriers de Dieu et de l’humain ont besoin du filet protecteur d’une communauté de frères et sœurs avec qui ils prient et partagent, mais aussi d’une communauté chrétienne plus large de laïcs avec qui ils portent la Mission.
Michel Retailleau Fils de la Charité.
La Parabole du Bon Pasteur de l’Évangile d’aujourd’hui a donné son nom à ce 4ème dimanche de Pâques qu’on appelle aussi « Dimanche du Bon Pasteur ». Pour celles et ceux qui écoutent Jésus, symbole du Berger qui conduit son troupeau, cela est très significatif. Dans la Bible, cette image s’applique aussi à Dieu, Pasteur de son peuple : « Voici le Seigneur Dieu … comme un berger, il fait paître son troupeau » (Is. 40,10-11). « Le Seigneur est mon berger, je ne manque de rien » (Ps. 22).
Mais attention, ne nous laissons pas tromper par une image romantique du bon berger caressant ses brebis, les laissant se blottir dans ses bras, image s’adressant à nos désirs d’être protégés, bercés, cajolés ! Le berger était un homme austère et courageux, qui savait défendre ses brebis des animaux sauvages et des voleurs. Un métier difficile et à risque ! Jésus s’identifie au Bon Berger, opposé au mercenaire : « Moi, je suis le bon pasteur, le vrai berger, qui donne sa vie pour ses brebis … Le berger mercenaire, s’il voit venir le loup, il abandonne les brebis et s’enfuit ; le loup s’en empare et les disperse ».
Dans l’évangile de Saint Jean, cette parabole du Bon Pasteur vient après le récit de la guérison de l’aveugle-né (Jn 9, 1-41). Souvenons-nous…Un aveugle de naissance avait été guéri par Jésus le jour du sabbat, et les chefs du peuple refusaient de voir ce qui s’était passé. C’est la même attitude que dans le récit de la 1ère lecture (Actes Apôtres 4, 8-12) : les chefs du peuple refusent de reconnaître la guérison de l’infirme par Pierre. En parlant de bergers mercenaires, l’allusion est faite aux chefs du peuple qui refusent que Jésus fasse du bien un jour du sabbat… Ils sont du côté du loup.
Jésus connait chacun de nous, il connait à la fois les générosités de nos vies et aussi tous ces loups intérieurs qui peuvent nous détruire. Sa façon de nous défendre consiste précisément à ne pas se défendre lui, mais à se donner, donner sa vie pour nous arracher aux griffes du loup. Il est à la fois le Berger qui nous conduit vers des prés d’herbe fraîche et l’Agneau livré pour notre rachat. Il nous indique ainsi le mode sous lequel doit être exercée l’autorité de pasteur : par le service et le don de soi. Jésus est le seul et Unique Pasteur, mais par certains aspects, nous sommes tous en position de ‘pasteurs’ : pères et mères de famille, parents, enseignants, médecins, engagés sociaux ou associatifs, religieuses, prêtres… Nous avons tous une responsabilité vis à vis du vivant qui est à côté de nous et que Dieu nous confie.
Jean Pierre MAÇON
Les grecs à qui St Luc écrit son évangile, se seraient sans doute bien contentés d’une résurrection des esprits. Dans leur mentalité et leur philosophie, l’être humain se compose d’une âme et d’un corps bien distincts. Et la vie après la mort est une libération de l’âme qui peut enfin s’évader du corps qui est sa prison. Je suis prêt à parier que beaucoup d’entre nous se reconnaissent dans cette pensée. C’est normal car nous sommes héritiers des grecs. Mais nous sommes aussi héritiers des juifs et de la Bible pour qui le corps et l’âme c’est tout un. L’âme est corporelle et le corps est spirituel. Nous sommes une personne de chair et d’esprit intimement liés. Et la vie après la mort, c’est la vie de toute la personne, corps et esprit. C’est pourquoi saint Luc insiste tant dans ce récit pour dire que Jésus ressuscité, n’est pas un esprit, c’est bien lui tout entier, Jésus de Nazareth, avec lequel ils ont vécu, qui est mort en croix et qui leur apparait de façon corporelle avec les blessures de sa passion. Il n’est pas un fantôme. C’est lui.
Cependant ce corps est transformé. Ils ont parfois du mal à le reconnaitre. Ils insistent pour dire que le ressuscité n’a pas simplement repris sa vie d’avant. Il n’a pas remarché de village en village. Il ne demeure plus en permanence avec ses disciples. Il apparait là au milieu d’eux de manière inattendue, puis disparait. Il leur affirme qu’il est avec eux tous les jours mais ils doivent s’habituer à une nouvelle forme de sa présence. Et ce temps des apparitions n’a duré que le temps de les convaincre. Nous aurons une résurrection qui ressemble à la sienne. Les évangiles parlent de corps glorieux, Saint Paul parle de corps spirituels. Cela signifie que comme Jésus, c’est toute notre personne qui est appelée à vivre éternellement en Dieu, avec notre passé, nos épreuves, nos bonheurs et réussites et surtout nos relations et nos amours.
A partir de « Moïse, les prophètes et les psaumes. » « Jésus ouvrait leur intelligence à la compréhension des écritures, » Spontanément nous pensons à des textes du prophète Isaïe (répartis dans les chapitres 42 à 53) ou à des psaumes (22...) qui semblent décrire la passion et le destin de Jésus. Ou bien au prophète Daniel (7) qui avait la vision du « Fils de l’homme venant sur les nuées du ciel. » Oui ! Mais ce que nous annoncent Moïse et les prophètes, c’est beaucoup plus que des prédictions. La bible n’est pas un livre de voyance. La Bible est le livre d’une promesse. Cette promesse traverse toute la Bible, sous le nom d’Alliance. « La promesse faite à nos pères, Dieu l’a pleinement accomplie pour nous leurs enfants, en ressuscitant Jésus. Nous vous annonçons cette bonne nouvelle » dit saint Paul (Actes 13, 32-33). Le projet de Dieu de rassembler l’humanité avec lui dans le pardon et dans l’amour est réalisé par Jésus. La résurrection totale de notre personne fait partie de ce projet. Elle a déjà commencé avec note baptême.
Robert JOURFIER
Jésus ressuscité se manifeste dans le cadre de leur « rencontre hebdomadaire ». La foi n’est pas une affaire strictement personnelle ou individuelle. La présence du Christ ressuscité est surtout ressentie, expérimentée, dans le cadre de nos rencontres communautaires, lorsque nous sommes réunis en son nom.
Les disciples se rencontrent mais ils ont peur. Au moment où St Jean écrit son évangile, c’est toujours un temps de persécution. Les disciples ont pris l’habitude de se réunir tantôt chez l’un, tantôt chez l’autre. Ils s’accueillent, mais il y a des défections, des gens qui abandonnent le groupe. Ils verrouillent leurs portes. Mystérieusement, le Christ se glisse parmi les siens, dans le lieu où ils se rassemblent, à Éphèse, Antioche, Corinthe, Jérusalem, Rome. Chaque dimanche, c’est Pâques ! « Tu es là, au cœur de nos vies, et c’est Toi qui nous fais vivre ». L’Église c’est d’abord la réunion d’hommes et de femmes au milieu desquels le Christ ressuscité se rend présent.
La première parole du Christ après sa résurrection est une parole de Paix qui, comme un refrain, revient régulièrement dans l’Evangile d’aujourd’hui : « la paix soit avec vous ». Le premier don du ressuscité, c’est le don de la paix qui chasse la crainte et le doute : « Shalom ». Cette paix n’est pas celle du monde, c’est la paix confiée comme un héritage précieux le soir du jeudi saint : « C’est la paix que je vous laisse, c’est ma paix que je vous donne ».
La présence du Seigneur provoque la Joie. La joie de la résurrection est celle qui vient après la peur, après la souffrance, après le doute. La joie pascale, la joie chrétienne, n’est pas une joie facile, spontanée, ce n’est pas celle que nous éprouvons quand tout va bien, quand la santé est bonne, quand la jeunesse est là, pleine de vitalité, quand nos entreprises réussissent, quand nos relations amicales et familiales sont agréables. La joie de la résurrection, c’est celle qui vient « après », après l’angoisse, après la crise ! C’est la joie et la paix qui montent d’une situation désespérée (la mort d’un crucifié !) et que rien ne pourra faire disparaître : c’est la joie des disciples d’Emmaüs après le découragement de la mort du Christ.
Bien sûr, nous avons tous nos peurs. Peur de Dieu, peur des autres, peur de souffrir, de manquer d’argent, de ne pas être à la hauteur, de vieillir, de mourir. La liste de nos peurs est longue et ces peurs nous empêchent d’être heureux et de connaître la joie. Le Christ nous dit : « N’ayez pas peur, ayez confiance en moi. J’ai vaincu la pire des peurs : celle de la mort »
Lors de cette première rencontre du Christ avec ses disciples, il leur donne une Vie Nouvelle : « il répandit sur eux son souffle et il leur dit : Recevez l’Esprit Saint », le Souffle de vie. Le don de l’Esprit rappelle que l’Esprit de Dieu insuffle la vie. Il s’agit là d’une « création nouvelle ». Nous sommes renouvelés, recréés !
Jean Pierre MAÇON
LA RÉSURRECTION, DE L’ÉTONNEMENT A L’ÉMERVEILLEMENT Marc 16, 1-7 (31/03/24)
Il y a des jours où rien ne va plus. Comme pour ces 3 femmes de l’Évangile, Marie Madeleine, Marie et Salomé qui, au petit matin, s’en vont au tombeau embaumer le corps de Jésus. Avec la mort de celui qu’elles aimaient, une sourde tristesse s’est abattue sur elles : Jésus mort, les promesses d’une vie autre se sont envolées. Pourtant, elles avancent, comme aimantées par je ne sais quelle attente, tout en se demandant : « Qui de nous roulera la pierre pour dégager l’entrée du tombeau ? » A 3 femmes, peut-on remuer une meule de 300 kg ! Et là, c’est l’étonnement, mélange de frayeur et de curiosité. « On a roulé la pierre ». Plus étonnant encore, « un jeune homme vêtu de blanc » qui leur dit « Vous cherchez Jésus de Nazareth le Crucifié ? Il n’est pas ici. Voici l’endroit où son corps avait été déposé… Allez dire aux disciples qu’il vous attend en Galilée. Là-bas, vous le verrez. »
De l’étonnement, ces femmes naissent à l’émerveillement : « Il est Vivant » ! Mais pourquoi le Christ les attend-il en Galilée ? Ne pourrait-il pas le rencontrer ici-même ? Comprenons ! La Galilée, c’est la terre, le « chez soi » de Pierre et de la majorité des disciples, comme le « chez soi » des trois femmes. La Galilée, c’est ce « carrefour des nations » dans lequel ils ont tous baigné. C’est dans leur milieu et leurs relations qu’ils vont peu à peu « voir » le Ressuscité en passant de la crainte à l’amour, de l’étonnement à l’émerveillement. C’est là qu’ils comprendront ce que veut dire « Il est ressuscité » : certes Jésus n’est plus là physiquement mais dans l’Eblouissement, la Joie et l’Audace qu’ils éprouvent maintenant, ils « verront » que ce sont là des signes palpables de la Puissance du Ressuscité qui les traverse.
Il y a dans nos vies des rencontres qui nous illuminent mais aussi des épreuves comme des « tombeaux » qui nous emprisonnent un temps mais qui peuvent devenir des lieux de grande libération intérieure. Comme des « passages » (des « pâques ») pour rencontrer un Dieu de Paix et d’Amour qui nous invite à désirer une vie plus vraie. Il y a 5 ans, dans un hypermarché près de Carcassonne mourait un lieutenant-colonel de gendarmerie, abattu par un Islamiste après s’être offert en otage à la place d’une caissière. Cette caissière Julie a eu, elle aussi, la grâce d’une conversion jusqu’à dire : « Arnaud a sauvé ma vie pour toucher mon âme. » Croire en la Résurrection nous fait passer de l’étonnement à l’émerveillement ! Cela, Patrice et Maxime qui êtes baptisés ce soir, vous l’avez expérimenté dans le « chez soi » de vos vies. Comme Julie, puissions-nous dire avec vous en ce soir de Pâques : « Le Christ a sauvé ma vie pour toucher mon âme ! ». « Oui, Jésus est ressuscite, il est vraiment ressuscite ! »
Michel RETAILLEAU
Cette année, 7135 adultes baptisés en France !
En ce jour des Rameaux, le Récit de la Passion nous offre un Jésus victime innocente de la trahison, du reniement, du mensonge, de la versatilité de la foule et de la solitude face au pouvoirs religieux et politique. Ce « familier de la souffrance » qui a su se tourner vers Dieu jusque sur la croix pour compter sur sa Présence, a été rendu Vainqueur en descendant mystérieusement au plus profond de la détresse humaine. Le Dieu en qui il avait mis sa confiance n’a pas la Toute Puissance d’un Roi humain. Mais Il nous apparaît comme étant le Seul qui puisse nous sauver de la pesanteur des péchés de notre humanité. Désormais, en Jésus, Dieu et l’homme sont « liés pour toujours à la vie à la mort ». Nous n’avons plus à désespérer ni de Dieu ni de l’homme !
En écoutant le Récit de la Passion, comment ne pas nous laisser remuer intérieurement par la manière inattendue dont Jésus a signé son « entrée en Gloire »… Il a pris « la condition de serviteur » nous dit St Paul aux Philippiens (cf. 2ème lecture). A la fois, serviteur de Dieu et serviteur de nos humanités fragiles et malades pour nous appeler à devenir plus libres et responsables. Devenir plus libres et responsables jusqu’à pouvoir comme Lui faire de notre vie un lieu de combat pour la paix et contre la violence sous toutes ses formes…. Devenir plus libres et responsables jusqu’à pouvoir comme Lui confier à Dieu la conduite de nos existences. A qui irions-nous, Seigneur, tu as les paroles et le témoignage de ce qu’est la vraie Vie !... Devenir plus libres et responsables jusqu’à miser totalement nos vies sur la Présence effective de Dieu dans nos croix et nos nuits de l’existence.
Célébrer la fête des Rameaux n’est pas célébrer un souvenir passé. Nous sommes là pour célébrer la victoire définitive du Ressuscité sur la mort. C’est notre liberté nouvelle acquise par le Christ que nous célébrons. En portant des rameaux en procession, en rentrant dans nos appartements ou maisons pour les fixer sur une croix, ou encore en les déposant sur nos tombes, nous posons des gestes de victoire de la Vie sur la mort. Dans sa Passion, le Christ a rejoint ce que de multiples femmes et hommes ont enduré et endurent encore pour une vie personnelle et collective plus digne et plus libre, de l’humble mère de famille jusqu’à l’opposant plus illustre au pouvoir russe come Alexei Navalny. Le Christ continue à s’incarner en tous ceux-là qui, au moment où ils sont sans pouvoir et sans force, remettent leur vie à Dieu. A cause du Christ, nos rameaux disent humblement mais réellement la grandeur de la Vie de Dieu en l’homme quand il accepte de se fier en Lui.
Michel Retailleau
Jean 12, 20-33
Selon l’évangile de Jean, Jésus venait de ressusciter Lazare, puis il est entré à Jérusalem, acclamé comme « Messie ». Ce succès populaire de Jésus agace les pharisiens qui voudraient au contraire se débarrasser de lui. Des grecs, juifs de la diaspora ou sympathisants, venus en pèlerinage, demandent eux, à rencontrer Jésus. Et Jésus les accueille avec une parole énigmatique : « L’heure est venue où le Fils de l’homme doit être glorifié. » Ce qui veut dire que l’heure est venue pour que la gloire de Dieu transparaisse dans Jésus. La gloire de Dieu ce n’est pas sa célébrité, c’est sa présence, une présence rayonnante. L’heure est venue pour que Dieu soit reconnu, révélé en Jésus. Et pour l’évangile de Jean, c’est l’heure de la croix.
Pour s’encourager et nous encourager il raconte une petite parabole agricole : le grain de blé est au sec dans son grenier. Puis le paysan le sème. Tout à coup il est recouvert de terre et d’humidité. Il va pourrir, disparaitre. Mais c’est au moment où il se voit perdu, qu’il éclate ; et que sort de lui un germe qui va bientôt percer le sol vers la lumière, et devenir une herbe, puis un épi, puis une moisson. Ainsi Jésus nous dit que de la mort peut sortir la vie. Mais pour cela il faut que le grain accepte de mourir. De cette loi de la nature, Jésus fait une loi spirituelle qu’il s’applique à lui-même, et par laquelle il dit sa confiance en Dieu. Il sait que de sa mort et sa résurrection, Dieu fera surgir la vie éternelle, le pardon pour tous, un peuple nouveau de grecs, de juifs et de nombreux autres.
Jésus est bouleversé. L’heure est venue, et elle lui fait peur : « Vais-je dire : Père sauve-moi de cette heure ? » Jésus aimerait échapper à cette heure. Il est venu à Jérusalem pour se révéler, se faire reconnaitre par le peuple et surtout par les autorités légitimes. Mais il sait qu’elles lui sont hostiles. Il est encore temps de fuir ? « Mais non c’est pour cela que je suis parvenu à cette heure ». Finalement il accepte de traverser cette heure d’angoisse et de mort. Et il s’en remet à Dieu. Et il nous invite nous aussi à nous détacher de notre vie dans la confiance.
C’est le chemin de Jésus. C’est notre chemin de foi. Nous savons que même dans la pire des extrémités nous ne sommes pas abandonnés de Dieu. Même dans la mort. Et nous comprenons que vivre vraiment et pleinement c’est donner sa vie. C’est-à-dire payer de sa personne, donner de soi, se donner. C’est l’expérience courante des pères et mères de famille qui renoncent à tellement de choses pour leurs enfants : la tranquillité, l’argent, la santé parfois. C’est l’expérience des jeunes couples qui renoncent à leur vie de célibataire pour aimer l’autre tel qu’il est. C’est l’expérience de presque tous les métiers qui sont au service des autres et de la société. C’est l’expérience de tous les engagements associatifs, syndicaux, politiques ou ecclésiaux. C’est l’expérience intime de ceux qui aiment.
Nombreux sont ceux qui comme Jésus dépassent leurs angoisses et se donnent sans compter. Dieu les accompagne. Le don d’eux même leur fait porter beaucoup de fruits. Et ils contribuent à jeter dehors le prince de ce monde.
Robert JOURFIER
Nicodème était un pharisien, un chercheur de Dieu venu dialoguer avec Jésus. Il sera secrètement disciple de Jésus, et on le retrouvera au sanhédrin, où il prendra discrètement la défense de Jésus. Ici, Nicodème a avec Jésus un long échange, dont certains passages peuvent échapper à notre compréhension : cette histoire de serpent de bronze au début du passage !... Un rappel : lors de son cheminement dans le désert, le peuple Hébreu perd patience et critique Dieu et Moïse. En « punition », Dieu leur envoie des serpents à la morsure mortelle. Le peuple reconnaît alors avoir péché et demande à Moïse d’intercéder pour lui.
La réponse de Dieu est un peu surprenante : il n’écarte pas les serpents, mais il dit à Moïse de fabriquer un serpent de bronze et de le fixer sur une perche. Ceux qui sont mordus par un serpent doivent alors regarder le serpent pour rester en vie... La symbolique du serpent, probablement héritée de coutumes païennes, reste mystérieuse, mais en tout cas, le message est clair : la guérison est offerte à quiconque fait confiance à Dieu en regardant le serpent de bronze. Jésus reprend ce signe à son compte. Par sa crucifixion, il sera élevé comme le serpent de bronze et il deviendra un signe de vie éternelle pour ceux qui se tournent vers lui. Ainsi, la croix, instrument de mort, deviendra un signe de vie et d’amour pour ceux qui croient en Jésus-Christ !
Nous aussi, en ce temps de carême, soyons dans l’espérance car Dieu nous aime. Et pourtant, il y a du mal et de la souffrance, en nous et dans le monde. Alors, la réponse de Dieu au mal et à la souffrance, c’est son Fils Jésus-Christ, venu dans le monde, Lui qui nous a aimés jusqu’au don de sa vie sur une croix, et qui par sa résurrection à vaincu la mort et nous redonne ainsi la vie. Comme pour le peuple hébreu dans le désert, Dieu nous appelle a avoir confiance, à nous tourner le plus possible vers Jésus-Christ. Mais nous tourner vers Jésus-Christ, ce n’est pas un simple acte de dévotion ! Il faut que nos actes soient en accord avec ce que le Christ souhaite pour que l’homme trouve la Vie en Dieu. Si Jésus en croix est le signe le plus éclatant de l’amour de Dieu, nous devons l’aimer, en portant chaque difficulté, chaque souffrance, en nous faisant proches de tous ceux qui souffrent, des malades, de ceux qui sont dans la solitude, des découragés, des désespérés, de ceux qui ont peur ! Soyons témoins de l’amour de Dieu. Il peut venir à bout de tout mal, mais c’est à nous de le vivre entre nous et de le porter à tous !
Jean Pierre MAÇON
Branle-bas de combat à Jérusalem, ce jour-là ! Dans l’enceinte du Temple, tables des changeurs de monnaie et étals d’animaux pour les sacrifices sont renversés à coups de fouet par un Jésus sorti de ses gonds : " Cessez de faire de la maison de mon Père une maison de commerce." Le Temple serait-il devenu une affaire d’argent ? L’accès de colère de Jésus semble un cri mûrement réfléchi. En effet, en son temps, le Temple de Jérusalem était une superbe construction qui faisait la fierté de tout juif par la beauté de ses pierres et de ses marbres. Pas moins de 600 prêtres y officiaient ! Mais ce Temple est devenu le symbole de tout ce qui opprime le peuple. Si celui-ci grandit dans la pauvreté, la Maison de Dieu voit au contraire ses richesses s’accumuler.
Et Jésus qui, précise l’Evangile, « connait ce qu’il y a dans l’homme’, et qui « s’en méfie », s’en prend au culte qui y est célébré et à l’orgueil qu’on met dans ces pierres. Comprenons : il sait que, dans la relation avec Dieu, l’homme est tenté par un rapport ‘marchand’. Il fait et nous tous faisons du marchandage avec Lui : « Je ferai telle pratique, tel acte religieux, telle offrande ou tel sacrifice si, en échange, Tu m’accordes telle faveur. » Donnant-donnant ! Nos gestes ou prières peuvent paraître religieux de l’extérieur mais en fait, ils ne le sont pas intérieurement. Vivant trop en surface et pas suffisamment en profondeur avec nous-mêmes, nous oublions comme dit St Augustin, que Dieu est "au-dedans" de nous ; alors, nous le cherchons "en dehors" de nous-mêmes, dans une religion sans réelle exigence et non dans la joie d’une fidèle et bousculante amitié avec Lui. En conséquence, notre foi perd de sa vigueur et de sa cohérence. En ce temps de Carême, interrogeons-nous : y a-t-il dans ma/notre manière de vivre et de croire, quelque chose qui empêche Dieu ou le Christ de ‘se fier’ à moi/nous ?
"Détruisez ce Temple et en 3 jours, je le relèverai… Jésus parlait du sanctuaire de son Corps." Il y a là une vraie révolution : avec lui, le « Crucifié » (2è lecture), Jésus fait passer de la rencontre du Dieu du temple de pierres au Dieu présent en sa Personne à lui. Le Temple de Jérusalem peut disparaître, désormais le Corps mort et Ressuscité du Christ est offert à tous comme lieu de rencontre avec Dieu mais aussi avec les autres. Dans sa lettre pastorale de 2024, Mgr Ulrich invite ainsi à faire de la réouverture de Notre Dame de Paris « une place aux plus précaires, aux isolés, aux oubliés ». Et « à participer ensemble à la construction permanente de la cathédrale de frères et sœurs, porteurs d’évangile en paroles et en actes. » Aidés par la Parole et les sacrements, le Carême vise à nous faire rejoindre le Christ jusque sur les croix du monde et à faire du « sanctuaire » de notre cœur un Toit et pour Dieu et pour les autres.
Michel Retailleau
Genèse 22, 1-2. 9-13.15-18 - Psaume 115 (116b) - Romains 8, 31b-34 - Marc 9, 2-10
Jésus emmène Pierre, Jacques et Jean, sur une montagne. Là Il leur fait vivre un moment exceptionnel. Il est transfiguré, métamorphosé devant eux. Il est revêtu de lumière éblouissante. Et il s’entretient avec deux grands saints de la Bible, morts depuis longtemps, Moïse qui représente la Tora et Elie le grand prophète : nous sommes dans le monde de Dieu. Jésus apparait comme un être divin. On pense à la parole de Jésus à Philippe, la veille de sa mort. « Philippe qui me voit, voit le Père. » La voix de Dieu l’atteste : « Celui-ci est mon Fils bien aimé, écoutez le. »
Alors que les gens se demandaient : quel est cet homme dont la parole a une telle autorité sur la mer déchainée, sur les démons, sur les maladies ? Alors que les disciples eux-mêmes peinaient à comprendre et s’attiraient les reproches de Jésus : « Etes-vous bouchés ? Vous ne comprenez pas encore ? ». Ce jour-là Jésus se dévoile, et Dieu lui rends témoignage : « Celui-ci est mon fils bien aimé. »
Peu avant, Pierre avait fini par entrevoir la vérité de Jésus : « tu es le Christ, le messie » Jésus n’avait pas démenti, mais il l’avait contrarié aussitôt en leur annonçant ouvertement que bientôt à Jérusalem, il devrait affronter ses adversaires et la mort, avant de ressusciter. Pierre qui protestait s’était fait sévèrement remettre en place. Et Jésus leur annonçait que leur sort ne serait pas meilleur que le sien.
Quelque temps plus tard, sur une autre hauteur, celle de Jérusalem et du calvaire, Pierre et les autres devront, dans la douleur, reconnaitre Jésus comme le Fils bien aimé, et se souvenir de sa parole « qui me voit le Père. » Ils l’ont vu dans la gloire, ils devront le reconnaitre aussi dans son abaissement. Ils ont eu un bref instant le témoignage de sa véritable identité, et un avant-gout de sa résurrection, mais ils ne le comprendront que plus tard. Et comme Jésus le leur recommande ils se tairont sur cette révélation. Cependant cette pause sur la montagne leur aura fait du bien, les aura confortés dans leur foi en Jésus et rassurés. Ils y auront puisé du courage et des forces pour aller avec lui à Jérusalem.
« Écoutez-le : » Les apôtres étaient invités à suivre Jésus, jusque dans sa passion, et à lui faire confiance quoi qu’il arrive. Ce même chemin nous est proposé. Il arrive dans notre vie que nous ayons des moments où Dieu se fait proche. Où notre cœur est joyeux d’être accordé à lui. Ces moments sont toujours dans la prière. Ce sont des évènements liturgiques : la messe, le carême, le sacrement des malades, l’appel décisif des catéchumènes. Ce sont des évènements de la vie courante : une rencontre, une délicatesse, un pardon qui tout à coup nous ont fait du bien. Tout moment de notre vie, s’il est relu et médité dans la prière peu devenir un évènement spirituel où Dieu parle. Ces moments nous sont donnés pour le bonheur, pour recharger nos batteries, redonner de la force à notre foi et à notre courage. L’essentiel est d’entendre Dieu nous dire : Ecoutez le. Ecoutez Jésus, Ecoutez sa Parole, dans les bons et les mauvais jours, dans la santé et la maladie, dans la vision claire comme dans les doutes. Écoutez-le et suivez le sur les chemins de l’amour et du don.
Robert JOURFIER
Nous poursuivons la lecture de l’Évangile de saint Marc qui nous fait entendre le récit du séjour de Jésus dans le désert. Un récit très court, deux versets, deux phrases. Mais l’essentiel nous est dit : « Jésus vient d’être baptisé. Aussitôt, l’Esprit le pousse au désert. Il reste là quarante jours, tenté par Satan, servi par les anges. » C’est dire que Jésus, au tout début de sa mission, croit bon de se retirer à l’écart, dans la solitude. Il se donne du temps pour prier Dieu, réfléchir sur cette mission dans laquelle il va s’engager, sachant bien qu’elle ne sera pas facile.
Pourquoi l’Église nous fait lire ce récit ? Pour entrer dans la démarche du Carême. Ces 40 jours rappellent les 40 ans où les Hébreux ont erré dans le désert et où Dieu les a mis à l’épreuve. Mais si ceux-là n’ont pas toujours écouté Dieu, Jésus lui est resté obéissant à son Père. À l’exemple de Jésus, nous sommes invités à vivre ce temps de prière et de pénitence en nous laissant guider par l’Esprit. N’avons-nous pas besoin de ce temps d’arrêt pour revoir notre vie, raviver notre foi, rendre notre vie plus conforme à l’Évangile, et devenir avec plus de vérité les disciples du Seigneur ?
Les tentations de Jésus ! Matthieu et Luc dans leurs Evangiles parlent avec détail de trois tentations. Marc, toujours plus bref, se limite à quelques mots : « Jésus est tenté par Satan, » pas plus. Des tentations ? N’est-il pas le Fils de Dieu ? Oui, mais il est aussi cet homme de Nazareth en Galilée, vraiment Dieu et vraiment Homme ! Ces tentations dans le désert sont comme l’annonce de ce qu’il aura à affronter tout au long de son ministère. Il sera mis à l’épreuve au travers des demandes, des sollicitations de ses disciples et de la foule ou encore par l’opposition des grands-prêtres, des pharisiens, des scribes. Il aura à choisir entre un messianisme social, politique même, et le salut spirituel de l’humanité.
Les tentations, ce sont toutes ces fois où Jésus a dû dire NON à ce qu’on lui proposait et qui ne correspondait pas à sa mission, toutes ces fois où il a dû faire le choix de la fidélité à son Père. Nous ne pouvons ignorer cette expérience, tellement dérangeante, que Jésus a vécue à la fin de sa vie au Jardin des oliviers. Voyant venir la passion et la mort sur la croix, il aura inévitablement la tentation de reculer : « Mon âme est triste à en mourir ! ... Père, à toi tout est possible, écarte de moi cette coupe ! … Pourtant, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux ! » Il est bien clair que sa volonté d’homme a dû faire l’effort pour s’accorder à celle de son Père. « Jésus tenté par Satan, servi par les anges » ! Ces mots nous disent que Jésus a vécu notre vie humaine dans la vérité et dans une totale fidélité à Dieu son Père !
Jean Pierre MAÇON
Lévites 13, 1-2. 45-46 - Psaume 31 (32) - 1 Corinthiens 10,31 - 11, 1 - Marc 1, 40-45.
Voici qu’un lépreux vient à la rencontre de Jésus. La Tora imposait aux lépreux des conditions violentes. Ils devaient rester les cheveux en bataille, avoir le visage couvert, les vêtements déchirés, demeurer en dehors du village, et s’annoncer en criant « impur ! impur ! » Cela n’avait pas changé au temps de Jésus.
Etre pur était une obsession, parce que pour s’approcher du Dieu très saint et très pur, participer à la vie sociale et religieuse, il fallait être pur. Et donc éviter les gens impurs. On craignait une double contamination : la contagion de cette terrible maladie, d’abord. Ensuite la contagion du péché, car les maladies leur apparaissaient comme les punitions divines du péché. Un malade était forcément pécheur. Donc le lépreux était doublement rejeté. Et rejeté au nom de Dieu. C’était vraiment la double peine. Des gens en grande souffrance se trouvaient exclus au nom de Dieu.
C’est bien pourquoi Jésus n’a pas hésité à transgresser la Tora et à laisser le lépreux transgresser. Ils auraient dû s’éviter. Le lépreux aurait dû passer au loin et Jésus n’aurait pas dû l’accueillir, encore moins le toucher comme il l’a fait. Le lépreux était conduit par la foi, car la renommée de Jésus commençait à se répandre en Galilée. Jésus était conduit par la compassion qu’il ressentait devant toute personne en souffrance. Il s’identifiait même à ces personnes « j’étais malade et tu m’as visité. » Et il était conduit par le témoignage qu’il devait à Dieu, un Dieu qui aime l’humanité et ne veut pas que quiconque puisse être mis de côté en son nom : ni les malades, ni les pécheurs...
« Je le veux soit purifié » dit Jésus. Et il ordonne à cet homme d’aller faire reconnaitre sa guérison par les prêtres car c’était la condition pour être de nouveau admis dans la société. Il lui interdit d’ébruiter l’affaire, car commençant sa mission par une double transgression il ne veut sans doute pas en rajouter face aux prêtres. Mais le lépreux revenu dans la société des hommes répand la nouvelle, si bien que c’est Jésus qui doit rester à l’écart dans le désert. Il prendra la place du lépreux jusque sur la croix..
Aujourd’hui les exclus ne manquent pas. Ceux qu’on tient à distance, qui nous font changer de trottoir. Ceux qu’on ne veut pas dans des foyers ou des structures sociales proches de chez soi. Ces personnes malades, ou handicapées ou âgées laissées de côté. Ceux qu’on laisse mourir seuls. Et dans l’Eglise ceux qu’on ne veut pas bénir...
Jésus nous les a confiés. Il nous demande de poursuivre sa mission et de montrer par nos actes le vrai visage du Dieu de miséricorde pour qui il n’y a pas d’exclus. Le sacrement des malades que nous recevons aujourd’hui est un aspect de cette mission qui continue l’œuvre de Jésus : c’est Lui qui agit. Et Il nous faut la foi du lépreux pour nous approcher de Lui. Il faut la foi de ceux qui demandent. Il faut la foi des prêtres qui célèbrent. Il faut la foi de toute notre assemblée et de l’Eglise. Par cette onction l’Esprit saint nous donneras des forces nouvelles et un renouveau de la confiance en Dieu. Nous lui demanderons les uns pour les autres qu’il nous pardonne, nous sauve et nous relève.
Robert JOURFIER
Dans l’évangile d’aujourd’hui, nous trouvons peu de discours. Il y a surtout de l’action. Des gestes significatifs sont posés par Jésus, qui nous instruisent sur le mystère du Christ et sur le mystère de l’Église. Ils sont des points de repère pour notre expérience en paroisse encore aujourd’hui.
Vous avez remarqué que les disciples sont là avec Jésus, en formation. Ils apprennent en voyant agir leur maître, à le suivant, en faisant comme lui. Nous apprenons nous aussi, à vivre en disciples du Christ, pour marcher mieux sur ses traces et réaliser avec lui son projet. Voyons rapidement les orientations que Jésus donne à son action en ce tout début de son ministère en Galilée.
D’abord il va dans la maison de Simon et André. Vite, il prend soin de la belle-mère de Simon, au lit. Que se passe-t-il ensuite ? Sans doute, on mange, on fraternise. Jésus se retrouve dans l’intimité d’une famille. Ce détail souligne l’importance de notre chez nous, de notre maison. Lieu de repos, de convivialité. Un lieu essentiel de l’Église, la cellule où Jésus lui-même s’invite et se rend présent.
Puis c’est l’affluence des gens auprès de Jésus. Jusque tard dans la nuit, Jésus porte attention aux malades, aux éprouvés de la vie. Son accueil leur fait du bien. Il les libère de tout esprit mauvais. Son action transforme le milieu. Un travail jamais achevé, un chantier toujours ouvert sur les malheurs du monde et sur ses rêves. Les gestes de Jésus nous rappellent notre responsabilité sociale. Les chrétiens ne s’évadent pas du monde. Ils s’y engagent – avec cœur et intelligence – pour un mieux-être, un mieux-vivre de chacun et de toute la société : exemple chez nous, les chaussettes du cœur.
Et au petit matin, avant l’aube, Jésus s’échappe, il va à l’écart pour un temps de prière. En tout premier lieu, seul avec son Père. Pour la louange. Pour l’intercession. C’est là qu’il nous donne rendez-vous pour le trouver. C’est là qu’il faut nous trouver, nous aussi. Faisant ainsi de la prière, de la célébration, de l’adoration, de l’eucharistie, une priorité.
Avec le 4e pôle, nouveau point de départ : Jésus nous presse d’aller ailleurs proclamer la Bonne Nouvelle. Il insiste. Il nous entraîne avec lui pour une œuvre de lumière, en nous invitant à l’intelligence du sens de la foi. J’aime à voir en tout cela les traits de notre identité chrétienne, voir ce qui doit occuper une communauté de disciples du Christ. Nous avons tellement de choses à faire ensemble. Des rencontres ouvertes empreintes de fraternité. Je vois ainsi l’Église en Chemin.
Jean Pierre MAÇON
Deutéronome 18, 15-20 - Psaume 94 (95) - 1 corinthiens 7, 32-35 - Marc 1, 21-28
C’est jour de sabbat. Pour Jésus c’est sa première journée de mission. Elle commence à la synagogue. Et là, Il enseignait. Il enseignait en homme qui a autorité, on peut traduire qui parlait avec puissance. Ces mots sont répétés plusieurs fois. Il enseignait et sa parole impressionnait les gens. Mais qu’enseignait-il ? Marc n’en dit pas un mot. Il dit seulement qu’il n’enseignait pas comme les scribes. Les scribes enseignaient en s’appuyant sur les paroles de ceux qui avaient enseignés avant eux. Jésus parlait avec autorité et puissance, de lui-même, habité par la présence divine qui l’anime et l’inspire. C’est cette présence qui lui donne autorité. Et aussi parce que sa parole est parfaitement cohérente avec ses actes de guérison et de libération.
Justement l’enseignement de Jésus fait réagir un homme tourmenté par un esprit impur. Dire que cet esprit est impur c’est dire qu’il rend incapable d’être en relation avec Dieu, qui Lui, est le Pur et le Saint. L’homme commence par repousser Jésus. Il l’agresse à la manière des jeunes qui se provoquent : « Quoi, tu me cherches ? Qu’est-ce que tu me veux ? » C’est un refus de relation avec Lui ! Puis c’est la panique, Il se sent menacé : « Es-tu venu pour nous perdre ? ». Puis il se défend en disant très vite « Je sais qui tu es, je te connais, tu es le saint de Dieu. »
Cet homme est le symbole de nous tous qui sommes aliénés par le péché et en difficulté pour aller à Dieu. Il nous arrive aussi de paniquer devant certaines exigences de Jésus qui nous font peur. Et comme cet homme nous disons très vite « oui je connais, oui j’ai déjà entendu cela ». Et c’est une façon d’évacuer le problème, un refus de se remettre en question. Mais Jésus n’est pas venu pour nous perdre, il n’est pas l’ennemi de notre bonheur. Il est venu sauver. Et Dieu ne nous invite pas seulement à savoir qui il est, mais
à croire, c’est-à-dire à lui faire confiance dans une relation vraie, faite d’écoute et d’amour.
Jésus le rembarre : « Sois muselé ». Il lui impose le silence et lui ordonne de sortir de cet homme tourmenté. Et l’esprit impur s’en va en secouant l’homme et en vociférant. Voilà l’autorité de Jésus. Sa parole est puissante. Elle touche au plus profond. Jésus est bien cet homme fort dont parlait Jean Baptiste (celui qui est plus fort que moi, vient après moi...) Et toute sa mission, jusque sur la croix, sera un affrontement avec les forces du mal et de la mort. Les gens sont dans la stupeur et commencent à se demander « qu’est-ce que cela veut dire ? Et quel est cet homme capable de commander avec autorité aux esprits mauvais ? » On ignore ce qu’il enseignait ce jour là. Mais on l’a vu agir.
Les quatre disciples que Jésus venait juste d’appeler, et qui ont été témoins de la scène, vont continuer cette lutte avec Lui. Et nous à leur suite. Notre christianisme doit être source de libération. Nous sommes dépositaires de l’autorité de Jésus et de sa force pour museler les esprits mauvais qui nous tourmentent et tourmentent le monde. C’est un combat contre ce qui amoindri, ce qui nous blesse et blesse les hommes. Contre ce qui nous empêche d’être vraiment homme et de correspondre au projet de Dieu.
Robert JOURFIER
En cette Nouvelle Année, l’Évangile de l’appel des premiers disciples nous rejoint pour donner un horizon au temps que nous vivons. Si pour nous, le temps humain que nous comptons en jours, mois, années… file entre nos doigts, le temps de Dieu ne coïncide pas entièrement avec ce temps-là. Pour Jésus, « les temps sont accomplis. Le Règne de Dieu est tout proche ». Avec la venue sur terre de Jésus en qui Dieu s’est fait homme, le temps des hommes est impacté mystérieusement par le temps de Dieu et sa promesse d’éternité. D’où l’expression de St Paul dans la 2ème lecture : « il passe ce monde tel que nous le voyons. » La Résurrection travaille secrètement notre monde. « Convertissez-vous, (= tournez votre regard vers ce monde qui vient), et croyez à l’Évangile », nous crie encore Jésus. Aussi, pour annoncer cette Bonne Nouvelle, il a voulu appeler certains à « devenir pêcheurs d’hommes ».
Surprenante expression ! La tradition biblique aurait été d’appeler d’abord non des hommes de la mer mais des hommes de la terre : bergers, semeurs, bouviers… Or, Jésus a voulu choisir d’abord des marins pêcheurs, et les « faire devenir pêcheurs d’hommes ». Pourquoi ? Il a pu vouloir que la mission soit portée par des gens persévérants à l’image des marins capables d’affronter les vents contraires et les tempêtes ? Il a pu vouloir qu’ils soient des hommes de fraternité et de solidarité habitués à vivre dans le même bateau, et donc avec le sens de l’obéissance. Ce qui caractérise encore les marins, c’est qu’ils ne sont pas maîtres de leur pêche. De même, les pêcheurs d’hommes auront à vivre la confiance, l’abandon en Dieu. A certains jours, ils rentreront bredouilles sans résultat, à d’autres, ils s’émerveilleront de « la grâce » de belles conversions. Autant de situations missionnaires que les pêcheurs d’hommes de toute époque, qu’ils soient hommes ou femmes, prêtres ou laïcs, auront à rencontrer.
Mais on ne naît pas « pécheur d’hommes », l’Esprit nous le fait « devenir ». On le devient en découvrant qu’avec l’Église, nous n’avons pas à être repliés sur nous-mêmes mais « en sortie ». En risquant nos existences à « sortir » à la rencontre avec d’autres qui pensent et croient autrement. On le devient en faisant de la fraternité et de la solidarité des moments de « tressaillement de la foi vers le prochain » (pape François à Marseille)… On le devient aussi en se découvrant « appelé » comme Simon et André, Jaques et Jean à « venir au Christ » par la prière, l’accueil de la Parole, les sacrements et la contagion d’une vie communautaire … Devenus Pêcheurs d’hommes, nous formons ainsi les mailles du filet que le Christ lance chaque jour dans les eaux troubles de notre monde pour l’inviter à Le rencontrer.
Michel Retailleau
Jn 1, 35-42 ; Samuel3, 3-10, 19
Que cherchez-vous ? Que cherchons-nous ? Le bonheur, la paix, la guérison, la vie, la vérité, la sécurité, la liberté ? Tout cela sans doute, ces deux disciples de Jean le Baptiste l’attendaient, le désiraient. Mais, face à Jésus, à sa présence, leur réponse est plus simple, plus modeste en apparence mais en fait décisive : « Où demeures-tu ? » Non pas : Qui es-tu ? Que viens-tu faire, que nous offres-tu, que nous promets-tu ? mais : « Où demeures-tu ? » Pour avancer vers Jésus, il faut un désir, un désir multiforme, le désir plus ou moins clair qu’une vie meilleure est possible, qu’une vie plus pleine, plus forte, plus vivifiante, ne se tient pas trop loin de nous ; il ne faut pas chercher une réponse toute faite, mais être prêt à cette expérience : « ‘’Venez, et vous verrez’’. Ils allèrent donc, ils virent où il demeurait, et ils restèrent auprès de lui, ce jour-là. » Jésus ne leur fait pas de discours, il les invite à passer un peu de temps avec lui. Ce fut si intense, si fort, qu’ils s’en souvinrent jusqu’à la fin. Nous-mêmes, chacun à sa manière, vous avons fait la rencontre d’un chrétien, d’un prêtre ou d’un laïc, et ensemble nous avons éprouvés le désir d’aller un peu plus loin dans la découverte de la présence de Jésus, parce que nous avons pressenti que sa proximité nous rendait plus vivants ou mieux vivants.
De même que les disciples André et son compagnon se souviennent de l’heure, mais aussi du lieu, de l’atmosphère, qu’ils ressentent encore, des années plus tard, par-delà la Passion et la Résurrection, de l’émotion de cette première rencontre qui les a tant marqués, de même, nous aussi, nous nous souvenons de certains moments cruciaux de notre vie où nous avons pressenti que Dieu était là.
Dans l’Ancien Testament, nous avons entendu proclamer le récit de l’Appel que Dieu adressa à Samuel, futur prophète, encore un enfant. Quadruple appel, quadruple réponse, trois fois sans comprendre, la quatrième dans l’attitude juste : « Parle, ton serviteur écoute ». Le jeune Samuel croyait être appelé par le vieux prêtre Elie pour qu’il lui porte assistance ; Dieu ne vient pas pour recevoir de l’assistance, mais pour que Samuel l’écoute. Dieu appelle, pas d’abord pour dicter des choses à dire ou à faire, mais pour être avec celui ou celle qu’il appelle, comme un ami est avec un ami. On apprend à se connaître, on se devine, peu à peu l’autre devient moins un inconnu et davantage un autre soi-même. Ainsi en va-t-il avec Dieu. Comme Jésus propose aux disciples de Jean de venir avec lui et de voir, de demeurer avec lui, de passer avec lui un moment, sans rien faire d’autre qu’être ensemble, de même Dieu appelle Samuel simplement pour converser avec lui. Mais plus tard, Il lui confiera une mission.
Jean Pierre MAÇON
Isaïe 60, 1-6 - Psaume 71(72) - Ephésiens 3, 2-6 - Matthieu 2, 1-12
Autrefois pour nous chrétiens, les autres religions étaient toutes dans l’erreur. Et nous apportions la vérité. On disait « hors de l’Eglise, pas de salut » Nous n’avions pas forcément du mépris pour eux, mais au moins une certaine condescendance. D’où le désir de les convertir. Mais le travail des missionnaires nous a appris à nuancer et à mieux connaitre et apprécier ces cultures et religions parfois si différentes de la nôtre. Et le concile Vatican 2 a pu déclarer que l’Eglise ne faisait pas qu’apporter au monde, elle recevait aussi beaucoup du monde (Gaudium et spes 44). Et elle disait « ne rien rejeter de ce qui est vrai et saint dans les autres religions » (Nostra aetate). Aujourd’hui, tout en étant fiers de notre foi au Christ Jésus, nous comprenons mieux que l’Esprit saint est à l’œuvre chez tous les hommes.
L’Esprit saint était dans ces mages venus d’Orient à la crèche de Jésus. Ils étaient Perses ou Babyloniens. Ils étaient considérés comme païens et donc infréquentables. Ils n’étaient pas rois, mais prêtres et astrologues et guérisseurs. Ils interprétaient les évènements et les phénomènes naturels. Ils ne connaissaient pas le Dieu unique de la Bible. Mais ils étaient des chercheurs. Ils cherchaient avec leur raison, leur science astrologique, leur paganisme. Et Dieu les a conduits au Christ
qui se lève pour tous les peuples (Nombres 24, 17). Les mages connaissaient-ils ce texte ? Ou celui d’Isaïe lu en première lecture, qui voit la lumière de Dieu se lever en Israël pour tous les peuples ? Ont-ils vus un nouvel astre dans le ciel annoncer une naissance exceptionnelle ? Toujours est-il que Saint Matthieu nous fait comprendre que Jésus est cet astre brillant destiné à illuminer non seulement le peuple de Dieu, mais aussi tous les peuples. C’est ainsi qu’il conclura son évangile : « Allez, de toutes les nations faites des disciples » Les mages sont les représentants de toutes les nations païennes qui suivront le Christ après la résurrection, lorsque les apôtres iront l’annoncer aux païens de Corinthe, de Rome, d’Irak, d’Inde ou d’Egypte...
C’est pourquoi les chrétiens sont universalistes. Nous ne faisons pas de différence entre les peuples. Nous savons que tous sont aimés de Dieu, et que Jésus est venu pour tous. Et dans une époque où grandit le repli sur soi, et où s’organisent des murs et des frontières étanches, nous n’avons pas peur de vivre ensemble.
Ces païens ont été conduits à Jésus. Mieux ce sont eux qui ont révélé aux autorités politiques et religieuses d’Israël, Hérode, les prêtres et les scribes, que le messie était né. Mais ils ont eu besoin que les scribes leur confirment le lieu selon les prophéties, car c’est à Israël qu’a été donnée la révélation. Ainsi nous qui avons aussi reçu cette révélation de Dieu, lorsque nous voulons apporter le Christ aux autres, soyons certains que souvent c’est chez ces autres que nous allons le trouver, parce que son Esprit nous y précède.
Robert JOURFIER
Les crèches sont faites pour attirer le Regard et toucher le cœur, pour nous apprendre à Regarder et à entendre l’appel à Renaître. Le chant qui nous a accompagnés au début de la veillée le soulignait : « Regardez… Il ne faudrait qu’un brin de foi et vous verriez les arbres dans la mer. » En écho à la parole de Jésus : « Si vous aviez la foi grosse comme une graine de moutarde, vous diriez à cet arbre : Déracine-toi et plante-toi dans la mer. Et il vous obéirait (Luc 17, 6). Ce soir, regardez les bergers regarder l’enfant de la crèche et découvrons cette fraîcheur et cette nouveauté qu’apporte un regard de foi !
Les Bergers sont ceux qui savent cultiver l’invisible. En se réchauffant près du feu, ils guettent l’aurore comme l’annonce d’un jour nouveau où tout redevient possible. Nous, nous vivons sous la pression du temps, du zapping et du shopping, qui nous fait souvent survoler la vie et aussi voler la vie. Eux, environnés du mystère de la nuit étoilée, regardent les premières lueurs du jour comme un cadeau chaque matin renouvelé. Vivant dans la sobriété et la simplicité, ils baignent dans le mystère de la Création et de son Créateur. Aussi sont-ils ouverts aux surprises !
Et quelle Surprise cette nuit-là ! « L’ange du Seigneur se présente devant eux et la Gloire du Seigneur les enveloppe de sa lumière. » Eux, les méprisés des gens de la ville, découvrent étonnés qu’ils sont les premiers à approcher cette Gloire. Et aussi, qu’ils sont chargés d’annoncer la « grande Joie pour tout le peuple (qu’un) Un Sauveur est né ». En regardant l’enfant, ils n’en croient pas leurs yeux : s’ils ont la priorité de cette Nouvelle, ne serait-ce pas que Dieu choisit d’aimer en priorité les petits comme eux ? Oui mais, si Dieu est Dieu, il ne peut s’empêcher d’aimer l’humanité entière. Et ça veut dire que Dieu n’est qu’Amour et qu’il va jusqu’à inviter chacun à se laisser aimer par Lui ? C’est trop grand pour leur esprit !
Et, sans cesser de regarder le nouveau-né, les bergers entendent les propos encore plus étranges de l’ange : « Le signe qui vous est donné, c’est le nouveau-né couché dans la mangeoire ». Il leur faut ajuster leur regard à cette Parole : le Sauveur, lui cet enfant qui ne sait pas parler ? Il leur faut une Lumière pour découvrir que Dieu ne s’impose pas par la force mais qu’il se propose comme Ami et Compagnon avec qui cheminer vers une vraie liberté et vérité de son être… « Regardez » les Bergers regarder l’enfant. Ils nous disent comme le chant qu’« il ne faudrait qu’un brin de foi » pour voir la puissance de Dieu opérer des transformations dans notre vie et celle du monde en Regardant Dieu autrement.
Michel Retailleau
Il y a peu, nous célébrions un « Christ Roi » humble. Jean le Baptiste, son Précurseur qui apparaît aujourd’hui dans cet Evangile lui ressemble dans une forme d’humilité : il ne se rattache à aucune école, ni à aucun maître, ni à Elie ni au Prophète attendu. Il parle de sa propre autorité en appelant lui aussi, à la conversion. Mais en même temps, il est bien différent du Christ de qui il est la Voix annonciatrice. Voix de tonnerre qui en impose à ses auditeurs, les pressant de fuir la Colère de Dieu alors que Jésus, qui mange et boit avec les pécheurs, enseigne un Dieu de Miséricorde. Pourtant, ce 3ème dimanche de l’Avent nous le met scène alors qu’il n’est pas la lumière mais le Témoin de la Lumière qu’est le Christ.
Jean Baptiste est un TEMOIN privilégié de la recherche de Dieu, éclaireur avant-coureur de l’Attente du Messie au sein du peuple Juif. Rien de raffiné dans son habit et sa nourriture mais la vie rude du désert a fait de lui un homme libre à l’égard des mille besoins que l’on croit indispensables pour vivre. Cet homme a été affiné au plus intime de son humanité à se frotter à la Parole de Dieu mille fois ruminée. Il a même été si creusé intérieurement par cette Parole que Celle-ci se dit par tout son être. Mais « cet homme n’était pas la lumière, il était là pour rendre témoignage à la lumière. »
Si Jean Baptiste est un Témoin d’exception, c’est parce qu’il demeure aussi pour nous une VOIX, un CRI où c’est non seulement tout lui-même mais aussi Dieu en Personne qui crie que l’homme ne peut pas vivre ainsi, recroquevillé sur lui-même. Qu’il doit risquer son existence jusqu’à « redresser les chemins » de son existence pour accueillir le Seigneur qui Vient. Car accueillir le Christ, c’est ranger sa vie et son cœur, nettoyer sa manière de voir et de croire, et apprendre le souci des autres. Et ce « redressement » est en même temps un « retournement » de l’être que seule, une Voix impérieuse comme Jean, peut réveiller.
Mais le Baptiste n’a pas prêché la JOIE que l’Eglise célèbre en ce 3ème dimanche de l’Avent, il l’a préparée par sa radicalité. Notre monde confond souvent joie et plaisir et passe à côté de la vraie vie. En cultivant notre vie intérieure, nous permettons à Dieu de devenir « un Bonheur dont on ne se rassasie pas ». En collaborant aux germes de vie et de fraternité qui naissent dans nos quartiers, nous « faisons mémoire » de Celui qui est venu appeler l’humanité à la Lumière. « Soyez toujours dans la Joie, dit St Paul (2è lecture)… Que votre esprit, votre âme et votre corps soient tout entiers gardés sans reproche pour la venue de notre Seigneur Jésus-Christ. » Seigneur, Viens, nous t’attendons pour nous apprendre la Joie !
Michel Retailleau
Aujourd’hui, je vous propose de nous arrêter sur le mot “Commencement”, c’est d’ailleurs le premier mot de cet Évangile. Cela nous renvoie au premier récit de la Création dans le livre de la Genèse : “Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre (Gn 1, 1). Manière de dire que Dieu est le « commencement » de toutes choses. L’Évangile de Marc nous invite aussi à accueillir Jésus qui fait toutes choses nouvelles. Le chrétien c’est quelqu’un qui commence chaque jour et à toute heure de la journée.
Saint Marc nous présente le “commencement de la bonne nouvelle de Jésus Christ Fils de Dieu”. C’est donc Dieu lui-même qui vient en la personne de Jésus. Cet Évangile s’ouvre par la prédication de Jean Baptiste : “À travers le désert, une voix crie… et Jean Baptiste parut dans le désert”. Alors, on peut se poser la question : pourquoi avoir choisi le désert pour annoncer cette Bonne Nouvelle ? Pourquoi n’avoir pas choisi un lieu passager pour les foules ?
En fait, il y a plusieurs raisons : dans le monde de la Bible, le désert, c’est un lieu symbolique très fort. C’est le lieu de la rencontre avec Dieu. C’est dans cet espace dépouillé que Dieu parle au cœur de l’homme pour l’inviter à se convertir : “Préparez les chemins du Seigneur, aplanissez sa route…” Nous voici donc mobilisés. Nous devons nous arracher à nos fauteuils confortables, retrousser nos manches et mettre la main à la pâte. Se convertir, c’est sortir de nos habitudes sclérosées et de nos lamentations stériles. Jean Baptiste nous recommande d’aplanir la route. Il s’agit d’enlever tous les obstacles pour que le Seigneur puisse passer et que nous puissions l’accueillir.
Dans tous ces déserts, nous voyons des hommes qui n’arrivent pas à se comprendre ni à se supporter.
Or c’est là que le Christ nous rejoint pour venir nous chercher. L’Évangile commence dans le désert de nos vies. Dans le sable du désert, il n’y a pas de vie. Mais quand il pleut, il peut arriver que le sol se recouvre ici ou là de végétation et de fleurs. De même, sans la présence du Seigneur, nos vies sont desséchées. Mais Dieu ne nous abandonne pas. Ce qu’il sème en nos cœurs ne meurt jamais. A la première occasion favorable, il se révèle pour transfigurer notre vie. Sachons que Jésus laisse à chacun la possibilité de se convertir. Si le Seigneur prend du temps, c’est pour laisser à l’humanité le temps de mûrir. Mais une chose est sûre : le jour du Seigneur viendra inexorablement et de façon imprévisible. C’est ce message que vient nous rappeler ce temps de l’Avent. L’important, c’est de se tenir tendu vers la pleine réalisation du projet de Dieu.
Jean Pierre MAÇON
En ce premier dimanche de l’Avent, nous ouvrons un nouvel évangile, pour un an, celui de St Marc. Dimanche prochain nous lirons le début. Mais aujourd’hui nous commençons cette lecture par la fin, nous lisons les dernières paroles de Jésus, juste avant son arrestation et sa passion. En fait Jésus annonce son départ, puis son retour dans la gloire. Depuis plusieurs dimanches, à travers des paraboles, il explique qu’il nous laisse, mais qu’il reviendra. Et il nous dit d’attendre son retour, non comme on attend le bus, en tuant le temps, mais avec vigilance et énergie. Ses consignes tiennent en un mot : Veillez. Il peut revenir à l’improviste et nous invite à ne pas nous laisser surprendre, comme St Pierre, au chant du coq, alors que Jésus l’avait invité à veiller avec lui.
C’est à cette attente vigilante que nous sommes invités en Avent. Ce mot (adventum en latin) signifie ce qui advient. Ce qui va arriver. C’est-à-dire qu’en nous préparant à célébrer l’anniversaire de la nativité de Jésus, nous sommes surtout tendus vers son retour dans la gloire, comme nous le disons à plusieurs moments de la messe. Ce temps d’Avent nous est donné pour creuser en nous le désir de ce retour de Jésus. « Ah si tu déchirais les cieux et si tu descendais ». Ce cri du prophète Isaïe (première lecture) est aussi notre cri du cœur. Devant l’état du monde, les guerres, les personnes assassinées massivement, les violences et injustices de toute sorte, tant de souffrances… et nos malheurs personnels, nos deuils, nos santés fragiles, « Ah si tu déchirais les cieux et si tu descendais ! ». Mais il est descendu ! dit le prophète Isaïe. Et Jésus est venu. Et nous avons la Tora et l’Evangile. Cela me rappelle un sketch ancien, de l’humoriste Michel Boujenah, où il donnait la parole au Bon Dieu : « Ils me prient sans cesse, ils me noient de paroles, mais ils ne m’écoutent pas ! Je leur dit : lâche ce fusil tu vas encore faire une catastrophe ! Mais ils n’écoutent pas et ils multiplient les catastrophes. »
Nous avons raison de prier Dieu, de lui demander son aide. Mais il ne fait pas sans nous. Et Il nous a confié la maison, fixé notre travail et il nous a donné tout pouvoir. Il nous confie le monde pour que nous en prenions soin. C’est ce que font les négociateurs de paix pour Gaza et Israël. C’est ce qu’imaginent les acteurs de la COP 28 à Dubaï. C’est aussi ce que nous devons faire, chacun à notre mesure : prendre soin du monde, de la paix, du climat, prendre soin les uns des autres. L’évangile de dimanche dernier le disait clairement : j’avais faim, soif, j’étais nu, malade, en prison, étranger... et tu es venu à moi.
Et prendre soin de l’Eglise bien sûr. En faire une Eglise fervente où Dieu est aimé et une Eglise ouverte. Il nous a donné les clefs, non pour que nous mettions les verrous de protection mais pour en ouvrir les portes largement, comme le pape nous y encourage sans cesse. En faire non une forteresse défendue par des douaniers tatillons. Mais une famille accueillante aux personnes de toutes les périphéries du monde et qui va au-devant.
Pour l’attendre ainsi « sa grâce ne nous manque pas », nous dit st Paul (2° lecture). Et nous ne serons pas surpris par sa venue. Et nous pourrons vivre éternellement « en communion avec Lui. »
Robert JOURFIER
"Au Nom de Dieu", que n’a-t-on commis dans l’histoire ? Les plus belles mais aussi les pires choses ! L’histoire passée comme présente en est une permanente illustration. Aussi, quand nous parlons du « Christ Roi », de quelle royauté s’agit-il ? "Es-tu le Roi des Juifs ? " demande Pilate à Jésus accusé d’agitateur. Sa réponse est claire : "Ma royauté n’est pas de ce monde ". Le Christ n’a jamais revendiqué d’être "Roi" tant ce mot pouvait contenir, dans l’esprit de ses auditeurs, des images de pouvoir humain. Alors, que veut dire : célébrer le « Christ Roi « ?
A lire le Jugement Dernier de Matthieu, c’est être prêt à de belles surprises, tant nous avons à l’esprit des représentations morbides de l’enfer, où se mêlent peur de l’inconnu et peur de Dieu. Or Jésus nous dira simplement : « J’avais faim et vous m’avez donné à manger » ou bien « J’avais faim et vous ne m’avez pas donné à manger. » Etonnement : « Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu ? Tu avais donc faim et nous t’avons donné à manger ? ». « Chaque fois que vous l’avez fait, c’est à moi que vous l’avez fait. » Surprise joyeuse pour les uns, mais surprise teintée de regret pour les autres : « Ah, si j’avais su que Jésus était là, j’aurais agi autrement. »
Surprise aussi pour les deux camps de découvrir que le temps de Dieu n’est pas celui des hommes. Ce temps qui s’écoule entre la Pâque de Jésus et son Retour en Gloire à la fin des temps n’est pas un temps vide où le Christ est absent du monde des hommes. Il y est présent d’une manière cachée mais réelle car, par sa Résurrection, il fait corps avec nos histoires personnelles comme avec la Grande Histoire de l’humanité. N’avait-il pas dit deux choses contradictoires en apparence. D’abord, « je reviendrai de la même façon que vous m’avez vu partir » puis, « Je reste avec vous jusqu’à la fin des temps » ? Le Christ est le Roi du temps. Le temps de l’histoire porte Jésus au plus secret comme une femme enceinte porte son enfant !
Le Christ Roi, finalement, c’est un Berger qui prend soin de son peuple (cf 1ère lecture Ezéchiel). C’est un Christ humble qu’on peut approcher dans le concret des visages humains blessés ou en manque d’amour que nous rencontrons : « j’avais faim, j’avais soif, j’étais étranger, nu, malade ou en prison. » Visages sur lesquels on peut entrevoir le Visage ROYAL du Christ : « CHAQUE FOIS que vous l’avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à MOI que vous l’avez FAIT. » Ô divine surprise, l’on s’attendait à être jugés sur des règles morales ou religieuses et sur des interdits. Et voila qu’on apprend que la rencontre avec le Christ Roi commence dès ici-bas dans notre rapport avec le prochain. Et donc que le Ciel a déjà commencé sur la terre. Ainsi va la Surprenante Grâce de Dieu !
Michel Retailleau
(19/11/23)
La parabole des talents nous renvoie à notre façon de vivre notre vie chrétienne. Elle est une source d’inspiration et de questionnements. Comment développer les dons reçus du Seigneur ? Comment incarner dans notre vie la Parole de Dieu ? Quels chemins prendre pour aller plus loin dans notre cheminement spirituel ? Quel soutien peut-on rechercher pour répondre au mieux aux attentes de Dieu ? Autant de questions qui se posent à nous. Il est important de les laisser monter en nous, même si nous n’avons pas toutes les réponses immédiatement.
C’est normal puisque dans le temps de l’Église, nous sommes comme des voyageurs en marche vers la demeure où Jésus nous attend : « Quand je serai parti vous préparer une place, je reviendrai et je vous emmènerai auprès de moi, afin que là où je suis, vous soyez, vous aussi. » (Jean 14, 3). Nous attendons dans la foi le Retour du Christ. Nous avançons tendus vers l’avant, poursuivant notre course en nous efforçant de mettre en œuvre les dons reçus du Seigneur, nos « talents ». Alors, comme le dit saint Paul dans la seconde lecture : « Ne restons pas endormis comme les autres, mais soyons vigilants » !
Le Maître, « Le Christ, » laisse à chacune et à chacun la liberté de faire ses choix. La réponse appartient à chaque personne. Par exemple, depuis quelques mois, une équipe du Secours catholique, s’est mise en place sur notre paroisse Ste Hélène. Chacun des participants de cette équipe a répondu présent à l’appel du SOS Catholique. Et ensemble, ils ont pris la tenue du service des plus pauvres, en participant suivant leurs talents, à l’œuvre du « Pain Partagé », rue Hermel. Vivre, partager, écouter, ne serait-ce pas là le remède d’un monde à l’image du Royaume que Jésus est venu apporter. Et vous les enfants du KT, dans quelques jours, vous prendrez le temps de partager les joies et les grâces que Dieu fait naitre en vous dans le service des plus pauvres.
Rendons grâces à Dieu aujourd’hui dans notre Eucharistie pour tous les « talents » donnés, et demandons la grâce de savoir les recevoir et les faire fructifier pour sa plus grande Gloire.
Jean-Pierre MAÇON
Cette sagesse est Vie. C’est bien ce que veut expliquer Paul dans sa lettre aux Corinthiens : « Frères, quand je suis venu chez vous, je ne suis pas venu vous annoncer le mystère de Dieu avec le prestige du langage ou de la sagesse. Parmi vous, je n’ai rien voulu connaître d’autre que Jésus Christ, ce Messie crucifié. » S’adressant aux Thessaloniciens, dans la seconde lecture, il nous redit que Dieu est le Principe de toute vie sur terre, pas seulement parce qu’il est Créateur mais aussi parce qu’il fait de nous des « vivants ». Dieu est plus fort que la mort, nous le croyons, il est le Principe de vie qui dépasse la mort corporelle. C’est pour cela que Paul a cette expression : « nous les vivants ». La Sagesse du Dieu Créateur est un Principe de vie qui dépasse la mort.
Elle est une Lumière de Vie qui illumine le monde. C’est bien de cette lumière dont il est question dans l’évangile de ce jour. La parabole oppose les vierges sages aux vierges folles. Il est bien question ici de Sagesse qui illumine le monde. Vit-on de la Sagesse même de Dieu ou bien pense-t-on que l’on peut s’en passer ? Entrons dans cette parabole : nous sommes la lampe et Dieu, la Lumière, que produit la lampe. La Sagesse est l’huile qui permet à la lampe de briller et de donner de la lumière. Pour alimenter notre lampe, il convient donc de laisser l’huile de Dieu, sa Sagesse, infuser notre vie de foi. L’huile c’est donc à la fois, la prière, la foi, l’espérance et la charité qui sont signes de la présence de la Sagesse de Dieu dans notre vie. Cela requiert que nous prenions conscience que nous avons notre part dans la participation active pour alimenter en huile divine notre lampe qui sans huile ne sert à rien.
Il arrive que des baptisés ne soient que des lampes sans huile, c’est-à-dire sans amour, sans justice, sans prière, et la grâce du baptême ne peut donc se déployer et la lumière de Dieu briller. D’autres par contre, par leur charité, leur sens de la justice, leur vie de prière, alimentent leur vie de cette huile qui permet à la Lumière de Dieu de briller dans la nuit du monde. Mais on ne peut donner de cette huile à ceux qui n’en ont pas, il y a un appel à la responsabilité et à la liberté de chacun. C’est à moi de mettre de l’huile dans ma lampe, pas aux autres. Je peux montrer l’exemple de la Sagesse mais je ne peux la donner. Ce qui donne un côté dramatique à cette parabole.
En résumé : la vraie Sagesse est un don de Dieu fait aux hommes. A ceux-ci de bien utiliser cette grâce, tout en restant conscients que la Sagesse parfaite, celle de Dieu, est au-dessus de notre portée. Et lorsqu’une chose nous semble incompréhensible, il faut tout simplement faire confiance à l’Amour de Dieu et à sa Sagesse.
Jean-Pierre MAÇON
Avoir de l’ambition, se faire un nom qui attire les regards, grimper dans la hiérarchie jusqu’à vouloir devenir « le plus grand, le premier », c’est le moteur puissant de nos sociétés. Qu’une société ait ses hiérarchies pour faire fonctionner la « vie ensemble » des citoyens aux sensibilités et intérêts différents, quoi de plus normal ! Mais attention danger… quand des personnes, des groupes, et même des hommes d’Église en viennent à une recherche de mondanités. Nous retrouvons ici la charge de Jésus contre les scribes et les pharisiens.
En effet, une vingtaine d’années après la Pâque de Jésus, la jeune communauté judéo-chrétienne est menacée de division en ayant laissé se former une classe de notables. Des frères se font appeler « Maître » ou « Rabbi » en raison de leur connaissance et capacité d’interpréter la loi de Moïse… mais sans trop se soucier de mettre en pratique leur enseignement. D’autres, se font remarquer par leurs dévotions, réclamant les premières places pour leur soi- disant « pureté » religieuse. Le ver de l’orgueil est dans le fruit de l’Église naissante.
Alors, Matthieu, va rappeler les paroles vigoureuses de Jésus plaidant pour une hiérarchie renversée : « Ne vous faîtes pas appeler Rabbi ou Maître, vous n’avez qu’un seul Maître pour vous enseigner et vous êtes tous frères. Ne donnez à personne sur terre le nom de père, car vous n’avez qu’un seul Père. Ne vous donnez pas le titre de maître, vous n’avez qu’un seul maître, le Christ. » Devant l’écart de ceux « qui disent et ne font pas », il leur enseigne que Jésus a eu un parler vrai et un agir vrai jusqu’à s’être « abaissé » en mourant entre deux malfaiteurs. Mais qu’« élevé auprès du Père » (Philippiens 2, 8-9), avec le seul titre de « Serviteur », il a témoigné par son humilité et sa disponibilité, ce qu’est une hiérarchie sans titres : « qui s’élève sera abaissé, et qui s’abaisse sera élevé ».
Les occasions de se faire « serviteur » ne manquent pas dans une vie de famille, à l’école, dans le quartier ou au travail. Dans une vie de paroisse aussi, à travers une diversité de tâches ou de responsabilités. Dans un monde toujours plus élitiste, le pape ne cesse de s’en prendre à la recherche de ‘mondanités’ qui risquent de pervertir le témoignage d’une Église servante et pauvre, à commencer chez les prêtres. Puissions-nous cultiver, laïcs et prêtres, l’esprit de service et de simplicité qui caractérise nos rapports individuels et communautaires à Ste Hélène. Car, devant Dieu et pour Dieu, nous sommes « tous frères » ! « Fratelli tutti » !
Michel RETAILLEAU
Les béatitudes qui nous sont offertes en cette fête de tous les saints sont les premières paroles publiques de Jésus en ses débuts de prédicateur. Elles disent comment nous pouvons vraiment vivre en acceptant la logique de l’Amour. Nous découvrons alors un Père qui nous invite à vivre une vie riche en Amour. Et le meilleur moyen d’entrer dans les béatitudes, c’est de regarder comment Jésus les vit lui-même.
Matthieu nous a transcrit ce discours de Jésus, et il fait prendre à Jésus un peu de hauteur et de profondeur, « après avoir gravi la montagne, il parle à tous. » Devant ses disciples et la foule des gens qui le suivent, Jésus énumère les chemins du bonheur selon Dieu. Mais c’est bien du bonheur de l’homme dont il s’agit. Chacune des Béatitudes commence par ce mot « Heureux. » Dieu connait donc l’homme et sait ce qui est bon pour l’homme ; il l’a fait, pour être heureux du bonheur de le chercher et de le trouver et ainsi choisir librement l’amour qu’Il nous porte.
L’humanité est invitée à le connaitre comme un Père infiniment bon et miséricordieux qui a envoyé Jésus son Fils dans le monde pour vivre sur le chemin de la rencontre avec l’humanité et nous ouvrir le chemin vers le Père. Chacun de nous est invité à mettre ses pas, à sa suite, tout en acceptant la souffrance, la maladie, la mort, et lui-même Jésus va souffrir, comme souffrent aujourd’hui les amis du Fils de Dieu tout en étant transfiguré par l’amour de Dieu.
Ces voies des Béatitudes sont des chemins de bonheur pour nous qui entendons « Heureux les pauvres. » Les pauvres de cœur, les pauvres en esprit, ceux qui ont une âme de pauvre, ceux qui ne sont pas attachés à la possession, ni à l’avoir, ni centrés sur eux-mêmes. La pauvreté effective, le partage, la générosité envers autrui sont tirés en avant par cette invitation à être pauvre de cœur pour le Royaume.
Ce qui rend heureux, c’est de savoir que l’on entre dans une vie personnelle habitée par Dieu. Cela ne plaît pas à tout le monde mais l’essentiel est que cela plaise à Dieu : « Heureux serez-vous quand on dira toutes sortes de mensonges contre vous ».
Jean Pierre MAÇON
Exode 22, 20-26 - 1 Thessaloniciens 1, 5-10 - Matthieu 22, 34-40
En période de crise (le Covid, le conflit Israël Palestine...) les télévisions invitent des experts. Des gens dont l’expérience, la formation et la culture sont reconnues. Ils ont parfois des avis opposés. Et leurs débats intéressent l’opinion parce qu’ils traitent de sujets qui nous touchent.
Alors que Jésus est à quelques jours d’être arrêté, les autorités religieuses lui envoient des experts pour le piéger en le faisant parler sur des sujets qui touchent de près l’opinion publique de l’époque : Faut-il payer l’impôt à César ? Les morts ressuscitent-ils ? Et dans l’évangile de ce jour : quel est le grand commandement dans la Loi ? Ce dernier débat intéresse bien sur, les gens parce que la Loi, la Torah régissait tout : la vie religieuse, sociale, politique, familiale. Et aussi la nourriture, la vaisselle, le vêtement ; les animaux : rien du quotidien n’échappait aux 613 commandements de la loi. Mais un commandement est-il plus important que les autres ? C’était un sujet de discussion dans les cercles de pharisiens.
Jésus prétend accomplir la loi mais il prend des libertés, par exemple il guérit le jour du sabbat et il mange avec les pécheurs et les impurs. Alors qu’en pense-t-il ? On lui demande un commandement il répond deux. Le premier ils le récitent deux fois par jour : Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, et de tout ton esprit. C’est un amour qui n’est pas purement sentimental, c’est un engagement de tout l’être, le cœur, la volonté, l’énergie, l’intelligence. L’amour dû à Dieu est sans limites.
Et il y en a un second. Il est semblable au premier au point qu’on ne peut pas les séparer : tu aimeras ton prochain comme toi-même. Ce commandement de la loi concernait les compatriotes juifs Pour Jésus le prochain est toute personne qui a besoin et dont je me fais proche. Cet amour peut aller jusqu’aimer l’ennemi. Et c’est comme moi-même que je dois l’aimer.
Pour Jésus ces deux commandements sont inséparables. Ils sont les deux faces de la même pièce. Saint Jean commentera en disant comment peux-tu dire j’aime Dieu, que tu ne vois pas, si tu n’aimes pas ton frère présent à ton côté ? L’amour du prochain est la mesure de notre amour de Dieu. Pour Jésus, ce double commandement est la clé pour comprendre et interpréter la loi, les prophètes et toute la Bible.
Déjà le décalogue liait ces deux amours. Les premiers commandements concernent l’amour de Dieu, tu auras un seul Dieu, pas d’idoles, tu respecteras son nom, et le jour du Seigneur, les autres concernent l’amour du prochain : pas de meurtres, pas de vol, pas d’adultère, pas de faux témoignages, tu honorera ton père et ta mère etc.. De même les prophètes : le jeûne que j’aime dit Dieu, c’est faire tomber les chaines injustes...(Isaïe 58, 6).
Mais finalement pourquoi vivre ce double commandement ? La première lecture d’aujourd’hui, tirée de la Loi motive l’amour des veuves, des orphelins, des étrangers, et des pauvres, par le fait que Dieu aime et a sauvé son peuple qui était lui-même pauvre et étranger en Egypte. La source de notre chemin d’amour de Dieu et des autres c’est la compassion de Dieu qui nous a aimés, sauvés, davantage encore en nous donnant Jésus.
Robert JOURFIER
Rien de nouveau sous le soleil, en période de crise, les impôts sont toujours une question ultrasensible ! A l’époque de Jésus, la situation politique et économique est explosive. La Palestine est occupée et la résistance juive s’oppose à l’occupant romain par le refus de l’impôt. D’autres comme les Hérodiens et les Pharisiens essaient de s’arranger avec les autorités en place. Et ils cherchent aussi à "mouiller" Jésus pour le compromettre : "Est-il permis, oui ou non, de payer l’impôt à l’empereur ?" Question habile mais diabolique...
Si Jésus répond : "Oui, il faut le payer ", pour le petit peuple écrasé d’impôts, c’en est fini de sa popularité. S’il répond "Non, il ne faut pas le payer", on va le dénoncer comme agitateur et rebelle à l’empereur. Jésus flaire le piège et répond habilement : "Montrez-moi cette monnaie !" De qui le dessin et la légende sont-ils ?" - "De l’empereur." Alors Jésus lance son fameux : "Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu"…révolutionnaire encore aujourd’hui tant la tentation demeure pour les uns de mêler politique et religion, comme on le voit encore chez les Djihadistes ! Mais mots dérangeants aussi pour d’autres qui voudraient enfermer la foi dans la seule "vie privée" pour mieux la neutraliser.
"Rendez à César ce qui est à César..." Jésus s’est toujours défendu de jouer un quelconque rôle politique : "Mon Royaume n’est pas de ce monde." Mais il invite à tenir compte de l’autorité politique qui cherche à organiser la vie en société. Et à être présent dans tout l’espace public pour y faire entendre sa Parole. Les chrétiens n’ont pas le droit de mépriser ’la politique’ au sens large : tout ce qui fait partie du ’vivre ensemble" de la cité. L’Évangile est fait pour être vécu dans toutes les dimensions humaines de la vie : économique, sociale, morale, éducative, familiale... En restant dans les sacristies, il perd son sel et son goût !...
"Et à Dieu ce qui est à Dieu." S’il faut "rendre à César ce qui est à César", cela ne veut pas dire qu’on doive accepter sans discernement toute décision politique, surtout quand on se prétend "dieu" comme l’empereur. Le 20ème siècle nous l’a tristement appris. Des sociétés qui ont voulu "se passer de Dieu", que ce soit au nom du ’dieu’ de la Race (Nazisme), du ’dieu’ de la Classe sociale (Marxisme), ont fini par écraser l’homme. Et notre siècle qui veut se bâtir au nom du ’dieu’ de l’Argent n’échappe pas à la règle ! Dans la phrase de Jésus, il y a ce "Et" qui unit les 2 membres de la phrase. La politique, pour importante et nécessaire qu’elle soit, n’est pas le tout de l’homme. Si César a son portrait gravé sur la monnaie, tout être humain, à l’intime de lui-même, est aussi frappé à "l’image de Dieu". Nous avons donc à "rendre à Dieu" cette image en mettant du ’spirituel’ dans la participation à la vie sociale. Notre monde manque cruellement de cet air-là. Si nous ne le mettons pas, qui le fera ?
Michel Retailleau
Voilà un texte d’évangile qui peut choquer à la première lecture. Jésus compare le Royaume de Dieu à un roi qui invite des gens aux noces de son fils. Et au fil de l’histoire, nous voyons défiler devant nous une succession de refus, de violence et de meurtre. Nous oublions aisément le côté festif de la comparaison et fixons notre attention justement sur ce deuxième aspect.
L’exemple utilisé par Jésus n’est pas choisi au hasard. Les noces, c’est un évènement très important : c’est l’union entre deux familles, la création d’un nouveau foyer et surtout, cette image du don de soi envers l’autre. Et ici, les invités d’honneur déclinent l’invitation et ce sont des « inconnus », voire, ceux qui sont mis de côté, qui viennent à la fête. Il y apparaît deux éléments importants. En premier, c’est de comparer le Royaume des cieux à une fête de mariage, c’est rappeler qu’il est un don de Dieu, qui se donne entièrement. En second, le royaume n’est pas une récompense pour certains, ni une question de mérite. Le refus des premiers invités n’arrête pas le projet du roi.
Pour autant, Jésus ne s’arrête pas là. Parmi ceux qui ont accepté l’invitation, il y en a un qui attire l’attention. Celui qui n’était pas habillé pour la fête. Comment alors comprendre qu’il se fasse expulser alors que nous avons vu que la fête est ouverte à tous ? Jésus se serait arrêté sur quelque chose de si superflu qu’un vêtement ? La réponse est, bien évidemment, non ! Quel élément peut nous permettre de comprendre cette demande du roi ? Le silence de cet homme. Le roi demande : « mon ami, comment es-tu entré sans avoir le vêtement de noce ? » et il s’en suit, le silence. L’homme ne répond pas à la question. Il refuse d’entrer en relation.
L’habit de noces de tout chrétien est la relation intime que nous sommes appelés à avoir avec le Seigneur. Nous pouvons dire des belles phrases, connaitre par cœur la Parole de Dieu, faire des bonnes actions à longueur de journées, mais si nous n’entrons pas dans une relation intime et véritable avec le Seigneur, c’est comme si nous n’avions pas le vêtement le plus important dans notre placard pour aller à une fête. Le royaume des cieux est donc le concret de notre relation avec le Christ. C’est ce vêtement là que nous recevons à notre baptême.
Ainsi, Jésus nous rappelle que nous aussi, nous devons apprendre à nous habiller. Pour certains, cela prend plus de temps, pour d’autres, ça va plus vite. Mais l’important c’est que notre cœur est appelé à être sans cesse « endimanché ». Nous sommes tous appelés ! Et le fait d’être élu dépendra de notre engagement sincère envers le Seigneur. C’est-à-dire, du fait que nous soyons prêts à vivre cette relation avec Jésus et à vivre de cette relation avec lui.
Jean Pierre MAÇON
Isaïe 5, 1-7, - Psaume 79, - Philippiens 4, 6-9, - Matthieu 21, 33-43
Le travail de la vigne est un travail délicat, méticuleux, intelligent, qui demande de l’attention en toute saison. C’est un travail de passion : les viticulteurs sont fiers de leurs vignes, et de faire gouter leur vin. C’est un travail risqué parce qu’un gel tardif en mai peut brûler les fleurs, et un orage en août peut anéantir la récolte... Le prophète Isaïe (première lecture) compare Dieu à ce viticulteur méticuleux qui chérit sa vigne, s’en soucie à chaque instant et la travaille avec passion. La vigne c’est le peuple d’Israël. Dieu en espérait une belle vendange, de beaux raisins mais il n’en reçoit que des mauvais. Les bons fruits attendus de son peuple, c’est la vie juste et droite. Les mauvais qu’il récolte ce sont les crimes et les cris : En particulier Isaïe (chapitre 5) dénonce les accapareurs qui prospèrent sur la misère des autres, ceux qui achètent les juges et privent les innocents de leurs droits, et ceux qui s’enivrent dans des fêtes somptueuses sans se préoccuper de l’œuvre du Seigneur. C’est pourquoi le Seigneur veut laisser tomber cette vigne, la laisser en friche.
Jésus fait une relecture de ce texte d’Isaïe, et le met en parallèle avec l’histoire d’Israël. Dieu n’a pas baissé les bras. Il a confié sa vigne en fermage et il a envoyé à plusieurs reprises des serviteurs pour bénéficier de sa récolte. Ce sont les prophètes. Mais ils n’ont pas été écoutés, certains ont été tués. Finalement il a envoyé son Fils, c’est Jésus. Mais lui aussi est rejeté et sera tué. Alors dit Jésus, Dieu va donner sa vigne à d’autres, qui ne confisqueront pas les fruits. Il précise : « le royaume de Dieu leur sera enlevé pour être donné à une nation qui lui fera produire ses fruits «
Cette parole de Jésus, a été interprétée parfois comme un rejet d’Israël. Puisque Israël aurait démérité c’est l’Eglise qui le remplace désormais ? Cette idée que Dieu substitue l’Eglise à la synagogue a provoqué beaucoup de dégâts et de souffrances dans l’histoire. C’est pourtant une idée fausse. Dés le début, saint Paul l’a combattue (lettre aux Romains chapitre 11) : Israël reste le peuple élu et la vigne chérie de Dieu parce que Dieu ne revient pas sur ses promesses. « Dieu aurait-il rejeté son peuple demande Paul ? Certainement pas ...Les dons de Dieu sont irrévocables »
Alors que penser de cette parabole de la vigne et des vignerons ? Isaïe en faisait un appel à la conversion, au changement du cœur ; de même Jésus en fait un appel aux chefs de son peuple et à nous tous : appel à changer notre manière de vivre et de penser pour désormais porter les fruits que Dieu attends. En ouvrant le synode qui a commencé à Rome cette semaine le pape a insisté sur l’écoute de l’Esprit Saint : il s’agit en toutes choses « d’écouter, comprendre et mettre en pratique la volonté de Dieu. » Au jour le jour, chacun doit demander à Dieu quels fruits de fidélité à l’évangile il espère de nous. Nous sommes ses intendants, il nous confie les uns aux autres et il nous confie notre entourage et le monde, et l’Eglise. Essayons d’être productifs et le Dieu de paix sera avec nous.
Robert JOURFIER
DIEU SE TIENT A LA PORTE ET IL FRAPPE ! Mt 21, 28-32 ; Philippiens 2, 1-5 (1/10/23)
Dans le livre de l’Apocalypse, une phrase mise dans la bouche de Dieu dit admirablement ce pour quoi nous nous sommes réunis ce matin : « Voici que je me tiens à la porte et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui ; je prendrai mon repas avec lui et lui avec moi. » Dieu se tient à la porte de notre nouvelle année pastorale. Et il frappe à la porte individuelle de nos cœurs et à la porte communautaire de Ste Hélène. Allons-nous lui ouvrir ces portes pour le laisser entrer ? Allons-nous partager avec lui le repas de la communion et entendre son appel pressant à la Mission ?
Dans une vie chrétienne, il y a bien des façons d’entendre Dieu ou Jésus frapper à notre porte. En s’insérant dans petit groupe où l’on peut partager et prier à partir de la vie. Il y a cette autre porte de la communauté du dimanche où, de manière régulière, on rencontre des visages connus ou inconnus avec qui l’on a à ouvrir sa porte. Mais la vie chrétienne ne s’arrête pas là.
A côté de la porte du silence et de l’intimité avec Dieu, Il y a aussi la porte de l’engagement au service des autres, ceux du quartier, du travail, de l’école, les voisins, celles et ceux que l’on rencontre au marché, dans les associations etc… Autant d’occasions d’attention, de rencontre, de partage, de portes à ouvrir où, le Christ en Personne nous rejoint ! St Paul, dans sa lettre aux Philippiens, rappelle qu’ouvrir sa porte aux autres, c’est entrer dans une conversion du cœur et se décentrer de sa petite personne pour apprendre à se tourner vers les autres avec humilité, compassion et tendresse.
Car être chrétien, c’est devenir pleinement un « disciple-missionnaire » comme aime à le dire le pape François et comme le suggère l’Evangile : « Allez travailler à ma Vigne » dit Jésus. Il est la Vigne et nous les sarments, comme il est le Corps et nous ses membres. La Vigne de l’Eglise du Christ au cœur du monde est un immense chantier qui a besoin de nos bras et nos cœurs pour ouvrir les portes du Christ au monde et lui révéler qu’il est aimé de Dieu. A Clignancourt et là où la vie vous a plantés, nous sommes envoyés pour y porter des fruits de paix, de justice, de fraternité à la manière de Jésus. Ne soyons pas comme ceux de l’Evangile qui disent « Oui Seigneur, on va travailler à ta Vigne » mais qui ne bougent pas le petit doigt. Allons de l’avant, vivons avec joie et sérieux l’Evangile ! Nous avons reçu la foi, non pour la cacher mais pour en vivre et en témoigner. Dieu se tient à nos portes et il frappe !
Michel Retailleau
En préparant cette célébration, avec la communauté Haïtienne et Camerounaise, j’ai noté des expressions sur leur condition de migrants que les uns et les autres ont pu exprimer : « Partir, c’est un choix pour fuir une situation compliquée ». Ou encore « Partir en famille parce qu’une mission nous attend et faire le choix de construire pour nos enfants. Construire sa vie ailleurs sur cette terre. » « Mais on reste tous attachées à cette terre qu’on a quittée. » « Et l’on fait tout ce que l’on peut pour partager. On attend cela de nous les exilés en terre lointaine. « Et quand on veut rentrer chez nous, on nous signifie bien que nous n’avons plus de place. On reste des sans TERRE. »
Voilà ce qu’il m’est venu, à la lecture de la Parabole des « Des ouvriers de la dernière heure ». Mais je m’appuie aussi pour cela sur mon ministère de prêtre au travail : je considère comme première la grâce qui m’est faite de servir dans la « Vigne » (non seulement l’Église mais aussi le monde), de travailler à l’édification du Royaume de Dieu. Au quotidien, on peut côtoyer des personnes vivant des situations sans logement, sans travail, sans appui etc... Nous avons tous un poste de travail ou un lieu d’habitat, de vie sociale… En vivant ces lieux comme une mission de présence au milieu de fragilités, notre histoire se trouve d’abord enrichie de belles rencontres et de cette présence modeste ; là s’intègrent bien des gens, sans préférence de personne. Et personnellement, je vois le Royaume ainsi, notre histoire prend alors les dimensions de l’Histoire de Dieu avec les hommes : une histoire sans fin qui se crée chaque jour.
Aujourd’hui, en Église, avec le Pape Francois, nous sommes invités à porter, chacun pour notre part, l’un des chantiers du Royaume qui vient : nous sommes tous associés, dans une histoire commune, que nous soyons résidents ici depuis toujours ou non, migrants et réfugiés qui vivons côte à côte. Que voulons-nous ? Garder l’exclusivité de ce que nous croyons avoir légitimement gagné ? Ou bien, comme nous y invite l’apôtre Paul, choisissons-nous d’adopter « un comportement digne de l’évangile du Christ » ? Le Christ, lui qui « ne s’est pas prévalu du rang qui l’égalait à Dieu ».
À la suite de ce Christ, laisserons-nous déborder, de toute notre intelligence et de tout notre cœur, la Tendresse que notre Père nourrit pour tous ses enfants ? Et nous qui portons le nom de Chrétiens, à l’invitation pressante du Pape François, partagerons-nous gracieusement notre raison d’être et de vivre, en adoptant pour frères et compagnons de travail et de vie en vue du Royaume, ces migrants et ces exilés que l’Esprit Saint place avec insistance sous notre regard ? En vérité, ceux-ci sont pour notre temps, aujourd’hui, parabole du Royaume.
Vouloir comprendre, c’est écouter, regarder, chercher ensemble parfois sur un chemin compliqué ?
Jean Pierre MAÇON
« Vivre en frères », c’est le rêve de l’humanité mais aussi son grand défi. Car la réalité quotidienne se fracasse souvent sur de beaux sentiments et discours. Le pardon vrai et durable serait-il irréalisable et la réconciliation une pure utopie ? Je me souviens de ce cri glaçant lancé dans une rencontre publique : « Moi, je ne suis pas catho, je ne pardonne pas ! » et de ces fréquentes déclarations : « Dieu pardonne, moi pas ! » Y aurait-il donc des conditions et des limites au pardon chrétien ? Dans l’Evangile du jour, c’est Pierre qui pose la question à Jésus : « Lorsque mon frère commettra des fautes contre moi, combien de fois dois-je lui pardonner ? Jusqu’à 70 fois 7 fois ? » Sous-entendu : « Dois-je continuer à vivre avec mon ressentiment, ma colère ou rancune avec celui qui m’a joué un tour ‘pendable’ ? »
La réponse de Jésus est limpide : « Non pas 7 fois mais jusqu’à 70 fois 7 fois. » Autrement dit, pas de limite au pardon ! Jésus compare Dieu à un Roi à qui un débiteur devait 10.000 talents (= 60 millions de pièces d’argent !). Et voilà qu’avec ce serviteur insolvable qui le supplie de patienter, ce Roi se montre d’une incroyable largesse ; il lui annule sa dette colossale ! Dieu, en Jésus, n’a-t-il pas livré avec largesse sa vie par amour pour nous, au point qu’il nous est impossible à nous aussi de rembourser une telle dette envers lui ?
La suite de la parabole est tout aussi claire. La « pitié de Dieu », qu’on appelle la Miséricorde, ne peut s’exercer vis-à-vis de ce même serviteur « sans pitié » pour celui qui ne lui doit que 100 pièces d’argent. Autrement dit, pardonner au frère qui m’a blessé gravement est un acte quasi impossible humainement. On ne peut trouver la force de pardonner qu’à la condition d’avoir soi-même expérimenté par avance et pour soi-même combien le Pardon de Dieu est Source de douceur et de paix profondes. Il faut avoir soi-même éprouvé la Bonté du Pardon de Dieu pour nos fautes. Et goûter Sa Tendresse comme une Grâce à faire circuler à mon tour chez les autres en leur accordant, si je suis offensé, mon propre pardon.
Seule cette Grâce du Pardon de Dieu peut aller jusqu’au désarmement d’un cœur gangrené par le ressentiment, la rancune et même parfois la haine. Cette haine pour les islamistes Algériens, Christian de Chergé ne l’avait pas, mais peu avant d’être assassiné avec ses frères moines à Thibirine en 1996, ce prieur reconnaissait son combat : « Est-ce que j’ai le droit de demander au bon Dieu : « Désarme-les, si je ne commence pas par dire : Désarme-moi et désarme-nous en communauté. Maintenant, tous les soirs, je dis : Désarme-moi, désarme-nous, désarme-les. » C’est à la condition d’être désarmés, réconciliés intérieurement que nous pourrons devenir des êtres de pardon et par-là, des relais de la Miséricorde de Dieu !
Michel RETAILLEAU
Après avoir donné sa vision de la Loi de Moïse, puis ses consignes pour la mission, Jésus donne ses grandes orientations pour l’Eglise : la communauté chrétienne doit se soucier d’abord des petits, ceux dont la foi est fragile. Et elle doit être une communauté fraternelle, grâce à la pratique du pardon mutuel. C’est l’évangile de ce jour et de dimanche prochain.
« Si ton frère a péché contre toi » dit Jésus, que faire ? Jésus parle des péchés dont nous sommes victimes : Il ne s’agit pas de querelles de voisinage ou de travail ou même de famille. Il s’agit des querelles entre chrétiens, qui se blessent à l’intérieur de l’Eglise. Il y en avait dans la communauté chrétienne de St Matthieu à Antioche, entre les chrétiens anciens juifs intransigeants et les anciens païens nouveaux venus, pas toujours totalement convertis. Il y en a encore aujourd’hui dans nos paroisses, nos communautés religieuses, nos groupes d’église. Un petit livre récent « Monsieur le curé fait sa crise », raconte avec humour la fugue d’un prêtre qui n’en pouvait plus des chamailleries entre paroissiens sur tous les sujets : les fleurs, les chants, la liturgie, le caté... Et il y a, on le sait, des péchés beaucoup plus graves, qui relèvent aussi de la justice humaine... Face à ces péchés de chacun qui font souffrir les autres, ou bien lorsqu’on voit quelqu’un s’égarer sur un mauvais chemin, Jésus propose une méthode : D’abord on doit aller au-devant et parler seul à seul. Si cela ne suffit pas on essaye de le convaincre à deux ou trois, s’il n’écoute pas on va devant l’assemblée. S’il n’écoute pas l’assemblée, il s’exclu de lui-même. A travers cette
méthode progressive de Jésus, il y a une volonté de discrétion : on ne va pas parler dans le dos, ni se lamenter partout. Il y a la patience : on va s’efforcer de lui laisser toutes ses chances et il y a la nécessité du respect absolu de celui qui agit mal : « Tu essayes de gagner ton frère » comme Jésus partant à la recherche de la brebis perdue.
En fait Jésus donne à chacun de nous le pouvoir qu’il a donné à Pierre quelques jours avant : « tout ce que vous aurez lié ou délié sur la terre sera lié ou délié dans les cieux. » Il s’agit de pardonner au nom du Seigneur et de réintégrer dans la communauté celui qui s’égare. C’est en notre pouvoir, cela dépends de nous. C’est de l’assistance à personne en danger, parce que le véritable amour fraternel est exigeant : quand on aime réellement quelqu’un on ne le laisse pas s’enfoncer dans n’importe quoi. « N’ayez de dette envers personne » dit St Paul, « sauf celle de l’amour mutuel. »
Cette réintégration des pécheurs convertis et désireux de changer leur comportement, refait une communauté unie, bâtie sur le pardon mutuel. Cette réconciliation doit se faire dans un climat de prière, où chacun est humble devant Dieu, conscient de ses propres péchés, et qui laisse à Dieu le jugement. C’est la condition pour que la prière soit entendue : « Si deux ou trois se mettent d’accord pour demander à Dieu quoi que ce soit, ils l’obtiendront. » Plus encore c’est la certitude que Jésus préside son Eglise : « Si deux ou trois, ou toute une communauté, est réunie en mon nom, soudée par l’amour fraternel et le pardon mutuel, Je suis là au milieu d’eux. »
Robert JOURFIER
Dimanche dernier, St Pierre se voyait féliciter par Jésus pour la bonne réponse à sa question : « Qui suis-je » ? Il avait trouvé les mots justes : « Tu es le Christ, le Fils de Dieu Vivant ». Et cela lui avait valu de recevoir la responsabilité de l’Eglise : « Heureux es-tu, Simon… Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise… ». Mais aujourd’hui, c’est la douche froide. Il se fait traiter de « Satan » par ce Jésus qu’il admire tant. Que s’est-il passé ? Entre eux, c’est une incompréhension profonde sur le terme de Messie. Ce n’est pas tant ce titre qui fâche Jésus mais le sens de la mission que ce terme contient. Il reconnaît certes qu’il est l’Envoyé de Dieu. Mais le problème est que, dans la tête des disciples, ce titre évoque la vision d’un chef qui chasserait l’occupant romain pour rétablir la Royauté en Israël.
Or, Jésus s’identifie clairement à une toute autre vision, celle du « Serviteur Souffrant » entrevue par le prophète Isaïe. Et, pour qu’il n’y ait pas méprise sur sa mission, il leur annonce un destin moins glorieux : il va « souffrir beaucoup…, être tué et le troisième jour ressusciter. » Si les apôtres ont voulu suivre le Christ, ce n’était pas en vue d’un tel échec final ! Aussi, Pierre croyant déceler comme un moment de déprime chez Jésus, essaie de l’en dissuader : « Dieu t’en garde, ça ne t’arrivera pas » mais il se voit vertement accusé de chercher à mettre des bâtons dans les roues du projet de Dieu : « Arrière, Satan ! Tu m’es un obstacle. Tu penses comme un homme mais pas comme Dieu. » Le désaccord est profond !
Alors, pour être clair, Jésus énonce 2 exigences capitales pour tous ceux qui voudraient le « suivre » en disciples. D’abord, apprendre à « renoncer à soi-même », dire non à une manière trop humaine de voir les choses, à une vie trop indifférente à Dieu et aux autres. Ensuite, « prendre sa croix », les croix de la vie qu’on rencontre, en acceptant de les vivre à l’ombre de la Croix du Christ. Avec Lui qui a vécu une vie livrée passionnément donnée pour le salut des hommes, en affrontant le mal.
Son secret à Lui ? « Celui qui veut sauver sa vie la perdra mais qui perd sa vie à cause de moi la gagnera. » Qui d’entre nous n’a jamais vérifié que ce n’est pas en gardant égoïstement sa vie pour soi qu’on la gagne ? Mais c’est en la risquant qu’on expérimente une autre saveur de vivre qui rejoint celle-là même du Ressuscité ? « Perdre sa vie », c’est se dépouiller de soi, mourir à son égo pour laisser l’Esprit de Jésus nous apprendre à plaire à Dieu. « Transformez-vous, nous dit St Paul, en renouvelant votre façon de penser pour discerner la volonté de Dieu : ce qui est bon, ce qui est capable de lui plaire, ce qui est parfait. »
Michel Retailleau
L’Évangile est une Bonne Nouvelle, c’est ce que le mot même veut dire en grec. « Ne craignez pas les hommes » : voilà une Bonne Nouvelle, alors qu’il y a tant de raisons de les craindre. Jésus s’adresse à ses apôtres qu’il envoie, en avant de lui, préparer ses chemins, dans les villes et les villages. Il s’adresse donc à nous, qu’il envoie vivre en ce monde d’une manière un peu différente, un peu en décalé. D’autre avant nous l’ont fait (comme St Vincent de Paul, sur les pas de qui nous avons marché ce samedi). Il a porté à bout de bras le souci des pauvres en organisant la charité et son rêve était de faire que tous les hommes de bonne volonté puissent s’appuyer sur la Parole du Christ et vivre en chrétiens.
Dès que nous vivons en vérité la Parole du Christ, il nous arrive d’être en décalage avec quelques-uns ou ou beaucoup d’autres Car il n’y a pas deux manières parfaitement semblables de vivre en disciples du Christ ; ce qui doit être commun est de ne pas avoir peur du regard des autres, ni même de son propre regard sur soi et d’oser vivre sa vie à partir du Christ, selon le Christ, en mettant en œuvre Sa parole selon ce que chacun la comprend. Il y a bien sûr des hommes et des femmes qui vivent dans un décalage bien plus grand. Un immense pan de la culture contemporaine s’établit et grandit dans l’ignorance de la réalité chrétienne. Pourtant, nous ne cessons pas de recevoir l’Appel du Seigneur : « Ne craignez pas les hommes
Il y a donc des hommes et des femmes « méchants », qui font du mal à leurs victimes. Il y a des hommes et des femmes qui torturent, qui humilient, qui bafouent, qui persécutent, qui semblent trouver de l’intérêt à faire souffrir leurs semblables. Il y a en a eu dans l’histoire, et aujourd’hui encore ici ou là. Il peut s’en trouver dans nos familles, dans nos entourages. Certains de ceux-là peuvent chercher à nuire aux disciples de Jésus, certains peuvent chercher à convaincre les disciples d’abandonner leur Maître.
Nous pouvons leur chercher des excuses, mais Jésus ne nous appelle pas à être naïfs. Il nous appelle à ne pas nous laisser emprisonner dans le mal que ceux-là ou celles-là peuvent nous faire. L’ennemi cherche toujours à nous faire croire que nous ne sommes pas capables du bien, que nous ne pouvons que nous laisser entraîner dans ce que nous faisons de mal. Si nous avons subi un mal profond, il tâche de nous persuader que nous en sommes complices, que nous y avons collaboré. Mais plus profond que lui est le regard du Père, de celui qui voit dans le secret, de celui qui nous reconnaît comme ses fils et ses filles et qui œuvre, en Jésus son Bien-Aimé, pour nous refaçonner selon le meilleur. Quoiqu’un être ait subi, nous devons croire que le Père le connaît comme aucun autre et même mieux que lui-même. Entendons la promesse de Jésus : « Quiconque se déclarera pour moi devant les hommes, je me déclarerai pour lui devant mon Père ».
Jean-Pierre MAÇON
Jésus était pris aux entrailles devant la détresse des foules sans berger. Que dirait-il aujourd’hui ? Tant de foules dans la violence en Ukraine, en Haïti et ailleurs, tant de foules qui fuient la sècheresse ou la tyrannie de leur pays et s’abiment en mer, tant de foules dans les hôpitaux qui espèrent leur guérison et tant d’autres sans médecins... Tant de foules en souffrance. Et tant de foules désemparées entre complotismes, sectes et gourous qui leur mettent en tête des caricatures de Dieu. Jésus était pris de compassion, de miséricorde. Ces mots évoquent l’émotion des mères devant la souffrance de leur enfant. Et Jésus ne s’est pas contenté d’émotions sentimentales, mais il a mobilisé ses forces pour agir et faire le bien « il parcourait villes et villages, il enseignait, proclamant la bonne nouvelle et guérissant de toute maladie et infirmité. »
Et il dit : « Priez le maitre de la moisson d’envoyer des ouvriers » Si l’on prie pour que viennent d’autres ouvriers, c’est que l’on se sent insuffisants, limités, incapables de mener à bien la moisson tout seuls. Si nous prions le maitre, c’est que nous savons que le maitre c’est lui et pas nous. C’est lui qui a semé au cœur des gens, c’est lui qui a fait pousser, c’est à lui qu’on doit référer .Nous ne sommes que des serviteurs qui travaillent dans la fidélité et la confiance.
Jésus recrute des collaborateurs pour travailler avec Lui : il appelle douze disciples, puis il envoie douze apôtres. Il s’agit des mêmes. Avant d’être apôtres, c’est-à-dire envoyés, il est nécessaire d’être disciples, c’est-à-dire attachés à Jésus qui envoie, avec le désir de le suivre et de l’imiter. Ce que le pape François appelle des « disciples missionnaires » Pour être missionnaire et envoyé il faut être disciples.
Ces disciples-apôtres sont vraiment disparates : On se demande si Jésus était un bon DRH ? Cela ne semble pas une bonne idée de faire travailler ensemble Simon le Zélote qui combat l’occupation romaine, et Matthieu le publicain qui collecte les impôts de cette même armée d’occupation. De faire travailler ensemble les artisans pécheurs, simples et honnêtes, comme Pierre, et celui qui sera le traitre, Judas. De faire travailler avec les dix autres, Jacques et Jean, deux ambitieux, qui visent les premières places, soutenus par leur mère. L’équipe ne devait pas être de tout repos. Mais Dieu regarde le cœur. Et tous ont été choisis et appelés gratuitement. Nous aussi nous sommes appelés gratuitement tels que nous sommes. Une conséquence est que dans l’église, la paroisse, les responsabilités, nous ne choisissons pas les autres ouvriers. Nous devons les accepter, collaborer et vivre avec eux. C’est Dieu qui les a choisis et envoyés. Alors nous devons être heureux qu’ils soient différents et complémentaires de nous, et faire confiance à Dieu qui nous les a donnés pour frères et collaborateurs. C’est lui qui conduit l’Eglise.
Pour quel travail ? Continuer le travail que Jésus a commencé avec les brebis perdues d’Israël puis dans la mission auprès des païens : Un travail de pardon, de guérison et de soins, un travail qui soulage, qui remet les gens debout, les remets dans des liens sociaux, leur redonne goût à la vie. C’était leur mission et c’est la notre.
Robert JOURFIER
As-tu entendu l’énormité de ce que Jésus vient de dire ? : « Je suis le pain vivant qui est descendu du ciel… Ma chair est la vraie nourriture et mon sang est la vraie boisson. » Pas étonnant que ses auditeurs Juifs, en entendant cela, se soient « querellés » ! Lui « une vraie nourriture et une vraie boisson » ? Il aurait donc le secret d’une vie qui dépasse la mort ? Mais pour qui se prend-il ? Si c’est ça la foi, c’est du délire !... C’est à nous tous mais plus particulièrement à vous les jeunes qui vivez cette Fête de la Foi que ces paroles sont adressées comme une invitation folle à déployer votre envie de vivre.
D’abord, que veut dire : Jésus « est une vraie nourriture » ? Une nourriture ordinaire, notre organisme l’assimile, elle passe dans notre sang et devient notre propre corps. S’il n’est pas celui qui vient refaire nos forces physiques, Jésus est bien une nourriture pour la vie de notre vie. N’avons-nous pas besoin de cette nourriture essentielle pour l’esprit et le cœur pour avancer dans la vie et ne pas vivre seulement « à fleur de peau » ? N’avons-nous pas besoin également d’une « vraie boisson » énergisante et désaltérante pour l’âme, sans quoi notre esprit et notre cœur s’assèchent et se déshydratent dans une société sans idéal ?
Eh bien, pour toi chrétien, ce que Jésus a dit, vécu, et fait nourrit ton imagination et ton envie de vivre. Il te dit quelque chose d’incroyable : tu es « enfant de Dieu ». Et que ta vie ne peut avoir de sens mais aussi de grandeur que si tu t’efforces de vivre une vie ouverte aux autres et à Dieu. Car Dieu n’a pas d’autre Désir que de venir habiter chez toi. Et même plus, qu’il veut « demeurer » en toi : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui. » Il ne s’invite pas comme un copain/une copine qui vient passer le week-end à la maison. Il veut être à demeure, c’est-à-dire habiter sous le même toit que toi.
Pas comme un locataire, mais comme un co-locataire. Un co-locataire de ton esprit et de ton cœur. Pour t’aider à mieux vivre ta vie. « Celui qui me mange vivra par moi. » Il y a en toi des élans, des désirs de vivre une vie belle, bonne et vraie avec toi-même, avec les autres et avec Dieu. En acceptant Jésus comme co-locataire de ta vie, il veut t’aider à voir plus haut, plus grand et à ne pas te satisfaire d’une petite vie pépère. Certes, il est un co-locataire exigeant mais d’une amitié fidèle et apaisante qui dilate ton coeur, puisqu’il est la Vie et la Source de toute vraie vie. N’oublie jamais de le manger dans le Pain et le boire dans le Vin de l’Eucharistie. Alors, comme il l’a dit, il passe en toi et fait de toi un vrai vivant !
Michel RETAILLEAU
« La fête de la Sainte Trinité est la fête de la foi en l’amour de Dieu, l’amour qu’est Dieu ». Quand l’Église se rassemble, elle réalise le dessein d’amour de Dieu. Aujourd’hui particulièrement en ce jour si particulier pour vous Maëva ; Victor ; Alban ; Milan et Kélian C’est le jour du grand Oui qui engage votre vie à vouloir suivre le Christ. Cette communauté que nous formons est appelée à vivre ce moment dans la prière et l’eucharistie. Et nous sommes cette famille aux multiples visages avec vous qui allez recevoir le Baptême.
Rassemblés dans la foi, voilà notre berceau commun.
La foi chrétienne dans l’amour trinitaire (Père, Fils et Esprit Saint-Esprit) s’enracine dans la Parole de Jésus : « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique » . C’est dans ce don, dans cet amour initial, que s’enclenche la révélation de Dieu Père, Fils et Esprit. Moïse en avait reçu le dépôt de la bouche même de Dieu : « Le Seigneur, tendre et miséricordieux, lent à la colère et plein d’amour et de vérité » (1re lecture) ». Cette révélation, qui annonçait le rassemblement que Dieu avait envisagé pour faire cette Assemblée-Église par Jésus Christ.
Rassemblés dans l’espérance voilà une mission pour chacun.
« Dieu a envoyé son Fils… pour que le monde soit sauvé » (Evangile). Le Nouveau Testament témoigne que l’œuvre du salut s’accomplit à l’initiative du Père, par le Fils et dans l’Esprit. Et ce salut est « vie éternelle » à recevoir dès maintenant. Il nous faut accueillir cette mission trinitaire au présent de notre vie et de notre monde, où le besoin de salut se fait sentir fortement. Les sacrements, tous accomplis « au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit », sont les moyens privilégiés de ce salut.
Rassemblés dans l’amour voilà notre cadeau divin.
« Que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux, et moi en eux » nous dit St Jean. Intégrés dans la « famille de Dieu » et plongés dans son amour, par le baptême et l’eucharistie, nous sommes immergés dans l’amour divin qui transfigure, et selon le souhait devenu liturgique, de l’Apôtre Paul : « Que la grâce du Seigneur Jésus Christ, l’amour de Dieu et la communion de l’Esprit Saint soient avec vous tous ». Alors, voyez les enfants, voici un beau programme d’action pour vos 70 prochaines années. Et nous qui avons été témoins de votre chemin de découverte de l’amour du Christ, nous en sommes certains, nos relations humaines s’en trouvent transfigurées en amour mutuel : St Paul nous dit « Encouragez-vous, soyez d’accord entre vous, vivez en paix ! »
Jean Pierre MAÇON
Jn 20, 19-23 ; Ac 2, 1-11 ; 1 Cor 12, 3-7, 12-13
Que s’est-il passé au jour de la Pentecôte ? Difficile de se représenter l’Evènement à la seule lecture du récit des Actes des Apôtres et de l’Evangile de Jean. D’un côté, des images choc : un « violent coup de vent », des « langues de feu », des gens qui parlent « en d’autres langues » Et de l’autre côté, la présence discrète du Ressuscité alors que les portes ont été verrouillées et qui " souffle sur " les disciples et les envoie en mission. Plus qu’à chercher à décrire des faits, nous sont donnés des éléments qui disent Qui est l’Esprit Saint.
L’Esprit agit comme un formidable Coup de vent violent qui dépoussière l’homme enfermé sur lui-même, en l’invitant à vivre à une autre hauteur et profondeur. Par son vent violent, l’Esprit bouscule aujourd’hui encore nos communautés à vivre non dans un entre-soi de bien-pensants, mais en êtres de « plein vent » au cœur du monde. Il nous pousse à apprendre la " langue de feu " de la Fraternité pour faire de nous les acteurs d’un monde nouveau, dans l’écoute et le dialogue de nos différences de culture, d’opinion et de croyance.
Car ce Souffle est ’Infuseur’ du Divin en nous : « De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie ». L’Esprit n’est pas qu’une perfusion momentanée pour traverser les malheurs de l’existence. Il est infusion, pénétration lente de l’Energie du Ressuscité en nous et dans le monde, pour que nos vies aient le "Souffle" même de Dieu dans un monde fatigué.
Mais ce vent violent est en même temps pour Jean, un Souffle Pacifiant : « La paix soit avec vous ». Pourquoi avons-nous tant besoin de paix ? Parce que la peur paralyse nos vies : peur des autres mais aussi de soi, peur de Dieu, peur de l’avenir… Combien nos esprits et nos cœurs ne sont-ils pas « verrouillés », barricadés derrière des frontières de toutes sortes que l’Esprit voudrait abattre ! En nous appelant à la foi et à l’Espérance, l’Esprit est Joie apaisante qui donne « repos, fraîcheur et réconfort " à nos vies personnelles et collectives.
Il est encore un Souffle Recréateur. S’il a redonné vie aux « mains et au côté ouvert » suppliciés du Christ, l’Esprit ne cesse de guérir ce qui est blessé en nous. Le péché le plus grave, pour Jésus, c’est « le péché contre l’Esprit » (Mt 12, 32) qui consiste à ne pas croire possible cette réconciliation avec nous-mêmes, avec les autres et avec Dieu. En cherchant à nous unifier intérieurement - tête, cœur et volonté – l’Esprit prolonge le Souffle Créateur de Dieu appelant Adam à l’existence (Genèse 2,7). Puissent nos vies reprendre Souffle en ce jour pour notre bien et le salut du monde !
Michel Retailleau
Jésus lève les yeux au ciel. C’est un geste qu’il fait quelques fois, avant de guérir quelqu’un par exemple. Et ce jour là encore, à quelques heures de sa mort, alors qu’il prie le Père avec beaucoup de force et d’intimité, il lève les yeux vers le ciel. Ses yeux, son visage, son corps, son esprit, toute sa personne est tendue vers son Père. Tout son être se concentre dans ce geste qui le porte vers Dieu : « Père, Je viens vers toi. »
Dans sa prière il exprime sa foi. Il va mourir. Et il prie pour lui-même, puis pour ses disciples. Il affirme sa foi en sa résurrection : « Père saint l’heure est venue glorifie ton fils comme ton fils te glorifie. » Jésus a glorifié Dieu et va le glorifier. Glorifier ne veut pas dire rendre célèbre cela veut dire reconnaitre le poids, la valeur réelle de quelqu’un. Jésus a glorifié Dieu, il lui a donné tout son poids, toute la place dans sa vie en accomplissant son œuvre. Il n’a vécu que pour lui. Et sa passion, sa résurrection vont rendre manifeste ce poids de Dieu aux yeux de tous. Ainsi tous vont éprouver sa grandeur. Ils verront la gloire de Dieu. C’est ainsi que Jésus a glorifié le Père. Et le père a glorifié Jésus en le réhabilitant aux yeux de ceux qui l’ont condamné, en le relevant de la mort, en le faisant vainqueur du Mal.
Il prie pour ses disciples : « ils ont gardé ta parole, ils ont reconnu que je viens de toi. Moi je prie pour eux. » Quand il les enseignait, il leur avait fait connaitre le Père. Il leur a appris à le nommer : « Notre Père ». Il leur a appris à vénérer son nom : « Que ton nom soit sanctifié ». Il leur a appris à demander : « Délivres nous du Mal ». Ce jour-là Jésus fait cette même prière pour nous : « Je leur ai manifesté ton nom, garde les en ton nom, garde les du Mal. » Ainsi, lorsque nous prions le « Notre Père » nous sommes certains que Jésus le prie avec nous. Et dans chaque messe qui fait mémoire de sa passion et de sa résurrection, Jésus redis éternellement sa prière pour nous et pour l’Eglise.
Nous en avons besoin car « nous restons dans le monde » Et dans le monde qu’est-ce qui a du poids ? Nous voyons beaucoup de rapacité, de violences, de guerres, de méchancetés, beaucoup de bêtises aussi. On entend de plus en plus de gens dire tranquillement que seule la violence paye, qu’elle seule a du poids pour faire bouger les choses et cela autorise à frapper, à casser, agresser. Face à cela le poids de Dieu, la gloire de Dieu semble ne pas beaucoup peser. Beaucoup ne connaissent ni Dieu, ni Jésus son envoyé. Pourtant ceux qui le connaissent savent que malgré leurs défauts, leurs péchés, et leur faiblesse, ils sont aimés de Dieu. Dieu nous a aimés le premier. Dieu nous a aimés alors que nous étions encore pécheurs. Et cet amour premier de Dieu libère en nous les forces de l’amour. Elles sont à l’œuvre en nous et dans l’humanité. Elles ne font pas la « une » des journaux imprimés ou télévisés, parce que le mal se vend mieux que le bien. Pourtant les gestes humbles des hommes et femmes, honnêtes, généreux qui s’efforcent de suivre les chemins de Dieu et de leur conscience assainissent le monde. Ces gens le rendent vivable et ils sont en chemin de cette vie éternelle que Jésus nous donne et qui est de « te connaitre toi le vrai Dieu, et ton envoyé Jésus Christ »
Robert JOURFIER
Pour que chacun puisse entrer librement dans ce choix de faire cette « œuvre de salut », Jésus a envoyé le Saint-Esprit qui vient frapper à la porte de chaque cœur sans en forcer l’entrée. Il n’entre que si nous lui ouvrons la porte. Ce n’est pas lui qui l’ouvrira pour nous, car l’amour ne s’impose pas. En revanche il nous donne le mode d’emploi pour ouvrir cette porte : « si quelqu’un m’aime, il restera fidèle à ma parole »
Cela suppose que l’on prenne le temps de fréquenter Jésus, d’écouter sa parole, de le prier, de suivre son enseignement qu’essaie de porter l’Église, à travers lequel Jésus éclaire notre conscience. On le voit bien dans cet épisode des Actes des Apôtres où surgissent des divergences, Jésus a donné la clé : « celui qui vous écoute, m’écoute » (Lc 10,16) C’est donc Pierre et les apôtres unis à lui, qui nous révèlent la vérité. C’est un repère pour nous aujourd’hui, dans la confusion actuelle. « Le Saint-Esprit et nous-mêmes avons décidé… » La parole du Christ aujourd’hui passe par nous les baptisés et l’Église, c’est à dire par ce que le pape et les évêques unis au CHRIST témoignent et font preuve et œuvre de vérité…
Garder la Parole du Seigneur, c’est faire comme Marie qui repassait tout ce qui le concernait dans son cœur. Nous n’y arriverons pas sans elle, sans nous mettre à son école. La prière avec Marie, c’est la Paix que Jésus nous laisse, que Jésus nous donne. Il ne nous la donne pas comme le monde.
Cultivons la prière et nous garderons dans notre cœur la Parole du Seigneur, c’est à dire tout ce qu’il a fait pour nous. Pour cela il n’est pas nécessaire de savoir beaucoup de choses, ni d’accomplir beaucoup de choses ; ni grandeur ni puissance ne sont nécessaires mais comme le dit le psaume 130 : « tenir simplement son âme en paix et silence, comme un petit enfant tout contre sa mère », et cela afin de traverser la grande épreuve de cette vie.
Notre seul souci est de rendre témoignage à Jésus. Et c’est à ce moment que l’Esprit, reçu à notre baptême et à notre confirmation, se manifeste en nous et par nous. Il nous rend capables de rendre compte de notre foi et de notre espérance ‘’avec douceur et respect’’. Il nous comble de force et de joie malgré toutes les oppositions. Il nous affermit et nous rend invincibles dans le plus grand dénuement et la plus grande faiblesse. Nous comprenons alors les paroles que Jésus adresse à Pilate lorsqu’il affirme que son royaume n’est pas de ce monde (Jn.18, 36) et qu’il est venu rendre témoignage à la vérité. Cette vérité, « Il est le chemin et la vérité et la vie. »
Jean Pierre Maçon
Actes 6, 1-7 – Psaume 32 (33) - 1Pierre 2, 4-9—Jean 14, 1-12
« Que votre cœur ne soit pas bouleversé. Vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. » Les disciples pourtant avaient bien des raisons d’être bouleversés : Avant la passion, lorsqu’ils comprennent que Jésus va les quitter. Pendant la passion quand ils voient la violence de son départ. Et tout autant après sa résurrection, surpris par les apparitions et révélations qu’ils n’arrivent pas à croire.
Et la réponse de Jésus à ce triple bouleversement est identique : « Je pars vous préparer une place ». Que cette parole soit dite avant ou après la résurrection, elle ne change pas de sens. Il s’agit de comprendre que notre place est auprès de lui, et lui auprès de nous, quoi qu’il arrive.
Nous avons-nous même bien des motifs d’être bouleversés : les évènements douloureux de notre vie personnelle, les tensions sociales ou internationales, et les tempêtes que traverse notre église. Et Lui semble absent. Face à tout cela, sa réponse est la même : « je pars vous préparer une place » dans la maison du Père, où il y a de nombreuses demeures pour chacun. Jésus affirme ainsi tranquillement sa résurrection : oui il est bien vivant, d’une vie nouvelle, il se trouve près du Père, « et là où je suis dit-il vous serez aussi. Et vous savez le chemin. » Comme Thomas et Philippe nous souhaitons peut être un GPS. Le GPS c’est lui, Jésus, sur notre chemin vers Dieu.
Nous sommes déjà sur ce chemin. Nous pouvons déjà vivre avec lui. Et par lui connaitre le Père. D’ailleurs déjà « vous le connaissez et vous l’avez vu ». dit Jésus. « Qui m’a vu a vu le Père ». Comment ont-ils pu voir le Père en Jésus ? Parce que la parole de Jésus son enseignement « vient du Père qui demeure en moi. » Et les œuvres que Jésus accomplit sont aussi les œuvres du Père. Lorsqu’il guérissait les malades, chassait les démons, touchait les lépreux, pardonnait les péchés, lorsqu’il faisait face à la mort avec force, il accomplissait les œuvres du Père, qui l’a ressuscité.
Comment pouvons-nous voir le Père ? En regardant Jésus et en lisant et relisant les évangiles qui témoignent de ses paroles et de ses œuvres qui viennent du Père. Et si nous croyons, nous pouvons nous aussi faire les œuvres que Jésus a faites, et même de plus grandes, dit-il. Nous serons ainsi un signe qu’il est présent et toujours vivant parmi nous.
Le récit des actes des apôtres, nous montre comment la première communauté a agrandi l’œuvre de Jésus. Comme lui ils ont guéri, pardonné, partagé tout en commun, pris en charge les plus démunis d’entre eux. Lorsqu’est arrivé la persécution et le martyre d’Étienne, ils ont fui, et ont profité de cet exode pour évangéliser la Samarie et la Syrie. Lorsque des tensions et des désaccords ont surgis dans la communauté, ils les ont réglés en s’organisant mieux dans la charité et avec l’aide des apôtres (première lecture). C’est l’œuvre de Dieu. Elle est à notre portée. Quand nous imitons Jésus dans sa relation au Père, dans la prière ; quand nous le suivons en servant les autres, nous voyons Dieu. Et nous sommes déjà dans la demeure qu’il a préparée pour nous.
Robert JOURFIER
Aujourd’hui, journée mondiale des vocations qui rappelle que l’Eglise a besoin d’hommes et de femmes pour vivre et faire entendre la Voix de Dieu au cœur du monde. Un monde où Sa Parole semble n’être plus guère audible. Un monde où l’autorité des prêtres est atteinte par la révélation d’abus de pouvoir, de conscience et même d’abus sexuels. Comment peut être entendu l’appel à être prêtre et plus largement à la vie religieuse, quand des chrétiens portent douloureusement les faiblesses de leurs pasteurs ou sont tentés de quitter l’Eglise ? La réponse est dans la certitude que Dieu n’abandonne pas la barque de l’Eglise dans la tempête. Là, demeure inébranlable la figure du Christ, l’Unique Bon Pasteur !
Car Jésus est une Voix si singulière. « Les brebis, dit la parabole, écoutent et connaissent sa Voix et elles le suivent. » Dans notre monde, combien de voix pèsent par leur hauteur et profondeur de vue et de vie ? 2000 ans après, celle du Christ a toujours du poids et une autorité inégalable : sa Vie et sa Voix parlent étonnamment vrai et de Dieu et de l’homme. Sa Voix, unique entre toutes, est celle-là même de Dieu, qui parle à chacun dans ses manques et ses soifs d’une vie autre, l’appelant à se convertir pour réveiller des énergies enfouies.
Oui Jésus est la « porte » grande ouverte pour ceux qui cherchent Dieu et sens à la vie. En « passant » par la porte d’une vie humaine, il a su ce qu’est l’homme : ses grandeurs et ses misères. Dans son propre cœur et corps d’Homme-Dieu, il a éprouvé nos joies mais aussi rejoint nos souffrances et étroitesses au point de vouloir nous « sauver » en nous faisant la « grâce » d’une Vie avec Dieu. Et en nous aidant à « passer la porte » du ciel, il nous a laissé un chemin pour suivre sa trace et nous faire grandir dans une liberté intérieure.
Mais s’il est « la porte », le Christ a aussi un besoin urgent de « portiers ». De passeurs qui ouvrent les cœurs à la Parole et aux Sacrements pour que l’homme puisse passer en Dieu et Dieu passer en l’homme. Il a besoin de « portiers » pour rassembler son peuple dans des communautés de témoins. Il a besoin de portiers qui ouvrent sans cesse ces communautés à plus large qu’elles, les invitant à rejoindre ceux qui sont aux portes de la foi ou qui n’ont pas encore entendu parler de Jésus. En cette Journée Mondiale des Vocation, demandons à Dieu de nous donner de tels portiers au charisme pastoral. Non seulement des hommes mais aussi des femmes, non seulement des religieux et religieuses, mais aussi des laïcs qui aient le goût de servir la croissance du Corps du Christ. L’histoire de l’Église s’honore de tels témoins dont Dieu n’a jamais cessé de lui faire don.
Michel Retailleau
Les jours passent et nous éloignent toujours davantage du Jour de Pâques. Nous sommes entrés dans le temps de l’intériorisation. Comme les premiers disciples, nous devons nous souvenir des évènements accomplis et dont les Écritures parlent. Et à notre tour, nous sommes invités à méditer sur leur sens, leur signification et leur entrée dans la prière.
La Résurrection de Jésus a pris tout le monde de court. En effet, la majeure partie du peuple en était restée à la nouvelle de son exécution par les autorités romaines à la demande des chefs religieux. La déception des disciples, qui attendaient la venue d’un Messie politique, était à son comble. Ce qui explique l’abattement des deux hommes que Jésus rejoint sur la route d’Emmaüs. Jésus les rejoint et commence par les interroger afin de leur permettre d’apporter leur propre témoignage et de les conduire jusqu’à la connaissance de sa propre manifestation.
Cette pédagogie de Jésus aide les disciples à réinterpréter de façon nouvelle les évènements récents à la lumière des Saintes Écritures et de les ouvrir au témoignage brûlant de sa présence. Il rompt le pain comme à la dernière Cène et aussitôt leurs yeux s’ouvrent pour un regard inspiré par la foi. Un nouveau bouleversement se produit en leurs cœurs. Ils peuvent ainsi mieux comprendre le Christ, et c’est au moment où il prononce la bénédiction et rompt le pain que l’illumination ultime des disciples se produit.
Avec le texte des Actes des Apôtres, c’est l’Esprit de Dieu lui-même qui conduit les Apôtres à témoigner que Jésus a totalement et définitivement accompli les prophéties. « Jésus est le Fils de Dieu. Son Père l’a ressuscité et l’a élevé dans sa gloire. Il lui a donné l’Esprit Saint et Jésus l’a répandu sur ses disciples. » A notre tour, nous devons mettre en œuvre cette façon de lire et de comprendre les Saintes Écritures à la lumière du témoignage des premiers disciples. Si nous comprenons que Jésus est La Parole faite chair que Dieu nous adresse et qu’il est donc La Vraie manifestation du Seigneur à son peuple, nous comprendrons que le témoignage des premiers disciples a autant d’autorité et même plus que celui des prophètes. Désormais, c’est notre vie de baptisés qui doit manifester aujourd’hui la vérité du témoignage rendu au Christ, Visage du Ressuscité qui nous conduit au Père.
Jean Pierre Maçon
Actes 2, 42-47 – 1 Pierre1, 3-9 - Jean 20,19-31
Thomas n’est pas seul à être incrédule. On voit bien, dans les différents évangiles, que le jour de Pâques a été pour les disciples un jour de bouleversement où se sont affrontés les doutes, les différences d’attitudes et d’opinion et même les divisions. Tôt le matin, les femmes ont trouvé le tombeau ouvert et vide. Pierre est venu le constater et il est resté perplexe. Au contraire Jean qui le suivait a cru aussitôt. Deux disciples déçus repartent chez eux et n’acceptent ni les dires des femmes ni ceux de Jean et de Pierre. Donc Thomas n’est pas seul à douter. Tous et toutes ce jour-là ont dû faire le passage de l’incrédulité à la foi. Et si saint Jean précise que Thomas était surnommé Didyme c’est-à-dire jumeau, c’est bien pour nous faire comprendre que nous sommes ses jumeaux en incrédulité comme dans la foi et que tous, nous avons à faire le chemin de foi qui a été le sien.
C’est Jésus qui vient les convaincre : les portes fermées et notre incrédulité ne l’arrêtent pas. Il peut toujours pénétrer dans nos vies, même si elles sont verrouillées.
L’un des chemins qu’il emprunte était annoncé : « lorsque vous serez deux ou trois réunis en mon nom, je serai au milieu de vous. » C’était le cas, ils étaient réunis. Et Jésus était là au milieu d’eux. Et nous aussi nous sommes réunis et il est là au milieu de nous.
C’est d’ailleurs lui qui a inventé le dimanche. Pour les apôtres et tous les juifs le jour du repos et du culte communautaire était le samedi, jour de l’achèvement de la création. Le dimanche était le premier jour de la semaine, jour ordinaire. C’est la résurrection de Jésus qui les a rassemblés ce jour-là, quand il est venu au-devant d’eux. C’est le premier jour de la création nouvelle. Le jour privilégié pour le rencontrer ensemble autour de sa Parole et de son pain partagé.
Il est venu à eux avec une salutation de paix. Parole de paix et de pardon à ces hommes qui ont peur et qui presque tous l’ont abandonné au moment le plus difficile. Il s’est fait reconnaitre en leur montrant ses plaies, les traces de la crucifixion. La résurrection ne gomme pas la mort : l’homme ressuscité qui est là devant eux est bien celui qu’ils connaissent, avec qui ils ont cheminé plusieurs mois, qui est mort sur la croix.
En attendant Thomas refuse de croire sans vérifier. C’est un homme attachant au franc parler qui, un jour, interrompt Jésus : « Comment pourrions-nous connaitre le chemin alors que nous ne savons même pas ou tu vas ? » C’est un homme spontané et généreux qui montant à Jérusalem, dit « Allons y et mourrons avec lui. ». Et là il réclame des preuves. Croire n’oblige pas à renoncer à la raison. Il faut avoir des motifs raisonnables de croire. Tous ont eu besoin des signes que Jésus leur a donné. Mais ce Thomas qui est l’homme des questions et des doutes est aussi celui de la plus belle des professions de foi : « Mon Seigneur et mon Dieu ! ». C’est notre prière aujourd’hui.
Cette apparition aux disciples n’était pas pour évoquer les jours passés. Elle était pour l’avenir, pour les entrainer à sa suite et continuer son œuvre. Il souffle sur eux le Souffle de Dieu, son Esprit, pour qu’ils transmettent à tous ce qu’ils ont reçu, le pardon des péchés, la Miséricorde de Dieu. C’est notre mission aujourd’hui.
Robert JOURFIER
Mais que s’est-il donc passé en ce début d’avril de l’an 30 ? Notre esprit curieux aimerait fixer l’Évènement de la résurrection sur la pellicule. Peine perdue, les récits des Évangiles ne donnent rien à voir ! St Matthieu évoque bien un « grand tremblement de terre » et la présence d’un « ange du Seigneur » qui roule la pierre tombale et finit par "s’asseoir dessus". Image et clin d’œil qui nous indiquent que le Christ est Vainqueur de la mort et que du Neuf est là.
Les deux Marie accourues au tombeau pour identifier le cadavre sont d’abord saisies de « crainte ». Et l’ange leur dit que le Crucifié est ressuscité et qu’il faut aller l’annoncer aux disciples. Mais il est bien avare de précisions concernant cette résurrection. Nous, avec nos mentalités actuelles, nous cherchons d’abord à comprendre pour croire : comment un tombeau vide de son cadavre peut-il être une preuve de Résurrection ? Mais chez ces femmes, le signe palpable de cette Résurrection se reconnaît à « une grande joie » qu’elles sentent naître de leurs peurs. Car la résurrection ne se prouve pas, elle s’éprouve ! « Il ne faut pas comprendre pour croire, dit St Anselme mais il faut croire pour comprendre ».
Je pense à cette personne qui évoquait sa « nuit » douloureuse vécue durant 24 mois : « Pour traverser cette nuit que je ne comprenais pas, j’ai pris mon courage à deux mains et cherché à voir mes épreuves comme un appel de Dieu. Peut-être voulait-il savoir si j’avais vraiment foi en lui ? Çà m’a sauvée et remise en vie. Aujourd’hui, si je suis si heureuse de pouvoir aider les autres, c’est parce que le Seigneur m’a d’abord montré sa Miséricorde par les autres ». Au lieu de chercher à ‘comprendre’ ses épreuves, elle s’est mise à chercher ce que Dieu attendait d’elle. Et elle a éprouvé dans son être une Présence..
« Il vous précède en Galilée. Là, vous le verrez » dit l’ange. Le Ressuscité n’est pas à chercher dans les cimetières, mais à rejoindre dans la Galilée des Nations, au cœur du monde. Croire au Ressuscité, c’est faire l’expérience que nos existences sont visitées par Dieu. Le Christ est venu nous libérer de nos ‘esclavages’ et ‘re-susciter’ en nous la Joie de Vivre. Il nous donne l’assurance que toutes nos « morts » personnelles ou collectives rencontrées dans l’existence peuvent être des "passages" (des " Pâques") à faire avec Lui pour une Vie autre. La résurrection ne se prouve pas, elle s’éprouve, comme Joie de Croire, d’Aimer et d’Espérer. Christ est vraiment Ressuscité, nous en sommes témoins !
Michel Retailleau
Ce dimanche, nous célébrons deux évènements : l‘entrée triomphale de Jésus à Jérusalem et sa Passion. D’un côté le brouhaha d’une foule en délire agitant rameaux et mêlant sa voix au passage de Jésus monté sur un âne. « Hosanna au Fils de David ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! » Foule chauffée à blanc qui attend de Jésus qu’il soit le libérateur de l’occupant romain… Les jours suivants, ces rêves vont exploser. Judas va le trahir, Pierre le renier, les chefs des prêtres et Pilate le condamner à mort, la foule se retourner contre lui : « A mort ! Qu’on le crucifie ! » Et les Apôtres de l’abandonner un à un, comme nous, des êtres changeants, inconstants ! Tout aurait pu s’arrêter là. La mort du crucifié Jésus de Nazareth n’aurait été qu’un espoir avorté, parmi bien d’autres dans l’histoire !
Mais en ce dimanche des Rameaux et de la Passion, nous sommes invités à approcher ces évènements, en portant un regard empreint de sensibilité, d’adoration et d’émerveillement.
De « sensibilité », pour mieux « sentir » jusqu’à quel point Jésus, notre frère en humanité, a enduré sa « passion » : et comment il a traversé la peur de la mort sans la fuir !
D’ « adoration », car, à travers Jésus qui s’en va seul à la mort, c’est Dieu en Personne qui vient pour nous aider à traverser nos propres enfermements et souffrances. A travers Jésus qui « aime jusqu’au bout » de ses possibilités d’homme, ce sont nos puissances d’aimer, de croire et d’espérer engourdies que Dieu veut réveiller. A travers Jésus qui meurt en s’appuyant sur la force nue de la Confiance en son Père, c’est Dieu qui soutient son Fils sur la Croix comme il nous propose de nous soutenir dans nos propres croix.
Enfin, regardons avec « émerveillement » ce que cet Évènement dit de l’homme, donc de moi-même et de Dieu. Si l’homme est blessé dans sa capacité à aimer, à pardonner et à espérer en vérité, Lui Dieu meurt d’amour pour infuser en lui la Force et la Vie qu’Il a données à son Fils. Désormais, Dieu et l’homme sont pour toujours « liés à la vie à la mort ».
Ce n’est pas une célébration du souvenir qui nous réunit ! Nous sommes là pour célébrer la victoire définitive du Ressuscité sur le mal et la mort. Ce qui s’est passé hier à Jérusalem, c’est aujourd’hui que nous avons à le vivre. Dans le manque d’élan qui traverse notre monde, dans les injustices et inégalités qui nous divisent, dans les violences qui nous agressent, dans les peurs qui nous paralysent, c’est aussi le Christ Vainqueur qui descend mystérieusement au plus près de notre humanité. Pour faire de nous, avec lui, des vivants et des résistants.
Michel Retailleau
Ezéchiel 37, 12-14 - Romains 8, 8-11 – Jean 11, 1-45.
« Cette maladie de Lazare est pour la gloire de Dieu. » dit Jésus aux apôtres. « Tu verras la gloire de Dieu » dit-il à Marthe. Mais qu’est-ce que la gloire de Dieu ? Dans la Bible c’est ce que les gens perçoivent de Dieu lorsqu’il se manifeste. Quand ils comprennent qui il est. C’est le visage de Dieu, son identité. Mais au cours de l’histoire on voit que Dieu a eu un mal fou pour se faire connaitre tel qu’il est vraiment. Nous le caricaturons sans cesse. Nous prenons Dieu pour ce qu’il n’est pas. Nous le travestissons à travers des idoles, nous le craignons comme s’il était méchant. Comme Marthe nous lui faisons des reproches « Pourquoi n’es-tu pas là quand je souffre. » Nous le voyons comme Dieu de la mort.
Et Jésus est venu nous révéler la gloire de Dieu, son visage de vie. Pour voir ce visage il fait croire dit Jésus. Croire qu’il a envoyé Jésus. Croire que Jésus nous donne de voir Dieu, à travers sa vie, ses actes, sa parole... Et le moment où il nous donne le plus à voir Dieu est le moment de la croix. C’est là que Jésus a le plus manifesté sa foi, sa confiance en Dieu. C’est là qu’il a le plus montré que « Dieu a tant aimé le monde, qu’il lui a donné son fils. » Et c’est dans la résurrection de Jésus que le visage de Dieu apparait dans toute sa gloire : un Dieu puissance de vie, ennemi de la mort.
Le miracle du « réveil » de Lazare est comme une anticipation de ce qui va arriver à Jésus : sa victoire sur la mort. C’est un évènement pour aider la foi, celle des apôtres, celle des sœurs de Lazare, et la nôtre. C’est une ébauche de la résurrection de Jésus. Certes Lazare n’a eu qu’un sursis et un jour ou l’autre, il est retourné au tombeau. Sa vie n’a pas été transformée comme l’a été celle de Jésus et comme le sera la nôtre à notre propre résurrection. Mais Jésus en a fait un signe, une démonstration publique que Dieu est l’ennemi de la mort. La croix de Jésus pourrait nous faire douter de cela. Nous aurions préféré qu’il nous évite la mort, au lieu de nous la faire traverser en sa compagnie. Mais non, avant de ressusciter il a été plongé dans la mort et il nous accompagne. C’est là qu’intervient la foi : « Rien, ni la vie ni la mort ne peut nous séparer de l’amour que Dieu nous a montré dans le Christ Jésus notre Seigneur » dit St Paul (Rom 8,37-39).
Notre résurrection commence ici et maintenant. « L’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en nous » dit St Paul » (Rom 8,11 2° lecture) Sa résurrection fait son œuvre en nous. Et il nous faut réentendre Jésus nous dire sans cesse « Sors dehors ». Sors de la mort, sors de tes tombeaux. Sors de tout ce qui t’emprisonne, sors de tout ce qui te ligote et t’empêche d’avancer. Ressuscite dès aujourd’hui : après une épreuve, une maladie, un deuil douloureux, un échec, une embrouille, sors et revis. Après un pardon reçu ou donné, une réconciliation, sors et revis. Le pape François nous invite à sortir ensemble, à être une « Église en sortie », qui ne s’enferme pas sur elle-même mais qui va vers les autres, au-devant de tous : sors et revis.
De toutes les manières, sortons en confiance. Et nous verrons la gloire de Dieu.
Robert JOURFIER
Regardons comment Jésus guérit l’Aveugle-né. St Jean nous dit : « Jésus cracha sur le sol et, avec la salive, il fit de la boue qu’il appliqua sur les yeux de l’Aveugle. » Ce que St Jean nous montre, c’est un geste de création. Tout comme au début de la Bible, nous voyons Dieu prendre de la glaise et modeler l’homme, nous voyons Jésus refaire ce geste pour ‘re-créer’ l’aveugle-né. Pourquoi Jésus recrée-t-il l’Aveugle-né ? Eh bien justement, parce que la première création a été marquée par le péché, abîmée par le péché. La guérison qu’opère Jésus se situe donc à deux niveaux. A un niveau naturel : Jésus rend la vue physique à l’Aveugle et à un niveau surnaturel : Jésus touche en cet homme la part obscure du péché qu’Il vient détruire par sa puissance.
Le don du baptême vient aussi guérir notre être abîmé par le péché ; il vient même parfois guérir physiquement l’homme. Pourquoi certains et pas d’autres ? C’est le mystère de Dieu ! Toujours est-il que le sacrement du baptême lave notre être du péché originel, c’est-à-dire que le sacrement du baptême rend notre liberté, compatible avec Dieu. Il nous permet de nous ouvrir à Dieu en plénitude et nous donne les moyens de lutter contre le péché que nous commettons. Le baptême est en quelque sorte le médicament que Dieu nous donne pour guérir notre humanité. Le don du baptême nous apporte encore une autre réalité : le don de la foi. Regardez l’Aveugle-né ! Jésus lui met de la boue sur les yeux, puis Il lui dit : « Va te laver à la piscine de Siloé. ». Que fait l’Aveugle-né ? Il y va. Autrement dit, il obéit. Il obéit parce qu’il a confiance. C’est le début de la foi. Le toucher de Jésus, le fait de s’être baigné sont des signes du sacrement baptême. D’ailleurs, il dira lui-même aux pharisiens qui le questionnent : « Il m’a mis de la boue sur les yeux, et je me suis lavé. » « Je me suis lavé » : annonce du baptême. Et ce chemin de foi qui s’ouvre devant lui, notre ami l’emprunte et avance dessus. Aux pharisiens qui le questionnent, il répondra : « C’est un prophète ». Puis, quand Jésus viendra le retrouver à la fin, Il dira : « Je crois Seigneur » (c’est-à-dire : Je crois que tu es le Messie). Au travers de sa guérison et des épreuves qu’il va vivre, il avance dans la foi et peut confesser : « Tu es le Messie ». Guérison naturelle, guérison surnaturelle et don de la foi ! Les trois sont donnés dans le sacrement du baptême.
Alors, il reste la question de l’opposition à Jésus, fortement marquée dans ce passage d’Evangile, mais opposition que l’on retrouve aussi dans tout cheminement de foi. Dans l’Evangile, les pharisiens n’accueillent pas l’œuvre de Dieu. Tout ce que fait Jésus est lu, interprété contre Lui. Nous aussi, parfois, nous pouvons être des pharisiens lorsque nous ne maitrisons pas telle ou telle initiative, tel ou tel comportement.
Les enfants et vous tous frères et sœurs, le don du baptême, annoncé et préfiguré dans cet Evangile de l’Aveugle-né, donne à tous ceux qui l’ont reçu ou qui le recevront, la capacité de voir Dieu, de voir où est Dieu, dans telle situation, chez telle personne. Appliquons-nous à vivre ce que le baptême nous donne afin de nous préparer, au terme de notre vie, à voir Dieu.
Jean- Pierre MAÇON
Superbe Évangile que celui de la Samaritaine ! Rencontre au bord d’un Puits où les langues se délient et les cœurs se dénudent. On ne se lasse pas d’admirer les deux personnages en présence. La Samaritaine, pour sa fidélité quotidienne à remplir la « corvée d’eau », pour la spontanéité de ses réparties, sa sincérité à reconnaître que sa vie n’est pas un modèle, pour sa conversion contagieuse… Jésus, lui, est encore plus admirable. Admirable de liberté pour faire voler en éclats les murs qui la séparent de cette femme. Mur du racisme : c’est une étrangère. Mur religieux : les Samaritains ont un Dieu autre que les Juifs. Mur des principes : en parlant à une inconnue le religieux qu’il est n’a pas peur du « qu’en dira-t-on » …Tous deux sont admirables. Mais l’Admirable n’est-il pas plus encore dans ce que la Samaritaine et Jésus nous révèlent d’une Troisième Personne qu’on ne voit pas : Dieu. Car, à travers eux deux, c’est Dieu qui désire, c’est Dieu qui invite, c’est Dieu qui commande…
C’est Dieu qui désire… Comme à Jésus, il arrive à Dieu d’être « fatigué » par ce qu’Il voit du monde et de nous-mêmes. Aujourd’hui encore, il nous murmure : « Donne-moi à boire »… « J’ai soif » de trouver des humains où me désaltérer. « J’ai soif » de rencontrer des vies soulevées par la foi, l’espérance et la charité. « J’ai soif » de me reposer dans des cœurs humains qui s’ouvrent à plus large qu’eux-mêmes. Affaire de Désir chez Dieu !
C’est Dieu qui invite... Non à ramper, ni à se courber devant Lui. Au contraire, Il appelle à l’élan et au jaillissement de tout nous-même : « Deviens source ! » Dans un monde tenté d’étendre son règne de frivolité et de superficialité, en voulant nous « formater » en répétiteurs de modèles ou de slogans, Il nous glisse à l’oreille : « Deviens source » : libère ces forces d’amour, de pardon et de fraternité qui sommeillent en toi. « Deviens source » pour transmettre à d’autres cette joie de croire dont beaucoup ne pensent plus qu’elle est encore possible.
Dieu qui commande… Non comme un maître à son serviteur. Mais comme un Amoureux qui nous voit et nous veut tellement grands qu’il nous appelle, en retour, à mettre notre esprit et nos actes au diapason de son Amour. « Deviens un adorateur, en esprit et en vérité » Autrement dit ! Tu n’aimeras vraiment Dieu que si tu cherches à vivre de la bonté, de la beauté et de la vérité dont le Christ a témoigné. Tu n’aimeras vraiment Dieu que si tu cherches, comme lui, à vouloir que ces vertus brillent chez ceux qui t’entourent.
« La samaritaine laissa là sa cruche… » Un Carême pour laisser les ‘cruches’ de nos existences lézardées et pour risquer de vivre à une autre hauteur et profondeur. Affaire de désir chez l’homme aussi !
Michel Retailleau
Jésus venait d’annoncer au groupe des disciples qu’il devrait souffrir beaucoup à Jérusalem, mourir, puis ressusciter. Ils avaient protesté avec force. Mais Jésus leur avait confirmé que ce destin serait non seulement le sien, mais aussi le leur. Et peu après, dans l’ambiance de la fête des Tentes où les juifs célèbrent leur traversée du désert et l’alliance que Dieu a conclue jadis avec eux, Jésus emmène trois d’entre eux et leur permet de vivre une expérience mystique. Sur la montagne, ils le voient transformé, vêtu de lumière, conversant avec Moïse et Elie, morts depuis longtemps. Et ils entendent une voix venue de la nuée lumineuse, témoigner que Jésus est le fils bien aimé de Dieu et qu’ils doivent l’écouter.
C’est une théophanie. C’est-à-dire une manifestation de Dieu. La montagne est le lieu où Dieu a donné les commandements à Moïse. C’est le lieu où il s’est montré à Elie, le grand prophète qui doit revenir : ces deux-hommes symbolisent toute la révélation de Dieu et l’Alliance de Dieu. La nuée lumineuse est celle qui guidait Israël dans le désert et qui s’est installée dans le temple : c’est la présence de Dieu qui est sur eux. Les paroles qui viennent de la nuée présentent Jésus comme le Fils de Dieu, c’est-à-dire le roi attendu, le messie. Il est le bien aimé de Dieu comme le serviteur dont parle le prophète Isaïe (Is 42, 1) Et il faut l’écouter comme le prophète semblable à Moïse, annoncé par Moïse lui-même (Dt 18, 15). Ainsi tous les mots, tous les détails leur disent l’identité exceptionnelle de Jésus. Il est le Messie, le serviteur et il partage une intimité unique avec Dieu.
Cette expérience spirituelle que Jésus leur a permise les a préparés à vivre les jours difficiles de la passion. Ils savent qu’ils peuvent l’écouter et le suivre jusque dans cette extrémité. En fait non seulement il leur a été signifié qui est Jésus. Mais ils l’ont vu ressuscité avant qu’il ne meure. Jésus n’avait donc pas besoin de passer par la mort pour ressusciter. S’il est passé par la mort, c’est pour nous resusciter avec lui. C’est le destin qui nous est promis. C’est un destin d’enfants de Dieu, d’hommes et de femmes divinisés, « nous lui serons semblables, car nous le verrons tel qu’il est. » (1Jean 3,2)
Cette expérience les laisse saisis de crainte, prostrés, en état de choc. Jésus les touche et les relève comme s’il les ramenait à la vie. Après quoi ils redescendent de la montagne. Ils retrouvent leur vie. Jésus est de nouveau le charpentier, l’ami quotidien, le maitre aimé et suivi. Ils étaient trois et selon la loi ils pourront témoigner de ce qu’ils ont vécu. Ils le feront après la résurrection.
Cet épisode est toujours rappelé en début du carême pour nous montrer le terme vers lequel nous marchons à la suite de Jésus. Celui de notre résurrection et de notre divinisation. Suivons-le, écoutons-le. Le carême nous est donné pour nous entrainer à vivre déjà en enfants de Dieu. Et dans nos vies pas toujours faciles, ni lumineuses, sachons voir les moments de répit et de lumière, où Dieu nous dit que nous sommes aussi ses enfants bien aimés.
Robert Jourfier
Dans notre société où le Ramadan musulman suscite la curiosité et où le jeûne médical pour son bien-être corporel se répand, les chrétiens ne savent plus très bien comment se situer face au Carême. Réduit souvent à ses privations et à un air de tristesse, il a perdu de son sens pour nombre d’entre nous. L’Evangile de ce jour nous invite à redécouvrir sa vraie valeur. Durant ces 40 jours, partons au désert avec Jésus et laissons-le nous instruire des 3 grandes tentations qui empêchent souvent notre vie chrétienne de prendre son envol.
1ère tentation : « Ordonne que ces pierres deviennent des pains. » Dans un pays où la bonne chère est érigée en culture, la préoccupation du bien-manger risque de relativiser l’ascèse nécessaire à la vie intérieure et enfermer sur don plaisir. De plus, la société de consommation tend à nous transformer en consommateurs impulsifs de matériel technique, audio, vidéo… qui tendent à devenir LA raison de vivre, au point que le souci de l’avoir l’emporte sur l’être. Alerte ! « L’homme ne vit pas seulement de pain mais de toute Parole qui sort de la bouche de Dieu ! »
2ème tentation : « Jette-toi en bas du temple ». Fais un miracle, séduis les foules… Si tu es Fils de Dieu, Dieu te protègera. » Autre alerte : « Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu ! » Mettre Dieu à l’épreuve, c’est croire que l’Evangile nous dispense de descendre en nous-mêmes et de mener le combat intérieur contre le mal en nous et dans le monde. C’est se méprendre sur la Puissance de Dieu : on attend qu’Il change magiquement épreuves, injustices ou inégalités alors qu’Il veut notre collaboration à notre Salut. C’est encore négliger la place de la Croix du Christ plantée au cœur de nos croix personnelles et collectives afin de nous réconcilier avec Dieu, avec soi-même, les autres et la Création.
3ème tentation : « Tous ces royaumes et leur gloire, je te le donnerai, si tu te prosternes devant moi. » Certes s’aimer soi-même, tel que l’on est, est souhaitable pour vivre. Mais toute autre est la tentation de ‘s’adorer’ dans la recherche égoïste du succès, de la gloire, du pouvoir… même à petite taille. Un tel « culte de soi », insensiblement, met Dieu à l’écart de sa vie. Alerte encore, dit Jésus : « C’est le Seigneur ton Dieu que tu adoreras ». Ne fais pas des autres les admirateurs de ta petite personne. Mais brûle ton cœur à la Miséricorde de Dieu qui veut te libérer de ton égocentrisme ! Au désert, le Christ a été tenté comme Homme. Mais comme Fils de Dieu, il en est sorti vainqueur contre le « démon ». Maintenant, Il se tient là, près de toi, dans les tentations, pour les traverser avec toi !
Michel Retailleau
Les textes de ce jour nous rappellent que le Seigneur attend de nous que nous soyons saints « comme lui-même est saint ». Cette vocation qui est la nôtre ne doit pas nous effrayer, mais bien plutôt nous enthousiasmer. C’est un appel à la vie et au bonheur. Elle nous appelle à un regard nouveau sur le monde et sur les gens. Elle nous sauve du vieillissement intérieur et de la passivité. Oui, nous redit le Seigneur, « je suis venu donner la vie en abondance » et donner les couleurs du véritable amour à ce monde marqué par nos égoïsmes.
Cet appel à la vraie vie est adressé à chacun de nous qui sommes « fils et filles de Dieu » par notre baptême. Le Seigneur compte sur nous pour être ses relais auprès des hommes qui recherchent le bonheur. Et de ne pas nous contenter d’être gentiment médiocres mais de faire davantage que « les païens » et de ne pas nous contenter d’une morale passe-partout. Le Seigneur nous demande de considérer tous les hommes comme des « frères » et de les traiter comme tels. Que nous voyions le monde comme Lui le voit, quitte à passer pour des « fous » au regard de l’opinion publique. Il nous rappelle qu’il accorde les mêmes bienfaits à tous les hommes, aussi bien aux justes qu’aux injustes, aux bons qu’aux mauvais. C’est pourquoi il nous demande d’aimer nos ennemis et de prier pour eux. Pure folie même, Jésus nous demande même de nous laisser gifler et dépouiller par le méchant sans riposter.
Mais, que voulons-nous réellement dans notre cœur ? Pourrions-nous vraiment concevoir que Dieu soit la Bonté même et ne pas tenter d’en faire autant avec son aide ? Serait-il normal de proclamer que « Dieu est amour » avec l’apôtre saint Jean, et de continuer nous-mêmes à vivre dans la violence injuste de nos sentiments contradictoires ? Que voudrait dire « aimer Dieu » si nous refusions de suivre le chemin qu’il nous indique ? Simplement, il est plus facile de ridiculiser l’enseignement du Christ que de devenir un saint. C’est là la grande tristesse de la vie chrétienne. Les païens ne s’y trompent pas car vient un jour où nous comprenons ainsi que seule la sainteté est digne de foi en ce monde ! Cela doit nous faire réfléchir… Où en sommes-nous dans notre vie chrétienne ? Jeunes, nous brûlions peut-être d’amour et de zèle pour le Seigneur et pour son Évangile. Et aujourd’hui, qu’en est-il ? Avons-nous conservé la capacité de nous émerveiller devant l’amour de Dieu et devant la beauté de son Évangile ? Sommes-nous toujours disponibles pour répondre à son appel à la sainteté ? N’ayons pas peur d’avoir de l’audace dans notre foi ! Mettons en pratique les enseignements de l’Évangile. Soyons dans le monde des signes vivants de l’amour de Dieu et du Royaume des cieux qui vient. C’est là le vrai bonheur !
Jean Pierre MAÇON
Ben Sirac (15, 15-20) - Ps 118 - 1 Corinthiens (2, 6-10) – Matthieu (5, 17-37)
St Paul parle de « la sagesse du mystère de Dieu, tenue cachée pour nous donner la gloire. » (2éme lecture) Dans toute la bible, de page en page, Dieu nous révèle cette sagesse sans cesse commentée depuis Moïse et les commandements, en passant par les sages et les prophètes. Jésus ne peut pas faire table rase de tout ce passé qui est Parole de Dieu. Et Lorsqu’il affirme « on vous a dit, moi je vous dis » ce n’est pas pour abolir la loi de Moïse, ni la critiquer, c’est, dit-il, pour l’accomplir, l’amener à sa perfection.
« On vous a dit ‘Tu ne tueras pas’. Moi je vous dis non seulement tu ne tueras pas, mais tu t’abstiendras aussi de la colère ». Dans la colère on a envie de voir l’autre disparaitre. On ne supporte plus sa manière d’être ou de penser ni sa présence : « casse-toi ! ». Le traiter de fou c’est le mépriser et déconsidérer sa parole « je te calcule pas ! ». Toutes ces attitudes fréquentes qui semblent bénignes sont pour Jésus la racine du meurtre. Il y a des paroles qui tuent. Nous l’avons vu récemment avec le suicide d’enfants ou de jeunes harcelés. Et Jésus ajoute qu’on ne peut pas aller prier avec tout cela dans le cœur : va d’abord te réconcilier avec ceux que tu méprises et que tu traites avec colère ou ceux qui ont quelque chose contre toi. Ensuite tu reviendras prier.
On vous a dit « tu ne commettras pas d’adultère » et moi je vous dis tu t’abstiendras aussi de convoiter dans ton cœur. » Car c’est là que commence l’adultère. Si nous laissons grandir en nous des désirs de séduction, des fantasmes vis-à-vis d’autres personnes, sans y mettre un frein, nous sommes déjà adultères dit Jésus. De plus notre société permissive nous inonde d’images qui font de nous des voyeurs. Or c’est par le regard dit Jésus que souvent tout commence. Nous connaissons les dégâts et les souffrances occasionnés sur le couple, sur les enfants, sur la confiance mutuelle qui est tuée.
Jésus reprend ainsi plusieurs des commandements de Dieu : il montre où est la racine du mal et il nous demande d’éradiquer cette racine dès qu’elle commence à pousser. Jésus n’est pas rabat joie. Ses exigences n’éteignent pas la vie en nous : au contraire elles la développent, jusqu’à nous faire ressembler à Dieu : « Soyez parfait comme votre père céleste est parfait »
Jésus nous invite à le suivre sur ce chemin de vie exigeant. Mais qu’en est-il lorsque notre corps et notre esprit sont dans la douleur et la maladie et que nos forces nous abandonnent ? Comme Jésus lui-même, nous vivons alors un chemin de croix, un moment où nous devons lutter pour la vie et contre le mal. Dans cette lutte l’Eglise nous propose le sacrement des malades, de la part du « Dieu de tout réconfort. ». Ce geste vécu dans la foi nous assure du soutien de Jésus qui a soulagé tant de souffrances qui a souffert l’épreuve et qui est capable de nous porter secours. Il nous donne l’assistance de l’Esprit saint consolateur, « qui vient au secours de notre faiblesse et qui donne la vie à nos corps mortels. » (Romains 8). Que ce sacrement de guérison et de grâce nous donne la force de Dieu pour suivre Jésus dans la santé comme dans les épreuves.
Robert JOURFIER
Jésus attend de nous que nous soyons le sel de cette terre : "Vous êtes le sel de la terre, et la lumière du monde," dit-il. Le sel comme la Lumière donnent vie.
Quand je regarde le soleil, à son lever, éclairer toutes les réalités du monde. Ce sont d’abord les formes qui se dessinent, ensuite les couleurs qui se font plus précises. C’est ainsi que progressivement la nature apparaît dans toute sa beauté ! Il en est de même du Christ dans l’humanité. Le sel donne goût et saveur à toute nourriture, il assainit, il conserve, il vivifie, il est connu du monde entier. Dans la symbolique biblique, il figure « la sagesse ». Il exprime l’amitié et la joie fraternelle. N’avons-nous pas reçu de Dieu le don de la terre entière. Nous avons à lui communiquer la saveur du Royaume, à lui révéler les secrets de la Sagesse de Dieu. Porteurs de la Parole de Dieu qui est le sel de la vie, notre rôle est urgent. Jésus fait le lien entre l’action de nos vies dans l’humanité et son Amour ; si cette action a sa source en elle-même, elle pâlit si facilement. Les Chrétiens, à la suite de Jésus, manifestent au monde la richesse et la beauté de l’œuvre de Dieu, sel de la terre, lumière du monde.
Jésus dit encore « Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut être cachée. Et l’on n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau ; on la met sur le lampadaire, et elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison." Jésus prend alors une deuxième image : "Vous êtes la lumière du monde." C’est une espérance immense, démesurée, presque infinie. Cette lumière, qui est capable d’éclairer le monde entier, est signature de modestie. Nous n’en sommes que le reflet, le témoin. Cette lumière n’a pas sa source en nous. C’est une Lumière qui vient de Dieu. "Vous êtes la lumière du monde, c’est ensemble avec lui que Jésus le déclare. " Dieu a mis quelque chose en nous, et cette Lumière, c’est tous ensemble, qu’elle doit rayonner jusqu’aux confins de la terre et jusqu’à la fin du monde. Cette Lumière n’est pas celle de l’éclat, elle est celle de la grâce. Cette vie intérieure, mise en nous par le Créateur, nous est donnée par Jésus et nourrie par l’Esprit. C’est dans ce lien, que réside la véritable illumination du monde. C’est la clarté qui jaillit des actes d’écoute et de bienveillance, des engagements à la fraternité et à la solidarité. À ce signe, l’amour que vous aurez les uns pour les autres, tous vous reconnaîtront pour mes disciples, dit Jésus. La visibilité de la communauté est celle du bien qu’elle fait : « Voyez comme ils s’aiment. » C’est notre amour qui est Lumière de Dieu et Sel de la terre !
Jean Pierre Maçon
Comment se fait-il que le christianisme apparaisse souvent comme une religion de la tristesse ou de l’ennui ? Les Béatitudes ne sont-elles pas une invitation pressante à nous mettre en marche vers le Bonheur promis par Dieu : « Heureux vous… » ? Il faut bien reconnaître que, dans le passé, à trop insister sur « les consolations dans l’au-delà », l’Eglise a parfois négligé que ce Bonheur était à goûter dès maintenant dans les choix, les joies et même les peines de la vie présente. Mais aujourd’hui, il est une autre tentation que nous partageons avec la société : ne voir le bonheur… que dans les « petits bonheurs » quotidiens. Ainsi, l’on en vient à penser que ce Bonheur c’est être « bien dans sa peau », « réussir dans la vie », réaliser ses projets humains, affectifs, familiaux, professionnels….
Sans doute, ces bonheurs petits ou grands dans leur intensité, sont-ils légitimes et à ne pas négliger. Ils participent du bonheur de vivre. Mais la tentation est alors de voir le Bonheur promis par le Christ à la seule échelle humaine, de le rapetisser à la mesure de soi-même, de ses projets, de ses réalisations, de ses désirs. Et de l’enfermer dans l’acquisition de « biens », de « choses » et des « plaisirs de la vie ». Mais alors, « il est où le bonheur, il est où ? »
Dans la 2ème lecture, St Paul nous met sur la piste quand il écrit à la communauté de Corinthe, faite surtout de dockers et d’esclaves : « Parmi vous, il n’y a pas de sages aux yeux des hommes, ni de gens puissants ou de haute naissance. » Mais c’est bien vous que Dieu a choisis pour « couvrir de confusion » les puissants et les notables. Ce qui compte pour Dieu, ce n’est pas la réussite sociale mais la confiance qu’il nous accorde et celle que l’on met en Lui. Le bonheur, pour Jésus, c’est une « sagesse » de vivre, une saveur d’être et de vivre avec Dieu.
Les Béatitudes ne sont pas des recettes du Bonheur. Jésus invite à se mettre « en marche » pour vivre à une autre hauteur. A devenir quelqu’un qui ne vit pas d’abord de « choses » à acquérir mais de confiance en Dieu et d’espérance pour l’homme… Quelqu’un qui voit ses pauvretés comme un appel à laisser Dieu le rendre riche : « Heureux les pauvres de cœur, le Royaume des cieux est à eux »…Quelqu’un qui apprend la miséricorde en se faisant le compagnon de ceux qui pleurent… Quelqu’un qui s’humanise en s’exerçant aux mots et aux gestes de la douceur… Quelqu’un qui préfère les combats pour la paix et la justice à la course à l’argent et à sa tranquillité… Qui préfère la pureté d’une vie simple au paraître et au mensonge car alors, il peut « voir » Dieu... « Heureux, vous… », « En Avant, vous ! » (traduction possible) car c’est tellement divin et pas triste de vivre ainsi avec Dieu et les autres !
Michel Retailleau
Jésus va jusqu’à choisir ses premiers collaborateurs, ses premiers responsables, parmi les habitants. S’adressant à Pierre et à André, il leur dit : “Venez à ma suite, je ferai de vous des pêcheurs d’hommes.” Il n’appelle pas des champions de la Bible ou de la liturgie mais des gens tout-à-fait ordinaires, des simples pêcheurs.
Il nous appartient d’en tirer les conséquences pour notre foi. La première, c’est que nous sommes tous appelés tels que nous sommes. Le Seigneur n’appelle pas les plus capables mais il les rend capables. Un exemple : nous avons de beaux témoignages de repris de justice et même des terroristes qui se sont convertis à Jésus Christ et qui témoignent de cette rencontre avec lui. Tout l’Évangile nous montre qu’il est venu “chercher et sauver ceux qui étaient perdus”. C’est ce qui s’est passé pour Saul le persécuteur et bien d’autres.
La Bonne Nouvelle de l’Évangile est pour tous. Aucun être, aucune situation n’échappe à la proximité et à l’amour de Dieu. C’est pour nous un appel à changer notre regard sur les personnes et sur le monde. Trop souvent, nous avons un regard méfiant. Si nous voulons être disciples et missionnaires, nous devons nous tourner vers le Christ et nous laisser guider par lui. Il nous apprendra à accueillir chacun tel qu’il est, à lui faire confiance et à lui donner toutes ses chances. Nous sommes appelés à être “l’amour du Christ”.
C’est ce à quoi le pape François appelle quand il invite l’Église à aller vers les “périphéries”, il ne fait qu’actualiser ce qu’a fait Jésus. Le suivre c’est aller avec lui à la rencontre de toute l’humanité, c’est se rendre proche de chacun. La tentation est grande de se dire : “À quoi bon ? Cela ne sert à rien.” Ce serait oublier que la mission n’est pas d’abord notre affaire mais celle du Seigneur. C’est lui qui nous envoie son Esprit saint. Il agit dans le cœur de ceux et celles qu’il met sur notre route. Sans lui, rien n’est possible. Jésus le Galiléen est toujours là, vivant et agissant au cœur de son Église. Il est le VERBE, la PAROLE qui donne SENS à notre marche. Il est la Lumière pour éclairer toutes les nations. Nous pouvons toujours compter sur lui. Rien ne peut nous séparer de son amour.
En nous rassemblant à l’église en ce dimanche, nous venons puiser à la source de l’Amour qui est en Dieu. Nous nous nourrissons de sa Parole et de son Eucharistie. Nous lui demandons qu’il nous donne la force et le courage pour la mission qu’il nous confie : “Toi qui es la Lumière du monde, toi qui es l’amour, mets en nos ténèbres ton Esprit d’amour.”
Jean Pierre MAÇON
Isaïe (49, 3. 5-6 ) 1 Corinthiens (1, 1-3) Jean (1, 29-34)
« Tu es mon serviteur Israël en toi je manifesterai ma splendeur. » (Première lecture) Le serviteur de Dieu c’est le peuple d’Israël, et sa mission est de manifester la grandeur de Dieu. Le problème c’est que lorsque cette parole lui est dite par Isaïe, Israël en exil à Babylone, ne voit guère la splendeur de Dieu : il est un peuple vaincu, dépouillé, déporté... Mais par ces paroles Dieu s’engage à le soutenir, et lui demande de témoigner de ce soutien. Il demande la foi, de croire contre toute apparence que Dieu va le sauver. Et voyant cela les autres connaitront Dieu comme sauveur. C’est une indication pour nous. Lorsque nous sommes dans la détresse, dans le deuil, dans la maladie, Dieu n’est pas loin, ni absent. Il nous dit qu’il est avec nous et nous soutient. Il nous demande de croire à son salut et nous donne mission d’en témoigner.
Ce serviteur c’est aussi un prophète à venir, qui aura à souffrir et qui témoignera avec puissance de la splendeur de Dieu. Le prophète Isaïe le compare à un agneau d’abattoir, « mais c’est nos péchés et nos souffrances qu’il porte. » Nous y reconnaissons Jésus qui a traversé avec foi et confiance les épreuves de sa passion. Jean le baptiste l’appelle « l’agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ». Cela nous rappelle l’agneau pascal sacrifié par les hébreux avant de fuir l’Egypte avec Moïse. En souvenir, tous les ans à la pâque chaque famille sacrifiait un agneau au temple. C’est à l’heure où les agneaux étaient sacrifiés que Jésus a été crucifié à proximité. Les disciples en ont été impressionnés et Jésus leur est apparu comme le véritable agneau de Dieu qui sauve le peuple de ses péchés. L’Apocalypse parle aussi de l’agneau immolé mais vainqueur, qui s’est battu comme un lion avec le péché et le mal. C’est l’agneau ressuscité, debout, offensif qui prends la tête du troupeau que nous sommes, pour nous conduire vers Dieu.
« Je ne le connaissais pas » dit Jean Baptiste. Il le connaissait. Mais il ne percevait pas la dimension divine de Jésus qui lui a été révélée lorsqu’il l’a baptisé. « J’ai vu l’Esprit de Dieu descendre sur lui et y demeurer. » Jésus nous sauve parce que l’Esprit saint a demeuré en lui. C’est-à-dire qu’il y a entre Dieu et Jésus un lien intime, fort, unique. Et Jésus a vécu sa vie d’homme avec cette intimité-là. Et il l’a vécue jusque dans la souffrance et dans la mort. Et c’est cela qui nous sauve : non la souffrance et la mort, mais la manière dont il l’a traversée, en manifestant, comme dit St Paul, que « rien vraiment ne peut nous séparer de l’amour de Dieu. »
A-t-il enlevé le péché ? Cela ne se voit pas beaucoup, ni dans notre vie, ni dans celle du monde. Du moins nous sommes remis dans l’amitié de Dieu, grâce à son pardon. Les chrétiens de Corinthe à qui s’adresse St Paul n’étaient pas des enfants de chœurs, certains vivaient encore dans la débauche. Il dit pourtant qu’ils sont « sanctifiés par le Christ et appelés à la sainteté. » Comme Israël à Babylone, comme Jésus sur la croix ayons foi dans le soutien de Dieu. Soyons nous aussi des « agneaux de Dieu » qui se battent contre le péché du monde, avec la foi que rien ne peut nous séparer de Lui.
Robert JOURFIER
Qui sont ces "mages" Babyloniens ou Perses en route vers Bethléem ? S’appellent-ils Melchior, Balthazar et Gaspar ? L’évangéliste Matthieu n’en dit rien. Mais mieux, nous découvrons qu’ils ont un désir chevillé au corps : « Où est le roi des juifs qui vient de naître ? Nous avons vu se lever son étoile et nous sommes venus nous prosterner devant lui. » Leur métier d’astrologues, c’est d’étudier les astres et de donner une interprétation des " signes " aperçus dans le ciel. Ils ont beau être non-juifs, « païens », leur vie est en quête de vérité, de lumière. Et pour cela, ils sont prêts à quitter leurs frontières, leurs croyances et leur culture.
Quel contraste avec notre monde tenté d’installer sa recherche du bonheur dans le confort matériel et ses fausses certitudes ! Eux, ils ont soif de vérité et ils ont entrevu une nouvelle façon d’être homme « se lever ». Alors, aimantés par cette « étoile », ils se sont mis en route. Quelle force intérieure les a donc poussés à tout laisser pour se mettre en marche ? Et quelle humilité ! En bons astrologues, ils aimaient " raisonner " avec leur esprit scientifique et voilà qu’on les trouve en train de " résonner " intérieurement, de vibrer jusqu’à " se prosterner " devant le signe fragile de cet enfant nouveau-né. Et les voilà à déballer leurs étranges cadeaux : l’or et l’encens, en signes de reconnaissance de la divinité royale de l’Enfant et la myrrhe, en signe de reconnaissance d’une humanité qui connaîtra la mort.
Nos vies sont souvent désenchantées et fatiguées parce que nous ne savons plus nous émerveiller. Nous sommes prisonniers de manières de vivre, de voir et même de croire qui "plombent" nos désirs les plus profonds. Alors tous ces désirs de Beau, de Bon et Vrai qui dorment en nous ne trouvent plus de quoi réveiller l’émerveillement et le désir de changer de vie. Comme Hérode, notre vie se laisse paralyser par « la peur », « l’inquiétude » et l’immobilité.
L’Épiphanie, c’est la fête de tous ceux qui, croyants ou non, se laissent attirer et guider par la mystérieuse " étoile " qu’est la lumineuse humanité de Jésus. Qui d’entre nous n’a jamais entendu : « Ton Église, ça ne m’intéresse pas. Mais Jésus, j’aime ce qu’il a dit et fait ! » L’Épiphanie, c’est la « manifestation » (sens du mot « Épiphanie ») que le Christ n’est pas réservé à un peuple, ni même à l’Église. « Ce mystère, dit St Paul dans la 2nde lecture, c’est que toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ, par l’annonce de l’Évangile. » Avec la fête de l’Épiphanie, Noël prend une dimension universelle. En aimantant nos regards, l’Enfant-Jésus nous fait espérer en une Fraternité universelle… Mais lui, est-il mon Étoile et ma boussole dans la vie ?
Michel Retailleau
Telle un oignon qu’on épluche, la Fête de Noël est enrobée de tant de significations que nous avons peine à en garder le sens profond. Noël évoque certes la famille, la lumière et la chaleur au cœur de l’hiver, l’échange des cadeaux, le rêve de Paix et de Fraternité pour les siens et le monde… Dimensions qui ne sont pas à négliger. Mais pour nous chrétiens, il est nécessaire en ce jour de nous redire son sens plénier. Afin de mieux entrer dans le mystère de cet Evènement et de mieux en Vivre.
A première vue, rien d’extraordinaire ne s’est passé..
Un recensement, un couple déplacé qui ne trouve pas de place à l’auberge, une jeune femme qui accouche hors de la ville près des bergers. Mais la banalité s’arrête là, si l’on découvre que ce bébé balloté dans l’histoire vient de Dieu et que le « Jésus de Nazareth » qu’il deviendra est le Fils de Dieu en Personne. Venu pour « sauver » les hommes de leur légèreté, de leur incapacité à vivre en hommes libres et responsables. Divisés qu’ils sont intérieurement entre le mal à combattre en soi et dans le monde et le bien à réaliser.
L’impensable de Noël est là ! Dieu aurait pu rester distant dans son ciel, nous laissant appliquer sans joie la Loi de Moïse. Non, par Jésus, « Il s’est fait chair », vrai homme, ‘esprit-cœur- corps – âme,’ pour qu’en prenant appui sur Lui et comme Lui, nous devenions de vrais Vivants. Car on peut « être en vie » sans « avoir la vraie Vie en soi ». Or, il s’est fait chair pour que, par lui, nous venions à la Vie qui nous fait communier à la Joie même de Dieu d’aimer, de partager, de pardonner avec les hommes. De Jésus, Jean dira : « Celui que nous avons entendu, vu de nos yeux, contemplé et touché. C’est la Parole de Vie » (1 Jn 1,1-4).
De quoi l’homme est-il capable ? De prouesses techniques, scientifiques, sportives… certes mais aussi d’intériorité, de spiritualité, nourritures si négligées pour l’homme d’aujourd’hui. Noël est un appel à Vivre ce que nous n’avons jamais osé. Une invitation à toujours renaître et devenir celle/celui que Dieu nous appelle à être. Une jeune de Ste Hélène l’a très bien compris, qui nous disait : « Rencontrer le Christ me permet de mieux me tourner vers les autres. D’être moins passive et indifférente ; en prenant plus parti et en trouvant ma place en ce monde. Je me découvre une mission et je deviens ma vraie personne. » En venant sur terre, Jésus nous appelle à être traversés de cette Vie-là, à la faire venir partout où l’humain est menacé. Puisse cette Naissance nous réveiller de nos torpeurs et nous rendre Vivants de cette Vie afin de sauver la Joie de Vivre qui manque cruellement à notre monde !
Michel Retailleau
Être juste selon la Bible c’est respecter la Loi de Moïse, la Tora. Joseph était un homme juste. Pourtant il ne respecte pas la Tora sur un point important. Comprenant que Marie porte un enfant qui n’est pas de lui, il devrait selon la Tora la dénoncer et se séparer d’elle. Car les fiançailles étaient une promesse de mariage qui engageait totalement, autant que le mariage lui-même. Et divorcer devait être un acte officiel, signé devant témoins. C’est le projet qu’il imagine, renvoyer Marie. Il se montrait juste en ce sens qu’il ne voulait pas assumer la paternité d’un enfant qui n’était pas le sien. Mais il pensait le faire en secret et non dans une dénonciation publique comme l’exigeait la Tora en cas d’adultère. Pour Joseph, entre le désir d’obéir à la loi, et le désir de ne pas nuire à Marie, c’est une situation bloquée.
C’est alors que Dieu est intervenu. En songe Dieu s’est adressé à Lui : « Joseph ne crains pas de prendre chez toi Marie ton épouse » L’ange du Seigneur lui explique que l’enfant engendré en elle vient de l’Esprit Saint. Cet enfant à naitre est une création divine. Et Dieu sollicite Joseph. Il lui demande son concours pour inscrire l’enfant dans la généalogie de David. Car le messie attendu doit être fils d’Abraham, fils de David.
Joseph a-t-il tout compris ? Il y a de quoi être abasourdi par de telles paroles et une telle situation. En tous cas Joseph se montre juste encore une fois car il fait confiance. Il se fie à Dieu seul et il lui obéit. Il prendra chez lui Marie son épouse et il donnera à Jésus son nom. Il ne sera pas qu’un père nourricier chargé de l’intendance et d’apprendre à Jésus son métier. Il sera un père adoptif qui donne à Jésus son identité sociale, sa famille, ses ancêtres, ses racines. Il l’inscrira dans le peuple de Dieu et dans les promesses faites à David. Joseph n’est pas l’ombre de Marie. Au même titre qu’elle, il est l’artisan de la venue de Dieu dans la chair. Il pensait s’effacer devant la situation de Marie, et voilà que Dieu lui donne la grande mission avec elle.
L’Ange lui donne une double consigne : « tu lui donneras le nom de Jésus », et sans sourciller, citant Isaïe, il ajoute aussitôt, « il sera appelé Emmanuel, ce qui signifie Dieu avec nous ». Alors Jésus ? Ou bien Emmanuel ? C’est les deux.
Jésus signifie Dieu sauve. C’est ce que dit l’ange « il sauvera son peuple de ses péchés ». Il n’aura pas de victoires historiques sur les ennemis d’Israël comme David, mais par sa vie et par sa mort, il aura une victoire décisive sur le péché qui divise les hommes entre eux, qui est la source de tout le mal dans le monde, et qui les sépare de Dieu.
Emmanuel, Dieu avec nous, c’est la promesse de Dieu qui court à travers toute la Bible, faite à Moïse, à Jérémie, à Isaïe... à tout le peuple : « Ne crains pas, je suis avec toi. » Après la résurrection, les disciples comprendront combien Jésus avait été présence de Dieu à leurs côtés. Et sa dernière parole dans l’évangile de St Matthieu s’adresse à nous : « Et moi je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps. »
Sans l’obéissance humble et discrète de Joseph, l’homme juste, Jésus n’aurait pu devenir ni notre sauveur, ni Dieu avec nous pour l’éternité.
Robert JOURFIER
Le 3ème dimanche de l’Avent est considéré comme le Dimanche de la Joie. C’est la Joie de Croire qui nous met dans l’attente du Messie, Signe de la Présence de Dieu au milieu de nous.
« Où serait la joie de croire, sinon dans le pas de nos jours qui se perdent, se trouvent, et s’égarent à nouveau ?
La joie de croire n’est pas au bout de la foi : quand notre vie sera bien droite, accordée en toute chose au désir de Dieu. La joie de croire n’est pas dans l’exposé satisfait, tel celui de l’homme dans le temple : « Mon Dieu, je te rends grâce que je ne suis pas comme le reste des hommes… » (Lc 17, 11). Elle n’est pas au bout d’une performance. Elle ne s’obtient pas par nos œuvres. Elle ne demande pas de savoir bien prier. Elle ne m’impose ni méthode, ni tracé, ni mission impossible.
La joie est en chaque recommencement hésitant ; infime et fidèle, fragile et constante. Elle vient vers nous au printemps comme en hiver ou aux temps de sécheresse. Humble, elle est à la porte et frappe. A qui ouvre, elle entre, et prend la tenue de service. Elle nous raconte son histoire : don du Père et du Fils, son souci est que nous sentions en notre chair, parfois déchirée de malheur, que nous ne sommes pas délaissés.
Elle a fait un long voyage pour se tenir auprès du plus obscur de nos existences. C’est là qu’elle fait sa maison. Une demeure ouverte au vent et au soleil, aux vivants. Elle ne sait pas protéger des duretés de la vie, mais, quand nous y revenons, nous goûtons, éberlués, qu’elle nous attend, protection mystérieuse, du sein de l’histoire souvent si brutale, inhumaine. Elle annonce au creux du cœur, de ses chagrins immenses comme de ses paix miraculeuses, que la vie vaut la peine d’être habitée.
Elle ne sait pas répondre à tant de questions légitimes : pourquoi ton Dieu ne fait-il rien ? Comment est-il possible que la barbarie frappe toujours ? Pourquoi ma vie s’est-elle encore échouée ? Comment vivre avec le mal subi qui déchire mes nuits ? Elle m’écoute, me semble-t-il, et m’assure qu’elle les porte avec moi. Peut-être que la joie de Dieu est capable de pleurer avec moi ? Ses larmes ont comme un minuscule éclat au dedans… »
Véronique Margron, dominicaine
Isaïe 11,1-10 - Psaume 71(72) – Romains 15, 4-9 – Matthieu 3, 1-12
Jean Baptiste parait dans le désert de Judée. Il est habillé d’un vêtement en poils de chameau et d’un pagne de cuir comme l’était autrefois le prophète Elie. Il se nourrit de ce qu’il trouve sur place, des sauterelles et du miel sauvage. Sa préoccupation n’est pas la nourriture ni le vêtement, c’est Dieu. Il va dans le désert parce que c’est le lieu où Dieu avait parlé à son peuple après la sortie de l’Egypte. C’est le lieu où Dieu avait fait alliance avec ce peuple en donnant sa Loi à Moïse. Les juifs se rappelaient ce temps comme le temps des fiançailles où Dieu parlait, où Dieu les conduisait avec des liens d’amour. C’est pourquoi périodiquement des hommes désireux de se rapprocher de Dieu et de vivre selon son alliance et sa loi se retiraient au désert, c’est le cas des esséniens, et c’est le cas des baptistes. Car Jean n’était pas le seul à baptiser. C’était un groupe de disciples, un mouvement qui attendait « le jour de Dieu » c’est-à-dire le jour du jugement. Et ils le pensaient proche.
Ce temps de l’Avent nous est donné à nous aussi pour nous rapprocher de Dieu et de son alliance. Rappelons-nous nos propres fiançailles avec Dieu, les jours qui ont fait date, où nous avons été heureux de lui appartenir, les grands moments de notre vie où il a été là, et où il nous a parlé.
Jean Baptiste pressait les gens de se convertir, c’est-à-dire de changer leurs comportements pour être trouvés justes lors du jugement de Dieu. Il le faisait d’une manière vigoureuse. Avec des images terribles : Il disait Dieu va nettoyer la place, il va faire le tri, il va abattre les arbres qui ne portent pas de fruits et les jeter au feu, Ceux qui souhaitaient se convertir, il les plongeait dans l’eau de la rivière, une seule fois, en signe de renouveau, de vie nouvelle débarrassée du péché.
Parfois devant tout ce qui se fait de mal, la violence et l’injustice du monde, la misère entretenue par les actes des uns et l’indifférence des autres, nous aimerions un Dieu bucheron qui ferait le ménage et abattrait les méchants. Ce serait pratique. Mais ce qu’il nous demande et nous aide à faire c’est notre conversion. Non pas pour faire le tri entre les gens. Mais pour faire le tri en nous. Il y a en chacun de nous des comportements, des manières d’être dont nous ne sommes pas fiers. Dieu peut nous en débarrasser. Et tout ce qui est bon, le meilleur en nous, il peut le sauver.
Tous les textes de ce dimanche sont au futur. Isaïe annonce une naissance et un monde libéré du mal. Le psaume 71 (72) annonce un roi de paix et de justice. St Paul affirme que tout ce qui a été écrit l’a été pour que nous ayons l’Espérance. Jean Baptiste annonce la proximité du royaume de Dieu et la venue d’un autre que lui-même. Tous annoncent du neuf venant de Dieu.
Jésus sera ce neuf absolu. Il est déjà là, prés de Jean Baptiste. Il va annoncer le royaume de Dieu lui aussi. Il ne va séparer la paille et le grain, et bruler la paille comme dit Jean Baptiste mais il prêchera la patience de Dieu et sa miséricorde. Il baptisera non dans l’eau mais dans le feu de l’Esprit saint, nous apprenant ainsi à vivre comme lui en enfants de Dieu.
Robert JOURFIER
Cette année, c’est l’Évangile de Matthieu qui nous fait entrer dans l’Avent. Avent signifie à la fois « Attente » et « Avènement ». Pendant des siècles, le peuple Hébreu a été dans l’Attente du Messie et le premier Avènement en fut la venue de Dieu sur terre en Jésus. Mais « les siens ne l’ont pas reçu », aussi s’agit-il pour nous d’attendre son 2ème Avènement : son Retour à la fin des temps. Or, l’Évangile précise qu’il viendra à l’improviste comme un voleur que l’on n’attend pas. Mais que signifie : attendre un évènement… que l’on n’attend pas ?
Au temps de Noé, dit encore l’Évangile, les gens n’attendaient rien : « on mangeait et buvait, on prenait femme ou mari… jusqu’à ce que survienne le déluge qui les a engloutis. » Trop « engloutis » dans leur présent immédiat, les Hébreux n’ont pu voir dans l’Évènement du déluge l’Avènement de la Visite de Dieu. Aujourd’hui, ne sommes-nous pas nous-mêmes trop enlisés dans les multiples occupations du présent, dans le stress d’une vie « métro, boulot, dodo », repliés sur notre « ego » ? Et par là, incapables de lire dans les évènements du monde les signes annonciateurs du Retour du Christ. Avec la Covid, nous avons cru naïvement qu’il existerait « un monde d’après Covid » où l’on vivrait mieux. Les changements climatiques, la guerre en Ukraine continuent à nous interroger fortement sur la violence que l’homme impose à la nature et à son semblable. Et voilà que l’Église, avec des affaires d’abus sexuels et spirituels, contredit gravement ce témoignage de vérité à laquelle elle est appelée. Dans ce contexte-là, comment vivre l’Avent 2022 ?
St Paul, dans la 2ème lecture, est parfaitement clair : Il faut vivre notre présent tel qu’il est, comme un Réveil : « C’est le moment de sortir de votre sommeil. Le salut est près de nous ». L’Avent joue comme un électro-choc qui invite à Veiller. Car, au cœur de toutes ces crises personnelles ou/et collectives que nous vivons, c’est le Royaume même de Dieu qui s’invite à notre porte et à celle de l’humanité. Comme une femme attend de mettre au monde l’enfant qu’elle porte, nous sommes appelés à vivre une « mystérieuse gestation » : donner naissance au Christ que, par notre baptême, nous portons en nous et accueillir le Royaume. C’est dès maintenant qu’il faut sortir de notre somnolence !
« Veiller », c’est chercher à vivre pleinement sa vie en « éveillé ». Sur tous les plans : familial, social, professionnel, scolaire, associatif, sportif, spirituel... « Ne nous laisse pas entrer en tentation » demandons-nous à Dieu. Il n’y a pas pires tentations que celle de l’engourdissement de l’être et de la peur de changer intérieurement. Mettons-nous en recherche des signes annonciateurs du Retour du Christ. Car Il revient nous sauver de nos tristesses et du mal de vivre au cœur des crises du monde, de l’Église et des nôtres !
Michel Retailleau
Lorsque nous levons les yeux vers la croix de Jésus, nous pouvons nous demander quel est cet homme : « roi ou esclave ? », tant son apparence est celle d’un cadavre qui se montre à nous et pourtant d’une beauté insaisissable. Cette beauté mystérieuse est d’autant plus admirable si nous contemplons attentivement l’image du Saint - Suaire de Turin. Sa beauté simple et royale nous permet d’approcher, dans la foi, le Jésus qui a si fort impressionné ses contemporains. Elle nous révèle que nous sommes là en présence du plus beau des enfants des hommes. Qui est donc Jésus ? Reprenons les différents titres que lui donne saint Paul dans ce passage de l’épître aux Colossiens.
Jésus est avant tout « le Fils bien-aimé » de Dieu le Père. A cela, nous sommes invités à le croire. Jésus nous a manifesté cette vérité première par tout son comportement ! Rappelez-vous ses longs moments de prière solitaire où il aimait s’entretenir seul à seul avec son Père. Des nuits entières parfois ! A-tel point que nul ne fut vraiment surpris lorsqu’il déclara que lui et son Père étaient UN, et que « celui qui le voyait, voyait son Père. »
Affirmer que Jésus est « l’image du Dieu invisible ». Et que « tout a été créé par lui et pour lui. » Qui voit Jésus voit le Père. En lui, l’invisible s’est rendu visible. Et cet invisible a pris chair « d’une maman », la Vierge Marie. Celui qui est le Maître de la vie est devenu mortel. Et pourtant, tout continue de subsister en lui qui n’a jamais cessé d’être ce qu’il est de toute éternité !
Enfin, saint Paul proclame que Jésus est « la tête du corps, c’est-à-dire de l’Église ». En lui, toute chose trouve son accomplissement qui est d’être réconcilié avec Dieu par le sang de sa croix. En Jésus, vrai Dieu et vrai homme. Saint Paul précise, au début de son épître aux Ephésiens (1,3-4) que Dieu « nous a élus en lui, dès avant la fondation du monde, pour être saints et immaculés en sa présence, dans l’amour, en qualifiant par avance que nous serions pour lui des fils adoptifs par Jésus-Christ. »
La fête solennelle de la royauté du Christ est pour nous un grand motif de joie ! La beauté du Christ et plus particulièrement celle de sa divinité, nous montre le chemin qui nous conduit à une beauté spirituelle et qui peut aussi devenir la nôtre. Il suffit pour cela que nous engagions à faire le bien et que nous soyons fidèles à la grâce reçue lors de notre baptême et de notre confirmation. Comme dit le pape, « Vivre sa vie chrétienne en plénitude et dans la perfection de la charité invite chacun de nous à trouver le moyen qui lui soit le plus adapté, pour vivre le double commandement du Christ à l’aimer et à aimer tout homme en ce monde. »
Jean Pierre MAÇON
Jésus est étonnant de vérité. Il n’est pas le démagogue qui promet de belles choses que nous ne verrons jamais, il est réaliste. Il sait nous dire que notre chemin ne sera pas toujours facile. L’humanité semble accumuler violence sur violence, désastre sur désastre au point qu’elle devient capable de se saborder.
Jésus a tout porté sur lui. Avec lui, son chemin est toujours accompagné d’amour, de douceur et de tendresse. Dans les pires évènements de la vie du monde, nous prenons conscience de la vérité de sa parole : « On se dressera nation contre nation, des faits terrifiants surviendront. » Constamment, arrivent des événements dans le monde et dans l’Eglise : épidémies, tremblements de terre, déferlements de haine, les fondements de la terre eux-mêmes en sont bousculés ! Ce qui entraine des déplacements de personnes. Aussi faut-il des lieux d’accueil et de soutien pour les déplacés, les migrants. Parmi bien d’autres, il y a les services du Secours Catholique dont c’est aujourd’hui la journée d’appel aux dons pour soutenir leurs actions. Que ce soit ici en France ou bien pour des engagements solidaires en venant en aide aux populations locales dans des projets de développement.
Le soleil de justice, c’est Jésus, qui se lève et apporte la guérison à celui qui la lui demande. C’est aussi toute sa tendresse et sa miséricorde qu’il laisse en exemple. Nous devons veiller car nous ne connaissons pas le retour du Christ. En Église, nous cherchons à être solidaires les uns des autres. Les dons du Saint Esprit nous sont donnés pour que nous soyons vigilants ensemble. C’est pour cela que nous veillons et que nous prions pour nous trouver dans le Christ avec tous ceux qui travaillent à la fraternité.
Cette décision d’aimer, de partager, de servir est une décision toute intérieure et toute personnelle en lien avec le Saint-Esprit et le prochain qui appelle. Aujourd’hui, supplions sans cesse pour toute l’humanité afin que Dieu nous vienne en aide ! Notre vigilance est l’amour avec lequel nous accomplissons dans le quotidien des œuvres de lumière et de justice. Cet amour est notre sécurité car tout ce qui ne sera pas trouvé dans l’amour disparaîtra. Il y va de notre responsabilité, de notre prière et de nos choix, pas seulement pour nous-mêmes, mais pour l’humanité que nous voulons servir.
Jean Pierre MAÇON
2°livre des martyrs d’Israël (7,1-2. 9-14) - Luc 20,27-38
A l’époque de Jésus, les juifs ne croyaient pas tous en la résurrection des morts. Cette croyance était récente. Elle date surtout de la persécution dont parle la première lecture : Deux cents ans avant, une famille de résistants accepte les tortures et le martyre par fidélité à la Tora et dans la foi que le Dieu fidèle les ressuscitera. Jésus, les pharisiens et une majorité du peuple croyaient cela, mais d’autres et en particulier les sadducéens, c’est à dire les prêtres et l’aristocratie du temple ne le croyaient pas.
S’il n’y a pas de résurrection, la manière pour un homme de survivre c’est d’avoir des enfants. Pour convaincre Jésus qu’ils ont raison, ils s’appuient sur la loi appelée « Lévirat » : Lorsqu’un homme meurt sans enfants, son frère doit lui donner une descendance en se mariant à sa veuve. Et ils font cette supposition qu’une femme sept fois veuve, se remariera sept fois avec les frères de son mari. Ils veulent ridiculiser la foi en la résurrection en montrant que c’est impossible. Lequel serait son mari à la résurrection puisqu’on ne peut avoir qu’un seul mari à la fois ? C’est dans la Tora, et ils l’utilisent.
Jésus aussi puise sa réflexion dans la Parole de Dieu. Il ne l’utilise pas comme source d’arguments, il la médite. C’est sa nourriture. Il la reçoit de Dieu. Il cite Moïse qui a la vision de Dieu dans le buisson ardent. Et Dieu se présente ainsi à lui : « Je suis le Dieu de tes pères Abraham, Isaac et Jacob » Donc dit Jésus, si Dieu parle ainsi c’est qu’ils sont vivants. Il est le Dieu des vivants.
Il précise : on ne ressuscite pas pour reprendre sa vie d’avant avec son appartement et sa famille, on ne se marie pas. Pourtant nous espérons bien retrouver au-delà de la mort ceux que nous aimons ? Nous les retrouverons, mais nous serons « comme les anges, » en communion pleine et entière avec tous les enfants de Dieu, les enfants de la résurrection, vivants de la vie de Dieu, dans l’immensité de sa famille.
Et il ne faut pas imaginer des âmes séparées des corps. Dans la bible corps et âme sont indissociables : c’est une personne toute entière qui est appelée à ressusciter. Comme dit la liturgie des défunts « la vie n’est pas détruite elle est transformée ». La personne n’est pas détruite, elle est transformée. St Paul (1Co 15) explique que « ce qui est semé corps physique ressuscite corps spirituel ». Jésus le premier a fait l’expérience de cette vie transformée, lorsqu’il est apparu à ses disciples les jours de Pâques, ressuscité, à la fois le même, avec les blessures de la passion et la familiarité amicale qu’il montrait a ses disciples, et à la fois différent, insaisissable. Sa vie n’était pas détruite elle était transformée.
Nous ne pouvons guère imaginer ce monde de la résurrection. Pourtant dit St Jean « Dès maintenant nous sommes appelés enfants de Dieu et nous le sommes vraiment. » La résurrection n’est pas seulement notre avenir, elle est notre présent. Nous sommes déjà en résurrection. « Un jour nous le verrons tel qu’il est et nous lui serons semblables » Mais dès aujourd’hui nous lui devenons semblables peu à peu quand nous basons notre vie sur ce qui ne meurt pas, essentiellement sur l’amour.
Robert JOURFIER
Arrêtez-vous un instant sur cet échange de regards entre Jésus et son interlocuteur. Jésus perçoit le désir profond de Zachée. Bouleversant regard de Jésus qui vient éveiller en Zachée ce qu’il a de meilleur, réveiller en lui des sources d’eau vive. Aucune trace de jugement chez Jésus. Il ne vient pas condamner mais sauver, révéler la face lumineuse de celui qu’il rencontre. « Zachée, descends vite, aujourd’hui je viens demeurer chez toi ». Jésus nous révèle son désir profond : demeurer chez Zachée, demeurer en chacun de nous. Son appel sonne comme une prière : « Descends vite ». Pour rencontrer Jésus, il faut « descendre ».
Comme le soir du lavement des pieds, Jésus est agenouillé devant nous et nous prie de nous laisser rejoindre par lui, de nous laisser laver par lui. « Je viens demeurer chez toi ». Lui Zachée qui, par son métier et ses pratiques douteuses, s’est mis au ban de la société, lui considéré comme impur et donc infréquentable… « Je ne suis pas venu pour les justes, dit Jésus, mais pour les pécheurs ». Il est venu pour lui et il a posé son regard sur lui et il vient chez lui. Il entre en chemin de SALUT.
« Aujourd’hui ». Je laisse retentir en moi cette Bonne Nouvelle : Jésus me rejoint dans l’aujourd’hui de ma vie. Il me rejoint sur mon arbre, avec mes rêves, mes peurs, mon péché. Je me laisse rejoindre par Jésus qui s’arrête, me regarde et m’invite : « Descends vite, aujourd’hui je viens demeurer chez toi ». Le pardon offert de Jésus, inconditionnel, révèle à Zachée tout ce qu’il y a de « tordu », de « bancal », de non ajusté dans sa vie. Ses yeux et son cœur s’ouvrent à l’injustice qu’il a pu commettre, aux personnes qu’il a laissées dans la misère. Ses richesses lui brûlent les doigts. Désormais, elles seront instruments de partage afin de soulager la détresse. « Voilà, Seigneur : je fais don aux pauvres de la moitié de mes biens, et si j’ai fait du tort à quelqu’un, je vais lui rendre quatre fois plus. »
Le fruit de la conversion, c’est la Joie ; une joie profonde, communicative : Zachée ouvre grand sa porte. En rencontrant Jésus, il découvre qu’il avait rendez-vous avec lui-même, cette part de sa personnalité qui était restée dans l’ombre. Lui qui était comme mort, le voilà revenu à la vie.
Jean Pierre MAÇON
Le pharisien est vrai et sincère. Il est religieux. Il veut vivre dans l’alliance avec Dieu et respecter les commandements de la Tora. Il fait même plus : non seulement il jeûne pour le grand pardon, mais il jeûne deux fois par semaine. Non seulement il verse au temple le dixième de ses récoltes, mais il paye aussi la dime sur tout ce qu’il achète de peur que le marchand ou le producteur aient omis de le faire. Donc croire en Dieu lui coûte cher en argent et en efforts. Il ne vit pas sa religion au rabais. Et rien ne dit qu’il était riche. Au contraire les pharisiens étaient souvent des gens modestes. Et il remercie Dieu d’être du bon côté, de ceux qui aiment Dieu. Faut-il donc le critiquer ?
Par contre le publicain paraissait vraiment irrécupérable du point de vue religieux. Il était l’image de la déchéance morale et de l’impureté religieuse. Il était très riche de tout ce qu’il volait injustement en percevant l’impôt qu’il reversait aux Romains. De ce fait et parce qu’il fréquentait ces païens considérés comme impurs, il était haï et tenu à l’écart du culte. Pourtant Jésus conclut que c’est lui qui repart justifier. Alors quel est le reproche de Jésus au pharisien et que trouve-t-il de si juste chez ce publicain ?
C’est dit clairement : il parlait pour certains hommes qui étaient convaincus d’être justes et qui méprisaient tous les autres. Ce que Jésus reproche à ce pharisien, c’est son mépris pour les autres qui sont voleurs, injustes, adultères. Son mépris pour ce publicain, qui ne lui demandait rien, dans son coin, à l’écart. Mais ce pharisien ne peut s’empêcher de pointer le doigt vers lui, et de se comparer à lui. Il se fait son accusateur (dans la Bible l’accusateur c’est Satan). Cet homme se compare et il utilise la prière pour s’auto satisfaire, gonfler son ego, et faire le fier devant Dieu. En fait est-ce une prière ? Non, il ne prie pas, il se regarde et s’admire. C’est une contemplation de lui-même plus que de Dieu.
Le publicain lui reste au fond. Il ne prie pas debout mains levées mais il se courbe et se frappe la poitrine. Il dit sa douleur d’être éloigné de Dieu. Il est conscient de son indignité, Il reconnait qu’il est dans une situation sans issue. Et il en appelle à Dieu. Eh bien, dit Jésus, Dieu l’a justifié. Il a rendu juste cet homme qui aspire à l’être. Par contre le pharisien qui n’attendait rien et se justifiait tout seul, Dieu ne pouvait rien pour lui.
Jésus nous invite à l’humilité bien sur, à ne pas nous croire plus grands que nous sommes, à reconnaitre notre petitesse, et à ne pas juger les autres même les mauvais. Mais il affirme surtout que le salut ne s’obtient pas par nos propres forces. Certes nous devons comme le pharisien vivre une vie droite juste et généreuse en conformité avec notre foi. Mais le croyant n’est pas celui qui gagne son ciel à la force de sa volonté. Dans sa prière, comme le publicain il s’en remet en toute confiance à la miséricorde de Dieu qui pardonne et qui seul nous justifie gratuitement.
Robert JOURFIER
En clôture de la visite pastorale de Mgr Marsset accompagné de Dominique et Pascal, nous pouvons faire nôtre l’invitation du pape François à mieux connaître Jésus et à en témoigner au cœur de nos relations de quartier, de voisinage... Et que Jésus soit toujours plus présent à Clignancourt :
« Jésus même est le modèle de ce choix évangélique qui nous introduit au cœur du peuple. Quel bien cela nous fait de le voir proche de tous ! Quand il parlait avec une personne, il la regardait dans les yeux avec une attention profonde pleine d’amour : « Jésus fixa sur lui son regard et l’aima » (Mc 10, 21). Nous le voyons accessible, quand il s’approche de l’aveugle au bord du chemin (cf. Mc 10, 46-52), et quand il mange et boit avec les pécheurs (cf. Mc 2, 16), sans se préoccuper d’être traité de glouton et d’ivrogne (cf. Mt 11, 19). Nous le voyons disponible quand il laisse une prostituée lui oindre les pieds (cf. Lc 7, 36-50) ou quand il accueille de nuit Nicodème (cf. Jn 3, 1-15). Le don de Jésus sur la croix n’est autre que le sommet de ce style qui a marqué toute sa vie.
Séduits par ce modèle, nous voulons nous intégrer profondément dans la société, partager la vie de tous et écouter leurs inquiétudes, collaborer matériellement et spirituellement avec eux dans leurs nécessités, nous réjouir avec ceux qui sont joyeux, pleurer avec ceux qui pleurent et nous engager pour la construction d’un monde nouveau, coude à coude avec les autres. Toutefois, non pas comme une obligation, comme un poids qui nous épuise, mais comme un choix personnel qui nous remplit de joie et nous donne une identité.
Il en ressort que, si nous voulons grandir dans la vie spirituelle, nous ne pouvons pas cesser d’être missionnaires. L’œuvre d’évangélisation enrichit l’esprit et le cœur, nous ouvre des horizons spirituels, nous rend plus sensibles pour reconnaître l’action de l’Esprit, nous fait sortir de nos schémas spirituels limités. En même temps, un missionnaire pleinement dévoué, expérimente dans son travail le plaisir d’être une source, qui déborde et rafraîchit les autres. Seul celui qui se sent porter à chercher le bien du prochain, et désire le bonheur des autres, peut être missionnaire…
Je suis une mission sur cette terre, et pour cela je suis dans ce monde. Je dois reconnaître que je suis comme marqué au feu par cette mission afin d’éclairer, de bénir, de vivifier, de soulager, de guérir, de libérer. »
François, « La Joie de l’Évangile » n° 269-273
La façon dont s’effectue le miracle des 10 lépreux peut nous surprendre. Ordinairement, Jésus se contente de commander directement au malade, au pécheur ou au mort et ses Paroles sont efficaces. L’effet est immédiat : la personne est guérie, pardonnée ou ressuscitée. Or ici, contrairement à son habitude, Jésus renvoie à l’autorité religieuse traditionnelle. La lèpre, cette maladie qui détruit l’être même, apparaît comme le symbole par excellence du péché. La guérison est entourée de tout un rituel de réintroduction dans le peuple saint, réintroduction confiée aux prêtres.
Mais, dans le même temps, Jésus souligne que tout ce rituel est maintenant inutile et dépassé : il agit par son propre pouvoir d’Envoyé et de Messie. C’est “en cours de route” que les dix sont guéris et non par la rencontre des prêtres de l’Ancienne Alliance. Le Samaritain, seul, revient à Jésus. Qu’a-t-il à faire à Jérusalem d’ailleurs ? C’est dans le retournement que consiste la conversion. Retournement et retour du prodigue, retournement et retour du Samaritain, retournement et retour des disciples d’Emmaüs…
Jésus connaît le fossé profond qui sépare Juifs et Samaritains. Ce fossé date de la chute de Samarie, de la colonisation païenne et du retour d’exil. Le Samaritain est un “étranger”. Jésus le sait bien, lui qui avait été repoussé lors de ses montées précédentes vers Jérusalem (Luc 9). Un Samaritain, en un sens, est pire qu’un « païen » : c’est un hérétique, un déviant, un croyant autrement que juif. Dans ce texte de l’Évangile, le samaritain rend gloire à Dieu. Dans l’acte de Jésus, il reconnaît aussi la Présence du Messie. Il est la vraie Source du salut.
C’est le programme missionnaire que Jésus avait donné à ses apôtres : « Vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie et jusqu’aux confins de la terre. ». Aujourd’hui, c’est nous-mêmes qui avons à nous laisser ensemencer par cette Parole de conversion et de libération. Profitons de cette semaine qui vient de nous approcher ensemble du Christ. Et que dimanche prochain comme le lépreux de ce jour, nous puissions aussi « rendre grâces » : Jésus nous sauve.
Jean Pierre MAÇON
Pour certains, le monde serait comme divisé en deux : « ceux qui croient au ciel et ceux qui n’y croient pas ». D’un côté, ceux qui ont la foi car ils ont « Quelqu’un à qui se raccrocher dans les coups durs », « Une morale qui leur dit le bien et le mal », « Un idéal sur lequel s’appuyer » etc… Et de l’autre côté, ceux qui n’ont pas la foi, sans pour autant vivre sans repères. Vue ainsi, la foi serait comme un patrimoine quasi génétique que certains possèderaient et d’autres non. En fait, la foi est la chose du monde la plus partagée. Pas de vie humaine possible si l’on ne donne pas sa confiance, si on ne « croit » pas (au sens large du mot) en son mari, sa femme, ses enfants, ses amis… Pas de vie ensemble non plus si l’on ne partage pas avec d’autres un minimum de ‘foi’ en des valeurs ou des idéaux. Croyants ou non, nous avons tous le moteur d’une foi humaine pour avancer dans la vie. Mais cette foi-la est souvent en crise.
Et la foi en Dieu dans tout ça ? Certains l’auraient-ils comme une propriété privée et d’autres pas ? Non, Dieu est en tout homme « au plus intime de lui-même », qu’il en ait conscience ou non. Dieu, on ne L’A pas, IL EST en tous. Il se propose librement d’habiter nos existences pour vivre avec lui une vie particulière au goût d’Alliance. Dans l’Evangile, les apôtres ne disent-ils pas à Jésus : non pas « donne-nous la foi » mais « augmente en nous la foi ! » On n’est pas croyant parce qu’on « a » la foi une fois pour toutes ; croyant on le devient, et même au travers de moments de doute, voire d’éloignement et parfois de rejet de Dieu lui-même !
La foi en Dieu est cette « graine de moutarde » qui à première vue ne sert à rien mais qui finalement, change tout. C’est « une grâce » que la vie et Dieu nous ont offert en cadeau et que l’on choisit d’accueillir oui ou non et de cultiver oui ou non ! La prière, la Parole de Dieu, le ‘souci du frère’ avec l’eucharistie et les sacrements nous la font approfondir. Mais, comme dit St Luc, notre foi a beau être fragile, elle opère déjà des miracles. Elle aide peu à peu à déraciner l’arbre de nos froideurs ou replis frileux pour les « jeter dans la mer » d’une vie plus risquée. Elle nous fait respirer plus profondément en cherchant à suivre le beau message de Jésus, dans le Souffle de l’Esprit.
La foi, nous dit encore St Luc, est cette « graine » qui se vit et se vérifie dans la fidélité aux devoirs de la vie : « Quand vous aurez fait tout ce que Dieu vous a commandé, dîtes-vous : nous n’avons fait que notre devoir. » Jésus ne fait rien à notre place. Mais à travers les engagements de notre existence, il nous fait participer à notre propre changement et à celui du monde. La foi est affaire de désir, d’ouverture, d’aventure, de goût de Vivre autrement. C’est un « don gratuit de Dieu à raviver en nous », dit St Paul. Notre monde déprimé a un besoin impérieux de cette Foi-là pour avancer avec confiance et lui apporter un « supplément d’âme. »
Michel Retailleau
Voilà sûrement l’une des paraboles les plus impressionnantes que Jésus nous ait laissée. Une parabole qui, précisément, prend tout son sens en fonction de celui qui la raconte : Jésus. N’est-ce pas cette figure de l’homme couché dans la mort et relevé par sa résurrection, sa confiance en Dieu de miséricorde. Jésus interroge ainsi notre manière à nous de nous tenir, notre posture de chrétien au milieu du monde. Certes la situation économique n’est pas facile, et des disparités importantes existent dans notre pays. Surtout, nous sommes riches, nous chrétiens, de notre baptême qui nous a relevés, et nous a donné tous les moyens de vivre debout, comme des ressuscités. Nous ne sommes pas forcément « vêtus de pourpre et de lin fin », comme l’homme de la parabole, mais nous faisons comme lui, et plus encore que lui, « des festins somptueux », nous qui sommes familiers du banquet de l’Eucharistie.
Alors que faisons-nous de tout cela ? Que faisons-nous de notre baptême, et que fait-il de nous ?
Que vaut notre vie fraternelle ? Les textes que nous entendons ce dimanche sont dans la ligne de la Bible qui fait résonner la question : « Qu’as-tu fait de ton frère ? » (cf Gn 4,10).Question d’autant plus fondamentale que celles et ceux qui nous entourent chaque jour sont le chemin qui mène à Dieu, le lieu même de notre rencontre avec Lui. Il n’y en a pas d’autre. Savons-nous nous tenir en chrétien au milieu du monde ? Nous tenir debout, comme des ressuscités, et non couchés ? « Toi, homme de Dieu, recherche la justice, la piété, la foi, la charité, la persévérance et la douceur. Mène le bon combat, celui de la foi, empare-toi de la vie éternelle ! » nous exhorte Paul dans la 2ème lecture.
Le pape François nous encourage de la même manière dans son message de cette année pour la Journée Mondiale du Migrant et du Réfugié, lorsqu’il nous rappelle que « Le sens ultime de notre voyage en ce monde est la recherche de la vraie patrie, le Royaume de Dieu inauguré par Jésus-Christ, qui trouvera sa pleine réalisation lors de son retour dans la gloire. » Si c’est bien Dieu lui-même qui construit son Royaume, nous avons à mettre la main à la pâte, en veillant à ce que personne ne soit exclu du chantier, et surtout pas les plus marginaux de nos sociétés, parmi lesquels se trouvent souvent beaucoup de migrants et de réfugiés. C’est avec eux que nous devons construire l’avenir. Le pape nous met en garde : « La construction du Royaume de Dieu se fait avec eux, car sans eux, ce ne serait pas le Royaume que Dieu veut. Inclure les plus vulnérables est une condition nécessaire pour y obtenir la pleine citoyenneté. » L’homme riche de la parabole l’a compris trop tard. Pour nous, il est encore temps d’agir !
Jean Pierre MAÇON
En écho à cette Parabole que Jésus Christ nous offre en ce dimanche et à son fameux : « Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’argent », je retiens une invitation à aller plus loin. Notre plus grande richesse n’est pas le fait d’avoir ceci ou cela. Notre plus grande richesse c’est d’être. Et d’être des fils de la Lumière, éclairés de la clarté de l’aube du matin de Pâques. Et d’en vivre, et s’en réjouir. D’être des enfants appelés à une éternité en ad-venir. Cela passe inexorablement par la relation, par le don de nous-mêmes. Ce à quoi nous invite Jésus, c’est de choisir résolument Dieu, de nous mettre au service du Royaume, en étant soucieux de proximité et de bienveillance avec les autres. Mais en étant aussi attentifs, comme baptisés, aux difficultés que nous avons à entrer dans la mission.
C’est encore une invitation à ce que notre charité soit inventive. Pour que nous retrouvions le goût de la gratuité. Être là, tout simplement. Partager ce que nous portons. Et dans une époque où l’avoir, le pouvoir et la richesse sont devenus des idoles, le Seigneur nous invite à entrer dans une dynamique du don, de la gratuité et du partage pour que chacun puisse trouver ce dont il a besoin. Et que chacun puisse entrer dans une vraie liberté.
Que pouvons-nous faire, à notre niveau à nous, pour que la gratuité soit au cœur même de nos relations ? Et qu’elle ne soit pas seulement une belle idée ? Le Seigneur a confié à chacun de nous le don de se donner. Le Seigneur fait confiance à chacune et à chacun ! Nous pouvons nous porter les uns et les autres dans la prière, et essayer d’entrer chaque jour davantage dans la gratuité de la relation. Prenons soin de ceux qui nous sont confiés tout en portant dans notre cœur et nos actions les soucis du monde. Tout cela nous aidera à être lucides sur nous-mêmes et habiles pour faire le bien, mais avec le Christ. Avec le regard du Christ et avec l’amour du Christ. C’est-à-dire, sans mesurer, sans calculer. Car, rappelons-nous : « celui qui est digne de confiance dans la moindre chose est digne de confiance aussi dans une grande. »
Jean Pierre MAÇON
Dimanche dernier, l’Evangile était rude, voire sévère : si tu veux suivre le Christ, tu dois vivre trois exigences : La 1ère : apprend à préférer Jésus à toutes tes affections et même à toi-même. La 2nde : sois prêt à porter ta croix. Et la 3ème : sois décidé à renoncer à tous tes biens ! L’Amour de Dieu serait-il affaire de mérites qu’on accumule ? Et Dieu réservé à une toute petite élite de gens parfaits ou hors normes ? Au travers de 2 petites paraboles tirées du quotidien de ses auditeurs, le Christ répond à ces questions : Dieu est celui qui, sans relâche, part à la recherche de ceux qui « se perdent » ou qui peinent douloureusement à le suivre.
En écho à St Paul qui dans la 2ème lecture, s’écriait : « je suis le 1er des pécheurs mais Dieu m’a fait miséricorde », le pape François a eu un jour ces mots provocateurs pour les prisonniers qu’il visitait : « Moi aussi, je suis un grand pécheur, et peut-être plus grand pécheur que vous ! » Audace mais surtout humilité dans sa bouche ! Car avec lui, nous savons bien que nous sommes divisés intérieurement, tiraillés entre « le mal que nous voudrions ne pas faire mais que nous faisons et le bien que nous voudrions faire mais que nous ne faisons pas » (St Paul) !
L’Evangile de ce jour est une Nouvelle Extraordinaire pour les pécheurs que nous sommes tous. Dieu est à l’image de ce Berger qui laisse ses 99 brebis bien sages pour aller rechercher celle qui est perdue. Actualisons : dans notre société, combien sont considérés comme des gens « perdus », comme les cas sociaux, les migrants, les SDF, les jeunes enfermés dans la drogue ou bien celles et ceux qu’on dit de « de mauvaise vie ». Or, cet Evangile nous dit qu’ils sont l’objet d’une attention toute spéciale de la part de Dieu. Au point que son obsession est de partir à leur recherche et de ramener tous ceux qui sont "perdus" dans la vie, moralement, affectivement, socialement, spirituellement. Drôle de Dieu que notre Dieu !
Que dire aussi de cette femme qui a perdu sa pièce d’argent et qui remue sa maison de fond en comble pour enfin la retrouver ? Et puis qui fait la fête avec amies et voisines. Cette femme, comme ce berger qui se réjouit avec ses copains d’avoir ramené sa brebis perdue, nous dit Jésus, sont l’image même de Dieu. C’est ce que Dieu veut faire en permanence avec les égarés de la vie et dans la vie. Dieu est un « Père au cœur de Mère » Non seulement, il ne se laisse pas aller à la colère, non seulement il part à notre recherche et nous pardonne sans rien exiger en retour mais, plus encore, il laisse aller sa Joie en la communiquant au paradis entier : « C’est ainsi qu’il y aura de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit, dit Jésus. » Drôle de Dieu que notre Dieu ! Et qui suis-je, moi, pour que Dieu se réjouisse de me chercher et de me ramener sur ses épaules ? Et si je me débarrassais de l’image païenne d’un Dieu Père Fouettard !
Michel Retailleau
« Préférer Jésus à tout, conjoints, enfants, parents, famille et jusqu’à sa propre vie. Renoncer à tous ses biens. Mettre sa priorité à le suivre. » Ce sont les conditions pour être disciples de Jésus. Elles sont radicales et choquantes. Elles sont contradictoires aussi avec ce qu’il enseigne et ce qu’enseigne la Tora : « Honore ton père et ta mère et aime ton prochain comme toi-même. » Comment ose-t-il demander ces renoncements ?
Un tel choix radical, nous sommes capables de le vivre spontanément quand des circonstances exceptionnelles l’exigent : Des gens se jettent à l’eau pour sauver quelqu’un, au risque de leur propre vie. Les Ukrainiens en nombre ont quitté conjoints, enfants et parents pour défendre leur pays. C’est l’urgence des situations qui nous détermine à tout laisser, même l’essentiel, et à nous engager radicalement.
Qu’est ce qui était si urgent pour Jésus ? Il marchait vers Jérusalem, Il savait les risques qu’il prenait, la mort qui l’attendait. On ne pouvait pas le suivre à moitié, il fallait se décider. Les premiers chrétiens ont vécu cela de manière radicale aussi : ils ont connu la persécution violente, leur famille parfois les rejetait, la société les marginalisait, et ils vivaient cela dans l’espoir de la résurrection et du retour de Jésus. Et aujourd’hui dans de nombreux pays il y a des chrétiens emprisonnés ou exécutés. Pas plus que les persécutés d’hier ils ne sont des amoureux de la souffrance et de la mort. Ils sont amoureux du Christ et veulent seulement rester cohérents avec leur foi.
La deuxième lecture nous raconte une manière moins brutale, mais aussi exigeante de suivre Jésus. St Paul écrit à un nommé Philémon. C’est un chrétien aisé de la ville de Colosse. Paul l’a converti et baptisé. La communauté chrétienne se réunit chez lui et peut-être en est-il le responsable. Comme tous les propriétaires il possède des esclaves. L’un d’eux, Onésime s’est enfui. Les romains faisaient la chasse aux esclaves fugitifs et ils les punissaient violemment. Onésime s’était réfugié près de Paul. Paul l’a converti et baptisé. Il est en prison et aimerait le garder avec lui. Mais il le renvoie à Philémon, avec cette petite lettre très belle où il lui demande de ne pas le punir. Mieux « reçois-le non comme un esclave mais comme un frère, aussi bien humainement que dans le Christ. Reçois-le comme si c’était moi. » Paul n’exige pas, il invite Philémon à une conversion difficile. Ils ne sont pas partis en guerre contre l’esclavage. Mais on voit comment peu à peu « être disciples » de Jésus a interrogé leurs comportements. Si Philémon a obéit à Paul cela lui a coûté cher, car un esclave valait beaucoup d’argent. Et cela lui a amené l’hostilité de ses amis et voisins, car en ne punissant pas il encourageait les esclaves à fuir. Ces premiers chrétiens ont été amenés à être cohérents avec leur foi, parfois de façon douloureuse.
Dans tous les domaines de notre vie, nous sommes invités à être cohérents avec notre foi. Comme dit Jésus, si tu veux être mon disciple, commence par t’asseoir et envisage bien les conséquences. Jésus a porté sa croix. Il nous demande de ne pas le laisser se battre tout seul et d’assumer les risques avec lui.
Robert JOURFIER
Depuis quelque mois je vis une expérience nouvelle qui me permet de donner une suite heureuse à mon ministère de prêtre et de Fils de la Charité. Ce travail consiste à « cuisiner des plats au quotidien pour des personnes fragilisées, marginalisées et pour certains, dans l’ordre de la survie. » Quelqu’un, à qui je souhaitais bon courage l’autre jour, m’a répondu : « C’est vous qui nous donnez ce courage ». Sa réaction me renvoie au Jésus hospitalier qui, quelle que soit la personne, accueille celui qui vient à lui, dans le désir de lui faire découvrir combien sa vie peut intéresser le Royaume de Dieu.
Regardons de plus près l’Évangile du jour. La foule est trop nombreuse, les disciples demandent à Jésus : « renvoie-les ». Mais Jésus leur fait cette réponse : « Faites-les asseoir et distribuez leur ce que je vous donne. » Puis il leur dit « Donnez-leur vous-mêmes à manger ». Ainsi, il donne à chacun la possibilité d’entrer dans ce Royaume que Dieu veut instaurer avec tous les hommes.
Avec l’eucharistie, nous vivons un arrêt hebdomadaire sur le chemin de notre pèlerinage terrestre. C’est le sacrement des nomades que nous sommes. De dimanche en dimanche, nous nous rassemblons afin d’écouter la Parole du Seigneur et de nous nourrir du Corps et du Sang du Christ. L’eucharistie est donc une nourriture de transformation et de croissance humaine et spirituelle. Si elle ne nous permet pas de croître, c’est que quelque chose nous manque dans notre façon de cheminer avec le Christ.
Dans l’Évangile d’aujourd’hui, le repas offert par le Christ aux gens fatigués et affamés est le symbole de nos rencontres eucharistiques. Le miracle n’est pas tant la « multiplication des pains » que la capacité de partager le peu que nous avons : « Donnez-leur vous-mêmes à manger ». Au lieu de disperser les foules dans les villages, Jésus choisit de les rassembler et de leur donner à manger. L’eucharistie est un rassemblement qui alimente et soutient notre vie chrétienne, nous donnant l’éclairage et la force nécessaires pour vivre au jour le jour la rencontre du Christ. Cela ne peut se faire qu’en Église, au sein de la communauté rassemblée. L’eucharistie est un lien entre Dieu et nous, entre nous et les autres.
Jean Pierre MAÇON
Dans le métro ou dans la rue, comment ne pas être intrigué par ces gens qui parlent seuls ? A qui s’adressent-ils ? Que peuvent-ils se dire à eux-mêmes qu’ils ne connaissent déjà ? Chez certains, c’est le symptôme d’un isolement social ou d’une solitude blessée lourde à porter. Chez d’autres, une manière inconsciente de nous faire participer au débat intérieur qu’ils mènent avec eux-mêmes. Pour d’autres encore, une manière cachée de se dire qu’ils sont vivants car « ça parle en eux. » Aussi bizarre que cela puisse paraître, ce phénomène m’aide à comprendre le Mystère de la Trinité que nous célébrons en ce jour… mais tout autrement.
Car « ça parle aussi en Jésus », nous dit l’Évangile. En vivant avec ce Jésus si étonnant, ses disciples ont senti qu’Il ne vivait pas seul, qu’une autre Vie circulait en lui, au plus profond de lui. Ils l’ont vu prier en silence mais d’une manière si étonnante qu’ils ont voulu en savoir le secret : « Jésus, apprends-nous à prier comme toi, tu le fais. » Incroyable, quand « ça parlait en lui », ils ont découvert qu’il parlait à Quelqu’un d’Autre qu’il appelait non seulement « Père » mais « Abba » (= « Papa chéri ») !
Mais il y a plus. Quand les pauvres, les malades, les pécheurs, s’approchaient de Jésus, il se passait quelque chose d’étrange : ils étaient transformés, ils n’en revenaient pas de mériter d’être aimés d’une telle bonté. Pas de doute, pour aimer à ce point, cet homme-là était habité par Quelqu’un d’Autre qui le faisait rayonner et déborder d’amour ! Les disciples l’apprendront peu à peu, il avait un autre Ami intérieur qui lui donnait « Souffle » et Elan d’Amour. Quand on court, ce qui manque pour tenir, c’est du Souffle. Eh bien, Jésus avait un Souffle incroyable. Mais ce Souffle à Lui, c’était Quelqu’un qui habitait en Lui : l’Esprit Saint !
Oui, en Jésus, la Parole de Dieu, « ça parlait » ! Et ça continue à parler en Lui, et pour toujours, puisqu’avec Lui continuent à se parler le Père et l’Esprit. Au fond, Dieu, c’est une « Famille » où la parole circule. En communiant, nous accueillons cette Famille de Dieu car Dieu veut nous faire entrer dans un dialogue d’amour avec la Trinité. Dieu est « Famille » et ne rêve que « Famille » en pensant à cette fraternité universelle qu’il veut nous voir vivre en frères et sœurs. Et si « ça parle en Jésus », c’est aussi que la Trinité veut parler en nous. St Paul le dit : « L’amour de Dieu a été répandu en nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous fut donné. » C’est beau d’y croire et surtout d’en vivre. Laissez Dieu parler en vous, c’est la Trinité qui vient à vous. Un seul Dieu en Trois Personnes qui frappe à votre porte !
Michel Retailleau
« Je prierai le Père, il vous enverra un autre défenseur, il vous enseignera tout... » Jésus n’avait-il pas déjà tout enseigné par ses paroles et par ses actes ? « Tout ce que j’ai appris de mon Père je vous l’ai fait connaitre. »
Il leur avait appris à nommer Dieu Notre Père. Sa manière de prier les fascinait. Ils nous l’ont transmise. Mais il ne suffit pas de savoir avec sa tête que Dieu est notre père. Il faut aussi le vivre avec son cœur et ses comportements. Et des forces en nous s’y opposent (2°lecture) Devant Dieu nous avons encore un esprit d’esclave, un esprit de peur, comme si Dieu était un maitre impitoyable qu’il faut craindre ou amadouer. Non ! dit St Paul, « vous n’avez pas reçu un Esprit qui fait de vous des esclaves et qui vous ramène à la peur, mais vous avez reçus un Esprit qui fait de vous des Fils, des enfants de Dieu et c’est en Lui que nous crions « Père ». L’Esprit Saint nous apprends à vivre en enfants de Dieu, libres, debout et confiants. Bien plus dit Jésus, l’Esprit nous emplira de l’amour de Dieu et nous mettra en communion avec lui : « Si quelqu’un m’aime et reste fidèle à ma parole mon Père l’aimera et chez lui nous nous ferons une demeure. »
Mais comment vivre en enfants de Dieu et demeurer en communion avec lui ? Une fois Jésus parti, nous avons besoin de cet Esprit de vérité pour nous souvenir de lui, et actualiser sa Parole dans les temps nouveaux que nous avons à vivre. Comment être enfants de Dieu, fidèles à Jésus dans le contexte des pandémies, des guerres en Ukraine et au-delà, des immigrations dues au climat et aux inégalités mondiales, des difficultés sociales et des évolutions sociétales de notre pays. Comment être fidèles au Christ aujourd’hui dans le contexte personnel de nos amours, de nos joies, de nos deuils et douleurs ? Comment être enfants de Dieu dans le contexte ecclésial d’aujourd’hui ? L’Esprit nous est donné pour le discerner avec lui, au jour le jour, dans notre prière.
Jésus l’appelle le Paraclet. Ce mot grec signifie l’avocat, celui qui dans un procès défend l’accusé, l’assiste, le console. Qui défend-il ? D’abord Jésus, la cause de Jésus, son message, son attitude. Jésus semble finir sur un échec, l’Esprit fait comprendre aux apôtres que la croix n’est pas l’échec de Jésus, mais la victoire de Dieu. On voit comment l’Esprit les a transformés, eux qui se recroquevillaient dans le traumatisme de la passion et dans le deuil du départ de Jésus. Comment l’Esprit de pentecôte qu’ils reçoivent les jette dehors, sans peur, en hommes libres et confiants qui témoignent devant tous de la résurrection de Jésus. Et il va les assister et les défendre dans la construction de belles communautés dans le monde romain, et dans les voyages, les naufrages, les dangers, les persécutions, les procès, la mort que le message de Jésus va leur attirer.
L’Esprit saint défend aussi en nous le message de Jésus. Il nous aide à le vivre, à en témoigner et à traverser les ennuis que cela peut nous attirer. Il nous défend surtout de nous-mêmes, de nos réticences à vivre l’évangile, de nos timidités à en témoigner, de nos lourdeurs. Constamment il plaide en nous la cause des autres, et nous pousse à les servir.
Et dit Jésus « il sera pour toujours avec vous »
Robert JOURFIER
Aujourd’hui les textes bibliques nous invitent à la prière. Dans un contexte compliqué, c’est une belle attitude qui convient à des disciples qui attendent la venue de l’Esprit Saint. L’Évangile nous montre Jésus lui-même qui va prier pour nous. Alors pourquoi ne pas se tourner vers lui en ouvrant nos mains et nos cœurs. Le but de la prière n’est-il pas de nous mettre en état de recevoir le don que Dieu veut nous faire ?
A l’exemple d’Étienne, le premier martyr, sa prière nous montre comment il a suivi Jésus jusqu’au bout sans renoncer à sa foi, même face à la menace. Il n’a pas renié le Christ glorifié. Sa prière est pour nous un modèle de confiance. Il meurt en contemplant la Gloire du Christ au ciel. En écoutant ce témoignage, nous pourrions penser aux très nombreux martyrs d’aujourd’hui. Leur vie et leur mort nous interpellent : qu’avons-nous fait de notre baptême ? Le Seigneur nous rejoint pour nous combler de son amour, mais trop souvent, nous sommes ‘ailleurs’ !
Avec la deuxième lecture, deuxième prière : celle de toute l’Église au Christ vainqueur de la mort du péché. Un message d’espérance adressé à des chrétiens persécutés. Quoi qu’il arrive, rien ni personne ne peut empêcher le Christ de vouloir nous associer à sa victoire. Avec lui, c’est un monde nouveau que nous désirons et qui est en train de naître, rempli de l’amour qui est Un en Dieu.
Avec l’Évangile, une troisième prière qui nous fait entrer dans l’intimité de Jésus avec son Père. Tout au long des Évangiles, le Christ a régulièrement éprouvé le besoin de se retirer pour prier, pour être avec le Père. Il y passait de longues heures, surtout au moment des décisions les plus importantes. Sa prière d’aujourd’hui a une intensité particulière. Presque parvenu au terme de sa mission, Jésus prie pour tous les hommes qu’il est venu sauver. Jésus confie d’abord au Père ses apôtres. Sa Passion sera pour eux une difficile épreuve, un difficile combat de la fidélité. Il prie pour eux et pour ceux qui recevront leur témoignage : “qu’ils soient UN en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé.”
La prière de Jésus est une prière vraiment universelle parce qu’elle englobe tous les hommes de tous les temps. Aussi universelle que sa mission de sauveur, mission qu’il a confiée à ses disciples et à nous aujourd’hui. C’est un appel à faire grandir la fraternité, le partage, la solidarité. Nous sommes tous des enfants de Dieu. Même si parfois nos communautés divisées sont un contre-témoignage. L’Esprit Saint fait de nous des fils de Dieu appelés à la liberté, en nous donnant à Dieu par notre vie.
Jean Pierre MAÇON
Aujourd’hui, qui n’est pas inquiet d’une crise qui s’étend à toutes les dimensions de l’existence ? Crise économique, technique, politique, sanitaire, mais aussi sociale, morale, affective et spirituelle ! Au point que l’on parle d’une « mutation de civilisation », avec la tentation tenace de nous laisser envahir par la peur de voir nos références et convictions profondes vaciller. L’Évangile du jour montre lui-même des disciples déboussolés par la mort entrevue du Maître. La présence physique du Christ qui, jusqu’ ici, leur avait donné élan et confiance allait bientôt leur être ôtée. Mais voilà que Jésus vient les relancer…
« Ne soyez pas bouleversés et effrayés. Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. Je m’en vais mais c’est pour revenir vers vous. » Paroles d’espérance toujours offertes à nous, qu’il nous faut « garder » présentes au cœur de situations ou questions difficiles à gérer, dans nos vies personnelles comme dans la vie de l’Église et du monde. Dans la 1ère lecture du jour nous voyons aussi Paul et Barnabé monter à Jérusalem pour débattre avec les Apôtres et les Anciens d’une question qui avait « jeté le trouble et le désarroi » : fallait-il imposer la circoncision aux juifs convertis ? Aujourd’hui encore, l’Église est parfois tentée de se diviser sur l’accès à l’eucharistie pour les divorcés-remariés et autres questions. Comment goûter la Paix de Dieu ? « Pas à la manière du monde » dit Jésus. Mais quelle est donc sa « manière à lui » ?
Elle est d’abord de nous redire que Dieu n’a pas d’autre désir que de vouloir « demeurer » dans nos existences. Il a voulu se faire homme en Jésus pour que nos vies soient habitées par Lui, pacifiées en Lui, réveillés avec Lui. Laisser Dieu demeurer en nous, c’est apprendre à viser avec Jésus à une humanité belle, bonne et juste. Et accueillir de l’Esprit Saint cette Paix intérieure si nécessaire à la Joie de vivre. Désormais, il nous est possible de n’être plus ballotés dans la vie, d’avoir un « chez soi » avec Dieu : une vie intérieure où la Trinité vient « demeurer ». Un Père de l’Église disait que nous sommes alors portés par « les 2 mains de Dieu ».
Absent physiquement, le Christ se fait présent par la main de sa Parole, des Sacrements et de sa présence dans les pauvres. Par là, il travaille à attirer notre humanité pour la diviniser. La ‘main’ de l’Esprit Saint, elle, agit en douceur, cherchant à assouplir notre cœur en nous attachant au Christ. St Jean parle de Lui, en disant : « le Défenseur vous enseignera tout et vous fera vous souvenir de tout ce que Jésus a dit. ». L’Esprit est cet Avocat de la Défense qui nous assiste, nous défend et nous réconforte quand tout semble s’écrouler en nous ou autour de nous. Aux heures d’angoisse ou de doute, Il prend notre « défense » pour redire à l’intime de nos cœurs ces Paroles de Paix lancées par Jésus pour notre Joie de vivre et de croire.
Michel Retailleau
Comme un mantra répété à l’infini, la parole de Jésus « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimé » doit être répétée et ruminée à l’infini parce qu’on n’a jamais terminé d’en tirer la sève.
Jésus prononce ces paroles lors de son dernier repas. Judas est sorti, Jésus sais que l’heure de sa passion approche. Il prépare ses disciples. Il leur dit que ces évènements qui vont les déstabiliser, vont le glorifier et glorifier Dieu. Le mot gloire en hébreux désigne ce qui a du poids. La gloire de Dieu c’est le poids de Dieu, la densité de son être et de son amour créateur et sauveur. La gloire de Jésus c’est sa foi, et à ce moment-là, sa confiance dans l’épreuve. La foi de Jésus qui affronte la mort va rendre gloire à Dieu, non que Dieu aime nous voir souffrir, mais qu’Il a un tel poids dans la vie de Jésus que Jésus ne peux que lui faire confiance et s’en remettre à lui. Cette gloire va devenir manifeste dans la résurrection de Jésus, où Dieu va le relever et lui donner le nom au-dessus de tout nom.
Mais pour le moment Jésus va laisser ses amis dans la solitude et la détresse. Alors il les confie les uns aux autres : « Comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres ». Jésus dit que c’est un « commandement nouveau » Nouveau ? L’amour du prochain est en bonne place dans la Bible (Lévitique 19, 23). Et les rabbins pharisiens en faisaient un élément central de la Tora. Ce commandement est inscrit au-dessus de la porte de la synagogue voisine, rue Sainte Isaure... Ce qui est nouveau c’est « comme je vous ai aimés » Parce qu’il s’agit d’avoir en permanence sous les yeux et à l’esprit, non pas un commandement, non pas une idée, mais bien la personne de Jésus lui-même. C’est lui le modèle de l’amour du prochain : l’amour des pauvres et des souffrants. L’amour des pécheurs. L’amour de ses disciples à qui il lave les pieds comme s’il n’avait rien de plus urgent à faire à quelques heures de mourir. Et sur la croix, l’amour de ses proches et l’amour de ses ennemis malgré sa souffrance. Et l’amour de nous jusqu’à donner sa vie...
L’amour qu’il nous demande doit venir de la même source, son Esprit qu’il a mis en nous et qui doit guider nos comportements. Et il fait de cet amour mutuel la marque de l’Eglise. « A l’amour que vous avez les uns pour les autres, on vous reconnaitra pour mes disciples. » On reconnaitra son Esprit à l’œuvre en nous. Mais qui peut aimer comme Jésus ? Il est plus facile de s’embrouiller avec les autres que de s’aimer. Même entre chrétiens, nous avons des querelles, des allergies, des rejets, des blessures difficiles à pardonner.
Cet amour n’est pas sentimental. C’est une volonté d’accueillir l’autre tel qu’il est. Le geste de paix avant la communion ne signifie pas « je t’aime » il signifie « Je veux t’aimer. Qui que tu sois je te reconnais comme un frère, une sœur donnés par le Christ. Et si nous sommes en froid je désire que le Seigneur soit notre paix. » C’est le témoignage que nous devons aux païens. Il ne s’agit pas d’entretenir l’amour fusionnel d’une communauté chaude, mais d’expérimenter entre nous la force et la fécondité d’aimer comme lui nous a aimés, afin que cet amour venu de Dieu déborde partout ailleurs.
Robert JOURFIER
« Mes brebis écoutent ma voix et moi je les connais » Jésus nous redit qu’il est le Berger venu pour nous guider. il ne nous abandonne pas, et il aimerait que nous lui fassions confiance. Nous ne savons pas toujours ce que la vie nous réserve, ce que nous sommes appelés à vivre, quelles personnes nous allons rencontrer… Toutes ces inconnues de notre existence terrestre ont de quoi parfois nous déstabiliser. Le Seigneur nous redit que si nous restons au sein de son troupeau, il ne nous laissera pas tomber. « Écouter la voix du Seigneur, » c’est bien sûr tout ce que nous pouvons vivre en Église, par l’Eucharistie, la prière, le partage de la Parole.
Le suivre Lui, c’est aussi se mettre à son service, l’imiter par des actes : c’est accueillir des plus pauvres, de ceux qui ont des difficultés et parfois de la peine à suivre le Berger et le reste du troupeau, ceux qui sont en marge. Car nous pouvons trouver parfois que nous sommes bien confortables au sein du troupeau : le Seigneur nous protège, nous sommes entre nous. N’oublions pas de laisser une ouverture à celui qui veut s’y glisser. Réjouissons-nous des nouvelles brebis qui nous rejoignent, même si elles bousculent nos habitudes et ont d’autres coutumes, ne parlent pas la même langue. Ou pire, des jeunes qui font du bruit et chantent d’autres chants que nous !
Nous mêler au monde, voilà un acte vérité... Soyons, à la manière de Paul et Barnabé, des chrétiens qui nous mêlons au monde pour témoigner de cette confiance que Dieu nous fait dans notre vie de tous les jours, au sein de nos familles, nos cercles d’amis, de sport, de travail… Et malgré le pessimisme ambiant qui règne actuellement dans notre monde.
Et en cette Journée de Prière pour les Vocations, c’est peut-être cela que nous pourrions lui demander. Bien sûr, il y a les vocations religieuses, les agents pastoraux et les nombreux bénévoles en Église qui ont besoin de notre prière. Mais moi, quelle est ma vocation ? Qu’est-ce que le Berger attend de moi, dans ma situation et mon quotidien à moi ?
Chacun a une place à prendre, pour être cet ami par qui le Seigneur passe, pour témoigner et semer la confiance en l’Amour de Dieu autour de nous.
Jean Pierre MAÇON
Dimanche dernier, l’Évangile de Jean évoquait Jésus apparaissant à des disciples « verrouillés » dans la peur et invités comme Thomas à « ne plus être incrédules mais croyants ». Il leur en fallait du temps pour ‘digérer’ tous ces évènements ! Aujourd’hui, on retrouve Pierre au bord du lac de Tibériade, qui a repris son métier de pêcheur avec 6 anciens disciples. Pour reprendre ses esprits, revenir à ce qu’on sait faire est une respiration normale mais qui peut aussi nous enliser et empêcher de nous lancer plus loin dans l’Aventure. Or Jésus n’est pas venu « apporter son feu sur la terre pour qu’il s’allume » quelques mois seulement. Avec ce « Feu » de Dieu qu’il a commencé à allumer dans le cœur des disciples durant ces 2 ans et demi de vie publique, Jésus veut embraser le monde entier !
L’Évangile nous rejoint donc là avec ces 7 apôtres au milieu du lac, bredouilles, sans un seul poisson à se mettre sous la dent. Mais cet échec va se transformer en rencontre inattendue. De la rive, parvient l’écho d’une voix toute paternelle : « Eh les enfants, auriez-vous du poisson ? – Non – Jetez les filets à la droite de la barque et vous en trouverez. » Et c’est la réussite inespérée d’une pêche dont l’auteur ne pouvait être que le Christ : « C’est le Seigneur ! » s’écrie alors Jean. Cette pêche sera désormais le symbole de l’Église dont la mission permanente est de rassembler l’humanité entière dans l’union avec le Christ.
Il y a cet autre « signe » posé sur la rive. En partageant ces « pains » et ces « poissons braisés », Jésus évoque le don de Sa présence vivante dans l’eucharistie : « Aucun n’osait lui demander : ‘ Qui es-tu ?’. Ils savaient que c’était le Seigneur. » « Ils savaient… » : croire en la résurrection du Christ, c’est un ‘savoir’ de reconnaissance, d’émerveillement. C’est une connaissance du Ressuscité qui donne goût, saveur et sagesse à nos vies en leur donnant du Sens.
Et si Pierre s’est « jeté à l’eau », rien d’étonnant ! La foi en la Résurrection de Jésus, littéralement, nous « jette à l’eau « de l’espérance et de la fraternité. Elle nous ‘plonge’ avec l’Énergie du Ressuscité au milieu de nos relations personnelles, familiales, professionnelles, scolaires, associatives, de voisinage... Pour y reconnaître que le Seigneur est définitivement présent à ce monde tel qu’il est. Cette pêche miraculeuse se poursuit jusque dans l’aujourd’hui, au cœur même de notre actualité : covid, guerres, élections, pesanteurs de l’Église, l’avenir climatique… L’humble pique-nique offert par Jésus sur les rives de Tibériade a vocation à devenir un jour, pour toute l’humanité, le Banquet du Royaume de Dieu !
Michel Retailleau
Selon les évangiles les apparitions de Jésus ressuscité ont eu lieu le premier jour de la semaine, qui est pour les juifs, le dimanche. Dans le récit d’aujourd’hui, Jésus apparait deux dimanches de suite : le jour de Pâques en l’absence de Thomas, puis le dimanche suivant, en sa présence. C’est également un dimanche, que St Jean dit avoir eu sa vision (deuxième lecture Apocalypse). Tout cela explique que de dimanche en dimanche et des siècles plus tard nous soyons encore là. Le dimanche est notre jour. C’est le jour de la résurrection où les disciples ont pris l’habitude de se réunir autour de Jésus ressuscité. Le premier jour de la semaine est devenu le jour du Seigneur. Aujourd’hui c’est dimanche, nous sommes là et il est avec nous.
Il y a dans la Bible d’autres premiers jours, en particulier le premier jour du monde, lorsque Dieu créa le ciel et la terre (Genèse 1) La résurrection de Jésus est le premier jour du monde nouveau. C’est le début d’une nouvelle création.
« La paix soit avec vous ». C’est ainsi que chaque dimanche Jésus les aborde. Pourquoi ont-ils besoin de paix ? Parce qu’ils ont peur après ce qui est arrivé à Jésus. Ils ont besoin de paix et aussi de pardon parce que leur comportement pendant la passion de Jésus n’a pas été glorieux. Ils sont enfermés dans la maison, dans leur peur et leur honte et Jésus va les en sortir. Il leur avait annoncé « vous me reverrez et vous serez dans la joie », et encore « je vous laisse ma paix, je vous donne ma paix » .Cette paix et cette joie étaient annoncées par les prophètes pour les jours du Messie. Cette paix offerte, venue les chercher dans leur honte et leurs remord est pour eux le début du monde nouveau.
Puis il montre ses plaies. Il est ressuscité mais il reste éternellement marqué par ce qu’il a vécu. Ses plaies sont le signe que la croix n’était pas seulement un mauvais moment à passer, mais une lutte violente qu’on ne peut ni éviter ni oublier. Du coup lorsque Jésus invite Thomas à ne plus être incrédule mais croyant, il l’invite à être croyant non seulement en sa résurrection, mais aussi en sa mort et sa croix. Celui que Thomas, dans sa magnifique profession de foi, reconnait comme « mon Seigneur et mon Dieu », s’est affronté au mal et à la mort, a été terrassé, avant d’être relevé par Dieu. Face aux forces de mort qui nous font souffrir, Jésus nous fait comprendre que toute mort se traverse avec l’aide de Dieu. Ne sois pas incrédule : entreprends toi aussi cette traversée.
Thomas nous touche. Ses doutes et son besoin de voir sont les nôtres. Pourtant dans la foi ce qui compte plus que « le voir » c’est « l’écoute », la parole reçue. On n’a pas la foi comme on a la nationalité. Croire est un acte rationnel et volontaire. Une décision. Nous croyons sur la parole des témoins, sur la parole de Jésus. Nous croyons Jésus.
Puis Jésus les envoie. De même que au premier jour du monde, le souffle de Dieu planait sur les eaux de la création, de même que Dieu a mis son souffle dans l’homme pour lui donner vie, (genèse 1) de même en ce premier jour du monde nouveau, Jésus souffle sur eux et leur donne l’Esprit. Leur mission : « Remettez les péchés. ». Pardonnés et renouvelés, ils doivent annoncer ce pardon universel. Annoncer que Dieu est amour et pardon.
Robert JOURFIER
La rumeur a commencé là, au petit matin. Des femmes se rendent au tombeau pour embaumer le corps de Jésus. Mais elles trouvent « la pierre roulée » et du corps, nulle trace ! Plus tard, Pierre fera le même constat : seulement des « linges », sans cadavre et il s’en retourne « tout étonné ». Résumons : à ce moment, on ne parle pas de « résurrection » mais de ‘ pierre roulée ‘, de ‘tombeau vide ‘ et d’‘étonnement ‘. Et c’est tout ! De « preuves » de la résurrection de Jésus, il n’y en a pas ; seulement des « signes » nés du tombeau vide. C’est peu et c’est beaucoup à la fois. Et si cela disait quelque chose du mystère de la Résurrection du Christ !
Dans notre vie, n’y a-t-il pas comme des "tombeaux", des expériences de « vide », de mort, qui nous empêchent de vivre vraiment libres et heureux ? Des peurs qui brisent nos désirs d’aimer et d’être aimés en vérité ? Des désirs de vivre qui peinent à décoller d’une vie routinière et sans relief ? Et dans le monde, toujours des guerres ! Qui peut nous délivrer de ces "tombeaux" de pesanteur, de méfiance et de violence qui emprisonnent nos existences individuelles et collectives ? Au point de désespérer parfois de nous-mêmes, de l’homme et même de Dieu. "Qui nous roulera la pierre de tous ces tombeaux" dont l’humanité et nos existences sont pleines ? En guise de réponse, il nous est donné non des « preuves » mais des « signes » qu’une Puissance de Vie née de la Croix du Christ nous est offerte.
Il y a peu, en relisant la formation reçue au Parcours Nazareth, Irène disait : « Cette formation m’a donné la vie. J’ai été comme miraculée en mettant la Parole de Dieu dans ma vie. Dieu, m’a appris à vivre, à aller vers les autres. Ma famille s’étonne de mon changement ». Tout cela est « Signe » qu’une Energie nouvelle est née de cette amitié avec le Christ qui a pris naissance en elle. Voyant sa vie transformée, elle ne peut que « s’étonner » de voir les « signes » palpables d’une Présence agissante du Christ en elle.
Il y a aussi votre présence à tous 2, Didier et Aghiles, qui fait « signe » pour nous. Avec le catéchuménat, vous êtes entrés dans une transformation intérieure, une ‘ mue ‘, une nouvelle naissance. Vous êtes bien les mêmes et pourtant, vous devenez autres. Pour St Paul, « Si par le baptême qui nous unit à sa mort, nous avons été mis au tombeau avec le Christ, c’est pour que nous menions une vie nouvelle. » Avec vous, nous sommes « étonnés » de croire que le Christ nous rejoint jusque dans nos croix pour y insuffler sa Vie de Ressuscité. La Résurrection du Christ ne se prouve pas mais elle s’éprouve au plus intime de l’âme comme un Appel au Réveil pour une vie plus large, plus haute et plus profonde. L’Avenir est à l’Espérance !
Michel Retailleau
En une semaine, quel revirement de situation dans Jérusalem ! Jésus, entré dans la ville sous les « hourra » d’une foule en liesse, est finalement conduit comme un simple esclave hors de la ville afin d’y être crucifié. Il n’aura pas fallu longtemps pour qu’il soit lâché !
Lâché par les chefs religieux qui depuis longtemps avaient juré sa perte.
Lâché par la foule qui s’attendait à un tout autre messie.
Lâché par Pilate qui préféra sa tranquillité à une décision juste.
Lâché par ses disciples qui l’ont abandonné comme des lâches.
Apparemment lâché aussi par Dieu en qui il puisait pourtant une foi à déplacer les montagnes. Durant ces deux ans et demi de vie publique, que de montagnes n’avait-il pas cherché lui-même à bouger dans les têtes et les cœurs ! Mais aussi, que de montagnes de refus, d’opposition et même de haine n’avait-il pas rencontrées !
Si tout s’était arrêté là, nos rameaux ne serviraient à rien ! Mais aujourd’hui, nous savons que, en dépit des apparences, Dieu, son Père, n’a jamais lâché Jésus dans son combat de toute une vie livrée par amour. Aussi ces rameaux sont-ils déjà le signe d’une victoire définitive de la Vie sur la mort et toutes les formes d’esclavage. Car, si Dieu n’a pas lâché Jésus, c’est la promesse qu’Il ne nous lâchera pas à notre tour. Car il veut que nous devenions par Jésus, comme lui et en lui, des Vivants.
En clouant la mort sur le bois de la croix…
Jésus se fait désormais Compagnon mystérieux de tous ceux dont l’existence est un enfer.
se fait Défenseur infatigable de toutes ces victimes innocentes des guerres injustes et barbares comme aujourd’hui en Ukraine
IL se fait Frère de tous les humiliés et méprisés de ce monde invitant à devenir des êtres libres et responsables dans l’existence.
Nos rameaux sont pour toujours signes que Dieu ne nous lâchera jamais si, dans le combat contre le mal et le péché, en nous et dans le monde, nous luttons avec Jésus et nous plaçons en Lui notre confiance !
Michel Retailleau
Dimanche dernier, Jésus en parlait sous la forme d’une parabole, celle du fils prodigue. Mais aujourd’hui, nous le voyons confronté à une situation bien réelle : on lui amène une femme coupable d’adultère. Ses accusateurs sont des scribes et des pharisiens, des experts de la loi de Moïse, des personnes reconnues pour leur ferveur religieuse. D’après la loi de Moïse, cette femme doit être lapidée. Mais s’ils se tournent vers lui, c’est pour le piéger, ils jettent la femme pécheresse aux pieds de Jésus pour que lui-même tombe : s’il refuse de la condamner, il est en contradiction avec la loi de Moïse ; et s’il la condamne, il est en contradiction avec la miséricorde qu’il prêche.
Mais Jésus opère un renversement : il ouvre un nouveau procès, celui des accusateurs : « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre. » Pendant que Jésus a la délicatesse de baisser les yeux, chacun examine sa conscience et… se retire. Il reste un homme sans péché, Jésus ; lui seul aurait eu le droit de condamner, mais il ne le fait pas : « Moi non plus, je ne te condamne pas, va et désormais ne pèche plus. » La menace de mort disparaît, le chemin d’une vie nouvelle s’ouvre pour cette femme.
En lisant cet Évangile, nous pensons à tous les scandales, petits ou grands qui sont vécus ces derniers temps. Certains sont connus seulement de l’entourage familier. D’autres sont répandus par la presse, la télé et Internet. Alors les langues vont bon train. Bien sûr, on ne lapide plus les pécheurs et les pécheresses. Mais on ricane, on dénonce celui qui a fauté ; on l’enfonce dans sa mauvaise réputation. On ne lui laisse aucune chance de s’en sortir.
C’est alors qu’il nous faut revenir à cette parole du Christ : « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre. » Devant Dieu, nous sommes tous des pauvres pécheurs. Avant de faire la leçon aux autres, nous sommes invités à enlever « la poutre qui est dans notre œil. » Cette poutre c’est l’orgueil, c’est le mépris à l’égard de celui qui a fauté. En agissant ainsi, nous allons contre le Christ qui est venu « chercher et sauver ceux qui étaient perdus ». C’est par amour pour eux et pour le monde entier qu’il est mort sur une croix.
Si nous voulons que ce carême soit vraiment libérateur, il n’y a qu’un seul commandement : aimer comme Jésus aime. La vie chrétienne est un combat de tous les jours contre les forces du mal. Mais pour ce combat, nous ne sommes pas seuls. Jésus est avec nous pour nous montrer le chemin. Marie est là aussi ; comme aux noces de Cana, elle nous redit : « Faites tout ce qu’il vous dira… » « Puisez à la Source de Celui qui est l’Amour… » Soyons ensembles les témoins et les messagers de sa miséricorde dans le monde d’aujourd’hui !
Jean Pierre MAÇON
Josué 5, 9a . 10-12 - Psaume 33 (34) - 2 Corinthiens 5, 17-21 - Luc 15, 1-3. 11-32
Trois animaux dans ce récit aident à comprendre ce père et ses deux fils. Les porcs symbolisent le naufrage du cadet : pour les juifs les porcs sont impurs, ils n’en mangent pas. Ils sont élevés en pays païen où ce fils a atterri après avoir gaspillé sa vie. Il se trouve désormais dans la déchéance, l’estomac vide, à garder les porcs des païens. Et l’histoire nous montre que même depuis ces bas-fonds où il s’est mis, il y a un espoir. Il y a un Père qui n’attendait qu’un signe pour courir au-devant de ce fils et lui ouvrir les bras. Ce père est l’image de Jésus qui accueille les pécheurs et mange avec eux. Il est l’image de Dieu.
Le veau fait les frais de la fête. Il symbolise l’excès de l’amour du Père. Ce Père organise une fête à tout casser tellement sa joie est grande : un banquet avec musiques et danses, la parenté et le voisinage. Il rhabille de neuf le fils, il lui donne des sandales qui sont le privilège des hommes libres. Il lui remet l’anneau au doigt. Les anneaux sont des sceaux, c’est-à-dire la signature. Autant dire qu’il redonne à son fils la clé du coffre. A ce fils qui ne mérite rien, il redonne tous ses droits de fils, toute sa place dans la maison. Ce fils n’en demandait pas tant. C’est excessif ! C’est l’excès de la joie de le retrouver : « Il était mort et il est revenu à la vie. » C’est l’excès de l’amour.
Le chevreau symbolise la frustration du fils ainé. Il ne l’a ni demandé ni mangé et il lui reste sur l’estomac ! Il aurait aimé que son Père lui fasse ce cadeau. Il a passé sa vie à travailler mais avec quels calculs pour être si aigre, si amer ? Sa rancœur décuplée par la fête devient colère et refus d’entrer. Le Père pourtant le supplie de venir partager sa joie : l’amour qu’il donne à l’un n’est pas volé à l’autre. Ce fils boudeur est aimé lui aussi à l’excès. Nous-même serions-nous entrés nous réjouir du pardon donné au frère ?
En réalité, chacun à leur façon, ces deux fils sont des calculateurs et leur relation au Père en est faussée. Le plus jeune avait tout calculé : son héritage, son départ, ses chances de pouvoir revenir, le discours où il reconnait qu’il ne mérite pas. L’ainé lui, pense avoir mérité. Il a calculé tout son travail, fait l’inventaire de tout ce qu’il a fait pour ce père. Mais le père ne regarde pas au mérite. Il aime ses deux fils. Il ne comptabilise pas. Il voudrait que l’ainé se réjouisse avec lui du retour du cadet. Il dit à l’un comme à l’autre : « tout ce qui est à moi est à toi, tu es toujours avec moi » et l’important est que nous soyons ensemble.
Je me souviens d’un reportage où un garçon de 15 ans qui s’était un temps prostitué disait avec des mots violents et crus tout le mépris qu’il avait de lui-même. Très vivement sa mère lui a interdit de parler ainsi de lui-même. Elle ne le méprisait pas. Elle refusait qu’il se méprise. Comme le père de la parabole cette mère ouvrait un avenir à son fils. Il était toujours son fils. Elle l’appelait à revivre.
Ainsi est Dieu. Il ne nous enferme jamais dans notre passé, dans nos erreurs ou notre péché. Il ouvre toujours l’avenir. Il n’a qu’un désir nous voir revenir à lui et vivre. C’est sa plus grande joie.
Robert JOURFIER
La conversion demandée en ce temps de Carême n’est pas une affaire superficielle. Elle s’adresse
jusqu’ à nos manières de voir et d’agir les plus instinctives. En évoquant deux évènements qui ont « fait la une » de son temps (la mort de 18 personnes écrasées par la chute de Siloë et l’écrasement dans le sang de Galiléens par Pilate), Jésus invite ses auditeurs à ne pas s’arrêter aux seules questions : quelle était leur responsabilité ? Ont-ils mérité cela ? Est-ce une punition divine ? … Questions certes légitimes mais qui ont pour conséquence de les laisser en spectateurs, extérieurs à ces évènements. 2OOO ans après, ne sommes-nous pas nous aussi sidérés par ces images de guerre en Ukraine et médusés devant cette part de bestialité tapie en l’homme mais sans nous interroger : en quoi cela me concerne-t- il ? Car c’est à nous aussi que s’adresse par deux fois cet avertissement sévère du Christ : « Si vous ne vous convertissez pas, vous périrez aussi. »
Ce que nous dévoilent ces tragiques évènements d’Ukraine, auxquels nous assistons en spectateurs impuissants, c’est la présence diabolique du Mal dans le monde. Mais ils nous révèlent aussi cette part de violence enfouie en tout homme. La conversion n’est pas seulement affaire d’un gouvernement agresseur d’un autre pays, et elle l’est bien sûr ! Mais elle est aussi notre affaire à chacun de nous. Le métropolite orthodoxe d’Ukraine l’a dit avec force. Cette guerre est « la répétition du péché de Caïn qui, par jalousie, tua son frère Abel » ? S’il y a en nous de l’Abel en quête de Dieu, il y a aussi du Caïn qui ne supporte pas que l’autre soit différent de lui dans sa manière d’avoir, de vivre, de faire, de penser et de croire. Et cela est source de divisions et de rancunes tenaces dans nos vies personnelles, familiales, citoyennes. A la Parole de Dieu : « Caïn, qu’as-tu fait de ton frère ? » fait écho le « Si vous ne vous convertissez pas, vous périrez aussi » de Jésus.
Le Carême est un temps offert pour nous interroger sur les fruits que nous portons. La parabole du figuier nous montre cet homme exaspéré par son figuier. Cela fait 3 ans qu’il est venu en chercher les fruits. En vain ! Aussi donne-t-il l’ordre à son serviteur de l’abattre pour ne pas épuiser le sol. Mais le serviteur n’est pas de cet avis. En bon vigneron, il sait qu’il faut du temps, plusieurs années même, avant qu’un arbre ne produise du fruit. Il faut donner du temps au temps comme Dieu en donne aux hommes pour se convertir !
Car Dieu est un Dieu qui sait patienter avec chacun. Son Amour est d’une telle patience qu’il ne désespère jamais de ses enfants. Mais Il presse chacun « de bêcher » sa vie, de désherber son cœur et de retourner la bonne terre qui est en lui. Et qu’ainsi se réalise le Don de la Paix dans une Humanité réconciliée. Rêve utopique ? Non, car cette Promesse a déjà commencé à se réaliser dans Celui qui a donné Sa Vie « pour nous donner Sa Paix ».
Michel Retailleau
L’Évangile est Bonne Nouvelle pour nous, il y a toujours à entendre quelque chose de neuf. C’est le temps de « l’heure de Dieu ». Ensemble, laissons-nous « transfigurer », devenons Disciples du Christ. Cet ordre nous est donné : « écoutez-le » La foi nous aide, elle est confiance, certitude absolue que, quoi qu’il arrive, nous sommes aimés de Dieu.
Cet Évangile ainsi que les deux premières lectures nous adressent un message très important : Nous y trouvons une invitation à renouveler notre engagement à nous laisser conduire par sa Parole, à laisser toute notre vie s’illuminer de la clarté de Pâques.
En ce deuxième dimanche du carême, nous contemplons Jésus « transfiguré ». Enveloppé de la Lumière de sa Résurrection, IL nous apparaît dans sa splendeur d’Homme-Dieu, son humanité pleinement éclairée de sa divinité. Et ce qui est merveilleux, c’est que cet événement nous fait entrevoir la beauté de notre vocation et de notre destinée. En Jésus, nous sommes devenus des fils et des filles du Père. Au jour de notre baptême, nous sommes entrés dans une vie nouvelle, en faisant déjà avec Jésus, le passage de la mort à la Résurrection. Pour le moment, cela n’apparaît pas encore clairement ; mais un jour, cela nous sera donné en plénitude.
En ce dimanche, nous accueillons la voix du Père qui nous invite à écouter son Fils bien-aimé. La réponse que nous lui donnerons nous transfigurera si elle répond au désir de Dieu. Toutes nos actions de carême grandes ou petites participent de ce vaste mouvement de transfiguration, de transformation de nos cœurs. Cela peut se manifester par un souci plus grand de connaître la Parole de Dieu ou bien de vivre de nouvelles formes de jeûne ou encore par la maîtrise de certaines habitudes. Et en cette période, ô combien difficile, n’oublions pas les gestes de partage avec nos frères et sœurs UKRAINIENS qui vivent des temps lourds d’angoisses et d’obscurités. Écoutons les appels à la solidarité que proposent les organismes.
Quelle que soit notre situation, l’invitation pressante est adressée à nous tous : « Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi. Écoutez- le. » C’est la condition requise pour notre propre transfiguration et transformation.
Nous t’en prions Seigneur : que ta Parole vienne illuminer nos vies. Qu’elle nous donne de revenir à toi de tout notre cœur. Révèle à chacun cette promesse de bonheur et de vie que tu nous fais.
Jean Pierre MAÇON
Deutéronome 26, 4-10, Psaume 90(91), Romains 10, 8-13, Luc 4, 1-13
« Tu es mon Fils ». Par ces mots, Dieu donnait à Jésus, pendant son baptême, son identité et sa mission. Mais Jésus a dû choisir « quel fils de Dieu » il devait être. C’est pourquoi il s’est retiré au désert quarante jours dans le jeûne et la prière. Et là ont commencé des tentations qui ne l’ont plus quitté jusqu’à la croix et qu’il déjouait dans sa prière.
« Si tu es Fils de Dieu. » C’est sur son identité et sa mission que Jésus est tenté. La tentation c’est de douter de Dieu. C’est douter qu’il soit un abri solide et sûr, comme dit le psaume 90, et de chercher d’autres abris. C’est ce que lui suggère le tentateur : Si tu es le Fils de Dieu, son élu, alors tu peux bien te débrouiller sans lui. Tu as faim ? Ton long jeûne t’épuise ? Qu’est-ce que tu attends, un fils de Dieu peut tout ! Tu peux transformer ces cailloux en pains et te rassasier ! Mais pour Jésus, être Fils, c’est être dans la main de Dieu. C’est lui faire confiance et non l’utiliser à sa convenance. Un jour Jésus a multiplié les pains mais non pour lui-même, seulement pour la foule perdue comme des brebis sans berger. Et Jésus répond par une phrase de la Bible « L’homme ne vit pas seulement de pain ». C’est l’expérience qu’Israël a faite au désert après leur départ d’Egypte. Ils avaient faim eux aussi et le Seigneur leur a fait comprendre qu’il leur était plus indispensable que le pain
Puis le Tentateur lui suggère de se tourner vers un autre que Dieu. Tu veux réussir ta mission ? Adore-moi et je te donnerai tout pouvoir sur la terre : tu seras efficace, tu seras un gagneur. C’est la tentation de l’idolâtrie, vouloir réussir sans Dieu, quitte à adorer tout et n’importe quoi : la force, l’idéologie, les armes, l’argent, la séduction, le succès... Jésus répond de nouveau avec la Parole de Dieu : « c’est à Dieu seul que tu rendras un culte. » Etre enfant de Dieu ce n’est pas vouloir dominer le monde, ni mettre toutes ses forces à acquérir du pouvoir, c’est ne chercher qu’à servir Dieu et le monde.
Puis le Tentateur lui lance un défi : puisque tu es le Fils de Dieu, puisque toute ta confiance est en lui, demande lui des preuves. Jette toi dans le vide, il t’as promis son assistance et l’aide des anges pour te porter. Saute. Mets-le au défi de te prouver qu’il dit vrai ! Mais non, dit Jésus, qui répond pour la troisième fois avec la Parole de Dieu : « tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu. » Etre enfant de Dieu ce n’est pas exiger sans cesse des preuves et des signes. C’est faire confiance. C’est la foi : « Mon Dieu dont je suis sûr. »
La guerre qui se déroule près de chez nous, en Ukraine, mais aussi hélas en d’autres lieux, montre que ce qui agite nos cœurs et crée les catastrophes humaines ce sont nos appétits de posséder, de dominer, de nous venger... Que dans ce carême nous puissions par la grâce de Dieu triompher de tous ces appétits. La prière qui manifeste notre foi, le jeûne qui nous permet de nous maitriser, le partage qui fait de l’autre un frère sont les outils de Jésus et du carême. Avec la Parole de Dieu qui était la nourriture et l’inspiration de Jésus.
Robert JOURFIER
La vie n’est pas un long fleuve tranquille ! Pour la vivre en chrétien, il faut apprendre à s’ajuster aux circonstances et situations particulières en apprenant, pas à pas, à poser une juste relation à soi-même, à Dieu et aux autres. Aussi, des " coups de sécateur " sont à donner en soi pour que, lentement, une sève nouvelle purifie tous ces désirs contradictoires qui nous traversent. A la veille du Carême, il est bon d’entendre Jésus nous offrir 3 petites paraboles aux allures de coaching spirituel.
Le 1er conseil nous invite à prendre conscience de nos aveuglements. La société, avec tous ses mirages de réussite ou de bonheur facile, nous aveugle. Aussi devons-nous travailler sur ce qui va nous laver les yeux : " Un aveugle peut-il guider un autre aveugle ? Ne vont-ils pas tomber tous les deux dans un trou ? " Jésus a été donné à l’humanité pour l’éclairer dans sa perte de repères face aux séductions du pouvoir, de l’argent et de ses instincts. Dieu l’a envoyé comme Guide et Maître pour enseigner par la Parole et le témoignage " ce qu’il y a en l’homme " et la manière vraiment humaine de vivre. Peut-on encore se dire chrétien si l’Evangile n’est pas ce Guide qui nous met devant les yeux et le cœur un Jésus lumineux qui a su si bien vivre et parler et de Dieu et de l’homme ?
Le 2ème conseil appelle à nous défaire de la démangeaison de juger les autres à partir de sa petite personne : de Sa manière de voir, de faire, de penser et même de croire : " Qu’as-tu à regarder la paille dans l’œil de ton frère, alors que la poutre qui est dans ton œil à toi, tu ne la remarques pas ? " La "poutre" de mes jugements rapides me fait voir à mon avantage. Elle me fait grossir les faiblesses ou défauts des autres et minimiser les miens. Qui suis-je, moi, pour juger les autres ? L’Evangile est un collyre puissant qui m’aide à poser sur le monde et mes proches un regard bienveillant. Ne sommes-nous pas tous d’abord des pécheurs pardonnés, le regard lavé de nos suffisances et prétentions ?
Le 3ème conseil nous renvoie à la saison des fruits : " Un bon arbre ne donne pas de fruit pourri ; jamais non plus, un arbre qui pourrit ne donne de bons fruits. Chaque arbre se reconnaît à son fruit. " En bon écologiste de l’âme, Jésus rappelle la lenteur des germinations du cœur humain. Dans un monde du " tout, tout de suite " où l’on veut maîtriser jusqu’à son propre devenir personnel, il n’est d’autre école que celle de la patience. Car " cueille-t-on des figues sur les épines " de nos contradictions ? Et " vendange-t-on du raisin " sur les ronces de nos défauts ? Il faut du temps pour que notre être divisé intérieurement par le péché s’unifie et donne alors du bon fruit ? On ne se convertit pas d’abord en changeant d’habitudes ou de façons de faire. C’est l’Esprit Saint qui nous aide à discerner comment retourner notre cœur.
Michel Retailleau
1 Samuel, 26, 2-23— Psaume 102(103) – 1 corinthiens15, 45-49 – Luc 6, 27-38
« Aimez vos ennemis ». Reconnaissons que cet enseignement de Jésus nous dérange beaucoup. « Tendre l’autre joue » est devenu un proverbe dont se servent ceux qui veulent ridiculiser le christianisme. Cela fait faible, sans courage de s’affronter, lâche et masochiste...
Cependant nous sommes dans un monde où la violence s’étale : aux frontières de l’Europe, et partout dans le monde ; dans les campagnes électorales ; sur les réseaux sociaux ; dans les couples et les familles... Et nous aspirons pourtant à la paix.
Jésus nous invite à combattre le mal, mais sans en rajouter dans la violence. Lui-même, arrêté et giflé par les soldats n’a pas tendu l’autre joue, mais il a regardé son agresseur comme un homme qui n’est pas qu’un poing qui cogne, qui est capable de raison. Il le renvoie à lui-même : « Si j’ai mal parlé dis-moi en quoi. Si j’ai bien parlé pourquoi me frappes-tu ? » Ainsi Jésus se montre plus fort et plus courageux que s’il avait riposté par des injures et des coups. Aimer ses ennemis c’est les regarder comme des êtres humains qu’on ne veut pas réduire aux actes méchants et violents qu’ils font.
Quand la rage nous prends et que nous avons soif de vengeance, pensons à la parole que Dieu adresse à Caïn, prêt à tuer son frère : « le péché est tapi à ta porte, il veut te dominer. Toi domine le ! » Cette lutte pour nous libérer de toute violence traverse la Bible. David (première lecture) domine son idée de tuer le roi Saül alors qu’il est à sa merci. Pourtant Saül fou de jalousie cherchait aussi à le tuer ! Cette longue éducation de Dieu a été progressive. La loi du talion « œil pour œil dent pour dent » était déjà une forte limitation de la violence. Il s’agissait d’avoir des réponses proportionnées. Un œil pour un œil, seulement ! Et pas toute la tête et pas la vie et pas le massacre et le pillage de la tribu du fautif... La loi du Talion proposait de ne pas faire à l’autre plus de mal qu’il n’avait fait. Jésus propose de faire à l’autre le bien qu’on aimerait qu’il nous fasse.
Jésus nous invite à la générosité. Comme Dieu lui-même. Il s’agit (2° lecture) de ne pas rester « l’homme terrestre fait d’argile, mais de faire grandir en nous l’homme céleste à l’image du Christ », c’est à dire l’homme sauvé. « Si vous aimez seulement ceux qui vous aiment tout le monde le fait ». Mais vous « Soyez miséricordieux comme votre père est miséricordieux. » Comportez-vous comme Lui et vous serez vraiment ses enfants. Jésus nous invite à nous servir de la mesure de Dieu, mesure sans mesure.
Bien sur pour entendre cela il faut avoir conscience des pardons innombrables qu’il nous a donnés au cours de notre vie. Il nous faut sentir leur prix. Si nous pensons que nous sommes des justes, sans péchés, sans besoin de pardon ... alors nous serons intraitables vis-à-vis des autres. Mais si nous avons conscience que Dieu doit nous pardonner sans cesse, alors la demande de Jésus nous paraitra logique et belle. C’est le travail d’une vie que maitriser sa propre violence. Cela commence dans la prière pour nos ennemis. Jésus est le modèle. Ne mesurons pas notre générosité, Dieu ne nous ménage pas la sienne.
Robert JOURFIER
(Jérémie 17, 5-8 – Psaume 1 - 1 corinthiens 16, 12. 16-20 – Luc 6, 17. 20-26)
Après toute une nuit à prier Dieu sur la montagne, Jésus appelle ses disciples, il en choisi douze puis il redescend avec eux dans la plaine où l’attend une foule de juifs et de païens venus pour l’entendre et se faire guérir. C’est pour eux que Jésus dit sa loi nouvelle. Elle vient de sa prière. Il l’a reçue de son Père.
A cette foule qui attend des guérisons et des délivrances, Il dit « heureux vous les pauvres et malheureux vous les riches. Heureux vous les affamés et malheureux vous les repus ». On pourrait ajouter Heureux vous les malades et malheureux vous les bien portants. Ce message nous étonne parce qu’il renverse l’évidence. Ce que nous voyons au contraire c’est qu’il est meilleur d’être riche et bien portant que pauvre et malade. Comment Jésus peut-il dire des choses pareilles ?
Jésus ne condamne pas. Il ne maudit pas les riches ni les repus. Il dit qu’ils sont malheureux. Il les plaint. Et il ne dit pas que les pauvres sont bénis, il constate qu’il y a un bonheur pour eux. Parce que les temps nouveaux que tous attendaient étaient là. « Si c’est par le doigt de Dieu que je chasse les démons, alors le règne de Dieu est arrivé pour vous. ». La présence de Jésus inaugure ce monde nouveau. Il est le germe de l’humanité nouvelle.
Jésus plaint les riches parce qu’ils n’ont besoin de rien ni de Dieu. Ils sont repus non seulement de nourriture, mais de tout bien. Comme les prêtres et scribes de son temps ils ont tellement tout, y compris la science de Dieu, qu’ils n’ont plus de place pour l’accueillir quand il se présente devant eux.
Les pauvres « n’ont pas le cœur fier, ni le regard hautain » (Ps130) La Bible les appelle « les courbés », les humbles. Ils obéissent à la parole de Jérémie (1° lecture) : « ne mettez pas votre confiance dans ce qui est mortel, mettez votre foi dans le Seigneur » Jésus les dit « heureux » parce qu’ils comptent sur Dieu et que Dieu ne les abandonne pas. Par son accueil, ses paroles, ses guérisons, ses pardons, Jésus leur fait sentir concrètement cette présence agissante de Dieu.
Le pauvre des pauvres, c’est Jésus lui-même. Il ne compte que sur Dieu. Et Dieu l’accompagne jusque sur la croix. Le bonheur de Jésus est dans cette proximité de Dieu avec lui. Il sait de quel regard d’amour son Père l’enveloppe, quoi qu’il arrive.
Ressuscité le premier, il continue de nous accompagner. Le sacrement des malades est une action du Christ en notre faveur. L’imposition des mains était son geste et il recommandait aux apôtres de faire de même sur les malades. L’onction d’huile bénite est aussi un geste des apôtres envoyés par Jésus. Ils guérissaient par des onctions d’huile. (Marc 6, 12-13) .Par ces gestes Jésus montre pour nous la même sollicitude qu’aux malades d’autrefois. Et il nous donne l’Esprit Saint qui renouvelle notre confiance en Dieu et nous donne sa force pour faire face. Nos mains ouvertes pour recevoir l’onction disent notre foi, notre abandon, notre confiance en lui. Laissons-le entrer dans nos pauvretés, nos angoisses, nos chagrins, notre maladie et même nos péchés. Et qu’il soit avec nous. « Ta foi t’as sauvé, va en paix. »
Robert JOURFIER
Aujourd’hui comme autrefois, le Christ nous invite à « avancer au large. » Comme Pierre, nous n’avons peut-être pas envie de quitter la rive de nos habitudes, de nos certitudes. Comme Pierre, nous avons peut-être encore peiné des mois et des années sans grand résultat. Nous nous sommes engagés dans nos paroisses, nos quartiers, nos lieux de travail et de loisirs. Mais Les résultats ne semblent pas à la hauteur de nos efforts et de notre espérance. Certains se sont éloignés de l’Église ; nos jeunes ne s’intéressent guère à la foi. Nos petits-enfants ne sont pas baptisés. Alors, on se dit qu’il faut s’organiser pour « sauver ce qui peut l’être ». On ne pense qu’à se protéger d’un monde qui nous ignore, nous ridiculise ou nous persécute !
Mais ce n’est pas cela que le Seigneur attend de nous : Ce qu’il nous demande, c’est « d’avancer au large ». Simon refait exactement ce qu’il a fait la fois où il a passé la nuit sans rien prendre. Mais cette fois, tout est changé car Jésus est à bord. Le bateau coule ; tellement il est chargé. La pêche miraculeuse, ça ne se fait pas tout seul : c’est une mission de toute l’Église et de tous les baptisés. Mais il faut que Jésus soit à bord. Il doit être là pour donner de l’impulsion, nous entraîner à sa suite. Il ne suffit pas d’avoir des plans bien élaborés ni d’utiliser les techniques les plus modernes. Le plus important c’est de jeter les filets et de la faire avec Foi et Confiance : « SUR SA PAROLE ». La pêche miraculeuse, c’est lui qui s’en charge. Le principal travail, c’est lui qui le fait dans le cœur de ceux et celles à qui nous annonçons la Parole.
Comme Isaïe et les apôtres Pierre et Paul, nous sommes tous appelés par le Seigneur. Il compte sur nous pour une mission bien précise. Il ne s’adresse pas nécessairement aux meilleurs ni aux plus saints. Il n’appelle pas que les enfants sages. Il peut venir nous chercher très loin et très bas. Les grands témoins de la foi sont des pécheurs pardonnés. Son appel est toujours le même : « Avancez au large et jetez vos filets. » Avec ce qui est petit et faible, le Seigneur peut faire des grandes choses. L’important c’est d’être AVEC le Seigneur.
Seigneur en ce jour, nous te rendons grâces, car nous avons bénéficié de la pêche miraculeuse : le baptême que nous avons reçu, nous a arrachés aux flots de la mort et nous a hissés sur la barque ; nous sommes sortis de l’eau comme le Christ est sorti du tombeau. Et nous sommes envoyés à notre tour comme Isaïe et Simon-Pierre vers nos frères et sœurs au lycée, collège ou à l’école dans le club de sport. Inspire-nous les paroles et les gestes qui nous permettront d’arracher nos frères aux flots de la misère et de nous mettre ainsi à ton service.
Jean Pierre MAÇON
Il nous arrive d’être déçus par Dieu. Nous l’invoquons mais, à nos prières, il semble rester sourd. Au point de douter qu’Il puisse ‘accomplir’ ses promesses. Aussi, comme les juifs de Nazareth nous sommes touchés par son "message de grâce », mais au fond perplexes, quand Jésus ajoute : « Cette parole de l’Ecriture que vous venez d’entendre, c’est Aujourd’hui qu’elle s’accomplit ». Comprenons bien ! Elle « s’accomplit », elle devient réalité aujourd’hui, pas demain ni dans un futur lointain ! Elle est faite pour devenir " chemin, vérité et vie " pour nos existences aujourd’hui ! Et c’est à nous aussi que le même reproche de Jésus à la Synagogue est adressé : " Aucun prophète ne trouve un accueil favorable dans son pays. "
Et si la Parole de Dieu ne trouvait pas " un accueil favorable chez nous ! " Et si notre foi n’était qu’un fragile vernis de choses ou d’habitudes religieuses apprises ? Et si on s’était " bricolé " une image de Jésus ou de Dieu étrangère à la Vraie Parole de Dieu ? Et si la foi au Christ n’était qu’un catalogue de " valeurs chrétiennes " dont s’empareraient des politiciens ?... Il n’est pas rare d’entendre des voix dire que La Parole de Dieu n’a pas encore été véritablement "entendue". On croit connaître l’Évangile, mais en fait,"on ne l’entend " pas dans son invitation profonde : " Lève-toi et marche. Aie le courage de devenir un vrai vivant ". Car, " Elle est vivante, la Parole de Dieu, énergique et plus coupante qu’une épée à deux tranchants ; elle pénètre au plus profond de l’âme, jusqu’aux jointures et jusqu’aux moelles ; elle juge des intentions et des pensées du cœur ! " (lettre aux Hébreux 4, 12-13).
Loin d’être sans effet, elle nous est offerte pour que nous risquions notre vie avec plus de hauteur et de profondeur. Si Jésus, "Parole faite chair humaine " a "livré sa vie pour nous ", c’est pour que nos vies en soient transformées. Aujourd’hui encore, cette Parole cherche à " s’accomplir "dans des cœurs qui l’accueillent. Elle aide à prendre appui sur Dieu pour surmonter les obstacles et épreuves de l’existence. Elle rejoint les humbles prières pour redonner espérance à ceux qui souffrent. Elle se glisse dans ces mains qui cherchent à tisser la fraternité et la solidarité pour secourir, réparer et reconstruire. Elle s’invite dans les pourparlers diplomatiques comme dans les paroles du couple ou de la famille. Car, avec elle, " l’amour prend patience, rend service, trouve sa joie dans ce qui est vrai, supporte tout, espère tout, endure tout. " (St Paul).
Mais plus étonnant encore, elle Parle là où les habitants de Nazareth refusent de l "l’entendre". Par "la veuve étrangère de Sarepta" et par cet autre étranger qu’est Naaman le Syrien ! Manière de dire qu’elle parle dans les cris ou les silences de ceux qui, aujourd’hui encore, sont mal accueillis : migrant, SDF, chômeur, handicapé, celui qui est étranger… à nos manières de voir, de faire ou de croire… Les compatriotes de Jésus ont voulu la faire taire car ne voulant pas l’entendre. Mais aujourd’hui encore, la Parole " passe au milieu de nous, allant son chemin", cherchant à réveiller, à convertir pour une Vie sans cesse plus libre et responsable ! Parole faite pour "s’accomplir", pour être vécu Aujourd’hui. Peut-on se dire chrétien si on ne lui donne pas une place de choix ?
Michel Retailleau
La messe a duré de l’aube à midi, six heures. Le peuple écoutait debout la lecture de la Tora. Loin de se lasser, tous approuvaient joyeusement : Amen ! Amen ! L’homélie était courte : le célébrant les a envoyés bien manger et bien boire pour fêter ce jour. « La joie du Seigneur est votre rempart. » (première lecture)
Ils avaient besoin de cette fête. Ils sortaient de dizaines d’années de souffrances : l’exil, les familles dispersées, le pays saccagé. Au retour d’exil, leurs biens avaient disparu ou changé de mains. Ceux qui avaient échappé à l’exil s’étaient mariés avec des païens, la foi reculait. Il y avait donc des conflits, de l’amertume. Le gouverneur Néhémie avait reconstruit le temple. Il fallait reconstruire aussi le peuple. Alors pour panser les plaies, ressouder la communauté et lui redonner confiance en l’Alliance de Dieu, le prêtre-scribe Esdras a rassemblé les textes et traditions, en particulier ceux qui les avaient soutenus pendant l’exil. Et il les a redonnés au peuple. En une grande fête, il a remis la Parole de Dieu au centre de leur vie. Cela les a fait renaitre.
Cinq cents ans plus tard, cinquante ans après la mort de Jésus, saint Luc écrit pour Théophile. Probablement un catéchumène se préparant au baptême. Comme Luc lui-même, il est un ancien « craignant Dieu », c’est-à-dire un païen sympathisant qui écoutait la Parole de Dieu à la synagogue, et essayait de vivre les commandements. Puis il a été attiré par le Christ. Pour lui et ceux qui lui ressemblent, St luc a écrit son Évangile et les Actes des apôtres. Il n’a pas connu Jésus, mais il dit avoir fait une enquête sérieuse auprès des témoins oculaires, les apôtres, dont certains sont encore en vie. Ces catéchumènes avaient déjà entendu des prédications, et St Luc veut les conforter, leur montrer la solidité des enseignements qu’ils ont reçus. Ils ont déjà reçu la parole de Jésus comme une Parole de Dieu et St Luc veut leur donner pleine confiance dans cette Parole.
C’est aussi la Parole de Dieu que Jésus vient lire et commenter un matin de sabbat dans la synagogue de Nazareth alors qu’il avait environ trente ans. La lecture du jour est du prophète Isaïe. Il lit : « L’Esprit du Seigneur est sur moi, il m’a consacré par l’onction, il m’a envoyé porter la bonne nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération, et aux aveugles qu’ils retrouveront la vue, remettre en liberté les opprimés, annoncer une année favorable accordée par le Seigneur. » Puis comme homélie, Jésus ajoute : « C’est aujourd’hui que cette parole s’accomplit ». Seul le Messie avait le droit de dire cela. Jésus prend au sérieux cette parole. Il en fait son programme. Il s’emploie aussitôt à le réaliser, parcourant le pays, annonçant la Bonne Nouvelle, guérissant les malades et redressant les humiliés. La Parole de Dieu était son inspiration et sa force.
Le message de grâce qui sortait de sa bouche et de ses mains nous est confié. Nous avons nous aussi reçu l’Esprit saint. Et cette Parole de Dieu, qui a nourri Esdras, Paul, Luc, Théophile et Jésus, nous l’avons dans les mains. Il nous suffit de décider de l’accomplir aujourd’hui.
Robert JOURFIER
Ce dimanche, nous avons eu la joie d’accueillir Mgr Philippe Marsset, notre évêque auxiliaire. Ses paroles de confiance et d’espérance résonnent encore… Dans sa charge d’Administrateur du diocèse, Mgr Georges Pontier, nous invite à " centrer notre regard sur le Salut qui vient du Christ ". Extraits de son interview publiée dans " Les Nouvelles de l’Église Catholique de Paris"…
" Nous vivons une période qui révèle les fragilités des membres de l’Église à tous les échelons. Cela nous amène à considérer, avec humilité, notre réalité : nous sommes tous, vraiment tous, fragiles. La fragilité est notre condition humaine. Mais nous partageons le sort du monde entier. Il y a tellement d’autres difficultés dans ce monde pour que nous succombions à la tentation de nous replier sur nous-mêmes en passant notre temps à nous plaindre. Nous avons aussi la joie que nous apporte notre foi. Nous avons des ressources dans notre vie chrétienne pour traverser les difficultés. Nous croyons en Celui qui nous accompagne. Ce n’est d’ailleurs pas par nous-mêmes, ni de nous-mêmes, que nous réussirons à traverser ces épreuves. La lumière ne viendra pas de notre seule intelligence mais bien de notre abandon et de notre confiance au Seigneur.
Les épreuves que traverse actuellement l’Église de Paris peuvent aboutir à du mieux. Elles peuvent aussi aboutir au pire. Il y a tout ce qu’il faut dans une épreuve pour la dramatiser, l’empirer. Et il y a tout ce qu’il faut, aussi, en nous, pour la traverser et en tirer des leçons. C’est tout ce travail que nous faisons dans ce que nous appelons la démarche synodale. Nous sommes en train de discerner, derrière ces épreuves, un fonctionnement ecclésial qui n’était peut-être pas ajusté, qui ne respectait pas la fraternité baptismale. Nous sommes d’abord des frères et des sœurs. Parce que nous sommes, tout premièrement, et essentiellement, des baptisés. Nous pouvons avoir d’autres missions, d’autres ministères, mais aucun ne prend le dessus sur notre condition première de baptisés. Il nous faut beaucoup parler, relire les choses ensemble, partager…
Ma mission, ici, à Paris, pour quelques mois, est de centrer nos regards sur ce Salut qui nous vient du Christ. De maintenir cette Église, à Paris, dans la joie, la paix, la confiance. En quelque sorte, il s’agit de soutenir notre foi, d’aider les hommes, les femmes, à ne pas se laisser écraser par le regard qui ne ferait qu’observer, voire amplifier, ce qui est douloureux et décevant, mais de garder les yeux ouverts sur ce qui est beau. Je vois une dimension de soutien, d’encouragement et d’action de grâce. Je n’ai pas d’autre feuille de route que celle qu’on me prête : celle de l’administrateur. Je ne suis pas l’archevêque de Paris. Je n’ai pas à me prendre pour lui. Je n’ai pas d’autre volonté que de me rendre présent, d’être ce catalyseur qui porte par son ministère l’unité et la communion ; tenir ce rôle, qui, sacramentellement, rappelle que nous ne sommes pas abandonnés, que le Seigneur est là, avec nous."
L’Eau est un symbole religieux de la plupart des peuples. Les hindous et le Gange, les juifs, les musulmans et leurs nombreuses ablutions, les chrétiens et le baptême... Comme si l’humanité se souvenait que la première cellule vivante est née dans les mers. Comme si chaque personne se souvenait qu’elle avait pris vie dans l’eau nourricière du sein maternel.
Signe de vie, les eaux sont aussi signe de mort. On le voit dans les catastrophes naturelles, on le ressent devant les profondeurs obscures des océans. Précisément le geste de Jean Baptiste consiste à plonger et ressortir les gens de l’eau. Leur permettre d’échapper à cette obscurité qui n’est pas seulement celle des eaux profondes mais celle de nos cœurs, pour qu’ils puissent se convertir et renaitre de manière neuve.
Tout le peuple était dans l’eau et se faisait baptiser. Jésus s’est fait baptiser lui aussi. Il est plongé dans les eaux avec tout le monde. Il se mêle à notre péché, à nos obscurités et il partage l’espérance de renouveau de ce peuple en attente. Il est en prière au milieu d’eux. C’est alors que Dieu se manifeste à lui.
Les Cieux s’ouvrent. « Ah si tu déchirais les cieux et si tu descendais, » c’était la prière des juifs. Mais ils pensaient que les cieux s’étaient refermés après la mort du dernier prophète (Malachie). Et voilà que les cieux s’ouvrent de nouveau. Dieu n’a pas dit son dernier mot. Il se fait plus proche, plus accessible que jamais en Jésus.
L’Esprit saint apparait sous une apparence corporelle comme une colombe. On pense à la création du monde quand l’Esprit de Dieu planait sur les eaux. Ou au déluge quand une colombe apportait le rameau d’olivier annonçant la fin de l’inondation et l’alliance renouée avec Dieu. Cette colombe, sur Jésus, signifie que par lui se fait une création nouvelle, et une alliance nouvelle.
Puis la voix du ciel dit à Jésus : « tu es mon fils bien-aimé, en toi j’ai toute ma joie. » Dieu reconnait Jésus comme son Fils. Il l’approuve dans son attitude d’humilité. Il le félicite d’être là avec tous, de se mêler à notre péché, à nos misères, de se laisser plonger et ressortir du même bain. Il se réjouit de le voir partager avec le peuple l’espoir du renouveau. Jésus fait sa joie, parce qu’il se reconnait en lui. Il voit Jésus comme un fils digne de son père, miséricordieux et ami des hommes. Comme s’il lui disait « je suis fier de toi. »
Cette parole qui donne confiance a été dite à Jésus au moment où il lâchait tout, sa famille, son travail, pour s’engager sur un chemin inconnu. Cette certitude d’être le fils bien aimé a été son secret, sa joie, sa force. Elle lui a permis de traverser les jours heureux des miracles, des guérisons et des foules qui le suivaient. Elle lui a permis de traverser les jours difficiles, les oppositions, le procès et la mort. Partout, toujours il a été la joie de Dieu.
Et Dieu nous l’a désigné. En le suivant, nous serons, nous aussi, les fils et filles bien aimés de Dieu. Nous aussi nous serons sa joie. Il sera la nôtre.
Robert JOURFIER
La semaine dernière : Le Magazine " Time " a élu "Homme de l’Année" Elon Musk. Richissime constructeur automobile qui a réussi à voler avec « Space X » aux frontières de l’espace avec tout un équipage civil. " Bravo pour la prouesse technique ! Mais un commentateur radio d’ajouter : " C’est sans doute l’homme le plus puissant de la terre et sans doute même du ciel. " Là alors, moins bravo ! M’est venu à l’esprit ce vers du poète mystique du 17è siècle Angelus Silesius : " Où cours-tu, ne sais-tu pas que le ciel est en toi ? " Et ce, d’autant plus qu’il y a plus de 2000 ans, Quelqu’un a fait le chemin inverse : il a quitté son "ciel " pour venir sur " terre " mais pour qu’à notre tour, nous puissions chercher à vivre le ciel sur terre ! Comment ?
En commençant par découvrir la Douceur de Dieu. " Que vienne sur nous la douceur du Seigneur notre Dieu " demandait déjà le psaume 89. Et là, ô divine surprise, cette Douceur s’est dévoilée dans " un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire ". Quand un enfant désiré paraît, c’est pur Cadeau ! C’est de la joie qui déborde de la famille sur amis, voisins et collègues. Chacun se sent renvoyé à ce qu’il a de meilleur. Et si ce nouveau-né, c’est le Fils de Dieu en Personne, alors l’ esprit et le cœur chavirent : Comment est-il possible que le "Si Haut " se soit fait le " Si Bas et si Petit " pour mettre à hauteur d’homme sa Grandeur de Dieu ? La Grandeur de Dieu serait-elle dans sa Douceur ?
A Bethléem déjà, elle a eu ses incrédules qui ont affiché à la porte de l’auberge et de leur cœur " Fermé, Complet "au nez de Marie sur le point d’accoucher". Mais il y eut aussi ces simples bergers qui, accourus à la crèche, ont su d’instinct que c’était lui le " Sauveur " attendu. Ce sont eux qui, dans leur foi toute neuve, ont deviné que la Puissance de Dieu était dans la douceur de ce Nouveau-né. La vie, les paroles et les actes de Jésus le confirmeront par la suite. " Heureux les doux, ils possèderont la terre ! " Seule cette Douceur-là qui fend les armures et les défenses peut " sauver le monde " car si elle est le Secret de la Bonté et de la Beauté de Dieu, elle peut l’être aussi de l’homme !
A notre monde armé de tant de rudesses et de violences, perclus d’angoisses et de peurs de toutes sortes et où le respect de l’autre est un défi, Noël représente la Douceur en Personne qui vient du ciel sur terre. Nous invitant à une douceur qui n’est pas gentillesse naturelle ou mièvrerie mais force d’âme et paix intérieure. Elle se puise dans la Bonne Nouvelle qu’est Jésus, l’Homme-Dieu. Elle transforme nos peurs en Joie et nos craintes en Espérance : l’humanité peut changer ! Mais à une condition : que le Christ naisse en nous. Car, comme le dit encore Angelus Silesius :
" Christ serait-il né mille fois à Bethléem, S’il n’est pas né en toi, c’est en pure perte. "
DOUCEUR ET JOYEUX NOEL A TOUS !
Deux femmes enceintes, deux futures mamans, l’une Elisabeth, âgée, qui a eu du mal à concevoir. L’autre toute jeune, Marie, simple, bonne et dévouée pour sa vieille cousine qu’elle vient visiter et assister. A travers cette belle rencontre humaine et familiale saint Luc nous entraine dans le mystère de Dieu.
Il nous dit d’abord que Marie après avoir reçu l’annonce de l’ange, est partie en hâte voir le signe donné : « Elisabeth ta parente est enceinte du sixième mois elle qu’on appelait la stérile, car rien n’est impossible à Dieu ». Le signe c’est non seulement la grossesse d’Elizabeth, mais c’est d’entendre Elizabeth confirmer la parole de l’ange, en la nommant « mère de mon Seigneur ». Elizabeth parlait, remplie de l’Esprit Saint. De même que Marie a été prise sous l’ombre de l’Esprit saint. En Marie, en Elizabeth et dans les deux enfants qu’elles portent, tout se passe sous l’action de l’Esprit saint. Cette ombre de l’Esprit saint, c’est la nuée qui guidait le peuple à travers la mer et le désert, c’est la présence de Dieu. St Luc nous dit que Dieu est là et agit.
Ensuite St Luc compare Marie à Judith qui avait assuré à son peuple la victoire et la sécurité en tuant le général ennemi (Judith 13, 18-19). Elizabeth accueille Marie avec les mots qui ont accueilli Judith après son coup d’éclat : « Tu es bénie entre toutes les femmes et le Seigneur Dieu est béni. » Marie est une héroïne de Dieu qui va assurer au monde la victoire sur le mal, en mettant au monde Jésus. « Le fruit de son sein est béni » : c’est dire que l’enfant que porte Marie est divin car Dieu seul est le Béni.
Puis Marie est comparée à l’arche d’alliance, que David a fait monter à Jérusalem. (2 Samuel, 6, 1-16) Il avait hésité : « comment l’arche du Seigneur pourrait-elle venir chez moi ? ». Elisabeth accueille Marie avec une parole semblable. Avant son transfert, l’arche a séjourné trois mois dans une maison où elle a apporté le bonheur. Marie a séjourné trois mois chez Elizabeth, où elle apportait la joie. Le voyage de l’arche comme celui de Marie a traversé les collines de Judée. Lorsque l’arche a été portée à Jérusalem avec musiques et ovations, David dansait et tournoyait devant le cortège. De même Jean baptiste danse de joie dans le sein de sa mère devant Marie enceinte de Jésus.
Marie est comparée à l’arche d’alliance qui était le lieu de la présence de Dieu. Marie porte la présence de Dieu. Ainsi dans ce récit baigné de joie, saint Luc nous dit que par Marie, la présence de Dieu est venue nous visiter. « Il a habité parmi nous et nous avons vu sa gloire ». Désormais Dieu habite l’humanité. Sa présence n’est plus limitée à l’arche et au temple. C’est Jésus qui est cette présence. Et désormais c’est par l’homme que Dieu visite les hommes. Et c’est en visitant les hommes que nous visitons Dieu. Pensons-y lorsque nous visitons des malades et leur portons la communion. Pensons y lorsque nous serons en famille à Noël et le jour de l’an. Pensons-y en offrant des cadeaux ou des vœux. Puissions-nous leur faire sentir un peu de la joie du salut.
Robert JOURFIER
"Moi, je vous baptise avec de l’eau ; mais il vient celui qui est plus puissant que moi. Je ne suis pas digne de défaire la courroie de ses sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et dans le feu."
En affirmant cela, Jean répond à la foule. Il n’est pas le Messie mais il l’annonce. Et il y a une différence entre Jean et le Messie…
Jean baptise" avec de l’eau." L’eau purifie, lave,... Recevoir le baptême de Jean, c’était comme commencer une nouvelle vie, entamer une marche sur le chemin qui mène à Dieu : on se déplaçait, on reconnaissait son péché, on affirmait sa volonté de changer de vie, on demandait pardon pour ses péchés. Le baptême de Jean était un baptême proposé à tous. Mais la route, ensuite, n’était pas facile si on l’empruntait seul : il y avait le risque de trébucher sur la plus petite pierre, de tomber dans un précipice, de faire demi-tour. En ne comptant que sur ses propres forces, le risque était grand de replonger bien vite dans sa vie grise. Pour poursuivre la route sur le chemin de Dieu, mieux valait être accompagné !
Jésus baptise " dans l’Esprit Saint et dans le feu " : Le Messie baptise dans l’Esprit Saint et dans le feu. L’Esprit Saint, on s’en souvient, veut pénétrer notre corps, notre cœur. Il veut imprégner notre être au plus profond et en permanence pour nous accompagner sur le chemin de la vie ! Il veut faire Un avec nous pour que nous ne soyons jamais seuls, que nous ayons toujours une lumière sur le chemin, que nous ayons la force d’affronter les passages et les moments difficiles de notre existence. L’Esprit guide, accompagne, pousse en avant,... Il est aussi comme le feu, qui transforme tout sur son passage, qui fait place nette pour qu’une Vie Nouvelle puisse s’épanouir. Le feu de l’Esprit peut brûler en nous d’une flamme qui ne s’éteint jamais. Il peut inscrire en nous la marque d’un Amour Eternel qui vient de Dieu Père.
Les baptêmes de Jean et de Jésus sont complémentaires. Pour pouvoir accueillir l’Esprit Saint qui va véritablement transformer nos vies, il faut lui laisser une place en nous et pour cela, se débarrasser de toutes nos impuretés, de notre péché ! Pour se laisser envahir par le Feu, il faut d’abord chasser l’obscurité qui est en nous ! Le SACREMENT DE RECONCILIATION est une des propositions qu’il nous est donné de vivre. Le baptême de Jésus est celui qui transformera véritablement notre vie, qui la fera grandir. "L’amour de Dieu est répandu dans nos cœurs par le Saint-Esprit qui nous a été donné" (Romains 5,5). En ce temps de l’Avent, je suis invité à préparer la route pour Celui qui va venir. Je l’ai débarrassée de ses ronces, de ses pierres... En ayant envie de devenir un peu plus "Juste" ; je dis mon envie de marcher avec Dieu, de suivre Sa Loi, de me délester du superficiel, de donner, de perdre aussi quelque chose de moi pour accueillir l’Esprit Saint.
Jean Pierre MAÇON
En ce 2ème dimanche de l’Avent, St Luc décrit l’Avènement de la Parole de Dieu ; il le fait comme un scénario de film ! Un décor de ’puissants’ : l’empereur Tibère à Rome. La Galilée sous Hérode, et son frère Philippe qui gouverne les régions voisines. Jérusalem est sous les ordres des grands-prêtres Hanne et Caïphe. Ces paroles, politique et religieuse, enferment et cadenassent la vie. Au contraire, la Parole de Dieu souverainement libre trouve le moyen de se faufiler pour s’adresser à un homme du silence qui vit au désert : Jean (le baptiste).
Drôle d’idée que d’aller chercher Dieu au désert ! Mais le désert n’est-il pas lieu du silence ? Dans une société bruyante comme la nôtre, il nous faut apprendre à faire silence pour écouter Dieu. Jean Louis Etienne, le célèbre explorateur de l’Antarctique à traineau, le dit en adulte : " Nous ne prenons pas le temps de nous arrêter, de faire silence pour qu’enfin, nous puissions nous poser la question de savoir si la vie que nous menons est bien accrochée à l’essentiel… C’est dans la solitude du désert glacé que Dieu a resurgi dans ma vie, après avoir été longtemps caché derrière un paravent de " bondieuseries ". Le Dieu qu’il croyait connaître, ce n’était pas le Dieu qui lui a Parlé dans le silence… Veux-tu entendre Dieu te parler " cœur à cœur ", apprends d’abord à faire silence et à descendre en toi-même !
Cela, Jean le baptiste le dit en termes imagés empruntés au désert : " Préparer le chemin du Seigneur « , c’est me donner des moments de silence pour descendre dans le ’sanctuaire ’ de mon cœur, là où Dieu habite et m’attend. " Les " ravins à combler ", ce sont ceux des freins ou des peurs qui m’empêchent de donner élan à ma vie ; " Les collines à abaisser ", celles de mes égoïsmes et aveuglements. " Les chemins rocailleux ", ceux de la facilité à me laisser vivre…
Dans un monde où " ça parle beaucoup ", il nous faut accueillir Celui qui Parle Juste et Vrai. Lui, la Parole de Dieu qui, seule, nous parle bien Et de Dieu Et de l’homme. L’Avent en est ce temps offert. Il y a peu, une dame de la paroisse partageait sa joie de découvrir la Parole de Dieu : " Avant, disait-elle, je croyais en Dieu comme ça, mais je ne vivais pas vraiment. Aujourd’hui, grâce à la formation au Parcours Nazareth, la Parole du Christ me fait vivre. Elle donne un sens et un but dans ma vie. Je vis avec Dieu. Il vit avec moi. Ca change tout." Comme il y a un peu plus de 2000 ANS, cette Parole de Dieu veut se faufiler dans ta vie, tes rencontres ou occupations pour t’APPELER à la Vie, à la Vraie. Vas-tu l’accueillir, toi qui es jeune de l’Aumônerie ou de la Confirmation. Ou toi qui es un " vieux " de 30 ans et plus ?
Michel Retailleau
« Les puissances des cieux seront ébranlées, les nations seront affolées ». Les textes bibliques de ce genre sont appelés « apocalypses ». Ils sont écrits pendant des périodes de grandes détresses, guerres, et persécutions. Leur langage, codé à cause du danger, n’est compréhensible que par les croyants et non par leurs persécuteurs. Le but de ces textes n’est pas d’effrayer mais au contraire de rassurer. Et comment rassurer avec des images de fin du monde ? En levant le voile sur l’avenir heureux (Apocalypse veut dire lever le voile, dévoilé). Ce qui est dévoilé c’est la victoire de Dieu. Il aura le dernier mot. Ces textes parlent moins de la fin du monde que du renouvellement du monde sauvé par Dieu.
Ce renouvellement final, cet avenir heureux, se fera avec la venue du Fils de l’homme. Le prophète Daniel (7, 13-14) avait vu dans ses visions de la nuit que Dieu dépouillait les empires de leur puissance violente et il voyait « comme un fils d’homme venant sur les nuées du ciel qui recevait gloire et royauté éternelle sur toutes les nations ». Jésus se désignait souvent lui-même de ce titre de Fils de l’homme, jusque dans son procès, où devant le grand prêtre il s’identifie à la vision de Daniel (Matthieu, 26, 64). Et les disciples ont reconnu aussi que Jésus est ce Fils de l’homme annoncé : Etienne en train de mourir en témoignait (Actes 7, 55-56). Ce qui nous est dévoilé, c’est que l’histoire a un sens et qu’elle est tendue vers la venue de ce fils de l’homme, ce retour de Jésus dont nous attendons la venue dans la gloire.
Est-ce terrible ? La fin de ce monde rempli de méchanceté, d’égoïsmes, de violences serait-elle une perte ? Faudrait-il regretter ce monde ou des chefs d’états utilisent des centaines de réfugiés démunis avec femmes et enfants pour régler leurs comptes politiques, à la frontière polonaise et biélorusse ou dans la Manche ? Non. Pourtant en attendant la venue du Fils de l’homme, que faire ?
Ces temps-ci, une vidéo des témoins de Jéhovah annonce l’imminence de la fin du monde. On voit un couple avec deux jeunes enfants. Ils entrent dans un abri souterrain et attendent que nous soyons tous exterminés en surface, tandis que les témoins de Jéhovah seront sauvés ! Mais Jésus ne nous demande pas de nous enterrer ni de nous cacher, ni de nous sauver seuls, au contraire : « redressez-vous et relevez la tête », car malgré les catastrophes qui peuvent survenir, vous savez que ce sera votre libération, promise à tous.
Les lectures de ce jour montrent des chemins :
Garder la foi quoi qu’il arrive. Comme Jérémie, croire contre toute évidence, sur la seule promesse de Dieu. Lui faire confiance.
Comme Saint Paul garder l’amour. Vivre de la charité de Dieu. Nous rendre « irréprochables en sainteté en ayant entre nous et pour tout homme un amour intense et débordant. »
Comme Jésus, vivre l’Espérance, « en nous relevant, en redressant la tête, en restant dans la prière, lucides et éveillés et en nous tenant debout jusqu’à son retour. »
Robert JOURFIER.
Dans la vision de Daniel évoquée dans la première lecture, il est fait allusion à quelqu’un " comme un Fils d’homme " à qui sont " donnés domination éternelle, gloire et royauté ". Et dans la deuxième lecture de l’Apocalypse de St Jean, on comprend que « Jésus Christ est le témoin fidèle, le premier-né des morts, le prince des Rois de la terre. Lui qui nous aime, nous a délivrés de nos péchés par son sang. »
Regardons comment Jésus se comporte face à la royauté et au pouvoir. D’abord, il annonce que " Son Royaume n’est pas de ce monde. » Et c’est au cours d’un procès qu’il va se dire Roi, c’est à dire au moment où il est amoindri, enchaîné, bafoué. Ce n’est donc pas du haut d’un trône ni au moment où le peuple le proclame ’ Roi ’mais devant Pilate qui avait le pouvoir de le mettre à mort. Jésus ne craint pas d’établir son pouvoir par l’absurde : « Si ma royauté venait de ce monde, j’aurais des gardes qui se seraient battus pour que je ne sois pas livré aux Juifs. »
Sa royauté n’a que faire des moyens de ce monde : capitaux, partisans, armée. Sa royauté ne se sert pas de la puissance pour imposer sa domination. « C’est une puissance infinie d’effacement de soi ». Pilate ne doit pas avoir peur, Jésus n’est pas un concurrent sur la scène politique. Bien sûr que Pilate y perd son latin ! A la question : « Alors tu es roi ? » Jésus ne répond pas, mais toute sa personne respirait, transpirait cette royauté éternelle.
C’était même plus que de la royauté, il y avait quelque chose de divin qui émanait de lui. Or l’homme avait les mains liées derrière le dos. On voyait sur son visage les marques d’une nuit d’agonie, les traces des coups et des crachats. Il était couronné d’épines. Quelle dérision ! Mais quelle force émanait de cette dérision ! C’était un homme complètement vidé de lui-même, mais envahi par l’aspect divin de son Père.
Contemplons ces deux pouvoirs, ces deux hommes face à face : Pilate peureux qui cherche avant tout à garder sa place. Et Jésus humilié et dépouillé qui seul peut dire dans sa faiblesse cette Parole qui a une force inouïe : « Tout homme qui appartient à la vérité écoute ma voix. » Il n’y a pas de plus grande leçon à tous les assoiffés du pouvoir, à tous ceux qui disent : « Que mon règne vienne ! »
C’est avec des petits moyens que François d’ASSISE et ses frères sont partis évangéliser le monde et faire ainsi une " Cité de Dieu " sur la terre. Ils avaient une grande foi et un grand cœur. Ils étaient petits et vulnérables comme leur Maître car ils savaient que sa royauté était une royauté d’amour, de force dans la faiblesse et de service humble.
Jean Pierre MAÇON
(Christian BOBIN dans " L’homme qui marche" écrit : « Sa puissance à lui c’est d’être sans puissance, nu, faible, pauvre, mis à nu par son amour, affaibli par son amour, appauvri par son amour. Telle est la figure du plus grand Roi de l’humanité. »).
Les défis ne manquent pas à notre monde qui, à l’incertitude de demain, ajoutent la peur de l’avenir… Comme les migrations économiques, politiques, climatiques qui jettent sur les routes du monde des millions de déracinés. Comme le terrorisme et son lot d’attentats aveugles. Comme l’état de la planète et son réchauffement climatique. Comme la montée des inégalités et des violences… Défis parmi d’autres qui secrètent l’angoisse de vivre et assombrissent notre regard sur l’avenir. Au moment où St Marc écrit son Evangile, les défis de la jeune communauté chrétienne sont aussi lourds d’angoisse : chute de Jérusalem et, sous Néron, les chrétiens sont poursuivis et même brûlés à Rome...
En se servant des images " apocalyptiques" de l’obscurcissement du soleil, de la lune et des étoiles » , l’auteur sous-entend qu’un tournant est en train de s’opérer. Manière biblique de dire que si tout s’écroule, c’est que cet écroulement a un sens caché ("apocalypse" veut dire ’dévoilement, révélation’). Ces images qui relèvent d’un film d’horreur, sont en fait annonciatrices d’une Bonne Nouvelle : la Venue du Christ qui tisse souterrainement le Royaume d’Amour voulu par son Père !
Aujourd’hui même où l’Eglise célèbre la " Journée Mondiale des pauvres ", nous pourrions être tentés de désespérer de notre humanité incapable d’éradiquer tant de misères. Et même de céder à l’anesthésie de notre confiance en l’avenir et à la paralysie de notre foi. Où est Dieu dans tout ça ? Comment voir " le Fils de l’homme venir dans les nuées avec grande puissance et grande gloire " quand tant de plaies et de fractures défigurent notre monde ? D’abord, nous sommes invités à donner plus de hauteur et de profondeur à nos existences trop collées aux préoccupations du " présent " immédiat. Car, depuis Sa Victoire de la mort sur la croix, Jésus ne nous laisse pas seuls. Son Esprit travaille avec nous et en nous. Le monde, avec ses injustices et ses catastrophes, laisse place, insensiblement, à un monde nouveau. Le Christ, invisible dans le visible du monde, Vient déjà rassembler du fond des âges et des 4 coins du monde tous ceux qui, croyants ou non, retroussent leurs manches !
Aussi, sans baisser les bras, sommes-nous invités à chausser les lunettes de la foi. A percevoir les petits mais multiples signes qui nous dévoilent « ce qui naît » : dans le partage, la fraternité, la solidarité, les efforts de paix… Si des jeunes pousses fleurissent sur "le figuier, annonçant que l’été est proche", c’est qu’il nous est proposé du neuf à naître dans les blessures mêmes de ce monde. Nos Evêques, réunis à Lourdes, viennent d’en faire l’expérience. En reconnaissant la responsabilité institutionnelle et systémique des violences sexuelles subies dans l’Eglise, ils ont manifesté par des décisions et des gestes forts, leur volonté de travailler à une " Eglise de Jésus " plus vraie. Manière de dire : " Nous attendons ta Venue dans la Gloire. " Oui, le Christ Vient. Il est " à la porte " de ce monde !
Michel Retailleau
Le sort des veuves était le plus souvent misérable, chassées de leur domicile sans aucun héritage et sans ressources. C’est pourquoi la Bible fait un devoir de prendre soin d’elles. Les textes de ce jour nous présentent deux veuves. La première, huit cent cinquante ans avant Jésus, à Sarepta, accueille le prophète Elie pendant la sécheresse et la famine. Elle accepte de lui donner sa dernière poignée de farine et ses dernières gouttes d’huile, alors qu’elle n’a plus rien pour elle et son fils. C’est un acte de générosité. C’est surtout un acte de foi. Parce qu’elle n’a plus rien. Elle remet sa vie à Dieu. Elle s’abandonne à Lui et compte sur Lui.
La veuve de l’Evangile était aussi une femme démunie de tout. Elle vient au temple auprès des troncs destinés à recevoir les offrandes des fidèles. Certains, riches, mettent des grosses sommes et ils le font voir. Elle n’a que deux petites pièces : les plus petites de la monnaie en cours, quelques centimes. Aux yeux des autres c’est une offrande ridicule. Aux yeux de Jésus c’est la plus grande des offrandes : « Elle a mis plus que tous les autres. Les autres ne mettent que leur superflu. Elle, elle a pris sur son indigence. Elle a mis tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre. » C’était un acte de foi. Un acte de confiance en Dieu. Elle remet sa vie à Dieu. Elle lui donne tout ce qui lui reste. Elle s’abandonne à Lui et elle compte sur Lui.
Jésus a remarqué cette femme dans la foule. Son geste l’a fasciné. Elle lui ressemble trop bien, Lui qui de condition divine s’est dépouillé de tout, jusqu’à la mort de la croix. (Philippiens 2, 6-11). « J’imagine que cette femme qui abandonne ses dernières ressources à Dieu lui a été un signe, avant que lui-même, peu de jours après, s’abandonne entre les mains de Dieu, dans la confiance » : « Père en tes mains je remets mon esprit. » Lui aussi a tout donné. Il a compté sur Dieu.
Dieu merci la générosité existe encore. Je pense à ce retraité à la mince retraite qui chaque dimanche achète un poulet rôti pour la femme "rom" qui quête dans sa rue. Beaucoup de gens peu fortunés aident d’autres à vivre, les tiennent à bout de bras, les hébergent, les dépannent. Et c’est fréquent dans nos communautés chrétiennes qui soutiennent de nombreuses causes. Rendons grâce à Dieu pour ce qui est non seulement de la générosité mais aussi la foi.
Après le rapport Sauvé, notre Eglise est aujourd’hui appauvrie de bien des manières. Elle a perdu sa réputation, sa crédibilité aux yeux de beaucoup. On se trouve désemparé et je ne sais pas encore ce qu’ont décidé nos évêques à Lourdes. Les deux veuves ont donné dans la foi tout ce qui leur restait pour vivre. Notre église n’en est pas là. Que nous reste-t-il à donner ? Il nous reste de pouvoir écouter, recevoir la parole de ceux qui sont blessés. Il nous reste de pouvoir réparer et rendre justice. Il nous reste de pouvoir donner nos forces, notre argent. Cela coutera cher ? Il nous reste la Foi. Il nous reste de pouvoir écouter Dieu, lui obéir, lui faire confiance, et aller de l’avant. Mon Dieu je m’abandonne à toi.
Robert JOURFIER
En lisant le texte des Béatitudes qui nous est proposé pour la liturgie de ce jour, on peut se poser ces questions : " Qui est appelé à la sainteté ? Et Qui sont les saints ? " Les Saints, ce sont ceux qui se sont laissés transformer par Dieu pour que, dans leur vie et dans leur agir, le bien l’emporte sur le mal. Cela passe par une dimension de service et dans l’humilité, sans recherche de gloriole : « agir avec amour et bonté. » On les a déclarés " saints ", pour la manière dont ils ont vécu l’Évangile dans les circonstances de leur vie, de leur époque. Un certain nombre d’entre eux ont été canonisés par le peuple des baptisés avant même que l’Église les reconnaisse "saints", tellement ils ont marqué par leur qualité personnelle de vie, leur courage et leur vaillance de semeurs d’Évangile. Ainsi, la sainteté des hommes prend racine dans celle de Dieu. Et, à cause de cela, nous sommes tous " appelés à la sainteté."
Mais aujourd’hui, les saints et les saintes contemporains, qui sont-ils ? Ce sont souvent des gens inconnus, des justes, chrétiens ou non, qui font chaque jour leur devoir, gens de paix et de bonne volonté qui se soucient des autres et du bien commun. Ce sont tous les hommes et les femmes « justes » qui sauvent le monde de la médiocrité, de la haine, de la cruauté et qui ont fait " œuvre de création " à un moment de leur vie. Ils forment comme un bouclier vivant qui protège notre terre de la destruction et de la dévastation. Un bouclier bien fragile, aussi fragile que la couche d’ozone. Quand nous disons croire en la communion des saints, c’est aussi à cette communion entre gens de bienveillance que nous croyons. Nous croyons que cette communion relie non seulement les vivants aujourd’hui, mais aussi nous relie à tous les frères et sœurs en humanité qui nous ont précédés ou qui sont encore à venir. Ils sont comme les maillons d’une chaîne de sainteté qui secrètement illumine le monde et ainsi nourrit notre espérance, comme un foyer entretient en lui le feu de la charité. Au cœur de cette chaîne et de ce foyer, nous croyons que c’est le Christ, le Saint de Dieu, qui nous communique la sainteté de Dieu lui-même.
Dans la prière d’action de grâce de cette fête, nous bénissons Dieu en disant : « Béni sois-tu pour tous les saints et saintes que nous fêtons en ce jour ! Dans leur vie, tu nous procures un modèle. Dans la communion avec eux, une famille, et dans leur intercession un appui et un soutien. » Ce que Jésus souhaite aujourd’hui, c’est que notre appétit de bonheur soit habité et habillé à l’image du Dieu Père. " Heureux, bienheureux " ceux dont l’âme est assez belle pour que leur désir essentiel soit de vivre comme des enfants du Père qui est dans les cieux !
Jean Pierre MAÇON
Un scribe a assisté à des attaques contre Jésus, il a aimé ses réponses, et s’enhardit à poser aussi une question : « Quel est le premier de tous les commandements ? » Dans la Tora il y a 613 commandements. Lequel des 613 a le plus d’importance selon toi ?
Jésus répond : « le premier c’est Ecoute Israël, le Seigneur notre Dieu est l’unique seigneur. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit, de toute ta force. » Cette phrase du Deutéronome (6, 4-5) est la prière du matin de tous les juifs. La première attitude vis-à-vis de Dieu, c’est donc l’Écoute. Écoute ce qu’il a fait pour toi, ce qu’il a à te dire, ce qu’il te demande. Et la seconde attitude c’est tu l’aimeras, de toutes tes capacités, de façon tout à fait unique, parce qu’il est l’Unique. Tu l’aimeras parce qu’il t’a aimé en premier, gratuitement, alors que tu étais le plus petit des peuples. Il t’a sauvé de l’esclavage, il t’a guidé au désert. Aime-le, c’est un amour en réponse.
Puis Jésus ajoute : « Et voici le second : tu aimeras ton prochain comme toi-même » Cette parole du livre du Lévitique fait partie du chapitre 19, qui commence par ces mots : « Soyez saints comme moi votre Dieu je suis saint. ». Et le texte biblique détaille : quand on récolte on doit en laisser pour les pauvres et les immigrés. On ne doit pas les exploiter. On ne doit pas retarder le salaire des ouvriers. On ne doit pas rire d’un sourd, ni entraver un aveugle. On doit juger sans favoriser les grands etc... Et le texte conclut « c’est ainsi que tu aimeras ton prochain comme toi-même, je suis le Seigneur. ! » Ainsi en aimant très concrètement le prochain comme soi-même, on imite la sainteté de Dieu.
Puis Jésus conclu : « il n’y a pas de commandements plus grands que ceux-là » Le scribe est heureux de cette réponse. Et il renchérit en citant le prophète Osée : « Vivre ces deux commandements vaut mieux que toutes les offrandes et sacrifices. » Mieux que le culte tout entier. Alors à son tour Jésus le félicite de sa sagesse : « tu n’es pas loin du royaume de Dieu. » Écouter et Aimer Dieu et le prochain c’est déjà le royaume de Dieu. Ainsi jésus ne faisait pas la morale, il ne disait pas tu dois, il faut. Il savait voir en chacun la profondeur de sa personne et l’encourager.
Jésus n’a pas inventé ces deux commandements. Ils sont déjà dans la Bible. Et d’autres juifs nombreux, comme ce scribe, partageaient son interprétation. Par contre il les liait fortement. Pour lui ils ne font qu’un et donnent sens à tous les autres. Et il élargissait beaucoup la notion de prochain qui selon lui est tout homme qui a besoin et dont je me fais proche. Lui-même, Jésus a vécu à la perfection l’unité de ces deux commandements. Il était à l’écoute de Dieu sans cesse dans sa prière. Il a donné à Dieu son amour de tout son cœur, de toute sa force, jusqu’à sa mort. Et il s’est fait le prochain de tous. Il s’est fait notre prochain. Autour de lui c’était le royaume de Dieu. Quand notre amour de Dieu nourrit notre amour des autres, c’est le règne de Dieu.
Robert JOURFIER
Qui peut être "disciple-missionnaire" du Christ ? Celui qui a un bon job ? Qui est en règle avec toutes les lois de l’Église ? Qui connait bien la Bible et son catéchisme ?... Rien de tout cela ! Chacun est appelé, là où il est, là où il en est, comme le Bartimée de l’Évangile. Qu’a-t-il à faire valoir ? D’argent, il n’en a pas, c’est un mendiant ! Une santé à tout crin ? Il est aveugle, pour bouger, il a besoin d’être assisté. Totalement dépendant donc, il est "assis" sur le talus à la porte de Jéricho, comme aujourd’hui, certains sont assis dans la rue, le métro ou à la porte des églises. Que voulez-vous d’un homme encombrant et si peu rentable ? Juste bon à se taire !
Mais voilà qu’il a un cri. Il est même tout entier un cri : " Jésus, Fils de David, aie pitié de moi." Et fait surprenant, malgré la foule bruyante, son cri parvient à l’oreille de Jésus. Parce qu’il n’est qu’un cri et que ce cri trouve une oreille réceptive, le miracle va se produire. Lui le mendiant, "il jette son manteau", comme pour ne se vouloir possesseur de rien et dépouillé de tout. Mais pleinement libre pour naître à une nouvelle vie. Lui, le perpétuel "assis", incapable de bouger seul, il rassemble toutes ses énergies et "bondit" comme un cabri. Lui, l’aveugle qui marchait à tâtons," il court (droit) vers Jésus."
Que retenir de cet Évangile ? D’abord, qu’il n’est pas nécessaire d’être bien portant, bien pensant ou bien croyant pour entendre l’Appel de Jésus. L’Évangile n’est pas réservé à ceux qui sont "bien dans les clous" de la société et de l’Eglise. Il s’adresse à des enfants, des jeunes et des adultes qui, comme Bartimée, ne veulent plus d’une vie rabougrie : "Que veux-tu que je fasse pour toi ? - "Rabbouni, que je voie." La bonté du message de Jésus s’adresse à ceux qui veulent croire que l’impossible peut devenir possible. Qu’avec Dieu, on peut devenir acteur de sa vie et dans la vie et ainsi ne plus être un "assisté" ! " Va ta foi t’a sauvé."
Mais l’Évangile dit encore autre chose. Entre ce cri de Bartimée et Jésus, il s’est trouvé là des personnes "relais" indispensables entre eux deux. Si, au début, ils ont empêché son cri de parvenir à Jésus, il s’est passé cet autre miracle : eux qui n’avaient pas d’égard pour Bartimée, voilà que la présence de Jésus convertit leur regard en faisant de lui l’être le plus important au monde. Jésus leur confie la mission de l’appeler : " Appelez-le " ! Pas fiers d’eux, mais convaincus, ils ajoutent : "lève-toi, il t’appelle. " Si Jésus a ouvert leurs oreilles à ce cri, il nous demande aujourd’hui de prêter l’oreille au cri des pauvres, à la détresse des migrants, à la souffrance des malades, au silence des chômeurs…. En cette Journée mondiale des Missions, comprenons bien ! Pour dire son amitié à tout homme, Dieu n’a pas sur cette terre d’autres " témoins " que nous. Tels que nous sommes, Il nous Appelle comme " relais " de sa Présence en étant " disciples-missionnaires " auprès de tous ceux qui cherchent à Vivre avec dignité !
Michel Retailleau
Ils arrivaient vers Jérusalem. Jésus marchait devant. Derrière lui les douze et les autres étaient effrayés. Jésus pour la troisième fois leur expliquait qu’à Jérusalem il serait maltraité et tué avant de ressusciter le troisième jour. L’ambiance était funèbre. C’est à ce moment-là que Jacques et Jean font à Jésus la demande inattendue de siéger à sa droite et sa gauche quand il sera dans la gloire c’est-à-dire quand il siègera pour le jugement final. Jésus ne leur reproche pas leur ambition, mais savent-ils de quelle gloire il s’agit ? La coupe qu’il doit boire va être difficile à avaler. Et le baptême où il va être plongé sera un bain de violence et de mort. Sont-ils prêts à le suivre jusque-là ? Oui ! Ils sont généreux, et ils sont prêts. Et ce ne sont pas des paroles en l’air, les deux frères mourront martyrs. Mais siéger avec Jésus au jour du jugement, comme deux assesseurs qui l’encadrent, Jésus dit que ce n’est pas prévu pour eux. Selon l’évangile de Jean, le moment du jugement final c’est la croix. Et les deux assesseurs qui encadrent Jésus à droite et à gauche ce jour-là, ce sont deux malfaiteurs. « Nous avons vu sa gloire » dit St Jean. « Nous l’avons vu oui, mais sur la croix d’où il doit ressusciter ». Avec Lui ils seront dans la gloire, mais en ayant franchi la mort.
Jésus explique ensuite le sens de cette mort, il donne sa vie en rançon pour la multitude. Ce mot prête à confusion. Aujourd’hui lorsqu’on pense « rançon » on voit les liasses d’argent exigées par des preneurs d’otage. Mais lorsque la Bible parle de rançon elle évoque la libération. Le mot veut dire détacher, délier, délivrer. On ne peut pas imaginer que la mort de Jésus soit le prix exigé par Dieu. On sait depuis Abraham et son fils Isaac que Dieu refuse les sacrifices humains. Et les prophètes ont toujours lutté contre ces pratiques païennes. Par contre que Dieu soit libérateur, tous les juifs le savent depuis la sortie d’Égypte. Et que Jésus veuille se donner tout entier à libérer l’humanité de tout mal, physique, moral, spirituel : c’est pour cela qu’il est venu et qu’il a guéri, pardonné, accueilli. C’est ce qui lui coûté la vie.
Puis Jésus les invite à l’humilité et au service, au contraire des chefs du monde qui commandent en maitres et font sentir leur pouvoir. « Parmi vous, il ne doit pas en être ainsi ». Il les invite non à se dominer les uns les autres mais à se mettre au service les uns des autres. Etre frère pour Jésus c’est se faire serviteur de tous, disponible. Il a montré l’exemple en accueillant la demande de Jacques et Jean et de tellement d’autres, malades ou pécheurs, par ces mots : « que veux-tu que je fasse pour toi ». Il a montré l’exemple en leur lavant les pieds lors de son dernier repas. Il a montré l’exemple en faisant le don de sa personne au terme de son action missionnaire : « Ma vie nul ne la prends, c’est moi qui la donne. » Ces invitations au service et au don de soi prennent du relief à l’heure du rapport de la commission Sauvé. Ce rapport nous invite à quitter toute attitude de pouvoir, toute attitude surplombante, tout cléricalisme, toute sacralisation des prêtres et responsables, toutes choses qui créent un milieu favorable aux graves dérives que l’on sait.
Robert Jourfier fc
« Mes enfants, comme il est difficile de vivre une relation d’amour avec Dieu ! Il est plus facile à un chameau de passer par le trou de l’aiguille qu’à un riche d’être en amitié avec Dieu. » Voilà une affirmation qui nous engage en ce dimanche. Saint Marc nous dit que pour être en amitié avec Dieu, il ne s’agit pas seulement d’obéir à des commandements mais qu’il s’agit d’abord de vivre une relation d’amour avec Jésus, et que cette relation d’amour commence en accueillant l’amour que Dieu a pour nous. C’est pourquoi la remarque de l’évangéliste est capitale : « Posant alors son regard sur lui, Jésus se mit à l’aimer ». C’est ce regard qui bouleverse tout car c’est par ce regard que Jésus veut faire comprendre à cet homme qu’il ne lui manque que l’essentiel : se laisser d’abord aimer, découvrir que tout ce que l’on a, que tout ce que l’on possède ne pourra jamais combler ce désir profond qui est vital : le besoin d’être aimé.
Et nous le savons bien : pour vivre heureux et épanoui, pour être fort dans les épreuves, pour oser risquer quelque chose pour les autres et même pour Dieu, pour ne pas se fermer sur soi-même après un échec ou une déception, chaque être humain a besoin de se savoir aimé. Ce qui nous est particulier aujourd’hui, c’est que nous savons que le Dieu révélé par Jésus est un Dieu d’amour qui nous dit : « J’ai besoin de toi pour que mon amour soit partagé. » Regardons ce que nous dit St Marc.
L’homme de l’Évangile était tellement attaché à ce qu’il avait, tellement bien installé dans sa "voiture" qu’il n’a pas su voir combien Jésus l’aimait… L’homme avait demandé à Jésus : « Que dois-je faire ? » Et Jésus lui répond qu’il ne s’agit pas d’abord de faire, mais d’être, parce que faire, c’est avoir, c’est avoir fait, avoir réalisé, avoir des résultats… Mais l’amitié avec Dieu, elle n’est pas à faire, elle est à vivre dans le quotidien de nos vie .Et vivre une amitié quelle qu’elle soit, ce n’est pas "avoir", ce n’est pas posséder, mais c’est « être avec ».
Pour témoigner de l’amour de Dieu, Jésus est venu vivre "avec nous"… Et c’est l’Amour que nous aurons pour les autres qui nous fera vivre d’Amour pour Dieu. Bien sûr, ce n’est pas nécessairement facile… mais chaque fois que nous acceptons d’être aimé, comme le dit l’Évangile, alors, tout est possible.
Jean Pierre MAÇON
Quoi de commun entre l’Évangile du jour, et la question du renvoi de la femme par son mari et le LANCEMENT DE L’ANNÉE PASTORALE ? En apparence, rien. Mais une parole de Jésus fait tilt : " Ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas." Si Jésus appelle à une telle qualité d’amour entre l’homme et la femme, la raison en est qu’avec Jésus, une nouvelle page de l’humanité s’est ouverte. En Jésus, Dieu est venu "épouser" l’humanité, faire Alliance avec elle. Et l’Eglise - dont chacune des communautés locales, comme Ste Hélène - se doit d’être non seulement un relai mais plus encore un reflet de cet Amour qui nous porte. Depuis que Dieu a habité l’Homme-Jésus, Dieu et l’homme sont intimement liés. Ce que Dieu a uni en Jésus ne peut être séparé. Aussi, la raison d’être de Ste Hélène, ce n’est pas seulement d’organiser le culte et l’animation de ses groupes mais à l’intérieur de toutes ces tâches, de vivre en profondeur ce mystère de l’Incarnation et de la mission. Dieu veut épouser nos quartiers pour que l’on y Vive vraiment !
Et c’est là que nous sommes renvoyés au Lancement de l’Année Pastorale. Ecouter la Parole de Dieu, communier au Corps du Christ, c’est certes nécessaire mais pas suffisant pour vivre en chrétien. Nous nous réunissons aussi en vue d’être envoyés par le Christ. Et envoyés pour être témoins, porteurs de la Bonne Nouvelle que Dieu propose son Amitié à tout homme.
Depuis 1934, la Barque de Ste Hélène a effectué bien des sorties dans la " mer " de nos quartiers de la Porte de Clignancourt. Dès sa naissance, elle a navigué au cœur des pauvretés matérielles et des misères humaines pour être présente à ces populations qui venaient s’entasser dans les bidonvilles de la " Zone " qui se fixaient sur les anciennes "fortifications". Depuis la 2ème guerre mondiale, la barque de Ste Hélène a pris la mer au milieu des HLM en construction dans un monde ouvrier de plus en plus marqué par l’incroyance et l’indifférence. Aujourd’hui, la barque de Ste Hélène se doit de sortir en mer dans nos quartiers devenus multiculturels et multi-religieux où le dialogue et la fraternité sont une nécessité.
Oui, Barque de Ste Hélène, acceptons de " sortir " dans la mer des préoccupations et de la fraternité des habitants de nos quartiers, puisqu’on ne peut séparer Dieu et l’homme
Oui, barque de Ste Hélène, acceptons d’être poussés par le vent de l’Esprit qui, chaque jour veut faire du neuf. Ce dont nous avons besoin, c’est d’aller non seulement "au large" mais aussi de descendre en nous-mêmes, dans nos propres eaux intérieures, là où se fait l’expérience de la rencontre et de l’amitié avec le Christ. Notre port d’attache, c’est Ste Hélène. Mais Ste Hélène est faite pour naviguer dans les réalités de nos quartiers. Hissons la Grande Voile !
Michel Retailleau
Jean, l’un des douze dit à Jésus « Cet homme chassait des esprits mauvais en ton nom, mais nous l’avons empêché car Il n’est pas de ceux qui nous suivent ». Les douze font corps ensemble et avec Jésus. Ils ont lié leur destin au sien. Mais de cet esprit de corps ils font un esprit de club privé. Il y a eux, leur groupe, et les autres dont ils se méfient. Ils les voient comme une concurrence et les excluent. Pourtant cet homme faisait le bien. Il libérait des gens des esprits mauvais. Et il le faisait au nom de Jésus.
Mais les apôtres l’empêchent, comme s’ils étaient propriétaires de Jésus, et seuls habilités à le représenter et à agir en son nom. Et Jésus les désapprouve : « ne l’empêchez pas car celui qui n’est pas contre nous est avec nous ». Cette parole montre qu’autour de Jésus et dans son cœur, il y a un large espace. Il y a le groupe des douze et la communauté de disciples qui le suivent. Et il y a un très large espace de personnes qui sans être de sa communauté et de l’église ont de l’estime pour les mêmes valeurs, ont les mêmes désirs de sauver et soulager. Cela veut dire que les murs de l’église sont poreux. Jésus n’en est pas prisonnier. L’Esprit de Dieu souffle où il veut dit Jésus.
C’est presque instinctif : nous nous méfions des autres, de ceux qui ne nous ressemblent pas. Pourtant hors de notre église, il y a d’autres églises qui croient en lui et vivent de l’évangile. Et hors des églises chrétiennes il y a d’autres religions, et hors des religions il y a d’autres organisations, d’autres hommes et femmes de bonne volonté qui n’ont aucune croyance, mais qui font le bien et désirent le bien. Pourquoi les empêcher ? Il y a d’authentiques chasseurs de démons, ailleurs que chez nous. Et nous ne pouvons pas accaparer le Christ.
Précisément ce dimanche , le pape François dans sa lettre écrite pour l’occasion nous invite à ne pas nous replier sur nous-même. Il invite à dire et vivre un « nous toujours plus grand ». Pas le petit « nous » de notre famille, de nos amis. Pas le petit « nous » de notre paroisse ou de notre groupe chrétien. Mais le « nous » qui nous fait dire « Notre père » et considérer les autres et en particulier les migrants et les réfugiés comme nos frères. Il invite à un « nous » jusqu’aux dimensions du monde. « Le Seigneur veut que son amour soit manifesté et son salut proclamé aux migrants et réfugiés, aux personnes déplacées, aux victimes de la traite. »(1) Et l’Esprit de Dieu souffle sur eux aussi, pour « nous enrichir mutuellement ». « Et il nous rend capables d’embrasser tout le monde pour faire communion dans la diversité »(1)
Les réfugiés et migrants sont vus souvent comme une menace .Mais Jésus dit que la vraie menace est en nous, dans nos yeux qui ne veulent pas voir ou qui fusillent, dans nos mains qui repoussent ou accaparent, dans nos pieds qui frappent ou qui fuient... Coupe dit Jésus. Sépare-toi de ce qui t’éloigne de faire du bien, de tout ce qui discrimine les autres. Sépare-toi de ce qui scandalise les petits et les éloigne de croire en moi. « Rêvons ensemble comme dit le pape, de faire une seule humanité de frères et de sœurs sur cette terre qui est notre maison commune. »(1)
(1) Message du pape pour cette journée.
Robert JOURFIER
Les textes de ce dimanche nous invitent à poser notre regard sur Jésus qui s’efforce de former ses disciples à le suivre et à intégrer dans leur vie les valeurs évangéliques d’humilité et d’amour avec la question de " la première place " qui préoccupe tant nos existences. C’est bien vrai, ils n’ont pas encore bien compris ce que veut Jésus.
D’ailleurs, que veut-il pour nous ? Qu’attend-il de nous ? De moi aujourd’hui en ce début d’année ? C’est de le suivre, sur la voie audacieuse du risque d’aimer : « Le Fils de l’homme est livré aux mains des hommes… » Chemin périlleux, comme l’enseignaient déjà le livre de la Sagesse et la lettre de Saint Jacques. Les premières communautés chrétiennes sont traversées par des « jalousies, conflits, guerres internes… » C’est un même combat qui nous attend ; par quelles épreuves notre douceur et notre patience vont-elles passer ?
Jésus lui, prend ses disciples à part et va leur montrer comment ils auront à faire l’expérience du chemin que lui-même a commencé à prendre : il a décidé de se rendre à Jérusalem, où l’attendent ses opposants qui ne rêvent que de l’éliminer. Il leur montre que Dieu est humble et vulnérable quand il vient nous rejoindre et se fait humain. N’est-il pas humble en Jésus qui prend cet enfant, le place au milieu d’eux et l’embrasse à une époque où l’enfant compte si peu ?
Pour Jésus, en effet, cet enfant symbolise un être vulnérable, qui a vraiment besoin des autres pour survivre. Jésus s’en explique : accueillir en son nom un petit comme cet enfant-là, c’est accueillir Dieu lui-même, puisqu’en se livrant aux hommes, il s’est fait le dernier et le serviteur de tous. Ainsi, accueillir l’enfant, c’est accueillir le Christ lui-même, celui qui continuellement se livre entre nos mains. Jésus renverse ainsi l’ordre établi : avec lui, le plus grand, c’est le plus petit. C’est bien ce que Jésus nous demande aujourd’hui : croyez que lorsque vous accueillez le plus faible, le petit, le visage de Dieu vous est révélé. Rendons grâce de pouvoir vivre et construire tous les jours, dans nos familles, dans nos communautés, cet accueil des enfants au nom du Christ, et de pouvoir faire ainsi, déjà, l’expérience de Dieu !
Jean Pierre MAÇON
Ce jour-là, Jésus est à Césarée de Philippe, en territoire païen. Ses guérisons suscitent étonnement et interrogation : Mais qui est-il donc ? Alors, Jésus en profite pour faire un petit sondage auprès de ses disciples : " Au dire des gens, qui suis-je ? " Les réponses se font approximatives :" Pour les uns, tu serais Jean-Baptiste de retour du séjour des morts. Pour d’autres, Élie revenu sur terre. Pour d’autres encore, tu es un prophète " Jésus se fait plus direct : " Mais vous, que dîtes-vous ? Pour vous qui suis-je ? " La réponse de Pierre fuse : " Tu es le Christ ". Étonnamment, la réponse semble ne pas le convaincre puisque Marc note que Jésus " s’emporta contre eux. Qu’ils ne le disent à personne !" Pourquoi une telle réaction ?
Ce n’est pas tant le titre de " Christ " qui fâche Jésus que la charge explosive que contient ce mot porteur de toutes les espérances juives qui rêvaient d’un chef qui chasserait l’occupant Romain pour rétablir la royauté en Israël. Et qui ouvrirait l’avènement du Règne d’un Dieu puissant et fort ! Aussi Jésus veut-il briser l’image d’un tel Messie dans la tête de ses disciples. Car il y a erreur et méprise graves des disciples sur sa personne mais aussi sur Dieu, son Père. Lui se veut certes " Christ " mais à la manière du "Serviteur Souffrant" d’Isaïe qui sera rejeté par les autorités, et même tué et qui ensuite ressuscitera.
De mots qui ne passent pas pour Pierre qui se fâche à son tour contre Jésus. Et ça barde entre eux, au point que Pierre se fait de traiter de " Satan ". Rien que ça ! Alors, Jésus enfonce le clou tant pour ses disciples que pour la foule pour dire 2 choses capitales à qui veut le " suivre ". D’abord qu’il faut savoir " renoncer à soi-même ", à une manière trop humaine de voir les choses, à une vie trop centrée sur sa petite personne... Ensuite qu’il faut " prendre sa croix ". Jésus ne demande pas de rechercher la souffrance pour elle-même mais de le suivre en sachant qu’on sera l’objet de moqueries et de critiques pouvant aller jusqu’à la persécution. Et aussi, qu’il faut épouser un choix de vie qui amène à défendre la dignité des petits et des pauvres (cf. St Jacques dans la 2ème lecture). Et Jésus de conclure :" Celui qui veut garder sa vie pour lui, finalement il la perd, car il ne vit pas vraiment. Mais celui qui apparemment perd sa vie en la risquant pour Lui et son Évangile, il la gagne, car il Vit d’une Vie plus intense. " Ce chemin a certes ses croix mais il est bien le CHEMIN de VIE où l’on grandit dans la Confiance en Dieu avec la Joie d’exister en se faisant frère des hommes !
Michel Retailleau
Avons-nous assez conscience à quel point nous avons besoin d’être sauvés ? L’évangile d’aujourd’hui met en scène deux femmes, une jeune fille de 12 ans et une femme adulte qui a souffert de pertes de sang pendant de longues années. Les deux sont à toute extrémité, l’une sur le point de mourir, l’autre désespérée de tous ces soins qui lui ont coûté cher sans apporter la santé attendue. Le père de la jeune fille, pourtant un notable juif qui n’aurait pas dû faire confiance à ce prédicateur populaire, se jette aux pieds de Jésus pour implorer son intervention. Et la femme aux saignements tente un ultime geste magique à l’insu de tous en espérant être guérie par le contact avec les vêtements de Jésus. C’est le désespoir et l’échec de toutes les solutions humaines qui les jette aux pieds de Jésus, un peu comme l’enfant prodigue se jette aux pieds de son père quand il est à bout du rouleau.
Faut-il en arriver là pour oser une démarche de foi ? Il semble bien que nous ayons besoin de manquer de tout pour nous tourner vers Dieu… Pauvreté de l’homme, de nous tous, peu enclins naturellement à la foi, mais cette pauvreté nous ouvre enfin à la richesse que Dieu veut nous montrer en Jésus ! Remarquons cependant que ces démarches inspirées par un certain désespoir ne sont garanties sans plus par Jésus. Au contraire, Jésus fait évoluer la foi aveugle de Jaïre et de la femme aux saignements pour les amener à entrer dans une vraie relation d’alliance avec lui.
C’est particulièrement manifeste pour la femme blessée dans sa sexualité et mise au ban de la société pour cette raison. Jésus ne se contente pas d’un contact anonyme, mais il veut faire apparaitre la démarche de la malade à la parole, au dialogue et à une rencontre. La guérison véritable s’opère dans une relation confiante avec le Sauveur, dans un échange de regards et de paroles, dans la confirmation de la tendresse de Dieu pour tout homme en souffrance. Cette relation d’alliance réciproque fait plus que guérir la femme, elle la sauve et inaugure une vie nouvelle pour elle : « Ma fille, ta foi t’a sauvée. Va en paix et sois guérie de ton mal. »
Le chef de la synagogue est amené à évoluer, lui aussi. Jésus prend au sérieux sa demande, mais l’invite aussi à lui faire confiance au-delà de ce qui est humainement pensable : « Ne crains pas, crois seulement… L’enfant n’est pas morte, elle dort seulement. » Jésus l’invite à croire en la résurrection, cette vie nouvelle après la mort que Dieu seul peut donner. Comme Jaïre, tous les disciples du Christ sont invités à entrer dans une histoire d’alliance, une relation de foi au Dieu plus grand que la mort et qui nous aime, plutôt que d’en rester à une foi plus ou moins teintée de magie. Voilà le défi et l’appel que le Christ et l’évangéliste nous lancent ce dimanche !
Pourquoi donc attendre d’être au bout du rouleau pour placer toute notre confiance en Dieu ? Nous qui avons le privilège, tous les dimanches, non seulement de toucher le Christ, mais de recevoir son corps consacré, entrons plus avant dans l’histoire d’alliance qu’il nous propose. Apprenons de Jaïre et de la femme aux saignements à placer toute notre confiance en Jésus, l’envoyé du Père qui nous ouvre le chemin de la vie véritable. Et laissons-nous entraîner par l’Esprit-Saint à évoluer dans notre foi pour lui faire confiance dans notre quotidien, dans chaque situation de la vie que nous traversons ou que le monde traverse.
Jean -Pierre MAÇON
Le plus souvent les miracles de Jésus délivrent les gens de leurs maladies ou de leurs esprits mauvais. Cette fois, c’est différent. Il calme le vent et la mer agitée. Mais Il donne des ordres à la mer « Silence Tais-toi ! » comme il avait donné un ordre auparavant à un esprit mauvais qui agitait un possédé
(Marc 1, 23 27) : « Silence, sors de cet homme ».
Jésus traite la mer et le vent comme un esprit mauvais. Ce n’est pas étonnant puisque dans la mentalité biblique la mer est le lieu des forces du mal, l’abîme ou demeure Satan. Lors de la création, Dieu a imposé des limites à cet abîme, comme il l’explique à Job (1° lecture) : « J’ai retenu la mer : ici s’arrêtera l’orgueil de tes flots ! » Alors que les gens se demandent « Mais qui est donc ce Jésus à qui le vent et la mer obéissent ? » La réponse coule de source : comme Dieu, il est Quelqu’un qui impose des limites aux forces du mal et à leur l’orgueil. Cela fut le combat de sa vie. Quelques mois plus tard, il a dû les affronter durement sur la croix et par sa résurrection mettre une limite définitive à la mort.
Ce jour-là sur le lac, la barque traverse vers l’autre rive sur les éléments déchainés, et Jésus dors en paix. Les apôtres le lui reprochent : « Maitre, nous sommes perdus. Cela ne te fait rien ? » . Ce sentiment des apôtres est souvent le nôtre. Seigneur, cela ne te fait rien de voir le monde dans cet état : pandémie, famines, guerres, injustices et cruautés ? Cela ne te fait rien de voir chacun se débattre avec ses problèmes de santé, d’argent, de travail ou de famille ? Cela ne te fait rien de voir ton Église sombrer dans de nombreuses difficultés et scandales ? Tu dors et nous périssons !
Mais Dieu ne dort pas. Son silence n’est pas une marque d’indifférence. Il reste à nos côtés. « Pourquoi êtes-vous si craintifs, N’avez-vous pas encore la foi ? » dit Jésus, puis il calme le vent et la tempête et il les emmène sur l’autre rive, dans le pays des gadaréniens, totalement païen. Quarante ans plus tard, l’Esprit saint les a conduits vers d’autres rives païennes. En particulier ils sont à Rome. Et Ils sont de nouveau dans une violente tempête, confrontés à l’arrogance du mal : Pierre et Paul et les chrétiens de Rome sont martyrisés et livrés aux bêtes dans les spectacles du cirque. C’est pour cette église persécutée que Marc écrit son évangile. Il leur fait entendre de nouveau l’appel du Christ : « N’avez-vous pas encore la foi ? ». Il leur rappelle que Jésus est à leurs côtés. Il a été lui-même broyé dans sa passion. Et Il a dominé non seulement la tempête sur le lac, mais aussi sa propre mort. Il est ressuscité. Avec lui nous pouvons tenir tête à l’excès du mal, à l’orgueil du mal.
Aujourd’hui, l’Esprit Saint pousse l’Eglise vers d’autres rives, vers les « périphéries » comme dit le pape. Il nous invite à vivre avec des concitoyens qui ne partagent pas notre foi et vivent d’autres valeurs. Au milieu d’eux, nous ne sommes pas toujours fiers de nous-même et de l’Eglise. Il nous demande de les aimer et de le suivre, d’avoir foi en Lui sans peur. Et avec eux, avec Lui, imposer des limites aux forces du mal.
Robert JOURFIER
Ils sont heureux et fiers, ces jeunes, qui vont faire leur Profession de Foi ! Et vous parents, on devine votre joie et fierté à les entourer en ce jour... Nous sommes là pour une Fête des semailles. Fêter d’abord le Semeur qu’est Dieu. Dans la parabole de ce jour, Jésus rappelle que Dieu n’est pas un Dieu passif qui se prélasserait dans un ciel lointain. Il travaille tel un paysan qui " jette en terre la semence " divine au cœur de tout être humain. Et nous sommes là pour fêter les semailles qui ont été déposées dans les cœurs de vos jeunes et auxquelles vous avez pris part, à votre mesure, par votre rôle de parents et d’éducateurs. Ce grain de blé enfoui dans la terre de votre jeune est devenu comme dit l’Évangile " un germe ", " de l’herbe " dans leur cœur. Car oui, vous les jeunes, vous êtes " la foi en herbe ". Vous êtes le signe vivant que la foi, semée en vous, pousse, grandit et germe.
La Profession de Foi, c’est une Fête de la Foi, la Fête de votre croissance spirituelle. C’est la Fête de Dieu qui travaille dans le secret de vos cœurs " nuit et jour ", sans même vous en rendre compte. Vous avez commencé à découvrir que Dieu Parle et qu’il attend qu’on lui parle dans la prière. Vous avez aussi commencé à voir que l’Évangile est une boussole pour retrouver son vrai chemin quand on est perdu dans la vie. Qu’il y a des gestes par lesquels Jésus continue à nous " toucher ", qu’on appelle les Sacrements comme l’Eucharistie et la Réconciliation. N’oubliez jamais que pour Dieu, tout est occasion de nous faire grandir intérieurement. Il se sert autant de nos défauts et de nos échecs que de nos qualités ou réussites pour nous inviter à guérir et à apprendre la vraie Joie de Vivre. Rappelez-vous St Pierre : Le traître qu’il a été est devenu, grâce à la confiance redonnée de Jésus, le 1er pape !
Croire que le " Règne de Dieu " est déjà dans ce monde, c’est croire que ces semences du divin ont été déposées en tout homme par l’Esprit du Christ ressuscité. Et qu’une vie humaine n’éprouve rien d’aussi grand et d’aussi beau qu’à laisser Jésus changer son cœur dans sa manière de voir, d’écouter et d’agir. Chers jeunes, vous nous rappelez en ce jour que Dieu a semé en vous les graines de la foi, de la charité et de l’espérance qui ne demandent qu’à grandir… en vous comme en nous tous. Pour qu’un jour, elles deviennent peu à peu, dit l’Évangile, " un épi puis du blé plein l’épi. " La Foi est l’Aventure de toute une Vie. Elle donne goût et sens à la vie dans un monde difficile et compliqué ! N’ayez pas peur !
Michel Retailleau
Chers jeunes, vous avez découvert lors du baptême de Jésus le sens de cet Évènement pour lui. Le baptême est une Entrée dans la vie de Dieu. A tous moments de la vie, tous les sacrements qui suivent le baptême nous aident à retrouver les cinq sens du baptême : être lavés de nos péchés, être lumineux (toujours neufs), être déjà ressuscités (vivants pour toujours), être solides, être capables de choisir tout ce qui fait vivre. Voilà le magnifique chemin avec Dieu !
" COMMUNION " veut dire être en « union avec ». Ainsi, communier au Corps du Christ, c’est être en union avec le Christ et avec tous ceux qui reçoivent le Corps du Christ partout dans le monde où la messe est célébrée. Aujourd’hui, vous êtes en communion avec les centaines de millions de catholiques qui, dans le monde vont recevoir lors de la messe le Corps du Christ. Le Corps du Christ que nous recevons fait de nous tous une grande famille. Désormais c’est chaque dimanche que vous êtes invités à rejoindre cette famille, pour partager le Pain de Dieu avec elle. Ainsi la communion est le signe que vous êtes bien de la famille des amis de Jésus et heureux d’en être.
" PREMIÈRE " signifie que cette communion est la première d’une longue série qui ne s’arrêtera qu’avec votre rencontre au ciel avec Jésus. Quand vous le verrez face à face. Celui qui, dimanche après dimanche, vous aura donné son Corps et son Sang pour grandir et vous fortifier dans la foi.
En effet, si le Seigneur nous invite, c’est pour devenir peu à peu le Corps du Christ. En effet, quand vous mangez un morceau de pain, vous ne vous transformez pas en baguette de pain, mais ce pain vous nourrit et vous aide à grandir, à produire de l’énergie pour travailler à l’école, vous amuser, etc. et vous mangez du pain chaque jour pour grandir et pour combler votre faim !
Prendre soin de son Corps, c’est important ; et avoir le souci de bien le nourrir, aussi. Fait-on de même avec son âme ? On est bien plus négligent avec elle. Bien souvent, elle souffre d’anorexie : on en prend peu soin, on ne la nourrit quasiment pas. Or si Jésus s’est fait nourriture c’est d’abord pour combler nos âmes. Car, en communiant chaque dimanche au pain qui est le Corps du Christ, vous nourrissez votre âme et vous devenez de plus en plus semblables à Jésus Christ. Plus vous communierez à son Corps, plus il pourra vous nourrir de sa Vie et vous faire grandir. Il viendra vivre en vous, aimer les autres à travers vous. Car si communier c’est recevoir Jésus en soi, c’est aussi pour le donner aux copains et copines qui ne le connaissent pas. Il faut donc venir écouter Sa Parole et se nourrir de Jésus régulièrement pour avoir le courage de parler de Lui aux autres. Jésus nous donne Sa vie pour faire de nous le bon Pain de Dieu dans le monde !
Jean Pierre MAÇON
Le mot " Dieu " est un mot piégé. Car, quand quelqu’un dit " je crois en Dieu " ou " je ne crois pas en Dieu ", il est difficile de savoir de quel " dieu/Dieu " il parle et à quelle image de Lui il se réfère. Le pape François a employé cette image familière : " Dieu n’est pas un Dieu indéfini et diffus, un Dieu Spray, un Dieu Aérosol qui est un peu partout mais dont on ne sait pas ce qu’il est. " En effet, celui qu’on appelle " dieu " serait comme un sorte de Spray, d’Aérosol, qu’on invoque machinalement pour demander à la vie des faveurs, des consolations… Bref, un Dieu ’Spray’ vaporeux, sans consistance, qui ne serait que la projection de nos besoins, de nos peurs ou de nos manques : un dieu païen et non chrétien… En célébrant ce jour la Sainte Trinité, l’Église nous invite à nous mettre face au Vrai Dieu chrétien. Un Dieu qui s’est révélé comme Père, Fils et Esprit. Mais il a fallu du temps et bien des étapes pour découvrir que Dieu est… 3 Personnes. Rappelons-nous les moments de cette révélation.
Dans La 1ère lecture, on voit Moïse s’émerveiller devant ce Dieu incroyable manifesté au Sinaï. Un Dieu qui s’est choisi un peuple et qui intervient dans son histoire pour l’appeler à grandir en humanité ! Un Dieu qui se révèle un Dieu Unique bien supérieur à tous les dieux que les peuples voisins adorent ! Découverte lente donc que ce Dieu Parle et qu’on doit l’Ecouter… pour « choisir la Vie ».
Puis bien plus tard, Dieu va parler par un Fils. Lui, le Dieu que " personne n’a jamais vu « , prend un visage d’homme. Lumineuse complicité de Jésus de Nazareth avec un Dieu qui n’apparaît plus solitaire. On va alors découvrir que Dieu le Père a un Fils qui est La" Parole de Dieu faite homme ". Dans tout ce que Jésus dit et fait, nous pouvons deviner ce " Père " qui lui a tout appris. " Qui me voit, voit le Père " (Jn 14, 9) … Et là, intervient une 3ème Personne en Dieu : l’Esprit Saint ou l’Esprit du Ressuscité, qui nous conduit au Père et qui nous donne l’audace de Lui dire :" Abba ! Papa chéri ! " . Nous nous découvrons alors " enfants de Dieu " et " frères du Christ. "(cf. 2ème lecture, Rm 8, 14-17). Compliqué ? Non, pas tant que cela, si nous réfléchissons avec le cœur !
Car si Dieu est Amour, c’est que les 3 Personnes de la Trinité vivent dans l’échange de cet Amour. Mais aussi qu’elles veulent nous faire entrer dans leur Amour. De Ses " deux mains " que sont le Christ et l’Esprit, le Père veut comme pétrir nos cœurs d’homme et les façonner « à son image » pour, à notre tour, vivre d’amour… Tout le contraire d’un Dieu Aérosol ! Nous voilà invités à risquer nos existences à une autre hauteur et profondeur !
Michel Retailleau
En début de semaine, les juifs ont célébré la Pentecôte. Ils l’appellent Chavouot. Ils y célèbrent la Loi, la Tora, le cadeau que Dieu leur a fait voici 3300 ans sur le Mont Sinaï par Moïse. La première nuit de la fête, ils lisent et étudient la Tora, et au matin, à la synagogue ils écoutent la proclamation solennelle des dix commandements. Ils redisent à Dieu leur merci pour ce don, leur volonté de vivre ces commandements et de rester ainsi dans l’alliance avec Lui.
A l’époque de Jésus les juifs de Judée, de Galilée, et de toute la diaspora, montaient en pèlerinage à Jérusalem pour célébrer ce don de la Loi. Il est certain que les apôtres et disciples étaient réunis pour célébrer cela. Il est certain qu’ils passaient leur nuit à étudier la Tora. Ils le faisaient sans doute à la manière de Jésus : retrouver dans les écritures ce qui le concernait. Et c’est au matin de cette nuit de prière et de méditation que l’Esprit Saint promis par Jésus leur a été donné.
Cette venue de l’Esprit saint est décrite avec les mêmes images que celles de la Bible pour dire le don de la loi au Sinaï : un vent de tempête secoue la maison, un grand bruit ameute la foule, du feu tombe et se partage, de même qu’au Sinaï il y avait l’orage et le vent, le feu des éclairs, et une voix puissante qui a fait trembler le peuple. C’est une manière de dire qu’à la Pentecôte, les apôtres vivaient un nouveau Sinaï. De même que Dieu avait donné la loi à son peuple pour lui enseigner comment vivre l’alliance avec lui, de même il donne à son peuple son Esprit pour une alliance nouvelle. La loi n’est plus inscrite sur des tables de pierre, elle est inscrite directement dans les cœurs comme le promettaient les prophètes. Et cet Esprit accompagne désormais les croyants pour les faire vivre en enfants de Dieu.
Cet Esprit Jésus le nomme le Défenseur : celui qui va les assister dans les épreuves et les persécutions. Il va les aider à comprendre les évènements vécus avec Jésus, sa mort sa résurrection. Il va les faire entrer dans l’intimité de Jésus et du Père. Et il va les aider à témoigner jusqu’au bout du monde. Cela commence aussitôt : ces hommes et femmes calfeutrés dans la chaleur de leur petit groupe qui parle araméen, il les jette dehors en plein vent, au milieu d’une foule de juifs fervents de toutes les nations. Et chacun comprenait leur message dans sa langue. Première annonce d’Evangile, premières conversions : c’est le début de l’Eglise.
La bible parle d’une époque où tous les hommes avaient une langue commune et entreprenaient une construction immense et sans Dieu : Babel. Dieu a interrompu les travaux. Il a brouillé les langues. Cela nous étonne. Mais peut-être Dieu voulait-il nous éviter une fausse piste. L’unité du genre humain n’est pas l’uniformité. La fraternité n’est pas une pensée unique, avec une œuvre unique et obligatoire. Cela c’est le totalitarisme. C’est la guerre lorsque chacun veut que les autres lui ressemblent. Non, à la Pentecôte Dieu nous apprend à vivre ensemble différents. Il nous apprend à surmonter nos divergences, à nous accepter et nous aimer ainsi. De cette manière, nous devenons église catholique, universelle, corps du Christ. Et par l’Esprit, frères et sœurs.
Robert JOURFIER
« Qu’ils soient un comme nous-mêmes ! » Cette phrase de Jésus dans l’évangile est très souvent citée pour montrer l’enjeu de la sauvegarde d’une unité dans la première communauté. L’histoire, depuis les origines, prouve que l’unité est toujours à faire. D’autre part, Jésus la demande au Père comme un Don qu’il nous a déjà obtenu par sa prière et acquis au prix de son Sang. La plus belle illustration de cette unité c’est la TRINITE !
« Qu’ils soient un ! » il ne s’agit pas d’être unis comme dans une association quelconque où nous payons notre abonnement et ça y est, nous en faisons partie. Il s’agit d’être unis comme le Père et le Fils sont unis, d’être unis dans le Nom de Dieu, d’être témoins de la résurrection du Christ. Etre témoins de sa résurrection, c’est être porteurs de Vie. Cette unité pour laquelle Jésus prie ne peut exister que si nous entrons dans un chemin de fidélité. Etre fidèle, c’est faire confiance et faire confiance, ce n’est pas un exercice très facile. La qualité de notre unité dépend de notre capacité à faire confiance. Faire confiance au Seigneur, à l’Eglise, à ceux que le Seigneur nous donne comme frères et sœurs, guides ou pasteurs. Faire confiance, c’est avoir la conscience que nous sommes membres de quelque chose de beaucoup plus grand que nous. Parfois nous sommes tentés de faire une « Eglise à notre sauce » et nous oublions que l’Eglise est la manifestation de ce mystère de l’unité, cette unité qui se manifeste malgré les fragilités mêmes que nous pouvons exprimer. Oui, je dis "nous", car s’il n’y a pas de « Peuple de Dieu » il n’y a pas d’Eglise. Et c’est parce que sommes fragiles chacun de nous, que nous avons besoin de grandir dans la confiance, de grandir dans la fidélité, d’être unis toujours plus au Christ. Et faire grandir, parmi nous, cette unité à laquelle nous sommes appelés.
Et le Seigneur nous rappelle que cette unité ne peut trouver son appui que dans la Parole de Dieu elle-même. Cette Parole qui libère, qui relève, qui guérit. Cette Parole de Dieu qui transforme. Et c’est dans cette Parole-là que le Christ demande au Père que nous soyons sanctifiés. Et c’est par cette Parole que le Christ nous envoie. Si notre unité dépend de notre capacité à faire confiance, elle dépend aussi de notre capacité à être fidèles au Christ. Et être fidèle au Christ c’est justement proclamer, par nos actes, nos paroles, notre vie, que Jésus est notre Sauveur. Mais en quoi est-il notre Sauveur ? Il est notre Sauveur car par le don de sa vie et sa résurrection il a restauré, en nous, l’image et la ressemblance de Dieu ; en d’autres termes, il a vraiment restauré notre capacité d’aimer. Car il nous a révélé le Nom de Dieu et le Nom de Dieu est Amour. Le Christ nous a redonné le sens de notre vocation : nous sommes appelés à être saints, autrement dit, à être porteurs de vie ! Avons-nous cette envie de répondre à cet appel du Christ qui nous envoie ? Et s’il nous envoie ce n’est pas pour autre chose que pour être témoins de sa résurrection, témoins de son amour, témoins de la Vie.
Jean Pierre MAÇON
Les Actes des Apôtres (10 et 11) relatent la visite de l’apôtre Pierre chez un officier romain : Corneille. Pour les juifs, les païens étaient impurs et on n’entrait pas dans leurs maisons. Cette visite était donc loin d’être spontanée et Il a fallu que Dieu lui-même l’organise. Il a fallu que Corneille ait une vision l’invitant à faire appel à Pierre. Et il a fallu que Pierre ait une vision, qu’il n’a pas comprise, où Dieu l’invitait à manger des animaux interdits. « Non disait Pierre, je n’ai jamais rien mangé d’impur ! » Mais une voix lui disait : « Ce que Dieu a rendu pur, toi ne le déclare pas impur ».
A ce moment-là arrivent les envoyés du centurion Corneille. Pierre comprend alors qu’aux yeux de Dieu, si tous les animaux sont purs, tous les hommes le sont aussi. Et il expliquera à Corneille : « En vérité je le comprends, Dieu ne fait pas de différence entre les hommes. » Corneille et toute sa famille seront ainsi les premiers païens baptisés. Cet événement était considérable pour les juifs disciples de Jésus. Cela n’a pas été simple pour eux d’être dans la même Église, avec des anciens païens. Depuis leur naissance ils avaient appris à les éviter et les mépriser. Et voilà que peu à peu ils doivent admettre que « Dieu ne fait pas de différence entre les hommes et qu’il accueille ceux qui l’adorent et font ce qui est juste ». Et ils doivent vivre et célébrer avec eux.
Saint Jean (2° lecture) donne le fondement de cette découverte que fait Pierre : « Celui qui aime connait Dieu ». Tous ceux qui aiment, qu’ils soient juifs ou païens ou athées, sont nés de Dieu, enfants de Dieu et connaissent Dieu. Parce que l’amour vient de Dieu. Et Il nous a aimés le premier, gratuitement sans mérite de notre part. Alors comme dit Pierre, comment pourrions-nous rejeter tous ces autres que Dieu a aimés tout aussi gratuitement que nous ? Comme il le disait encore à Corneille : « Relève-toi. Je ne suis qu’un homme moi aussi. » Toi comme moi, Dieu nous aime gratuitement.
Jésus dans l’Évangile décrit cet amour qui, du Père qui est l’Amour en sa source, ruisselle sur Jésus, de lui à nous et de nous aux autres et au monde. « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés, demeurez dans cet amour » qui vous est gratuitement donné. « Ce n’est pas vous qui m’avez choisis c’est moi qui vous ai choisis » et « vous êtes mes amis », que vous soyez juifs ou païens. Donc aimez-vous les uns les autres.
Il nous invite au plus grand amour qui est de se donner sans retenue, sans limite, à sa manière et à la manière de Dieu. Le pape Francois dans « Fratelli tutti » souligne la dimension sociale et internationale de cet amour des autres. La fraternité universelle ne peut se construire seulement sur le droit et le commerce, mais sur la gratuité (FT Ch. 5) Les efforts pour gérer en commun la pandémie et faire du vaccin un bien public mondial vont dans ce sens.
L’amour vient de Dieu qui nous a aimés gratuitement : « Aimez-vous et vous serez comblés de ma joie »
Robert JOURFIER
Il y a peu, on nous annonçait la catastrophe des gelées sur les jeunes bourgeons de la vigne avec une perte possible des 3/4 de la récolte de vin. Image climatique qui peut suggérer la vision de notre monde comme victime de gelées de toutes sortes qui ravagent les fragiles bourgeons de la confiance, du partage et de l’espérance ! Depuis 2000 ans, la parabole de la Vigne ne cesse de rappeler que Dieu a voulu se lier à l’homme pour faire vivre l’humanité : " Moi, je suis la Vraie Vigne et mon Père est le vigneron. Tout sarment qui est en moi mais qui ne porte pas de fruit, mon Père l’enlève. " " Moi, je suis la Vraie Vigne ", Parole " Moi, je…" et image de la Vigne qui claquent comme un Appel à féconder nos vies de la Présence de Dieu !
Les ’sarments’ de la Vigne, c’est-à-dire les disciples, ne peuvent " porter du fruit " que s’ils sont reliés au Cep qu’est Jésus. Il ne suffit pas d’être baptisé ou confirmé pour être automatiquement lié au Christ. Il nous faut accepter d’être émondés : "taillés" par le tranchant de la Parole de Dieu et par le désir de vivre en frères. "Taillés" aussi par les épreuves de la vie pour que la Sève du Ressuscité monte et coule à même dans nos veines, notre tête, nos bras, nos cœurs. Regardons St Paul. Combien de fois n’a-t-il pas été " taillé " par Dieu pour que de " persécuteur des chrétiens " qu’il était, il devienne cet apôtre intrépide et courageux, invitant chacun à faire mourir en lui le " vieil homme " pour laisser naître " l’homme nouveau ". A nous tous, les sarments, il est rappelé que se détourner de l’union avec le Christ, c’est risquer le dessèchement du cœur et se couper de la Source de la Vie.
St Jean complète l’image de la Vigne par l’image de la " demeure " (8 fois employés, le verbe " demeurer" ! ). La demeure, c’est le lieu qu’on habite, et plus largement, le lieu où l’on se pose, se repose, où l’on est soi-même. Jésus propose aux sarments de se poser en lui pour "porter du fruit". Il s’offre comme notre point d’ancrage dans la vie à l’image de St Paul : " Je vis, mais ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi." Demeurer en nous et nous en lui, c’est d’Alliance qu’il s’agit pour ’porter du fruit’. En apprenant à vivre nos engagements petits et grands en sa Présence et à durer dans la fidélité à son Amitié. Combien se plaignent de mener une vie plate, sans hauteur ni profondeur. Dans la Vigne du monde où Dieu travaille et taille, l’Esprit Saint cherche des témoins ardents, nourris de la Sève de l’Evangile. Il est l’heure de réveiller l’âme trop souvent ’congelée’ de nous-mêmes et du monde !
Michel Retailleau
« Je vous l’avais dit : il faut que s’accomplisse tout ce qui est écrit de moi dans la loi de Moïse et les psaumes. » Il faut, il fallait. Jésus avait déjà dit cela aux deux disciples sur le chemin d’Emmaüs ce qui lui est arrivé était une nécessité intérieure, quelque chose qui s’imposait à lui au plus profond de son cœur. Et c’était lié aux Écritures, sa prière, sa méditation des écritures.
Jésus accomplit les Écritures. Spontanément nous pensons à quelques passages où nous reconnaissons Jésus, par exemple les quatre chants du Serviteur dans le prophète Isaïe (ch 42 à 53), ou le psaume 21 (22), ou encore les textes du prophète Daniel (ch. 7) sur le Fils de l’homme, et quelques autres. Comme dit Pierre dans la première lecture « Dieu a ainsi accompli ce qu’il avait d’avance annoncé par les prophètes. (Actes 3, 18) » Mais l’accomplissement des écritures c’est beaucoup plus que dire « c’était écrit, c’était programmé ». Dire que Jésus accompli les écritures, c’est dire qu’il en est la clé, et que lorsqu’on relit la Bible à travers Jésus on comprend où Dieu voulait en venir. On comprend le projet. Jésus donne sens à l’Écriture.
C’est à la fin qu’on comprend. . Voici des années je travaillais dans la maçonnerie et nous allions régulièrement déverser nos camions de démolition dans un immense enclos. J’ai su que nous étions en train d’agrandir le parc de la Courneuve. Moi je ne voyais qu’une vaste décharge, un chaos de gravats. Pourtant des architectes paysagistes, et même le gardien qui dirigeait les camions savaient ce qu’ils faisaient. Ils voyaient déjà là des collines, un lac, une prairie. Moi j’ai dû attendre que tout soit fini et planté pour comprendre la cohérence et la beauté de ce projet
Dieu ressemble à cet architecte. Son œuvre c’est le salut de l’humanité. Mais il a fallu que Jésus vienne pour que nous puissions comprendre la beauté de son projet. Un « projet bienveillant en notre faveur dit St Paul, réunir l’univers dans le Christ (Ephésiens 1,9-10) ». Il a conduit ce chantiers patiemment au long des siècles. Il a fait appel aux nombreux collaborateurs dont parle la Bible : Adam, Noé, Abraham, Moïse, les prophètes, Marie ... et le peuple choisi tout entier. Il y a eu des hauts et des bas et parfois des reculs parce que les partenaires n’étaient pas toujours à la hauteur. Mais lorsque Jésus est venu, nous avons compris le projet de Dieu et sa longue patience pour le réaliser.
Nous avons compris aussi pourquoi Jésus disait « il fallait ». Pour nous entrainer tous dans la résurrection et la vie éternelle que Dieu veut nous donner, il fallait que Jésus affronte la mort et la traverse. Pour nous apprendre à vivre d’amour et de pardon comme Dieu lui-même, il fallait que Jésus traverse la haine et en soit vainqueur. Pour faire de nous des enfants de Dieu, il fallait que Jésus marche en tête. Jésus a accompli les écritures parce qu’il est entré corps et âme dans le projet de Dieu. Le chantier n’est pas terminé. Nous en sommes aux finitions et Dieu compte aussi sur nous.
Robert JOURFIER
A la lecture de cet évangile, je me suis vite interrogé : pourquoi Jean commence-t-il par « c’était après la mort de Jésus » et non pas par « c’était après la résurrection de Jésus » ? Question qui peut sembler sans aucun intérêt mais en fait, elle a son importance si on regarde de près ce qui va se passer par la suite. L’évangéliste, à partir de l’apôtre Thomas, va nous faire entrer dans son expérience de rencontre avec le Ressuscité. Avec lui, nous sommes témoins de la naissance de la foi au Christ ressuscité. Cette naissance a attendu 8 jours pour s’accomplir. Mais nous avons en Thomas l’une des plus belles professions de foi de l’évangile : « Mon Seigneur et mon Dieu. »
La résurrection est l’événement majeur qui a changé la vie des apôtres et de tous ceux qui avaient suivi Jésus. Elle a changé leurs regards sur le monde et sur eux-mêmes. Elle a changé leurs manières de " voir " Dieu et son Amour pour l’humanité. D’un regard pessimiste sur le monde et leur histoire, les disciples du Christ sont passés à un regard plein d’Espérance. Ils ont appris à regarder le monde et les autres avec bienveillance, avec confiance, et avec la capacité d’accueillir les fragilités des autres mais aussi les leurs. La résurrection du Christ doit aussi changer notre manière de voir les évènements qui nous arrivent, car elle nous fait entrer dans cette marche de l’Espérance. Cette Espérance nous fait entrer certes dans un demain où il n’y aura plus de COVID 19, en étant tous sauvés avec le VACCIN. Mais plus encore, en nous invitant à prendre davantage soin les uns des autres, cette Espérance tourne notre regard vers l’éternité. Oui, l’éternité ! Dans un monde qui prône l’immédiateté, l’éternité est devenue « produit » de luxe. « Nous sommes créés pour la vie et la résurrection est notre certitude. » écrivait le jeune Henri GROUES (futur Abbé PIERRE).
Mais peut être sommes-nous comme Thomas. Nous aussi avons besoin de « voir pour croire ». Mais ce n’est pas le fait de voir qui peut nous faire croire. C’est le fait de vivre de cela. C’est le désir de rencontrer quotidiennement le Christ ressuscité dans notre vie. C’est nous rendre compte que sur nous, repose la grâce du Seigneur. Et la grâce, c’est la présence de Dieu en nous, c’est l’Amour de Dieu en nous. Et l’Amour de Dieu qui est en nous est créateur. Cet amour est Source de vie. Mais pour qu’il nous « ressuscite » nous avons besoin de l’accueillir, d’aller à la Source, de vivre dans notre vie cette profession de foi qui nous fait reconnaître que Jésus Christ, mort et ressuscité est notre Seigneur et notre Dieu. Nous faisons partie de ceux qui comme Thomas entendent de la bouche du Christ : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu ! »
Jean Pierre MAÇON
Mais que se passe-t-il donc dans la tête de ces 3 femmes, Marie-Madeleine, Marie et Salomé qui, à l’aube de Pâques, se rendent au tombeau où Jésus a été déposé ? Elles vont " embaumer son corps ". Intention louable que rendre hommage à un mort et de garder son souvenir intact mais ce n’est qu’embaumer un passé : Jésus, c’était hier ! Et tout à leur tristesse, elles avancent en s’interrogeant sur l’énorme pierre qui barre le tombeau. " Qui de nous pourra la rouler ? " A leur arrivée, elles n’en croient pas leurs yeux, la pierre a été roulée de côté. Mais du corps de Jésus, pas de trace ! " Elles sont "saisies de frayeur ".
En entrant dans le tombeau, un inconnu, " jeune homme vêtu de blanc " les avertit : " Vous cherchez Jésus de Nazareth, le Crucifié ? Il est Ressuscité : il n’est pas ici. " C’est la désillusion ! Elles n’auront même pas de reliques à rapporter ni de linge mortuaire à garder en souvenir ! Rien de tout cela qu’on aimerait garder d’un mort que l’on a aimé. Seules ces mystérieuses paroles : "Allez dire à Pierre et ses disciples (qui, eux aussi, avaient eu peur et fui à l’arrestation de Jésus), Il vous attend en Galilée. " La Galilée, c’est leur pays, leur chez eux. C’est "chez eux" qu’ils sont attendus, pour qu’ils s’ouvrent à une Présence tout autre de Jésus. Pour vivre autrement avec Lui et passer de la peur à la Joie.
Là, comprenons bien ce que n’est pas la Résurrection ! Elle n’est pas la réanimation de Jésus qui aurait repris sa vie comme avant. Il vit autrement, d’une manière nouvelle qu’on ne peut entrevoir que par la foi. La Résurrection n’est ni un retour à la vie d’avant ni une réincarnation. Elle n’est pas non plus un " happy end " cinématographique, une histoire qui finit bien après les jours tragiques de la Passion. Encore moins une " belle fin " qui nous transporterait par magie dans un avenir radieux, nous dispensant des combats de la vie.
Croire en la Résurrection, c’est croire que la Présence mystérieuse du Crucifié-Ressuscité s’invite dans nos " frayeurs ", nos peurs de vivre, pour Guérir ce qui est fêlé ou cassé dans nos vies personnelles ou collectives. Chez l’homme et dans l’humanité comme dans les déséquilibres écologiques. N’ayons pas peur de vivre au monde, le Christ nous a devancés ! Près de 2000 ans après, avec les 3639 baptisés adultes de ce jour en France (dont Romina chez nous), nous sommes témoins qu’une même Puissance de Vie agit secrètement dans nos ’croix’ et qu’une Présence bienveillante nous tire en avant. Le monde et nos vies ne sont plus soumis au fatalisme et à la désespérance. L’Énergie et la Joie de Pâques sont à l’œuvre dans nos relations et nos engagements pour ouvrir nos "tombeaux" et toutes nos prisons !
Michel Retailleau
« Commencement de la Bonne nouvelle de Jésus Christ, Fils de Dieu » annonce le titre de l’évangile de Saint Marc. « Fils de Dieu ! » Pas moins ! Et le jour des Rameaux, les gens l’acclament comme fils du roi David venu au nom du Seigneur. Mais ce que nous voyons dans le récit de la Passion, ce n’est qu’un fils d’homme limité. Qui tombe à terre de tristesse et supplie Dieu dans la solitude. Qui est arrêté comme un terroriste, abandonné, renié par ses amis, battu, humilié, insulté jusque sur la croix.
Est-ce là le Fils de Dieu ? L’image parfaite de la gloire de Dieu (Hébreux 1,1-4) ? La lumière née de la lumière (credo) ? Nous ne voyons que de l’obscurité, de la mort, et l’image tragique d’un homme en échec. C’est l’avis de Pilate : Jésus n’est qu’un de ces agitateurs qui se prend pour le Messie et qu’il faut empêcher de nuire. Et c’est l’avis des Grands Prêtres pour qui il n’est qu’un menteur qui insulte Dieu et mérite la mort.
Les malades et les possédés que Jésus avait guéris l’avaient deviné : « Tu es le saint de Dieu ». Les disciples aussi le jour de la transfiguration, et Pierre un jour à Césarée : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant » Mais Jésus leur avait imposé de se taire. Craignant une mauvaise compréhension de ces mots, il avait interdit d’en parler.
Et voilà que lui-même, Jésus, consent à le reconnaitre ces jours-là. « – Es-tu le Christ, le fils du Dieu béni ? – Oui je le suis et vous verrez le fils de l’homme siéger à la droite du Tout Puissant et venir sur les nuées du ciel » Ainsi ce que Jésus n’a pas laissé dire au temps de ses miracles et de ses succès, il ose le dire à ce moment de l’humiliation et de la mort. Pourquoi ? Parce que la croix en dit plus sur Dieu que tous les miracles. Dès qu’il meurt, le rideau qui ferme le sanctuaire dans le temple se déchire. Image forte qui dit que Dieu, à ce moment-là se dévoile. Il montre son vrai visage. Et si beaucoup ne l’ont pas reconnu, c’est qu’ils avaient en tête un autre visage de Dieu.
« Qui me voit, voit le Père » disait Jésus. C’est vrai aussi sur la croix. Tous l’imaginaient puissant. Mais sur la croix on ne voit ni la puissance du pouvoir, ni celle de la beauté. On ne voit que la puissance, et l’impuissance de l’amour. Pas plus que Jésus, le Père n’aime la mort, mais il aime l’amour. Le Père aime l’amour que Jésus a montré durant sa vie à tous les pécheurs et aux souffrants. Il aime la fidélité de ce Fils capable d’aller au bout de lui-même en se donnant si totalement pour le service de ses frères. Cet amour-là dit Jésus, « C’est le Père qui me l’a enseigné » (Jean 5, 19)
La croix nous révèle un Dieu dont la raison d’être est d’aimer et de se donner et qui vient au-devant de nous, nu, vulnérable et les mains ouvertes. Capable de comprendre nos épreuves et souffrances, Lui qui les a vécues. Disons comme Lui cette prière qui monte de tous les cœurs qui souffrent : « Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné » (Psaume 21, 22). Elle se termine en action de grâces : « Tu m’as exaucé et je te chante »
Quel est visage de Dieu avons-nous en tête ? Si nous sommes séduits par ce pouvoir de l’amour et du don, demandons-lui. Il en est la Source.
Robert JOUFIER
Les récits bibliques de ce dimanche nous invitent à regarder de plus près comment Dieu s’engage dans une Alliance. Face à nos désobéissances, nos détournements, Dieu lui même ajustera cette Alliance au fil des rencontres, partant de Noé en passant par Abraham et Moïse. On pourrait dire que dès l’origine Dieu est amoureux de l’homme, mais ses déclarations n’ont pas été bien reçues, car venant de l’extérieur. Il faudra du temps pour que les hommes tombent amoureux de Lui. Avec le Prophète Jérémie s’annonce celui qui va vraiment être en sa Personne l’Alliance voulue par Dieu. Désormais Il promet de s’adresser à eux au plus intime d’eux-mêmes, du dedans et d’en bas, car c’est parce que son Fils s’est abaissé que son Père l’a élevé et glorifié. Ainsi l’humanité est sauvée. « Dieu est Alliance ». Suis-je conscient de cette dimension divine ?
Ce temps de Carême est l’espace pour relire ma manière de vivre avec moi-même, avec les autres et Dieu. Je sais, je suis pécheur. J’ai brisé les liens, j’ai offensé, blessé, trahi. Je suis fait de la même humanité que Caïn et Abel ; j’ai offensé et j’ai crié « Aide-moi Seigneur » et Il ne s’est pas détourné de moi. Il s’allie à ma démarche et m’invite à la réconciliation, à me lier à nouveau au projet amoureux auquel le Père nous invite. Il ne s’est pas détourné de nous face à nos ruptures d’Alliance. Il est là, il nous (m)’attend, il (m)’entend.
Avec le texte de la lettre aux Hébreux, St Paul nous rappelle que c’est par ses souffrances et son obéissance que le Christ homme est devenu le signe de l’Alliance Nouvelle. Entre le Père et le Fils, entre Dieu et l’humanité, il y a cette engendrement d’amour « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ais aimés ». Je reste émerveillé de la fidélité de Dieu et de sa Volonté d’aimer l’homme. Chaque jour, les médias relatent des faits montrant que l’homme est un " loup pour l’homme". Comment entendre à nouveau cette Appel de Dieu à prendre soin de l’autre ? N’est- ce pas ce que fait le CCFD (Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement) dans ses engagements à travers le monde, en prenant soin de l’humain et de la "maison commune" ? D’abord en apprenant à AIMER et à COMPRENDRE ce que chacun vit. Puis ensemble, réfléchissant aux besoins et CHANGEMENT possible et S’ENGAGEANT à un partenariat durable. Dieu n’en fait-il pas autant avec notre humanité, avec nous-mêmes ?
L’expérience chrétienne n’est-elle pas une belle aventure à partager avec d’autres, à rendre présente la Gloire de Dieu ? S’engager à la suite du Christ comme ROMINA, ce week-end. Invitation faite à tous. A l’exemple du Christ, nous devons travailler notre relation de confiance en Dieu... Seigneur Jésus, tu admires les champs : « Un grain de blé tombé dans la terre produit un bel épi rempli de grains. » Qu’avec Toi, ma vie produise beaucoup de fruits d’amour. Vivons dans la joie d’être habités par l’Esprit Saint à l’approche de Pâques !
Jean Pierre Maçon
« »
Dans ce monde défiguré par les injustices, la violence, les inégalités, les pandémies… Dieu se serait-il absenté ? Jésus serait-Il venu habiter notre humanité pour rien ? Et pour rien sa mort sur la croix ?... A se poser certaines questions, l’esprit chavire. Or, c’est à ces questions essentielles que les textes de ce Dimanche veulent répondre. " Dieu a envoyé son Fils dans le monde, nous dit St Jean, non pas pour juger le monde mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. " Et St Paul : " Dieu est riche en miséricorde ; à cause du grand amour dont il nous a aimés…, ils nous a donné la vie avec le Christ. " Autrement dit, c’est par Amour que Dieu que Dieu a fait Alliance avec nous, et s’est engagé à nous " sauver " et à " nous donner la vie. "
On peut douter d’une telle affirmation tant, à certains jours, nous avons peine à la voir se réaliser. Car vivre demeure toujours une aventure avec ses joies mais aussi ses errances ; ses instants de bonheur mais aussi ses échecs. A certains jours, le chemin professionnel, affectif, financier… paraît tout tracé, mais à d’autres, il nous laisse tout désemparés. Notre foi se vit " dans le soleil ou le brouillard " avec ses joies mais aussi ses " croix ". Alors qu’entend St Jean par :" Dieu a envoyé son Fils dans le monde… pour que le monde soit sauvé. " ?
"Sauver" nos existences pour qu’elles trouvent sens et bonheur à les vivre en profondeur, c’est notre désir à tous, mais comment ? Le Christ ne nous sauve pas magiquement et sans nous des ’coups de la vie’. C’est en nous rejoignant au cœur même des aléas de l’existence qu’ Il nous " attire " et nous fait désirer vivre une vie semblable à la sienne, lui qui sait ce qu’est vraiment VIVRE ! Il est un formidable " accoucheur " de nos humanités crispées et peureuses. En espagnol, le verbe " accoucher " se traduit par : ’ Dar a luz’ = ’Donner la lumière’. Jésus nous sauve, en nous " donnant la lumière " d’une vie donnée et offerte. Et en nous aidant par l’Esprit Saint à faire " venir à la lumière " nos existences ! " Celui qui fait la vérité (avec lui, les autres et Dieu) vient à la lumière. "
Aussi, comment ne pas nous réjouir avec St Paul qui nous dit : " c’est par grâce que vous êtes sauvés." " C’est CADEAU " gratuit de la part de Dieu qui, en Jésus, « nous donne la Vie ! » Mais c’est un cadeau qui s’accompagne des exigences et du "combat de la foi " pour que nos "ténèbres" laissent place à la " lumière " du Christ qui brille en nous depuis notre baptême. En vivant ce Carême, nous est-il déjà DONNE de " venir à la lumière " en des domaines de notre vie ? Pouvons-nous dire avec Paul : " Cela ne vient pas de nous, c’est le Don de Dieu " ?
Michel Retailleau
Jésus respectait le temple. Depuis son enfance, il y venait en pèlerinage pour les fêtes. Il y enseignait. C’était le lieu saint, où Dieu faisait habiter son Nom. Alors pourquoi ce coup de sang vis-à-vis des commerçants ? Ils ne sont pas dans le temple. Ils sont sur le parvis des païens où n’importe qui pouvait aller. Et ils sont indispensables puisqu’ils vendent aux fidèles les animaux nécessaires aux sacrifices. Et il fallait bien des changeurs de monnaie, puisque les monnaies romaines représentant l’empereur-dieu n’étaient pas acceptées. Alors pourquoi ce geste dangereux qui a précipité sa perte, puisque ni le pouvoir des grands prêtres, ni le pouvoir romain ne pouvaient tolérer que l’on s’attaque ainsi au symbole de la nation et de leur autorité.
Il est probable que Jésus a choisi intentionnellement de mettre en scène un oracle du prophète Jérémie où Dieu critique le temple : « Cette maison où habite mon nom, la prenez-vous pour une caverne de bandits ? ». Jésus avait à cœur le respect du culte et de « la maison de son Père ». Il a toujours dénoncé le culte hypocrite, non suivi d’une vie juste. Surtout il critiquait l’argent, souvent sale, lié à la corruption et, que certains donnaient au temple pour se faire pardonner. Jésus ce jour-là agissait comme les prophètes.
Il mettait en scène aussi la prophétie de Zacharie « Le jour du messie, disait Zacharie, il n’y aura plus de marchand dans le temple du Seigneur... parce que l’on n’aura plus besoin de rien pour le culte sacré, parce que tout le pays, même les marmites et les clochettes des chevaux seront consacrés au Seigneur ». Jésus l’avait dit à la femme de Samarie : « Le jour viendra où ce n’est plus ici ni à Jérusalem qu’on adorera Dieu, mais c’est en esprit et vérité ». Jésus ce jour-là se comportait comme le messie annoncé et attendu.
Dans la controverse qui a suivi avec les autorités, il dit : « Détruisez ce temple et en trois jours je le relèverai. » Et l’évangile explique : « il parlait du temple de son corps » Ce sont des phrases mystérieuses, mais le mot relever nous met sur la voie. C’est le mot employé pour la résurrection de Jésus. Ce n’est pas Dieu qui détruira Jésus, mais c’est Lui qui le relèvera. Ainsi, on passe du temple maison de Dieu, à la personne de Jésus ressuscité, nouveau temple. Du sanctuaire du temple, Dieu rayonnait sur tout son peuple, comme « une source d’eau vive irrigue tout un pays » disait le prophète Ezéchiel. Désormais cette source de vie, est en Jésus ressuscité, Dieu avec nous jusqu’à la fin des temps.
Alors que Dieu nous garde des pièges de l’argent ! Qu’il nous garde de faire de la prière un lieu de trafic (Si tu me donnes cela je partirai en pèlerinage)… Nos statues, nos églises, surtout quand elles sont belles, nous aident à prier, mais que Dieu nous garde de l’idolâtrie.
Nous sommes nous-mêmes, depuis le baptême, des temples de l’Esprit saint, comme dit St Paul, alors que Dieu nous garde de nous mépriser les uns les autres... Mais surtout qu’Il nous donne de chercher sa présence dans Jésus ressuscité : les Evangiles les Sacrements, l’Eucharistie, l’Eglise qu’Il nous a donnés. Ce sont les sources de vie, les lieux qui nous rassemblent et nous mettent en communion avec lui.
Robert Jourfier
La Transfiguration sur la montagne se situe à un moment important de la vie de Jésus. Durant un certain temps, les foules avaient reçu son message avec enthousiasme. Aussi devenait-il une menace pour les autorités en place. Moment de doute et d’interrogation. Comme à son habitude, Jésus se met à l’écart et se retire dans la montagne pour prier. Mais cette fois-ci, il emmène avec lui Pierre, Jacques et Jean. Pour les trois apôtres, moment de consolation. La transfiguration projette un éclairage nouveau sur le parcours du Christ. On peut résumer cet événement par la signification suivante : « Même si un jour vous me voyez défiguré, frappé, humilié, tué, sachez que je suis toujours le Fils bien-aimé qui donne sa vie par amour. »
Cet évangile éclaire la vie de Jésus, mais il éclaire aussi chacune de nos vies. Face aux difficultés que nous rencontrons, les moments de contact avec Dieu peuvent nous redonner le courage nécessaire pour "descendre de la montagne" et faire face aux problèmes que nous traversons. Il est facile « d’avoir la foi » lorsque tout va bien dans notre famille, au travail, dans notre pays... que l’économie fonctionne à plein et que nous sommes en bonne santé. C’est plus difficile lorsque nous traversons une période de crise, d’incertitude, de maladie grave... Il est parfois difficile de voir la lumière au bout du tunnel. Nous recherchons le plus de sécurité possible, nous multiplions les polices d’assurance mais la vie est toujours un risque et aucune assurance ne peut nous protéger contre toutes les éventualités négatives. La maladie et la mort sont des réalités de la vie, de même que les divisions dans nos familles, les séparations et les divorces, la violence au foyer, la vieillesse, la solitude...
Pierre aurait bien voulu rester sur la montagne, où il se sentait en paix et loin de tous les problèmes de la vie quotidienne : « Il est heureux que nous soyons ici ; dressons donc trois tentes... ». Mais il a dû descendre dans la plaine et reprendre douloureusement le chemin derrière Jésus. Mais ce moment de prière et de transfiguration lui avait redonné le courage de continuer à marcher.
Il est important pour nous, les chrétiens, d’entrer en contact avec Dieu de façon régulière, et plus encore dans ce temps du Carême, ainsi nous pourrons suivre Jésus jusqu’à Jérusalem. La Transfiguration est un peu comme une oasis au milieu du désert, une source d’eau claire sur la route de notre pèlerinage vers la vie pleine et entière. Dans ces moments de rencontre avec Dieu, le Seigneur nous rassure et nous rappelle que nous sommes toujours ses filles et ses fils bien-aimés.
Jean Pierre Maçon
A l’aube de l’entrée en Carême, Marc nous présente Jésus qui bouscule tous les codes de la loi . Une rencontre qui va bousculer son auditoire. Depuis quelques semaines, Marc nous décrit un portrait de Jésus qui guérit des personnes habités par des souffrances, et cela se passe dans trois lieux différents : en premier dans un espace religieux, puis dans un espace plus restreint (familial) et aujourd’hui ; c’est dans un espace public.
Marc nous parle d’un être humain marginalisé et qui vit sa condition de lépreux selon les règles sanitaires imposées dans le livre du Lévitique (1ère lecture) mais qui , courageusement, va dépasser la contrainte de « mise à l’écart »qu’il est tenu de respecter. Lui, le lépreux, le maudit, l’humilié, l’exclu considéré comme un « impur » aux yeux de tous, va oser enfreindre la règle, en allant se jeter aux pieds de Jésus. « IL vient trouver Jésus, tombe à genoux et le supplie. »
Jésus ne le rabroue pas, ne s’écarte pas. Même il est pris de pitié, de compassion devant ce frère en humanité. Jésus fait un geste remarquable avec cette personne intouchable ; il lui donne la main. Il ose un geste pour entrer en relation fraternelle. IL se fait là, « le prochain de tous. »
Nous touchons ici au plus profond désir de Dieu sur nous, ainsi qu’à notre besoin le plus fondamental. Car nous sommes souvent mis à l’épreuve dans nos vies, humiliés et blessés par nos faiblesses et nos manquements. Nous avons besoin de guérison afin de vivre le plus fidèlement possible comme les enfants de Dieu que nous sommes, car nul ne peut échapper au mal qui nous assaille, au péché qui prend trop souvent le dessus sur nous. Jésus vient nous libérer de cette emprise du mal sur nos vies, il vient nous purifier. Nous pouvons vivre de telles expériences.
Dans cette grâce et expérience de purification, de guérison, il y a une part qui dépend de Dieu et une autre qui dépend de moi. Ce qui dépend de Dieu c’est de l’accorder. Je peux le souhaiter et le prier : « Oui Seigneur Je me confie en toi » Pour ce qui dépend de moi, c’est de faire la démarche, d’ouvrir mon cœur et d’oser m’adresser à Jésus afin de demander que la puissance de guérison et de purification de Dieu vienne reposer sur moi. Est-ce que je peux m’adresser à Jésus avec la même foi que celle du lépreux ? Mercredi, les Cendres, le Carême. Jésus veut nous débarrasser de nos impuretés... Est-ce que je crois que Jésus peut me guérir et me purifier de ma propre lèpre ?
Jean Pierre MAÇON
Pourquoi le mal ? Pourquoi ma souffrance ? C’est la question qui taraude Job dans la Bible. Job est très riche. Il a une femme et dix enfants. Il est un homme juste qui respecte Dieu et s’écarte du mal. Il est irréprochable. Et voilà que d’un seul coup, il perd tout : ses richesses, ses enfants, sa santé. Une lèpre répugnante l’oblige à se tenir à l’écart dans la déchetterie. Sa femme le veut mort. Job est dans une solitude totale. Et il exprime sa plainte, ses souffrances physiques et psychiques,« A peine couché, je me dis à quand le jour. Je suis envahi de cauchemars jusqu’à l’aube. La nourriture me dégoute. Ma vie est une corvée. Pourquoi suis-je né ? » Ces mots de 2500 ans sont les mots de tous ceux qui souffrent.
Trois amis lui disent ce que tout le monde pensait : Dieu récompense les bons et punit les méchants. « Donc, disent-ils, si tu souffres c’est que Dieu te punit de quelque chose. Reconnais-le et tout rentrera dans l’ordre. » Mais Job refuse de toutes ses forces cette explication. Il a vu trop de voyous réussir et trop de justes souffrir. Lui-même n’a rien fait contre Dieu et ne mérite pas une telle souffrance. Il croit que Dieu est juste, et son sort est injuste. Ses amis lui reprochent de s’entêter : « Dieu corrige ceux qu’il aime, ne dédaigne pas ses leçons. » Job refuse encore et leur dit de se taire : « Qui vous réduira au silence Ecoutez-moi : c’est ainsi que vous me consolerez. » Se taire lorsqu’on veut aider une personne qui souffre est la bonne attitude. Se taire mais être là, à ses côtés, lui tenir la main, rafraîchir son visage, l’écouter : tout cela vaut mieux que les paroles inutiles.
Job est révolté, mais ne cesse pas de croire en Dieu. Dieu est juste et il ne comprend pas pourquoi il doit souffrir ainsi. Alors il demande à Dieu des explications, il exige une réponse. Il lui fait un procès. Puis finalement, il lâche prise, « je ne fais pas le poids » dit-il, et humblement il s’en remet à Dieu. Et enfin Dieu prend la parole : Il dit aux amis de Job, qu’ils n’y connaissent rien. Nos malheurs et souffrances ne sont jamais des punitions ou des corrections de Dieu. Et Dieu dit que le seul, qui a bien parlé de Lui, c’est Job. Ainsi nous sommes autorisés à nous révolter, quand nous souffrons. Nous pouvons crier vers Dieu, lui dire notre détresse, notre colère. Mais garder confiance. Et nous tenir dans sa main.
Et Jésus ? Il n’est pas venu expliquer l’épaisseur du mal. Regardons la croix : Il est venu nous rejoindre dedans et le traverser avec nous. Et il lutte contre lui de toutes ses forces, guérissant les malades, expulsant les démons. Le mal qui nous assaille et assaille tous les hommes n’est pas dans le projet de Dieu. C’est notre mission de chrétien, à la suite de Jésus, de lutter fort pour nous en débarrasser.
Pour guérir la belle-mère de Pierre, Jésus la prends par la main et la fait se lever : Dieu est celui qui nous prend la main et nous fait nous lever, de l’épreuve, de la maladie qui dure, de l’angoisse, de la mort. Il n’a pas fait la mort, il n’envoie pas la maladie mais il nous relève comme il a relevé Jésus de la mort. Quel malheur, comme dit St Paul, si nous n’annoncions pas cette Bonne Nouvelle !
Robert Jourfier
Dimanche dernier, l’Évangile retraçait l’Appel des premiers disciples mais sans rien dire du déclic qui les avait fait " suivre " Jésus. Aujourd’hui, St Marc lève le voile : ils ont été " scotchés " comme les gens de Capharnaüm, " frappés de son enseignement car il enseignait en homme qui a autorité ". Ses paroles mais aussi ses actes étaient sources de guérison, car " il commandait même aux esprits impurs et ils lui obéissaient. " Or, le même effet produit par Jésus sur son auditoire continue à s’exercer 2000 ans après. Car l’homme, au travers même de ses misères et ses limites, aspire toujours à vivre mieux : plus haut, plus profond, plus vrai !
Mais, essayons d’abord de comprendre la source d’une telle " autorité " qui émane de l’enseignement de Jésus. Les Évangiles font souvent pressentir à quel point sa Parole résonne au cœur. Contrairement aux Scribes qui ne font que répéter ce que leurs maîtres leur ont enseigné, Jésus, lui, parle, avec une autorité qui vient de sa propre expérience d’homme vécue dans l’intimité avec son Père. Comme l’annonçait Moïse, dans la 1ère lecture (Dt 18, 15-20), Dieu " a mis dans sa bouche, Ses (propres) Paroles « . Jésus n’est pas un orateur qui fascine son auditoire par son savoir religieux hérité de la seule tradition de Moïse. Son autorité est "puissance de vie", car elle vient d’En-Haut.
Quand il enseigne, il parle vrai et juste. Il parle vrai et juste de Dieu qu’il révèle comme un Dieu de Tendresse et de Miséricorde. Il parle vrai et juste de l’homme parce que sa vie humaine pétrie de l’Amour de Dieu a été un art de vivre dans la confiance, la fraternité, le pardon, la douceur, la vérité... Loin de culpabiliser, de faire la morale, il attire à lui et libère le meilleur de ceux qui l’approchent par son "autorité". Loin d’être autoritaire, il " autorise " au contraire les gens à devenir de vrais " auteurs " de leur vie, libres et responsables. (Tous ces mots ont la même origine.)
Mais son " autorité " est aussi une puissance contre le mal." Il commande même aux esprits impurs et ils lui obéissent !" comme dans cet évangile, avec cet homme psychologiquement perturbé. Mais plus encore, son " autorité " s’adresse à tous les lieux où vivre ensemble est difficile. Les " esprits impurs " de notre temps ne sont-ils pas l’individualisme, le racisme, le complotisme ou mensonge, le non-respect du pauvre et de la nature etc… ? " Esprits " de nature "diabolique" car ils " divisent " l’homme intérieurement (’diable’ signifie ’ diviseur ’) mais aussi les humains entre eux. Le journaliste Patrick Poivre d’Arvor l’a pressenti : " J’ai rencontré des personnes de grande importance mais les rencontres les plus fortes ont été avec des femmes et des hommes de foi. Je pense à Sr Emmanuelle, à l’abbé Pierre, au P. Pedro à Madagascar. Ces échanges-là m’ont le plus marqué. " Pourquoi ? Je lui soufflerais volontiers : " Ils respiraient une force, une autorité qui venait d’En-Haut et non d’eux-mêmes. " Et pour moi, l’autorité du Christ, c’est quoi ?
Michel RETAILLEAU
Dans les évangiles Jésus entre en scène dès l’arrestation de Jean Baptiste. Pendant quelques temps, en Judée sur les rives du Jourdain, Ils ont prêché ensemble. Puis Jean a baptisé Jésus. Il l’a reconnu et désigné comme le Messie promis. Puis il est arrêté par Hérode. Cette arrestation est comme un message de Dieu pour Jésus qui prend le relais de Jean. Quittant la Judée il part jusqu’en Galilée annonçant « l’Évangile de Dieu ». Le mot « Évangile » signifie « bonne annonce » « bonne nouvelle. » Quelle est cette bonne nouvelle ? - « Les temps sont accomplis, le Règne de Dieu est tout proche, convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle. »
Les temps sont accomplis. Pour les juifs et la Bible, l’histoire a un début et une fin. Entre les deux, Dieu poursuit son projet d’Alliance avec nous. Le dernier acte de cette Alliance sera « l’Esprit saint répandu sur toute chair », comme annoncé par le prophète Joel (3,1) Dire que les temps sont accomplis c’est dire que ce projet arrive dans sa dernière ligne droite. Jean Baptiste l’avait pressenti : « Moi je baptise dans l’eau. Lui, Jésus, baptisera dans l’Esprit Saint. » La bonne nouvelle c’est que le projet de Dieu touche à son but.
Le Règne de Dieu est tout proche. Ce Règne de Dieu c’est la grande espérance des juifs. Ils attendent depuis toujours que Dieu vienne prendre les choses en mains, régner par la justice et le droit et la sainteté (Psaume 97). Voici que ce Règne de Dieu s’est approché, Dieu règne dans la personne de Jésus, il habite son cœur. On ne va pas tarder à le voir dans les guérisons, les exorcismes, son accueil des pauvres et des pécheurs. La « Bonne Nouvelle » est là : dans la personne de Jésus qui inaugure le règne de Dieu. Finalement la bonne nouvelle c’est Jésus. L’Evangile n’est pas d’abord un livre mais une personne historique, vivante, Jésus.
Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle. Se convertir et croire, c’est tout un. Il s’agit moins de passer du vice à la vertu, que tourner le dos à des caricatures de Dieu. Croyez, semble dire Jésus, que la nouvelle est bonne et que Dieu n’est pas ce que vous croyez. Comprenez dans les paroles et les actes de Jésus que Dieu est Amour et Pardon. Et qu’il est cela pour vous personnellement, gratuitement. Et qu’il l’est pour tous. Cessez de croire que Dieu est mal intentionné à votre égard. Accueillez sans façon son pardon. Croyez en sa bienveillance pour vous. Et aimez-vous, vous-même, comme il vous aime. Et votre prochain comme vous-mêmes.
Venez à ma suite, je vous ferai pécheurs d’hommes. Pour commencer à vivre ensemble cette Bonne Nouvelle de Dieu proche et aimant, et pour à l’annoncer, Jésus invite à le suivre. Ceux qui entendent son appel vont apprendre à son contact ce que c’est d’être aimé de Dieu et ce que c’est de vivre de cet amour. Ceux qui répondent deviendront pécheurs d’hommes. Pas des recruteurs, mais des sauveteurs. Des gens qui tendent la main à ceux qui se noient ou s’enfoncent dans la nuit. Pour leur rendre espoir en leur annonçant cet Évangile, c’est-à-dire la personne de Jésus, c’est-à-dire cette nouvelle vraiment bonne d’un Dieu qui les aime.
Robert JOURFIER
L’Évangile nous parle de la vocation des premiers disciples. Ces hommes avaient commencé par suivre Jean le Baptiste. Et chose surprenante, ils vont suivre Jésus à cause de cette parole que dira leur maître ; Jean désigne Jésus comme « l’Agneau de Dieu » et ils s’empressent de le suivre. Jésus s’en rend compte et leur pose la question : « Que cherchez-vous ? » C’est une manière de les inviter à creuser leur désir. Cette quête d’absolu qu’ils n’ont pas assouvie avec Jean, ils doivent la comprendre de l’intérieur.
La même question nous est posée à tous aujourd’hui :" qui cherchons-nous ? " C’est vrai que, bien souvent, nous ne cherchons pas du bon côté. Beaucoup s’engagent sur des chemins parfois compliqués. Mais le Seigneur est toujours là pour nous dire : « Venez et vous verrez ! » Ce que vous verrez dépasse tout ce que vous pouvez imaginer. Comme les premiers disciples, nous sommes invités à entendre cet appel de Jésus et à demeurer avec lui. En l’écoutant, nous découvrirons que ses paroles sont celles de la Vie éternelle.
L’Évangile insiste donc sur l’importance de la rencontre avec le Christ. Mais pour que cette rencontre soit rendue possible, il a fallu des intermédiaires. C’est d’abord Jean Baptiste qui désigne Jésus. Puis c’est André qui lui amène son frère. Philippe qui a été personnellement appelé par Jésus lui amènera Nathanaël. Les chemins des uns et des autres sont différents, mais tous sont appelés à une même vocation : devenir « disciples-missionnaires », comme dit le pape François.
C’est également vrai pour nous : si nous avons rencontré le Christ et si nous avons répondu à son appel, c’est grâce à des médiateurs. Il y a eu sur notre route des laïcs, des religieux et religieuses et des prêtres qui nous ont fait partager leur expérience de foi. C’est ensemble, les uns avec les autres, que nous marchons à la suite du Christ. Il n’a pas besoin des hommes mais il veut nous associer tous à son œuvre. Il compte sur chacun de nous pour « être les « médiateurs » et les « messagers » dont le monde a besoin.
La Bonne Nouvelle de l’Évangile doit être annoncée à tous, enfants, jeunes et adultes. Il ne s’agit pas de convertir ni de convaincre mais de témoigner et de favoriser la rencontre personnelle avec le Christ. Relayé par les uns et par les autres, l’appel du Seigneur se fait entendre de génération en génération. C’est par nos réponses personnelles et collectives que s’édifie l’annonce de la BONNE NOUVELLE. Comme André, nous pourrons dire : « Nous avons trouvé celui que nous cherchions ».
Jean Pierre MAÇON
Insaisissable Jésus ! Il naît en inconnu dans une grotte de Bethléem, car à la ville il n’y a pas de place pour sa venue. C’est aussi en inconnu qu’il grandit et travaille, au milieu des villageois de Nazareth. Et quand, dans la trentaine, il décide d’aller se faire baptiser dans le Jourdain, c’est toujours en inconnu qu’il s’y rend. Il aurait pu choisir de monter à Jérusalem et de satisfaire aux rites religieux du Temple. Ce Temple qui est le lieu par excellence où l’on approche Dieu au milieu des savants et des docteurs de la Loi. Non, il décide de descendre avec les petites gens du peuple et de rejoindre Jean le Baptiste.
Toujours inconnu, il prend place dans la file des pénitents, au milieu des humbles et des " pécheurs publics ", prostituées, fonctionnaires malhonnêtes et autres… Gens pas fiers d’eux-mêmes mais qui entendent l’appel à changer de vie. Bien qu’Inconnu, il n’est pas isolé. Il est là, présent au plus près de l’âme humaine lourde et blessée. Et plus mystérieusement, il descend là pour y demeurer toujours " chez lui ", dans l’ "enfer " des misères et du péché de l’humanité. St Paul dira : "Lui qui n’a jamais péché, il s’est fait péché ". N’est-il pas " venu non pour les bien-portants mais pour les pécheurs " ?
Et son Baptême a lieu. Lui, l’ Inconnu qui s’est identifié aux pécheurs dans les eaux boueuses de l’humanité, il en " remonte " pour apparaître comme le CONNU de Dieu. " Le ciel, nous dit-on, se déchire "(signe que ciel et terre ne sont désormais plus séparés) et La Voix du Père lui fait la plus belle déclaration d’amour qui soit : " Tu es mon Fils bien aimé, en toi, je trouve ma joie. " Lui, l’Inconnu des hommes, qui était " plongé "en plein cœur de l’humanité souffrante, on le découvre " plongé " (qui veut dire ’baptisé’) dans cet autre " chez lui " qu’est l’Amour de Dieu. Son secret est dévoilé : il est vrai Homme ET vrai Dieu ! S’il a pu autant remettre en Vie ceux qu’il rencontrait, c’est qu’il avait perçu à l’intime de lui-même à quel point il était Aimé de son Père et à quel point Dieu voulait " sauver " l’âme humaine.
A la suite de Jésus, il nous est proposé à tous d’être "baptisés (plongés) dans l’Esprit saint " Et d’accepter à notre tour d’être CONNUS de Dieu mais aussi de Le CONNAÎTRE : " Tu es mon fils (ma fille) bien-aimé(e). En toi, je veux trouver ma joie." Que l’on soit né " sous X", que l’on ait été mal aimé, voire abandonné par ses parents, tous, nous sommes invités à découvrir que nos existences, par le baptême, sont "plongées" en un Dieu qui est Père. Appelées à entrer dans une mystérieuse relation filiale avec Lui. Faite de la Joie que l’on peut produire dans le cœur même de Dieu en s’ouvrant à Lui. Faites aussi de la Joie que l’on éprouve à libérer son cœur en vivant de fraternité, de justice et de paix !
Michel Retailleau
Qui l’aurait imaginé, Dieu s’est glissé dans le sourire d’un enfant ! Il y a peu, un message d’un jeune couple m’annonçait la naissance d’Anaïs avec la mention : " Elle nous comble de bonheur " Et je voyais, photo à l’appui, la bouche et les yeux d’Anaïs esquisser un tendre sourire. Sourire d’un bébé " aux anges " ou qui répondait à celui de ses parents. En ce soir de Noël, comment ne pas voir en Jésus, nouveau-né de la crèche, le Sourire même de la Tendresse de Dieu nous invitant à être " comblés de son bonheur " de vivre avec les hommes !
Et pourtant, cette naissance a du forcer le destin. Dans des circonstances ’particulières’, elle aussi, Marie et Joseph avaient été emportés dans une cascade d’imprévus, ballotés tels des bouchons de liège… Un recensement impérial les obligeant à migrer de Galilée à Bethléem. Marie enceinte, éreintée par un trajet à dos d’âne. Un logement introuvable pour la nuit. Devoir accoucher dans le dénuement d’une étable. Reconnaissons-le, même si la Covid nous bouscule par ses restrictions, notre situation en ce Noël 2020 est bien enviable à la leur.
2000 ans après, Dieu continue à nous sourire à travers l’Enfant-Jésus. Un tel Sourire ne peut pas se percevoir de l’extérieur mais de l’intérieur, du plus intime de nous-mêmes, là où Dieu habite. Si Dieu n’est qu’une morale ou un Gendarme scrutateur qui s’imposent d’en haut et de l’extérieur de nous-mêmes, comment peut-on aimer ce Dieu-là ? Le Dieu dévoilé à Noël n’a rien à voir avec ce dieu païen ! Dans le sourire de l’Enfant-Jésus, au contraire, c’est le Sourire même de Dieu qui nous rejoint pour nous inviter à " sauver " nos vies de nos peurs et de notre mal-être, et nous donner cette Joie de vivre qui ne s’achète pas. Noël, c’est la Présence même de Dieu qui est remise entre nos mains pour que nos vies humaines soient soulevées, ’divinisées’. Aussi, la meilleure layette que nous puissions offrir à Dieu, c’est le tissu de notre vie intérieure. Notre époque manque tant de ces personnes "intérieures" qui puisent dans ce Sourire rayonnement et capacité à dire "non " à ce qui salit l’homme !
En nous souhaitant " Joyeux Noël ", c’est le désir d’être " comblés de la grâce " du Sourire de Dieu, que nous nous échangeons. Non, notre vie et le monde ne vont pas changer subitement et magiquement. Cela n’est pas du seul ressort de Dieu. Mais nous savons désormais qu’au cœur des défis de toutes sortes, un Sourire d’Amour et d’Espérance nous est donné pour nous accompagner jusque dans nos misères et nos souffrances. Noël n’est pas une parenthèse enchantée dans la vie d’un monde en souffrance. C’est le Sourire de notre Dieu qui vient réchauffer notre ardeur à créer avec Lui du neuf qui soit Source de VIE.
Michel Retailleau
Après Jean le Baptiste, voici une autre figure importante de l’Avent : MARIE. Avez-vous remarqué le coeur de l’annonce de l’ange à Marie : « Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils : tu lui donneras le nom de Jésus. Il sera grand, il sera appelé Fils du très-Haut : le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son Père ; il règnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n’aura pas de fin. ». Voilà la Révélation du Mystère jusque-là demeuré silencieux, caché en Dieu ! Mystère la Paternité de Dieu. Par l’Esprit Saint, il dévoile son projet à Marie, comme le dit la première lecture. Il apparaît que Dieu ne veut pas bénir son peuple d’en haut, mais par l’intermédiaire d’un être humain, un Fils de David.
Nourrie de cette attente promise à son peuple, Marie a certainement fait rapidement le lien entre l’annonce des prophètes et la parole de son étrange visiteur. Pas étonnant qu’elle soit « bouleversée » de se reconnaître « comblée de grâce », habitée par le Seigneur. Elle demeure confiante, capable d’entendre ce qui paraît impossible aux hommes, mais possible pour Dieu : « L’Esprit Saint viendra sur toi et la puissance du Très-Haut te prendra sous son nombre ». En Marie, et dans la douceur de l’évènement maternel, c’est l’Amour de Dieu qui est engendré en elle. Son OUI, « Voici la servante du Seigneur » est un Beau commencement… !
Et nous, quels sont nos "commencements" qui nous sont demandés ? Les signes d’espérance que nous vivons en cette fin d’année 2020 ne seraient-ils pas l’ébauche d’un engendrement de Dieu en nous ? N’avons nous pas à entrer dans une "pastorale d’engendrement" à partir de ce que nous sommes et vivons en famille, au travail, en communauté ? Invités à nous laisser " engendrer " dans nos OUI audacieux à la suite du « OUI » de Marie … Accueillir ce" OUI " dans nos vies " ordinaires " avec cette belle affirmation de Madeleine Delbrel : « Nous autres, gens des rues, croyons de toutes nos forces que cette rue, que ce monde où Dieu nous a mis est pour nous le lieu de notre sainteté »…
En ce 4ème dimanche de l’Avent, méditons, ruminons qu’il nous faut accueillir Dieu. Dans nos derniers préparatifs de Noël, dans nos maisons et nos familles que nous voulons joyeuses, n’oublions pas que le cadeau essentiel, c’est Dieu qui nous le fait : il vient à nous, tout doucement, sans bruit. Donnons-lui toute sa place, accueillons-le !
Jean Pierre Maçon
Les gens attendaient le messie. Par sa vie ascétique et sa prédication, Jean Baptiste attirait les foules et intriguait les autorités. Il avait des disciples. Jésus a été l’un d’eux. Certains de ses disciples avaient suivi Jésus. D’autres lui sont restés attachés.
Peut-être y avait-il une certaine concurrence entre les disciples de Jean Baptiste et ceux de Jésus. Cela explique le soin que met l’évangile pour dire à la fois la grandeur, et la limite de Jean Baptiste : il est « envoyé par Dieu pour être témoin de la Lumière, afin que tous croient par lui, mais il n’est pas la lumière ». Jésus disait de lui qu’il est « plus qu’un prophète, le plus grand des enfants des hommes ». Mais lui-même, Jean Baptiste se définit par des négations : non il n’est pas le Christ, ni le prophète Elie qu’on attendait avant le Messie, ni le grand prophète promis à Moïse. Citant Isaïe, Il dit de lui-même qu’il n’est qu’une voix qui désigne un autre et qui invite à préparer le chemin devant Lui.
Il est comblé par cette mission : « telle est ma joie, elle est parfaite. Il faut qu’il grandisse et que moi, je diminue. » (Jean 3, 28-30) Son succès ne le grise pas. Sa propre personne ne l’obsède pas. Il ne se met pas en avant. Il s’efface devant Celui qu’il annonce. D’ailleurs, au début, il annonce quelqu’un que lui-même ne connait pas : « je ne le connaissais pas, mais à son baptême, j’ai vu l’Esprit descendre sur lui... » Il l’annonce dans l’obscurité de la foi.
Les peintres le représentent le bras et le doigt tendus vers Jésus. Pour nous, toute la grandeur de Jean Baptiste est dans ce geste qui désigne « Voici l’Agneau de Dieu » et dans cette voix qui témoigne avec humilité. « Je ne suis pas digne de délier sa sandale. »
Nous non plus, ni l’Eglise, ne sommes dignes de dénouer sa sandale. Nous ne sommes pas la lumière, ni le Christ, ni Elie, ni le prophète. Nous aussi, nous avons mission d’être cette voix humble qui désigne Jésus. Nous avons mission d’être témoins de la lumière. Mais comme Jean Baptiste nous devons nous effacer devant Celui que nous annonçons. Quelques fois, nous sommes amenés à dire à un proche « si tu veux que je voie ce que tu me montres, il faut que tu t’enlèves de devant » Nous devons témoigner de Jésus et nous enlever de devant. Nous ne devons pas être comme cet âne de la fable qui porte des reliques, qui voit les gens s’incliner à son passage et croit que les cantiques et l’encens sont pour lui,. (La Fontaine fable 14, livre 5) Nous ne devons pas faire écran ni ramener à nous. De sorte que les gens, comme ceux de Samarie puissent dire, « ce n’est pas à cause de toi que nous croyons, mais nous l’avons entendu nous-mêmes et nous savons qu’il est sauveur du monde. » (Jean 4, 40-42). Il s’agit de favoriser leur rencontre personnelle avec Jésus et avec sa parole.
Comment ? Entre autres par la joie. Non pas la joie de faire des adeptes. Mais la joie intérieure qui vient du dedans et qui donne envie : La joie d’Isaïe d’être enveloppé par Dieu, consacré et envoyé. La joie de Paul à prier sans relâche et à rendre grâces en toutes circonstances, tendu vers la venue du Christ. La joie parfaite de Jean Baptiste à témoigner et s’effacer devant Celui qui est au milieu de nous. La joie de connaitre et d’accueilli Celui qui est la vraie lumière et le salut de nos vies.
Robert JOUFIER
Attention, il y a du Neuf dans l’Histoire de Dieu et des hommes ! C’est ainsi que Marc annonce la couleur en ouvrant son Evangile : " Commencement de la Bonne Nouvelle de Jésus, Christ, Fils de Dieu " (Mc 1, 1). Oui, rappelez-vous : " Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre " (Gn 1, 1)… " Au commencement était le Verbe (la Parole de Dieu) " (Jn 1, 1). Ce mot ’commencement ’ évoque la surprise d’un Don inouï de Dieu et d’une espérance folle : " Nous sommes faits pour la Vie." En reprenant les mots du prophète Isaïe invitant les Hébreux à reprendre Vie sur leur sol après l’exil, Jean Baptiste proclame LA Bonne Nouvelle. En Jésus, un ’commencement ’ nouveau avec Dieu et l’humanité a eu lieu. Ce neuf qui a " commencé " avec Jésus, il nous est promis, si nous acceptons de voir la Vie autrement.
Car ce que Dieu a fait en Jésus, Il veut le réaliser en chacun de nous, en commençant par " ouvrir " nos existences à Sa Vie à lui. Et lui, " le Chemin, la Vérité et la Vie " va nous guider pour aller à la rencontre de Dieu et des autres. Cela nécessite d’entrer d’abord dans le " baptême de conversion " de Jean Baptiste : en faisant la vérité sur notre vie et en reconnaissons la part de péché et de lourdeur qui nous empêchent de vivre une vraie Vie. A l’image des habitants de Judée et de Jérusalem qui descendent au Jourdain, c’est une même invitation à " relire notre vie " qui nous est faite pour l’entrée en Avent.
Comment ? Ainsi que le dit le Psaume 84, en vérifiant si, dans notre vie, " amour et vérité se rencontrent, (si) justice et paix s’embrassent ". A force de dissocier ces réalités, le monde et nous-mêmes sommes divisés et ravagés de l’intérieur. En effet, une " vérité " qui veut s’imposer dans une vie familiale, sociale, politique, économique mais qui n’a que faire du respect et de l’estime de l’autre, n’est que mensonge ! Et une " paix " imposée dans sa vie personnelle ou familiale comme à l’échelle d’un groupe ou d’un pays mais qui se moque des inégalités et des injustices, n’est que mépris de l’autre et violence à retardement. Si Jésus a parfaitement unifié sa Vie en Dieu, dans " l’amour et la vérité, la justice et la paix ", nous sommes invités nous aussi à entrer dans ce commencement, d’ une ’terre nouvelle et d’un esprit nouveau’.
Plus facile à dire qu’à faire ? Oui et non, car au " baptême de conversion " de Jean Baptiste, il faut joindre la nouveauté du " baptême dans l’Esprit Saint " apporté par Jésus. Jésus nous " plonge dans l’Esprit Saint " (le mont ’ baptiser ’ signifie ’ plonger ’). Autrement dit, l’Énergie de Sa Résurrection est un formidable plongeon dans la Vie Divine qui vient bousculer l’enfermement dans notre " ego " et nous fait ’ sortir’ de nous-mêmes. La Vie de Jésus est vraiment LA Bonne Nouvelle : du Neuf a fait irruption dans l’histoire. Et, à sa suite, du Neuf peut surgir dans la nôtre. … Ma relation à Jésus a-t-elle été un commencement de Vie Nouvelle avec Dieu et autres ?... Viens, Seigneur, nous faire renaître à la Vie !
Michel Retailleau
" Veillez " dit Jésus. Ce temps d’Avent qui commence est un temps liturgique pour préparer activement sa venue. Pas seulement la crèche et la fête de Noël. Mais son retour dans la gloire à la fin des temps. Veillez ! Il le répète cinq fois. Et Il l’a martelé à travers les diverses paraboles, lues ces dimanches : les dix jeunes filles, les talents, le jugement... Il répète : je vais partir mais je reviendrai et je vous demande de m’attendre, non pas en tuant le temps comme dans une salle d’attente, mais en veillant. Restez éveillés, vigilants, actifs, mobilisés.
Devant les malheurs et les violences du monde, et devant nos propres difficultés et lourdeurs, plutôt que veiller nous pourrions avoir envie de nous confiner dans le sommeil et de protéger notre tranquillité... Et souvent, nous avons envie de prier comme le prophète Isaïe : « Ah si tu déchirais les cieux et si tu descendais ! Toi qui es notre Père notre rédempteur depuis toujours, pourquoi nous laisse-tu errer hors de tes chemins, pourquoi laisses tu nos cœurs s’endurcir... » Oui nous ressentons un fort besoin de lui. Nous avons toutes les raisons de désirer un monde différent et de dire à Dieu : Viens nous sortir de là. C’est une belle prière.
Mais il est déjà venu. Il nous a tracés un chemin de vie. Et il est reparti. Nous espérons son retour : « Nous attendons ta venue dans la Gloire, Viens Seigneur Jésus. » Oui il reviendra, ce sera jour de fête...Mais en attendant, Il nous embauche. Il nous a remis les clés et demandé de veiller. Il nous a confié la maison : « il a fixé à chacun son travail, il nous a donné tout pouvoir et il nous demande de veiller... ».
Quel travail ? Celui de conduire notre vie sous son regard, dans tous les domaines qu’Il nous a confiés : notre famille, notre école, notre emploi, notre quartier, nos loisirs, notre église, le monde. Dans tout cela, il nous a confiés les uns aux autres : j’avais faim, soif, j’étais nu, malade, prisonnier, étranger… Le monde est sous notre protection. L’Église aussi : nous avons les clés pour en ouvrir les portes, aller vers les autres et accueillir.
Quel pouvoir ? Celui de l’Évangile. « Vous avez reçu, dans le Christ, toutes les richesses, celles de la Parole et de la connaissance de Dieu. Et aucun don de la grâce ne vous manque à vous qui attendez de voir se révéler Notre seigneur Jésus Christ » (St Paul 2è lecture.) L’Évangile est notre feuille de route, et la grâce de Dieu notre appui.
Nous avons ainsi tout ce qu’il faut pour veiller comme il nous le demande. « Il nous fera tenir fermement jusqu’au bout » Et ce monde deviendra Royaume de Dieu. Il le devient peu à peu mais pas sans notre travail, pas sans nous. Et nous avons les yeux fixés vers sa promesse « Dieu est fidèle, lui qui vous a appelés à vivre en communion avec son fils, Jésus Christ notre Seigneur ». Cette communion avec lui est notre avenir, elle commence dès aujourd’hui et il l’offre à tous. Viens Seigneur Jésus. Nous t’attendons en veillant activement dans la foi !
Robert Jourfier
Avec l’évangile de ce jour, St Matthieu nous donne à goûter la Bonne Nouvelle que Jésus proclame ; c’est la proximité du Royaume de Dieu ! Le Royaume de Dieu est la raison d’être et de vivre pour Jésus. Par les routes mais aussi par sa vie, il part pour l’annoncer. Mais qu’est-ce que ce Royaume ? Le Royaume, c’est Dieu qui prend possession de nos cœurs. Ce Royaume est accessible à tous. Il n’est pas à rechercher au loin, il n’est pas réservé à une élite, il n’est pas pour demain mais bien pour ce temps présent, ce temps que je vis ! Le Royaume de Dieu nous concerne tous !
Aucune peur à avoir ! Alors, agissons comme nous le demande l’Evangile : en offrant le pain à celui qui à faim ; offrir un coup de fil à celui qui est seul, tout en laissant résonner : « ce que tu as fais au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que tu l’as fait » Ne nous faut-il pas voir dans cette parole du Christ son ultime message avant de vivre sa « PASSION ». Jésus affirme que l’ouverture du cœur, créée par le soin que nous prenons envers les plus démunis, est du même ordre que l’ouverture produite par la prière et la célébration des sacrements. Servir les faibles, les blessés de la vie, c’est un sacrement.
Le Royaume, il est pour nous maintenant et non pas dans un avenir incertain ! Il se cherche comme un trésor. Sans doute faut-il d’abord avoir envie du Royaume de Dieu. Sans envie, pas de recherche. Oser demander de l’aide. Nous ne partons pas seuls dans l’aventure. Même celui que je n’aime pas est invité. Se convertir, c’est changer d’attitude, changer de vie en la tournant un peu plus chaque jour vers le Beau, le Bien, L’Amour. On ne change pas tout du jour au lendemain, mais pas à pas, un peu comme dans l’ascension d’une montagne.
Les commandements à suivre sont ceux de l’amour. Jésus encourage ses frères à aimer leur prochain. . Pour "Vivre le Royaume", nous avons à proclamer qu’il est proche en semant le bien autour de nous, en accueillant, en consolant, en relevant les femmes et les hommes, en donnant gratuitement aussi. Un paysan qui sème est plein de joie et d’espérance à voir son champ verdir à l’approche de l’hiver. Ce sont aussi plein de rêves et de projets qui peuvent aboutir pour sa famille. N’en est-il pas de même pour Dieu ?
Le Royaume de Dieu en nous est toujours à accueillir et à le laisser croître chaque jour. Comme une toile entre les mains d’un artiste : le premier jour, la toile est là, à peine ébauchée (comme le royaume est en nous, invisible encore). Le lendemain, la toile est déjà plus riche. Un mois après, elle est resplendissante ! Pleine de lumière, de vie, d’espérance, de paix, de joie ! Ainsi peuvent devenir nos vies ! Avancer vers Noël pour une resplendissante poussée de lumière !
Jean Pierre MAÇON
Merveilleux conteur et pédagogue que Jésus ! En cette " parabole des talents ", presque tout est dit des relations que les hommes choisissent d’avoir ou non avec Dieu. On connaît l’histoire… Un Maître s’absente pour un voyage, mais qui prend soin auparavant « d’appeler ses serviteurs et de leur confier ses biens », avec pour seule consigne de faire fructifier les " talents " ( représentant ici une monnaie d’époque mais aussi toutes formes de dons reçus).
Les mots ont ici toute leur importance… Dieu semble s’absenter du monde. Mais ce n’est ni retrait ni désintérêt. Il s’absente après avoir « appelé ses serviteurs ». « Appeler », un mot fréquent de la Bible qui dit à quel point Dieu nous voit et nous veut grands et à quel point il a besoin de nous. Nous ne sommes ni fourmis, ni clones, ni automates, mais des êtres Appelés par Lui dans la confiance et pour vivre et bâtir avec Lui dans la confiance. Appelés, non pour exécuter des ordres divins infantilisants mais pour se voir « confier les biens mêmes de Dieu ». Ses biens à Lui, c’est l’univers entier mais aussi chacune de nos humanités à faire grandir. Les biens qu’il nous confie, c’est Jésus comme Frère et l’Esprit comme Force. C’est son Royaume d’amour à accueillir. Et, par nos talents partagés, tout cela devient une aventure du don de soi qui fait rendre l’Amour de Dieu Présent en ce monde. Mais si ces talents s’arrêtent de circuler, Dieu n’est plus que Spectateur impuissant et l’humanité a froid.
Manquerions-nous de talents, de dons reçus ? Non, ce n’est pas le nombre qui compte. Dans la parabole, l’un a reçu un seul talent, mais son problème à lui, ce n’est pas qu’il n’en a reçu qu’un, c’est qu’il est victime d’une fausse image de Dieu : « Je savais que tu es un Maître dur… j’ai eu peur et je l’ai enfoui dans la terre. " La relation avec Dieu est faussée et devient improductive quand on commence à se défier de Lui. Il n’est plus alors ce Père en qui se fier, mais un concurrent à affronter. Un Maître ombrageux dont la présence est pesante. Un surveillant pointilleux qui ne laisse rien passer. Nous n’avons jamais fini de nous défaire de ces images déformées de Dieu qui font naître méfiance face à Dieu et aux autres.
Par contre, les deux hommes qui ont fait fructifier leurs 5 ou 2 talents reçus nous disent que ce qui fait la beauté d’une vie, c’est sa fécondité. D’une manière mystérieuse, Dieu fait décupler les forces d’amour qu’il a déposées en nous, même si nous ne portons encore qu’un fruit chétif. Son Amour est si impatient à se communiquer qu’il ne désespère jamais de nous. En ces temps de crise sanitaire, économique et morale, Il nous relance pour mettre en circulation tous nos dons reçus et éveiller chez d’autres la joie de découvrir leurs propres talents… ’A la fin de notre vie, nous serons jugés sur l’amour’ que nous aurons fait circuler.
Michel Retailleau
Cette parole de Jésus, pour annoncer son retour, n’est pas une menace pour effrayer. D’autant plus que pour l’introduire il raconte une fête de mariage : quoi de plus heureux ?
Le royaume de Dieu est donc comparable à des noces : En Palestine, le jour du mariage la fiancée se prépare chez elle avec ses filles d’honneur, et attend. Son fiancé est avec son père et son beau-père à négocier la dot et les cadeaux qu’il doit faire à sa belle-famille. Ils n’avaient pas attendu ce moment pour en parler, mais c’était une ultime négociation qui pouvait durer jusque dans la nuit. Lorsque le contrat était conclu, le fiancé et ses garçons d’honneur partaient en cortège chercher la fiancée chez elle. Un messager les précédait et annonçait leur arrivée. Les filles d’honneur venaient à leur rencontre et les deux cortèges se fondaient ensemble dans un même chemin de lumières et de fête. Et ils escortaient les mariés jusque dans leur future maison où était donné le banquet.
Jésus compare la venue du règne de Dieu, et son retour de la fin des temps, à ce jour de fête et de liesse. Il viendra à notre rencontre et il espère que nous serons là pour aller à sa rencontre dans un joyeux cortège de lumières.
Mais dans la parabole racontée par Jésus, certaines filles d’honneur avaient pris leur rôle à la légère, sans se mobiliser pour réussir la fête. Elles sont venues négligemment, sans huile, pour leur lampe de cortège. C’est un affront qu’elles ont fait au marié le jour de ses noces. « Je ne vous connais pas leur dit-il ». C’est dur, mais il constate qu’elles n’étaient pas en communion avec lui...
Par cette petite histoire Jésus cherchait à mobiliser ses auditeurs en vue du Règne de Dieu qu’il disait tout proche. Et St Matthieu en la racontant cinquante ans plus tard nous invite à veiller, à être prêts ; calmes mais ni dilettantes, ni amateurs, pour n’être pas pris au dépourvu par sa venue.
Pour cela il faut avoir au cœur la passion et le désir de le rencontrer : « Dieu tu es mon Dieu. Je te cherche dès l’aube. Mon âme a soif de toi. Après toi je languis » (Psaume 62). Nous espérons son jour mais la rencontre est quotidienne aussi. Comme la Sagesse dans la première lecture, « il se laisse trouver. Et celui qui le cherche le trouve chaque jour assis à sa porte. Au détour de notre chemin il nous apparait avec un visage souriant ». Il vient à nous de jour et de nuit, dans les évènements de notre vie, dans nos rencontres et relations de ceux qui nous aiment ou ont besoin de nous. Il est là dans nos dans nos nuits d’échec, de deuil, de souffrance ... il nous fait signe dans la folie des hommes qui tuent au nom de Dieu, qui s’insultent et menacent la paix...
Et Il vient à nous dans l’écoute de sa Parole, dans notre prière personnelle, dans notre communauté d’Eglise et les sacrements qu’elle nous donne : C’est ainsi que nous apprenons de Lui, à vivre comme Lui. C’est ainsi que peu à peu il pourra nous reconnaitre quand Il viendra. Et Il nous emportera pour que nous soyons toujours avec Lui.
Robert JOURFIER
C’est vrai, j’assume ! Et cette idée là, voyez-vous, elle déménage. Elle déménage le cœur. Oh, je sais ! Vous allez me dire : « La sainteté, ce n’est pas pour moi » ! Et bien, je pense le contraire : c’est tout à fait pour toi, c’est à ta portée. A condition que tu ne comptes pas seulement sur tes forces, ton courage et ta volonté, mais que tu t’appuies aussi sur le Christ et sa Parole.
Je sais que vous allez encore me dire : « Mais qui peut-être parfait en ce bas monde ? » C’est vrai que nous confondons souvent la sainteté et la perfection. Seul Dieu est parfait. Pourtant, nous sommes appelés à la sainteté au cœur même de nos imperfections ! Ces limites qui nous grattouillent, qui nous énervent parfois, on peut les dépasser et poursuivre son chemin !
Vous allez encore me dire : « Mais l’amour dont parle l’apôtre Jean, et les Béatitudes que nous avons entendues dans l’Évangile, c’est impossible à vivre chaque jour ! » Attention ! La sainteté ne consiste pas dans le fait d’y arriver, mais dans le fait de vouloir et de s’efforcer à supplier Dieu de nous la donner car nous ne pouvons pas nous l’attribuer à nous-mêmes par nos seuls efforts… Et puis, on n’est pas obligé de pratiquer toutes les Béatitudes, à tout moment ! On peut, par exemple, en choisir une chaque jour, et chercher à la mettre en pratique, au travail, à la maison, dans le quartier…
Mais on voit aussi l’un ou l’autre qui pense : « Bon, OK, moi je veux bien être appelé par Dieu à la sainteté… Mais cette personne en est trop éloignée, elle n’y arrivera jamais. " Jésus Christ ne nous dirait-il pas aujourd’hui : « Mon ami, tu te trompes : aucune personne, sur cette terre, n’est privée de la possibilité d’avancer sur le chemin de la sainteté. C’est vrai qu’il y en a qui, apparemment, partent de plus loin que d’autres ! Mais ils peuvent aussi devenir des saints… Et puis, garde-toi de te comparer aux autres ; tu éviteras ainsi de juger ou de condamner. »
Comment progresser vers la sainteté ? On peut prier. On peut méditer la Parole de Dieu mais surtout s’efforcer humblement de vivre en servant ceux qui sont dans le besoin. On peut venir célébrer régulièrement, le dimanche, avec sa communauté. On peut s’appuyer sur ceux qui sont en chemin. Mais surtout, n’oublions pas : cette aventure est une aventure de joie, d’amour, de grâce. Alors, n’hésitons pas une minute. Plongeons dans cet Appel à la sainteté mais avec humilité ! Jésus, n’a-t-il pas dit : « Je suis là, tout près de toi, avec toi, en toi » ?
Jean Pierre MAÇON
" Aimer à perdre la raison " ! Combien d’entre nous n’ont-ils pas fredonné cette chanson de Jean Ferrat empruntée à Aragon ? Paroles d’un homme si envoûté par la femme qu’il aime qu’il en oublie de vivre pour lui-même et pour le monde ? Oui, l’amour humain peut faire " perdre la raison " ! Mais voilà que, sans mépriser ce fait, Jésus nous propose un autre art d’aimer. Aux pharisiens qui lui demandent : " Quel est le plus grand commandement ? ", il répond : " Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. Et tu aimeras ton prochain comme toi-même. " Autrement dit : ce qui peut ’commander’ une vie, ce n’est pas 1 amour mais 3. Ou plutôt, 3 amours en 1 !
Car il s’agit ici d’aimer et Dieu et son prochain et soi-même, d’un même élan. Et aimer avec… et tout son cœur et toute son âme et tout son esprit. La difficulté, c’est que notre cœur, notre esprit et notre volonté sont divisés intérieurement. Nous aimons mais … comme un « saucisson », en nous découpant : une rondelle d’amour pour Dieu, une rondelle pour soi et une rondelle pour les autres. Il nous manque d’unifier et notre cœur et notre intelligence et notre intériorité puis de les mobiliser ensemble pour que l’on puisse aimer non par rondelles d’amour séparées mais d’un seul et même mouvement et Dieu et soi-même et les autres.
Comment ? En découvrant que je suis " fait à la ressemblance de Dieu ", je reconnais que l’Amour vient de Dieu et que cet Amour-là qui n’exige rien et s’offre gratuitement doit être le premier. Aussi, le moyen le plus sûr de s’aimer soi-même avec ses limites et son péché, c’est de passer par le Cœur de Dieu. Car j’y apprends que, même avec mes misères, " j’ai du prix aux yeux de Dieu " car Dieu n’a d’autre RAISON d’ÊTRE QUE DE CHOISIR D’AIMER tous les êtres humains, de manière unique. Ce dont moi, je suis bien incapable par mes seuls efforts !
Et si Dieu m’aime moi comme je suis, j’ai à apprendre à aimer " mon prochain " que Dieu aime tout autant que moi - Le prochain, c’est à dire ceux qui me sont ’proches’ ou ceux dont je me rends ’proche’-. Jésus qui a vécu si divinement ces 3 amours dans 1 cœur non partagé, « non saucissonné », est le seul qui puisse nous apprendre à "aimer sans perdre la Raison " qu’est Dieu. Telle est la beauté de l’amour chrétien quand il est vécu ainsi dans la Force de l’Esprit ! Mais c’est l’apprentissage de toute une vie !
Michel Retailleau
Des partisans d’Hérode et des pharisiens flattent Jésus : « Nous savons que tu es toujours vrai, tu ne te laisses pas influencer, tu ne juges pas les gens sur leur apparence, tu enseignes le chemin de Dieu en vérité, alors dis-nous : faut-il ou non payer l’impôt à César ? » Ce beau compliment, ils n’en croient pas un mot. S’ils croyaient que Jésus enseigne le chemin de Dieu, ils le suivraient. Ils sont trop polis pour être honnêtes : soit Jésus répond « oui il faut payer » : alors il est un faux messie incapable de résister à ces païens qui souillent la terre sainte. Soit il répond « non » et il est un fauteur de troubles, un hors la loi que les romains vont sanctionner. Jésus n’est pas dupe de leur piège. Il les traite d’hypocrites. D’autant qu’ils ont déjà répondu eux-mêmes à la question puisqu’ils sortent de leur poche : la pièce de l’impôt qu’ils s’apprêtent à payer.
Alors Jésus leur dit : « Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. »
1. Rendez à César ce qui est à César : l’Empire romain est le pouvoir en place. C’est la réalité politique du moment. Elle n’est pas idéale, mais elle est là. Rome garantit la paix, la sécurité, le commerce, la liberté d’exercer leur religion. Ils s’en accommodent. Il est alors normal qu’ils payent l’impôt.
2. Ne rendez à César que ce qui est à César. César a le droit d’exiger l’impôt. Mais il n’a pas le droit d’exiger un culte de sa personne. Sur les monnaies de l’impôt, il y avait l’effigie de l’empereur avec cette mention « Tibère César, fils du divin Auguste » Ces monnaies, idolâtres, devaient brûler les doigts de tous les juifs. C’est pourquoi, dit Jésus, renvoyez à César cette monnaie qui lui appartient. Pendant son procès, il dira à Pilate : « tu n’aurais sur moi aucun pouvoir s’il ne t’était donné d’en haut. » Le respect n’est pas l’adoration ou la servitude.
3. Rendez à Dieu ce qui est à Dieu. C’est Jésus lui-même qui est à Dieu et qui vient de Dieu. Rendre à Dieu c’est accueillir Jésus, c’est le reconnaitre comme l’envoyé de Dieu. C’est reconnaitre qu’il enseigne vraiment les chemins de Dieu. Et c’est le suivre sur ces chemins de liberté.
L’effigie de César est inscrite sur les monnaies, mais l’effigie de Dieu est inscrite en nous. Il nous a créés à son image. Par Jésus, nous sommes devenus enfants de Dieu et c’est à lui d’abord que nous nous efforçons d’obéir. Là est la source de notre liberté intérieure. Nous ne divinisons aucun pouvoir, aucune autorité. César n’est que César.
Pour autant nous le respectons. Les chrétiens respectent la politique, le vote, les élus, le débat. Nous ne disons pas comme d’autres : « ils sont tous pourris. » Nous pensons avec l’Eglise que la politique est le champ de la plus vaste charité. (Pie XI) Nous considérons que c’est notre devoir d’obéir aux lois, aux responsables, et de participer à la gestion du bien commun.
Mais toujours en rendant à Dieu ce qui est à Dieu, « par une foi active, une charité qui se donne de la peine, une espérance qui tient bon ». (2°lecture)
Robert JOURFIER
Après celle des vignerons homicides de dimanche dernier, une autre parabole nous est proposée : celle d’un banquet ouvert à tous, où Dieu, comparé à un Roi qui célèbre le mariage de son fils invite tout le monde à sa table. Il n’invite pas à un repas ordinaire, mais à un banquet car Dieu est généreux. Dans l’Ancien Testament, Dieu se présente comme celui qui établit une alliance avec Israël, son peuple (et ce c’est nous tous). Ce banquet de noces symbolise cette alliance, basée sur l’amour, un amour infini, et scellée dans le Nouveau Testament à travers la personne de Jésus. De cette manifestation d’amour Dieu attend une réciprocité de la part du peuple (Tu aimeras ton Dieu de tout ton cœur). Vous les enfants qui en ce jour intégrez pleinement notre communauté par le baptême et la communion, vous êtes ces invités privilégiés de Dieu…Quelle réponse allez-vous donner dans l’avenir ?
Selon la parabole, l’invitation du Roi au banquet est refusée, non pas une seule fois mais plusieurs fois. Les invités n’y accordent aucune attention. Ils ont des choses plus importantes à faire, des urgences à gérer. En réponse à la gratuité de l’invitation, à l’insistance du Roi, les serviteurs sont maltraités voire tués. C’est ainsi que Jésus, dans cette parabole, résume le drame d’Israël : invité à une relation d’amour éternel, le peuple élu par Dieu répond par l’indifférence et le meurtre. Aujourd’hui encore, Dieu continue à nous inviter à la table de son Fils. Quelle est notre réponse à nous qui sommes à la croisée des chemins ?
Dieu nous invite à son banquet de multiples manières, et pas seulement à travers les enseignements de son Église ou les prédications des prêtres. Il nous invite à nous inspirer des exemples et des convictions de foi de tant d’hommes et de femmes chrétiens qui aspirent à la sainteté. Il nous invite à tourner notre regard vers lui.
Beaucoup pensent que le bonheur peut se trouver ailleurs qu’au banquet que Dieu nous prépare. Ils pensent qu’en donnant un minimum de leur temps à Dieu, ils vont avoir un maximum de temps pour eux-mêmes. Mais qui est le maître des temps et de l’histoire ? N’es- ce pas Dieu ?
Vous les jeunes, sachez que chaque fois que nous rencontrons une personne, nous pouvons y reconnaître l’image de Dieu et nous émerveiller d’un tel don. Si nous cherchons le visage de Dieu, nous pouvons le trouver dans la contemplation de l’homme qui donne, se donne, pardonne. C’est l’Esprit Saint qui nous permet alors de le reconnaître et de l’accueillir comme un fils bien-aimé et de chanter sa louange. Rendre à Dieu ce qui est à Dieu, c’est le voir en toutes choses et dire MERCI. "EUCHARISTIE" veut dire MERCI !
Jean Pierre MAÇON
Encore une histoire de vigne dans cette parabole mais cette fois, sur fond d’histoire d’amour contrarié. Un vigneron qui aime sa vigne, la soigne et l’aménage pour qu’elle produise son fruit mais qui rencontre bien des déboires le temps de la vendange. Les serviteurs, chargés de récolter les fruits sont frappés, lapidés ou tués. Aussi, le maître risque le tout pour le tout en envoyant son propre Fils. " Au moins, ils respecteront mon fils !" Peine perdue : ils n’ont à l’esprit que le désir de s’accaparer la vigne pour eux-mêmes et ils mettent l’héritier à mort…
En écoutant cette parabole, les grands prêtres et les anciens ont du comprendre... C’est l’histoire de Dieu avec son Peuple qui est décrite. Israël a souvent fait la sourde oreille aux avances du Vigneron qu’est Dieu. Dieu a essuyé tant de refus de ce Peuple pourtant choisi que la qualité du vin récolté n’est pas à la hauteur espérée. Amère déception !
Cette parabole ne prend que plus d’ampleur en ce jour de rentrée pastorale. Comme toute communauté du monde, Ste Hélène est une parcelle de la Vigne où Dieu nous donne la mission de produire des fruits d’amour, de fraternité, de justice et de paix… C’est une histoire d’amour que Dieu continue de tisser, nous invitant personnellement et en communauté à raviver notre foi au Christ. Nous faisant le don quotidien de la force de l’Esprit Saint à travers l’écoute de la Parole, le partage de l’Eucharistie et la célébration des Sacrements.
Dans ce démarrage d’année, nous ne repartons pas de zéro. Depuis 1934, nous bénéficions d’une histoire tissée entre le Vigneron et la Vigne de Ste Hélène. Nous sommes les heureux bénéficiaires de l’expérience et des fruits des anciens qui ont donné naissance et visage à la paroisse ! Mais demeurent toujours des manières d’être, de faire, de croire qui ont besoin d’être taillées et ré-évangélisées pour que le millésime 2021 réjouisse toujours plus le cœur de Dieu et le palais de ceux qui cherchent pleinement sens et souffle à leur vie.
Dans la crise sanitaire actuelle, les soignants craignent plus que tout, chez les personnes fragiles " le syndrome du glissement ". Forme d’engourdissement repérable à la perte d’appétit et du goût de vivre, au repli sur soi et à de la tristesse. Dieu merci, Ste Hélène est encore bien vivante et vit de joie et d’espérance ! Mais si nous n’y prenons garde, ce "syndrome du glissement " peut se nicher dans notre vie personnelle et communautaire et peut se faire perte de goût spirituel et missionnaire. Aussi, les recommandations de St Paul, dans la 2ème lecture demeurent très actuelles : " Tout ce qui est vrai et noble, tout ce qui est juste et pur, tout ce qui est digne d’être aimé et honoré, tout ce qui s’appelle vertu, tout cela, prenez-le en compte " (Ph. 4, 6-9).Ce que je souhaite à tous et à chacun en cette RENTREE !
Michel Retailleau
Ceux qui ont des enfants ou des ados à la maison connaissent bien cette situation du Fils ou de la fille qui, lorsqu’on l’appelle pour lui demander un service, répond « oui, j’arrive » mais continue à lire son smartphone sans bouger. Ou celui qui répond « non, je n’ai pas envie » mais qui après un moment se ravise et fini par venir. Mais Jésus ne raconte pas cette scène familière pour donner une leçon de morale aux ados. Il s’adresse aux autorités religieuses de son peuple.
Il leur dit : ce fils qui dit oui en paroles, mais qui fait non dans ses actes, c’est vous, prêtres et anciens. Depuis toujours vous êtes les professionnels du oui à Dieu, les professionnels de la Loi de Dieu et vous vous sentez impeccables. Pourtant vous n’avez pas reconnu l’appel de Dieu quand Jean Baptiste vous a invités à la conversion. Vous pensez que vous n’avez pas besoin de conversion. Et vous priez chaque jour pour que vienne le messie, mais vous ne reconnaissez pas qu’il est là.
Par contre cette foule de pécheurs, les collecteurs d’impôts et les prostituées, eux qui sont les professionnels du non à Dieu, les habitués du péché que vous méprisez tant, eux ils ont entendu l’appel de Jean Baptiste et ils se sont laissés plonger dans le baptême du repentir. Ils ont reçus ma parole. Maintenant ils vous dépassent et vous précèdent dans le royaume de Dieu.
Par cette parabole, Jésus nous dit, comme Ezéchiel, que Dieu est patient. « Si le méchant ouvre les yeux, se détourne de sa méchanceté et pratique le droit et la justice, c’est certain il sauvera sa vie » (première lecture). Dieu offre sans cesse son pardon. Il attend notre conversion. Il n’est jamais trop tard pour changer d’avis, réviser nos comportements et nous ajuster à sa parole.
Nous sommes aujourd’hui dans la journée mondiale des migrants et des réfugiés. Voilà bien un domaine où Dieu nous appelle à travailler avec lui : Il nous parle par les images terribles de ces personnes, hommes, femmes et enfants jetées sur les routes, ou sur la mer, maltraités, rançonnés, asservis dans les pays traversés. Il nous parle par les appels pressants du pape ; par l’appel de Paul à la compassion et à se préoccuper des besoins des autres (2°lecture) ; par la parole et l’exemple de Jésus qui s’est fait serviteur de tous...
Les états européens n’arrivent pas à s’entendre pour des solutions justes et humaines. Beaucoup de personnes entendent l’appel, mais sont retenues par l’impuissance, la peur de l’autre, parfois le racisme. Mais beaucoup, chrétiens ou non, se mobilisent, font des sauvetages en mer, en montagne, soignent, organisent l’accueil et l’hospitalité, individuellement et par le moyen de nombreuses associations.
« Il faut connaitre pour comprendre, dit le pape. C’est le premier pas. En les rencontrant et en connaissant leurs histoires nous parviendrons à les comprendre. Et en nous approchant, nous parviendrons à nous faire leur prochain. »
Il n’est jamais trop tard : Soyons de ces enfants de Dieu qui voudraient désormais essayer de faire oui à sa demande.
Robert JOURFIER
La parabole dite des "ouvriers de la dernière heure" peut prêter à sourire tant elle apparaît irréaliste. Dans une gestion rigoureuse, quel entrepreneur se risquerait à embaucher des ouvriers à 5 horaires différents et pour un seul et même salaire ? On le sait, l’Évangile n’est pas un manuel d’économie. Mais il fait entrevoir une autre vérité : Dieu est toujours "en sortie" pour aller à notre rencontre et proposer une offre d’embauche : "Allez travailler à ma vigne ». Entendons : " allez travailler à mon Royaume d’amour, de justice et de paix. J’ai besoin de chacun quelques soient son âge, sa fonction, ses compétences… " Quand, dans la vie, on découvre qu’on est Appelé, on ne vit plus pareil, on se sent " utiles ", la vie a du sens !
"Travailler à la vigne" de Dieu commence par se vider l’esprit de tous ces slogans répétés à l’envie disant que ’le monde est pourri’, que ’ça ne sert à rien de vouloir se bouger’ et, qu’ il faut profiter de la vie’... Slogans vénéneux qui servent souvent d’excuses à notre tiédeur et manque d’audace. Certes, nous vivons une crise de civilisation, à tous niveaux : économique, social, sanitaire, moral etc... mais aussi, et peut-être avant tout, crise spirituelle. Dans ce monde où l’argent est Roi, où l’individualisme nous ronge, nos jugements sont faussés. Quand se perd le sens du partage et de la dignité des pauvres..., quand l’intérêt personnel passe avant l’intérêt de tous..., quand on ne croit plus en la solidarité et la justice, et qu’on laisse Dieu au placard… ce sont là des signes que cette crise est véritablement une crise de l’esprit. Alors, haut les cœurs et entendons l’Appel à travailler à la Vigne de Dieu !
A qui s’adresse cette parabole ? Aux pharisiens et aux scribes d’abord qui s’indignent de voir que la Bonne Nouvelle du Royaume est offerte autant aux petits, aux malades et aux pécheurs qu’à eux-mêmes qui se considèrent comme des" justes " aux yeux de la Loi. Dieu est injuste ! Mais c’est à nous aussi que cette parabole est adressée, afin que nous découvrions la vraie Justice de Dieu. En donnant à tous les ouvriers de la vigne le même salaire d’un denier, qu’ils soient allés au travail tôt le matin ou tard dans l’après-midi, le Maître de la vigne qu’est Dieu nous invite à ne pas compter sur nos mérites. Pour le croyant de longue date comme pour tout récent baptisé, Dieu, dans sa Bonté, est souverainement libre de donner son " paradis ". Le bon Larron en sera le premier et l’heureux bénéficiaire !
Devant Dieu, on ne peut se prévaloir d’aucun mérite, d’aucun passe-droit ; pas même celui de l’ancienneté ou de la meilleure formation dans la foi. Ce qui nous "met en vie", c’est d’expérimenter Sa Justesse dont la mesure est la démesure de sa Miséricorde.
Michel Retailleau
Les textes bibliques nous proposent de prendre le chemin entre la Galilée et Jérusalem, et d’écouter Jésus préparer ses disciples à vivre l’Évangile, et à le vivre pleinement. Il va devoir faire face à toutes sortes de difficultés chez ses disciples, mais aussi chez les Judéens. Car ils attendent tous un Messie qui va tout rétablir. Un peu comme nous rêvons tous d’ailleurs d’un grand homme qui va faire la justice et remettre les choses dans l’ordre !
Mais voici que, pour nous faire rentrer dans la profondeur de notre être, Jésus va parler du pardon. Et nous sommes bien là au cœur du nœud de notre vie chrétienne quand nous voulons marcher à sa suite. En ce jour, Il nous invite à évaluer notre cœur dans sa capacité de pardon. Il nous amène à vérifier où nous en sommes de la réception de l’Évangile et de notre transformation. Car, si nous pensons tous qu’il faut bien pardonner pour pouvoir avancer, en général, nous mettons tous une mesure : il y a des choses pardonnables – les petites choses – et un jour, il y a des choses trop graves que l’on ne peut pas pardonner.
C’est le propos très généreux de Pierre, qui demande s’il faut pardonner jusqu’à 7 fois…Mais, que se passe t-il lorsque nous mettons une limite, comme Pierre ? Au moment où l’on ne peut plus pardonner, nous nous positionnons comme "justes ", et l’autre comme " injuste ". Or, Jésus, dans le dépouillement qu’il fait de lui-même quand il avance jusqu’à la croix, se charge à jamais de nos péchés. Il ne cherche pas à rétablir le monde comme un roi de la terre. Cette profonde humilité qui le réduit jusqu’à ce rien, est ce Dieu qui donne tout : le Père est celui qui se donne tout entier, et pour le faire, il ne peut pas se mettre au-dessus des autres.
Nous disons qu’il y a des choses " impardonnables ". Pourtant, la chose la plus impardonnable n’est-elle pas le meurtre, le procès et la condamnation du Fils de Dieu qui nous est envoyé ? Lui qui est doux et humble de cœur, est pourtant bien celui qui pardonne ! « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font… »
Nous qui ployons sous des fardeaux de rancune, avec des bouts d’histoires personnelles, familiales, communautaires, de travail, de société… blessées, demandons au Seigneur de mettre notre cœur en harmonie avec son amour, avec cette Source, pour qu’elle devienne un grand fleuve !
Jean Pierre MAÇON
C’est l’heure de la rentrée, chacun reprend ses habitudes. Mais qui n’est pas habité par les défis auxquels nous sommes affrontés ? Le Covid qui continue à secréter son climat de méfiance... La relance de l’économie et les incertitudes concernant l’emploi, les changements climatiques ou l’avenir des jeunes... Tout cela, sur fond d’une humanité rongée par le soupçon et la violence… Le tableau serait-il si sombre que nous devrions nous laisser aller à la désespérance ? Désespérer de Dieu, de la capacité de Jésus à faire un homme nouveau ? L’Évangile de ce jour nous donne quelques pistes.
" Quand 2 ou 3 sont réunis en mon Nom, dit Jésus, je suis là au milieu d’eux. " Sortir de chez soi, se rassembler avec joie et le faire au nom de Jésus, c’est entendre un Appel à la confiance pour avancer. En ce début d’année, mesurons à quel point nos groupes, nos services, notre paroisse sont des Cadeaux de Dieu ! Notre communauté, dans la diversité de ses cultures et de ses sensibilités, n’est pas une assemblée humaine ordinaire. Avec Jésus présent, nous devenons nous-mêmes présence du Christ les uns pour les autres et pour le quartier. En même temps que le Christ nous porte, nous portons le Christ. Notre présence dominicale est d’abord l’occasion d’un immense Merci à Dieu pour un tel Cadeau !
Nous découvrons aussi qu’ensemble, nous avons un pouvoir sur Dieu : " Si 2 d’entre vous sur la terre se mettent d’accord pour demander quoi que ce soit, ils l’obtiendront de mon Père qui est aux cieux." Non, Dieu n’est pas un magicien qui ferait tout et à notre place. Mais il sème des graines de confiance et de fraternité qui nous aident à nous défaire de notre égoïsme et à regarder l’Avenir. Aussi, affronter ensemble la vie avec le soutien de l’Esprit Saint aide à " faire toutes choses nouvelles." Oui, Dieu est prêt à nous accorder " quoi que ce soit " qui soit bon pour nous ! En sommes-nous convaincus ?
L’Évangile nous dit encore qu’un autre cadeau nous est offert, celui de la réconciliation. Le pouvoir d’être les uns pour les autres des signes du pardon et de la miséricorde de Dieu. Oui, nous pouvons rencontrer des moments de tensions, voire de conflits, mais parce que Jésus "est avec nous", il nous donne la force de dépasser ces rancœurs, ces divisions : " Si ton frère a commis un péché contre toi, va lui faire des reproches seul à seul. S’il t’écoute, tu as gagné ton frère ". Jésus nous donne d’inventer des mots et des gestes qui ’délient’ les brouilles, défont les nœuds des blessures qui naissent entre nous : " Tout ce que vous aurez délié sur la terre sera délié dans le ciel." Avec Jésus, choisir la bienveillance, la parole qui encourage sans dénigrer, croire au pardon, c’est rejoindre le désir de St Paul : " N’ayez de dette envers personne, sauf celle de l’amour mutuel." En marche, l’heure est à la confiance !
Michel Retailleau
J’aime cette réflexion pleine de justesse : " On dit qu’on a la foi. Non ! On n’a pas la foi, c’est elle qui vous a." La foi n’est pas affaire de possession privée pour son usage personnel et familial. Quand " la foi vous a ", c’est elle qui vous anime, vous mène et vous rend capables d’actes que, seul, vous ne pourriez réaliser. C’est une Energie qui vous fait "sortir hors " de vous-mêmes. L’Evangile missionnaire de ce jour ne dit rien d’autre. Dans "l’après-Covid " où, avec toute la société, nous sommes appelés à renouveler nos manières de vivre, le Christ est un guide précieux qui nous invite à ne pas avoir peur.
" Si c’est la foi qui vous a ", "ne craignez pas" dit-il de vivre dans la confiance en Dieu. L’histoire Sainte nous l’enseigne : dans les moments d’adversité, le croyant peut toujours accueillir la Grâce de la Présence de Dieu pour avancer. En partant d’Abraham et des Hébreux au désert, en passant par les prophètes, cette Confiance culmine avec Jésus sur la croix. Désormais, nous le savons : le Ressuscité marche avec nous " tous les jours jusqu’à la fin des temps." Et rien n’échappe au Regard bienveillant du Père. De manière imagée, l’Evangile dit qu’un oiseau peut tomber du nid ou un cheveu de notre tête, Dieu sait tout cela ! Tout en respectant notre liberté, il nous offre Sa Présence pour nous inviter à marcher avec Lui dans tout ce qui fait notre vie. Alors, de quoi aurions-nous peur ? Que pourrait-il nous arriver de si grave, si nous vivons dans l’élan d’une telle Confiance ?
" Si c’est la foi qui vous a ", "ne craignez pas" nous dit encore Jésus qu’elle fasse de vous des témoins contagieux ! Quand on aime, on n’a pas peur de le dire ! Et pourtant, nous avons bien du mal à parler de notre foi. La société la considère même comme une affaire privée dont on ne doit pas faire mention dans la vie publique. Mais si c’est la foi qui nous possède, comment nous taire quand tant de gens cherchent vie et sens à leur existence ? Aussi, faut-il plus que jamais apprendre à " rendre compte de l’espérance qui est en nous « , comme dit Saint Pierre. La dire par des mots certes, mais en cherchant surtout à la dire avec des actes de partage et de fraternité qui ouvrent au goût de parler de ce qui fait vivre.
" Si c’est la foi qui vous a ", et vous fait vous " déclarer pour Jésus devant les hommes ", ne craignons pas non plus de nous laisser creuser intérieurement par l’Esprit de Jésus. La foi est aussi affaire de lutte intérieure pour nous libérer de notre "égo", ce " moi encombrant " de nos instincts, de nos besoins, peurs, jalousies… pour apprendre à vivre libres comme Jésus. Au fond, la foi c’est une amande de choix. Elle a la coque, l’écorce, de nos gestes religieux que nous posons mais le cœur de la foi, c’est son noyau intérieur que nous avons à savourer : la Confiance que nous recevons et que nous mettons en Dieu et dans les autres… Et toi, tu as la foi ? Ou bien c’est la foi qui t’a ?
Michel Retailleau
Dans l’évangile de ce dimanche, St Jean nous offre un long discours de Jésus sur le pain de vie, prononcé juste après le miracle de la multiplication de pains. Il parle de la chair et du sang du Christ comme de la vraie nourriture. En vivant cela, Jésus nous établit dans la vérité de la relation à Dieu : il est notre Père qui prend soin de nous et donc nous nourrit. Cette nourriture est là pour nous donner la force et pour nous faire entrer dans la communion à la vie divine. En étant attentifs à une double dimension :
- Tenir ensemble sans cesse : aidant chacun à vaincre ses peurs ou paralysies ; à faire communauté dans le partage des joies et des peines ; à faire corps pour franchir ensemble les obstacles et les barrières de toutes sortes que l’on peut rencontrer dans la vie.
Nul ne peut communier à la vie du Christ sans communier à son corps qu’est l’Église ; faire "Église communauté" qui se fait accueillante à chacun et respectueuse des différences de ceux qui la composent, tout en vivant l’unité dans la foi ; une Église « hors les murs » qui reste vigilante pour ne pas s’enfermer sur elle-même mais ouverte à tous ceux qui cherchent ; une Église actrice et soucieuse de ceux pour qui la vie est difficile ainsi que du "bien commun" de tous ses membres.
Dans la liturgie de ce jour, il est dit dans la préface « Quand des fidèles communient à ce sacrement, tu les sanctifies pour que tous les hommes, habitant le même univers, soient éclairés par la même foi et réunis par la même charité. » Ainsi la grâce de l’eucharistie, nous plonge dans une même sanctification et transforme notre existence à la mesure de l’amour divin.
Chaque eucharistie éclaire à chaque fois d’une lumière nouvelle la présence aimante de Dieu sur le chemin de notre existence.
Par la Parole, par la prière, par le mystère de l’assemblée, se construit réellement le Royaume du Dieu vivant. Ainsi, comme il est dit dans la deuxième lecture « La multitude que nous sommes est un seul corps car nous avons tous part à un seul pain. »
Jean Pierre Maçon
Exode 34, 4-9,2 Corinthiens 13,11-13, Jean 3,16-18
« Dieu a tellement aimé le monde dit St Jean ». Ce n’est pas une conviction nouvelle, les juifs le savent depuis toujours, ils sont aimés de Dieu. Nous en avons un exemple dans la première lecture où Moïse gravit de nouveau la montagne avec de nouvelles tables de pierre pour y ré inscrire la loi d’alliance. Les tables originales, il les avait brisées de colère, en voyant le peuple adorer des taureaux d’or. Puis il a imploré le pardon de Dieu au nom du peuple. Et le Seigneur se présente cette fois dans une rencontre paisible, amicale, intime Il se place près de Moïse et il s’annonce comme « le Seigneur tendre et miséricordieux, lent à la colère et plein d’amour ». L’alliance est renouée. Par la sortie de l’Egypte, par le don de la loi, par le don de la terre, par les nombreux pardons reçus au long de l’histoire, les juifs savent que Dieu les aime.
Ce qui est nouveau, c’est qu’il « a donné son fils unique ». Nulle part, dans la Bible et le nouveau testament on ne trouve le mot Trinité ou Sainte Trinité. Mais le mot Fils et le mot Père sont omni présents. « Abba, papa » c’est le mot privilégié et familier de Jésus, pour s’adresser à Dieu : « glorifie ton Fils afin que ton Fils te glorifie. » C’est ainsi qu’il parle de lui : « le Père et moi, nous sommes un » « le fils aime le Père et fait ce qu’il lui demande » … Et Jésus promet aussi le Saint Esprit, lié au Père et à lui-même : « Je vous enverrai l’Esprit de vérité. Il recevra de ce qui est à moi et que j’ai reçu du Père, et il vous le donnera » Ainsi les paroles et attitudes de Jésus nous ont peu à peu fait comprendre que Dieu n’est pas le grand solitaire qui nous juge de haut, « l’éternel célibataire des mondes. » (Chateaubriand) Mais il est un être en relation, il est communion. C’est pour cela qu’on peut dire qu’il est amour. Un amour qui l’a poussé à se répandre, se partager, en créant le monde et l’humanité. Puis à nous envoyer Jésus, non pour nous juger et condamner, mais nous sauver et nous donner la vie éternelle. C’est-à-dire nous offrir d’entrer nous aussi dans cette intimité qui est la leur.
Notre baptême, « au nom du père et du Fils et du St Esprit » nous a plongés dans cette relation éternellement amoureuse qui est en Dieu. Ce que les théologiens appellent « Trinité » est moins un dogme à croire qu’une expérience joyeuse à faire : entrer en relation avec le Père, nous remettre entre ses mains comme ses enfants, entendre sa volonté. Entrer en relation avec Jésus pour l’écouter et le suivre sur le chemin qu’il a ouvert et tracé, devenir fils comme lui. Entrer en relation avec l’Esprit saint qui met en nous l’esprit filial des enfants de Dieu et l’esprit fraternel avec tous ceux que le Père invite à devenir ses enfants, c’est-à-dire tous les autres du monde entier. Dans une époque de crispations identitaire, ou les personnes et les groupes ont tendance à revendiquer chacun son identité et sa particularité, la Ste Trinité nous montre que c’est dans la relation à Dieu et aux autres que l’on se trouve soi-même. Nous sommes faits à l’image de Dieu. Et invités dès maintenant et pour toujours à faire en lui notre demeure.
Robert JOURFIER
Que s’est-il passé le jour de la Pentecôte ? La liturgie de ce jour offre 2 lectures qui s’apparentent plus à des catéchèses qui enseignent qu’à une description de l’Évènement. D’un côté, les images spectaculaires des Actes des Apôtres (2, 1-11) : un « violent coup de vent », des « langues de feu ». Et de l’autre côté, chez St Jean (20, 19-23), la présence du Ressuscité alors que les portes ont été verrouillées ; puis qui donne Sa Paix, et " souffle sur " les disciples en les envoyant en mission. Reprenons ces images et ces paroles car elles s’éclairent les unes par les autres et nous font entrer dans le mystère de l’Esprit-Saint.
Dans l’image du " violent coup de vent ", on trouve une intéressante anomalie ! Normalement, les murs servent à s’abriter du vent. Mais ici, le vent violent "remplit la maison toute entière " où se trouvent les disciples. Ne serait-ce pas l’image de l’Église qui se transforme en " maison du vent " ? La vie de Jésus ressemble à un formidable coup de vent pour bousculer l’homme enfermé dans ses instincts et son reste d’animalité. Et son message appelle à vivre nos existences à une hauteur et profondeur divines. Par le vent violent de Son Esprit, il invite aujourd’hui encore nos communautés non dans un entre-soi de bien-pensants frileux, mais en êtres de " plein vent ", présents au cœur de ce monde tel qu’il est. Nous avons à "prendre langue" et " langue de feu " ardente avec tous les hommes qui cherchent, plus que jamais, sens et direction à leurs existences. Le temps du Coronavirus ne serait-il pas à accueillir comme un coup de semonce qui réveille nos vies trop endormies ?
Mais ce Souffle n’est pas que " vent violent ". Pour St Jean, il est un Souffle pacifiant : « La paix soit avec vous ». Pourquoi avons-nous tant besoin de paix ? Parce que la peur paralyse nos vies : peur des autres, mais aussi peur de soi, peur de Dieu, peur de l’avenir… Combien de nos esprits et de nos cœurs ne sont-ils pas « verrouillés », barricadés derrière des frontières de toutes sortes que l’Esprit voudrait abattre ! En même temps qu’il nous bouscule, l’Esprit est Joie apaisante car Il donne " fraîcheur, détente et repos ".
Ce Souffle est encore ’Infuseur’ du Divin en nous : « De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. » L’Esprit n’est pas qu’une perfusion momentanée pour traverser les malheurs de l’existence. Il est infusion, pénétration lente de l’Énergie du Ressuscité en nous et dans le monde, pour que nos vies aient le "Souffle" même de Dieu dans un monde fatigué. N’ayons pas peur des mots : Il est " Esprit de Déconfinement " ! Par les " anticorps " de foi, d’espérance et de charité qu’il secrète, Il nous rend plus résistants dans les combats de la vie.
Michel RETAILLEAU
En ce confinement, beaucoup se sont redits à quel point vivre est un cadeau. Cadeau fragile, car est-ce véritablement vivre quand l’individualisme et le consumérisme nous ont été présentés comme seuls horizons de vie ! La vie, pour être " joie de vivre " demande à être vécue comme une aventure ou l’on cherche sans cesse sens à son existence. De ces 2 mois passés, que retenons-nous ? Qu’il faut se sentir " utiles " en prenant " soin " des autres, que nous avons une vie intérieure à cultiver. Que la fraternité et la solidarité ne sont pas ringardes. Que nous avons besoin des autres pour vivre en société et que les métiers même invisibles sont indispensables. Qu’on peut être heureux à dépendre des autres etc… Certes, bien des résolutions de changement vont passer aux oubliettes. Mais n’oublions pas ce parfum d’une "autre vie " possible que nous venons de respirer : on ne vit jamais autant soi-même que lorsqu’on sort de soi-même. Malgré bien des limites, flottait comme une aspiration inavouée à l’éternité : que ’ vivre ensemble ’ comme ça ne finisse jamais !
Forts de cette expérience, arrêtons-nous à ce que dit le Christ qui veut nous " donner la vie éternelle. " Il ne parle pas d’abord de la vie éternelle reportée dans l’au-delà, après la mort. Certes, la vie éternelle est traversée de la mort, mais elle déjà présente dans les morts à vivre sur cette terre ! Quand nous aimons d’amour vrai, quand nos cœurs et nos mains acceptent de s’ouvrir, nous mourons à notre égoïsme et à notre légèreté. Et la vie éternelle commence là, dans ces morts à nous-mêmes où l’on accède à une autre hauteur de vie. Et tous ces gestes, ces actes, greffés sur Jésus le Vivant, deviennent des actes éternels qui ne peuvent plus mourir. Mais il y a plus encore…
" La vie éternelle, nous dit Jésus, c’est qu’ils te connaissent, toi le seul vrai Dieu et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ. " En posant ces gestes ou actes éternels, nous apprenons à mieux connaître Dieu le Père et Jésus son Fils et la Vie qui est la leur. Leur Vie, c’est une circulation d’amour incessant qui les fait sortir d’eux-mêmes et s’ouvrir l’un à l’autre. En nous faisant cadeau de cette vie divine, ils nous font participer (co-naître) à leur vie d’Amour. La Vie éternelle est donc une Source de Vie à accueillir dans nos vies, dès ici-bas en communiant dans l’Esprit, au Père et au Fils. Elle devient alors la Promesse de continuer éternellement cette vie après notre mort... " Seigneur, donne-nous, l’ENVIE DE CETTE VIE ETERNELLE !"
Michel Retailleau
Ce que nous fêtons aujourd’hui, c’est moins un départ qu’une autre présence de Jésus. Ne nous dit-il pas, au moment de nous quitter visiblement : " Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde " ? Il est donc là, mais autrement et même plus intensément. Glorieux, agissant dans ET par son Esprit qu’il nous communique. A y regarder de plus près, nous continuons à célébrer la fête de Pâques : le passage de la vie terrestre du Christ à sa vie glorieuse. Il est définitivement retiré aux apôtres. Sa présence exaltante des quarante jours fait désormais place à la présence patiente dans la SEULE FOI.
Le Christ, dans son humanité glorifiée, est auprès du Père et, en même temps, il demeure en nous. " Je m’en vais et je viens vers vous " (Jn 14,28). Par son départ il vient autrement.
Jésus n’est pas mort et puis c’est fini. Jésus est ressuscité en gloire, ainsi il est élevé, près du Père.
Jésus élevé ne s’est pas distancé de nous. Dans l’ Esprit, il est présent d’une manière plus intense encore qu’au temps de son séjour en Palestine. Le voici présent dans son Église par Sa Parole, ses sacrements, la foi. Le départ visible du Christ est pour nous un appel à continuer son œuvre. Pas d’évasion, soyons ses témoins, ici et maintenant. Un jour le Christ viendra et nous fera participer pleinement à sa gloire et à son intimité avec le Père.
Jésus, en ce jour, nous donne du travail plus que nous n’en pouvons faire : " Allez par le monde entier, proclamez la Bonne Nouvelle, chassez les démons, guérissez les malades. " (Mc 16, 15-18). Comment concilier le désir du ciel et nos responsabilités terrestres ? En prenant conscience que nous sommes en route. Aussi, je m’intéresse à tout ce qui fait cette route : j’y cueille les fleurs des bons moments, les changements à faire ; j’y soutiens le faible qui marche avec moi... Mais je ne m’assieds pas sur le chemin pour y faire ma demeure.
Pour le voir ainsi, pour le découvrir et le connaître vraiment, il faut la foi, une foi vive que Paul demande en une intense prière :" Que le Père vous donne un esprit de sagesse, qu’il ouvre votre cœur à sa lumière. " (Ep. 1, 17-23)
Jean Pierre MAÇON
Après la Pentecôte, l’Evangile s’est vite répandu à Jérusalem y compris parmi des pharisiens, puis jusqu’à Rome et dans les villes de l’empire romain. La première lecture montre l’un des sept diacres, Philippe, qui fuit la persécution, et en profite pour évangéliser en Samarie (Actes 6, 7, 8). D’autres missions suivront par les apôtres et par Paul. L’annonce de l’Evangile rejoignait des chercheurs de vérité, des chercheurs de Dieu : une femme samaritaine exprimait son attente dans un dialogue avec Jésus (Jean ch. 4). Dans les synagogues de la diaspora, des païens appelés « craignant Dieu », fréquentaient le culte juif, séduits par le monothéisme et la beauté de la Bible. Beaucoup d’entre eux ont été séduits par le Christ, comme le centurion Corneille (Actes 10) ou comme Luc, auteur de l’Evangile et du livre des Actes…De nombreux païens aussi ont demandé le baptême suite aux missions de Paul. Ainsi la parole de Dieu gagnait de proche en proche au gré des évènements et des relations des personnes, comme par contamination. Une connexion s’établissait entre l’annonce de l’évangile, et la recherche personnelle de ces nouveaux convertis.
Ces chrétiens, St Pierre, (2ème lecture) les invitait à « honorer dans vos cœurs la sainteté du Seigneur le Christ » et à « être prêts à tout moment à rendre compte de l’Espérance qui est en vous. » C’est notre attachement intime au Christ Jésus qui nous motive et nous pousse à témoigner de Lui. « Avec douceur et respect » demande St Pierre. La mission chrétienne n’est pas un prosélytisme indiscret, intrusif dans la vie des gens. Elle est douceur. Et respect de celui à qui on s’adresse. Comme l’a dit (peut-être ?) St François de Sales : « Ne parle que si on t’interroge, mais vis de telle manière qu’on t’interroge ». Autour de nous, beaucoup de personnes vivent une foi réelle. Pas forcément foi au Christ, mais foi dans la vie, dans l’amour des leurs, dans le désir d’être utiles à la société, et qui manifestent une vraie bonté pour les autres : ce temps du corona a révélé tous ces gens qui ont pris le
risque de servir à leur poste et tous ces autres volontaires venus au secours des plus démunis et des plus fragiles. Les évangéliser c’est d’abord reconnaitre la valeur de ce qu’ils vivent ainsi et leur témoigner notre écoute, estime et admiration. Et nous-mêmes vivre avec eux de telle manière qu’ils aient envie d’aller plus loin et de connaitre Celui qui nous nous fait vivre.
Parce que les hommes sont images de Dieu, beaucoup de ce qu’ils vivent est divin, « pas loin du royaume de Dieu ». Nous aimerions partager avec eux la foi au Christ : « Si vous m’aimez ! » dit Jésus. La foi est une question d’amitié avec Lui. Pour la partager à d’autres, Jésus nous donne, comme assistant et réconfort, l’Esprit saint qui travaille le monde et conduit l’Eglise. Que cet Esprit nous aide à témoigner de cette amitié avec Jésus. Elle conduit au Père. « Celui qui m’aime sera aimé de mon Père, moi aussi je l’aimerai et je me manifesterai à lui. »
Robert Jourfier
Il est pour nous « le Chemin, la Vérité et la Vie ». Lui seul peut nous conduire auprès du Père. Comprenons que Jésus ne se contente pas de nous montrer le chemin. Il est lui-même « le Chemin, la Vérité et la Vie. » C’est en lui seul que nous trouvons la plénitude de la vérité. « Ses paroles sont celles de la Vie Éternelle. » « Personne ne peut aller vers le Père sans passer par lui. » C’est lui qui nous révèle le vrai visage de Dieu. L’Évangile de ce jour est un appel à l’espérance, même si nous sommes « bouleversés » par les incertitudes et les épreuves de la vie, particulièrement en cette période de pandémie. Mais succomber au découragement serait pire que tout. Nous pouvons nous raccrocher aux paroles du psaume de ce jour : « Le Seigneur veille sur ceux qui l’aiment et espèrent en son amour. »
Pour demeurer dans le Christ, il nous faut demeurer dans sa Parole. Il faut se donner du temps pour l’accueillir. Cette Parole de Dieu nous est donnée par la Bible, l’Évangile, une revue ou un livre religieux, une radio chrétienne ou une émission à la Télé… Et bien sûr, n’oublions pas celle qui est proclamée au cours de la messe du dimanche ! Mais, est-ce que nous nous donnons du temps pour accueillir cette Parole ? On ne dira jamais assez l’importance du catéchisme pour les enfants, d’une aumônerie ou d’une équipe de réflexion pour les jeunes. Mais pour nous, adultes, nous arrive-t-il de la partager la Parole de Dieu avec d’autres ? Par mail, SMS etc… ?
Le 2ème chemin pour demeurer dans le Christ, c’est celui de la prière : lui parler et l’écouter. Pas seulement une « petite prière » de temps en temps pour lui confier quelqu’un ou pour lui dire merci ou pour lui demander d’éclairer notre vie. Mais un vrai " entretien " au double sens du mot. Au sens de maintenance, comme on parle de l’entretien de sa voiture. La prière nous aide alors à maintenir l’Evangile en état de marche dans notre vie. Mais aussi dans la prière, on « s’entre-tient », on se soutient les uns les autres, on prie les uns pour les autres, les uns avec les autres… Cette communion avec le Christ se réalise encore par les sacrements, en particulier l’Eucharistie même si en ce moment elle nous manque. Le concile Vatican 2 l’a rappelé : " l’Eucharistie est source et sommet de toute vie chrétienne ". Elle nous donne d’être unis au Christ, de faire corps avec lui. Nous y recevons son amour pour en vivre au quotidien.
3ème chemin, celui de la vie quotidienne : Pour demeurer dans le Christ, il n’est pas question de quitter notre vie de tous les jours ni de fuir ce monde. Ce qui nous est demandé c’est de nous y enraciner et de porter du fruit par l’amour mutuel, le partage, l’accueil, la solidarité... si nécessaires en ces temps !
En ce dimanche, Seigneur, c’est Ta Parole qui nous rassemble sans que nous puissions encore communier. Mais Tu ne cesses de rejoindre chacun de nous. Garde nous vraiment reliés à toi pour porter du fruit.
Jean Pierre Maçon
L’épidémie actuelle a braqué le projecteur sur un profil indispensable de femmes et d’hommes : les soignants. En soulignant que le soin du corps va nécessairement avec le soin de la personne. En paraphrasant Dostoïevski, on peut dire que c’est " la bonté qui sauvera le monde"… Et qu’on doit la trouver chez ceux qui ont reçu " charge d’âmes ". Ne l’oublions pas, l’origine du mot " curé " vient du latin " cura animarum " : celui qui a "soin des âmes ", "soignant de l’âme." Le pape François, à peine élu, à déclaré : " Je vois l’Église comme un Hôpital de campagne après la bataille. Ce dont l’Église a le plus besoin aujourd’hui, c’est de soigner les blessures et de réchauffer le cœur des gens " ?
Dans l’Évangile, Jésus reproche vivement aux pharisiens de se comporter en " voleurs et bandits « , d’être tellement légalistes et intransigeants avec les pécheurs et les pauvres qu’ils les empêchent de toucher la Miséricorde de Dieu. Aussi, reprenant la figure ancestrale des pasteurs (des bergers) et des reproches qui leur ont souvent été faits, il révèle quel est son secret à lui, le seul Vrai Pasteur. Et ce qu’il attend désormais des " soignants de l’âme."
" Mes brebis écoutent ma voix et elles me suivent… " Aujourd’hui, dans un monde où "ça parle" beaucoup, combien de " voix " pèsent par leur hauteur et profondeur ? Si, 2000 ans après, la Parole du Christ a toujours du poids, de "l’autorité ", c’est parce qu’il parlait vrai. A travers son enseignement et ses actes, c’était la "Voix du Père" que l’on entendait. De plus, il " appelait chacun par son nom " et " connaissait " leurs manques et leurs soifs d’une vie autre. Il appelait à Vivre et ses auditeurs devenaient des " sauvés ", des "vivants autrement ". Les pasteurs d’aujourd’hui, en " portant l’odeur de leurs brebis ", (joies, misères et attentes), relaient l’Appel pressant de cette même Voix. Et, par leur présence, par leur parole, les sacrements, leur présence… ils permettent au Christ de toucher encore la terre !
Notre monde a plus que besoin de " soignants de l’âme " qui, comme Jésus, reçoivent la vie en même temps qu’ils la donnent. Ce faisant et malgré leurs propres limites, ils sont des guides pour " faire sortir " de leurs tombeaux ceux qui cherchent à donner sens à leur vie et Visage à Dieu. En cette Journée des Vocations, prions Dieu de nous donner des pasteurs… Mais Le remerciant aussi de trouver en vous de vrais collaborateurs dans ce "soin des âmes".
Michel Retailleau
Un jour, j’ai vu trois enfants du caté mimer magnifiquement cet évangile : Les deux« pèlerins d’Emmaüs » traversaient l’église, accablés. Un inconnu sorti discrètement de l’ombre les rejoignait. Ils marchaient longtemps ensemble, bible en mains. Arrivés au chœur de l’église ils se sont placés derrière l’autel, face à l’assemblée. Jésus au milieu a pris un pain et leur a partagé. Et alors que chacun prenait sa part, Jésus saisissant doucement leurs mains, les rapprochait l’un de l’autre autour de ce pain rompu, tenu à deux, pendant que lui s’effaçait derrière eux dans l’ombre. Ils se retrouvaient alors seuls, côte à côte, interloqués, avec ce pain dans les mains… Puis après un moment de stupeur, ils partaient en bondissant de joie…
C’était une belle mise en scène de cette apparition-disparition du ressuscité. Jésus n’était plus visible mais il leur avait laissé ces cadeaux inestimables : les Écritures qui, éclairées par lui, brûlent le cœur, le pain partagé de l’Eucharistie, et la communion entre frères, communion sans limites puisqu’ils ont couru rejoindre le reste de l’Église à Jérusalem. C’était le soir du dimanche de Pâques, Jésus leur laissait la première messe dominicale et la communauté de l’Église. En ces semaines où nous en sommes privés, il nous reste Dieu merci, les Écritures et les commentaires de « Contacts » ou de la Télé. Mais l’Eucharistie nous manque ! Et la communauté aussi ! Peut-être nous fallait-il ce jeûne imposé par le covid 19 pour que nous puissions ressentir le prix de cette richesse que Jésus nous donne de vivre chaque dimanche tous ensemble : la Parole de Dieu, l’Eucharistie, la communion fraternelle, et la communauté de l’Eglise ? Ce sont les cadeaux de Jésus, et les signes de sa présence, avec nous tous les jours jusqu’à la fin des siècles.
Ces deux disciples étaient aveuglés par leur chagrin et leur déception, au point de rentrer chez eux en tournant le dos à leur groupe de disciples de Jésus. Ils avaient entendu dire que le tombeau était vide et que les femmes l’avaient vu vivant… Mais ils restaient fermés. Et puis le soir, volte-face, ils reviennent en hâte rejoindre le groupe à Jérusalem. Entre temps ils avaient eu cette rencontre mystérieuse avec Jésus. Et, plus que les vingt kilomètres aller-retour, c’est un long chemin intérieur qu’ils ont parcouru avec lui : de la tristesse et du dépit à la joie, de l’enfermement solitaire à la communauté, de l’obscurité à la foi. Jésus venu au-devant d’eux, doucement, avec écoute et patience, leur a permis ce chemin.
Il peut nous le permettre aussi. Quand notre route est sous le signe de la désolation et de l’incertitude, quand nous avons le visage sombre, soyons sûrs qu’il est là : il sait ce qui nous blesse. Il nous ouvrira les Écritures et nous rendra le cœur brûlant. Son Eucharistie nous nourrira et guérira, en même temps qu’une communauté de sœurs et de frères nous sera donnée. Alors nos yeux s’ouvriront… Reste avec nous !
Robert Jourfier
Beaucoup de tensions dans le monde aujourd’hui, et plus encore en ce temps de pandémie, dans la société et parfois dans les familles ! Il peut y avoir aussi des tensions en nous. Nous n’avons donc jamais eu autant besoin de paix. Et il est justement question de paix dans l’Evangile du jour ( Jn 20, 19-31). A 3 reprises, le Christ dit : " la paix soit avec vous ".
Pour commencer, je voudrais vous livrer 2 expériences de paix que j’ai vécues. Généralement on s’attache à ce qui est visible, on se situe dans le registre de l’action. Que puis-je faire pour t’aider ? Puis-je faire quelque chose pour vous ? C’est bien de poser des actes concrets de charité. Mais n’oublions pas qu’avant de le faire, il y a l’être. Ou, dit plus simplement, quand nous sommes face à une personne, même si nous n’en avons pas conscience, nous diffusons quelque chose de nous, nous transmettons notre humeur du moment. Nous sommes en colère, nous diffusons de l’agressivité ; de bonne humeur, nous diffusons de la gaieté.
Une expérience négative : Il y a un certain nombre d’années, là où je travaillais, est arrivé un nouveau chef de production dynamique, très souriant. Mais, à ma grande surprise, je me sentais mal à l’aise quand j’étais en sa présence. J’ai réalisé par la suite que c’était un homme violent, qui ne croyait qu’à la force dans ses rapports avec les autres
Une expérience positive : de 19 à 24 ans, je suis allé à Lourdes au pèlerinage des malades et là j’ai rencontré un prêtre. Un homme rempli de paix. Dès que j’étais en sa présence, je sentais une paix m’envahir. J’allais souvent le voir juste pour recevoir la paix qu’il diffusait. Même pas besoin de ses conseils. C’était sa paix que je venais chercher et qui m’habitait après l’avoir quitté… Mais on peut ressentir aussi la paix dans certains lieux. Moi, je ressens une paix profonde quand que je rentre dans un monastère ou quand je me rends à Lourdes.
Question : ai-je déjà vécu de telles expériences de paix ? Et ai-je pensé à en remercier le Seigneur ? Tout ce qui vient de Dieu s’accompagne de paix et de d’humilité.
" La paix soit avec vous " : rencontrer une femme ou un homme de paix, c’est toucher cette paix qui vient du Christ. Et cette paix est un baume sur ses doutes, sa fatigue ou blessures.
" La paix soit avec vous " : c’est le plus beau cadeau que l’on puisse offrir à ceux que l’on croise, une âme apaisée qui vient de l’Esprit du Ressuscité.
" La paix soit avec vous " : Que chacun ait à cœur de construire la paix en ce monde par des actes concrets de charité, mais aussi de pardon, de réconciliation et de justice.
Jean Pierre MAÇON
Marielle, l’épouse du colonel Beltrame abattu il y a 2 ans, par un terroriste, a eu ce merveilleux cri du cœur : " C’est avec beaucoup d’espérance que j’attend de fêter la Résurrection de Pâques avec lui. " C’est dire combien la Fête de Pâques cristallise sur elle de profonds sentiments de Joie, d’Espérance et de Plénitude. Et combien cet Evènement a aussi besoin d’être célébré par une communauté. Nous devrons attendre l’an prochain pour mêler notre joie à cette Explosion de Vie. Mais nous n’avons pas attendu pour en ressentir les effets.
Et, même confinés, nous ne sommes pas aveugles devant certains signes. N’est-il pas étonnant de constater que ce Carême 2020 si particulier est devenu pour beaucoup un carême du cœur, un carême du désir qui nous a comme " obligés " à faire un retour sur nous-mêmes ? N’est-ce pas un signe de Dieu quand, par des évènements dont nous n’avons pas la maîtrise, nous sommes comme "délogés" pour grandir vers une humanité plus désireuse de confiance, de fraternité, de solidarité, de justice ? Nous sommes comme "sommés" de sortir de nos " tombeaux " de l’individualisme et du chacun pour soi pour laisser nos existences respirer à plus de hauteur et de profondeur.
N’oublions pas que le Ressuscité est celui qui a été mis en croix. Et qu’il demeure à jamais " Et crucifié Et ressuscité ". Et l’un Et l’autre. Si le Ressuscité porte à jamais les plaies ouvertes de "ses mains et de ses pieds", c’est un fait énorme de sens. Dans les clous de ses mains, ce sont nos mains fermées qui se sont trouvées desserrées pour mieux les ouvrir. Dans les clous de ses pieds, ce sont nos impuissances qu’il a déverrouillées. Depuis 1 mois, combien de mains ne se sont-elles pas ouvertes pour des ’coups de main’, soins, services de tous ordres… qui ont fait circuler la vie. A Ste Hélène même, combien de mains et de pieds ne s’activent-ils pas pour distribuer plus de 100 repas quotidiens à des gens du quartier ? Et qui d’entre nous n’a-t-il pas été le témoin étonné de lui-même à sortir de soi pour un(e) voisin(e) ?
Tous ces gestes ne sont pas comptabilisables, mais ils sont porteurs, en creux, de l’Espérance acquise sur la croix que la Vie a triomphé de toute forme de mort. Que des tombeaux de nos blessures et cassures, la Vie peut toujours surgir. Qu’elle veut traverser nos réseaux de relation secrètement "visités" par Jésus, le Vivant. Que notre capacité à vivre comme nation, solidaire des autres peuples, et même les équilibres écologiques de la planète sont aussi impactés par la Résurrection du Christ. Rien de notre vie demeure étranger à cette Puissance de transformation et de renouvellement ! Pour reprendre l’expression de Marielle : " C’est avec beaucoup d’espérance que nous attendons de le fêter avec la terre entière. "
Michel Retailleau
Le Samedi Saint est un jour un peu étrange ! Jour de silence et de vide comme si tout se taisait. D’ailleurs, les cloches se taisent et la liturgie ne nous propose rien. Pas même un Évangile ! Le récit de la Passion s’arrête au soir du vendredi saint pour ne recommencer qu’ "au premier jour de la semaine". Alors, temps de deuil ? Même pas ! Plutôt jour d’attente aiguë où se mêlent des sentiments que le confinement rend cette année encore plus vifs.
Sentiment d’angoisse, voire de révolte pour une part. " Où donc est Dieu ? " C’est la grande question de ce jour : Où était-Il quand Jésus est mort sur la croix ? " Et aujourd’hui, en ce 11 avril 2020, où donc est Dieu ?... Quand chaque soir, on égrène les tristes chiffres des décédés du Covid 19 ? Sans oublier nos propres cris sans réponse qui surgissent de nos existences affrontées à des évènements qui nous dépassent ! Le samedi saint n’est pas qu’un jour du calendrier, il peut être une réalité qui déstabilise nos vies à certains jours.
Mais le samedi saint a aussi et d’abord un sens caché lumineux qu’il nous faut découvrir : à sa mort, le Christ est " descendu aux enfers ", comme nous le proclamons dans le Credo. Parmi les Pères de l’Eglise, un certain Epiphane précise : " Aujourd’hui, sur la terre, règne un grand silence. Le Seigneur est mort dans la chair et il est descendu secouer le règne des enfers. Il va chercher Adam comme une brebis perdue. Le Seigneur descend et visite ceux qui gisent dans les ténèbres et l’ombre de la mort. " Autrement dit, le Christ a voulu rejoindre mystérieusement toutes les situations infernales vécues individuellement et collectivement depuis l’origine du monde, pour inviter les morts à renaître. Et pas seulement les morts d’hier et d’aujourd’hui mais aussi le cœur de la terre et tous les écosystèmes du cosmos pour les inviter à renaître eux aussi à une nouvelle Vie. St Paul ne disait-il pas : " la création toute entière gémit et passe par les douleurs de l’enfantement " (Romains 8, 22).
Aussi le Samedi saint, jour d’attente, est-il un jour qui nous prépare à la Joie pascale. Si le Christ descend dans nos enfers, dans nos enfermements et morts de toutes sortes, c’est pour que la Résurrection soit partout à l’œuvre. Une explosion d’énergies et de vie nouvelle pour la " maison commune " de l’humanité présente et à venir ! Si l’humanité est, par elle seule, incapable à le réaliser, elle peut cependant y collaborer, en s’appuyant sur le Ressuscité.
Ci-dessus, la sculpture d’Albert Dubos de Ste Hélène représente " une descente de croix " avec une Marie discrète, qui méditait dans son cœur tous ces évènements. A elle qui a su supporter le silence et l’angoisse de tous ces jours de la Passion, demandons de nous aider à attendre et à entrevoir dès aujourd’hui, les signes d’un Jour Nouveau pour toute la planète !
Michel Retailleau
« Il était si défiguré qu’il ne ressemblait plus à un homme. Il n’avait plus l’apparence d’un fils d’homme » dit le prophète Isaïe. Comme de nombreux condamnés de tous les temps, Jésus a subi les tortures et les humiliations qui nient leur humanité et les transforment en objets : hommes de douleurs !
Pourtant à lire la passion selon St Jean, malgré les tortures, les insultes, les crachats et la dérision, Jésus n’apparait pas comme une loque, mais il apparait avec la force, la dignité, la grandeur du Seigneur.
Dès son arrestation, sachant ce qui doit lui arriver, il s’avance au-devant des soldats. C’est lui qui les interroge : Qui cherchez vous ? C’est lui qui donne des ordres : si c’est moi que vous cherchez, laissez partir ceux-ci. C’est lui qui ordonne à Pierre de remettre son épée au fourreau. Au grand prêtre qui l’interroge sur son enseignement il répond avec aplomb : demande à ceux qui m’ont écouté, ils savent ce que j’ai dit.
Le soldat qui le frappe se voit interrogé et renvoyé à sa conscience : si j’ai mal parlé dis-moi en quoi. Si j’ai bien parlé pourquoi me frappes-tu ? Il discute d’égal à égal avec Pilate, qui a sur lui pouvoir de vie et de mort. Dans un dialogue étonnant avec le gouverneur il se permet de lui renvoyer ses questions : « C’est toi qui dis que je suis roi ». Il lui affirme que son pouvoir est un pouvoir qui vient non de Rome mais de Dieu. Jusqu’à ce que Pilate finisse par lui demander : « mais d’où es-tu ? » En croix il confie l’un à l’autre, l’apôtre Jean et sa mère. Enfin il ne subit pas sa mort mais il remet son esprit en un dernier acte de liberté.
Tout au long du récit on voit Jésus maitre de lui, souffrant mais non écrasé, dominant la situation. Et pourtant il finira broyé ! Seigneur, mais broyé ! Broyé mais Seigneur.
« Nous avons vus sa gloire », dit Saint Jean. Ils ont vu la gloire de Dieu non seulement dans son baptême, ses miracles, sa transfiguration… mais ils l’ont vue sur la croix : dans sa maitrise, sa dignité, dans son pardon accordé, son souci de ses proches, sa remise de lui-même au Père dans la confiance et dans son amour pour eux. La croix de Jésus manifeste la gloire divine. Elle montre qui est véritablement Dieu, qui n’a pas craint de s’abaisser aux mains des hommes pour leur signifier que, quoi qu’il arrive, ils sont aimés.
Si nous-mêmes nous sommes dans la détresse l’angoisse ou la souffrance… Si nous nous sentons à la dernière place… le Dieu de Gloire nous révèle que la dernière place est le meilleur endroit où le trouver. Alors face à la croix , en ce vendredi saint, nous devons faire silence et regarder. Et rester bouche bée face à ce Serviteur, chargé de nos souffrances mais rayonnant de la Gloire de Dieu.
Robert Jourfier
Avec le confinement et le temps de cuisiner, certains redécouvrent que les nourritures ne sont pas seulement des aliments. En cuisinant et mangeant certains plats ou pâtisseries, nous mangeons aussi les souvenirs d’une ambiance familiale, d’une mère ou grand-mère qui les avait préparés pour nous. Et en les mangeant, nous mangeons l’amour qu’à travers ces plats, elles nous avaient donné.
Il en est ainsi de ce petit pain particulier, que nous utilisons à la messe. C’est un pain chargé d’histoire et de souvenirs et d’amour. C’est un pain sans levain. Les juifs l’appellent pain azyme. Et la bible dit que la nuit ou les hébreux ont fui l’Egypte avec Moïse, ils sont partis si précipitamment que leur pâte n’avait pas eu le temps de lever. Depuis ce jour, chaque année, ils célèbrent Pâques en ne mangeant pendant une semaine que ce pain azyme et l’agneau pascal sacrifié dont le sang les avait protégés lors de leur fuite. Ce pain a pour eux le goût de la liberté que le Seigneur leur a donnée, et le goût de l’alliance d’amour qu’Il a nouée avec eux.
C’est ce pain-là que Jésus lui-même a mangé pendant la dernière cène. J’imagine que, voyant sa vie menacée, Jésus a vécu ce repas comme une célébration de confiance et d’espérance : Dieu qui a sauvé son peuple autrefois, le sauvera lui Jésus « car éternel est son amour ». Pour lui, ce pain a le goût de la fidélité de Dieu.
Jésus va alors donner une autre signification à ce pain et à la coupe de vin. Il en fait les symboles de sa vie donnée et de sa mort prochaine sur la croix. « C’est mon corps livré pour vous, c’est mon sang versé pour vous ». Il s’identifie à l’agneau pascal sacrifié. Il dit que cette coupe de vin est la nouvelle alliance en son sang. Et il nous demande d’en faire mémoire.
En communiant, nous mangeons tous ces souvenirs de Moïse et de Jésus. Ils ont le goût de l’alliance et de l’amour fidèle que Dieu nous offre à travers eux. Ils ont le goût du Christ Serviteur qui nous a donné sa vie et nous sentons que nous devons le suivre sur ce chemin. D’autant plus qu’au début de ce repas, selon l’Evangile de St Jean, Jésus a lavé les pieds de ses disciples, geste nécessaire pour des pieds nus sur des chemins poussiéreux, mais geste de serviteur ou d’esclave. Si moi, le Seigneur et le maitre, je vous ai lavé les pieds, vous aussi, vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. De ce geste aussi il faut faire mémoire.
Le corona virus nous prive des liturgies si riches de la semaine sainte et de la communion eucharistique. Faisons une communion spirituelle comme nous y encourage le pape François, unis les uns aux autres, dans le même amour du Christ sacrifié. Et avec Jésus prenons la place du serviteur. Aujourd’hui ceux qui servent sont nombreux : les soignants et tous ceux qui, fidèles à leur poste, travaillent pour permettre aux autres de vivre. Ils sont nombreux aussi dans les familles et les immeubles à prendre soin les uns les autres. « Comme je vous ai aimés, aimez vous aussi les uns les autres, ainsi tous reconnaitrons que vous êtes mes disciples. » (Jean 13, 34-35).
Robert Jourfier
En même pas 8 jours, quel revirement de situation ? Entré triomphalement à Jérusalem sous les " Hosanna " d’une foule en liesse, Jésus est finalement conduit hors de la ville pour y être crucifié comme un vulgaire esclave. Il n’aura pas fallu beaucoup de temps pour qu’il soit lâché ! Lâché par les chefs religieux qui, depuis longtemps, avaient juré sa perte ! Lâché pa
une foule manipulée, déçue de constater qu’il n’était pas le Messie-Roi attendu ! Lâché par Pilate qui a préféré sa tranquillité aux embêtements politiques. Lâché par ses propres disciples fatigués et peureux qui l’ont abandonné ! Sa mort en croix ne signifiait plus qu’un espoir avorté de libération pour le peuple.
Pire, sa mort signait l’échec de Dieu, car même Lui semblait l’avoir lâché ! Ce qui signifiait tout bonnement que le Projet de Dieu de "sauver" l’humanité avait avorté lui aussi. Jésus tombait dans les oubliettes de l’Histoire ! Nuit obscure sur la terre et dans le ciel !... Mais l’Evènement Inespéré de la Résurrection de Jésus va bousculer ce scénario tragique ; une autre lecture des faits va peu à peu s’imposer... Non, il est inexact de dire que c’est Judas qui a livré Jésus, c’est plutôt le contraire qui s’est produit. C’est Jésus en personne qui a choisi de se livrer aux mains des hommes. Non seulement, Il l’a fait librement mais c’est par Amour de son Père et de l’humanité qu’il a affronté ses adversaires, qu’il a résisté à la haine et à l’injustice. Personne ne lui a ôté la vie, c’est lui qui a donné la sienne pour arracher du cœur humain tous ces germes de violence et d’enfermement.
Dans l’Innocent silencieux et sans défense du calvaire, on a alors appris à se défaire de l’image d’un Dieu tout-puissant et dominateur pour ne plus voir en lui que la toute-puissance d’aimer de Dieu jusqu’à mourir pour ses ennemis et ses bourreaux. Non seulement, Dieu n’avait pas lâché Jésus mais Il s’était mystérieusement uni à Lui. Pour le soutenir dans l’épreuve, pour insuffler en lui Confiance et Paix dans ce don total qu’il faisait de lui-même pour une humanité nouvelle Si Dieu n’a pas lâché son Fils, Il ne voulait pas non plus lâcher l’humanité dans son affrontement avec le mal. Empêtrés que nous sommes aujourd’hui dans le coronavirus et dans bien d’autres forces de mort, Il continue de nous rejoindre pour que la Vie l’emporte sur la mort !
Michel Retailleau
(Exercice : En ce jour si particulier des Rameaux où nous sommes confinés, prenons le temps de méditer la Passion en Mt 26, 14 à 27, 66. C’est l’HISTOIRE de notre histoire !)
UNE OFFRE DE VIE QUE LA MORT N’ATTEINT PAS (29/03/2020)
Le nœud du récit de la résurrection de Lazare (Jn 11, 1-45) réside dans le dialogue de Jésus avec Marthe. Comme son entourage, elle croit en la résurrection de son frère au dernier jour, à la fin des temps. Jésus lui déclare de façon abrupte : " Moi, JE SUIS la résurrection et la vie... " Il s’agit de croire que la parole de Jésus fait " surgir "dans le présent une offre de vie que la mort n’atteint pas, un élan vital qui était en sommeil de mort. Mais, il ne réagit pas avec la froideur d’un maître à penser, ou la suffisance d’un mage guérisseur. L’émotion le submerge comme celle de tout être humain devant la mort d’un ami et la douleur de ses proches. Devant le tombeau où repose son ami Lazare, Jésus prononce alors 3 paroles…
La 1ère, il l’adresse à son Père : " Père, je te rends grâce parce que tu m’as exaucé…" Jésus Lui rend grâce pour un en exaucement à venir. Un pari de confiance sur l’amour invincible du Dieu de la vie. Action de grâce par anticipation comme il le fera avant d’être livré et de mourir lui-même. Celui qui fait surgir la vie peut aussi ressusciter des morts. C’est ainsi que prient les chrétiens face à leurs défunts. Ils osent bénir et rendre grâce devant la détresse et la mort de l’un des leurs. Défi d’espérance et de confiance.
La 2ème parole est un cri prononcé d’une voix forte : " Lazare, Viens dehors ". Un cri qui vient des profondeurs de la détresse humaine. Un cri de protestation devant ce qui paraît pour chacun insupportable, sa propre mort et celle de ses proches. Lazare représente ici le 1er Adam et l’humanité première que Jésus vient délivrer des enfers de la mort. Ce cri parvient jusqu’à Dieu son Père, car l’oreille de Dieu est dans le cœur de l’homme qui crie. Jésus porte dans son cri tous les cris de ses frères et sœurs en humanité. Un cri de résurrection qu’il a adressé à tant de personnes rencontrées : Lève-toi, relève-toi, ouvre-toi…
Et la 3ème parole adressée à ceux qui l’entourent : " Déliez-le et laissez-le aller. " Ce mort qui sort du tombeau, pieds et mains liés, le visage voilé, est comme la figure de la vieille humanité, empêtrée dans ses liens, ses suaires et ses prisons. De quelle mort s’agit-il ? De la mort de tous ceux qui vivent leur humanité dans toutes sortes de tombeaux et de prisons. De la mort spirituelle qu’est le péché aussi, l’éloignement de Dieu, du ruisseau qui a voulu se passer de sa Source…
Michel SCOUARNEC
(Exercice : en ’restant chez soi’, virus oblige, entendre ce Cri qui nous appelle : " Viens dehors " !)
Le récit du chapitre 9 de l’évangile de St Jean est comme un jour qui se lève. On voit la lumière grandir d’heure en heure, depuis la nuit jusqu’au grand soleil de midi. Le premier rayon qui perce est provoqué par une question des disciples : En passant ils voient un aveugle de naissance et demandent : « Rabbi qui a péché, lui ou ses parents pour qu’il soit né aveugle ? ». Ils croyaient que nos malheurs et nos maladies étaient des punitions de Dieu. La réponse de Jésus est claire et nette : « Ni lui, ni ses parents n’ont péché ! » Les malheurs, les souffrances, les maladies ne sont pas des punitions de Dieu. Ni le cancer, ni le sida, ni le coronavirus… Ils croyaient même possible que Dieu puisse rendre malade un enfant pour le péché de ses parents. Mais un tel dieu serait bien pire que nous tous. Cette parole de Jésus nous éclaire sur le vrai visage de Dieu qui va agir en faveur de cet homme. Dieu est celui qui se tient à nos côtés, quoi qu’il arrive. Non seulement le handicap n’est pas une punition mais l’aveugle qui est dans la nuit depuis sa naissance va voir la lumière.
Et qui est celui qui l’a guéri ? Commence alors un long procès. Des gens ne supportent pas que Jésus puisse guérir un jour de sabbat. Cette guérison les contrarie. Ils malmènent l’aveugle, le harcèlent. Mais ce procès va devenir pour lui un chemin de lumière. Non plus la lumière du jour. Mais la lumière de la foi. Il va peu à peu voir clair sur Jésus.
Ils le questionnent —« C’est bien toi l’aveugle ? Comment se fait-il que tu voies » —« C’est l’homme qu’on appelle Jésus… » —« Que dis-tu de lui ? » —« C’est un prophète » —« Non ! Nous savons que c’est un pécheur » —« S’il n’était pas de Dieu il ne pourrait rien faire ! » —« Tu es péché depuis ta naissance et tu nous fais la leçon ? » Et ils le jettent dehors. Jésus alors le retrouve : « Crois-tu au fils de l’homme ? » —« Et qui est-il ? » —« Tu le vois qui te parle » Alors l’homme se prosterne comme on le fait devant Dieu : « Je crois Seigneur. » Il fait une belle profession de foi : il comprend que l’homme qu’on appelle Jésus, est plus qu’un prophète, plus qu’un venu de Dieu, il est Lumière du monde, il est le Seigneur.
Dans le temps où cet homme s’éveille à la lumière de la foi, les autres s’enfoncent dans leur obscurité. Ils espéraient pourtant le Messie et ils voyaient Jésus guérir ! Mais ils restaient entêtés dans leurs certitudes. « Si vous étiez aveugles, leur dit Jésus, vous n’auriez pas de péché. Mais Vous dites : nous voyons. Alors votre péché demeure » Autrement dit, pour avoir la lumière de Dieu, il vaut mieux reconnaitre nos aveuglements, nos obscurités, nos zones d’ombre. Ce ne sont pas des obstacles pour aller à Dieu. Ce carême est le moment favorable pour demander à Jésus de nous guérir. C’est au cœur de nos obscurités et de notre nuit que nous pouvons voir se lever sa lumière. Dans ces temps de pandémie et de confinement nous pouvons faire, comme l’aveugle, un chemin de foi et accueillir sa lumière. Comme le dit St Paul (2°lecture) : « nos ténèbres d’autrefois peuvent devenir lumière dans le Seigneur. Alors vivons en enfants de lumière. »
Robert Jourfier
Nous n’avons jamais fini de rencontrer Jésus et il n’a de cesse de nous mettre en mouvement et relèvement. Nous invitant ainsi à le reconnaître comme « Sauveur ». Aujourd’hui, en voici un bel exemple : la rencontre de Jésus avec une femme de Samarie. Une rencontre tout à fait improbable. Jésus est juif et cette femme ne l’est pas ! L’Évangile nous dit que les juifs ne fréquentaient pas les Samaritains. Il est environ midi, l’heure la plus chaude où chacun évite de sortir. On peut penser que la Samaritaine, mal vue dans le village, cherche à passer inaperçue et choisit cette heure creuse pour ne rencontrer personne.
Mais Jésus est là, assis sur la margelle du puits, prêt à engager le dialogue avec cette femme. Une femme portant un lourd fardeau, vie faite de souffrances et d’échecs. « Va, appelle ton mari et reviens, lui dit Jésus. Je n’ai pas de mari, dit-elle. Jésus reprit : Tu as raison de dire que tu n’as pas de mari : des maris, tu en as eu 5, et celui que tu as maintenant n’est pas ton mari : là, tu dis vrai…. Seigneur, je vois que tu es un prophète ! » Jésus ne la rejette pas, ne lui fait pas la morale. Il lui demande un service : "Donne-moi à boire ». Confiance : il est là pour ouvrir un avenir ! Comme il est sur la route de chacun d’entre nous, attendant le moment de la rencontre où l’on va s’assoir pour le recevoir.
Le dialogue s’engage avec cette femme et ses questions. Jésus va l’aider à prendre conscience de la véritable soif qui l’habite : soif de vie, d’amour, de vérité, de dignité ! « Si tu savais le don de Dieu et qui est Celui qui te dit : Donne-moi à boire, c’est toi qui lui aurais demandé, et il t’aurait donné de l’eau vive … Donne-moi de cette eau, Seigneur… » Et elle, la déconsidérée, déclare : " Je sais qu’il vient, le Messie ".
Seigneur Jésus, nous sommes venus nous asseoir en cette église comme au bord du puits. Avec nos préoccupations, nos soucis, nos envies de paix et de bonheur. Sois pour nous l’EAU VIVE qui fait vivre et la Source qui ne tarit pas. Et donne-nous de repartir, du bonheur de t’avoir rencontré, Toi notre Sauveur.
Jean Pierre MAÇON
Quelle semaine pour Pierre, Jacques et Jean ! Quelques jours auparavant, Jésus leur a annoncé qu’il devait " beaucoup souffrir et être mis à mort". Et voici que 6 jours après, ils voient un Jésus au Visage tout ruisselant de lumière (Mathieu 17, 1-9). En redescendant de "la montagne", les questions ne manquent pas. Mais quel genre de compagnon est ce Jésus qu’ils côtoient depuis 2 ans déjà ? Et pourquoi cette présence de Moïse et d’Elie avec lui ?
Mais commençons d’abord par accueillir l’Evènement de la Transfiguration de Jésus qui n’est pas d’abord affaire d’imagination mais d’expérience intérieure. Qui d’entre nous n’a jamais eu, un jour, le désir d’arrêter le temps, de fixer un moment de bonheur pur ? Une rencontre forte d’un(e) ami(e) ; un élan d’amour vrai pour quelqu’un ; un geste, une parole ou un regard comme baumes sur une blessure vive ; ou encore une expérience fulgurante de la Présence de Dieu à un moment où l’on se sentait abandonné… ? A de rares moments, la vie nous fait grâce d’une expérience de plénitude dont le souvenir nous poursuit et nous donne force et lumière pour vivre.
Mais dans la Transfiguration de Jésus, il y a bien plus encore. Non seulement Jésus apparaît avec son Visage de Ressuscité, mais il s’entretient aussi avec Moïse et Elie. Moïse est celui que Dieu a choisi pour libérer son peuple de l’esclavage en Egypte et à qui Dieu a donné la Loi qui est la première Charte de l’homme libre. Et Elie, c’est le prophète qui a particulièrement combattu l’emprise des cultes païens et leur immoralité. Aussi, la conversation de Jésus avec Moïse et Elie signifie l’Engagement de Dieu à nous vouloir intérieurement Libres. En nous faisant le Don inestimable de livrer son Fils, Il veut faire de nous des Vivants de sa propre Vie. Pour qu’avec lui, " les hommes aient la Vie et qu’ils l’aient en abondance."
En ce Carême, interrogeons-nous ! Tout ce que nous avons appris sur Jésus n’est-il qu’un simple vernis religieux ? Ou bien, avons-nous réellement expérimenté que c’est du vrai, du « dur » pour " transfigurer " notre vie et celle du monde ? Même s’il nous arrive de douter, sommes-nous convaincus que Jésus est ce Visage habité par Dieu ? Et que, par sa Résurrection, il rejoint mystérieusement les blessures et le péché de l’homme pour, dit St Paul (2è Tim 1, 10), " faire resplendir la Vie et l’immortalité ". Célébrer la Transfiguration, c’est entrevoir sur le Visage du Christ l’éclat de la Résurrection qui brillera dans nos vies ! Car l’Esprit a la capacité d’opérer une chirurgie de l’âme qui veut se refléter jusque sur nos visages.
Michel Retailleau
Depuis le mercredi des Cendres, nous sommes entrés dans un nouveau Carême. Chaque année, on se dit qu’il faut faire des efforts ; on nous parle d’aumônes, de prières, de jeûnes et de privations. Chacun pense aux résolutions qu’il va prendre pour vaincre les tentations qui nous détournent de la Parole de Dieu, de l’adoration et de la confiance en Dieu. Et à Pâques, nous regarderons le bilan : si nous avons tenu, nous parlerons d’un bon carême et nous aurons l’impression de nous être rapprochés de Dieu. Mais si nous n’avons pas réussi à tout tenir, nous aurons l’impression d’avoir fait un mauvais carême et de nous être éloignés de Dieu.
Mais le vrai Carême, c’est beaucoup mieux. Pour le comprendre, il faut lire attentivement la PAROLE qui nous est proposée chaque jour et cela pourrait nous transformer. Elle nous invite à une véritable révolution dans notre relation à Dieu : il ne s’agit plus d’offrir des sacrifices pour recevoir de lui ce que nous demandons. Au lieu de donner à Dieu pour recevoir de lui, nous sommes invités à lui offrir ce que nous avons reçu de Lui. C’est cela qui nous est demandé à chacun dans ce temps de carême. Ce seront alors les fruits d’un effort d’homme libre et non plus celui d’un esclave enfermé dans son péché.
Dans ses Tentations au désert (Matthieu, 4, 1-11), Jésus nous apprend qu’être fils de Dieu, c’est se laisser conduire par Dieu sans lui imposer nos voies et nos moyens. C’est lui faire confiance sans vouloir obtenir des garanties, sans espérer de miraculeux prodiges qui nous démobiliseraient de nos responsabilités et de nos engagements. Être fils de Dieu, c’est faire la volonté de Dieu qui est notre nourriture quotidienne.
Jésus se retrouve devant les mêmes tentations que le peuple d’Israël. Toutes les tentations ont pour but de nuire à la relation qui existe entre l’homme et Dieu alors que la Parole de Dieu nous invite à reconnaître la Bonté même de Dieu.
Le vrai Carême, c’est une réponse aimante à un Amour qui fait sans cesse le premier pas vers nous... Oui c’est Toi Seigneur, qui nous donnes le désir et la force de te suivre et de t’aimer. Sois avec nous sur le chemin qui nous mène à Pâques. Avec toi, nous marcherons dans les déserts de notre vie. Nous nous savons aimés de toi et là nous nous sentons rassurés.
Jean Pierre Maçon
On a cru longtemps que le progrès du savoir et des sciences allait nous libérer de la violence. L’actualité nous fait déchanter… Des manifestations qui dégénèrent, des pompiers ’caillassés’, des lynchages sur les réseaux sociaux, des insultes toujours plus agressives dans les cours d’école… " Ce n’est que par la violence que l’on peut se faire entendre ! », entend-on. Alors, désespérer ? Dans l’Evangile de ce jour (Mt 5, 38-48), Jésus va droit au cœur de la question. Avec l’autorité de Quelqu’un qui a expérimenté dans sa chair d’Homme-Dieu combien la violence peut écraser mais aussi de quels élans elle rend capable celui qui veut vivre en artisan de Paix.
" Vous avez appris qu’il a été dit : Œil pour œil, dent pour dent (= loi du talion : rendre coup pour coup). Eh bien, moi, je vous dis de ne pas riposter au méchant…, de ne pas le poursuivre en justice…" Cela peut prêter à sourire et paraître bien naïf face à des situations d’agression ou d’injustice que nous subissons. Certes, il faut savoir se défendre et se faire respecter dans la vie. Mais ce que Jésus attend surtout de nous, c’est de travailler à briser l’engrenage millénaire de la violence partout où elle se rencontre : entre individus, entre groupes, entre nations, et même avec la nature.
Il ne nous oblige pas à avoir de la sympathie ou de l’affection pour ceux qui nous agressent. Mais Il nous invite à repérer les germes de violence tapies en nous et à accueillir sa Force de Résurrection pour les faire taire : " Vous avez appris qu’il a été dit : tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. Eh bien Moi, je vous dis : Aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent. " Personnellement, nous n’avons peut-être pas d’ennemi déclaré mais ’l’ennemi’ qu’il nous est demandé d’aimer, c’est aussi celui qui est différent de soi : par son caractère, sa personnalité, son comportement, ses idées, sa culture, ses croyances … Et qui nous énerve en troublant notre équilibre intérieur. Aussi nous appelle-t-il à prier pour lui afin de demander à l’Esprit Saint de faire désirer en nous ce qui est bon pour lui. La prière nous fait alors décoller des blessures reçues et vouloir le bien de celui qu’il nous coûte d’aimer.
"Aimer son ennemi " c’est s’efforcer aussi de désarmer son cœur de la violence de l’autojustification, de la bonne conscience, du mépris … En demandant à l’Esprit de faire naître en nous un peu de paix et de patience quand l’agressivité, l’injustice ou le préjudice nous atteignent. Pourquoi ? Parce que " vous êtes un sanctuaire de Dieu et que l’Esprit habite en vous ? dit St Paul (1 Cor 3, 16-23). Et l’Evangile de ce jour ajoute : " afin d’être vraiment les fils de notre Père." Désarmer cette violence qui ne demande qu’à surgir en nous et dans le monde, le Christ en est mort mais pour nous en libérer !
Michel Retailleau
Il nous arrive parfois d’entendre ou de dire cette plaisanterie : " Oh ! Moi, j’ai pas tué, j’ai pas volé ! " sous-entendu : " Le reste, c’est pas grave … ". Mais encore…
Il a été dit : " Tu ne tueras pas ! Mais moi, Jésus, je vous dis tu ne te mettras pas en colère contre ton frère… (ou ta sœur). Tu ne l’insulteras pas… tu ne le traiteras pas de fou de (tête vide), sinon tu es passible de l’enfer !" (cf. le texte d’Evangile de ce jour : Matthieu 5, 17-37). Rien que ça ! Cette insulte de « tête vide » (fou) était tout à fait banale et anodine au temps de Jésus… Mériter l’enfer pour ça ! Alors qu’il n’y a pas de quoi fouetter un chat, dirons-nous. Bien sûr, on irait tous en enfer. Ce que nous dit Jésus : Il ne s’agit pas seulement d’être en règle avec une observance extérieure des commandements. « D’accord, je n’ai pas tué physiquement quelqu’un. Alors on est en règle avec le ’ tu ne tueras pas ’ ».
Jésus nous pousse toujours plus loin dans nos manières d’être en relation avec les autres. Non seulement, reprenant la loi de Moïse, il nous dit : « Tu ne tueras pas ", mais il nous invite aussi à recevoir de Dieu ce qui est impossible par nos seules forces humaines : " tu aimeras ".On t’a dit " tu ne tueras pas, moi je te dis : si tu te laisses aller à la colère, à la violence verbale ou physique, tu tues la relation, tu provoques des ruptures, des haines qui vont s’enchaîner. Tu refuses l’existence de l’autre." C’est une façon, non physique, de tuer. La manière dont le Christ nous invite à nous comporter – à la manière chrétienne – nous entraine plus loin qu’une observation extérieure des règles du vivre ensemble. Il nous propose des moyens de ne pas enclencher ni alimenter un processus, une spirale de violence, en agissant sur nous-mêmes. C’est en nous-mêmes que nous pouvons tuer la violence en germe, car nous sommes " enfants de Dieu."
A tort ou à raison, poursuit Jésus," si ton frère ou ta sœur a quelque chose contre toi " , il y a un germe de destruction en chacun, en celui qui subit et en celui qui agit. Alors il est plus urgent d’éliminer ces germes par la discussion et la réconciliation… que d’aller présenter ton offrande à l’autel. Autrement dit, c’est plus urgent, ça presse plus que d’aller faire tes prières. Dans ces 5 lignes de l’Evangile le mot de " frère " est cité 4 fois, ce qui souligne la gravité et l’importance de la relation à l’autre. Voilà un point d’attention que nous pourrions examiner dans le temps de Carême…
Jean Pierre MAÇON
« Vous êtes le sel de la terre, vous êtes la lumière du monde » dit Jésus. Cela parait bien prétentieux. Mais cela ne l’est pas. Car il ne s’agit pas d’un compliment, mais d’une mission confiée. Pour la terre et pour le monde Et ce qui est important ce n’est pas nous, c’est cette mission : continuer l’œuvre de Jésus. C’est-à-dire continuer à porter dans le monde, ce sel, cette saveur qui vient de Dieu que nous avons déjà goutée dans Jésus et cette lumière qui vient de Dieu que nous avons déjà vu briller en Jésus. Si nous ne laissons pas ce sel de Dieu s’affadir en nous et sa lumière se cacher, alors « voyant ce que vous faites de bien, les hommes rendront gloire à Dieu ». Ils comprendront que cette saveur et cette lumière ne viennent pas de nous mais de Dieu. Et ceci malgré nos péchés et nos insuffisances. Comme St Paul qui portait la lumière de Dieu, sans prestige, faible, craintif et tout tremblant (2° lecture).
Le prophète Isaïe (1° lecture) parle aussi de cette lumière de Dieu qui doit nous traverser : « La gloire du Seigneur sera sur toi…ta lumière jaillira comme l’aurore et ton obscurité sera lumière de midi. »
A quelle condition ? Partager le pain, le toit, le vêtement, combler les malheureux. « Ne te dérobe pas à ton semblable. » Belle parole ! On se dérobe si facilement devant nos semblables qui vieillissent, devant les malades qui font peur, devant les familles en deuil, autour de qui se fait parfois le vide. Ce que le pape appelle « la culture du déchet », quand on met à l’écart ce qui n’est pas rentable, même les personnes. Dieu ne nous demande pas d’aimer la maladie, mais d’aimer les malades. « Détache les liens de servitude » dit le Seigneur : et la maladie est une servitude qui enchaine, limite et fait souffrir. C’est pourquoi Jésus a tellement guéri les malades et infirmes et pardonné les péchés, soignant les corps les cœurs et les âmes.
Il demande à l’église de continuer. Elle l’a fait au long de l’histoire. Elle le fait encore. L’onction des malades de ce jour est un geste du Christ destiné à soulager, fortifier les corps et aussi la foi…
Cela nous concerne tous :
• -Les biens portants : Dieu nous invite à entourer et soutenir nos semblables malades sans nous dérober et nous engage à nous préoccuper des politiques de santé.
• -Les soignants : l’église les estime. Le Concile Vatican 2 dit que leurs compétences et leur dévouement sont aussi une participation au ministère du Christ médecin.
• -Et vous tous qui allez recevoir cette onction qui, par la grâce de l’Esprit saint, réconforte, sauve et relève.
Le Christ par sa mort et sa résurrection nous vient en aide. Réconfortés par lui et par le Père de tout réconfort vous pouvez aussi réconforter ceux qui sont dans la détresse, grâce au réconfort que vous recevez vous-mêmes de Dieu. (St Paul 2 Co 1, 3-4)
C’est ainsi que dans vos santés défaillantes et vos inquiétudes, vécues dans la foi et la charité, vous demeurerez témoins, sel de la terre et lumière du monde. Avec nous, vous donnerez à la vie le gout de Dieu. A travers vous, sa lumière réchauffera et éclairera beaucoup d’autres… Et votre obscurité deviendra « lumière de midi. »
Un jour, j’allais à la maternité visiter une jeune femme sur le point d’accoucher. Et quand je suis arrivé, l’enfant était déjà là, près de sa mère, tout beau tout propre. Il venait juste de naître. C’est la première fois de ma vie que je voyais un bébé qui n’avait pas même un jour. J’étais impressionné par cette petite vie qui venait d’éclore. Je me disais il n’a pas encore vu le soleil se coucher ni se lever. J’étais saisi devant le mystère et la beauté de la vie. Et ma question, c’était « que sera cet enfant ? » Qu’est-ce que la vie lui réserve ? Que va-t-il faire de cette vie qui lui est donnée ?
En portant Jésus au temple, Marie et Joseph reconnaissent que leur enfant est un don de Dieu. En venant l’offrir au Seigneur, ils reconnaissent qu’il ne leur appartient pas. Comme le dit si bien le poème très connu de Khalil Gibran : « vos enfants ne sont pas vos enfants, ils viennent par vous, mais non de vous. Ils sont avec vous mais ne vous appartiennent pas. » En le présentant à Dieu, Marie et Joseph renoncent à leurs droits sur lui. Ils voient déjà ce nourrisson comme une personne, autonome et libre qui fera son propre chemin avec Dieu.
Que sera donc cet enfant ? Quel sera son chemin ? C’est le vieux Siméon, homme juste et religieux, empli de l’Esprit saint, qui va le dire avec la vieille prophétesse Anne : « Qu’ils sont jeunes ces deux vieux » emplis de Dieu et qui espèrent ! Ils reconnaissent en ce petit Jésus celui qui est le Messie promis, celui qui sera le salut de tous : Israël et les nations. Il appartient déjà à l’humanité qu’il vient sauver. Et ils voient en lui la Gloire d’Israël. La Gloire c’est la Présence de Dieu. Cet enfant qui est porté au temple est non seulement l’enfant de deux croyants, non seulement le Messie attendu, mais la Présence de Dieu qui entre dans son temple. Il réalise ce qu’annonçait le prophète Malachie (première lecture) : « Soudain viendra dans son temple le Seigneur que vous cherchez, le messager de l’alliance que vous désirez. » Jésus est Présence de Dieu.
Pourtant, qu’a-t-il vu Siméon ? Rien qu’un bébé. Un bébé, c’est toujours merveilleux, mais c’est banal, Il en naît des milliers chaque jour. Siméon nomme celui-là Lumière des nations, il ne voit pourtant qu’une étincelle. Mais cette étincelle lui suffit. Ce bébé lui suffit pour croire et se réjouir et rendre grâces. Dieu est présent dans cette fragilité qu’il serre dans ses bras.
En grandissant, Jésus deviendra Lumière extérieure pour éclairer nos chemins et nous guider par sa Parole et son exemple, vers une humanité moins folle. Et il sera la Lumière intérieure qui nous réchauffe et nous rapproche de Dieu.
Il aura à souffrir, Siméon l’annonce. Mais même son destin douloureux et tragique sera Lumière pour les nations : Il nous trace un chemin lumineux au-delà de la souffrance et de la mort. Et comme dit la lettre aux hébreux (2°lecture) « parce qu’il a souffert l’épreuve, il est capable de porter secours à ceux qui sont éprouvés. »
Robert JOURFIER
Ce dimanche n’est pas comme les autres pour nous. Ce matin, en répondant à l’appel du Pape François, certains ont pris le temps de partager sur leur manière d’écouter et de vivre la Parole de Dieu…
Regardons la Parole de Dieu de ce jour. De la 1ère lecture, nous retenons que cette Parole crée réjouissances, et allégresse, tout simplement du Bonheur. Isaïe nous livre ses mots comme venant de Dieu, à cause de la PROMESSE qu’Il a faite. Dans la 2ème lecture, Paul dénonce la discorde et les rivalités qu’il voit vivre entre Corinthiens, et il coupe cours à cela en rappelant l’essentiel à partir de sa propre expérience de l’écoute de la Parole, celle de : « la rencontre sur la route de Damas. » Pour lui, c’est l’annonce de la Bonne Nouvelle « de l’Évangile » qu’il faut mettre en avant. C’est par nos actes et nos paroles, par tout notre comportement que l’expérience du Christ peut aussi parler aux autres. Mais avons-nous fait personnellement l’expérience de la Parole de Dieu qui invite à Vivre ?
Dans l’évangile, Jésus prend la suite de Jean Baptiste : « Convertissez-vous, car le Royaume des Cieux est tout proche. » Arrêtons-nous sur le mot « proche » : Jésus se fait proche. Et cette proximité avec lui nous engage à le suivre et à répondre à son appel. A aller sur les routes, dans les ’ galères ’ d’aujourd’hui pour faire entendre la Bonne Nouvelle de Jésus ?
Lui qui guérissait les malades, ne redit-il pas à chacun de nous : « Confiance, relève-toi, n’aie pas peur » ? Oui chacun de nous est invité à l’ Audace qui permet d’ouvrir des chemins possibles comme celui de la fraternité !
Jésus nous propose aussi l’exemple de Pierre, André, Jacques et Jean qui " laissent tout "… « Je vous ferez pécheurs d’homme. Venez à ma suite. » Ils ont vécu le quotidien et l’extraordinaire de la vie avec le Christ. Ils ont vu et entendu la Parole de Dieu au travers de tous ses actes, et ils ont compris que de cette Parole reçue, ils n’en étaient pas les seuls dépositaires. Ils étaient invités à devenir les portes voix de cette Bonne Nouvelle d’un Jésus Messie envoyé par Dieu, un Jésus HORS LES MURS.
" Tu as voulu, Seigneur que la puissance de l’Evangile travaille le monde à la manière d’un ferment ; veille sur tous ceux qui ont à répondre à leur vocation chrétienne au milieu des occupations de ce monde : qu’ils cherchent toujours l’Esprit du Christ, pour qu’en accomplissant leurs taches d’hommes, ils travaillent au mieux à l’évènement de ton règne."
Jean Pierre Maçon
Que signifie cette expression insolite, par laquelle Jean le Baptiste désigne Jésus et que nous disons cinq fois à chaque messe ? Elle évoque d’abord l’agneau pascal, souvenir de la sortie d’Egypte. Moïse leur avait dit de sacrifier un agneau avant le départ et de badigeonner leur porte avec son sang. Ce sang les avait protégés. Il était le symbole de leur libération et de l’Alliance avec Dieu. Chaque année, pour célébrer ce souvenir, chaque famille sacrifiait l’agneau pascal.
Jésus est crucifié la veille de la fête. Au moment où il verse son sang et meurt sur la croix, les caniveaux du temple débordent du sang des centaines d’agneaux que les juifs sacrifient ce jour-là. La veille, dans le dernier repas avec ses disciples, prenant la coupe de vin, Jésus avait ainsi annoncé sa mort : Prenez et buvez, ceci est mon sang de l’Alliance, versé pour vous et la multitude… Pour les disciples qui ont vu Jésus mourir au moment des sacrifices du temple, il était clair que Jésus était le véritable agneau pascal, qui par son sacrifice donne salut et libération.
D’autres images bibliques se superposent a cette image de l’agneau pascal : celle du Serviteur de Dieu dont parle le prophète Isaïe, qui est maltraité et conduit à la mort, comme un agneau qui n’ouvre pas la bouche… mais ce sont nos péchés qu’il portait… et par ses plaies nous sommes guéris. Une troisième image dans le livre de l’Apocalypse, compare Jésus ressuscité à un agneau qui a été immolé mais qui se redresse comme un lion, fait face, est vainqueur du mal et de la mort, et prend la tête du troupeau pour le mener vers Dieu. Ainsi cette expression « agneau de Dieu » évoque à la fois l’Alliance que Dieu a voulu sceller avec nous, la mort de Jésus et sa résurrection qui enlève le péché du monde et remet dans l’Alliance avec Dieu. Mais le péché du monde a-t-il été enlevé ? On voit plutôt un déchainement du mal et une prolifération du péché. Nous-mêmes nous expérimentons que le péché demeure en nous, malgré nous.
Dans la 2° lecture St Paul salue les corinthiens comme « sanctifiés dans le Christ »et pourtant ils n’étaient pas des modèles. Dans la même lettre il les sermonne pour qu’ils fuient la débauche très grande à Corinthe et dans laquelle certains sont restés, et pour que cessent les divisions entre eux y compris pendant la messe. Alors ? ils sont à la fois sanctifiés par le Christ et encore dans leurs péchés ? Rien de changé ? Ce qui est changé c’est que le péché n’est plus une fatalité. Jésus nous donne la possibilité d’être libérés de son engrenage« Nous sommes appelés par Dieu à être saints ». Et Jésus nous montre le chemin de cette sainteté : c’est la vie d’enfant de Dieu. C’est sa manière de vivre et d’agir que nous cherchons tant bien que mal à imiter en invoquant son nom. Et lorsque nous quittons ce chemin ? Il y a la miséricorde et le pardon de Dieu et sa joie de nous retrouver.
Avons-nous jamais ressenti nous-mêmes cette joie de le retrouver, et d’être libérés du péché ? Luttons avec patience et quand il paraitra nous lui serons vraiment semblables.
Robert Jourfier
Il y a quelques jours, nous fêtions Noël et dimanche dernier l’Épiphanie. Aujourd’hui, nous faisons un bond en célébrant le Baptême de Jésus. Après une trentaine d’années passées de vie cachée et de travail dans la bourgade de Nazareth, nous le voyons recevoir le Baptême de Jean le Baptiste. Un tournant dans sa vie. Désormais, sa vie va basculer. Il va entamer une vie publique, en annonçant la Bonne Nouvelle de la venue du Royaume de Dieu.
En se faisant baptiser dans le Jourdain, Jésus fait le choix notable de ne pas aller au Temple de Jérusalem. Dans la foule qui se presse auprès du Baptiste, il n’y a pas d’élites religieuses, prêtres, scribes, ou spécialistes de la Loi, mais beaucoup de petites gens, des ’pécheurs publics’, des femmes de " mauvaise vie ", humbles qui reconnaissent leur péché, avec le désir de changer de vie. C’est dans cette file de pénitents que Jésus choisit de se " plonger ", et de prendre place. Là, au milieu de ces existences blessées qui veulent se convertir, il est pleinement " chez lui ". Et voilà que se produit l’Évènement…
" Voici que les cieux s’ouvrirent, dit l’Évangile (Jn 3, 13-17). Jésus vit l’Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui. Et des cieux, une voix disait : " Celui-ci est mon fils bien-aimé, en qui, je trouve ma joie." Jamais Déclaration d’Amour venant de Dieu n’avait parlé si intimement à un cœur d’homme ! Jamais la Parole de Dieu ne s’était autant faite "chair" en parlant au plus secret d’une chair d’homme ! Nous savons combien tout être humain a besoin de telles paroles paternelles pour se construire et se risquer ! Et Jésus homme en a eu besoin, lui aussi ! On ne peut aimer que si on est aimé et Jésus n’a pu aimer à ce point que parce qu’il se savait aimé de son Père. Cette déclaration d’amour l’accompagnera toute sa vie durant, il y puisera Force et Courage pour avancer dans sa mission de " sauveur ".
Mais aussi étonnant que cela paraisse, cette Déclaration d’Amour nous est aussi adressée, depuis le jour de notre propre Baptême. Jésus l’a dit : " Le Père vous aime aussi comme il m’a aimé." Oui, chacun de nous, avec nos plaies, nos blessures, notre péché, nous sommes enveloppés de ce même Amour si nous reconnaissons que nous avons besoin d’être " sauvés " de notre incapacité à aimer, à partager et à pardonner en vérité. Une telle Bonne Nouvelle ne nous rend pas "meilleurs que les autres" mais elle éveille en nous une profonde Reconnaissance envers ce Dieu-là qui veut " trouver sa Joie et son Amour " en nous aussi. Et elle nous donne une Force pour "soulever bien des montagnes" d’indifférence, de paresse et d’égoïsme. Et croire qu’une autre Vie est possible pour ceux qui ne sont satisfaits ni d’eux-mêmes ni de l’état actuel du monde.
Michel Retailleau
Aujourd’hui, Fête de l’Épiphanie, autrement dit la Manifestation du Christ à toute l’humanité ! Par les lectures de ce jour, nous sommes invités au partage et à la joie. N’est-ce pas extraordinaire de croire que le Christ auquel nous croyons s’est révélé dans l’Histoire d’un peuple choisi à une époque et en un lieu donnés ? Mais dans un même temps, si en Jésus de Nazareth, Dieu a pris " racines humaines ", nous croyons qu’il n’est pas le Messie d’un seul peuple mais bien le sauveur de tous les hommes. Le salut en Jésus-Christ est universel, offert à tous les hommes, dans l’épaisseur de la réalité humaine vécue dans toutes les cultures.
Rejoindre Jésus, dans la plénitude de sa personne humaine et divine à la fois, invite à toute une conversion. Conversion longue à réaliser car notre cheminement se fait à tâtons, tant notre accueil du message divin se fait au travers même de notre pauvreté et de notre vulnérabilité. Les Mages nous donnent une méthode. Ils ne se découragent pas quand l’étoile disparaît. Ils cherchent, mais d’une autre manière. Ils ne sont pas déconcertés quand ils doivent reprendre leur marche, par un autre chemin, après avoir découvert ce Merveilleux Projet de Dieu. Sa Parole s’est fait chair en Jésus mais elle veut aussi se faire chair aujourd’hui en chacun de nous.
La véritable espérance ne peut résider qu’en Celui qui est venu vivre pleinement notre humanité, la partageant avec nous mais pour nous faire partager sa propre divinité. La Préface de ce jour le dit clairement : « Quand le Christ s’est manifesté dans notre nature mortelle, (Toi Dieu)Tu nous as recréés par la lumière éternelle de sa divinité. » Cri d’émerveillement en même temps que cri d’espérance qui nous fait toujours chercher le Christ aujourd’hui. Une prière dit encore « Daigne nous accorder, à nous qui te connaissons déjà par la foi, d’être conduits jusqu’à la claire vision de ta splendeur. » Cette vision-là n’est pas réservée aux seuls croyants. Elle nous invite à être témoins du Christ Sauveur au milieu de tous nos frères et sœurs avec qui nous partageons une même humanité, comme le dit encore la Préface : « Tu as dévoilé dans le Christ le mystère de notre salut pour que tous les peuples en soient illuminés. » ALLÉLUIA !
Jean Pierre MAÇON
A Noël, Heureux comme Dieu sur terre ? Dire cela, est-ce de la provocation ? Quand on voit drames et inquiétudes de toutes sortes, quand la fatigue de vivre se lit sur tant de visages ! Quand notre pays est enlisé dans des conflits sociaux qui malmènent nos nerfs et notre vivre ensemble ? Cet enfant du Caté n’avait-il pas raison de dire à Dieu : " Je te prie pour Toi car, quand je regarde le monde, Tu dois être bien triste ! " Pas faux mais je persiste à croire qu’à Noël, on peut dire : " Heureux comme Dieu sur terre ". Pourquoi ?
Noël nous rappelle que, depuis toujours, Dieu a rêvé de nous faire partager sa propre vie, de nous donner d’aimer avec Lui. D’Abraham à Jean Baptiste, nous savons que l’Alliance qu’il a voulu faire avec l’humanité n’a pas été un long fleuve tranquille mais que, jamais, il n’a renoncé à ce Projet. Même si, bien des fois, il a du ressentir une profonde tristesse face à l’incapacité de l’humanité à s’élever au-dessus d’elle-même ! Jusqu’au jour où Il a trouvé en Marie un cœur de femme disponible comme jamais et en Joseph un Juste accordé à Dieu. Si les anges chantent leur " Gloire à Dieu " à la crèche, c’est qu’ils se font l’écho de la Joie profonde de Dieu qui vient sur terre, grâce à eux deux. Ainsi, " La Parole de Dieu se fait chair " dit St Jean. Dans ce nouveau-né et ce Jésus de Nazareth que l’on va regarder vivre, parler, enseigner, c’est Dieu qui se fait " voir" et "toucher ". C’est un Dieu qui se révèle " touché " dans ses entrailles divines, par la rencontre de personnes avec qui il veut entrer en amitié.
Ce que l’on va découvrir alors est phénoménal ! Aux croyants qui cherchent Dieu, il est possible de s’unir à la Joie de Dieu. Et si l’on n’est pas croyant, mais que l’on cherche à aimer gratuitement son prochain, on "naît de Dieu", on vit de Lui. Prenons l’exemple de l’Association " Village-Clignancourt" évoquée au début de la veillée. Elle s’est constituée à partir de parents qui ont appris à se connaître à la sortie de l’école. De leurs échanges et amitiés, sont nés des projets pour aider le quartier à mieux-vivre. Tout cela, bénévolement. Une telle initiative ne peut que réjouir le Cœur de Dieu. "Signe" parmi bien d’autres que La Parole d’Amour de Dieu" se fait chair " aussi dans " la chair " même de l’humanité.
Jésus n’a pas fini de naître en ce monde. Après la Vierge Marie en qui il a pris " corps ", il veut naître en chacun de nous. De nos mains, de nos cœurs et de nos volontés, il veut faire un " berceau " pour accueillir sa Joie, sa Présence et la transmettre. Noël n’est pas un évènement du passé. C’est aujourd’hui que La Parole de Dieu veut se faire chair en nous. La terre continuera à tourner avec ses violences et ses misères mais n’oublions pas que nous devons tendre à être ’Heureux comme Dieu sur terre’. Cette vérité est notre force et notre motivation profonde pour agir et faire chanter notre monde trop désenchanté !
Michel Retailleau
Joseph, Saint Joseph. Il y a parfois un peu d’ironie quand on parle de lui, de son rôle. Dans les premiers siècles, ceux qui s’opposaient aux chrétiens disaient que Jésus était un batard, sans père connu, ou même fils d’un légionnaire romain.
Parfois on l’appelle le père nourricier de Jésus. Chargé de l’intendance, pendant que Marie est chargée du salut du monde. Mais ce rôle de nourricier est déjà très noble : Ceux qui ont des enfants savent bien que ce qui rends père et mère, ce n’est pas les engendrer et les accoucher. Mais c’est les mettre au monde sans cesse, nourrir leur corps et leur esprit, les élever, les faire grandir, les ré-adopter au fur à mesure de leur croissance. La mise au monde est de longue haleine. Et c’est le même travail pour les enfants du sang, les enfants adoptés et ceux des familles recomposées. C’est ce qu’a fait Joseph pour Jésus.
Mais selon saint Matthieu, son rôle est plus grand encore, et aussi indispensable au projet de Dieu et à notre salut que le rôle de Marie.
Dans les évangiles Joseph est l’homme silencieux. Il ne dit rien. Mais il fait : « Joseph fit ce que l’ange de Dieu lui avait prescrit » C’est la beauté de Joseph : ses actes répondent à Dieu, plus que ses paroles. Donc il avait déjà renoncé à dénoncer Marie qui risquait d’être lapidée. Il renonce aussi à la répudier en secret et prend chez lui son épouse. Et il semble prêt à s’effacer avec respect devant Marie et le dialogue mystérieux qu’elle entretient avec Dieu.
Mais Dieu ne veut pas qu’il s’efface. Il l’invite à collaborer à son projet. C’est Joseph qui donnera à l’enfant son nom. Donner le nom c’est reconnaitre l’enfant et l’inscrire dans une famille, une généalogie. C’est le faire exister socialement parce que, plus encore dans la mentalité juive et de l’époque, être vraiment un homme ou une femme c’est avoir des racines, des ancêtres et savoir d’où on vient. Si Marie a donné à Jésus son être physique, sa chair et son sang. Joseph, en l’adoptant, lui a donné son être social, son existence légale de membre du peuple de Dieu. Et parce que Joseph est de la descendance de David, où devait naitre le messie, Jésus peut être appelé Fils de David, et grâce à Joseph, être identifié comme messie.
Tu l’appelleras Jésus. Ce nom est un programme. Il signifie « Dieu sauve » car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. » dit l’ange Gabriel. Saint Matthieu ajoute « qu’ainsi s’accomplit une parole du prophète Isaïe. » Ce prophète annonçait, la naissance d’un nouvel enfant royal : « Emmanuel, c’est-à-dire Dieu avec nous. » Et de siècle en siècle on attendra la naissance de cet Emmanuel. Eh bien ! C’est Jésus dit St Matthieu.
Alors Jésus ? Ou Emmanuel ? C’est les deux. Jésus est le Dieu qui sauve par sa vie et sa croix. Il est aussi le Dieu avec nous. Et après sa résurrection il nous promet d’être encore avec nous jusqu’à la fin des temps : ce sont les dernières paroles de l’Evangile de St Matthieu. Sans Marie et sans Joseph, Jésus n’aurait pu devenir ni notre Sauveur, ni Dieu avec nous.
Robert Jourfier
"Es-tu Celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? " Question de Jean Baptiste toujours actuelle. Jésus est-il vraiment le Messie annoncé ? Il n’a pas fait les grandes écoles rabbiniques , il n’habite pas dans les palais des rois, il se plaît en compagnie des "petits"… En ce temps de l’Avent, nous sommes invités à nous interroger à notre tour : à quoi pouvons-nous reconnaître qu’il est bien l’Envoyé de Dieu ? La réponse de Jésus est claire : ouvrez bien les yeux et les oreilles autour de vous et vous serez surpris : "les aveugles retrouvent la vue, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, et les pauvres reçoivent la Bonne nouvelle…" Autrement dit, la "preuve" de sa Venue se donne à ’voir’ et à ’entendre’ chez tous ceux qui vivent une transformation profonde leur vie parce qu’ils ont confié leur malheur ou leur mal-être à Dieu.
Je pense à cette maman de la paroisse que la vie et le malheur n’ont pas épargnée. Elle pourrait en vouloir à Dieu et à la terre entière. Eh bien, non ! L’autre jour, elle a fait notre émerveillement quand elle nous a dit : " C’est dans ma souffrance de mère que j’ai rencontré Dieu. J’ai découvert qu’Il était là avec moi. Comment ? je ne sais pas. Mais moi, je l’ai senti et je le sens encore. Quand Dieu prend la défense de ses enfants, il console par une joie et une paix qu’on ne peut pas imaginer. Moi, je sais ce qu’il a fait et continue à faire en moi. Je lui dis Merci mais surtout, je lui demande la Sagesse. Sans Lui, aujourd’hui, je serais perdue. " Signes non trompeurs d’une " morte qui ressuscite ", comme dirait Jésus !
Comment comprendre ces "signes" ? Jésus a une telle qualité d’Accueil et de Présence pour ceux qui viennent à lui qu’il devient pour eux Force et Appui. Il restaure alors en eux un goût de vivre qui les remet debout. En les écoutant dans leurs blessures physiques, affectives, psychologiques, morales…, il les rejoint au plus intime de leur désir de vivre. Et, par son regard, sa parole et ses gestes, il répare et insuffle une Energie de Vie insoupçonnée. Il " Sauve " leur vie ! Mieux encore, Il dit : non pas "je t’ai sauvé" mais " Ta foi t’a sauvé". Dit autrement : ’C’est ta confiance en moi, en la Bonté de Dieu qui t’a guéri.’ Le Messie qui vient, il est où ? Il se laisse deviner dans les "signes" joyeux de transformation et de conversion qu’on peut découvrir autour de soi… Et si pour préparer Noël, je regardais aussi celui/celle que moi-même je suis devenu(e) ? Y a-t-il en moi des " signes " de changement qui me disent que le Christ est venu aussi à moi et qu’il veut "demeurer" chez moi ?
Michel Retailleau
Dans l’Évangile de ce jour (Matthieu 3, 1-12), un homme, Jean-Baptiste et son message... sévère. Message sévère mais décisif : il peut changer le cours d’une vie. : « Une voix crie dans notre désert. » Un vêtement de poil de chameau, une ceinture de cuir, il se nourrit de presque rien. Seul dans le désert, rien ne l’encombre et rien ne le distrait. Il n’a pas d’argent ni de bibliothèque, ni de smart - phone. Rien ne le détourne de la présence de Dieu. Jean-Baptiste est l’homme de L’ESSENTIEL.
Jean-Baptiste est aussi un homme à la parole violente dont les cris étonnent quand on accourt à lui dans le désert : « Engeance de vipères qui vous a appris à fuir la colère qui vient ? » « N’allez pas dire en vous-même : nous avons Abraham pour père » « Tout arbre qui ne produit pas de bons fruits va être jeté au feu. » Il faut aimer beaucoup pour être aussi sévère. Ne faut-il pas réveiller l’homme de ce qui l’éloigne de l’amour de Dieu ? En apparence loin de la foi, il a droit de savoir que Dieu l’aime. Il faut profiter de ce temps de l’Avent pour chercher dans notre Bible ou Nouveau Testament les passages où Jésus nous dit que Dieu nous cherche…
Il est difficile de faire découvrir à d’autres ce qu’est Dieu pour nous, mais nous le savons, la violence même de Jean-Baptiste nous indique qu’entre Dieu et l’homme, c’est une relation vive qui secoue des vivants sinon il ne se passe rien. Il y a des moments où le cœur de l’homme est inquiet, mais il est frémissant. Dieu voudrait bien être Celui qui inquiète le cœur de l’homme. Dieu s’inquiète des choix que l’on fait dans la vie !
Le cœur même de la Bible nous dit aussi que Dieu est à l’ŒUVRE. L’histoire de l’humanité, l’histoire des peuples, comme nos histoires personnelles, tout cela est une invitation à découvrir le Nom de Dieu. Car Dieu se préoccupe de l’homme. C’est ce que vont commencer par découvrir les Hébreux dans le passage de la Mer Rouge. Dieu, Il est là dans cette libération de l’esclavage. Il est un partenaire fidèle sur Qui on peut compter dans la vie et les combats que nous menons. Dieu ne souhaite qu’une chose : s’expliquer avec chacun de nous comme il l’a fait avec son peuple. Comme l’ont fait en son nom les Prophètes, comme le fait le dernier d’entre eux, Jean-Baptiste. Le message de Jean nous réveille ce matin : « Convertissez-vous, le royaume de Dieu est tout proche. ». C’est un cri d’espérance et une promesse que nous sommes invités à accueillir en communauté rassemblée du Dimanche et à vivre en famille et avec tous ceux que la vie nous fait rencontrer.
Jean Pierre Maçon
« Dieu sera arbitre des peuples. De leurs épées ils forgeront des charrues, et de leurs lances des faucilles. Ils n’apprendront plus la guerre. Marchons à la lumière du Seigneur »
Si ces paroles d’Isaïe étaient vraies. Si les armes de guerre étaient transformées en outils agricoles, permettant à tous de se nourrir et se soigner. Si tous marchaient à la lumière de Dieu ! Ce serait tellement heureux pour le monde. Mais on est loin du compte. On pourrait faire une longue liste de toutes les guerres, terrorismes, crimes, injustices qui gangrènent le monde aujourd’hui. Sans parler des adolescents qui meurent à 20 ans pour des concurrences de trafic ou de quartier. Sans parler des violences faites à la nature, à la création, et qui mettent en péril l’avenir.
Tous ces problèmes, répercutés en continu par les medias, créent une ambiance morose. Un père de famille me disait que lui-même et ses amis se désolaient du pessimisme de leurs grands adolescents, qui à 20 ans croient si peu en leur avenir.
Alors les paroles du prophète Isaïe sur les armes transformées en charrues, paraissent bien décalées et utopiques. Il en est de même des paroles de St Paul qui affirme (2° lecture) que la nuit du monde touche à sa fin et que le jour de Dieu arrive enfin. Dieu nous propose-t-il de rêver, ou de faire rideau, ne plus y penser ? Au contraire St Paul nous invite à sortir de notre sommeil, à ne pas nous abrutir dans l’alcool ou tout ce qui nous drogue et nous assoupi. Et à nous mobiliser.
Jésus fait allusion au déluge : Oui nous pourrions comprendre que devant tout cela, Dieu ait envie de nous effacer de la carte, de détruire ce monde qui correspond si peu à son projet. Mais le projet de Dieu n’est pas de nous anéantir mais au contraire de nous mobiliser pour préparer le retour de Jésus. Ce retour est notre horizon
Jésus Lui aussi tente de nous réveiller et de nous mobiliser. « À l’époque de Noé les gens vivaient leur vie au jour le jour : ils mangeaient buvaient, se mariaient » et ils étaient inconscients du danger qui les menaçait. C’est pas mal de manger, boire et se marier. C’est même bien. Mais le quotidien peut aussi nous anesthésier et Jésus cherche à nous sortir de nos routines.
. Ce temps de l’Avent nous est donné pour une reprise spirituelle : nous ressaisir dans l’Espérance car Dieu se refuse à désespérer de nous. La vertu d’Esperance c’est espérer en Dieu et n’espérer qu’en Lui. C’est être sûr que le monde et l’humanité vont vers un terme heureux, parce que c’est lui qui le dit et le promet. « Nous attendons le bonheur que tu promets et l’Avènement de Jésus notre sauveur. »
Ce monde neuf, renouvelé, débarrassé de toutes ses violences que nous attendons avec la venue de Jésus dans la gloire, Jésus nous demande de nous mobiliser pour le faire exister. Dieu merci partout, sur les lieux de guerre, de violences et de misères, il y aussi et toujours des personnes qui vivent l’amour de Dieu, qui forgent des charrues avec les épées, et travaillent à guérir ce monde. Tous nous en faisons partie modestement au quotidien. Ce temps nous invite à persévérer. Et à regarder vers le Christ qui vient. Marchons à la lumière du Seigneur.
Robert JOURFIER
Juste après son baptême, au désert, Jésus avait été tenté par le diable qui lui montrait tous les royaumes de la terre : « tout cela je te le donne si tu m’adores ». Mais Jésus avait dit non : Le diable lui avait aussi proposé de sauter du haut du temple, de faire un miracle spectaculaire : « Si tu es fils de Dieu jette toi en bas, Dieu enverra ses anges » Jésus a encore dit non.
Toute sa vie Jésus a dû lutter ainsi. Les miracles ? Il ne les faisait que par amour des gens, pas comme preuves. Roi ? Il a toujours refusé de l’être. Messie ? Il se méfiait de ce titre que certains voyaient comme chef de guerre sainte.
Dans l’Evangile de ce jour on voit que ces mêmes tentations l’assaillent encore sur la croix. Et avec les mêmes mots. : « S’il est le Messie de Dieu, l’Elu disent les prêtres, qu’il se sauve lui-même » « Si tu es le roi des juifs, sauve-toi toi-même » disent les soldats. « N’es-tu pas le Christ ? dit le condamné crucifié à ses côtés, sauve-toi toi-même et nous avec »
Face à toutes ces provocations méchantes et ironiques, Jésus garde le silence. Il ne veut pas se sauver de la croix. Il sait que c’est Dieu qui sauve. D’ailleurs son nom « Jésus » « Dieu sauve » est là pour le lui rappeler. Il attend dans la confiance. Il sait que Dieu ne l’abandonnera pas dans la mort. Il lui est resté fidèle. Il a vécu sa mission. Il ne s’est pas dérobé aux conséquences et Il le paye cher. Il ne veut pas se sauver : il veut nous sauver !
« Roi des juifs » c’est le motif de sa condamnation inscrit au-dessus de sa tête. Pour les romains il est un fauteur de trouble, qui menace le pouvoir de César. Quelle ironie, lui qui a toujours refusé ce titre de roi. Drôle de roi dans cette position de crucifié.
Ce roi humilié règne par sa foi en Dieu, par l’amour de tous, y compris de ses ennemis, et par le pardon. Juste avant, déjà attaché à la croix Il avait pardonné ses juges et ses bourreaux : « Père pardonne leur, ils ne savent pas ce qu’ils font. ». Et aussitôt Il donne un autre pardon, au condamné qu’on appelle le bon larron. Celui-là s’est démarqué de son compagnon : il parle vrai, il reconnait ses torts et que Jésus est un juste. Il lui fait une prière d’humilité et de foi. « Souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton royaume » Et Jésus lui dit « aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le paradis ». Ce larron est le premier saint , canonisé par Jésus lui-même. Le paradis c’est être « avec moi » dit Jésus.
Nos chemins sont ceux de Jésus. Faire grandir le règne de Dieu, faire régner le Christ ce n’est pas faire dominer le christianisme, ni l’Eglise. Ce n’est pas imposer nos lois, nos idées , notre pouvoir à tous. En église nous devons faire comme ce larron, reconnaitre nos torts et nous tourner humblement vers Jésus. Et il s’agit de le faire régner en nous. En ayant foi et confiance en Dieu, même sur la croix, comme lui. En l’imitant dans son humilité et sa fidélité à Dieu. En servant comme lui. En répandant le pardon et la réconciliation.
C’est ainsi qu’il nous sauve et qu’il nous dit « aujourd’hui tu es avec moi, déjà au paradis. »
Robert JOURFIER
Qu’il avait fière allure ce temple de Jérusalem flambant neuf ! Les disciples ne se lassaient pas d’en admirer murailles, marbres, tentures, boiseries sculptées et dorures. Regard captivé qui flattait leur fierté d’appartenir au Peuple Elu… Qu’elle avait fière allure cette cathédrale Notre Dame de Paris qui attirait des millions de visiteurs annuels mais dont la toiture, pourtant, fut ravagée par les flammes, le 15 avril dernier ! Les mots de Jésus (Luc 21, 21, 5-19) prennent une singulière actualité : « Ce que vous contemplez, des jours viendront où il n’en restera pas pierre sur pierre : tout sera détruit. »
L’usure du temps n’épargne rien ni personne ! Il en est des sociétés comme des vies humaines. Elles sont toutes guettées un jour par le basculement. Comme les civilisations, les nations, les cathédrales, tout ce qui donne sens et solidité à nos vies, tout cela un jour sera détruit. Jusqu’à notre vieille planète " terre " qui nous porte. « Tout ce que vous contemplez, des jours viendront… où tout sera détruit » dit Jésus Nous éprouvons de plus en plus la fragilité de la vie et de l’existence. Nos amours, notre foi, nos engagements, aujourd’hui encore forts, peuvent s’écrouler demain comme château de cartes !
Dans un monde qui doute, le Christ serait-il prophète de malheur ? Comprenons- bien ses paroles... Tout ce que nous construisons sur terre par nos initiatives, nos engagements, notre foi, tout cela est nécessaire aujourd’hui pour faire face aux défis et laisser émerger le meilleur de nous-mêmes en mobilisant nos facultés de créativité et de responsabilité. Cela donne sens à nos existences et nous fait collaborer au Projet de Dieu sur le monde. Mais, tout cela, nous dit Jésus, comporte un caractère ambigu et provisoire. Quand cela ne sera plus, seul demeurera l’amour de Dieu et des autres que nous y aurons vécu.
Mais alors, peut-on vivre pleinement ici-bas si tout est inexorablement voué à l’échec et à la mort ? Loin de tout catastrophisme, Jésus nous invite à aller de l’avant et à persévérer dans tout ce qui relève de notre responsabilité humaine, personnelle et collective : " C’est par votre persévérance que vous garderez votre vie." Persévérance du cœur et de l’âme, persévérance dans l’amour des autres, persévérance dans la foi en la Présence et la Bienveillance de Dieu. Car, c’est Lui qui fait toutes choses nouvelles au cœur de nos engagements. En cette Journée Mondiale des Pauvres voulue par le pape, retroussons nos manches, mais avec cette seule certitude qu’au final, seul les actes d’amour vrai resteront !
Michel Retailleau
Au temps de Jésus, la foi en la résurrection des morts était quelque chose d’assez nouveau et sujet de discorde dans le peuple juif. Exemple : Les Pharisiens croyaient en la résurrection des morts, mais pas les Sadducéens.
Nous, nous proclamons notre foi en la résurrection des morts lorsque nous disons le " JE CROIS EN DIEU ", mais cela a-t-il un véritable impact dans notre vie ? Dieu veut rassembler auprès de lui ceux qui désirent plus que tout vivre en sa présence : il ne veut pas s’imposer à nous ! Notre vie sur terre est la préparation de la vie dans l’au-delà : on y apprend à aimer avec toujours plus de vérité, on y apprend le face-à-face avec Dieu. Si, ici-bas," je me moque pas mal de Dieu ", s’il m’est indifférent, il respectera la distance que je mets entre lui et moi. Mes choix d’aujourd’hui conditionnent ma vie au-delà...
Quand nous, nous aimons, nous voudrions que rien ne vienne interrompre une histoire qui fait notre raison d’exister. C’est parce que nous croyons que nous avons " du prix " aux yeux de Dieu et qu’il est le Maître de la Vie que nous croyons en un au-delà de la mort. C’était la conviction qui s’était imposée peu à peu aux martyrs d’Israël et qui faisait leur force. Le courage dont faisaient preuve les martyrs a souvent été un signe pour les persécuteurs eux-mêmes, les mettant parfois sur le chemin de Dieu.
Le courage et la foi dont je peux faire preuve dans les difficultés peuvent toucher les cœurs et mettre sur le chemin de Dieu.
Que sera notre vie dans l’au-delà ? Chacun l’imagine à sa façon. Pour ma part j’aime beaucoup cette métaphore : La graine ne permet pas d’imaginer l’arbre. Jésus nous dit dans cet Évangile que l’au-delà ne sera pas comme ici. Les rapports humains ne seront plus polarisés sur " le désir de jouissance, de possession de l’autre et sur le sexe ".
Trouvons notre joie, non "dans les plaisirs", mais "en tout ce que nous pouvons faire et dire de bien", soutenus en tout par les Paroles du Christ en son humanité. Alors avec la persévérance, l’attente du retour du Christ est une grâce qu’il nous faut demander les uns pour les autres.
Jean Pierre MAÇON
A Jéricho, un homme nommé Zachée cherche à voir Jésus. Il est très riche car il est chef des collecteurs d’impôts. Il travaille pour les romains. Comme une banque, il leur avance l’argent de l’impôt et il se rembourse sur les contribuables, largement. Pour les gens c’est un vendu aux romains, et un voleur sans scrupules. Et pour ces raisons, il est considéré comme impur. Il ne peut entrer au temple. Et nul ne peut le fréquenter sans devenir lui-même impur. Il est riche mais intouchable.
Il voulait voir Jésus. Jésus venait de guérir un aveugle à l’entrée de la ville. Cet aveugle le suivait comme disciple. Et la foule se pressait. Zachée voulait voir, lui aussi. Mais il était petit, et il est grimpé dans un arbre.
Qu’est-ce qui le poussait ? La curiosité ? Ou bien Dieu qui travaillait son cœur ? Toujours est-il que Jésus lève les yeux et lui adresse la Parole. « Zachée, c’est chez toi que je veux demeurer ». Gros murmure dans la foule : ils sont horrifiés. Comment cet homme de Dieu peut-il aller loger chez ce traître, ce voleur, cet impur… S’il y avait une maison où ne pas aller c’est là. Jésus le fait exprès. Il provoque parce qu’il est animé par l’image du Dieu bon et miséricordieux.
Le cœur de Zachée se gonfle de joie. Cet homme de Dieu ne le rejette pas, lui pécheur public. Ce prophète ose se compromettre publiquement avec lui. Dans sa joie il dévale de son arbre, emmène Jésus dans sa maison, et sans que Jésus lui demande quoi que ce soit, il annonce qu’il va donner la moitié de ses richesses aux pauvres, et dédommager largement ceux qu’il a spoliés. Il est transformé. Jésus constate alors que le salut est entré dans la maison et Lui aussi est rempli de joie.
Jésus est venu chercher et sauver ce qui est perdu. Qu’y avait-il à sauver en Zachée ? Le désir, qui l’avait fait grimper dans l’arbre. La joie d’être honnête, de réparer et rembourser. La joie de donner. La joie d’être en communion avec les autres et avec Dieu… Jésus ne lui avait pourtant pas fait la morale. Il n’a rien exigé. Il s’est contenté de le regarder comme un fils d’Abraham. C’est-à-dire un membre du peuple de l’alliance : Traître, voleur, impur, il restait quand même un enfant d’Abraham. Et les promesses de Dieu étaient aussi pour Lui, et le salut était pour lui, s’il voulait. Zachée a voulu.
C’est ainsi que le Seigneur nous regarde. Il ne nous fait pas la morale. Il nous prend là où nous sommes. Personne n’est définitivement perdu à ses yeux. En nous, il ne voit pas d’abord le péché, mais l’enfant de Dieu qui a besoin d’être sauvé. Et il nous aime sans conditions. Et notre conversion commence là, sous son regard. Laisse toi regarder par le Christ. Laisse-le sauver en toi l’enfant de Dieu.
Du même coup, Jésus nous apprends à ne pas enfermer les autres dans leurs erreurs et leurs péchés. Le criminel le plus endurci ne se réduit pas à ce qu’il a fait. Il est plus grand que ses crimes. C’est pourquoi il y a des aumôniers dans les prisons. Ils ne considèrent pas les détenus comme des déchets de la société mais comme des enfants de Dieu à qui le salut est offert. Pensons à ceux qui nous ont fait du mal. Ils ne se réduisent pas au mal qu’ils ont fait.
En eux, comme en nous, il y a un enfant de Dieu que Dieu veut sauver.
Robert JOURFIER
Après la parabole de la veuve qui demandait justice, dimanche dernier, posons-nous cette question : quelle est notre disposition intérieure en venant aujourd’hui dans cette église écouter la Parole dont la vocation est d’orienter notre vie ? Quel sera notre état d’âme après avoir partagé le pain eucharistique et échangé le baiser de paix ? Ce questionnement nous introduit au cœur de la Bonne Nouvelle de ce dimanche où, à travers deux personnalités, voire deux attitudes, s’illustrent pour l’un l’égocentrisme, pour l’autre l’humilité. Nous ne pouvons saisir ce qui se passe, sans nous interroger sur l’histoire des rapports entre les pharisiens et les publicains.
Les pharisiens, stricts observateurs de la loi, tiennent les publicains à l’écart et offrent leur bonne conscience et leur suffisance à Dieu, sans rien lui demander, récusant ainsi la reconnaissance de cet autre tel qu’il est, c’est à dire fait à la ressemblance de Dieu.
Jésus donne un publicain en exemple. Ce publicain, au lieu de vanter ses malversations financières, fait une relecture de sa vie, « un mea culpa » en quelque sorte. Sa mise en présence de Dieu dans le Temple est empreinte de respect et de révérence : « Il se tenait à distance et n’osait même pas lever les yeux vers le ciel ; mais il se frappait la poitrine en disant : " Mon Dieu, montre-toi favorable au pécheur que je suis " . Alors s’opère en lui un retournement que seul l’Esprit procure, parce qu’il implore la Miséricorde d’un Dieu qui pardonne. Cette irruption de Dieu dans sa vie le change complètement. Des publicains, Jésus dira : « les collecteurs d’impôts et les prostituées vous précèdent dans le royaume des cieux » (Mt 21,31). L’attitude de Jésus, qui n’est ni approbation ni condamnation mais miséricorde et appel au changement de vie, réhabilite le publicain.
En chacun de nous hibernent un pharisien et un publicain. Puissions-nous, par cette célébration et avec la grâce de Dieu, bâtir une communauté ecclésiale sans exclusion et une société fraternelle qui communient au mystère du « dépouillement du Fils » manifesté lors du lavement des pieds : « Qui s’élève sera abaissé, qui s’abaisse sera élevé ».
Jean Pierre MAÇON
Un jour de Noël, mon neveu de 5 ans, que je n’avais pas vu depuis longtemps a couru vers moi, et sans dire bonjour, sans m’embrasser, me dit : « qu’est-ce que tu m’as apporté comme cadeau ? » Pour le taquiner, j’avais répondu : « je n’ai pas de cadeau, le cadeau c’est moi ! » Il m’a regardé sans être vraiment convaincu. Pourtant j’avais raison. Derrière les cadeaux que nous échangeons, il y a des personnes qui ont la joie de se retrouver, d’être ensemble et de se faire plaisir. Cette relation est plus importante que le cadeau lui-même.
Il en est de même avec Dieu : la relation avec Lui, la joie de sa présence à nos côtés sont plus importants que les cadeaux qu’il peut nous faire et que nous lui demandons dans la prière.
Jésus insiste sur la nécessité de toujours prier sans se décourager et de garder la foi quoi qu’il arrive. Il donne l’exemple d’une veuve, seule pour survivre et pour se défendre. Elle se heurte à un juge qui ne la calcule pas. Il ne respecte ni Dieu ni les gens et se soucie peu de lui rendre justice. Mais cette femme s’accroche. Elle revient sans cesse à la charge. Si bien que pour ne plus entendre ses plaintes et ses cris, le juge fini par céder. L’obstination a fini par payer. Et Jésus conclu : « Ce juge injuste a fini par écouter cette femme, et Dieu ne nous écouterait pas quand nous l’appelons dans la prière ? Il nous ferait attendre ? Je vous le déclare, bien vite il nous fera justice. »
Pourtant c’est rarement notre expérience. Combien de fois nous avons été en situation de pauvreté, et nous avons supplié Dieu, pour lui demander une guérison, un travail, un logement… Et combien de fois nous avons eu l’impression qu’il était aux abonnés absents. Et pourtant Jésus affirme que bien vite il nous fait justice. Alors ?
Alors peut-être qu’il nous donne beaucoup, mais pas forcément ce que nous demandons. Ou qu’il le donne autrement. Il n’a pas donné la guérison espérée et demandée. Mais il nous a donné le courage et la force. Il nous a envoyé des anges, des amis, des soignants qui ont soulagé notre peine et notre corps et notre esprit. Qui nous ont aidés à traverser le malheur. Lors des obsèques Je suis frappé de voir combien, les gens disent leur reconnaissance pour les soignants qui ont accompagnés leur malade. Dieu n’a pas donné la guérison, mais il a donné parfois des derniers jours et une mort dans la paix. Comme dit le Psaume 22 : « si je traverse les ravins de la mort, je ne crains aucun mal car tu es avec moi… »
Plus que les cadeaux, parfois essentiels que nous lui demandons, ce qui compte c’est que Dieu soit avec nous, à nos côtés. C’est ce que produit la prière, insistante, persévérante. Elle nous met dans la communion avec Lui. C’est lui le merveilleux cadeau. C’est ce que m’a dit un ami moine : quand les gens me demandent de prier pour leur santé, leurs examens, tous leurs besoins, je leur réponds : je prierai pour ce que tu demandes. Et surtout, je prierai Dieu pour que, quoi qu’il arrive, il soit à tes cotés. C’est le plus grand cadeau qu’il puisse te faire.
Jésus lui-même a vécu cela bien sûr. « Lui qui offrit, avec un grand cri et dans les larmes, des prières et des supplications à Dieu qui pouvait le sauver de la mort, et il fut exaucé.… » (Hébreux 5, 7) Dieu l’a exaucé, mais en l’assistant dans sa mort sur la croix et en le ressuscitant. C’est ce que nous célébrons dans l’eucharistie qui nous entraine sur le même chemin de foi.
Robert JOURFIER
Quel lien entre le lépreux guéri de l’Évangile (Luc 17, 11-19) qui revient " rendre gloire à Dieu " et l’Assemblée Paroissiale de ce jour ? Un petit fait éclairant … Toute à la joie d’avoir vécu à Ste Hélène la célébration des Migrants et des Réfugiés, il y a 15 jours, une paroissienne a envoyé le " Contacts Spécial " à notre vicaire général, en ajoutant : " On est fiers d’être à Ste Hélène ". En la remerciant, Benoist lui a astucieusement répondu : " Oui, on est bien à Ste Hélène. " Alors, " fiers d’être à Ste Hélène"… ou " on est bien à Ste Hélène" ? Le lépreux qui revient vers Jésus peut nous aider à répondre et par-là, nous faire entrevoir l’importance de notre Assemblée Paroissiale.
Si nous disons que nous sommes " fiers d’être à Ste Hélène ", nous mettons en avant les qualités de la paroisse .Et nous risquons de nous attribuer à nous-mêmes ces qualités. Non qu’il soit foncièrement mauvais de s’auto-congratuler, mais alors, nous passons sous silence le Mystère de ce que nous vivons en paroisse... Par contre, en disant que nous sommes " bien à Ste Hélène ", nous disons qu’il y " fait bon" de nous retrouver pour partager, prier, chanter, prendre des responsabilités…. Qu’il fait ’ bon ’d’y écouter la Parole de Dieu et de communier ensemble... Par là, nous sous-entendons alors que ce qui fait qu’on est’ bien à Ste Hélène’, c’est de toucher et de goûter ensemble la Présence de Dieu qui nous fait ’ frères ’. Car, c’est bien Lui qui nous invite à nous rassembler, à le louer, à devenir le Corps du Christ. " Il est bon que nous soyons ici ", disait déjà Pierre à la Transfiguration !
Nous rejoignons ainsi l’attitude du lépreux de l’Evangile qui se met " à revenir sur ses pas et à rendre gloire à Dieu ". En effet, être chrétien, ce n’est pas adhérer d’abord à un groupe ou un lieu de culte si chaleureux soient-ils, c’est " revenir sur ses pas et remercier Dieu ". C’est ’relire’ et ’se redire’ pour QUI et grâce à Qui il fait bon de vivre ensemble. Comme le lépreux, il est bon de revenir à la Source de ces bienfaits-là : le Christ. La 1ère raison de notre Assemblée Paroissiale, c’est donc de nous émerveiller ensemble du fait d’être tous aimés et rencontrés par le Christ. Et de pouvoir se le dire avec nos mots, nos chants…
Mais il y a un 2ème raison à la tenue de notre Assemblée. Ce qui distingue le chrétien des autres croyants, ce n’est pas qu’il prie mais qu’en disant Merci à Dieu, il est envoyé comme témoin auprès de ceux que le Christ veut rencontrer. " Relève-toi et VA : ta foi t’a sauvé " dit Jésus au lépreux. ’ Maintenant à toi de donner envie à d’autres de Me connaître pour que leur vie en soit aussi changée ’. L’Assemblée paroissiale veut ainsi nous inviter à devenir " disciples-missionnaires " comme dit le pape. Là où nous vivons... Mais sans forcer, sans prosélytisme. Seulement, parce que nous avons goûté que c’est bon d’y croire et d’en vivre !
Michel Retailleau
La Foi n’est pas la croyance. La Foi n’est pas la conviction. La Foi est bien plus qu’une certitude. Elle n’est pas seulement dans le cœur. Elle est dans la vie. La Foi, c’est l’abandon de son être à la claire volonté de Dieu. Le risque accepté de livrer au Christ quelque chose de sa vie, de toute sa vie. L’acceptation, en somme, de sa propre impuissance.
Ce n’est pas si facile qu’avec un rien, Dieu puisse faire tout. Qu’il soit le Tout-puissant quand nous ne sommes que ce que nous sommes, voilà ce qui écorche notre orgueil ! Mais si cet orgueil-là accepte de fondre, le miracle alors se produit. Et tout est renversé !
En reconnaissant cela dans un regard d’amour, la Foi libère la puissance même de Dieu. Car la puissance même de Dieu peut rester comme impuissante face à notre simple refus, car elle choisit toujours de respecter pleinement notre liberté. Car Dieu nous a créé libres en vérité. Libres de l’accepter ou de le refuser ; libres de le laisser entrer ou de le faire attendre ; libres de tout lui abandonner ou de tout nous réserver. Oui, nous sommes libres d’emprisonner notre liberté, d’emprisonner Dieu et nous l’avons déjà fait, ou de le libérer. Et c’est la Foi qui réalise cela… Tel est le drame de cet amour, du risque fou de cet amour, dont tout, en notre vie, dépend absolument. Dieu frappe sans cesse à la porte ; mais il ne l’enfonce pas !
Cela revient à dire que nous devons avant tout accepter d’avoir, au fond de notre cœur, la Foi au moins grosse comme un grain de sénevé. « Tu dois réveiller en toi le don de Dieu que tu as reçu », dit Saint Paul à Timothée. Et ce don capable d’assurer notre salut, c’est le don de la foi, de la foi opérant par la charité. Il s’agit donc, avant toute chose, de croire : de croire que Dieu peut tout en nous, pour nous et même par nous.
Car si nous le laissons faire, il peut tout en vérité. Si nous acceptons d’être des " simples serviteurs ", selon le mot de l’Ecriture, Dieu réalisera mille choses en nous et par nous. « En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi, fera lui aussi les œuvres que je fais. Il en fera même de plus grandes, nous dit Saint Jean ! » (Jn 14). Voilà la puissance dont Dieu veut revêtir notre faiblesse. Car alors on touche le cœur de Dieu. Et, auprès du Père, on peut tout.
Jean Pierre MAÇON
Les critiques ne manquent pas contre le pape : " De quoi se mêle-t-il donc, à nous parler sans cesse des migrants et de réfugiés ? Ce n’est pas son affaire. Qu’il parle plutôt de Dieu ! " Et concernant migrants et réfugiés eux-mêmes, les reproches ne se font pas moins tendres : " De quoi se mêlent-ils à venir chez nous pour profiter de nos avantages sans même chercher à respecter notre culture, nos habitudes, et même notre religion… ? " Paroles de sourds mais surtout paroles de peurs et de rumeurs qui ferment à l’accueil, au dialogue et à la rencontre.
La liturgie du jour qui nous offre la parabole du Riche et de Lazare (Luc 16, 19-31) est d’une troublante actualité. Si elle met en scène 2 personnes : un riche et un pauvre, on peut, sans trop de difficulté, la transposer aujourd’hui à l’échelle mondiale. Ainsi, " Il y avait un continent riche, l’Occident, qui vivait bien, profitant de ses richesses et de sa bonne nourriture… Au dehors, vivaient des peuples qui avaient du mal à vivre… Certains politiques parlaient même de construire un mur de pierre ou de barbelés pour mieux se protéger, à l’image de la parabole qui dit : " un grand abîme a été établi entre vous et nous, pour que ceux qui voudraient passer vers vous ne le puissent pas et que, de là-bas non plus, on ne traverse pas vers nous’ "… Circulez, il n’y a rien à voir. Triste version de cette Parabole !
Ne soyons pas naïfs. Chaque Etat a le droit de se protéger et de se donner des règles. Mais il a aussi le devoir de respecter la dignité de ceux qui frappent à sa porte pour raisons économiques, politiques, militaires et climatiques… Si le pape ne cesse d’appeler les chrétiens et les consciences à un réveil face à cet immense défi, il joue pleinement son rôle de veilleur et de prophète en ces temps de repli sur soi, tant individuel que collectif. S’il s’en mêle, c’est à cause de tous ces êtres humains qui, dans le monde,’ passent à côté de la vie ’, privés des droits humains les plus fondamentaux. Ne sont-ils pas eux aussi fils de Dieu ?
Si le pape s’en mêle, c’est parce que Dieu, en Jésus, a voulu se mêler à l’humanité. Et que, par sa mort en croix et sa résurrection, Dieu et l’homme sont définitivement liés. Nous ne serions plus de vrais " disciples " du Christ, si nous renoncions à vivre le " J’étais un étranger et vous m’avez accueilli. " En cette Journée Mondiale du Migrant et du Refugié, implorons l’Esprit Saint pour qu’il nous aide à inventer une Fraternité plus large à la dimension du monde " mondialisé " dans lequel nous vivons. En hébreu, Lazare signifie : " Dieu aide " !
Michel Retailleau.
Jésus fréquente publicains, pécheurs et gens de mauvaise vie. Il mange même à leur table. "Cet homme de Dieu devrait absolument éviter de fréquenter ces gens-là. Il va être impur, contaminé à leur contact !" Voilà ce que pensent les pharisiens ! Alors Jésus leur raconte 3 paraboles, dites de la Miséricorde : la brebis égarée, la piécette perdue et le fils perdu (qui, lui, est lu pendant le carême). Tout cela, pour nous faire comprendre la grande hantise de Dieu le Père : qu’aucun ne manque à l’appel ! Oui, le Père est terriblement malheureux quand il voit l’un de ses enfants s’éloigner de lui. Il est en manque de cet unique. Mais son cœur est en fête quand l’égaré revient !
Pécheurs, nous le sommes tous. S’accepter humblement pécheurs avec notre part de lumière et d’ombres, c’est ce que nous faisons au début de chaque eucharistie. Le véritable péché, c’est de nous croire exclus, à cause de ces infidélités, blessures, culpabilités, que nous traînons. Nous avons du mal à croire que nous n’aurons pas à payer la facture, à « passer à la caisse », comme si Jésus n’avait pas pris sur lui toutes nos dettes. Non, nous dit le Père, tu es enfant de Dieu, tes péchés te salissent, mais tu restes de la famille, tu restes dans l’Eglise. Nous n’avons pas à " mariner " dans notre péché, quand il suffirait de nous lever et de nous jeter dans Ses bras ! « Il est important de ne pas se croire autosuffisant » dit le Pape François.
L’ Evangile d’aujourd’hui parle du péché, mais bien plus encore, il est éclairé par la JOIE. Joie du berger qui retrouve la brebis égarée, joie de la pauvre femme qui retrouve la pièce d’argent qu’elle avait perdue. Alors, osons revenir vers Dieu, osons nous jeter dans ses bras. Osons vivre le sacrement de réconciliation, non pas comme " une petite lessive ", mais vraiment comme le sacrement de l’Amour Miséricordieux de Dieu. Osons croire que, par ce sacrement, son pardon est total, qu’il ne garde pas une " petite dent " contre nous… Pour nous prêtres, c’est toujours une joie de notre ministère d’entendre quelqu’un nous dire :" tu n’aurais pas une petite demi-heure à m’accorder"… pour faire le point comme on dit, pour relire sa vie et recevoir en vérité le sacrement de réconciliation.
Comme nous sommes heureux, Seigneur, de comprendre surtout que, dans notre pauvre condition d’homme pécheur, il importe simplement de revenir vers Toi et de miser sur Ta Miséricorde. Oui," il y a de la joie chez les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se convertit "… chaque fois que le mal recule un peu sur la terre !
Jean Pierre MAÇON
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L’heure de la rentrée scolaire a sonné ! Avec elle, bien des rentrées s’enchaînent : travail, vie associative, sportive, culturelle, pastorale, engagements… Les auditeurs, au temps de Jésus, n’ont sans doute pas connu notre vie trépidante, mais déjà, il les invitait à ne pas se disperser dans les multiples sollicitations de la vie. " Commence par t’asseoir ", leur disait-il.
Conseil de sage plus vrai que jamais ! En ce début d’année, s’asseoir pour se poser intérieurement : " Qui je suis, d’où je viens, où je vais ? ". S’asseoir pour ne pas s’agiter en tous sens. S’asseoir pour rendre plus fermes et solides ses raisons de vivre, d’agir et de croire. Dans une société de l’éphémère comme la nôtre, où tout va si vite, où le souci des apparences et la fatigue du stress affolent la boussole de nos existences, il est salutaire de s’asseoir pour écouter parler l’intime de soi-même. Faire place à l’intériorité est plus vital que jamais : qui suis-je face à moi-même, à Dieu et aux autres ? Si non, le risque est grand d’être conduit par les évènements, au lieu de chercher à les conduire soi-même.
Mais Jésus n’est pas qu’un maître de sagesse humaine, il est un Maître Spirituel sans égal. S’asseoir oui, mais pour écouter sa Parole et marcher à sa suite. Et là, il met la barre haute : Tu veux être " mon disciple ", réponds à ces 3 questions radicales que je te pose : La 1ère : " Me préfères-tu à tous ceux de ta famille qui te sont chers ? " La 2nde : " Es-tu prêt à porter ta croix ? ", à affronter chaque jour avec Moi, les risques de l’existence, et à faire de Moi un compagnon, et un appui pour traverser tes doutes et tes épreuves ? La 3ème : " Es-tu prêt à la vraie joie en renonçant à tous ces biens qui te collent à la peau ? "… comme le souci de ta seule réussite, le bien sacré de ton temps, le désir obsédant d’être bien dans ton corps… ?
Le Christ est d’une exigence rare avec nous. Il ne veut pas que nous renoncions à toutes les richesses de l’existence mais nous aider à nous désencombrer du superficiel et du superflu. Apprendre à s’enraciner dans l’amitié avec le Christ est le bien le plus précieux qui met les choses à leur vraie place. Se désencombrer sous son regard procure joie, force et paix. Au cœur de tes activités et occupations, es-tu prêt à consentir à prendre des moments de silence intérieur et à offrir aux autres une présence de qualité ? Dieu veut te creuser intérieurement et te laisser aimer la Vie avec Lui, par Lui, et en Lui. Mais jamais sans toi !
Michel Retailleau
Après une année bien remplie, qui ne rêve de " vacances en liberté " ? Être libre de vivre à son rythme… Libre de rencontrer qui il veut… Libre de marche, respirer … Choses bien légitimes ! Pourtant, c’est d’une autre liberté que St Paul nous parle aujourd’hui quand il dit : " C’est pour que nous soyons libres que le Christ nous a libérés… Vous avez été appelés à la liberté. Mais Que cette liberté ne soit pas un prétexte pour votre égoïsme ! " N’en soyons pas désolés, la liberté à laquelle le Christ nous invite n’est donc pas celle du vacancier ni même de je ne sais quel " club’Med spirituel ". C’est bien de la vraie liberté, de la liberté intérieure, qu’il s’agit ! Et Jésus (Luc 9, 51-62), nous donne 3 conseils pour la travailler.
1er conseil : Tu veux suivre Jésus ? Apprends à t’attacher toujours plus à la beauté, à la bonté et à la vérité de Sa Personne… Et à te détacher peu à peu de certains conforts, aises, ou habitudes de vie qui engourdissent ton existence. Si tu es insatisfait de ta vie devant Dieu, tu sauras désirer une Vie Autre : " Les renards ont des terriers, les oiseaux du ciel ont des nids ; mais le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer la tête. "
2ème conseil : Tu veux suivre Jésus ? Cherche à rejoindre ceux qui croient en la vie, qui la cultivent et la servent dans leurs frères… Et à t’éloigner de tous les " morts-vivants " qui te font douter de la Puissance de Vie et de Résurrection donnée par le Christ : " Laisse les morts enterrer les morts. Toi, pars, et annonce le Règne de Dieu. "
3ème conseil : Tu veux suivre Jésus ? Tiens ferme " la charrue " de la foi dans un monde qui rit trop facilement de ceux qui ont lié leur vie à Dieu. Et laboure ton existence pour que la semence de liberté intérieure plantée à ton baptême, porte son fruit : " Quiconque met la main à la charrue, puis regarde en arrière, n’est pas fait pour le Royaume de Dieu. "
Et si, de ces 3 conseils, nous en faisions un " devoir spirituel de vacances " ? La vraie liberté intérieure est la seule liberté qui peut empoigner notre existence et la soulever. Une liberté, librement travaillée, fruit d’un combat avec soi-même et de la grâce de l’Esprit !
Michel Retailleau
Aujourd’hui, le récit de la multiplication des pains d’aujourd’hui (Luc 9, 11-17) nous surprend : comment cela a-t-il pu se réaliser avec si peu de ressources (5 pains et 2 poissons) ? Mais là n’est pas l’important ? Il faut relire ce récit en y découvrant que les apôtres sont présentés comme les agents nécessaires du geste que Jésus va poser pour nourrir toute la foule : « Donnez-leur vous-mêmes à manger… Faites-les asseoir par groupes de cinquante… Il les donna à ses disciples pour qu’ils les distribuent à tout le monde… L’on ramassa les morceaux qui restaient, cela remplit douze paniers ».
Les apôtres sont chargés de répandre une nourriture qui est au-delà du pain matériel. Une nourriture qu’ils n’ont pas créée mais qu’ils ont à offrir à tous ceux et celles qui en veulent. L’homme ne se nourrit pas seulement de pain ! Par sa Parole et par sa vie, Jésus offre cette nourriture qui n’est pas seulement matérielle. Elle est une nourriture spirituelle, elle réconforte, elle soutient, elle est communion avec Lui et avec la communauté. Jésus se présente ici comme porteur et donneur de Vie.
Cette multiplication des pains prendra tout son sens, le soir du Jeudi Saint quand Jésus consacrera le Pain et le Vin. « En effet, ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson » (Jean 6, 55). A la Cène, avant de mourir, il se donne tout entier en disant « Ceci est mon Corps » sur le pain et « Ceci est mon Sang » sur la coupe de vin.
Les 1ère communautés chrétiennes ont, très tôt, comme on le voit dans la lettre de saint Paul (1 Corinthiens 11, 23-26) qui en fait mémoire. La Cène du Seigneur que raconte saint Paul, c’est la même que notre Eucharistie dominicale. Les paroles et les gestes que nous faisons témoignent de la Présence de Jésus, ici et maintenant, en nous rappelant sa mort et sa résurrection « jusqu’à ce qu’il vienne ». Nous avons là un devoir de transmission, en cette Fête du Corps et du Sang du Christ. Comme les chrétiens de Corinthe autour de saint Paul, nous offrons le Pain et le Vin pour rendre grâces à Dieu et faire mémoire de son Fils Jésus dont le Corps et le Sang sont pour nous la nourriture qui nous donne la Vie, « la Vie en abondance » (Jean 10, 10).
Jean Pierre MAÇON
Pour vous qui êtes là en couronne devant l’autel, ce n’est pas un jour ordinaire. Vos parents, vos proches, votre parrain ou marraine sont là. La vie de votre famille, comme celle de la paroisse s’est arrêtée pour vous ! Les uns vont communier pour la première fois. Les autres, par la Profession de Foi, vont dire publiquement qu’ils croient en Dieu, Père, Fils et Saint Esprit. Un seul Dieu en 3 personnes ! Cette Fête de la Foi tombe bien, l’Eglise nous invite à célébrer en ce jour la Sainte Trinité. Mais la Trinité, c’est Qui ? Et ça veut dire quoi ?
Que Dieu est une Famille et même une famille très soudée. C’est ce que les disciples ont découvert en voyant vivre cet homme si réussi que fut Jésus de Nazareth. En vivant avec lui, ils ont senti qu’une Vie circulait en lui, que ça bougeait en lui, qu’il n’était pas seul. Que d’autres Personnes habitaient au cœur de son cœur, que ça parlait en lui. Ils l’ont vu parler de Dieu mais aussi parler à Dieu comme jamais on ne l’avait fait avant. Incroyable ! Il parlait de Dieu en disant " Mon Père ", et à Dieu, il allait jusqu’à dire : " Papa chéri " (Abba).
Les disciples ont aussi été fortement étonnés par ce flot de tendresse et de bonté qui sortait de Jésus. Les petits, les pauvres, les gens sans importance qui l’approchaient, étaient ’scotchés’ de se voir exister comme jamais dans son regard. Son secret ? Ils l’apprendront peu à peu : il avait un autre ami intérieur qu’il appelait son " Souffle " (= l’Esprit) ! Vous le savez bien, quand on court, ce qui manque pour tenir, c’est du souffle. Eh bien, Jésus nous donne son Souffle à lui pour respirer et avancer, mais ce Souffle à lui, c’est une Personne, l’Esprit.
Par le baptême, vous avez été " plongés " (= baptisés) dans cette Famille de Dieu ! Tout à l’heure, vous allez plonger votre main dans la cuve baptismale, et vous signer en disant : " Au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit. " Puis, en communiant, vous allez recevoir cette Famille de Dieu en vous et son Message : Jésus ne pense que " famille " en pensant à nous et à toute l’humanité. 1000 fois mieux que des ’amis’ sur Facebook, Il veut que nous soyons des ’frères et des sœurs’ pour que notre monde ’respire’ mieux. C’est bien ce que vous voulez, vous aussi ? C’est fou mais c’est beau d’y croire et surtout d’en vivre !
Michel Retailleau
Ce temps nouveau qui commence, qu’on a appelé le temps de l’Église, n’est pas un recommencement sans la présence de Jésus. C’est au contraire un temps rempli de sa présence par l’action de l’Esprit qui est envoyé. Lui, le Défenseur, l’Esprit de vérité comme il est appelé dans l’évangile, enseigne tout et fait se souvenir de tout ce que Jésus a dit (Jean 14, 26).
Ce temps de l’Église que nous vivons n’est donc pas une simple attente c’est le temps de la Mission, de la Bonne nouvelle à porter jusqu’aux extrémités de la terre. C’est le message principal de cet événement de la Pentecôte représenté par le « don des langues » et par les « langues de feu » qui se posent sur chacun, comme le raconte la première lecture (Actes des Apôtres 2, 1-11). En d’autres termes, il s’agit de l’universalité du message évangélique qui s’adresse à toutes les personnes de bonne volonté. Ce message ne vient pas des apôtres eux-mêmes, ils en sont porteurs et témoins par l’action de l’Esprit.
Nous sommes nous aussi porteurs et témoins aujourd’hui de l’universalité du message évangélique, ce que le pape François fait admirablement. Chacun et chacune reçoit des dons particuliers pour le faire. On appelle ces dons des " charismes " que nos frères et sœurs reconnaissent : celui du service, celui d’une parole qui réconforte, celui d’un enseignement qui éclaire etc. Saint Paul énumère les principaux dans sa lettre aux Romains (8, 8-17) et il en donne une autre liste dans la deuxième lettre aux Corinthiens (6, 1-10). Je ne reprends pas ici ces listes, car elles ne sont pas exhaustives. Ce qui est important, c’est de reconnaître ce que l’Esprit a mis en nous pour le service de notre communauté chrétienne et de la mission de l’Église dans le monde.
La réception de ces charismes, même les plus simples, invite chacun des croyants à exercer le droit et le devoir de mettre en oeuvre ces dons dans l’Église et dans le monde, pour le bien des hommes et l’édification de l’Église, dans la liberté du Saint-Esprit qui ’souffle où il veut’ (Jean 3, 8) »
Et si cette semaine, je prenais le temps de regarder autour de moi , dans mon entourage
Et si je m’interrogeais : Comment Dieu agit-il au cœur des nos " œuvres " (nos charismes) ?
Jean-Pierre MAÇON
Le martyre d’Etienne me rappelle ma rencontre, à Budapest, avec Placidus, moine bénédictin de 85 ans, dynamique, optimiste, l’oeil pétillant, qui attirait toute la Hongrie à ses conférences. A lâge de 29 ans, à cause de sa foi chrétienne, il est déporté en 1945 dans un goulag soviétique (camp de travaux forcés) en Oural. Battu, torturé, mal nourri, toujours surveillé, il tient bon. Son secret ? Premièrement, ne jamais se plaindre. Deuxièmement, glaner tous les petits bonheurs de la journée : était champion celui qui racontait le plus de choses positives le soir après le dur travail dans le froid glacial. Ça redonne goût à la vie ! Troisièmement, ne pas jouer la victime innocente face au méchant bourreau : reconnaître simplement qu’on est le faible et que le garde-chiourme est le fort, mais un fort qui a ses faiblesses, ses limites et ses peurs. La force d’âme du détenu vaut plus que la force brute du gardien. Quatrièmement, mettre sa foi en Dieu, roc indestructible qui vous rend apte à tout endurer et surmonter.
En pleine persécution anti-chrétienne, pas question de prier en public, ni de communier, ni de célébrer la messe. Placidus a trouvé une astuce : dire tout bas la messe, à plat ventre sur son lit à étages au plus noir de la nuit. Alors, il demande à un ami juif, bagnard comme lui, et qui reçoit de Moscou du pain azyme envoyé par sa famille, de lui en fournir un peu. Un autre détenu lui passe du raisin. Avec un bout de pain non levé et le jus de deux grains de raisin, il célèbre la messe. Pas besoin de livre, il sait tout par cœur. Pour être réveillé en pleine nuit sans éveiller de soupçons, il boît deux grands verres d’eau froide avant le coucher ! Il fera même communier en douce quelques copains.
Il sortira du goulag 10 ans plus tard, à 39 ans, en 1955. Le corps marqué, mais le cœur étonnamment jeune. Sans aucune haine pour ses anciens bourreaux. C’est ce qui m’a le plus frappé chez tant de prêtres et de laïcs d’Europe Centrale qui ont dû se cacher, clandestins, risquer la mort, la prison ou la cruauté du bagne : un doux regard venant des profondeurs. Un regard pardonnant, indulgent pour tout être humain, ami ou ennemi. Bel exemple d’une foi vécue en Jésus Christ, pétrie par l’épreuve !
La 1ère lecture de ce jour nous raconte la lapidation d’Etienne, premier chrétien tué pour sa foi. Que de martyrs depuis lors ! Père juste, dit aujourd’hui Jésus, le monde ne t’a pas connu, mais moi je t’ai connu, et mes disciples m’ont reconnu. Ce sacrifice extrême nous sort de la médiocrité. L’exemple de ces chrétiens qui lisent la Bible et fréquentent la messe au risque de leur vie ou de leur carrière est un stimulant. Leur capacité de glaner des petits bonheurs dans l’enfer du bagne nous invite à trouver le positif de la vie. Oh ! Ils ont aussi crié vers Dieu . Mais la force de Dieu a surmonté les tempêtes. Puisse Dieu faire de nous des artisans de paix que ne découragent pas les violences et injustices de notre monde. Que le Christ de notre Eucharistie soit en nous sève ardente !
Remy Jubert
Les textes bibliques de ce dimanche nous préparent à la grande fête de la Pentecôte. Ils nous annoncent ce que sera la venue de l’Esprit Saint sur les apôtres et sur ceux qui entendront leur parole : de nombreux " païens " se convertiront à Jésus Christ.
L’Église doit être ouverte aux nouveaux convertis. L’important ce n’est pas d’être fidèle à des traditions mais d’être fidèle à Jésus Christ et à sa Parole. Il faut le dire et le redire : la Mission de l’Église n’est pas de sauver des traditions mais de travailler avec Jésus Christ qui veut " sauver le monde ". Nous sommes tous appelés à participer à cette mission. Quelqu’un a dit : " Une paroisse qui n’évangélise pas est une paroisse morte." Nous sommes tous invités à revenir au cœur de la foi : la vie en Christ. Et à en être les témoins dans le monde d’aujourd’hui. C’est l’Esprit saint qui nous y pousse.
La 2ème lecture (Apocalypse 21) nous parle également d’ouverture. À sa manière, elle nous fait redécouvrir la foi de Pâques. La résurrection de Jésus nous ouvre à un monde neuf et tout autre. Désormais, le Christ ressuscité vient faire de nous un peuple ouvert aux quatre coins de l’horizon ; nous ne devons jamais oublier cette perspective universelle.
L’Évangile de Jean (14, 23-29) nous rappelle que le plus important n’est pas de respecter des règles ou des traditions mais de nous attacher au Christ. Il est "le chemin, la vérité et la Vie". Ses paroles sont celles " de la Vie éternelle ". Il veut nous faire entrer dans son intimité avec le Père et l’Esprit Saint : "Si quelqu’un m’aime, il gardera ma Parole, mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui, chez lui nous ferons notre demeure." C’est ce qui se passe chaque fois que nous allons communier : Dieu vient habiter en nous, nous devenons le temple de Dieu.
En effet, ce n’est pas seulement Jésus mais aussi le Père et l’Esprit Saint qui viennent demeurer en nous. Et si Dieu vient en nous, c’est au nom de l’amour qu’il nous porte. Cet amour dépasse tout ce que nous pouvons imaginer.
Jean Pierre MAÇON
L’Évangile de ce dimanche (Jean 13, 31-35) nous ramène au moment tragique de la vie de Jésus. Judas vient de partir pour le livrer. Trahison humaine qui lui donne l’occasion de dévoiler le Sens de sa vie : " Maintenant, le Fils de l’homme (lui, Jésus) est glorifié et Dieu est glorifié en lui… Je vous donne un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres." Que signifie cette Gloire de Dieu dont il parle au moment même où il est trahi ? Et ce commandement de l’amour en forme de Testament, au moment où la mort rôde ? Quel lien peut-il y avoir entre la Gloire que Jésus va recevoir de son Père et l’amour des autres qu’il commande à ses disciples ? " Gloire " et " amour ", deux mots que l’on met, nous, ’ à toutes les sauces ’ et qu’il convient donc de bien comprendre.
D’abord, la Gloire dont Jésus parle n’est évidemment pas celle des hommes qui évoque les héros ou les honneurs. La " Gloire de Dieu ", c’est avant tout l’expérience de cette qualité d’amour et de confiance qui a uni mystérieusement Jésus à son Père durant toute sa vie terrestre. Et qu’il va vivre d’une manière si lumineuse à l’heure de la Croix. Dieu son Père va alors lui communiquer tout son " poids" (en hébreu, " gloire " signifie " poids ") de Présence et de Force pour lui donner d’aller " jusqu’au bout " de son Amour pour Dieu et l’humanité. Et ce " Poids d’Amour ", il va en faire don à l’humanité et à chacun de nous !
Mais le mot "Amour" est lui aussi ambigu. Jésus ne parle pas ici de l’amour-sentiment qui fait une large place à l’affectif. L’amour " les uns pour les autres " pour lui, c’est un élan de l’être qui nous fait ’sortir’ de nous-mêmes. Pour s’intéresser à l’autre qui ne nous revient pas, au pauvre que l’on est tenté de négliger, à l’étranger qui veut vivre, et jusqu’à " l’ennemi " qui nous a fait du mal. Bref à celui dont on ne sent pas proche mais qui nous est donné comme " prochain ". Aimer ceux qui nous sont proches, c’est naturel ! Mais aimer à la manière du Christ, c’est accepter de laisser Dieu aimer en nous et avec nous ceux qui nous sont lointains. Si c’est humainement impossible aujourd’hui, il faut aller jusqu’à demander l’impossible à l’Esprit !
Cet Amour-là seul peut sauver le monde, car il vient de Dieu lui-même. Et Jésus nous en fait un " commandement nouveau ". Dans un monde où l’espèce humaine a acquis les moyens de se détruire elle-même… Où les inégalités et les injustices entraînent des tensions et conflits entre pauvres et riches… Où les traditions et les valeurs sont bousculées pour laisser souvent place à la solitude, à la perte de sens, et parfois même au désespoir, cet Amour-là seul peut sauver le monde ! Pas un amour ’ bisounours ’ mais un amour en acte, exigeant !
Michel Retailleau
" En ce temps-là, Jésus (le Bon Pasteur) déclara : ’ Mes brebis écoutent ma voix… " Mais, qu’est-ce qui fait qu’on écoute une voix plutôt qu’une autre ? Quand de jeunes musulmans désespérés acceptent en toute bonne foi l’appel d’un imam à devenir une bombe humaine, pensez-vous qu’ils écoutent la bonne voix ? Mêmes des voix qui portent un vernis religieux peuvent être destructrices !
Une voix qui rejoint ce que nous sommes profondément et nous éveille à notre grandeur, voilà la Voix dont parle l’évangile de ce jour (Jean 10, 27-30). Et n’allons pas croire que cette voix est extérieure à nous ! Elle est d’abord enracinée au plus creux de notre être, et si nous ne savons pas l’écouter, nous serons ballotés par toutes les modes et tous les charlatans. Quand une mère entend le cri de son enfant, pour elle, c’est naturel de l’entendre. Mais dans le quotidien de nos vies, le défi est beaucoup plus grand. Qu’est-ce qui fait qu’un prêtre accepte de partir en mission à l’autre bout du monde ou accepte de se retrouver responsable de la formation de jeunes ? Ce qu’il a vu et entendu dans son appel à suivre le Christ a rejoint cette flamme qui habitait ces jeunes, et qui représentait vraiment ce qu’il était. On peut dire la même chose d’un homme ou d’une femme qui ne voyageront jamais, mais trouveront dans leur famille cet appel qui les amèneront au bout d’eux-mêmes. Dans tous les cas, on retrouve cette joie et cette paix qui est le signe de l’appel du Bon Berger.
Sommes-nous loin de l’évangéliste Jean quand il écrit ces lignes, plusieurs années après la mort de Jésus et son entrée dans une autre vie ? En ayant constamment médité sur le sens d’une vie avec Jésus, il découvre qu’il ne faut pas le chercher en allant là-bas, à l’extérieur de nous. Car c’est au fond de nous-mêmes qu’on peut retrouver son écho, nous sommes désormais une partie de Lui. Et c’est seulement dans la mesure où nous saurons entendre cette voix intérieure qui nous est propre que nous serons capable de discerner les bons et les mauvais bergers de notre monde.
L’évangéliste va encore plus loin : en devenant profondément nous-mêmes, avec toutes les caractéristiques ( les strates) de notre personnalité et histoire personnelles, notre visage se met à ressembler à celui de Jésus, et à Dieu lui-même. Voilà le mystère qu’il nous révèle : devenir nous-mêmes, c’est en même temps, toutes proportions gardées, "devenir Dieu" puisque nous sommes " faits à son image et ressemblance ". En sommes-nous conscients ?
Jean Pierre Maçon
Epais brouillard dans la vie de Pierre : il avait suivi Jésus pendant 2 ans et demi, et voilà que l’affaire avait mal tourné. Jésus était mort et mort avec lui le bel élan qu’avait suscité son Message. Revenu au bord du lac de Tibériade, il était bien obligé de reprendre sa vie de pêcheur. " Je m’en vais à la pêche ! ". Sitôt dit, sitôt fait, il saute dans sa barque, embarquant avec lui des anciens disciples. Mais ils ne prennent rien. Et voilà qu’à l’aube, une silhouette se détache sur le bord du lac. " Eh les enfants, auriez-vous du poisson ? " - Non - " Jetez le filet à la droite de la barque, et vous trouverez. " Jésus est là mais ils ne le savent pas encore.
La foi n’est pas d’abord affaire de savoir mais de reconnaissance. Avec sa finesse spirituelle, c’est Jean le premier qui reconnaît Jésus : " C’est le Seigneur ". Merveilleux cri du cœur ! Celui qui aimait Jésus d’une manière toute personnelle, l’a reconnu à sa voix, à son ton familier, à sa manière de s’intéresser aux autres. L’amour seul lui fait reconnaître et pressentir Sa présence … Maintenant, les disciples abordent le rivage. Et quand Jésus " prend le pain et le leur donne " avec les poissons braisés, le doute n’est plus permis : " Aucun des disciples n’osait lui demander : Qui es-tu ? Ils savaient que c’était le Seigneur. " Maintenant ils voient et ils savent. On ne voit bien et on ne sait bien qu’avec le cœur !
Dans nos moments de grisaille à nous, puissions-nous reconnaître Sa Présence par ce cri du cœur : " C’est le Seigneur " ! Quand des paroles de Jésus ou des célébrations nous offrent Sa présence quasi palpable… Quand des moments inespérés de pardon nous font goûter la fraîcheur de la Paix de Dieu… Quand, ébahis, nous découvrons que si nous nous sentions loin de Dieu, lui en fait était près de nous, il nous attendait… Quand de vrais témoins réveillent en nous la foi en Dieu et la confiance en les autres que nous avions perdues… Quand, dans un engagement mené à plusieurs, nous nous émerveillons de tout ce que cela a pu produire de beau chez les gens... La foi au Christ Vivant est d’abord affaire de Reco-Naissance. Elle est une Naissance nouvelle dans la relation à Jésus ! Et un Savoir nouveau qui donne goût à la vie ! Aujourd’hui, dans le malheur comme le bonheur, j’ose dire : " C’est le Seigneur" ?
Michel Retailleau
Avant d’être un mouvement d’Église, ou une famille spirituelle, la pierre d’angle est l’expression biblique qui signale le Christ. Car Il est « la pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs et qui est devenue la pierre d’angle », la clé de voûte, le fondement de la vie chrétienne, la foi en la résurrection. Dans l’événement de sa Passion Il n’était plus un homme mais le serviteur souffrant pour la multitude. Par la Résurrection, le Père, au souffle de l’Esprit, a redonné vie à Celui qui s’est offert entièrement pour l’humanité. Dans sa résurrection il nous sauve de la mort, de nos enfermements, de nos peurs. Par crainte des juifs, écrit l’évangéliste St Jean, les disciples étaient enfermés derrière des portes verrouillées. En leur apparaissant, Jésus-Christ les réconforte, leur insuffle l’Esprit Saint et les mandate pour une mission de miséricorde.
Thomas, absent de la première apparition, veut absolument voir et toucher les plaies de Jésus pour donner crédit aux témoignages des disciples et croire en la résurrection. Qu’il nous est difficile, à nous disciples d’aujourd’hui, de croire en cet événement ! Il défie notre raison. Il interpelle notre entendement. Si quelques uns parmi nous bénéficient de faveurs du Christ pour croire en sa résurrection, il est bon d’oser y croire. Car la foi est toujours une réponse venant de notre cœur, et non la vision de preuves tangibles. De preuve nous n’avons qu’un tombeau vide. Où est le corps du crucifié ?
Par l’expression « la pierre d’angle », nous pouvons nous assurer que l’Église repose sur de solides fondements. Une pierre rejetée mais reprise et devenue clé de voûte. Comme le corps du crucifié mis au tombeau, ressuscité et élevé dans la gloire.
Disciples de Jésus-Christ, nous recevons la mission de participer à son œuvre de salut. Par exemple, dans la fraternité « La Pierre d’Angle » entre des personnes du Quart Monde et d’autres qui les rejoignent, pour se mettre ensemble à l’écoute de la Parole de Dieu et la comprendre pour mieux suivre Jésus Christ. Pour rechercher le plus pauvre et le plus oublié, et lui donner la priorité. Pour découvrir avec eux comment la présence de Dieu se manifeste déjà dans leur vie. Et transmettre l’expérience de vie et la réflexion des plus pauvres à l’Église et au monde.
A la paroisse Sainte Hélène, soyons les disciples du Ressuscité, et sous les traits de personnes défigurées par la grande pauvreté. Osons annoncer que « la pierre rejetée par les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle ! »
Jean-Michel Rapaud
A l’aube d’un jour d’Avril de l’an 30, Marie Madeleine, Salomé et une Marie courent au tombeau. Sidération, la grosse pierre a été " roulée ". Elles n’en croient pas leurs yeux. Elles entrent et voilà qu’on les interpelle : " Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ? " Hébétées, une lueur se met à naître au plus intime d’elles-mêmes ! 2000 ans après, on n’arrêtera plus la Nouvelle : "Il n’est pas ici, Il est ressuscité. " " Délirants " ces propos comme l’ont pensé d’abord les apôtres ? Pourtant 2000 ans après, la rumeur n’a cessé de se propager jusqu’à aujourd’hui. Jusqu’à vous, Chantal, Pierre-Alexandre et Louis qui allez être baptisés en cette fête de Pâques et nous tous qui sommes là aujourd’hui. "Il est ressuscité " : qu’est-ce que cela veut dire ? Peut-on toucher aujourd’hui la Présence du Ressuscité dans un monde violent et fatigué comme le nôtre ?... Dans une Eglise dont on a appris les comportements gravement coupables de certains prêtres ou religieux ?... Dans un pays encore sous le choc du gigantesque incendie de N. Dame de Paris, vieille de 855 ans ?
Si Dieu a ressuscité Jésus que l’on avait crucifié, c’est pour que nous-mêmes, nous ne soyons plus des rampants mais des vivants. Connaître le Christ et sa Puissance de Vie nous fait repartir quand nous tombons sous le poids de nos faiblesses. L’Esprit de Jésus nous donne alors la force de nous ’relever’. Oui, savoir que nous pouvons Revivre en expérimentant que l’échec ou le désespoir ne sont jamais définitifs, c’est d’une incroyable Espérance ! Au cœur des peurs et obstacles rencontrés, recevoir le sel de la Confiance en Dieu et aussi dans les autres redonne puissamment le goût de vivre. C’est croire que le Christ nous rejoint jusque dans nos croix. Pour nous aider à voir désormais la vie, plus large et plus haut. A la hauteur même de Dieu !
C’est la Bonne Nouvelle que nous avons à annoncer au monde : une Puissance de Vie agit secrètement dans nos épreuves, nos plaintes et nos blessures. Avec Jésus Ressuscité, l’Esprit de Dieu s’invite pour faire Revivre ce qui est fêlé et brisé… dans nos histoires personnelles, comme dans les évènements du monde. Au lendemain de l’incendie qui a ravagé N. Dame de Paris, un prêtre disait à l’archevêque : " Aujourd’hui, tu n’as plus de cathédrale, mais tu as un peuple en marche." Manière de dire que les " pierres vivantes " d’un peuple en marche sont plus importantes que la cathédrale de pierres de N. Dame, si belles soient-elles. Que la Puissance de la Résurrection nous appelle à nous " relever. " Ce monde n’est pas soumis à la mort et à la désespérance ! Toute notre Joie de croire est là !
Michel Retailleau
En ce jour des Rameaux, nous entrons dans la semaine la plus décisive de l’Histoire. Avec un Jésus " starisé " par la foule, nous entrons dans Jérusalem sous les " hourra " d’un peuple en liesse. Quelques jours suffiront à retourner cette même foule et Jésus sera reconduit hors de la ville pour y être crucifié comme un vulgaire esclave. Lâché par tous !
Lâché par les chefs religieux qui depuis longtemps avaient juré sa perte. Lâché par la foule qui s’attendait à accueillir un Messie politique. Lâché par Pilate qui préféra sa tranquillité aux embêtements du pouvoir. Lâché par des disciples eux-mêmes " lâches " qui l’ont laissé, seul, à son triste sort.
Plus grave encore : apparemment lâché par Dieu aussi, en qui il puisait pourtant une foi à déplacer les montagnes ! Durant ces deux ans et demi de vie publique, que de montagnes n’avait-il pas cherché lui-même à bouger dans les têtes et les cœurs ! Mais aussi, que de montagnes de refus, d’indifférence et de haine n’avait-il pas rencontrées !
Si tout s’était arrêté là, nos Rameaux en mains seraient bien dérisoires, symboles d’une défaite de la vie, de rêves enterrés ! Mais aujourd’hui, à la lumière de Pâques, nous savons qu’en dépit des apparences, Dieu n’a jamais lâché Jésus dans le combat de toute une vie livrée par amour. Aussi, avec 2000 ans d’histoire, nos rameaux en main disent à Dieu un immense Merci pour la Résurrection de son Fils Jésus. Ils sont les signes de la victoire de la Vie sur la mort.
Car, en cette Semaine Sainte, dans le corps et le coeur de Jésus qui s’en allait à la mort, ce sont nos misères et nos lâchetés … qu’il venait arracher à nos existences pour les clouer sur la croix. Et dans son corps Crucifié à qui Dieu son Père allait redonner vie, c’est nous tous qui étions plongés, " baptisés dans sa mort " , invités à découvrir qu’une autre manière de vivre nous était proposée. Une vie de Vivant qui s’appuie sur la conviction que si Dieu n’a pas lâché Jésus, c’est pour ne pas nous lâcher à notre tour.
En cette Semaine Sainte, prenons le temps de prier, de méditer, de célébrer afin d’approfondir et de communier à cet incroyable Mystère. Dieu nous dit sa détermination à ne pas lâcher l’homme empêtré qu’il est toujours dans des forces de mort : qu’elles viennent de lui-même, du monde ou encore de l’Eglise ! Jésus est notre Sauveur !
Michel Retailleau
Elle est là L’Église, en vérité, autour de cette table où chacun réfléchit, cherche à définir les meilleurs moyens à mettre en œuvre pour permettre à ceux qui souffrent de souffrir un peu moins.
Elle est là aussi l’Église dans ces catéchumènes qui cheminent vers Pâques et un baptême à venir.
Elle est là l’Église, dans tous ceux qui, contre vents et marées, ne cessent de croire en la capacité infinie de Dieu à faire toute chose nouvelle.
Elle est là l’Église dans ce curé de paroisse qui se réjouit d’avoir trouvé, avec son conseil pastoral, la possibilité de faire grandir ensemble le troupeau qui leur est confié.
Elle est encore là L’Église dans ces prostituées qui descendaient le 24 décembre dernier la rue Blanche à Paris en tenant à la main un cierge allumé et qui chantaient "Gloria in excelsis Deo" devant les passants médusés.
Oui elle est là l’Église…
Elle est là où des hommes, des femmes, au nom de leur foi en Jésus Christ osent espérer en la grandeur de l’homme dans laquelle Dieu lui-même ne cesse jamais de croire.
Elle est là l’Église lorsqu’ensemble nous prononçons ces paroles sans forcément toutes les comprendre et que nous disons chaque dimanche « Je crois » en communiant ainsi à la Vérité qui nous dépasse toujours.
Elle est là l’Église dans sa sainteté qui traverse et transfigure nos humanités.
Elle est là l’Église lorsque ceux qui s’en réclament commencent par se reconnaitre pécheurs, et probablement lorsque ceux qui s’en réclament le plus commencent par se reconnaitre les plus pécheurs et qu’ils espèrent ensemble que c’est la Miséricorde et non l’ambition qui sauve et qui assure.
Elle est là l’Église, apparemment plus faible que quiconque, dans son humanité, mais pour toujours, victorieuse du Mal, dans sa Sainteté.
Mgr Benoist de Sinety
Le retour du Fils Prodigue (Luc 15). Quelle belle page d’évangile que celle que nous méditons aujourd’hui :« Ton frère que voilà était mort et il est revenu à la vie. » ! Il y a tant de beauté dans ce passage qu’il est frustrant de n’en retenir qu’une merveille. Mais au fond il s’agit de la vie et de la vie des frères (et donc des sœurs). On pourrait dire : le Seigneur y chante l’hymne à la fraternité. En cette période où notre pays traverse une crise, cet évangile peut fortifier en nous l’appel à la fraternité.
Le jeune fils, ayant demandé et obtenu sa part d’héritage, est tombé dans la pire déchéance pour un juif : garder des cochons, ces animaux impurs d’après la loi. Tenaillé par la faim il choisit de revenir. Retour piteux qui ne traduit pas de réelle contrition. « Prends-moi comme l’un de tes ouvriers » dit-il, acceptant la perte de sa dignité de fils, redoublement du péché devant un Dieu Père-aimant. L’aîné ne représente pas non plus une belle figure de frère, il agit comme un serviteur et non pas comme un fils. Et face à son jeune frère, il a fait une remarque méprisante « ton fils que voilà ». Il n’a pas compris sa filiation (« Tout ce qui est à moi est à toi ») et les conséquences qui en découlent : aimer comme Dieu aime, sans crainte des « qu’en dira-t-on », sans acception de personnes.
Un psychologue Gérard Haddad pointe que la rivalité fraternelle, le complexe de Caïn, le meurtre du frère, explique le plus souvent ces situations d’exclusion, de mort. Pour être vivant, selon la science psychanalytique, il faudrait commettre le meurtre symbolique du Père et devenir autonome. Pourtant face à la mort, le complexe de Caïn explique le plus souvent les processus qui conduisent à exclure plutôt qu’à pardonner. La fraternité est un combat à mener en nous-même et collectivement. Choisir la vie, et la vie de Dieu ; pour cela suivre l’exemple du Seigneur venu fréquenter les gens de « mauvaise vie », les pécheurs et faire la fête avec eux quand l’un deux se convertit, pensons à Zachée par exemple. En Jésus, Dieu ne refuse jamais sa tendresse et son amour. Il va jusqu’à guetter le retour de son enfant, comme tout parent aimant inquiet pour son enfant sorti du foyer.
Oui Dieu nous aime, et il nous donne tout : son Fils bien-aimé, sa vie éternelle, sa sainteté. Il ne retient rien pour lui : « tout ce qui est à moi est à toi ! » Cadeau inestimable nous donnant la force de résister aux tentations de jalousie, d’exclusion, de meurtre… Laissons l’Esprit du Seigneur murmurer les mots d’amour : " tu es mon fils, ma fille bien-aimé(e) " et je compte sur toi pour enchanter le monde, vivre la fraternité….Choisissons de ne pas récriminer mais de vivre et porter la vie autour de nous, signes d’espérance en ces temps particulièrement difficiles. Face à la défiance, osons opposer la confiance et la joie. Tous frères et sœurs, enfants du même Père-aimant !
Jean-Michel Rapaud
La conversion, en ce temps de Carême, s’adresse bien sûr à nos cœurs mais elle ne s’arrête pas là. Elle vise aussi à nous défaire des fausses représentations de Dieu. Par exemple, et comme l’Évangile du jour le suggère (Luc 13, 1-9), devant certains évènements qui nous arrivent ou arrivent aux autres, la tentation est de nous dire : comment ai-je ou comment ont-il pu mériter cela ? " Ces Galiléens que Pilate a fait massacrer, étaient-ils de plus grands pécheurs que tous les autres
Galiléens ? " Ou bien, " ces 18 personnes, tuées par la chute de Siloé, étaient-ils plus coupables que les habitants de Jérusalem ? " Jésus refuse d’entrer dans le registre de la culpabilité ou de la responsabilité personnelle. Cela n’est pas chrétien !
Ne voyons pas la Main de Dieu partout, cherchant à se jouer des évènements pour satisfaire je ne sais quelle vengeance. Une telle image d’un Dieu justicier qui cherche à régler ses comptes avec les hommes n’a rien à voir avec le Dieu que Jésus est venu nous révéler. Loin d’être un Dieu rancunier, il est un Père Miséricordieux ! Mais parce qu’Il est Miséricordieux, Il n’en est pas moins un Père exigeant : " Si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même" avertit crûment Jésus !
Si la Main de Dieu est quelque part, elle est dans l’invitation qu’Il nous fait à porter du fruit, telle que nous la décrit la parabole du Figuier. Voilà un figuier qui exaspère son propriétaire. Ca fait 3 ans qu’il est venu en chercher les fruits. Mais toujours rien ! Aussi donne-t-il l’ordre à son serviteur de l’abattre puisqu’il épuise le sol inutilement. Mais le serviteur n’est pas de cet avis. En bon vigneron, il sait qu’il faut du temps, plusieurs années même, avant qu’un arbre ne produise du fruit. Il faut donner du temps au temps comme il faut en donner aux hommes ! En y apportant des soins appropriés : " Il faut bêcher autour, y mettre du fumier. Peut-être donnera-t-il du fruit à l’avenir. Sinon, tu le couperas !"
Le sens de la Parabole est clair : ce qui fait la beauté d’une vie, c’est sa fécondité. Et pour cela, Dieu est un Dieu qui sait patienter avec chacune de nos personnalités et de nos histoires. Il est confiant dans les capacités de bien, de beau et de vrai qu’il a déposées en nous, même si nous ne portons encore qu’un fruit chétif. L’Amour de Dieu est d’une telle impatience qu’il ne désespère jamais de ses enfants. En ce temps de Carême, Il nous presse seulement de devenir ce que nous sommes mais que la vie n’a pas encore suffisamment dévoilé… Dans ma vie personnelle, familiale, au travail, à l’école, au quartier, à quelle forme de Fécondité, suis-je appelé et quelque soit mon âge ?
Michel Retailleau
Le temps du Carême nous est donné pour nous préparer à rencontrer le Ressuscité au matin de Pâques. Cette lumière éclaire nos efforts de carême.
Mais ces derniers jours, et depuis des mois, tant de secrets concernant des événements abominables (pédophilie, viol de religieuses..) sont sortis de l’ombre de la mort. " Qui veut fait l’ange fait la bête" écrivait Blaise Pascal. Or des hommes mettent la puissance de leur cerveau à faire le mal et à le cacher. Et nous pouvons penser : « Assez, stop, c’est assez ! »
La lumière de la Transfiguration de Jésus sur la montagne, est " l’annonce de l’Évangile, qui, telle une brise fraîche, s’engouffra dans l’édifice croulant du monde antique, elle apporta l’espérance aux humiliés et aux désespérés, insufflant en eux l’énergie et la vie. Le christianisme a uni la sagesse d’Athènes et les attentes de l’Orient au rêve romain d’une " paix " universelle ; il a condamné les oppresseurs de toutes sortes, a élevé la femme à une pleine dignité, a provoqué le déclin du servage. Petit à petit, le levain du christianisme est devenu, en Europe et dans le Nouveau Monde, source de dynamisme […] L’Église connaît orages et tempêtes, mais elle survit à toutes les crises de son histoire.
Le secret de cette nature inébranlable réside dans le Fils de l’homme, transfiguré sur la montagne, qui selon l’expression de l’apôtre " est le même hier, aujourd’hui et pour toujours " et dans les dons de l’Esprit qui descendent encore sur ses fidèles. […] chaque fois que le christianisme semble mort et enterré, il se relève de son tombeau, tout comme le Christ crucifié et ressuscité. »
Là où nous ne voyons qu’échec, mort et misère, Dieu veut voir triompher la vie.
A la lumière de la transfiguration de Jésus, nous devons nous questionner :
° L’espérance de la résurrection transfigure-t-elle notre vie, qu’il s’agisse de nos combats, de nos luttes, de nos épreuves, au travail (ou en l’absence de travail), en famille, en Église, dans le quartier, dans la vie associative ?
° Cherchons-nous dans la prière à connaître le regard que Dieu porte sur nos vies en nous appelant à la sainteté ?
Jean-Michel Rapaud
Ce 1er dimanche de Carême nous montre Jésus au désert dans son triple combat face au Tentateur. Livré à lui-même. Comme il fut livré aux hommes sur les chemins de Palestine. Livré à son Père dans le Jardin, durant sa Passion. Sa vie peut être lue comme un grand combat : combat pour Dieu et pour les hommes, combat pour la Vérité et pour la Vie. Aujourd’hui, comme l’exprime l’oraison du jour, il nous faut " mieux connaître Jésus et nous ouvrir à sa lumière pour être fidèle. " Aussi, laissons résonner, en ce jour, quatre mots de l’Evangile : désert ; tentation ; fils et parole.
Le désert : c’est dans la Bible, le lieu de la rencontre et du combat, de la solitude et de l’écoute, de l’exode et du dépouillement. Dans notre vie chrétienne, nous pouvons nous donner des temps et des lieux pour vivre cette expérience. C’est le sens des retraites spirituelle, des des récollections, mais aussi de la démarche vers la réconciliation. C’est le sens du Carême. Il y a aussi ces déserts que nous impose la vie. A la lumière de notre Evangile, citons-en quelques uns… L’expérience du besoin (avoir faim par exemple) nous fait éprouver notre fragilité. L’expérience de nos responsabilités (se jeter du haut du temple est une expression de la fuite parfois tentante de nos responsabilités) nous fait éprouver notre solitude. L’affrontement sans diversion, sans divertissement, ce qui nous est étranger nous fait découvrir les mondes souvent compliqués qui nous habitent. CHOISIR, c’est-à-dire tout à la fois, re-choisir et se laisser choisir.
"Laissez-vous tenter ! " C’est parler d’épreuve ou de test, de situations où un choix s’offre à nous, souvent de manière confuse, entre une voie qui s’avère "de traverse", tordue voire perverse et une voie, en première apparence exigeante ou peu attrayante mais saine et droite. Cela requiert discernement et décision pour notre vie spirituelle.
" Si tu es le Fils de Dieu " Par deux fois le tentateur aborde Jésus en ces termes. Jésus est dans cette conscience dynamique d’être le Fils du Père car son Père l’a désigné comme son « Fils bien-aimé ».
Qu’est-ce être fils ? Pour le tentateur, c’est être tout puissant, avoir la capacité de changer les pierres en pain, d’être le centre du monde, de recevoir l’appui céleste dès que s’annonce la chute ? Or Jésus se perçoit comme le Serviteur ; sa voie est celle du don pour les hommes. N’est-pas là la revendication de l’amour ! Pour nous aussi, découvrir notre identité de "fils" sera toujours l’objet d’un accueil, souvent d’une épreuve. On sait tous les combats qui se jouent autour de cela. Regardons pour cela Jésus qui renvoie toujours à son Père : seul un autre peut révéler notre identité, seul le tout Autre peut nous révéler celle de fils.
Nous tourner librement vers le Père, de qui nous tenons tout et à qui nous offrons tout : allons pour cela au désert à la suite du Christ et poussé par l’Esprit ! Je nous souhaite un "Bon Carême " : la victoire du Seigneur nous devance !
Jean Pierre Maçon
"Le disciple n’est pas au-dessus du maître ; mais une fois bien formé, chacun sera comme son maître." (Luc 6, 39-45) Nous sommes plongés dans un monde où croire n’est pas chose facile. Chaque dimanche nous goûtons la joie de nous retrouver dans la foi pour célébrer Jésus. Pour avancer dans les combats de la vie, nous avons besoin de la présence de Jésus et de nos amis. Nous faisons alors l’expérience de nos différences. Déjà, la première communauté chrétienne nous signale des difficultés. Demeurer dans le Christ Jésus est nécessaire pour porter un bon fruit. Nous avons été baptisés dans le Christ. Cet arbre, c’est Jésus, qui « continue » sa Mission en chacune de nos vies. Le baptême nous a donné ce don très étonnant de la foi qui fait de nous des " créatures nouvelles."
" Qu’as-tu à regarder la paille dans l’œil de ton frère, alors que la poutre qui est dans ton œil à toi, tu ne la remarques pas ? Comment peux-tu dire à ton frère : “Frère, laisse-moi enlever la paille qui est dans ton œil”, alors que toi-même ne vois pas la poutre qui est dans le tien ? Hypocrite ! Enlève d’abord la poutre de ton œil ; alors tu verras clair pour enlever la paille qui est dans l’œil de ton frère…" Ces paroles sont pour chacun de nous une exigence personnelle qui nous invite à ne pas accabler de reproches nos frères et nos sœurs. Cet interdit posé par Jésus est difficile à vivre parce que celui qui a une poutre dans l’œil est aveugle et ne voit plus rien. Jésus nous demande de commencer par « un travail sur soi. » Travail qui commence par une disponibilité intérieure pour écarter ce qui nous empêche de voir la réalité. Ne pas projeter sur l’autre ses propres opinions, car pour vivre en amitié il nous faut d’abord accueillir et écouter. La parole qui naît dans cette relation devient une parole qui construit.
Chaque arbre, en effet, se reconnaît à son fruit : on ne cueille pas des figues sur des épines ; on ne vendange pas non plus du raisin sur des ronces. L’homme bon tire le bien du trésor de son cœur qui est bon ; et l’homme mauvais tire le mal de son cœur qui est mauvais : car ce que dit la bouche, c’est ce qui déborde du cœur." A la suite de Jésus, nous sommes soucieux de promouvoir la liberté et la dignité humaine. Et mettant toute notre foi en Lui, elle va grandir dans cet amour avec lequel notre foi s’enracine. À partir de ce moment, c’est la Foi qui va devenir la lumière qui va éclairer le SENS de notre vie. L’Esprit Saint fait de nous des êtres au cœur empli de bonté. Dieu fait homme n’est pas venu dans la splendeur mais il est venu par un chemin d’humanité vraie, dans l’amour de tous. Il est le lieu de l’amour du Père, il est son Fils.
Jean Pierre MAÇON
Aujourd’hui, nous sommes heureux d’accueillir notre archevêque Mgr Michel Aupetit. D’où que l’on soit, d’où que l’on vienne, nous avons tous une image plus ou moins claire de cette fonction. Sans doute, on n’en parle plus comme " prince de l’Eglise " ou " chef de diocèse " Mais alors, c’est quoi un évêque qui plus est archevêque ?... Mgr Aupetit est d’abord un Evêque qui a la charge de conduire l’Eglise locale de Paris. Le pape François, dans " la Joie de l’Evangile " (n° 30-31) en précise les termes…
" Chaque Église particulière, portion de l’Église Catholique sous la conduite de son Évêque, est la manifestation concrète de l’unique Église en un lieu du monde. Elle est l’Église incarnée en un espace déterminé, avec un visage local. Elle s’emploie à être toujours là où manquent le plus la lumière et la vie du Ressuscité…
L’évêque doit toujours favoriser la communion missionnaire dans son Église diocésaine en poursuivant l’idéal des premières communautés chrétiennes, dans lesquelles les croyants avaient un seul cœur et une seule âme (cf. Ac 4, 32). Par conséquent, parfois il se mettra devant pour indiquer la route et soutenir l’espérance du peuple, d’autres fois il sera simplement au milieu de tous dans une proximité simple et miséricordieuse, et en certaines circonstances il devra marcher derrière le peuple, pour aider ceux qui sont restés en arrière et – surtout – parce que le troupeau lui-même possède un odorat pour trouver de nouveaux chemins.
Dans sa mission de favoriser une communion dynamique, ouverte et missionnaire, il devra stimuler et rechercher la maturation des organismes de participation et d’autres formes de dialogue pastoral, avec le désir d’écouter tout le monde, et non pas seulement quelques-uns, toujours prompts à lui faire des compliments. Mais l’objectif de ces processus participatifs ne sera pas principalement l’organisation ecclésiale, mais le rêve missionnaire d’arriver à tous. "
Et Archevêque de Paris, ça consiste en quoi ? Cela veut dire qu’il il est à la tête de la Province ecclésiastique de Paris, qui comprend les 7 diocèses de l’Île de France ainsi que celui aux Armées. Son rôle est d’organiser la coopération entre les diocèses de la province.
Par 4 fois, le Seigneur annonce le bonheur. Mais cette promesse n’est-elle pas ambiguë ? "Heureux vous les pauvres, heureux vous qui avez faim, qui pleurez, si vous êtes haïs ou repoussés… » Un des ’maîtres du soupçon’, Karl Marx, a qualifié notre religion d’opium du peuple ! Pourtant, Jésus a vécu ce qu’il annonçait à ses disciples, lui qui fut trahi, victime de violences sans nom qui entraînèrent sa mort sur une croix. Ses larmes, des larmes de sang ! Sa pauvreté, le dépouillement radical non seulement de ses vêtements mais de sa dignité : bafoué, moqué, raillé, martyrisé !
Ce qu’annonçait Jésus, l’évangéliste St Luc nous le rapporte (6, 17. 20-26). Et ce dernier a derrière lui toute l’expérience de la primitive Église. Il connaît les violences subies par les 1ers chrétiens. Il sait que les disciples du Christ viennent en majorité des classes les plus pauvres, les plus méprisées, les plus démunies matériellement et culturellement. Il a vu dans le monde gréco-romain un immense prolétariat constitué d’esclaves, d’artisans, de paysans que la Palestine de Jésus ne connaissait pas au même degré. Ce sont ces pauvres que Dieu aime, ce sont eux qui ont commencé à prendre possession du Royaume. On n’empêchera pas Dieu d’aimer avec prédilection ceux que le monde n’aime pas, et de prendre le parti de ceux que le monde rejette.
Alors oui, il est bon de se réjouir, de tressaillir de joie, de rire, d’être rassasié, d’accueillir le royaume de Dieu « qui est à vous ». Nos pauvretés, nos faims, nos pleurs, nos occasions d’être exclus ou insultés, sont comme les indications sur un chemin de vie chrétienne. Malheur à nous si nous ne voulons pas les accueillir ! Chacun de nous, à un moment ou à un autre, fait l’expérience de sa pauvreté, du manque, au plan matériel ou spirituel. Et dans nos vies bien organisées, il est bon de creuser en soi le désir de Dieu, un combat à mener parce que nous sommes trop souvent encombrés de nos désirs, de nos volontés de paraître, laissant peu de place pour Dieu.
Au fond, cet Evangile est un appel à œuvrer pour que des hommes, des femmes, des enfants et des jeunes ne meurent plus de faim, mais qu’ils soient réconfortés, rassurés, rétablis dans leur dignité de créatures à l’image de Dieu, homme et femme à égale dignité. Appel aussi à me faire pauvre de mes certitudes, devant Dieu et devant des frères et des sœurs plus pauvres que moi. Croire en la résurrection, nous dit St Paul, c’est être libéré de nos péchés, c’est s’engager pour bâtir un monde meilleur où le bonheur est accessible à tous, dans le partage et l’échange de nos richesses… Dieu et le pauvre, premiers servis, d’accord ?
Jean-Michel Rapaud
La vie se charge de nous l’enseigner : que nos santés soient bonnes ou précaires, nous savons que nos corps et nos psychismes sont très vulnérables. Et pourtant, même à travers des phases de lutte, de révolte ou de doute, nous nous reconnaissons habités par un désir de vivre qui, à certains moments, nous rend capables d’une étonnante résistance. Le Christ vient nous rejoindre là, à la jointure de cette fragilité et de cette aspiration à vivre. Vécu en ce jour, le Sacrement des Malades en est un signe puissant !
Il est d’abord une Invitation à Vivre que fait le Christ en Personne ! Parce que, sur les routes de Palestine, Jésus a guéri des malades, des infirmes, des possédés… et plus encore parce qu’il est mort et ressuscité d’entre les morts, ce sacrement est une Proposition de Vie. Le Christ n’a pas voulu être un "faiseur de miracles" mais un Éveilleur et un Réveilleur d’Energie. En ce sens, le sacrement des malades est un geste fort où le Christ communique sa Puissance de Vie, nous rappelant que le malade, avant d’être un malade, est d’abord un frère ou une sœur, appelé à la vie. Dans nos fragilités, ce sacrement est une force. Dans nos doutes, une lumière. Dans nos révoltes, une paix.
Aussi, précédée dans la célébration par l’imposition des mains, l’onction d’huile que le prêtre trace sur le front et les mains du malade signifie que c’est sa personne tout entière (corps, coeur, esprit, âme) qui est invitée à accueillir " la visite " du Christ. La présence chaleureuse de la communauté renforce le sens de cette "visite", manifestant combien Jésus se fait proche de chacun, et redit dans le secret des cœurs ces mots qui guérissent encore aujourd’hui : « Va en paix. Ta foi t’a sauvé. »
Qu’ils vivent dans la maladie, la faiblesse, le handicap ou l’âge avancé… … le sacrement que nos frères et sœurs reçoivent en ce jour est aussi un appel à l’Esprit Saint. Pour qu’il « forme le Christ » en eux et qu’Il les envoie en mission au travers même de leur état affaibli. Fragilisés, ils n’en demeurent pas moins les membres vivants de la communauté, rendus témoins de la Présence du Christ qui n’abandonne jamais les siens. Par là, ils sont envoyés annoncer, par leur vie, leur parole, leur prière, combien Dieu rejoint chacun jusque dans l’épreuve et la souffrance. Le « Corps du Christ » que nous sommes dans nos quartiers est formé mystérieusement des « souffrants » comme des « bien portants !
Michel RETAILLEAU et le Service Évangélique des Malades
C’est bien la question posée à chacun d’entre nous après la lecture des textes de ce dimanche… Mais, qu’est-ce qu’un Prophète ? C’est celui qui est choisi pour parler au nom de Dieu. C’est une lourde responsabilité qui oblige le prophète à faire preuve de courage avec le risque d’être rejeté voire même tué. Les prophètes de l’Ancien Testament n’ont pas cessé de crier à tout le peuple d’Israël de rester fidèle au Seigneur et de ne pas se laisser attirer par les faux dieux. Bien souvent, le peuple d’Israël refusait de les écouter, ce qui était la cause de ses malheurs. C’est la raison pour laquelle le Seigneur s’adresse à Jérémie pour lui dire : " Je fais de toi un prophète pour les peuples. Ne tremble pas devant eux. Ils te combattront, mais ils ne pourront rien contre toi car Je suis avec toi pour te délivrer." Dieu lui-même ne cache pas au prophète Jérémie les difficultés qu’il va rencontrer, mais Il lui donne l’assurance qu’Il est avec lui, qu’Il ne l’abandonnera pas.
Voyez, la mission du prophète est une mission dangereuse car il est souvent seul contre tous et il doit toujours prendre le risque d’une parole qui dérange. Jésus, d’ailleurs, le dit clairement dans l’Évangile de ce jour (Luc 4, 21-30), lorsqu’il parle d’Élie et d’Élisée : Le prophète Elie n’a pu accomplir son miracle qu’en pays païen, son successeur Elisée n’a pu accomplir le sien qu’en faveur d’un étranger. Au moment même où Jésus dit cela, il provoque la colère des habitants de Nazareth qui ne supportent pas de l’entendre parler ainsi, car tous ces gens comprennent bien la parole de Jésus qui dénonce leur incapacité à accueillir un prophète, à reconnaître la Parole de Dieu dans celle du prophète. Pour reconnaître un prophète, il faut avoir le cœur ouvert, disponible à un possible de Dieu.
Je crois fermement que les chrétiens doivent témoigner de leur Foi, de leur Espérance et de leur Charité. Même si le monde n’est pas prêt à nous entendre, il nous faut dire la force, le soutien, la joie que nous trouvons dans notre relation à Dieu. Il nous faut dire que la vraie vie est en Dieu, même si on se moque de nous et que l’on ne veut pas nous croire. C’est là qu’il nous faut accepter comme le Christ lui-même, comme tous les prophètes qui nous ont précédés, d’être rejetés et peut-être même persécutés au nom de notre Foi.
Suivre le Christ, être fidèle à sa Parole, l’aimer… C’est toujours prendre un risque mais c’est en même temps trouver le sens de sa vie.
Jean Pierre MAÇON
Combien pensent encore que l’Évangile est une histoire inventée ! Bien au contraire, St Luc, par souci d’information et de vérité, prend le soin de commencer son récit adressé à son ami Théophile, par ces mots : " Après avoir recueilli avec précision des informations concernant tout ce qui s’est passé (avec Jésus) depuis le début, j’ai décidé d’écrire pour toi afin que tu te rendes bien compte de la solidité des enseignements que tu as entendus. » L’Évangile n’est donc pas du genre " fake news" qui court aujourd’hui sur certains réseaux sociaux. Il n’est ni une " fausse " ni une " mauvaise nouvelle " mais une" Bonne Nouvelle " car il annonce que, par Jésus, c’est Aujourd’hui que Dieu agit !
Il nous arrive d’être déçus par Dieu. Nous l’invoquons, mais Il ne semble pas répondre. Au point de douter qu’Il soit en capacité d’ " accomplir " ses promesses. Aussi, sommes-nous comme les Juifs de Nazareth qui entendent Jésus proclamer : " L’Esprit de Dieu est sur moi. Il m’a envoyé annoncer la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération et aux aveugles qu’ils retrouveront la vue…" A la fois touchés comme eux par ce " message de grâce "mais au fond perplexes quand ils l’entendent dire : " Cette parole, c’est Aujourd’hui qu’elle s’accomplit." Qui ne voit, Aujourd’hui, que Jésus n’a pas ouvert toutes les prisons, qu’il n’a pas guéri tous les aveugles ou tous les malades. Qui ne voit que les inégalités et les injustices sont toujours là ? Alors, serions-nous victimes de vieilles " fake news " religieuses ?
Depuis 2000 ans, tant de ’témoins’ ont reconnu que cette Parole de Dieu se faisait Réelle, dans les prisons de leur vie ! Que du neuf inespéré s’accomplissait quand la Parole de Jésus touchait la chair de leur blessure. Comme ce Pierre-Marc, bouleversé par la découverte du Christ et qui s’écrie : " La prison a été pour moi une profonde libération de mon ancienne vie. En prison, Dieu m’a permis de changer intérieurement. Jésus m’a rendu libre ! " Sans oublier toutes ces prisons psychologiques, affectives, morales… où la Parole de Dieu veut s’accomplir. En redressant ce qui est tordu ou en recréant ce qui est cassé. Qui n’a pas soif de ce baume recréateur de la Parole de Dieu ? Est-on un vrai disciple du Christ si l’on n’est pas familier de cette Parole qui parle et répare AUJOURD’HUI à
l’intime de chacun ?
Michel Retailleau
Nous reprenons, avec ce dimanche, le Temps dit : « Ordinaire » Et nous sommes dans l’année C, c’est-à-dire l’année où nous sommes invités par l’Église à lire et à méditer l’Évangile selon saint Luc. Il peut sembler paradoxal pour entrer dans ce temps ordinaire d’avoir une lecture extraite de l’Évangile selon saint Jean. Mais peut-être que cette lecture johannique donnée au début de ce temps ordinaire nous invite à considérer la manière dont nous devrons colorer tout ce temps ordinaire.
Dans l’ordinaire ou l’extraordinaire de notre quotidien, quelle place laissons-nous à lecture de la Parole de Dieu ? Avons-nous les yeux et le cœur assez ouverts pour voir la grâce de Dieu agissante dans le frère ou la sœur avec qui nous vivons ? Comme le dit St Paul dans la seconde lecture de ce Dimanche « C’est l’unique et même Esprit : il distribue ses dons, comme il le veut, à chacun en particulier. » Je vois dans l’Évangile une invitation à se laisser inviter par le Christ à ce repas de noces qu’est l’Eucharistie. Ce matin, nous avons laissé nos diverses activités pour nous rassembler autour de cet Autel et nous nourrir de la Parole et du Corps livré. Mais il ne nous faut pas simplement répondre à cette invitation. Il nous faut aussi prendre au sérieux cette parole du début de l’Évangile : « Jésus aussi avait été invité »
(Jn 2, 2). En réponse à l’invitation qu’il nous a lancée de le rejoindre dans l’Eucharistie, accepterons-nous d’inviter le Christ Jésus dans le sanctuaire de notre être ? L’inviterons-nous à nous rejoindre dans le quotidien de nos vies ? Créerons-nous un espace en nous pour le laisser nous recréer, pour le laisser nous" épouser " véritablement, pour qu’ainsi s’accomplissent déjà pour nous les épousailles finales, celles dont nos eucharisties sont le signe ?
Ces épousailles divines qui ne se célébreront véritablement que lorsque nous serons passés par la mort, que lorsque nous lui serons rendus semblables parce que nous le verrons tel qu’il est.
(cf. 1 Jn 3, 2). Puissions-nous en, communiant au Corps du Christ aujourd’hui, accueillir en nous Celui qui veut nous épouser et lui donner notre consentement pour cette union nuptiale.
Jean Pierre Maçon
Ce dimanche, c’est le Père en Personne qui parle : « Toi, tu es mon Fils bien-aimé, en toi je trouve ma joie ». Jésus désigné comme le Fils bien-aimé du Père ! En prophétisant le retour des exilés de Babylone presque 600 plus tôt, le prophète Isaïe l’annonçait : « Voici votre Dieu ! Voici le Seigneur Dieu ! » Un Dieu qui "vient avec puissance", celle de l’infinie tendresse du Dieu qui console et qui pardonne ; celle du Seigneur qui entoure de soins privilégiés les petits de son peuple, tel un berger qui rassemble ses agneaux et les porte sur son cœur. A notre baptême, c’est nous qui sommes devenus dans le Christ, ces fils et filles bien-aimés du Père. Et cette découverte, nous avons à la trouver dans le Christ, l’évangile, les sacrements, l’Église, l’amour des autres.
Dans le Christ… Isaïe annonçait La venue du Seigneur dans la puissance. A Noël, Dieu se présente sous le signe de la fragilité de l’enfant de la crèche. Dieu serait-il impuissant parce que trop dépendant ? En fait sous le signe de la douceur et de la fragilité, Dieu sait trouver le chemin de nos cœurs. Il est capable d’abaisser nos montagnes d’orgueil et de suffisance, il comble le vide de nos vies, il redresse nos projets tortueux. Dieu est fort dans sa tendresse. Saurons-nous voir vivre et aimer Jésus-Christ pour le comprendre ?
Dans l’Évangile… Une voix descend du ciel. Mais cette Parole de Dieu n’est autre que Jésus, lui la Parole de Dieu. La voix du ciel se tait pour laisser place à la voix du Fils. Cela change tout : on peut converser avec Lui. Demandons au Père, de nous faire entendre la Parole que Jésus nous adresse dans son Évangile.
Dans l’Église… Le baptême qui nous a faits renaître nous appelle à devenir des hommes debout.
St Paul nous recommande de ne pas être les jouets des événements, des modes ou des engouements successifs de ce monde. Il nous invite à prendre au sérieux le Projet de Dieu d’aimer ce monde, de le racheter, de le sauver. Il nous appelle à être justes sans vouloir assurer notre seule promotion ou réussite individuelle et nous détourner des autres. A être des hommes "religieux" jusque dans le choix de nos vies et de nos décisions.
Dans les autres… Aujourd’hui, la même Voix nous redit : « Tu es mon Bien-aimé ». Moi aussi, je suis digne d’amour, le Seigneur m’aime ! Mais le Seigneur le dit aussi à ce voisin qui parfois me dérange ou que j’ignore. Saurons-nous découvrir la joie profonde de nous intéresser aux autres ? Saurons-nous reconnaître cette joie, en disant à notre tour : « En toi, je trouve ma joie » ? C’est ainsi que nous deviendrons des saints. Le baptême du Seigneur ouvre à une multitude de bien-aimés !
Jean Michel RAPAUD
Qui sont ces "mages" Babyloniens ou Perses en route vers Jérusalem ? S’appellent-ils Melchior, Balthazar et Gaspar ? L’évangéliste Matthieu n’en dit rien. Mais mieux, nous découvrons qu’ils ont un désir chevillé au corps : « Où est le roi des juifs qui vient de naître ? Nous avons vu se lever son étoile et nous sommes venus nous prosterner devant lui. » Leur métier d’astrologues, c’est d’étudier les astres et de donner une interprétation des " signes " aperçus dans le ciel. Ils ont beau être des « païens », leur vie est en quête de vérité, de lumière. Et pour cela, ils sont prêts à quitter leurs croyances, leur culture et leurs frontières.
Quel contraste avec notre monde tenté d’installer sa recherche du bonheur dans le confort matériel et ses fausses certitudes ! Les rois mages, eux, ont soif de vérité et ils ont entrevu une nouvelle façon d’être homme « se lever ». Et, aimantés par cette lumière, ils se sont mis en route vers Celui qui incarnait cette nouveauté. Quelle force intérieure les a-t-elle appelés à tout laisser pour se mettre en marche vers quelque chose ou Quelqu’un qu’ils n’avaient pas encore découvert ? Et quelle humilité ? En bons astrologues, ils aimaient " raisonner " avec leur esprit scientifique et voilà qu’on les trouve en train de " résonner " de joie intérieure, de vibrer au point de " se prosterner " devant le signe fragile d’un enfant nouveau-né. Si Dieu s’est fait "petit enfant", alors on peut rêver d’une humanité plus fraternelle et d’un rapport plus intime avec Dieu. Le temps de l’Espérance est arrivé !
Nos vies sont souvent désenchantées et fatiguées parce que nous ne savons plus nous émerveiller. Nous sommes prisonniers de manières de vivre, de voir et de croire qui "plombent" nos désirs les plus profonds. Alors tous ces désirs de beau, de bon et vrai qui sommeillent en nous ne trouvent plus de quoi nourrir notre émerveillement et l’envie de changer. Et à l’image d’Hérode, on se laisse paralyser par « la peur » et « l’inquiétude ».
L’Epiphanie, c’est la fête de tous ceux qui, croyants ou non, chrétiens ou pas, se laissent attirer par cette mystérieuse " étoile " qu’est Jésus. Gandhi, l’Indou, en était tellement fasciné qu’il lisait chaque jour l’Evangile ? Qui d’entre nous n’a-t-il jamais entendu : « Ton Eglise, ça ne m’intéresse pas. Mais Jésus, j’aime ce qu’il a dit et fait ! » ? L’Epiphanie, c’est la fête de ceux qui ne se disent pas chrétiens mais que Dieu, de manière souterraine, éclaire et attire à lui par l’attrait irrésistible que Jésus opère encore aujourd’hui. L’Epiphanie, c’est la « manifestation » du Christ aux " périphéries ", non plus réservée à un peuple, ni même à une Eglise. C’est la fête des chercheurs de Vérité qui se laissent attirer par l’enfant-Dieu et qui en repartent transformés !... Mais lui, Jésus, est-il mon Etoile et ma boussole dans la vie ?
Michel Retailleau
Quelqu’un me disait l’autre jour son admiration pour les médecins de campagne d’autrefois : " Ils allaient chez les gens. Ils vivaient avec eux, ils connaissaient les problèmes de chacun. Ils les aimaient et savaient donc les guérir." Noël, au fond, c’est cela, vu "côté Dieu" : En cet enfant- Jésus, c’est Dieu qui est heureux de venir vivre avec nous, non parce que notre vie et la vie du monde seraient toujours au "top" mais parce qu’il Lui plaît de partager nos joies et nos peines, nos colères et nos fragilités. C’est Dieu content de vivre une vie de famille, de grandir au milieu de voisins et compagnons, de travailler de ses mains. Dieu heureux de vivre dans sa "chair" la beauté et le tragique d’une vie humaine risquée jusque dans la mort.
En ce soir de Noël, nous pouvons dire avec les anges : " Gloire à Dieu au plus haut des cieux "… Gloire à ce Dieu heureux de vivre avec nous et qui nous invite à vivre le ciel sur terre… " Et paix sur la terre aux hommes qu’il aime. " Paix sur la terre aux hommes pour qui il veut du Bien… Pas de paix sur la terre sans cette conviction que Dieu, avec nous et pour nous, veut le Bien, le Beau et le Vrai pour tous. Dans notre climat morose, quel appel puissant à espérer !
Noël, c’est aussi Dieu qui nous confie un secret : Il veut couler son Amour divin dans nos veines d’homme, comme il l’a coulé dans celles de Jésus. Si , en Jésus, Dieu se dit content de vivre avec nous, comment ne serions-nous pas aussi contents d’un tel Dieu amoureux de l’homme : un Dieu parmi nous, un Dieu-Emmanuel ! La joie de Noël, c’est non seulement savoir que nous avons un Dieu ravi de vivre avec nous. Mais c’est aussi dire que nous sommes heureux d’ avoir un Dieu comme Lui. Contents de sa Présence simple et profonde qui nous aide à retrouver l’envie de vivre, de croire et d’espérer. Contents de sentir, à certains jours, cette Présence et cette Force qui nous sont données. En ce Noël, demandons-nous : si Dieu est content de vivre avec nous, nous, sommes-nous contents de vivre avec Lui ?
Michel Retailleau
En ces semaines de rentrée scolaire, et paroissiale, la Parole du Seigneur semble difficile à entendre : « le Fils de l’homme est livré aux mains des hommes ; ils le tueront. » Pourtant accueillons aussi l’incroyable confiance de Jésus-Christ en l’homme (Marc 9, 30-37).
Livré aux hommes, Jésus sait qu’il va vers la mort, il l’annonce, et c’est une horreur pour ses disciples, il sera livré, tué, mis à mort. Nous pouvons imaginer la scène, l’incompréhension des disciples, leur peur même, ils n’osent pas interroger Jésus. Pourtant, les questions doivent jaillir dans leur cerveau : " pourquoi, quand, par qui ? Ce n’est pas juste…" Alors comme chacune et chacun devant la mort, ils continuent le chemin, le temps qui passe y oblige. Alors ils discutent de questions plus faciles : " Qui est le plus grand ? " On pourrait ajouter "le plus fort, la plus belle…" le week-end dernier, c’était ce français nouveau recordman du monde d’heptathlon Kevin Mayer, toujours plus haut, plus loin, plus fort !
Jésus demande à ses disciples, une fois rentrés, de quoi ils discutaient en chemin. Ils ont honte de le dire. Et Jésus de répondre à leur questionnement par une réponse étonnante :
" être le premier, en se livrant, en descendant, en s’abaissant, se faire petit comme un enfant et accueillir ce petit ", comme Jésus.
En quelques phrases, sous la plume de l’évangéliste St Marc, Jésus nous manifeste sa confiance, face à la mort qui avilit. Devant nos questions trop humaines, Jésus montre qu’il croit en nos capacités à devenir plus humain, à devenir homme, femme, libre intérieurement !
Jésus a une confiance totale et inaltérable en nous, envers et contre tout, pour nous accompagner et nous guider sur notre chemin.
Il s’identifie au plus petit, " l’enfant ", celui qui ne parle pas ou pas bien. Il s’abaisse, il descend, pour ressusciter, nous ressusciter et ainsi nous libérer de nos étroitesses et de nos servitudes.
Bon chemin avec Jésus !
Jean Michel Rapaud
Il y a quelques semaines, on s’acheminait vers un Noël "sans problèmes". Le rituel des sociétés riches allait se mettre en place avec débauches de lumière, de nourriture et de cadeaux pour oublier une vie quotidienne souvent terne et sans relief. Il faut bien faire la fête pour avoir le sentiment d’exister dans un monde où suinte la tristesse ! Et patatras, voilà que les préparatifs de Noël sont gâchés par l’apparition des " Gilets Jaunes " et leur colère sourde : " On ne peut plus vivre ! Vivre ainsi, ce n’est plus vivre, c’est survivre ! " Et puis cet attentat terroriste à Strasbourg !
Notre société qui offre tant de possibilités d’accès aux savoirs, loisirs, voyages… transpire non seulement l’ennui mais aussi la révolte et la violence face aux inégalités et injustices Notre monde ne sait plus ce qu’est la joie. Il a échangé la recherche du sens de la vie contre la course incessante aux biens matériels. Il a troqué la joie de vivre pour une existence sans âme, des frustrations et une lassitude qui empêchent de goûter ce qu’est réellement Vivre.
Aussi, quelle provocation que ces 2 premières lectures bibliques de ce 3ème dimanche de l’Avent ? " Soyez toujours dans la joie du Seigneur ; laissez-moi vous le redire : Soyez dans la joie. " Comment être joyeux avec nos existences, marquées par leur lot d’épreuves et de difficultés ? Comment être heureux quand, dans notre pays, de nombreuses voix lancent un SOS : " Nous ne sommes pas heureux de vivre !" Interrogeons-nous : à quelle sorte de joie sommes-nous invités pour faire de la morosité ambiante et des évènements actuels l’occasion d’une entrée plus grande en intimité avec Dieu et en solidarité avec les cris de ceux qui souffrent ?
Tout cela ne peut être que le fruit d’une vraie "conversion". D’un "retournement " qui oblige à faire le point sur notre vie intérieure : "On confond bonheur et plaisir, nous disait Agnès. Les gens s’attachent plus au plaisir qu’au bonheur et passent à côté de la vie. Dieu, c’est un bonheur dont on n’est jamais rassasié, alors qu’avec le bokit (plat antillais), quand tu l’as mangé, t’es rassasié." Qu’est ce qui me fait réellement vivre ?… Puis nous sommes invités à ’ ouvrir nos yeux et nos oreilles ’ sur les germes de vie et de fraternité qui naissent au cœur même de situations conflictuelles, mais souvent inaperçus du fait de nos préjugés et aveuglements… Enfin, nous sommes appelés à " faire mémoire" de la trace lumineuse laissée dans l’histoire par Jésus, l’Homme-Dieu. Au milieu des colères du monde, Il a su miser sur la Joie de croire qu’avec Dieu, nous ne sommes pas abandonnés et qu’il est possible d’inventer un nouveau vivre-ensemble… Et si la Joie de la Foi pouvait sauver le monde de sa tristesse ?
Michel Retailleau
Vous vous rappelez ces paroles de Jésus à ses disciples : « Heureux les yeux qui voient ce que vous voyez ! Car, je vous le déclare : Beaucoup de prophètes et de rois ont voulu voir ce que vous voyez, et ne l’ont pas vu, entendre ce que vous entendez, et ne l’ont pas entendu ! » N’est-ce pas là un secret d’Amour longtemps caché ?
Mesurons-nous suffisamment notre bonheur ? Notre bonheur d’avoir vu et entendu Jésus, notre Dieu, venu vivre sur terre, parmi nous.
Notre bonheur d’avoir recueilli son message de Paix, de Communion et d’Espérance.
Notre bonheur d’avoir accueilli son invitation à l’Aimer : « Demeurez en moi ! »
Notre bonheur de l’avoir entendu nous dire : « M’aimes-tu ? » et son invitation à nous aimer les uns autres comme il nous aime.
Certainement pas ! Non ! nous ne mesurons pas assez notre bonheur, et c’est pourquoi ce Temps de l’Avent est si bienvenu... pour réveiller notre Foi, notre Amour et notre Espérance.
Oui, Il vient toujours. Et le Temps de l’AVENT nous rappelle justement que c’est toujours l’AVENT ! Espérance en Celui qui vient nous transfigurer ! Immense Bonheur ! Oui, ces multiples avènements nous livrent « un secret d’Amour longtemps caché ». Si nous les accueillons, ces avènements sont bouleversants.
Avez-vous demandé à Jésus son « secret d’Amour » ? Si vous le lui demandez, il vous le dira certainement. Car à moi, il me l’a dit, il n’y a pas si longtemps, et sans que je n’ai rien demandé ! Il m’a dit - et j’ai compris aussitôt que c’était aussi à vous que j’avais aussi à le dire - : « Je t’aime à la folie ! Jamais je ne veux être séparé de toi ! Et je veux que jamais tu ne sois séparé de moi ! » Si c’est pas un secret d’Amour, ça ! Et moi, je veux que personne parmi vous n’oublie jamais cela ! Parce que c’est pour cela qu’il vient ! C’est pour cela, Noël ! Pour que personne ne soit jamais séparé de Lui !
Aussi nous convertir, comme nous y appelle Jean le Baptiste, dans l’Evangile d’aujourd’hui, c’est accepter d’entendre cela. C’est accepter cette Présence dans ma vie, cette Communion. C’est accepter de vivre toujours avec Lui, Jésus. De ne plus vivre en « JE », mais en « Nous » ! C’est aussi s’engager à vivre pour Lui, et nous tourner entièrement vers son Père ! Oui, ce « secret d’Amour longtemps caché », il est temps de le révéler à tous ! Comment pourrions-nous garder pour nous UNE SI BONNE NOUVELLE ?
Jean Pierre MAÇON
On le sait, le chêne qui tombe en forêt fait un bruit assourdissant tandis que le jeune arbuste grandit en silence. Ainsi en est-il de la vision imaginaire de la fin du monde qui nous a été transmise. On a associé l’idée de la fin du monde à des images de catastrophes. Que ce soit dans l’invasion de Rome par les barbares, dans une épidémie de peste ou de choléra, dans l’éruption d’un volcan ou un dérèglement écologique, on a cru retrouver les signes bibliques de « l’affolement des nations » et de « l’ébranlement » cosmique de l’univers. Et on en a conclu que ces évènements annonçaient le Retour du Christ.
Certes, les images apocalyptiques de l’Evangile de ce 1er dimanche de l’Avent ( Luc 21, 25-28, 34-36) ont tout d’un film d’horreur. Mais elles ne décrivent pas des évènements qui vont réellement se produire. Elles se réfèrent à une réalité qui doit se ’dévoiler’. En effet, le mot "apocalypse" ne veut pas dire "catastrophe" mais " dévoilement " " révélation ". A travers un imaginaire de destruction, il est bien dit que notre monde disparaîtra, que l’histoire de l’univers et des hommes aura une fin. Ce monde avec ses excès et ses violences, ce monde avec ses injustices et ses catastrophes, un jour ne sera plus. Mais, loin de la panique, c’est le temps de la Joie paisible qui doit nous envahir car c’est maintenant le temps du Christ. Comme en photographie, le Retour de Jésus agit comme un "révélateur" de tous les "germes" de Vie qui se produisent dans l’humanité.
Rêve ? Illusion ? Consolation ? Non, le Christ est en train de revenir. Par sa Résurrection, sa Puissance de Vie est à l’œuvre dans le monde comme en chacune de nos existences. Ce qui est mensonge, violence, égoïsme, injustice…, dans notre vie comme dans celle du monde, a déjà commencé à brûler au feu de son Amour divin. Un travail souterrain de " délivrance " et de " divinisation " est déjà à l’œuvre. Aussi, loin de fuir le monde ou d’y vivre sans âme, nous avons à nous ouvrir à la rencontre de Celui qui vient, dans le silence, nous rencontrer.
Comment ? D’abord, nous dit l’Evangile " redressez-vous " afin de voir avec plus de hauteur ce Monde nouveau qui s’approche. Ensuite, " relevez la tête " pour mobiliser toutes vos puissances d’affection, d’intelligence et d’action et les offrir aux énergies transformatrices du Ressuscité. Enfin, " tenez-vous sur vos gardes ", " restez éveillés et priez en tout temps " afin de garder un cœur en attente, prêt à l’accueillir. Entrer dans l’Avent, bien loin de céder à la peur d’une ’fin du monde’, c’est entendre l’invitation inattendue de Dieu à naître en nous ! C’est laisser l’Esprit nous guérir de cette myopie qui empêche de voir les traces du Christ travaillant à faire du divin dans l’humain… « Viens, Seigneur, nous t’attendons ! »
Michel Retailleau
« Alors tu es Roi ? » demande Pilate à Jésus qui vient d’être livré par les autorités de l’époque. Cette question, pouvons-nous la faire notre ? Alors tu es roi, reine, prince, princesse ? Ne dit-on pas parfois en parlant d’un enfant « mon petit prince, ma petite princesse » ? Et Antoine de Saint-Exupéry a écrit un ouvrage devenu célèbre sous ce titre.
Aux jours bénis de notre baptême et de notre confirmation, nous avons reçu les titres de " prêtre, prophète et roi ". Tout baptisé confirmé reçoit en effet la grâce de pouvoir sanctifier comme un prêtre, d’annoncer la Parole de Dieu comme un prophète, et de pouvoir gouverner comme un roi. Il s’agit là du sacerdoce commun des fidèles laïcs, chaque croyant étant appelé à offrir Jésus-Christ au monde. Et par le service royal, de gouverner sur soi-même et pour les autres avec humilité et patience, luttant contre le mal, pour « conduire leurs frères jusqu’au Roi dont les serviteurs sont eux-mêmes des rois. »
« Alors tu es Roi ? » Ce service royal n’est pas à vivre à la manière du monde, par l’asservissement de beaucoup à un despote. Les révolutionnaires français ont fait couper la tête du roi pour mettre fin à un tel système politique.
« Ma royauté n’est pas de ce monde » répond Jésus. En effet son royaume est « un règne de vérité et de vie, règne de sainteté et de grâce, règne de justice, d’amour et de paix, règne où la création elle-même sera affranchie de l’esclavage de la corruption pour connaître la liberté glorieuse des fils de Dieu ».
Les paroles et les gestes de Jésus-Christ sont pour nous des exemples afin de gouverner nos vies et de participer au service de la vie commune. Et pour y arriver, il faut avoir choisi d’être uni à Lui, l’Homme-Dieu, l’homme de Nazareth et le Verbe fait chair. Avoir entendu la question que posaient les jeunes de l’aumônerie de notre paroisse : « c’est bizarre un homme mort qui est vivant ? » en parlant de la résurrection du Christ. Oser prier Jésus : « alors tu es vivant ? »
Parce que la royauté du Christ n’est pas de ce monde, il est possible de vivre par delà le mal et la mort, il est possible de lutter en soi contre les tentations, de mener le bon combat spirituel et de choisir ensemble une vie bonne pour tous. Grâce au Christ Roi, des formes d’organisation politique proche d’esclavages ne peuvent tenir. Par sa passion, sa mort et sa résurrection, le Christ a vaincu le mal. Il fait de nous des êtres libres pour gouverner nos vies et nous organiser au service de chacun (ne priver personne de sa dignité et du respect qui lui est dû) et au service du bien commun.
En fêtant le Christ Roi, demandons la grâce de régner comme lui dans la justice, l’amour et la paix, pour la Gloire de Dieu et le Salut du monde.
Jean-Michel Rapaud
Nous vivons une époque qui connaît, avec sa crise économique et morale, beaucoup de catastrophes. On peut certes se lamenter. Mais, sans nous détourner de l’humain fragilisé autour de nous, c’est aussi vers le Christ qu’il nous faut regarder.
Notre vie de croyant nous tourne vers la Personne même de Jésus, sa mort, sa résurrection et son retour à la fin des temps. Un jour viendra où nous nous trouverons face à lui. Nous n’attendons pas un temps ou un lieu ; nous allons vers la rencontre de la Personne même de Jésus. Nous nous y préparons chaque jour en vivant le présent et en construisant notre avenir sans oublier ceux qui vivent au milieu de nous. Dans un monde bousculé qui vit des situations de détresse, le Seigneur nous assure de sa présence. Il a vaincu le mal. « Rien ne peut nous séparer de son amour. »
La parabole du figuier qui bourgeonne est un signe que l’été approche. Cette parabole nous parle de tous les bourgeonnements que nous pouvons observer : c’est le fleurissement du partage, de la tendresse, du pardon. C’est ce qui se passe quand des chrétiens vivent la solidarité et le partage en lien avec le SECOURS CATHOLIQUE et autres organismes. Tous ces gestes sont le signe d’un monde nouveau qui nait. C’est Lui qui est à notre porte. Il est notre présent et notre avenir. Nous n’oublions pas ce que nous répétait souvent Jean-Paul II : " N’ayez pas peur…"
Oui, n’ayons pas peur car le Seigneur est là à nos côtés. Il nous accompagne toujours. Il s’élève contre les faux prophètes, contre les voyants qui prévoient la fin du monde proche. Il est à nos côtés et il marche avec nous. Il n’a jamais cessé de nous aimer. Il veut nous détourner de la curiosité pour les dates, les prévisions, les horoscopes. Ce qui est premier, c’est d’accueillir la Présence de Dieu et de nous laisser guider par son Évangile.
Il est la Lumière qui guide et encourage nos pas. Son pardon nous est toujours offert. C’est auprès de lui que nous retrouvons la force d’aimer et de SERVIR NOS FRERES.
Jean Pierre MAÇON
Le grand danger d’une " société de spectacle " comme la nôtre, c’est qu’à force de mettre les projecteurs sur le brillant et le clinquant, nous ne voyions plus l’essentiel de ce qu’est Vivre. Quand on est ébloui, la vision devient floue et l’on devient aveugle aux réalités importantes. Le regard de Jésus sur les scribes et la « pauvre veuve » veut désembuer notre regard et nous inviter à voir plus large et plus profond. Décapante, la description qu’il fait des "scribes" ! Leur fonction prestigieuse de spécialistes de la Loi juive leur confère honorabilité, au point d’éblouir ceux qui les approchent. Mais Jésus a vite fait de détecter que leur vie sonne creux. Enlevez les paillettes de « leurs belles robes » et de leur « soif de salutation », ôtez le clinquant de leur« première place à la synagogue ou dans les dîners officiels », que reste-t-il ? Une banale médiocrité loin d’une prétendue supériorité !
Regard pénétrant que celui de Jésus ! Ce qu’on ne voit pas à l’œil nu, Lui le détecte d’emblée. Obsédés du paraître, les scribes s’attribuent une « aura » divine qui cache mal le pâle reflet de leur misère intérieure. A l’inverse, la pauvre femme qui vient déposer ses deux piécettes dans le tronc du temple n’a rien à faire valoir. Ni rang, ni honneur, ni reconnaissance. Au regard des autres, « ce n’est qu’ » une veuve, sans rien. Mais parce qu’elle n’a pour richesse que Dieu et la conscience de sa petitesse, elle n’est que Confiance en Dieu. Et Jésus "pénètre" de son regard la beauté intérieure qui l’habite. Il ’sait’ qu’elle est aimée de Dieu, que son humble geste porte l’empreinte de la dignité des filles de Dieu. Aussi invite-t-il ses disciples à ne voir en elle qu’une ’ préférée de Dieu ’ : « Ce n’est pas ceux qui ont mis dans le tronc leur monnaie sonnante et trébuchante qu’il faut admirer, mais cette femme. Car eux, ils ont donné de leur trop plein. Mais elle, elle a donné de son rien. "
Si nous donnons à Dieu le " trop plein " ou le surplus de nos vies, de nos relations, de nos choix, de notre temps pour ne Lui accorder qu’une portion congrue, nous risquons de briller d’une pâle lumière. Mais si nous prenons le risque de confier à Dieu nos insatisfactions et nos manques (= notre " rien "), notre vie prend une autre clarté. Cette semaine, j’ai reçu C., une dame africaine qui a lancé une Association Bénévole pour venir en aide aux personnes âgées afin de les aider dans leurs démarches administratives, santé, courses… Comment cela est-il né ? : " A la mort de mon mari, j’avais le désir de me donner. On est parti de RIEN, seulement avec notre cœur. Et malgré nos faibles moyens, on a voulu lutter contre l’isolement dans le quartier. Aujourd’hui on aide à vivre. On met de l’humanité… Ca donne sens à ma vie et j’y vis ma foi. " Femme d’aujourd’hui, semblable à cette veuve de l’Evangile sur qui Jésus a posé son Regard admiratif… Donne à chacun, Seigneur, ton Regard qui réveille la dignité et la joie de vivre !
Michel Retailleau
« Quel est le premier de tous les commandements ? » demandait un scribe au Seigneur.
Il faut dire que des commandements, il y en avait beaucoup, 613 exactement. Alors il est possible de comprendre ce qu’a d’essentiel cette question. Quel est le commandement qui donne son sens et sa place aux autres ? Et Jésus de répondre avec le credo juif « Écoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur. » Jésus s’appuie sur la révélation de ce Dieu qui s’est manifesté à Abraham, à Moïse, aux prophètes… Auprès de chacun d’eux, Il a conclu une Alliance, signifiant ainsi son respect de ses créatures « à son image et à sa ressemblance, homme et femme ». Ce Dieu Créateur et Sauveur, il est bon de l’aimer « de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force. » Ces quatre termes contribuent à exprimer la totalité de l’engagement amoureux de la personne. A l’image de l’enfant qui, avant d’avoir été gâté par une hiérarchie de valeurs, aime ses parents sans retenue.
Aimer ce Dieu parce qu’Il ait aimable, parce qu’Il ne reste pas insensible au devenir de ses créatures, parce qu’Il a quitté son ciel et est descendu jusqu’à nous. Tout le contraire d’une conception archaïque du divin !
Et Jésus d’ajouter : « tu aimeras ton prochain comme toi-même. » Aimer celui dont on se fait proche comme soi-même. « Il n’y a pas de commandement plus grand que ceux-là. »
Et le scribe d’apprécier la vérité des propos de Jésus « fort bien, Maître, tu as dit vrai. »
Et Jésus de féliciter ce scribe : « tu n’es pas loin du royaume de Dieu. » Il montre ainsi qu’il vit ces commandements. A ce scribe représentant souvent un groupe qui lui est hostile, il manifeste de la gratitude. Aimer Dieu et aimer son prochain. Pour notre Seigneur, les deux commandements sont indissociables l’un de l’autre : chacun ne peut être observé qu’en observant l’autre. Et ils donnent la liberté, celle qui habitait Jésus et lui permettait d’aimer en vérité chaque personne rencontrée.
Voulons-nous aimer vraiment, devenir libre à ce point ? Aimer Dieu de tout notre cœur, de toute notre âme, de tout notre esprit et de toute notre force ; et aimer notre prochain comme nous-mêmes ? Aimer vraiment, entièrement ?
Jean-Michel RAPAUD
La SAINTETÉ ce n’est pas de " se parfaire" à coup d’efforts, mais de se laisser parfaire par celui Seul qui est Saint, notre Père. Oui, nous sommes appelés à devenir des saints, parce que Dieu l’a fondamentalement voulu ainsi. Et tout notre travail serait de NOUS laver de nos imperfections ou souillures par nous-mêmes ? Nous n’en sommes pas capables. Ce " travail " consistera à nous laisser laver et c’est bien là le plus difficile : consentir à cette dé-maîtrise de soi. Accepter que je ne peux pas me laver tout seul – au risque, parfois, de me fourvoyer un peu plus. La Foi (des Justes) c’est reconnaître que j’ai besoin d’un Sauveur, que je ne puis me sauver moi-même.
Cette révélation nourrit notre espérance : au-delà des saints avec un grand S majuscule, canonisés par l’Eglise, bien plus nombreux sont une multitude d’hommes et de femmes, d’enfants, dont nous ne connaissons pas même l’existence, le nom, ou l’histoire, et qui se tiennent debout devant Dieu « avec des palmes à la main ».
En ce jour de Toussaint, l’Eglise fête tous les saints, connus et inconnus, tous les sans nom, tous les sans grade de la sainteté. Tous les saints ordinaires de la vie ordinaire. Nous les croisons tous les jours, sans forcément savoir les reconnaître. Eux-mêmes ne se savent pas saints, ils se savent parfois petits et faibles. Pourtant, sans le savoir, ils sont « sel de la terre », ils donnent goût à la vie de ceux qu’ils croisent. Ces saints-là peuvent avoir la foi, mais pas forcément. Ils peuvent mêmes être même d’une autre religion.
La fête des saints que nous célébrons aujourd’hui est une Fête de l’Espérance Rendons grâce à Dieu, non seulement pour leur gloire, mais pour l’espérance mise en nos cœurs. Chacun de nous peut devenir un saint s’il se laisse habiter et transformer par le Christ. En mettant nos pas dans les pas de Jésus, nous lui deviendrons semblables, jusqu’à faire nôtres ses béatitudes, les siennes, qu’il nous propose en partage. Mais les accueillerons-nous jusqu’à les faire nôtres ?
Jean Pierre MACON
En ce 29ème dimanche du temps ordinaire, il nous est donné d’accueillir " le prix qu’a pour Jésus la liberté de tout homme." La Passion de notre Seigneur Jésus-Christ, ne serait-elle qu’un mauvais moment qu’il faudrait vite oublier maintenant qu’il est ressuscité ? Ou nous montre-t-elle le prix qu’il a mis à nous libérer ? Le prix qu’a pour Lui la liberté de chaque homme ?
Les trois mots introductifs « en ce temps-là » ne rendent pas compte du contexte tragique dans lequel Jacques et Jean posent leur question. Avant ce passage d’évangile nous trouvons la troisième annonce de la Passion. Elle est différente des deux premières. Elle donne une impression lugubre :
ce n’est pas la proximité d’halloween et l’envie de se faire peur ! Il s’agit plutôt d’une ’ marche à la mort ’, avec le déroulement complet des événements : Jésus livré, moqué, recevant crachats et flagellation et enfin mis à mort puis ressuscité trois jours après.
De même que les disciples étaient passés à côté de la deuxième annonce de la Passion en se disputant pour savoir qui est le plus grand (9,34), de même Jacques et Jean ne retiennent que l’annonce finale de la résurrection pour réclamer d’avoir les premières places lors de ce triomphe glorieux (v.37). Ils sautent allègrement par-dessus les souffrances et la mort de Jésus. C’est pourquoi il les ramène à la réalité : « Pouvez-vous boire à la coupe que je vais boire, recevoir le baptême dans lequel je vais être plongé ? ». Sur leur réponse affirmative Jésus les assure de partager son sort (allusion au martyre de ses disciples ; voir Actes 12,1-2), mais réserve à Dieu d’accorder les places demandées.
L’indignation envahit les dix autres, aussi Jésus fait-il une mise au point sur le sens de la place que l’on occupe. Ceux qui dans le monde ont les premiers sièges sont dominateurs. Mais « parmi vous » (c’est-à-dire dans l’Eglise !) « Il ne doit pas en être ainsi. Celui qui veut devenir grand sera votre serviteur » (comme en 9,34-35). Celui qui veut être le premier sera l’esclave de tous » (c’est la figure de l’enfant en 9,36).
Jésus en est le modèle qui est venu non pour être servi, mais pour servir. Et ce service consiste à « donner sa vie » (mourir, comme le précise l’annonce de la Passion, aux v.33-34) « en rançon pour la multitude ». Le mot « rançon » désigne le moyen par lequel l’esclave pour dette pouvait se libérer (Lévitique 25,51-52). Le don de la vie de Jésus est le moyen de la libération de tous les hommes : la multitude, comme en 14,24 : « Ceci est mon sang, le sang de l’Alliance, versé pour la multitude ». A chaque eucharistie, nous rendons grâce à Dieu pour le sacrifice de son Fils et la révélation du prix de notre vie ; elle vaut la vie de Dieu ! Alléluia !
Jean Michel Rapaud
Jésus se mettait en route vers Jérusalem, quand un homme accourut vers lui. C’est dans le contexte de la montée vers la croix que se situe cet épisode. L’homme accourt, il a quelque chose d’important à demander et sans manière, il « se met à genoux en disant " Bon Maître." Ce titre, qui n’appartient qu’à Dieu seul, Jésus le refuse comme doit le faire tout juif pieux. Pourquoi m’appelles-tu bon ? Dieu seul est bon. De plus, dans Marc surtout, Jésus cherche volontiers à cacher sa véritable identité, parce que son heure n’est pas encore venue et que les gens ne sont pas encore prêts à accepter toute son identité (Dieu fait homme en Christ).
Que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? . Voilà la question de cet homme qui ne demande que la vie éternelle : " être avec Dieu." En guise de réponse, Jésus lui récite le catéchisme juif, les commandements de Moïse. Ajoutant la recommandation : ne fais de tort à personne.
Maître, j’ai observé tout cela depuis ma jeunesse. C’est un homme honnête, religieux qui répond à Jésus. Mais Jésus a bien senti en lui un "quelque chose", un désir de plus. Cet homme avait couru ! Il lui est sympathique, il le regarda. On pourrai dire littéralement : ’’ Jésus le regarda au dedans’’, jusqu’au fond de son être et il l’aima. Extrême sensibilité et bienveillance de Jésus !
Une seule chose te manque ! Va, vends tout ce que tu as, puis viens, suis-moi. Les commandements ne suffisent donc pas ! Même en les observant, « il manque une chose. » C’est ici qu’il faut prendre l’Evangile à la lettre. Nous pourrions dire en nous-mêmes : « Ceci n’est pas pour moi, c’est pour les moines, les religieuses… » Comme si l’évangile distinguait entre les dix commandements qui seraient obligatoires pour tous et, les Béatitudes qui se seraient des conseils pour quelques-uns. Ne soyons pas stupéfaits comme les disciples, de plus en plus déconcertés !
Quelle est donc cette seule chose, qui nous manque ? La radicalité ! Le commandement se limite à des actions qui, une fois accomplies, nous laissent quittes. Jésus veut tout et " plus encore ". Ce" tout" variant selon chacun. Jésus ne demande pas à tous de vendre leur bien, comme il l’a demandé à cet homme. Mais à nous tous, il dit : « Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. " (Mc 8, 34). Le tournant décisif, c’est de passer d’un christianisme honnête (l’observance des commandements) à la suite résolue du Christ. « Viens et suis-moi. »
Jean Pierre Maçon
TRAITS D’UNION ENTRE DIEU ET LE QUARTIER (7/10/2018)
A première vue, l’Evangile du jour n’est pas fait pour un Lancement d’ Année Pastorale. En invitant à l’indissolubilité du mariage ( Marc 10, 2-16) : " Ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas ! ", Jésus invite à vivre le mariage non seulement à hauteur humaine mais à la hauteur même de Dieu. L’EVENEMENT de sa venue sur terre est venu, en effet, changer la manière humaine de vivre. Si Jésus est à jamais TRAIT D’UNION entre Dieu et les hommes, c’est de cette hauteur de vue, que l’union d’un homme et d’une femme doit pouvoir refléter son union entre lui le Christ-Epoux et l’Eglise-Epouse. Un tel sens du mariage chrétien, on le sait, est impossible à vivre avec les seules forces humaines s’il ne s’appuie sur l’Esprit.
Mais ce grand mystère de l’Incarnation qu’ est la venue du Christ sur terre n’est pas réservé aux seuls couples. C’est nous tous qui avons à le vivre. Et là, notre célébration de Lancement de l’Année Pastorale prend tout son sens. Nous sommes ici, non seulement parce que nous sommes un groupe de gens sympas et que ça fait du bien de chanter, de prier, d’écouter la Parole de Dieu, avec nos générations et nos cultures diverses. Nous sommes là d’abord pour célébrer l’UNION DU CHRIST AVEC LA COMMUNAUTE DE SAINTE HELENE. Car toutes nos activités paroissiales - que ce soit l’accueil, le nettoyage, la déco de l’église, un groupe de prière, une fonction dans un service ou encore l’engagement dans le quartier ou le travail etc…-, prolongent le mystère du Christ qui " prend chair " dans la vie des hommes.
Lancer la Nouvelle Année et accueillir de Nouveaux Arrivants, c’est nous rappeler que le Christ continue à visiter nos rues, nos immeubles, nos écoles, nos associations ... Il vient "épouser" les joies et les attentes, comme les défis et les souffrances qui se vivent. En ce jour, c’est bien là que nous sommes ENVOYES. Pour être les mains, les pieds, le cœur, la bouche, les bras… mêmes du Christ. Ne sommes-nous pas le " Corps du Christ " ? Envoyés pour être " dans le Christ " des traits d’union entre Dieu et le quartier !... Je nous souhaite à tous une Belle et féconde Année 2018-2019, dans la Lumière et de la Force de l’Esprit Saint !
Michel Retailleau
En ces semaines de rentrée scolaire, et paroissiale, la Parole du Seigneur semble difficile à entendre : « le Fils de l’homme est livré aux mains des hommes ; ils le tueront. » Pourtant accueillons aussi l’incroyable confiance de Jésus-Christ en l’homme (Marc 9, 30-37).
Livré aux hommes, Jésus sait qu’il va vers la mort, il l’annonce, et c’est une horreur pour ses disciples, il sera livré, tué, mis à mort. Nous pouvons imaginer la scène, l’incompréhension des disciples, leur peur même, ils n’osent pas interroger Jésus. Pourtant, les questions doivent jaillir dans leur cerveau : " pourquoi, quand, par qui ? Ce n’est pas juste…" Alors comme chacune et chacun devant la mort, ils continuent le chemin, le temps qui passe y oblige. Alors ils discutent de questions plus faciles : " Qui est le plus grand ? " On pourrait ajouter "le plus fort, la plus belle…" le week-end dernier, c’était ce français nouveau recordman du monde d’heptathlon Kevin Mayer, toujours plus haut, plus loin, plus fort !
Jésus demande à ses disciples, une fois rentrés, de quoi ils discutaient en chemin. Ils ont honte de le dire. Et Jésus de répondre à leur questionnement par une réponse étonnante :
" être le premier, en se livrant, en descendant, en s’abaissant, se faire petit comme un enfant et accueillir ce petit ", comme Jésus.
En quelques phrases, sous la plume de l’évangéliste St Marc, Jésus nous manifeste sa confiance, face à la mort qui avilit. Devant nos questions trop humaines, Jésus montre qu’il croit en nos capacités à devenir plus humain, à devenir homme, femme, libre intérieurement !
Jésus a une confiance totale et inaltérable en nous, envers et contre tout, pour nous accompagner et nous guider sur notre chemin.
Il s’identifie au plus petit, " l’enfant ", celui qui ne parle pas ou pas bien. Il s’abaisse, il descend, pour ressusciter, nous ressusciter et ainsi nous libérer de nos étroitesses et de nos servitudes.
Bon chemin avec Jésus !
Jean Michel Rapaud
Cette question a dû surement effleurer votre esprit ? Le doute sur votre identité la plus personnelle ne vous a-t-il jamais troublé ? " Qu’est-ce que l’homme, Seigneur, pour que tu penses à lui ? " (Psaume 144, 3) ou bien " l’homme n’est qu’une herbe changeante. Le matin, elle fleurit ; le soir, elle est fanée, desséchée " (Ps. 90, 5-6).
Tout Fils de Dieu qu’il était, Jésus a dû lui aussi se battre avec cette question existentielle, d’autant plus lancinante pour lui puisqu’elle touchait à sa double nature : et Dieu, et homme. Lorsqu’il demande à ses disciples : « pour vous, qui suis-je ? », ce n’est pas un examen scolaire qu’il ferait passer à ses lieutenants : « qui a la bonne réponse ? ». C’est vraiment un regard sur son être qu’un ami demande à ses amis : « pouvez-vous me dire ce que vous percevez de moi ? Et autour de vous, qu’est-ce que qu’on dit de moi ? " Jésus est soucieux de sentir l’impact que sa vie et son message produisent chez eux. Notamment quand il parle de Dieu de manière si nouvelle et quand il les invite à changer de vie. Sa Passion approche, il veut sentir si ses disciples sont prêts à recevoir tout son message.
Mais Jésus ne fait pas qu’enquêter auprès de ses disciples sur sa propre identité. Les évangélistes nous le montrent souvent partir " à l’écart ", " rester seul " une partie de la nuit, prier sur la montagne ou au désert. Moments privilégiés de rencontre intime avec son Père. Nul doute que ces moments de silence et de solitude ont été déterminants pour continuer à avancer dans la connaissance de son être et de sa mission.
A l’avis des autres, à l’exercice de la solitude et de la prière, il faut encore ajouter cet autre élément : Jésus a aussi appris qui il était, en scrutant les Écritures, en priant les psaumes. Il s’est reconnu dans la figure du " Serviteur souffrant ", sorte de résistant non-violent comme on en voit le portrait dans la première lecture (Is 50, 5-9) : « je ne me suis pas révolté, je ne me suis pas dérobé. J’ai présenté mon dos à ceux qui me frappaient, et mes joues à ceux qui m’arrachaient la barbe. Je n’ai pas caché ma face devant les outrages et les crachats. »). Il a découvert l’attente messianique d’Israël jusqu’à s’identifier au grand prophète espéré.
Ces 3 piliers de Jésus (ce que les autres attendent de nous, la solitude en prière et l’approfondissement des Ecritures) nous permettent-ils de creuser pour nous-mêmes cette interrogation : " Qui suis-je ? "
Jean Pierre MACON
Dans l’évangile du jour (Marc 7, 31-37), la guérison du sourd-muet ne semble pas nous concerner au premier abord. " C’est un cas particulier que d’être être sourd !" pense-t-on. Mais à bien y réfléchir, nous sommes tous des " cas particuliers ", sourds à tant de paroles… ou de silences qui nous environnent. Que ce soit entre mari et femme, entre parents et enfants, entre profs et élèves et même entre curé et paroissiens ! Car, " Il n’y a pas pire sourd que celui qui ne veut pas entendre. " Mais en quoi ce récit évangélique nous rejoint-il ?
A nous aussi, Jésus propose une semblable guérison. Comment ? En nous " emmenant à l’écart, loin de la foule ". Là, dans la solitude, il nous fait descendre dans nos profondeurs et nous révèle nos propres surdités intérieures. Être sourd physiquement est certes un handicap mais il y a pire, c’est de croire que l’on entend alors que l’on a les oreilles du coeur bouchées. Accepterons-nous, en ce démarrage d’année, de nous isoler avec le Christ pour mieux mesurer à quel point nous avons besoin de cette guérison ?
Puis, l’Esprit nous entraîne à découvrir avec émerveillement combien Jésus a su " entendre " les joies et les souffrances de tous ceux qui l’ont approché. Et à sentir avec quelle délicatesse, il touche nos oreilles jusqu’à faire "entendre " au plus intime ces mots bien à lui : " Effata, ouvre-toi !.." : Ouvre ton esprit et ton cœur aux cris du monde et à la Parole de Dieu qui veulent frayer en toi un chemin de vie. "Touche nos oreilles, nous entendrons"... Le pape François agace bien des chrétiens quand il demande de résister à la " mondialisation de l’indifférence " face aux migrants et aux blessés de la vie de toutes sortes. Et pourtant, c’est bien " l’Effata, l’ouvre-toi " du Christ qu’il relaie à nos oreilles ! Entendre est toujours affaire de conversion pour les malentendants des oreilles du cœur que nous sommes.
En cette rentrée, demandons à l’Esprit Saint la grâce de l’Ecoute… Entre générations, entre cultures, entre sensibilités ou services différents… Et pas seulement entre chrétiens mais aussi avec nos voisins, collègues et amis, pour que la Parole de Dieu qui résonne dans les paroles ou silences du monde, fasse de nous des Ecoutants : " "Chaque matin, le Seigneur éveille mon oreille pour qu’en disciple, j’écoute." (Isaïe 50, 4)
Michel Retailleau
La scène (Marc 5, 21-24, 35-43) se passe " au bord de la mer ". Voilà qu’arrive Jaïre, " un chef de la synagogue " qui se jette aux pieds de Jésus : " Ma jeune fille est à la dernière extrémité. Sauve-là, qu’elle vive ! " Transposons, la fille de Jaïre, c’est aussi notre " vie intérieure " ou encore ce que nous appelons notre " âme ". Après des mois d’activités, de responsabilités, d’engagements et aussi de stress…, nous avons tous besoin de vacances pour nous reposer mais aussi pour ’nous poser’ afin
d’être mieux présents à nous-mêmes, aux autres et à Dieu. Comment ? Avec Jaïre, suivons le merveilleux guide qu’est Jésus !
" Jésus part avec lui (avec moi) et la foule qui le suivait était si nombreuse qu’elle l’écrasait." Que l’on parte en vacances ou non, Jésus part avec nous. Et il invite à nous vider de la foule de visages, de rendez-vous et de rencontres qui nous ont collé au cœur et au ventre toute l’année… au risque de piétiner, voire d’écraser le Christ dans notre vie. Au risque de penser, comme certains voudraient nous le faire croire, que Dieu, Jésus, c’est du passé : "Ta fille, (ton âme) vient de mourir. A quoi bon déranger encore le Maître ? " : A quoi ça sert de prier ? A quoi bon prendre des responsabilités, personne ne bouge ? Aménage ta petite vie !…
Aujourd’hui, j’ai besoin de SILENCE pour laisser apaiser mon âme et la laisser s’entendre dire encore : " Ne crains pas, crois seulement." Invitation à retrouver mes racines profondes où respire une autre Présence. Temps privilégié où, dans le repos, je me retrouve face à moi-même, habité d’une Présence qui n’est pas moi… mais qui me fait ÊTRE MOI-MÊME. Jésus commande même de " ne laisse personne l’accompagner " sauf des tout-proches qui sont habités d’un même désir d’y croire. Mais même ici, la solitude de l’âme n’est pas garantie : " Jésus voit l’agitation et les pleurs… L’enfant (l’âme) n’est pas morte, elle dort." Une vie intérieure ne meurt pas comme ça. Il reste toujours un peu de braise sous la cendre.
Alors Jésus " met dehors " tout ce qui n’est pas nécessaire à vivre et " pénètre là où l’âme repose ". Là, dans le cœur à cœur avec Lui, Sa Voix chaude se fait puissante pour m’inviter à remobiliser mes forces intérieures. " Lève-toi, réveille-toi… " Puissions-nous, en ce temps de repos, ré-entendre cette invitation à réveiller notre vie Intérieure fatiguée pour la retrouver vivante et dynamique. Elle fait souffler un vent de fraîcheur en nous-mêmes et sur le monde.
Michel Retailleau
Le jour le plus long… un privilège donné à Jean Baptiste ? (24 juin 2018)
L’Église célèbre la naissance du Sauveur au solstice d’hiver et celle de Jean-Baptiste au solstice d’été. A ces deux fêtes, séparées l’une de l’autre par un intervalle de six mois, on peut donner un même titre : Noël d’hiver pour Jésus et Noël d’été pour Jean… Mais pourquoi célébrer la naissance de Jean-Baptiste ? La fête de tous les autres saints est célébrée le jour de leur mort, c’est-à-dire le jour de leur naissance au ciel, de leur naissance à la vie éternelle. Jean-Baptiste est le seul à qui est réservé cet honneur ; et cela dès le cinquième siècle.
Parce qu’il a été sanctifié dès le sein de sa mère Élisabeth, quand il tressaillit d’allégresse devant le Messie que portait en elle Marie. Le petit Jean de 6 mois était déjà en train de « rendre témoignage à la lumière afin que tous croient par lui » (Jean 1,7).
Ne sommes-nous pas chacune et chacun appelé à préparer le chemin du Seigneur ? Comment ? De deux manières. - Être « une voix qui crie dans le désert : préparez le chemin du Seigneur » (Isaïe 40,3). Notre vocation de baptisé, de consacré ou de prêtre est d’annoncer en mots et par toute notre vie notre raison de vivre : Jésus. Et aussi, appelés à SEMER sa Parole. A TEMOIGNER de son Amour. Sans vouloir en voir les fruits, sans chercher à en tirer une gloire ou un profit personnels. « Je ne suis pas chargée de vous le faire croire, mais de vous le dire », répliquait Bernadette Soubirous à ceux qui mettaient en doute son témoignage sur les apparitions de Lourdes…
Jean est le modèle du témoin de la Présence discrète de Dieu dans ce monde de bruit et de fureur. - Laisser Jésus grandir en nous. Il faut laisser disparaître notre "moi" un peu égocentrique pour laisser transparaître le Christ en nous. C’est la présence de Jésus en nous qui touche le cœur de nos frères. Rien d’autre. Et pour cela, il nous faut plonger dans les profondeurs de la prière pour devenir des hommes et de femmes qui réfléchissent à la lumière de Dieu.
Voici la Saint Jean d’été, la belle journée où crépitent les feux de joie ! « Et toi, petit enfant, on t’appellera prophète du Très-Haut, car tu marcheras devant le Seigneur pour lui préparer le chemin, …Telle est la tendresse du cœur de notre Dieu ; grâce à elle, du haut des cieux, un astre est venu nous visiter » (Luc 1, 77-78).
Jean Pierre MACON
Voyez comme ils sont heureux et fiers, ces jeunes qui s’apprêtent à faire leur Profession de Foi ou leur 1ère Communion. La blancheur des aubes, symbole de la beauté lumineuse du Christ, solennise l’instant… Comme un avant-goût de Royaume de Dieu ! Sans doute, dans certains esprits pointent des réactions du genre : " C’est bien beau de croire à tout ça quand on est jeune ! Mais après, et avec tout ce qui se passe, où est Dieu ? On l’appelle, on lui crie mais il ne répond pas. Et on se met à douter. " L’Evangile du jour (Mc 4, 26-34) n’évacue pas ces questions mais il y répond autrement.
Dans sa parabole, Jésus rappelle que Dieu n’est pas passif dans son ciel. Il travaille comme un paysan qui " jette en terre la semence " divine dans le cœur de tout homme. A l’image du grain de blé enfoui en terre et qu’on ne voit pas mais qui devient peu à peu " de l’herbe, puis l’épi , puis du blé plein l’épi ", votre présence devant nous, manifeste que vous êtes le " blé en herbe" de Dieu. Vous êtes " blé en herbe " par votre jeune âge mais aussi " blé de la foi en herbe ". Vous êtes le Signe Vivant que la foi, semée en vous, pousse, grandit, germine !
La Profession de Foi et la Première Communion, c’est la Fête de votre croissance spirituelle. C’est la Fête de Dieu qui travaille dans le secret de vos cœurs, " nuit et jour ", sans même vous en rendre compte, au travers même de vos qualités et de vos défauts. Aujourd’hui, Dieu se réjouit de voir votre Confiance en son Fils Jésus porter déjà du fruit.
Nous, parents et éducateurs, interrogeons-nous face à ces jeunes ? De quoi ont-ils le plus besoin pour la croissance de cette "tige" de la foi qui grandit secrètement en eux ? Du Soleil de la Parole de Dieu et des Sacrements ! Est-on vraiment chrétien si on ne prend pas le temps de ruminer la Parole du Christ qui nous dit comment réussir sa vie en prenant soin de Dieu, des autres et aussi de soi-même ? Est-on vraiment chrétien si on ne vit pas en communauté de l’Eucharistie et du Sacrement du Pardon ? Ce qui favorise la montée de la sève spirituelle dans ces jeunes "pousses" qu’ils sont, c’est aussi la pluie de la Prière qui nourrit leur cœur. En s’éveillant au contact de Dieu, ils s’éveillent aussi au sens des autres.
Chers jeunes, en ce jour, vous nous rappelez que Dieu a semé les grains de son Royaume dans votre cœur de jeunes "pousses" vertes comme il l’a fait hier pour nous, les adultes. Le blé de la foi, de l’amour et de l’espérance ne demande qu’à grandir en vous comme en nous tous pour qu’il devienne un jour du " blé plein l’épi."… Voilà pourquoi, nous aussi, nous sommes heureux et fiers d’être à vos côtés, en ce jour... L’Aventure de la Foi ne fait que démarrer !
Michel Retailleau
Par deux fois, Marc note que la Famille de Jésus « est dehors ». Cette expression « ceux du dehors » est habituelle dans l’Église dès les premiers siècles, pour désigner les « non-chrétiens ». La scène, où Marie et la famille de Jésus viennent pour l’empêcher d’accomplir sa mission, doit nous faire longuement méditer sur ce qu’est la foi. Celle de Marie, pas plus que la nôtre, n’est « toute faite » une fois pour toutes. La foi est une réalité toujours en évolution. Ce n’est pas dès le premier instant de l’Annonciation que Marie a compris qui était son fils. Luc, lui aussi, a noté que Marie, à certaines occasions, n’a « pas compris ». Comme, lorsqu’à 12 ans, Jésus est resté dans le Temple, « la maison de son Père ».
La famille de Jésus ne le reconnaissait plus depuis qu’il avait quitté sa vie cachée à Nazareth, pour devenir prédicateur ambulant. Sa famille savait parfaitement qu’il était mal vu des autorités, des scribes venus Jérusalem. « Il va nous faire attraper des histoires. Ramenons-le à la raison. Qu’il soit comme tout le monde. C’est folie de se distinguer ! »
Renversant les traditions religieuses tout en se réclamant de Dieu, Jésus ne pouvait qu’apparaître un "perturbateur". Il annonçait que Dieu était venu parmi eux. Il libérait des possédés, guérissait des malades, s’approchait des lépreux et osait même les toucher pour leur rendre la santé. Allant jusqu’à pardonner les péchés et manger chez des gens de mauvaise conduite. Il prenait des libertés avec l’observance du sabbat…
Au temps de Jésus, la famille était sacrée. Ici, Jésus opère une rupture et déclare qu’il existe une autre famille plus forte que celle du sang, celle de toute l’humanité. Jésus se distancie de sa propre famille avec une phrase choc : « Voici ma mère et mes frères… Celui qui fait la volonté de Dieu, celui-là est mon frère, ma sœur, ma mère. » Ajoutant même que cette invitation à une famille plus large aille jusqu’au pardon donné : « Amen, je vous le dis, Dieu pardonnera tout aux enfants des hommes, tous les péchés et les blasphèmes qu’ils auront faits. Mais si quelqu’un blasphème contre l’Esprit Saint, il n’obtiendra jamais le pardon. Il est coupable d’un péché pour toujours. » La miséricorde de Dieu est sans limite puisque, comme dit St Jean, " à ceux qui croient en son nom, il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu » (Jn 1). Par sa mort et sa résurrection, Jésus, sans rejeter l’attention à notre famille de sang, fait de tous les êtres humains des frères et des sœurs. Nous avons besoin de l’Esprit Saint !
Jean Pierre MACON
La Sortie Paroissiale de ce samedi 2, et la Célébration du Corps et du Sang du Christ, ce dimanche 3, peuvent apparaître un pur hasard de date. Plutôt que de hasard, je préfère parler de coïncidence. Et même d’heureuse coïncidence ! Car les deux évènements, d’ordre différent, s’appellent l’un l’autre et s’éclairent l’un par l’autre.
D’abord, ces 2 rassemblements ont demandé des " préparatifs ", comme le dit l’Evangile de ce jour. A la question posée par les disciples " Où veux-tu que nous allions faire les préparatifs pour que tu manges la Pâque ? ", Jésus répond : " Allez à la ville… un homme viendra à votre rencontre, suivez-le… Dîtes au propriétaire : " Où est la salle où je pourrai célébrer la Pâque ? etc…" On est surpris par l’importance de ce qu’on serait tenté d’appeler des " détails " mais existe-t-il des préparatifs de rencontres importantes qui ne se réalisent sans accorder de l’importance aux " détails " ! L’équipe de préparation qui s’est « donnée du mal « pour que la Sortie à l’Haÿ-les-Roses soit une fête, le sait très bien.
Mais allons plus loin : en quoi la Fête du Corps et du Sang du Christ éclaire-t-elle notre Sortie Paroissiale ? Cette Fête nous dit que le Christ, lui aussi, « s’est donné du mal » pour habiter de sa Présence notre humanité. Ses paroles : "Ceci est mon Corps. Ceci est mon Sang « , Jésus ne cesse de les redire sur toutes nos rencontres, qu’elles soient extraordinaires ou ordinaires. Afin que sa Présence Réelle nous donne d’être nous-mêmes présents réellement aux autres et à Dieu en même temps qu’à nous-mêmes. Par là, nous devenons ensemble son Corps. Et son Sang peut couler dans nos veines, dans nos partages et nos décisions.
Sans doute, nous ne sommes pas des gens suffisamment intérieurs pour bien ’RÉALISER’ tout cela, tant c’est inouï ! Pourtant le fait de manger le Corps et de boire le Sang du Christ nous ouvrent RÉELLEMENT à sa Présence. Et l’Esprit Saint tisse mystérieusement sa toile de Communion avec Dieu et entre nous. Ainsi, nous devenons RÉELLEMENT un Peuple Nouveau : le Corps même du Christ à Clignancourt ! Et partout où nous vivons, dans nos immeubles, nos rues, nos terrains de sport, de travail ou d’école… c’est le Christ que nous " portons " RÉELLEMENT. Et cela, même avec nos misères et notre péché !
Ce que nous avons vécu hier, lors de la Sortie Paroissiale, mais aussi plus largement dans toutes les célébrations, activités ou services de Ste Hélène, nous fait goûter comme dit le pape François " le plaisir spirituel d’être un peuple ". Et ainsi, nous nous donnons les uns les autres quelque chose de la Force et de la Tendresse de Dieu, rendues RÉELLES dans l’Eucharistie où nous faisons « mémoire de Lui…. » Oui, heureuse coïncidence que ces 2 évènements d’hier et d’aujourd’hui !
Michel Retailleau
" Au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit." J’ai besoin maintenant de commencer ma prière matinale par ce rite qui, d’un coup, en très peu de mots, me place devant Toi, mon Dieu, qui es Trinité. Ça me permet de me mettre à ma place de créature devant Toi Créateur.
Mais, Seigneur, que cette Trinité est difficile à concevoir ! Et comme elle m’a posé problème ! Trois personnes, un seul Dieu. Pourquoi trois d’ailleurs, pourquoi pas quatre, cinq ou sept, chiffre parfait ? Pourquoi Dieu s’est-il limité à trois ? On m’avait appris que c’était un mystère et par définition, un mystère devait rester mystérieux… Un point c’est tout !
Je l’avais admis, mais pendant longtemps je n’ai pas cru utile de m’y appesantir. Je pourrais presque dire que ça ne m’intéressait pas beaucoup. Je savais que certains saints avaient médité ce mystère toute leur vie. Etonnant ! Qu’est-ce qu’ils avaient bien pu en faire ?
Quand j’entendais les commentaires de ceux qui étaient chargés de m’instruire sur cette question, leurs dires me paraissaient un peu tirés par les cheveux. Et puis, pourquoi les écouter ? Pourquoi chercher à comprendre ce qui était incompréhensible par nature ?
J’avais tout de même compris que Dieu, étant Amour, ne pouvait pas être une seule et Unique Personne : parce qu’avant la création, qui pouvait-il aimer s’il était tout seul ?
Naturellement, je me suis souvenue de cette Parole de Jésus : " Qui me voit, voit le Père et pour aller vers le Père, je suis le chemin." Et Toi Jésus, on T’a quand même vu, entendu, touché, on Te connaît… Grâce à tes évangélistes, pétris de ton enseignement et de ta Parole. Grâce aussi à tous ceux qui, depuis bientôt 2000 ans, lisent ces textes, les commentent, les prient, je peux moi aussi, peu à peu, les faire miens et Te connaître de mieux en mieux, et par là, connaître aussi le Père. Je me suis rendu compte d’ailleurs que depuis quelque temps, grâce à ton Fils qui a été un vrai chemin pour ça, je m’adressais à Toi, Père.
Mais le Saint Esprit ? Je craignais qu’il ne soit resté en rade. Certes Jésus en a parlé, il a promis de L’envoyer. Mais l’explosion, qui s’est produite à Jérusalem, ne se renouvelle plus. Alors comment être certain qu’Il intervient ? Saint Paul nous l’a bien appris : " c’est l’Esprit qui parle en nous quand nous disons : Abba Père." Personnellement, ça m’a permis d’avancer vers Toi dans la joie et la confiance. Aujourd’hui, que vous m’êtes devenus très chers tous les trois ! Avec une préférence pour m’adresser plus spécialement à l’un d’entre vous suivant les moments. Et c’est ça qui compte ! Tu ne crois pas, Seigneur ?
Jean Pierre MAÇON
Ce temps qui est le nôtre ne porte guère à l’espérance. Certes nous rencontrons des moments ou évènements qui nous réjouissent. Et nous repérons des signes de croissance ou d’ouverture qui nous réconfortent. Mais qu’est-ce tout cela au regard des nuages noirs qui s’accumulent dans les cieux nationaux ou internationaux ou des vents mauvais qui viennent soudain bouleverser nos vie personnelles ou familiales. Décidément l’Espérance ne semble pas de mise ! Et voilà qu’aujourd’hui, en cette fête de la Pentecôte, la liturgie nous invite à nous laisser porter par un nouveau Souffle, à renouveler en nos cœurs l’Espérance !
Depuis le mercredi des cendres, la liturgie nous a fait revivre ensemble les évènements qui ont mené Jésus, de sa Passion à sa Résurrection et jusqu’à son retour vers le Père. Nous avons essayé de mettre nos pas dans ceux du Christ,« Le Vivant » ! Et voilà que demain, brusquement, sans transition, et pour 6 mois, nous allons retrouver le « temps ordinaire » de la liturgie. Comme les premiers disciples, nous sommes de nouveau invités à expérimenter la véracité des paroles de Jésus et à mettre notre espérance en ses promesses, en sa Parole. Deux paroles de Jésus dans l’évangile peuvent nous éclairer :
« Quand viendra le Défenseur, l’Esprit de Vérité, il rendra témoignage en ma faveur et vous aussi vous rendrez témoignage. » Nous sommes invités à faire revenir à la mémoire, ces moments étonnants où l’Esprit nous a donné d’expérimenter Sa Présence et la Force de son action. Ces jours où il nous a permis de témoigner de tout ce que nous avons reçu « à la suite de Jésus ». Et ainsi, de renouveler notre confiance en sa présence et sa force.
« L’Esprit de vérité vous conduira dans la vérité toute entière… » Notre mission de témoins se présente comme un combat jamais achevé au milieu de tant de fausses ou partielles vérités. Paul, « comme témoin de Jésus et du Royaume » au milieu des païens, a expérimenté souvent dans la douleur que seul l’Esprit Saint pouvait le conduire sur le bon chemin et le maintenir fidèle à sa passion. Lui et tous ceux qui accueillaient sa parole. Aussi, dans un temps de crise profonde, Paul répète à ses frères Galates : « Laissez-vous conduire par l’Esprit », et il précise : « le chemin de l’Esprit est amour, paix, bonté, fidélité et maîtrise de soi. » N’est-ce pas aussi à nous qu’il adresse aujourd’hui le même appel. Alors, puisque l’Esprit fait Vivre, marchons sous la conduite de l’Esprit que Jésus nous envoie selon Sa Promesse. Il nous conduit à la plénitude.
Gaby GOULLIN
Il y a quelques années, un jeune qui venait de se convertir à l’Islam m’expliquait : " L’Islam m’enseigne ce qu’est le bien ou le mal… Jésus demande d’aimer. C’est bien, mais aimer, c’est vague. Ça n’est pas bien concret. " Il ne voyait dans l’Evangile qu’une morale à appliquer ! Bien plus qu’une morale, l’Evangile est une interrogation permanente : comment vivre la Bonne Nouvelle d’être aimé de Dieu dans ce monde tel qu’il est, avec le bon mais aussi le moins bon qu’il nous propose ? Autrement dit, pour reprendre les mots de Jésus, comment vivre " dans le monde " mais sans " appartenir au monde " ?
Y aurait-il une " guerre des mondes " ? Une guerre entre le monde de Dieu et le monde des
hommes ? Dans ce cas, les chrétiens devraient se retirer du monde où ils vivent et vivre entre eux, entre bien-pensants… Ou bien alors, il faudrait envisager la présence chrétienne au monde comme une croisade à mener derrière les " valeurs chrétiennes " contre celles du monde jugées mauvaises ? Mais pourrions-nous déserter ce monde alors que c’est Jésus lui-même qui a voulu l’habiter pour le sauver ? : " Père, dit Jésus, je ne demande pas que tu les retires du monde mais que tu les gardes du mauvais " !
En parlant de 2 "mondes", Jésus distingue en fait 2 réalités différentes. Quand il dit qu’Il nous a "envoyés dans le monde ", le " monde " ici, c’est le lieu où nous vivons, celui de nos relations habituelles, celui de 2018 avec ses problèmes mais aussi avec ses joies, ses beautés et ses attentes … Et quand il dit que les chrétiens ne doivent pas " appartenir au monde " ,il désigne ici tout ce qui, dans notre monde, est hostile à un Dieu d’amour, tout ce qui n’est que recherche égoïste de soi et fermeture du cœur humain.
Alors, comment vivre " dans le monde " sans " appartenir au monde " ? Les chrétiens sont des citoyens comme les autres mais dans ce monde, ils sont invités à ’discerner’ ce qui va ou non dans le sens de l’Evangile… Ainsi, défendre la vie, vouloir la fraternité et la paix face à l’individualisme et à la violence… Veiller à l’accueil des migrants, au respect de la nature, se soucier de la bioéthique quand l’humanité risque de s’enfermer sur elle-même…" A travers tout cela, " être dans le monde" sans "appartenir au monde", c’est transmettre la JOIE de vivre et d’aimer venant de Dieu : " qu’ils aient en eux ma Joie et qu’ils en soient comblés " !
Michel Retailleau
« Je ne suis qu’un homme moi aussi » : ces quelques mots nous disent l’incroyable que Dieu veut manifester dans nos vies. L’Apôtre Pierre, pêcheur anonyme du lac de Tibériade, connu pour ses grandes déclarations et ses petites lâchetés, mais aussi pour son désir de mieux connaitre et suivre Jésus, devient par la puissance de l’Esprit Saint le témoin infatigable de l’Amour de Dieu, risquant sa vie, sa réputation, son honneur. Il ose rencontrer des païens, des pécheurs, il ose quitter sa terre et sa sécurité, il ose tout parce qu’il a découvert de quel Amour il était aimé et comment cet Amour ouvre pour lui des horizons nouveaux.
Chers amis qui êtes confirmés aujourd’hui, la même invitation vous est faite aujourd’hui : ne pensez pas que l’Esprit Saint va faire de vous des héros et des hommes invincibles. Vous resterez des hommes, comme Pierre, comme tous ceux qui ont accepté de suivre Jésus depuis plus de 2000 ans. La Confirmation ne vous rendra ni plus intelligents, ni plus forts, ni plus beaux : elle accomplira un miracle encore plus grand !
Un miracle que vous n’espérez sans doute même pas : l’Esprit Saint, l’Amour de Dieu, veut venir habiter vos vies, toute votre vie. Ainsi il vous révèle que Dieu tient à vous, qu’Il a besoin de vous, qu’Il se confie à vous. Et que vous devenez dans le monde, pour vos amis, vos familles, vos proches et tous ceux que vous croiserez désormais, des porteurs de Dieu, des porteurs de son Amour.
Et cette mission vous transformera, jour après jour : car on ne peut recevoir en soi l’Amour de Dieu et le laisser vivre en soi, sans en être soi-même transformé, transfiguré. Vous n’êtes que des hommes, que des femmes, avec leurs faiblesses, leurs enthousiasmes et leurs lâchetés. C’est cela qui est magnifique : car de ces hommes et des ces femmes, le Seigneur choisit de faire les témoins de Son Amour et Il vous en rend capables, pourvu que vous lui disiez « oui » et que vous n’ayez pas peur de lui faire confiance.
Mgr BENOIST DE SINETY
L’évangile de saint Jean aujourd’hui insiste sur la nécessité d’être reliés au Christ comme le sarment est relié à la vigne. Jésus se présente à nous comme "la vraie vigne". Il insiste sur le lien vital qui doit exister entre lui et son disciple. Nous savons qu’un sarment ne peut vivre s’il est coupé du cep de vigne. De même, un disciple qui ne demeure pas en Jésus ne peut rien faire. Il n’a aucune utilité. Mais s’il est bien relié à son Seigneur, il donnera beaucoup de fruits et en abondance.
Il y a un mot qui revient sept fois en quelques lignes, c’est le verbe « demeurer », au sens de « vivre avec ». Demeurez en moi, vivez avec moi. Il s’agit pour nous d’être vraiment attachés au Christ par la foi. Croire en lui, c’est une conversion de toute une vie, c’est une communion permanente. Paul nous le dit à sa manière : « Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi" (Ga 2, 20). »
Alors se pose la question : « Demeurer en Jésus, oui, mais comment ? » Comment pouvons-nous être sûrs de le rencontrer ? Cela ne se passe pas comme avec notre voisin de quartier. On ne rencontre pas Jésus en direct mais par des intermédiaires. Il nous faut trois chemins pour cela : celui de la Parole de Dieu, celui de la prière et des sacrements et celui de la rencontre avec les autres.
Le chemin de la Parole de Dieu : Pour demeurer dans le Christ, il nous faut demeurer dans sa Parole. Il faut se donner du temps pour l’accueillir. Nous devons nous interroger : nous donnons-nous du temps pour accueillir cette Parole ?
Le 2ème chemin, c’est celui de la prière et des sacrements. Pour demeurer en sa présence, il faut lui parler et l’écouter. C’est la prière fidèle, régulière et fréquente, pas seulement une "petite prière" de temps en temps. On s’entretient avec Jésus pour lui confier quelqu’un ou pour lui dire merci ou encore pour lui demander d’éclairer notre vie : Merci , Pardon, S’il te plait. La prière nous aide à maintenir l’évangile en état de marche dans notre vie. Et enfin, dans la prière, on "s’entre-tient", on se soutient les uns les autres. Les sacrements, en particulier l’Eucharistie, donnent de rester en communion avec Lui, le Christ.
Le 3ème chemin, c’est la rencontre avec les autres et l’attention que nous avons à leurs joies et à leurs peines : " Ce que vous faîtes à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous le faîtes " dit Jésus et cela nous aide donc à RESTER EN COMMUNION AVEC LUI.
Jean Pierre MAÇON
Aujourd’hui, journée Mondiale de prière pour les Vocations tant sacerdotales que religieuses. Pourquoi sont-elles si nécessaires ? Parce que notre monde est plus que jamais un monde éclaté, divisé, souvent déboussolé. Et que nous ne manquons pas de nous interroger : quel homme et quel monde voulons-nous pour demain ? Or, l’Evangile du "Bon Pasteur" (Jean 10, 11-18), nous livre une vision pleine d’espérance : non plus un monde divisé, sans pilote mais un monde rassemblé par le Christ, marchant à sa suite dans la paix et la liberté.
Y aurait-il donc deux histoires séparées, superposées l’une à l’autre : celle des hommes et celle de Dieu ? Non, il n’y a pas deux mais une seule Histoire. C’est au cœur de notre vivre-ensemble fragile que le Christ est en travail de rassemblement de l’humanité. Et il attend des ’ouvriers’ qui, en Eglise, collaborent à ce rassemblement. Des ’ ouvriers ’ qui, comme Lui et avec Lui, vivent 2 passions en 1 : la passion de l’homme en même temps que la passion de Dieu. Les 2 réunies dans le service de l’Evangile. Et à la manière du seul Vrai Pasteur…
Jésus, l’Homme-Dieu ne cesse de rassembler par sa Voix :"Mes brebis écouteront ma Voix ». Dans notre monde, que de paroles et de promesses qui souvent ne " disent " plus rien car elles manquent de poids ! La Parole du Christ pèse parce qu’elle a une "autorité ». Elle rassemble parce qu’elle " parle vrai " en réveillant des énergies intérieures enfouies. Notre monde a besoin de familiers de la Parole de Dieu qui font descendre cette Parole sur terre !
Si Jésus attire tant, c’est parce que les gens qui l’écoutent, sentent qu’ils " comptent vraiment " pour lui. Il "connait ses brebis". Par toutes les fibres de son être d’Homme-Dieu, il vibre à leurs joies et leurs misères comme à leurs soifs cachées. Notre monde a besoin de femmes et d’hommes qui " portent l’odeur du troupeau " (François) et qui portent en même temps le Parfum de la Présence de Dieu dans un monde qui ne sait plus le respirer !
Jésus rassemble encore l’humanité parce qu’il " donne sa vie " gratuitement. Témoignant par là à quel point une" vie livrée " peut "donner vie". Aujourd’hui, notre monde attend des témoins qui, comme Lui, reçoivent le " pouvoir de donner la vie " et le "pouvoir de la recevoir de nouveau " en devenant père, frère, confident et guide de leurs frères tout à la fois ! Prions pour que le Christ trouve disponibles aujourd’hui des jeunes, des femmes et des hommes qui, même dans la faiblesse, réalisent ce beau Projet de Rassembler l’humanité !
Michel Retailleau
En ce fameux dimanche soir, les « Onze » et leurs amis, « les disciples de Jésus », sont tout bouleversés, remués par de nombreux sentiments qui se succèdent ou se mêlent. Luc nous parle de « frayeur… crainte mais aussi joie, … doutes ou étonnement… espoir et incompréhension. » Pas étonnant : depuis trois jours, ils vont de surprise en surprise. Après un repas si fraternel, c’est l’arrestation du Maître… et leur fuite désordonnée, leur lâcheté… puis la condamnation et la honteuse et injuste mise à mort. Fini, c’est fini de leurs rêves, de leur espoir pour eux et pour leur peuple… Mais autre « Surprise », encore plus incroyable… « certaines d’entre nous disent qu’Il est vivant » !!! Que de bouleversements !...
Mais ce n’est pas tout. En cette soirée mémorable, Il se fait présent au milieu d’eux et des deux compagnons d’Emmaüs. Il est là, c’est sûr, mais ils n’arrivent pas à comprendre, à se situer. C’est tellement bouleversant !
En final, vient la dernière surprise : à eux toujours dans le doute, l’obscurité, à eux si fragiles encore, Il dit : « Vous serez mes témoins »… Oui, témoins de tous ces évènements, à Jérusalem même d’où Il a été rejeté et jusqu’aux extrémités de la terre où les païens ne se soucient guère de Lui et de Son message. Comment cela se fera-t-il.
Expérience étonnante – mais aujourd’hui ne sommes-nous pas invités à entrer dans cette aventure bouleversante ?
« Jésus est le même hier, aujourd’hui et toujours » a proclamé Paul. N’est-ce pas LUI, Jésus qui aujourd’hui encore se fait présent à notre assemblée et nous dit à nous ses disciples « Cette Vie nouvelle que vous venez d’accueillir dans la joie, à vous d’en être les témoins aujourd’hui. » Dans ce 21 eme siècle… en ce temps de recherche, de tensions, de violences aussi… à N.D des Landes ou au Moyen Orient… aux 4 coins du monde… ou « chez nos voisins du quotidien. » Comme nous le rappelle le pape François dans sa dernière lettre « Gaudete et Exsultate »
Comment cela peut-il se faire aujourd’hui ? L’Évangile nous remet en mémoire le chemin privilégié que Jésus Lui-même a ouvert pour ses disciples…
« Marcher ensemble ». En partageant nos différentes expériences, Il se fera présent au milieu de nous selon Sa promesse : « Moi je serai avec vous jusqu’à la fin du monde ».
« En l’écoutant nous expliquer les Écritures », car c’est bien cette Parole de Dieu qui nous dévoile le sens de nos histoires personnelles et communautaires.
« En mettant nos pas dans Ses pas »… ainsi nos gestes et nos paroles témoignent de LUI. Nos échecs et notre mort même témoigneront de Celui qui a souffert, qui est mort et qui est Vivant ».
Promesse de vie pour tous.
Gaby GOULLIN
En ce deuxième dimanche de Pâques, nous célébrons la DIVINE MISERICORDE, fête instituée par Jean-Paul II à l’occasion de la canonisation de Ste Faustine. Heureuse coïncidence : aujourd’hui notre communauté rassemblée reçoit en ses murs le groupe CVX " Communauté Vie Chrétienne", d’inspiration Ignatienne (jésuite) : le thème de leur rencontre est « Envoyé en compagnonnage ». OUI, nous sommes en communion et compagnonnage les uns avec les autres et tous ensemble, tournés à la fois vers Dieu et vers les autres.
La lecture des Actes des Apôtres nous montre des communautés chrétiennes qui ont accueilli cette Miséricorde du Seigneur. Leur rencontre avec Lui a totalement changé leur vie. Ils comprennent qu’ils sont appelés à devenir une communauté de partage, de prière et de découverte de Dieu. Il s’agit pour nous encore de créer des formes de fraternité et de solidarité. Par notre vie et nos actes, nous avons à annoncer le Royaume que Dieu veut susciter en répandant son Esprit d’amour. Cette Miséricorde dont nous bénéficions est offerte à tous les hommes du monde entier.
Avec St Jean, nous sommes ramenés au cœur de la foi au Christ. La foi renouvelle radicalement notre vision du monde. Elle nous fait tout " voir" à la lumière de cet amour qui s’est manifesté en Jésus. C’est en regardant sa croix que nous commençons à comprendre. Ce monde que Dieu a tant aimé, nous devons l’aimer nous aussi. Si nous aimons Dieu, nous sommes invités à sortir de nous-mêmes et à aller vers nos frères. C’est un combat de tous les jours.
Dans l’Évangile, c’est toujours avec beaucoup de Miséricorde que Jésus rejoint ses disciples pour les libérer de la peur. Il les trouve calfeutrés, verrouillés, enfermés à double tour. Ils s’attendent maintenant à subir le même sort que leur Maître. Ils cherchent donc à se faire oublier.
Pour nous aussi, la tentation est grande à certains jours, de nous replier dans des petits cocons chaleureux et de ne rester qu’entre nous.
Mais en ces jours de Pâques, le Christ vient nous libérer de cette peur. Il invite ses apôtres à sortir et à partir en mission : "Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie." Ses premières paroles sont une invitation à la confiance et à la paix. Cette paix qui vient du Christ, le chrétien en est porteur pour ses frères. Devenez l’espérance des hommes !
Jean Pierre MAÇON
" Tout ce que je fais, j’ai envie que ça fleurisse !" disait l’une d’entre nous au partage d’Evangile de Carême. Les 3 femmes de l’Evangile, Marie-Madeleine, Marie et Salomé qui, au petit matin, s’en vont au tombeau embaumer le corps de Jésus se disaient sans doute quelque chose d’assez semblable. Mais voilà qu’avec la mort de Jésus, une lourde tristesse s’est abattue sur elles : Jésus mort, les promesses d’une vie fleurie sont mortes. Pourtant, elles s’avancent, comme aimantées par un fol espoir, tout en se demandant : " Qui nous roulera la pierre pour dégager l’entrée du tombeau ? " Et là, l’étonnement surgit, inespéré, " on a roulé la pierre." Et " un jeune homme vêtu de blanc " leur dit : " Vous cherchez Jésus de Nazareth, le Crucifié ? Il est ressuscité." Le mystère de la Résurrection est là : nos tombeaux de pierre ou de chair ne peuvent emprisonner la vie car " le Crucifié, il est vraiment Ressuscité."
Le Ressuscité, c’est celui-là même qui a été mis en croix. Jésus demeure à jamais "ET Crucifié ET Ressuscité". Et l’un ET l’autre. Immense source d’Espérance ! Car il y a dans nos vies des croix, des épreuves, qui nous abattent un temps mais qui, si on les vit dans la confiance au Ressuscité, ne peuvent nous terrasser totalement. Ces ’ croix ’ vont apparaître alors, après coup, comme des ’pâques’ pour rencontrer un Dieu de paix plus proche et vivre une vie plus vraie avec les autres : " A 33 ans, disait quelqu’un au même partage d’Evangile, j’ai quitté la foi pour des raisons personnelles. Mais après coup, je ne le regrette pas, je n’ai pas perdu mon temps. Grâce au doute que j’ai traversé, j’ai découvert peu à peu combien Dieu m’habitait et que la vie, c’est d’abord ce qu’on donne." Expérience de mort et de résurrection parmi bien d’autres ! Un " Passage " s’ouvre pour redonner Vie plus belle, plus profonde à ce qui paraissait mort !
Une Puissance divine agit secrètement dans nos épreuves, nos plaintes et blessures de toutes sortes. Avec Jésus," Crucifié Et Ressuscité ", l’Esprit de Dieu s’invite pour soigner et guérir ce qui est fêlé, brisé, crucifié. Pas seulement en nous mais aussi dans la vie du monde. Nos croix et celles de l’humanité, mystérieusement, sont rejointes par cette Puissance de Résurrection qui propose de nous " relever " comme Jésus. Pâques, Nouveau Printemps du monde car Dieu a "envie" que nos croix "fleurissent " en bourgeons de Vie !
Michel Retailleau
La Semaine Sainte nous met en route, à la suite du Christ. Elle nous invite à célébrer sa mémoire, depuis son entrée triomphale dans Jérusalem jusqu’à sa Résurrection, en passant par la Cène, la Passion et la mort. Et La Résurrection du Christ célébrée au cours de la Veillée Pascale nous fait entrer dans le Mystère d’une Vie nouvelle donnée pour un monde et un homme nouveaux… Vie que le Christ nous offre par le don de sa propre vie.
La Semaine Sainte commence par une marche, celle de la procession des RAMEAUX. A la suite d’Abraham quittant son pays, de Moïse conduisant le peuple vers la Terre Promise, des Apôtres et des femmes de Jérusalem suivant Jésus, nous nous mettons en marche. Suivre Dieu suppose de quitter quelque chose, de rendre son cœur disponible à une Parole de Dieu qui veut créer du Neuf.
Le JEUDI SAINT nous rappelle Jésus prenant son dernier repas avec ses disciples. La convivialité fraternelle du repas eucharistique est signifiée par une grande et belle table qui traverse l’église. L’eucharistie particulièrement soignée en ce jour, unit étroitement la présence du Christ avec le service des frères. Par l’institution de l’eucharistie et le geste du lavement des pieds, le Christ nous dit qu’ " il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime." Puis, par un temps d’adoration, nous accompagnons le Christ pour veiller avec lui dans la prière.
Le VENDREDI SAINT, le silence marque l’entrée de la célébration de la Passion du Seigneur : quand la mort vient nous frapper, nous le savons bien, les mots sont insuffisants et paraissent bien dérisoires. Mais dans le silence, nous contemplons la Parole de Dieu "faite chair" dans le corps crucifié de Jésus. Plus que les mots de Jésus au cours de sa Passion, l’offrande de sa vie exprime le Projet du Père : mettre fin à la haine et à la violence des hommes, pour que la vie et l’amour l’emportent sur cette terre.
Le SAMEDI SAINT est le jour de l’absence, de la méditation mais aussi de l’espérance. Car, à la tombée de la nuit, la communauté se réunit joyeusement pour la VEILLEE PASCALE. La Lumière nouvelle de la Résurrection du Christ, symbolisée dans le cierge pascal, conduit les chrétiens avec les nouveaux baptisés à célébrer la Résurrection du Christ. Le dimanche de PÂQUES, premier jour de la semaine, est jour de création et de recréation. Les chrétiens sont faits " créatures nouvelles" dans le Christ et invités à la Mission. Désormais, l’Esprit du Ressuscité est à l’œuvre avec nous, au cœur de ce monde !
Michel Retailleau
Pas un seul jour où l’on ne parle d’ ’alliances’ : tant au niveau politique, militaire, sportif, syndical, économique … qu’affectif, pour les couples qui se passent l’ ’alliance’ au doigt. La vie du monde est faite d’une multitude d’alliances nouées, rompues, relancées. Mais on risque d’en oublier une, invisible : l’Alliance que Dieu veut faire, refaire... encore et toujours avec l’humanité et chacun de nous. Le Dieu de la Bible est un amoureux qui nous promet présence et assistance dans les moments heureux comme dans les épreuves. A la différence de l’homme, Dieu ne renie jamais sa Promesse d’être à nos côtés quels que soient nos refus. Son Désir le plus fort, c’est de réussir à toucher enfin notre cœur, comme l’exprime le prophète Jérémie dans la 1ère lecture : " Voici quelle sera l’alliance que je conclurai avec Israël : je mettrai ma Loi au plus profond d’eux-mêmes ; je l’inscrirai sur leur cœur."
Cette Alliance a désormais un Visage, celui de Jésus de Nazareth, venu sceller une " Alliance Nouvelle et Eternelle " dans son Sang " versé pour la multitude" des hommes. En lui, Dieu s’est Allié totalement avec nous pour faire de nous des vivants et non des morts, des êtres libres et non des esclaves. Incroyable mais vrai : en Jésus, Dieu est venu tisser notre belle mais fragile humanité avec les fils de sa divinité ! Cette Alliance est un alliage fort où la Puissance de Dieu rejoint notre existence pour la soulever et nous faire vivre à une autre hauteur et profondeur. " Nous voudrions voir Jésus. ! " demandent les Grecs dans l’Evangile du jour. On ne peut être véritablement chrétien si l’on n’a pas le goût de " voir Jésus" !
Parce qu’en admirant la beauté, la bonté et la vérité de sa Personne si lumineuse, nous découvrons ce qui se passe quand un homme se lie et s’allie avec Dieu. Il n’existe que pour Aimer ! Le Christ n’est pas un homme ’OGM’ venu améliorer comme par enchantement nos capacités humaines mais un Germe qui vient planter le divin au cœur de l’humain. Pour libérer peu à peu notre existence de l’enfer-mement de notre ’ moi ’ égoïste et nous donner le goût de Vivre à la si belle manière de Jésus : " Si le grain tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit." Par le baptême, ce Germe a été mystérieusement mêlé à notre chair. Mystère d’une Alliance que Pâques vient dévoiler !
Michel RETAILLEAU
Dans les lectures de ce dimanche, nous trouvons plusieurs fois le mot "sauvés". Dieu ne cesse de vouloir nous sauver. Il nous appelle inlassablement à revenir vers lui de tout notre cœur : "Convertissez-vous et croyez à la bonne nouvelle." Notre Dieu ne veut pas la mort du pécheur mais qu’il se convertisse et qu’il vive. Voilà cet appel que nous sommes invités à accueillir. Dieu est amour ; Il n’a jamais cessé de nous aimer.
C’est aussi cette révélation que nous trouvons dans la lettre de saint Paul aux Éphésiens : "Dieu est riche en miséricorde : à cause du grand amour dont il nous a aimés, nous qui étions esclaves par suite de nos fautes, il nous a donné la vie dans le Christ." C’est la Bonne Nouvelle qui nous est annoncée tout au long de ce Carême : Dieu est amour ; il nous aime tous d’un amour passionné. Tout ce qui nous arrive par le Christ vient de cette Miséricorde de Dieu ; cela ne vient pas de nous ni de nos actes. Saint Paul qui a rencontré le Christ sur le chemin de Damas sait de quoi il parle. Il sait ce qu’est la vie renouvelée par l’amour.
Aujourd’hui, saint Jean nous invite à lever les yeux vers un signe. Il nous parle de Jésus "élevé" en croix comme le serpent de bronze avait été "élevé" par Moïse sur le peuple. Celui qui tournait les yeux vers le serpent élevé était guéri. Il n’était pas guéri par l’objet lui-même mais par Dieu Sauveur de tous les hommes.
Il nous faut le dire et le redire : jamais nos péchés ne seront plus grands que cet Amour-là. C’est une certitude inébranlable de l’Église : nous sommes sauvés par ce Jésus qui a livré son Corps et versé son sang sur une croix. Jamais aucune faute ne pourra venir à bout de cet amour. Pour ceux qui savent regarder, la croix est un signe de salut et non de condamnation. Malheureusement, nous regardons trop souvent ailleurs. Quand nous organisons notre vie en dehors de Dieu, c’est la catastrophe, le naufrage.
Tout au long de ce Carême et tout au long de notre vie, nous sommes donc invités à lever les yeux vers la Croix du Christ. Par sa mort et sa résurrection, le Christ Jésus nous fait passer vers la vraie Lumière. Avec lui, nous pourrons faire un pas de plus. Il nous invite à regarder le monde avec lui et comme lui. Par sa croix, il guérit les blessures du monde. Il est la Lumière plus forte que la nuit, l’Amour plus fort que la mort. Alors oui, levons les yeux, élevons nos cœurs ! Profitons de ces derniers jours du Carême pour ouvrir les yeux sur la Vérité et renaître à la Lumière de la Vie.
Jean Pierre MAÇON
« L’amour, c’est plus qu’hier… mais moins que demain. » Ce dicton qu’aiment à se dire les amoureux est vrai pour l’Alliance que Dieu a voulue et veut toujours avec ses créatures… « Toujours plus ».
A première vue, cela ne semble guère conforme à la réalité : les forces du mal semblent de plus en plus triomphantes dans notre monde. Pas seulement en Syrie ou au Yémen, pas seulement aux jours de grand froid où des frères et sœurs meurent dans la rue… nous le constatons aussi quand nous regardons avec honnêteté notre propre histoire. Ce temps de Carême nous invite à cette lucidité :
« oui nous sommes pécheurs et les forces du mal ont aussi des racines profondes en nous. »
Accompagnant les catéchumènes que Dieu a appelés pour avancer vers lui et vers la vraie vie, la liturgie d’aujourd’hui, une nouvelle fois, veut nous conduire sur un chemin d’espérance :
« Dieu nous appelle à vivre » à travers nos combats pour la vérité et la liberté. « Et toujours plus ».
Au départ -et c’est la 1ere lecture- à ce peuple sorti à peine de l’esclavage et de ses conséquences négatives, Dieu donne sa loi : « Les dix commandements ». Pour qu’il apprenne à vivre en présence de Dieu, son Créateur, la Source de la vie. « Tu n’auras pas d’autres dieux en face de moi. » Et tous doivent apprendre à rejeter le mal : le vol, le mensonge, le meurtre, la trahison etc.… et laisser grandir en eux le respect de la vie, de ses parents, de ceux qui travaillent à leur service, de Dieu lui-même. Long apprentissage d’une vie meilleure « selon le désir du Créateur, du Père »symbolisée par la loi donnée à Moïse. Celle-ci repose au cœur du Temple : « Paroles de la vie éternelle. »
Cette vie éternelle est « toujours plus ». Nous le voyons dans cet évènement étonnant de la Purification du Temple. Jésus, rempli de l’amour du Père pour tous, vient rendre au Temple sa vraie mission. Il n’est pas fait pour « le commerce » des humains, fermés sur leurs intérêts égoïstes, mais il est donné comme lieu où tous peuvent se retrouver en présence de Celui qui les appelle à la vie. Cette vie est bien plus qu’un certain nombre de jours vécus dans la richesse ou le confort matériel… car cette vie triomphe de toutes formes du mal et traverse même la rupture de la mort. « Détruisez ce sanctuaire et en trois jours je le relèverai ». Jésus parlait du sanctuaire de son corps. En Jésus, le Père nous appelle sans cesse et toujours plus à la fraternité universelle et à la communion avec Lui. C’est là notre vraie dignité.
Alors, aujourd’hui, en ce 3eme dimanche de notre marche vers Pâques, en ce jour où nous accompagnons notre sœur Orlanne dans sa marche vers le baptême, union à Jésus Christ mort et ressuscité, nous sommes invités à renouveler notre « oui » à l’Écriture et à la Parole que l’Esprit fait retentir dans nos cœurs. « Dieu aime tellement le monde qu’Il nous donne son Fils unique pour nous conduire ensemble jusqu’à Lui. »
Suivons-le. Toujours plus !
Gaby Goullin
Lors de la dernière rencontre, un des jeunes confirmands disait son inquiétude : " J’ai peur d’échouer. Peur de ne pas réussir ma vie" … On le sait, " réussir DANS LA vie ", ce n’est pas obligatoirement " réussir SA vie ". C’est même assez souvent le contraire. " On peut " réussir dans la vie " aux plans professionnel, social, financier…, mais sans parvenir à " réussir Sa vie ". Car " réussir Sa vie ", c’est chercher à vivre d’abord en accord avec ses convictions et ses valeurs profondes, avec la vision de celle ou celui que l’on veut devenir… Le récit de la Transfiguration, en ce 2ème dimanche de Carême, nous laisse entrevoir ce paradoxe. Pierre, Jacques et Jean sont encore sous le coup de la 1ère annonce de la Passion : Jésus leur a dit qu’il allait " beaucoup souffrir et être tué ". Pour eux, c’est l’échec de son Aventure : Il va être arrêté, jugé, crucifié. Bref, en matière de réussite "dans la vie", c’est raté !
Mais voilà que " 6 jours après, à l’écart sur une haute montagne ", ils vont faire une découverte bouleversante : si, apparemment, Jésus n’a pas réussi " dans la vie ", puisqu’il va vers une mort certaine, en fait il a REUSSI SA Vie ! Lui qu’ils voyaient déjà " dé-figuré " par la mort en croix, voilà qu’ils le découvrent " trans-figuré ", traversé par la Gloire de Dieu. En voyant son visage et ses vêtements irradiés de lumière, lui qui semblait abandonné de Dieu même, voilà qu’ils le découvrent pleinement habité par Sa Présence : " Tu es mon Fils bien-aimé." Il a tellement " réussi Sa vie "avec Dieu qu’il est La Réussite même de Dieu ! Il a réussi la Vocation que son Père lui avait donnée, comme le laisse deviner son dialogue avec Moïse et Elie. Si ceux-ci représentaient " la Loi et les Prophètes ", voici que Jésus vient les relayer pour accomplir, par sa mort et sa résurrection, une Nouvelle Alliance avec l’humanité.
Que retenir de cette Transfiguration ? D’abord, que connaître Jésus ne va pas servir à grand-chose si on ne voit en lui qu’un exemple pour " réussir dans la vie." Mais si l’on cherche à " réussir Sa vie " - et cela est vrai à tout âge -, aimer Jésus et se laisser aimer par lui sont un puissant levier pour soulever nos énergies intérieures et puiser la Vie à sa Source Divine. St Paul le dit : " Comment Dieu pourrait-il, avec Jésus, ne pas nous donner tout ? " La trace de Lumière, qu’il a laissée au Thabor et à sa résurrection, nous dit de quelle manière on peut réussir pleinement Sa vie… En réussissant sa relation avec soi-même, avec les autres et avec Dieu. Que ce temps de Carême, par le silence et la prière, nous emmène au ’ désert intérieur ’ pour résister aux mirages de la société qui nous fait croire que " réussir dans la vie", c’est obligatoirement " réussir sa vie ". Ne sommes-nous pas les " héritiers du Christ " qui fut par excellence La VIE REUSSIE en Dieu alors même qu’il eut à passer par la croix !
Michel Retailleau
Nous voici entrés dans le temps du Carême. Quarante jours pour nous préparer à la grande fête de Pâques.
Le Carême n’est pas d’abord un temps de pénitence et de privation. Bien au contraire, c’est le temps pour faire un choix. Choisir le seul vrai trésor : « Laisser Dieu venir HABITER notre vie ».
Le Carême est bien ce temps de la conversion ; un temps pour revenir à Dieu et lui redonner toute sa place dans notre vie. Nos appareils, nos voitures ont besoin d’une maintenance, d’une mise à jour. Il en est de même pour notre foi. Comme toute relation d’amour et d’amitié, elle a besoin d’entretien.
C’est Dieu qui en a l’initiative ; Il le fait sans condition, par pure gratuité. Il promet une fidélité indéfectible à ses alliés humains, même s’ils sont infidèles. Comme signe de cette Alliance, Dieu donne à Noé le signe de l’arc en ciel. Vivre le Carême c’est vivre sous cet arc qui nous mènera jusqu’à Pâques. Notre Dieu sera toujours là pour nous accompagner, pour nous prendre par la main et marcher avec nous. Il nous aide à discerner ce qu’il y a de positif dans nos vies, même si nous vivons des situations de trahison. Jamais Il ne nous fermera les bras. Nous pouvons toujours compter sur son amour.
Désormais, c’est l’eau du baptême qui nous sauve. Nous sommes tirés de ce qui nous menait vers la mort et conduits vers Dieu. C’est Lui qui fait Alliance avec nous et qui nous invite à marcher avec Lui.
Vivre le Carême c’est suivre Jésus à travers le désert. C’est là, dans le silence, que nous pourrons écouter la voix de Dieu. Dans le bruit et la confusion, ce n’est pas possible : on n’y entend que des voix superficielles. Quand nous lisons la Parole de Dieu, c’est Jésus qui est là, c’est Lui qui nous parle. C’est avec Lui que nous pourrons être victorieux de toutes les forces du mal.
Annoncer la Bonne Nouvelle, c’est dire que le Règne de Dieu est en train de commencer d’abord en nous et pour le monde. Ainsi le Projet de Dieu est en train de se réaliser.
Au travers de notre vie et de notre témoignage de foi, on doit pouvoir reconnaître que "le Règne de Dieu s’est approché." En ce jour, nous nous tournons vers la Vierge Marie qui a été un modèle de docilité à l’Esprit Saint. Qu’elle nous aide à nous laisser conduire par Lui. C’est avec Jésus et avec Marie que nous sommes en route vers la victoire de Pâques.
Jean Pierre MAÇON
La vie se charge de nous l’enseigner : que nos santés soient bonnes ou précaires, nous savons que nos corps et nos psychismes sont infiniment vulnérables. Et pourtant, même à travers les temps de lutte, de révolte ou de doute, nous nous reconnaissons habités par un désir de vivre qui, à certains moments, nous rend capable d’une étonnante résistance. Le Christ vient nous rejoindre là, à la jointure de cette fragilité et de cette aspiration à vivre. Vécu en ce jour, le Sacrement des Malades en est un signe puissant !
Il est d’abord une Invitation à Vivre que fait le Christ en Personne ! Parce que, sur les routes de Palestine, Jésus a guéri des malades, des infirmes, des possédés… et plus encore parce qu’il est mort et ressuscité d’entre les morts, ce sacrement est une proposition de Vie. Le Christ n’a pas voulu être un "faiseur de miracle" mais un Éveilleur et un Réveilleur d’Energie. En ce sens, le sacrement des malades est un geste fort où le Christ communique sa Puissance de Vie, nous rappelant que le malade, avant d’être un malade, est d’abord un frère ou une sœur, appelé à la vie. Dans nos fragilités ce sacrement est une force. Dans nos doutes, une lumière. Dans nos révoltes, une paix.
Aussi, précédée dans la célébration par l’imposition des mains, l’onction d’huile que le prêtre trace sur le front et les mains du malade signifie que c’est sa personne tout entière (corps, esprit, âme) qui est invitée à accueillir « la visite » du Christ. La présence de la communauté renforce le sens de cette "visite", manifestant combien Il se fait proche de chacun, et nous invite à l’accueillir avec foi pour entendre sa voix nous dire : « Va en paix. Ta foi t’a sauvé. »
Car, qu’ils vivent dans la maladie, la faiblesse, le handicap ou l’âge avancé… … le sacrement que nos frères et sœurs reçoivent en ce jour est aussi un appel à l’Esprit Saint. Pour qu’il « forme le Christ » en eux et qu’Il les envoie en mission au travers même de leur état affaibli. Fragilisés, ils n’en demeurent pas moins les membres vivants de la communauté chrétienne, rendus témoins de la Présence du Christ qui n’abandonne jamais les siens. Par là, ils sont envoyés annoncer, par leur vie, leur parole, leur prière, combien Dieu rejoint chacun jusque dans l’épreuve et la souffrance. Le « Corps du Christ » que nous sommes est formé mystérieusement des « souffrants » comme des « bien portants ». Et l’Esprit Saint nous invite à ne jamais l’oublier.
Michel RETAILLEAU et le Service Évangélique des Malades
( Marc 1, 29-39)
Le début du ministère de Jésus en Galilée a vu se lever une immense attente chez les malades de corps ou d’esprit. Jésus attire à lui, comme un aimant, handicapés, possédés et toutes sortes de blessés de la vie : " La ville entière se pressait à la porte " dit l’Evangile. La misère du monde était comme rassemblée et concentrée sous son regard. Mais Jésus n’est pas un charlatan qui épate la galerie. Peu de détails nous sont donnés dans ces guérisons comme on le voit dans le récit très sobre de la guérison de la belle-mère de Simon : « Jésus s’approche d’elle, la prend par la main et il la fait lever. » Ces 3 verbes disent presque tout de la manière de guérir de Jésus, à vrai dire très peu médicale ! Observons…
Jésus " s’approche ". Il se rend tellement proche des malades ou possédés que sa familiarité avec toutes les détresses physiques, psychiques, morales, spirituelles… étonne. Il les fait tellement siennes dans ses ’ entrailles’ d’Homme-Dieu qu’en en le voyant si habité de la de la Bonté de Dieu, ils se sentent déjà enveloppés de la Tendresse divine.
Jésus " prend la main " ou la partie malade. Ce faisant, il touche non pas ’la’ maladie, mais des personnes concrètes : jeunes, hommes ou femmes fragilisés. Un souffrant ne se réduit pas à sa maladie. C’est un être humain qui est " plus " que sa souffrance ou son handicap. En rejoignant ainsi les malades au creux même de leur mal, de leur épuisement ou de leur fatigue, c’est leur envie profonde de vivre que Jésus touche… C’est leur désir de vivre qu’il éveille… C’est l’invitation à faire confiance à la Bonté et à la Puissance de Dieu qu’il réveille.
Jésus " fait lever "… Dans le Nouveau Testament, « lever » veut dire aussi « ressusciter ». Dit autrement, il remet debout, il relie de nouveau le malade à la Vie, aux autres, au Vivant et le met en état de " servir " : l’évangile nous dit que la femme « n’avait plus de fièvre, et elle les servait. » Les paroles et les gestes de Jésus suscitent des énergies enfouies. Et là, s’opère le miracle de la guérison intérieure et extérieure. Pas étonnant alors que le Christ ajoute souvent : " Non pas, " Je t’ai sauvé ". mais " TA foi t’a sauvé." Autrement dit : " C’est TA foi en la Bonté de Dieu, que j’ai réveillée et qui t’a sauvé ". La guérison devient alors une remise de la personne à Dieu dans la " prière " : " il se rendit dans un désert et là, il priait."
Jésus guérit les corps et les esprits en guérissant les cœurs, en se tournant, par la prière, vers la Présence Divine qui habite tout être humain. Dimanche prochain aussi, des frères et sœurs recevront le Sacrement des Malades. Autant de ’signes’ que la Puissance du Salut de Dieu est toujours à l’œuvre !
Michel Retailleau
Aujourd’hui nous accompagnons Orlanne dans la route vers son baptême à Pâques. « Comment Dieu s’est-il manifesté à elle ? Comment lui a-t-il parlé ? » … pour qu’elle se décide à se mettre en route et à donner temps et force pour mieux comprendre sa voix et suivre sa lumière.
Questions essentielles pour Orlanne tout au long de ce chemin et même après son baptême.
Mais questions essentielles aussi pour nous « Vieux chrétiens », pour vivre pleinement ce don reçu au jour de notre baptême, et y rester fidèle… surtout dans les jours, les mois et même peut être les années de doute ou d’obscurité.
Aussi le Psalmiste nous redit une nouvelle fois : « Aujourd’hui ne fermez pas votre cœur, mais écoutez la voix du Seigneur. »
Quelle est cette « voix du Seigneur » ?
Dans la multiplicité des « voix » qui s’élèvent aujourd’hui, comment reconnaître « la voix du Seigneur » ? Question difficile d’aujourd’hui. Question de toujours.
Déjà, au temps de Moïse, le peuple d’Israël est effrayé par les manifestations extraordinaires de son Dieu : à la mer rouge, au Sinaï… et il supplie de lui parler « autrement », d’une façon qui corresponde mieux à sa culture, à sa nature humaine. Et Dieu se montre d’accord et promet à Moïse d’envoyer un prophète selon leur désir : « Je ferai lever au milieu de leurs frères un prophète comme toi » c’est-à-dire un prophète plus humain.
Alors dès le début de son récit de la Bonne Nouvelle du salut, Marc nous fait comprendre que Dieu réalise sa promesse en Jésus. Dans la synagogue de Capharnaüm, c’est un possédé qui proclame en le voyant : « Tu es Jésus de Nazareth » et « Tu es le saint de Dieu ». Voilà tout l’Évangile, la Bonne Nouvelle, la « Voix de Dieu ».
« Jésus de Nazareth » vrai homme au milieu de ses frères, car il partage pleinement leur vie : famille, travail, joies et souffrances ; il marche sur leurs chemins, parle leur langue… et n’échappe pas à la mort.
Jésus, « Saint de Dieu » le Fils Bien Aimé qui donne un enseignement nouveau, car avec l’autorité de Dieu, son Père.
En sa présence, nous sommes invités à choisir, « à recommencer », comme nous avons chanté : « Tout recommence en Jésus-Christ. Prenons la route qui nous mène à Lui ». C’est Lui la réalisation de la promesse de Dieu à Moïse : « le prophète au milieu de ses frères ».
C’est Lui que nous devons suivre « sans hésitation et sans partage » comme Paul y invite ses amis de Corinthe. « Sans hésitation » puisqu’il parle notre langue, il révèle notre vie… « Sans partage »… puisqu’il nous révèle le projet d’amour de son Père.
Alors avec Orlanne, et tous ceux qui seront baptisés à Pâques, « ne fermons pas notre cœur. Écoutons aujourd’hui la voix du Père, en son Fils Jésus-Christ ».
Gaby GOULLIN
Pour embraser le monde, Jésus fait Appel à des hommes et des femmes. L’Évangile nous raconte la vocation des premiers apôtres. Il ne les choisit pas parmi les notables du temple mais parmi de simples pécheurs. C’est le début d’un grand amour. Ils vont accueillir la Bonne Nouvelle et toute leur vie en sera transformée.
Comme ces apôtres, comme Paul et comme Jonas, nous sommes tous appelés par le Seigneur. En tant que chrétiens baptisés et confirmés, nous sommes envoyés pour être témoins et messagers de l’Évangile. Tout commence par une conversion de chaque jour. Tout au long des siècles, les grands témoins de la foi ont été des pécheurs pardonnés. Pensons à Pierre qui a renié le Christ, Paul qui a persécuté les chrétiens, Saint Augustin qui a vécu une partie de sa vie dans le désordre et bien d’autres. Étant libérés de toute entrave intérieure, ils ont proclamé la Joyeuse Nouvelle. Ils l’ont annoncée à l’humanité. Ils ont compris que notre Dieu est un Dieu Libérateur et Sauveur. C’est de cela qu’ils ont témoigné. C’est ce que nous avons vécu dimanche dernier.
Cette mission comporte des risques et nous le savons trop bien. La Bonne Nouvelle doit être annoncée à tous car Dieu veut le Salut de tous les hommes. Face à l’incroyance, la mal-croyance ou l’indifférence, nous ne pouvons pas rester passifs. L’Église ne peut vivre qu’en partant pour la "Galilée". C’est là que vivent ceux qui paraissent les plus éloignés de Dieu. Le Christ compte sur nous pour être témoins et messagers du Royaume de Dieu.
Ne sommes-nous pas envoyés ensemble, en communion les uns avec les autres et avec le Christ ! Cet APPEL nous est lancé en pleine semaine de prière pour l’unité des chrétiens. Cette unité est absolument indispensable au témoignage que nous avons à donner. Si nous sommes divisés, c’est impossible. Des initiatives sont prises pour aider les chrétiens de différentes confessions à se rencontrer, à prier ensemble et à se rapprocher du Christ. C’est par Lui, avec Lui et en Lui que se construira l’unité de ses disciples.
Jean-Pierre MAÇON
Le pape a voulu que ce dimanche soit " Journée Mondiale du Migrant et du Réfugié " pour attirer notre attention sur des réalités humaines que l’on serait tenté de vouloir ignorer ou de n’y voir que problèmes. Aussi, commençons par écouter un témoin, Rozario :
" Je m’appelle Rozario Robi. Je viens du Bangladesh. Je suis en France depuis octobre 2016. Au Bangladesh, j’ai travaillé dans une organisation sans but lucratif, qui s’appelle Dipshikha pendant 25 ans. Dans ma ville Chatmohor, j’étais responsable de l’association JogtolaJuboShangha et aussi le directeur de l’école primaire JogtolaShishuNiketon. Dans l’école il y avait presque 120 élèves et la majorité étaient musulmans... Je suis chrétien. Aussi les islamistes ont pensé que mon but était de convertir les élèves au christianisme et ils ont voulu fermer l’école. Et quand j’ai protesté, ils ont menacé de me tuer plusieurs fois. Et finalement en août 2016, j’ai été tellement battu par les terroristes que je suis resté à l’hôpital pendant une longue période.
Après cet incident je ne voulais plus vivre dans la peur, j’ai donc quitté mon pays et demandé asile en France... Ma famille me manque, elle reste toujours au Bangladesh. J’ai traversé de longs moments de stress et d’attente pour savoir si ma demande d’asile serait acceptée. Finalement le 19 novembre 2017, ma demande a été acceptée et j’ai obtenu le statut de réfugié de l’OFPRA.
Maintenant je suis très content et mon rêve aujourd’hui, c’est que ma femme et mes enfants puissent me rejoindre grâce au regroupement familial. Je suis prêt à accepter n’importe quel travail mais la première chose à faire, c’est d’apprendre le français. Pour une intégration qui, j’espère, sera réussie... Je voudrais remercier la paroisse Ste Hélène pour m’avoir accueilli et pour m’avoir aidé à obtenir les papiers."
En écoutant Rozario - une histoire parmi bien d’autres ! -, on se dit que la Réalité du Migrant et du Réfugié est une affaire de Regard. Derrière ces femmes, ces hommes, ces enfants ou jeunes, on peut ne voir que des problèmes économiques, politiques, statistiques… Ou bien regarder des êtres humains en situation d’attente et alors épouser le regard du Christ qui sait " poser son regard " sur ceux qu’il rencontre. Pour les regarder ’de l’intérieur’ de leur souffrance et de leur désir… Pour réveiller en eux la dignité, la bonté et la Vie. Cela n’est pas de la naïveté mais l’affaire d’une Confiance qui s’accorde au Projet de Dieu sur l’humanité.
Rozario et Michel
Hier, Noël à Bethleem… Seulement Marie et Joseph pour accueillir l’Enfant Dieu. Avec quelques bergers invités à partager et confirmer la Bonne Nouvelle… Nuit de silence. Nuit de Paix.
Aujourd’hui, Epiphanie. « La manifestation ». Avec ces quelques inconnus conduits mystérieusement jusqu’à « l’Enfant et sa mère », c’est toute l’humanité invitée à accueillir dans la joie la « Bonne Nouvelle ». Toutes les nations ? Vraiment toutes ?
C’est Paul l’Apôtre des nations qui l’affirme clairement : « Ce mystère, c’est que toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’Évangile. » Comment accueillir et vivre aujourd’hui ce mystère proclamé par Paul : l’annonce de l’Enfant Dieu qui vient pour tous ?
• D’abord prenons le temps d’entrer dans cette incroyable espérance annoncée en termes
joyeux par le prophète Isaïe et gardée vivante dans le cœur du peuple choisi : « Debout, resplendis… Elle est venue la lumière… Car sur toi se lève le Seigneur » et « les nations marchent vers ta lumière ! Tous se rassemblent et viennent vers toi. » Laissons nous rejoindre par la joie de ces paroles prophétiques et qu’elles demeurent vivantes, lumineuses en nos cœurs, dans nos communautés pour nous guider dans le chemin qui nous attend, car c’est toujours un long chemin à faire et à refaire.
• Aujourd’hui l’Évangile nous donne des guides pour notre marche. Qui sont-ils ? D’où
viennent-ils ? Que font-ils ? Nous n’en savons rien… ou presque. La lumière nous vient de leur long pèlerinage… vers la lumière !
Au départ de leur recherche, ils ont « vu » une étoile, comme un signe d’en-haut, et « ils sont venus », ils se sont mis en route, ils se sont lancés dans l’inconnu…
En cours de route, perdus sur une terre étrangère, ils sont allés vers d’autres pour que leur chemin soit éclairé par d’autres lumières… « Où doit naître ce roi des juifs ? »
Et ils ont persévéré jusqu’au bout… jusqu’à la rencontre surprenante … « Ils virent l’Enfant et sa mère ».
Enfin ils se sont offerts totalement à lui. « Ils se prosternèrent devant lui » et lui donnèrent en présents ce qu’ils avaient de mieux.
• Quels bons guides pour nous aujourd’hui ! Nos chemins de vie et de recherche en ce 21eme
siècle se présenteront différemment… mais il nous sera toujours demandé … « Comme pour eux ».
-de voir les signes de la présence de Dieu dans notre monde d’aujourd’hui et de se mettre en route pour en vivre…
-d’aller vers d’autres pour être éclairé par leur lumière…
de persévérer jusqu’au bout, jusqu’à la rencontre surprenante de Celui qui nous attend…
de se donner totalement … Lui donner ce que l’on a, ce que l’on est.
…si nous voulons prendre part à la Manifestation Universelle de Celui qui est venu, qui vient et viendra pour tous.
Gaby GOULLIN
" Lorsque l’enfant paraît "… Titre d’un poème et d’un beau livre sur l’éducation des enfants, Titre qui évoque la nouveauté qu’apporte une naissance. Quand un enfant, désiré, paraît dans une famille, c’est de la joie qui naît et déborde. C’est la famille qui s’ouvre aux voisins, aux amis, aux collègues. Ce sont des liens nouveaux qui se tissent entre parents, frères et sœurs… Rien n’est plus comme avant. Tout devient possible. Demain est une promesse.
Or Noël, c’est l’ENFANT-DIEU QUI PARAIT sur terre ! Mais là, il n’est pas attendu. L’auberge affiche complet. En guise de berceau, une mangeoire d’animaux. Sa famille : une bande de bergers méprisés. A la ville, on n’a rien vu venir mais eux, ils ont senti naître dans leur cœur une Joie et une Paix venues d’on ne sait où… qui ont vite balayé leurs doutes et leurs peurs. Eux, les moins que rien, c’est à eux les premiers que l’Enfant-Dieu se fait connaître. C’est à eux qu’il est demandé d’annoncer la Bonne Nouvelle : cet Enfant-Dieu, c’est le Sauveur promis, celui qui vient " sauver l’amour ". L’amour, ce ’moteur ’ de nos vies qui fait trop souvent des ratés dans notre existence… Cet Enfant-Dieu, c’est Lui qui va aider les hommes à retrouver l’envie de vivre, de croire, d’espérer. S’Il vient habiter sur terre, c’est pour ébranler les assises d’un monde désenchanté, déboussolé. C’est pour révéler que Dieu a une Tendresse spéciale pour les petits, les paumés, les déplacés, les réfugiés...
Est-ce une croyance à bon compte quand, depuis 2000 ans, rien n’a changé en apparence,
ou si peu ? Regardons, l’Enfant-Dieu continue à paraître… Ce 5 décembre, nous recevions le message téléphonique d’une dame : " J’ai perdu 2 enfants dans l’attentat du Bataclan… J’ai de la place chez moi pour une personne dans le besoin, durant l’hiver. Je lui propose une chambre avec toilettes, petit déjeuner le matin, soupe pour le soir. " Message à peine reçu que l’on me dit : " j’ai quelqu’un pour ça. " Lorsque l’Enfant-Dieu paraît, la famille s’élargit !
Autre signe : celui de notre frère Jean P, quelques jours avant sa mort. Dans un message, il remerciait la communauté pour le soutenir par la prière à l’hôpital, ajoutant " je veux vous témoigner aussi que Jésus notre frère ne nous abandonne jamais. " Lors de ma visite à l’hôpital où je l’interrogeais sur ces paroles, il m’a répondu d’un ton convaincu : " Oui, c’est vrai, Jésus ne nous abandonne pas. Je sens qu’il me porte." Il n’a cessé de le redire aux siens, jusqu’au bout. Cela n’a pas empêché Jean de souffrir ni de mourir. Mais lorsque l’Enfant-Dieu paraît dans une vie de femme ou d’homme, de jeune et d’enfant, il trace un chemin de joie, d’espérance et de paix. Alors, le ciel et la terre s’unissent réellement à l’intime des cœurs. C’est Noël chaque jour !
Michel Retailleau
« Priez sans relâche… rendez grâce en toute circonstance : c’est la volonté de Dieu à votre égard. »
Comment l’Église peut-elle nous interpeller ainsi en reprenant l’invitation de Paul à ses frères et sœurs de Thessalonique ? Dans notre monde où violence, injustices, misère fleurissent presque partout, où la solitude, la maladie, l’impuissance sont souvent source d’angoisse et de peur, Comment est-ce possible « d’être toujours dans la joie et de rendre grâce en toute circonstance » ? Comment ?
Dans la Palestine du 1er siècle qui n’avait sans doute rien à envier comme injustices, souffrances et angoisses à notre société du XXI siècle, Jean Baptiste s’est levé « appelé par l’Esprit de Dieu » - pour proclamer devant les « autorités » bien incrédules ( (prêtres, lévites etc…) « Au milieu de vous se tient Celui que vous ne connaissez pas … » Pourtant ses auditeurs connaissaient bien les annonces prophétiques et ils attendaient celui qui serait la source définitive de la justice, de la paix, de la joie… mais ils ne se laissèrent pas guider, éclairer par l’Esprit de Dieu. Et leur vie resta enfermée dans leur Loi, leur justice toute humaine, leurs condamnations et leurs violences.
A la lumière de cette expérience, nous pouvons comprendre l’invitation prophétique du même Jean Baptiste …. « Redressez le chemin du Seigneur », reprise encore plus vigoureusement par Paul. « N’éteignez pas l’Esprit, ne méprisez pas les prophéties, mais discernez la valeur de toute chose. »
« Valeur » de la générosité fidèle de tous ces bénévoles qui donnent sans compter temps, forces, amour… à leurs frères qui en sont privés ;
« Valeur » du sourire qui illumine le visage du malade ou de l’ancien qui voit venir à lui un voisin attentif et fidèle.
« Valeur » aussi de cette foule d’hommes et de femmes, de jeunes et d’anciens unis dans le même chagrin de la mort « de leur idole », compagnon de leurs peines et de leurs joies, mais heureux d’être ensemble et de partager l’espoir d’une vie toujours plus grande.
Valeur… Valeur… de notre vie de tous les jours « où l’Esprit du Seigneur » est, aujourd’hui comme hier, présent, agissant »… Sachons prendre le temps et les moyens pour Le reconnaître… et nous laisser transformer, redresser par Lui.
Alors nous trouverons en Lui la vraie joie pour nous et pour beaucoup d’autres.
Que Marie nous accompagne et nous guide dans notre marche ; elle qui a su accueillir et proclamer la source de la vraie joie : « Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur. »
Gaby GOULLIN
Notre route vers Noël, nous la ferons en compagnie du prophète Isaïe. Aujourd’hui, il s’adresse aux Juifs déportés à Babylone. Depuis des années, ils sont prisonniers, écrasés, en terre d’exil. Isaïe leur annonce le retour en Terre sainte, leur terre nourricière. Le message est clair : "Voici votre Dieu qui doit venir… Préparez-vous… Redressez les passages tortueux… comblez les ravins…" Cela signifie : "Que votre cœur se purifie, soyez droits et justes, n’ayez pas des attitudes tortueuses".
En ce temps de l’Avent, chacun est invité à se redresser et à se reprendre vigoureusement en main. Il s’agit de collaborer ensemble au Projet de Dieu qui veut sauver son peuple et lui révéler sa Gloire. L’Église reprend avec force le cri des prophètes : "Voici votre Dieu qui ne cesse de vous aimer."
La lettre de Pierre nous parle précisément de cette venue du Seigneur. Il s’adresse à des chrétiens qui l’attendent avec impatience. Mais ces derniers finissent par se poser des questions. Ils constatent que rien ne semble bouger. Alors l’apôtre leur explique que Dieu ne mesure pas le temps comme nous : Il est éternel ; pour Lui, il n’y a pas d’avant ni d’après. De plus, il donne à chacun le temps qu’il faut pour se convertir. Un jour, la fin du monde viendra : il y aura des cieux nouveaux et une terre nouvelle. L’important c’est que nous soyons tendus vers la pleine réalisation de ce grand Projet de Dieu.
Sur notre route de l’Avent, nous trouvons également Jean Baptiste, le dernier prophète de l’Ancien Testament ; ce qui frappe, c’est son humilité, son effacement. Il avait tout pour réussir, pour "jouer au Messie" dont les foules rêvaient. Il s’est obstiné à rester dans l’ombre, dans l’oubli de soi. Il vient accomplir ce qui avait été annoncé par le prophète Isaïe. Il est la voix qui crie dans le désert : "Préparez les chemins du Seigneur, aplanissez sa route."
Cette espérance dont nous avons à témoigner aujourd’hui dans notre monde, peut nous mobiliser : à condition de donner la première place au Christ, dans notre vie. Noël, c’est Jésus qui vient ; Il est là, présent au cœur de nos vies. Il n’est pas possible de l’annoncer si nous ne L’accueillons pas en nous. Aujourd’hui, Jean Baptiste nous apprend à nous effacer devant Lui pour lui donner toute sa place. Le temps de l’Avent est un temps de préparation. Il s’agit d’ouvrir la voie à Dieu qui veut passer.
Jean Pierre MAÇON
Après un effort sportif ou un bon repas, il nous arrive de nous assoupir. Nous sommes alors incapables de résister à l’endormissement qui s’empare de notre être ! Il en est de même dans notre vie spirituelle. Si nous manquons de vigilance à la nourrir et à la revitaliser, elle tombe insensiblement dans le ronron des habitudes et finit un jour par sommeiller. La fatigue, la routine puis le stress ou les duretés de la vie finissent par la faire somnoler. Aussi, par 4 fois, le court évangile de ce premier dimanche de l’Avent nous alerte : "Veillez".
Etre des veilleurs et non des zombies ! Avec des mots très réalistes, le pape François n’hésite pas à dire : " Le chrétien doit apprendre à vivre dans l’attente comme une femme enceinte !" Mais pourquoi nous faut-il vivre dans l’attente ? Parce qu’il faudrait préparer son cœur et son esprit pour fêter
Noël ? Oui, peut-être, mais l’Evangile va encore plus loin. Il faut attendre parce que le Christ vient. Depuis sa mort et résurrection, le Christ ne cesse de revenir à nous pour réveiller et ressusciter nos énergies…, pour aimanter nos désirs les plus profonds. Nous sommes tellement enlisés dans le présent et ses mille occupations que notre vie se ratatine en " métro, boulot, dodo", et se replie sur notre petit " ego ". Aussi, insensiblement, nous perdons le goût de " devenir ce que nous sommes " invités à devenir : des chrétiens appelés à vivre en ressuscités avec leur Maître. Comme une femme enceinte vit dans l’attente de mettre au monde la vie qu’elle porte, nous devons vivre dans l’attente de mettre au monde le Christ que nous portons en nous, de manière mystérieuse !
Le temps de l’Avent veut opérer comme un électrochoc et nous réveiller : dans ton existence… familiale, scolaire, sociale, associative, spirituelle, dans la santé ou la maladie, qu’attends-tu ? Vers Qui ou Quoi es-tu tendu ? Y a-t-il des choses futiles et superficielles desquelles te défaire afin de retrouver le désir de la prière et le chemin de tes frères ? Si tu n’attends pas grand-chose, c’est le manque de vigueur qui va plaquer ton existence au sol, car il n’y a pas pire ennemi dans la vie que de s’endormir. Es-tu prêt à reconnaître le Christ en visite dans l’accueil du migrant et du réfugié : " J’étais un étranger et tu m’as accueilli " ? Le Nouveau " Notre Père " nous invite à dire : " Ne nous laisse pas entrer en tentation. " Il n’y a pas pires tentations que l’engourdissement de notre être et la peur de bouger. Que ce temps de l’Avent nous fasse la grâce d’accueillir avec élan et joie Celui qui vient ! Veillez !
Michel Retailleau
Quelle royauté ? Et comment ?
Au mot de « royauté », notre imagination nous fait penser au pouvoir, aux honneurs…etc.… toutes choses bien au-delà de nos possibilités. Mais s’agit-il bien de cela ?
A travers la liturgie d’aujourd’hui, une nouvelle fois l’Esprit Saint veut nous éclairer et nous montrer la vraie royauté, celle de notre Roi, le « Roi de l’univers ». Dans la longue expérience du peuple de Dieu, ce Roi s’est fait connaître comme le « berger » de son peuple, de son troupeau. Il veille sur ses brebis, il les rassemble, il les nourrit dans de bons pâturages, il les soigne… « Comme un bon berger ». Pas seulement hier, dans cette longue marche des « esclaves d’Egypte », vers la liberté du peuple nouveau, mais encore aujourd’hui dans notre longue marche vers un monde de justice, de paix, de fraternité. Aussi avons-nous chanté comme un cri d’appel et un chant d’espérance : « Le Seigneur est mon berger, notre berger ; rien ne saurait nous manquer ».
C’est bien notre Roi qui nous invite à partager sa « royauté de berger » en prenant soin « comme lui » du troupeau qui nous est confié : notre famille, notre voisinage, au travail ou à l’école, notre communauté, dans les groupes ou associations…
Appel à être les bergers les uns des autres.
Mais le Roi de l’univers, glorieux, triomphant nous invite à plus. Il nous invite à partager sa mission, à « régner avec lui » quand il affronte la misère, la souffrance, la solitude ou l’abandon, quand, même rejeté comme un criminel, il lutte contre le mal et les puissances de mort.
Il nous invite à le reconnaître, à le voir et à venir jusqu’à lui, à étendre son règne avec lui.
« Comment cela, Seigneur ? » pouvons-nous lui demander. Il nous répond toujours, par la même parole ! « Chaque fois que vous le faites à l’un de ces petits de mes frères, c’est à moi que vous le faites. »
Oui, ce voisin maintenant en hôpital psychiatrique, c’est LUI qui nous appelle.
Cet étranger errant jour et nuit à travers la ville, c’est LUI qui nous invite.
Ces enfants sans maison ou sans place à l’école,
Ces jeunes ou moins jeunes sans travail,
Ces anciens, sans visite, en EHPAD…
C’est LUI, c’est notre Roi qui est là et qui attend…
Car c’est cela sa mission royale que Paul nous rappelle aujourd’hui : « de même que tous les hommes meurent en Adam, de même c’est dans le Christ que tous reçoivent la vie ».
Il est venu. Il vient encore pour anéantir les forces de mort et vaincre la souveraineté du mal. Pour qu’enfin il puisse nous présenter tous ensemble à son Père :
« Et ainsi Dieu sera tout en tous »
Gaby GOULLIN
« Un homme au moment de partir en voyage appela ses serviteurs et leurs confia ses biens. »
Dans cette phrase, tout le tableau de l’évangile de ce jour est annoncé. Cet homme, c’est Jésus qui parle de son adresse à venir. En disant cela, il veut que nous prenions nous-mêmes la responsabilité de notre vie.
Tout ce que nous avons est un « bien confié ». Dieu nous a fait confiance, en nous donnant « ses biens ». J’oserai dire que dans ma personne, il y a un dépôt de Dieu. « Une propriété privée de Dieu ».
Tous les dons, toutes les valeurs et les richesses qui sont en moi, lui appartiennent. Je les ai en dépôt. Et il attend que je prenne des initiatives avec … A chacun, il est demandé « ce qu’il peut et doit donner ». « Celui qui a », il doit le faire fructifier en le mettant au service des autres.
C’est ce à quoi nous invite le Secours Catholique dans cette Journée Mondiale des Pauvres, voulue par le pape François. Tous ces biens que nous avons reçus, c’est pour les donner aux autres. C’est ainsi qu’ils fructifient. Si le Seigneur nous donne sa miséricorde, sa tendresse et son pardon, c’est pour que nous en fassions un bon usage. Le pape François dit aussi avec les mots d’aujourd’hui que « C’est comme une contamination qui doit se propager partout dans le monde. » Chacun peut se poser ces questions : Combien de personnes avons-nous encouragées par notre espérance ? Combien d’amour avons-nous partagé avec notre prochain ?
Cette parabole des talents nous pousse donc à ne pas cacher notre foi, notre appartenance au Christ. Nous ne devons pas enterrer la Parole de l’Evangile. La Parole de Dieu doit circuler dans notre vie, dans nos relations, dans les situations concrètes. C’est comme une force qui interpelle, qui purifie et qui renouvelle.
C’est vers mon prochain que Jésus m’invite. Que ce soit avec des petits moyens ou de grands moyens, nous aurons tous la même égalité dans la réponse et la reconnaissance.
« J’attends de toi : La vie donnée
La vie en partage
La vie de prière », nous dit Jésus
Jean Pierre Maçon
Nous approchons de la fin de l’année liturgique : dans deux semaines, nous fêterons le Christ Roi… puis nous entrerons dans le temps de l’Avent. Aussi la liturgie nous propose une des dernières paraboles de Jésus à ses disciples. Son message se résume en deux mots : « Veillez donc » ou « tenez-vous prêts ». Avec une seule raison : « car vous ne savez ni le jour ni l’heure de l’arrivée de l’Époux ! »
Que veut dire Jésus ?
A ses disciples qui vont traverser avec lui le drame de sa passion et de sa mort, et
auxquels il veut confier l’annonce de sa résurrection et du règne de Dieu, Jésus dit seulement « Veillez. Tenez-vous prêts ». Ne soyez pas « inconscients » comme ces jeunes filles qui se sont laissées enliser dans leur sommeil, qui ont négligé de penser à l’avenir,… vous, ayez souci, prenez soin de ce que vous avez reçu, de ce que nous avons vécu ensemble, de cette amitié qui est née et a grandi entre nous. C’est cela la lampe, la lumière qui éclairera votre route, et celle de beaucoup…Car alors vous serez les témoins, les acteurs de ce « Royaume des cieux ».
A nous aujourd’hui qui vivons dans un monde marqué par la souffrance et la mort, où
certains proclament « la mort de Dieu » ; dans un monde qui succombe souvent à la tentation de s’enliser dans le présent, de vivre seulement dans l’immédiat, « en temps réel » ; dans un monde qui refuse de s’ouvrir à l’avenir allant même jusqu’à saccager la « maison commune », cette terre qui nous est confiée, Jésus nous dit de même : « Vous mes disciples d’aujourd’hui, ne soyez pas insouciants ». Ayez souci de ce que vous avez reçu, de ce que vous avez vécu ensemble, de cette amitié qui a germé et grandi dans votre cœur, et ainsi soyez les témoins actifs de ma Résurrection et de ma Présence aujourd’hui.
Alors, au milieu de nos nuits d’aujourd’hui, … les jeunes qui cherchent un sens à leur vie et retrouvent la valeur de la prière… les adultes qui reprennent le chemin d’une vie chrétienne ou qui demandent d’être accueillis dans le peuple de Dieu par le baptême ou la confirmation… les efforts des communautés pour s’ouvrir aux pauvres et se laisser renouveler par eux…. etc.. c’est bien la même voix qui proclame : « Voici l’Époux qui vient. Sortez à sa rencontre ! ».
Finalement cette parabole des jeunes filles invitées à la noce nous redit l’appel à croire à l’arrivée de l’Époux, « le Christ ressuscité ». Dans notre monde d’aujourd’hui, Il vient, Il est déjà là. Soyons prêts : renouvelons en notre cœur et notre volonté le désir profond de l’accueillir et de vivre avec lui.
A des milliers de jeunes rassemblés à Lourdes, un évêque posait cette question. « Avez-vous soif et faim de rencontrer Jésus Christ ? » Puisse notre réponse reprendre ce cri de foi et d’amour du psalmiste : « Dieu, tu es mon Dieu, mon âme à soif de toi. »
Gaby GOULLIN
Avoir de l’ambition n’est pas chose mauvaise en soi. Cela fait partie des moteurs légitimes d’une vie humaine. Qu’une société ait sa hiérarchie pour faire fonctionner et organiser la" vie ensemble " de ses citoyens aux sensibilités et aux intérêts divergents, quoi de plus normal ! Mais cela devient un danger quand des personnes et des sociétés en viennent à idolâtrer les titres et à considérer la valeur d’une personne aux mentions de sa carte de visite. Nous retrouvons en ce dimanche toute la force révolutionnaire de l’Evangile. Face à tous ceux qui, aujourd’hui comme hier, sont tentés de n’exister que par leurs titres ou leur reconnaissance sociale, Jésus prône un nouveau comportement : " Ne vous faîtes pas donner le titre de Rabbi, ni celui de Maître, ni celui de Père." Entre vous, qu’il n’y ait pas de distinction de rang ni de dignité car " vous êtes tous frères " ! Dans l’esprit des auditeurs de Jésus, fortement marqués par les considérations hiérarchiques, religieuses ou politiques, on peut deviner la surprise et même la colère.
Dans son histoire et parfois ici ou là encore, l’Eglise n’est pas indemne de se cacher derrière ses titres et ses fonctions. Certes, toute hiérarchie n’est pas mauvaise en soi. Mais le propos de Jésus est sans ambiguïté : qu’elle soit au service de tous et non pour son propre intérêt. Quelles que soient les responsabilités ou les charges que nous pouvons avoir en famille, au travail, en société ou en Eglise, notre référence, c’est le Christ. Or, dit St Paul aux Philippiens, " tout Dieu qu’il était, il s’est abaissé jusqu’à la mort en croix. C’est pourquoi Dieu l’a élevé. " L’Evangile du jour y fait écho : " Le plus grand parmi vous sera votre serviteur. Qui s’élève sera abaissé. " Jésus n’est pas un anarchiste revendiquant " ni Dieu ni Maître ". Il n’est pas contre la hiérarchie en soi mais à condition qu’elle soit une hiérarchie ’à l’envers’, celle de l’humilité. L’image qu’il nous laisse, c’est le lavement des pieds. Le titre qu’il nous envie, celui de " Serviteur ". Il l’a souvent répété à ses disciples : ils doivent être comme lui des " serviteurs " de la vie du corps, du cœur, de l’esprit et de l’âme de leurs frères et sœurs.
Dans une vie de famille, à l’école ou au travail, dans le quartier, dans le club de sport, de danse…, dans la vie associative, syndicale… les occasions de se faire " serviteur " ne manquent pas. Dans une vie de paroisse aussi, à travers la multiplicité des tâches à accomplir ! Puissions-nous cultiver l’esprit de service et de simplicité qui caractérise Ste Hélène dans nos rapports individuels ainsi qu’entre prêtres et laïcs. Et nous enraciner toujours plus dans le témoignage de Celui qui n’a jamais envié d’autre titre que celui de " Serviteur", lui qui est venu " non pour être servi mais pour servir ". Puissions-nous apprendre cette vérité que les vrais serviteurs sont nos vrais maîtres ! Celui qui s’abaisse et se met au service, c’est lui le plus grand !
Michel Retailleau
Difficile de penser la complexité de la vie et des choses par un " oui ou non " : Ou c’est bien ou c’est mal. Ou c’est vrai ou c’est faux. La vie nécessite plus de nuances ! On entend dire ainsi : " Je ne crois pas en Dieu mais je crois en l’homme. " Autrement dit : " Ou je crois en Dieu et donc je ne crois pas en l’homme. Ou bien je crois en l’homme et donc, je ne crois pas en Dieu. " OU Dieu OU l’homme !" Certains chrétiens disent encore : " Le pape François parle trop des migrants. Il ne parle pas assez de Dieu. " Autrement dit : " Le pape, OU bien il parle de Dieu, c’est son rôle, OU bien qu’il se taise, parler des migrants, ce n’est pas de sa compétence."
Cette manière de penser "ou... ou", on la retrouve à l’œuvre au temps de Jésus. Dans l’Evangile, les Pharisiens et les partisans d’Hérode l’interrogent : " Donne-nous ton avis : est-il permis, Oui ou Non, de payer l’impôt à César, l’empereur ? " Jésus flaire le piège du " Ou… Ou. " S’il répond : Oui, il faut payer l’impôt à César, il apparaît complice de l’envahisseur romain et le peuple va se détourner de lui. Mais surtout, il sous-entend que le culte pour l’empereur peut passer avant celui Dieu. Et s’il dit : " Non, il ne faut pas payer l’impôt à l’empereur, il apparait pour l’occupant romain un rebelle mais aussi il laisse entendre que Dieu n’est pas lié à la vie en société.
Jésus ne pense pas en termes de " Ou… Ou," ce serait réducteur de son message. Il pense en termes de : " Et… Et… : " Rendez (Et) à César ce qui est à César ET à Dieu ce qui est à Dieu. " Pour nous, César représente la vie en société avec ses lois, la vie sociale, politique, locale et internationale : ce qui fait notre vie ensemble. Jésus pourrait dire aujourd’hui : " Rendez (ET) à la vie sociale ce qui est à la vie sociale ET à Dieu ce qui est à Dieu. " Autrement dit : la religion n’est pas une affaire privée, qui se passe "entre mon petit Dieu et moi". Elle concerne notre vie en société. Certes, Dieu veut être honoré pour lui-même mais ce qu’Il veut aussi c’est que nous travaillions à l’avènement de son Royaume par le respect de la dignité de chacun et par l’établissement de la fraternité par la paix et la justice. Donc " ET l’homme Et Dieu."
Pourquoi ce " Et… Et " ? Parce qu’en Jésus, son Fils envoyé sur terre, Dieu le Père a voulu faire Alliance avec l’humanité. Parce qu’en Jésus, l’Homme - Dieu qui a donné sa vie pour tout être humain, nous avons découvert que croire en Dieu, c’est croire aussi en chaque homme. En Jésus, Dieu Et l’homme ne peuvent plus être séparés. Et Dieu Et l’Homme sont liés à la vie et à la mort ! Sur le front de chaque homme est gravé à jamais, l’image de l’Amour de Dieu. Mais si Dieu et l’homme ne peuvent plus être séparés, ils ne doivent pas non plus être confondus. Dieu reste Dieu et l’homme reste homme mais… appelé à devenir " fils de Dieu ".
Michel Retailleau
Les lectures bibliques de ce dimanche sont un message d’espérance. Elles rejoignent chacun dans la situation qui est la sienne. Isaïe s’adresse à un peuple désespéré. Il laisse entrevoir le jugement de Dieu qui interviendra dans les derniers combats. Viendra le temps du renouveau de la fête ; ce sera un grand festin. ! Le monde sera arraché au mal et à la violence. Il entrera dans un temps de paix et de joie. Qu’en est-il aujourd’hui
C’est aussi de cette espérance que témoigne l’apôtre Paul alors qu’il est en prison. Lui aussi vit une situation difficile. Mais il peut tout supporter avec celui qui lui "donne la force". Il remercie la communauté des Philippiens qui lui est venue en aide. Comme Paul, nous pouvons être un soutien humain et spirituel pour un autre, pour d’autres. Comme Paul, nous pouvons dire notre reconnaissance pour le soutien et l’aide que peut nous apporter une communauté comme la nôtre pour mener à bien notre existence. A travers nous, c’est la générosité de Dieu qui veut s’exprimer. Paul nous apprend encore que la richesse de Dieu ne peut être communiquée au monde qu’à travers le dépouillement personnel. C’est ce chemin que le Christ a suivi. Et c’est dans ce même chemin qu’il nous appelle à sa suite.
L’Évangile nous rapporte la parabole des invités à la noce. Cette image du banquet, nous la retrouvons souvent dans la Bible. Elle nous dit l’abondance des dons de Dieu. Sa générosité dépasse tout ce que nous pouvons imaginer. Notre réponse doit être celle de la gratitude envers Dieu : " Voici notre Dieu, en lui nous espérions, il nous a sauvés. C’est lui le Seigneur. En lui nous espérions, exultons, réjouissons-nous, il nous a sauvés ".
Incroyable mais vrai ! Aujourd’hui encore, Dieu nous propose toutes ces invitations et toutes ces joies. Il nous invite à nous " re-vêtir " de l’AMOUR du Seigneur Jésus Christ. Et il attend que nous donnions réponse à Son invitation. Personnellement, comment je reçois le CADEAU d’une telle invitation ? Ensemble, comme communauté, comment vivons-nous et témoignons-nous de ce Cadeau, incroyable mais vrai ?
En célébrant cette Eucharistie, nous demandons au Seigneur de nous revêtir de l’habit blanc de Sa Grâce. Nous le revêtons en recevant la communion. Cet habit blanc nous est encore donné en vivant le sacrement du Pardon. Par là, nous retrouvons notre dignité d’ "enfants de Dieu ".
Jean Pierre MAÇON
Telle est la conclusion de la parabole que nous lisons aujourd’hui. Aussitôt bien des noms viennent à notre mémoire, en contrepoint de cette affirmation : Marseille, Las Vegas... ces derniers jours, mais bien d’autres encore. Dans toute société, dans notre monde d’aujourd’hui comme en chacun de nous, se mêlent et s’opposent « forces de vie » et « forces de mort » (St Jean Paul II)
Devant la pauvreté croisée chaque jour dans les rues ou le métro, notre cœur est touché… mais comme il est tentant de fermer les yeux et d’apaiser notre émotion : « Je ne peux pas soulager toute la misère du monde ! »… Devant l’arrivée régulière de familles cherchant une vie « moins pire » ou seulement possible, comme il est tentant de vouloir des murs plutôt que des ponts !... Devant cette violence incompréhensible tuant hommes, femmes et enfants, comme il est tentant de penser seulement « c’est l’œuvre d’un fou ! »… et ainsi de rester enfermé dans nos égoïsmes, nos intérêts propres, s’habituant jusqu’à l’injustifiable.
C’est alors que cette parabole des « vignerons homicides » vient nous réveiller, nous interroger, nous inviter à une fidélité renouvelée à notre appel de disciple. Elle a du scandaliser les premiers auditeurs qui se sont exclamés « Le maître du domaine doit exterminer ces misérables ! »… et nous nous sentons bien en accord avec eux… mais est-ce la bonne réponse ?
Eh bien, non ! dit Jésus. Pas de tuerie vengeresse de la part du maître du domaine, mais cette affirmation étonnante : « Mon Fils Bien Aimé, celui qu’ont rejeté ces serviteurs, est devenu la pierre d’angle, la base du Royaume de Dieu ! » Car c’est bien de la construction du Royaume de Dieu dont il s’agit. Et Jésus ajoute comme dans une prière : « quelle merveille devant nos yeux ! » Le Maître, « le Tout Puissant », est encore plus « le Tout Aimant »… plus fort que tous les égoïsmes, toutes les violences, tous les crimes…
Les disciples n’ont pas du accueillir sereinement cette annonce victorieuse. Comment l’auraient-ils pu ? C’était l’annonce du triomphe du Christ à travers sa passion et mort. « Mystère de foi » disons-nous à chaque Eucharistie. C’est seulement après les événements que, guidés par l’Esprit, et à la lecture des Ecritures, les disciples ont cheminé dans la lumière de cet amour du Père… jusqu’à en devenir les témoins aux 4 coins du monde !
En est-il autrement pour nous ? Devant tant d’évènements déroutants, nous ne savons que penser, ni comment réagir. Ce sera toujours en les relisant ensemble, « en communauté », que guidés par l’Esprit et éclairés par la Parole de Dieu, nous saurons accueillir la lumière de l’Amour de Dieu, manifesté en Jésus Christ, mort et ressuscité.
N’est-ce pas ainsi que Paul guide ses amis de Philippes. Après leur avoir rappelé le cœur de leur foi (Phil.2,6 à11) il les invite à suivre ce même chemin de vie : « Tout ce qui est vrai, juste, digne d’être aimé,… tout cela prenez-le en compte. Alors le Dieu de paix sera avec vous. »
Gaby GOULLIN
Temps de rentrée, de « reprise » : l’école, le travail avec leur rythme et obligations plus au moins régulières ; différentes activités… culturelles, sportives, de service …etc… Lesquelles ? Comment ? Il y a des choix à faire, des décisions à prendre…
Puissent ces belles paroles de Paul à ses frères et sœurs de Philippes nous aider à y voir clair… « comme disciples du Christ ». Il proclame fièrement, « Ayez un comportement digne de l’Évangile » car « pour moi, vivre c’est le Christ ! ». Mais cela nous est-il possible ? est-ce à notre portée ?
Par la bouche du prophète Isaïe, Dieu nous avertit dans la 1ere lecture : « mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos chemins ne sont pas mes chemins. » Alors… ? Alors le prophète nous invite à « chercher le Seigneur tant qu’il se laisse trouver, tant qu’il est proche. » Invitation à nous mettre courageusement en route pour un long chemin…
Dans l’Évangile, avec la parabole du « Maître généreux », Jésus nous donne un bon guide pour cette route, « le maître de la vigne ». (C’est-à-dire Dieu lui-même !) D’abord, à cause de sa responsabilité, de son attention pour sa vigne dont il prend soin depuis l’aube jusqu’au soir. Aussi par sa justice envers les ouvriers qu’il embauche car « il se met d’accord avec eux » pour leur « donner ce qui est juste. » C’est déjà beaucoup… mais le soir, il va encore plus loin ! Il se laisse toucher par la peine de ceux qui n’ont pas été embauchés et il les envoie à sa vigne pour une heure de travail.
Et surprise, lors de la paye, il prend en compte non seulement les mérites mais aussi les besoins de chacun : besoin d’un travail, besoin d’un juste revenu pour la vie de la famille… alors il doit faire face à l’incompréhension des autres. Juste envers tous, il se montre bon pour les « derniers. »
Quelle lumière pour une « vie de disciple » ?
Un appel à entrer dans ce chemin de Dieu : « allez à ma vigne »
Il y a beaucoup de « chantiers » dans notre vaste monde. Peut être au moment de commencer cette année, Paul nous rappelle opportunément deux o